• il y a 3 semaines
Avec Hanane Mansouri, Secrétaire générale de l’Union des droites pour la République et députée UDR de l’Isère & Chloé Ridel, Porte-parole du Parti Socialiste et députée européenne S&D

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##LE_DEBAT_DU_SAMEDI-2024-11-02##

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Transcription
00:00Le ministre de l'Intérieur qui appelle à combattre ceux qu'il appelle les narco-racailles.
00:04En clair, les trafiquants de drogue, les guetteurs tout simplement, les dealers et ceux qui pourrissent la vie de certains quartiers.
00:12On parle de Bruno Retailleau qui dénonce, je cite, une mexicanisation de la France, allusion à la guerre contre la drogue au Mexique,
00:20qui a fait, il faut rappeler aussi les proportions, plusieurs centaines de milliers de morts depuis près de 15 ans.
00:25On parle de Bruno Retailleau, est-ce que vous soutenez son action ou pas ?
00:28Est-ce qu'il vous rappelle Nicolas Sarkozy ? Elles sont bien d'ailleurs ou en mal.
00:31Vous pouvez donner votre avis sur Twitter, sur Youtube et nous appeler 0826 300 300.
00:35Tout de suite, on en débat avec nos deux invités.
00:37Anna de Mansoury, bonjour.
00:38Bonjour.
00:39Et bienvenue sur Sud Radio, secrétaire générale de l'Union des Droites pour la République et députée de l'ISER, l'Union des Droites pour la République.
00:45C'est le parti d'Éric Ciotti allié au Rassemblement National.
00:49Chloé Rydel est avec nous également. Bonjour.
00:50Bonjour.
00:51Vous êtes porte-parole du Parti Socialiste et députée européenne.
00:55D'abord, j'aimerais qu'on revienne un petit peu sur les termes.
00:57Il a parlé de narco-racailles. Hier, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
01:00clairement, ça nous rappelle Nicolas Sarkozy qui était allé sur la dalle d'Argenteuil.
01:04On va vous en débarrasser de ces racailles. Est-ce que ça vous rappelle la même chose ?
01:07Est-ce que c'est une bonne chose qu'il vous rappelle ces propos-là ?
01:10Anna de Mansoury.
01:12Alors effectivement, ça me rappelle exactement la même chose.
01:14On a des propos qui sont forts, qui sont d'ailleurs plus ou moins les mêmes que ceux du Rassemblement National ou de l'UDR.
01:19Maintenant, espérons que ce ne soient pas seulement des propos et qu'il passera aux actes, pas comme Nicolas Sarkozy.
01:24Alors, Chloé Rydel.
01:26Moi, je n'emploie pas ces mots. Narco-racailles, mexicanisation de la France.
01:30Le Mexique, je le rappelle, c'est 11 000 morts par an liés au trafic de drogue.
01:35C'est toute une partie de la classe politique qui est corrompue par le trafic de drogue.
01:39En France, on est à une centaine de domiciles par an liés au trafic de drogue.
01:43C'est atroce, mais ce n'est pas le Mexique.
01:45Moi, je pense que contrairement à Bruno Retailleau, nous avons une approche globale du trafic de drogue
01:51qui n'est pas uniquement sécuritaire, mais qui est aussi sanitaire,
01:54parce que la drogue, ça génère des overdoses, ça génère des problèmes de santé mentale
02:00dans toute une partie de la population.
02:02Et j'en fais aussi une question sociale.
02:04C'est pour ça que, narco-racailles, il faut dire ce qu'on entend par là, derrière.
02:08Il y a des gangs de la criminalité organisée qui, généralement, n'habitent pas dans les quartiers populaires.
02:13Et il y a les jeunes des quartiers populaires qui sont victimes de ce trafic de drogue.
02:18C'est une question sociale.
02:19C'est-à-dire que les trafiquants, les guetteurs, on ne les trouve pas dans le 16e arrondissement de Paris.
02:24C'est des trafiquants qui approchent les jeunes hommes, pour la plupart, très jeunes, 13-14 ans,
02:29et qui leur disent, pour 3 000 euros par mois, tu vas faire le guetteur.
02:33Et ces jeunes qui, souvent, n'ont pas d'autre perspective,
02:36ou alors qui sont emmenés dans le cadre d'un mouvement collectif là-dedans,
02:39ils vont et ils tombent.
02:41Donc, c'est une question sécuritaire, bien sûr,
02:44et c'est bien que Bruno Retailleau en fasse une priorité, sanitaire, mais aussi sociale.
02:48Je le précise, parce qu'après tout, c'est son travail.
02:50Il n'est pas ministre de la Santé, pas plus qu'il n'est ministre des Affaires Sociales.
02:54Donc, le ministre de l'Intérieur aborde seulement l'aspect sécuritaire,
02:56mais parce que c'est sa mission, non ?
02:57Mais il faudrait qu'il y ait une approche beaucoup plus holistique, je crois.
03:00Vous voudriez que les autres ministres prêtent renforts, apportent des renforts aux ministres de l'Intérieur ?
03:05Que le ministre de la Santé, que le ministre de la Justice, de toute façon, c'est indispensable.
03:07Je ne suis absolument pas d'accord avec ce constat-là.
03:09Ce n'est pas une question sociale.
03:11Je crois que les jeunes dans les quartiers ont absolument les mêmes outils que les autres jeunes,
03:16si on peut dire ça comme ça, pour s'en sortir, pour aller à l'école,
03:19pour pouvoir avoir un avenir qui soit correct.
03:21Effectivement, il y a des grosses sommes d'argent qui sont en jeu.
03:24Pour moi, s'il y avait une justice pénale derrière qui était suffisamment forte,
03:28ce serait dissuasif et on aurait beaucoup moins de jeunes qui rentreraient dans ce trafic-là.
03:31Vous dites que si des jeunes dans des quartiers, parce que c'est souvent dans les quartiers que le trafic de drogue...
03:37C'est bien connu, dans les quartiers, on a les mêmes opportunités que partout ailleurs en France.
03:41Ce n'est pas possible de dire ça.
03:42On n'a pas le même accès aux services publics.
03:44On a des difficultés de transport.
03:46C'est des quartiers qui cumulent des difficultés.
03:48Il y a un quartier que je connais particulièrement bien qui est le quartier Pissevin à Nîmes,
03:52qui est un quartier qui a été détruit par le trafic de drogue.
03:56C'est un quartier qui cumule toutes les difficultés du monde en termes d'éducation,
04:01en termes de niveau de pauvreté, en termes de problèmes d'accès aux services publics.
04:04Et du coup, le trafic de drogue s'installe.
04:07Donc si la question du trafic de drogue est bien une question sociale
04:11et est une injustice qui frappe d'abord les quartiers populaires,
04:14ce sont les jeunes des quartiers populaires qui sont enrôlés,
04:16et ce sont les jeunes et les vieux des quartiers populaires qui meurent de balles perdues.
04:21Et ça c'est important.
04:22Alors vous parlez du quartier Pissevin, ça tombe bien, on le connaît très bien.
04:24Sur Sud Radio, on en parle très régulièrement, notamment avec Jean-Jacques Bourdin ou Patrick Roger.
04:28Quand on appelle les habitants du quartier Pissevin à Nîmes,
04:31la première chose qu'ils nous demandent, ce n'est pas spécialement une action sociale.
04:33D'abord, on voudrait que les policiers soient présents en permanence parce qu'on a peur,
04:37qu'on ne sort plus de chez nous, c'est ce qu'on nous a dit plusieurs fois, je caricature même pas.
04:41Quelles réponses sécuritaires on peut avoir face à ce fléau, à Mansoury ?
04:47Déjà, augmenter les effectifs de police sur place.
04:49Ensuite, la solution, elle est vraiment pénale derrière.
04:51Il y a 87% des Français qui estiment que la justice est trop laxiste et c'est le cas.
04:56Les peines de prison pour trafic de drogue ne sont pas suffisamment élevées.
05:00Quand elles sont d'ailleurs ordonnées, elles ne sont souvent pas effectuées.
05:04Donc il faut augmenter tout ça et aussi porter une responsabilité sur les consommateurs,
05:08augmenter notamment l'amende.
05:10Avec Eric Ciotti, on propose de l'augmenter à 1000 euros
05:12afin de dissuader aussi les consommateurs qui ont une part de responsabilité.
05:15Le joint à le goût du sang, il l'a dit le ministre, c'est ce que d'autres avaient dit avant lui.
05:19Effectivement, est-ce qu'il faut pénaliser déjà les consommateurs ?
05:21Chloé Ridal ?
05:22Les consommateurs sont déjà pénalisés.
05:24Non, il y a des amendes forfaitaires, ça existe déjà.
05:27Allez consulter les plus grands spécialistes de ce sujet, ça existe déjà.
05:30Par contre, il y a beaucoup de choses à faire.
05:32Effectivement, il faut des actes.
05:33Il y a eu une mission au Sénat transpartisane
05:36qui a fait des propositions pour lutter contre le trafic de drogue en France.
05:40Et il faut les reprendre.
05:41C'est la création d'un parquet national sur le trafic de drogue
05:44comme on avait créé un parquet national pour le terrorisme.
05:46C'était une idée notamment de l'ancien garde des Sceaux, Eric Dupond-Marité.
05:48C'est plus de moyens pour les renseignements.
05:52Et puis, c'est une coopération judiciaire et policière européenne aussi
05:55puisque le trafic de drogue, c'est un phénomène mondial
05:59et c'est un phénomène en l'occurrence européen.
06:00On a beaucoup de criminalités organisées, de gangs qui agissent en France
06:05qui sont situées dans un autre pays de l'Union européenne.
06:09Et moi qui suis députée européenne,
06:10je milite pour que la coopération judiciaire et policière
06:15qui est au stade embryonnaire à l'échelle de l'Union européenne grandisse.
06:19C'est-à-dire qu'on ait beaucoup plus de moyens
06:20pour créer des enquêtes véritablement transnationales,
06:23pour partager les données et les fichiers.
06:25Ça, c'est un vrai problème.
06:26On n'a pas assez de partage de données, d'enquêtes, de renseignements tout simplement.
06:33Donc, il y a beaucoup de choses à faire sur le plan sécuritaire
06:37et de la justice pénale pour lutter contre ce fléau.
06:39Il y a un autre aspect qui n'a pas été abordé cette semaine
06:41alors qu'il y avait une visite d'état historique du président de la République
06:44et de plusieurs ministres, notamment Bruno Retailleau au Maroc.
06:47Le Maroc est un des principaux, sinon le principal fournisseur
06:50en quelque sorte de cannabis du marché de la drogue française.
06:54Est-ce qu'il faut hausser le ton ?
06:57Est-ce qu'il aurait fallu davantage hausser le ton face à Mohamed Six,
07:00le roi du Maroc, pour qu'il restreigne la production sur place ?
07:03Annane Mansoury.
07:05Déjà, je pense que le narcotrafic en France
07:07n'est absolument pas de la responsabilité du roi du Maroc.
07:09Ce serait ridicule de présenter une chose comme ça.
07:11Mais en tout cas, effectivement, il faut déjà que le président de la République,
07:16Emmanuel Macron, réussisse à retrouver des relations diplomatiques avec le Maroc
07:22qui soient suffisamment correctes afin d'ensuite pouvoir déposer des demandes sur ce sujet-là.
07:27Et notamment demander d'arracher les champs de cannabis
07:30qui sont quand même d'une taille absolument conséquente dans ce pays.
07:35Alors sur le cannabis, merci d'abord de cette question
07:37parce que ça permet de compléter la réponse qui doit être la nôtre
07:41au trafic de drogue en France
07:44et à cet énorme problème qui nous crée plein de soucis.
07:46Il y a sur le cannabis la question de la légalisation qui doit être mise dans le débat public
07:50puisqu'on la voit dans plus en plus de pays du monde,
07:54au Canada par exemple, aux Etats-Unis et au Canada concrètement depuis 2018,
07:59la légalisation du cannabis, c'est-à-dire
08:01la maîtrise par les pouvoirs publics de la production et de la vente de cette drogue
08:06qui est une drogue douce contrairement à la cocaïne qui est une drogue dure
08:09et qu'on ne va pas légaliser,
08:12concrètement a fait diminuer le marché noir de 80%
08:17et le trafic est complètement étouffé dans l'oeuf.
08:20Donc il y a une grande partie du trafic qui meurt avec la légalisation du cannabis
08:25et c'est une politique dont il faut débattre
08:28mais qu'on ne pourra pas évidemment appliquer à d'autres drogues comme la cocaïne
08:31dont la consommation explose en France.
08:34Et donc là il faut une vraie politique de prévention,
08:36notamment dans les lycées, dans les universités,
08:41qui n'existent plus et je crois que Bruno Retailleau en a aussi parlé,
08:44il faut qu'il y ait des campagnes de prévention, de pubs dans l'espace public
08:49qui alertent sur les dangers de ces drogues.
08:50– Sur les dangers de ces drogues, d'accord,
08:52mais enfin on est tous passés au collège ou au lycée clairement,
08:54on a tous entendu un jour et avant d'être en contact avec elle,
08:58quoi qu'on en fasse, que la drogue c'était mal ou que c'était dangereux,
09:01c'est pas ça forcément qui va pousser les adolescents à ne pas en consommer, Chloé Ridel.
09:05– Quand même, moi je pense qu'on pourrait faire plus en la matière.
09:08Je ne suis absolument pas d'accord effectivement,
09:11parler de prévention, d'accord, pourquoi pas,
09:13on est tous passés par là aussi au collège,
09:15mais la seule chose c'est que déjà,
09:18avoir le débat sur la légalisation ou pas du cannabis
09:21c'est déjà minimiser la chose pour moi.
09:23– Vous, vous êtes contre par principe la légalisation ?
09:25– Je suis absolument contre et d'ailleurs…
09:26– Revenons sur un exemple d'ailleurs parce qu'on le cite souvent,
09:27pardon mais la fin de la prohibition de l'alcool pour le coup aux Etats-Unis
09:30n'a pas amené la mort de la mafia, il y en a eu après,
09:33donc qu'est-ce qui nous fait penser que le marché noir disparaîtrait,
09:35le marché noir du cannabis peut-être ?
09:36– Je crois pas que la mafia sur l'alcool soit la principale mafia des Etats-Unis,
09:41mais en tout cas si, c'est une façon, la légalisation,
09:44de maîtriser la production et la commercialisation du produit
09:48et ça permet effectivement de tuer dans l'œuf le trafic
09:53et de libérer les quartiers populaires de la mainmise de ce trafic,
09:57donc c'est une proposition qui doit être étudiée
10:01et ça je ne l'entends pas dans la bouche de Bruno Rodailleau.
10:03– Est-ce que ça ne contrevient pas à la politique anti-tabac ?
10:08Après tout, la consommation de cannabis est souvent associée à la consommation…
10:11– Mais excusez-moi, la politique anti-tabac
10:12c'est pas une politique d'interdiction du tabac,
10:14c'est une politique d'augmentation du prix du tabac,
10:17on pourrait faire la même chose avec le cannabis.
10:20– Bon, Anne-Mansoury.
10:22– Sur un gouvernement comparable, vous parlez du Canada tout à l'heure,
10:24au Québec, le cannabis est légalisé et il est fourni dans des espèces de centres
10:29qui ressemblent à des pharmacies qui sont propriétés du gouvernement québécois.
10:35Et pour le coup, des études ont montré que au contraire,
10:38au lieu de faire baisser la consommation de cannabis,
10:40elle la fait augmenter parce que le public qui va se servir
10:43dans ces espèces de pharmacies-là est un public nouveau
10:46qui ne consommait pas à l'origine et les consommateurs originels
10:49continuent en fait de se fournir via des chemins qui sont illégaux.
10:53Donc je ne pense pas que ce soit une solution.
10:55– Mais il faut regarder les expérimentations effectivement au Canada,
10:58aux Pays-Bas comme ça existe en Europe, aux États-Unis.
11:01Vous savez, il y a 7 millions, 8 millions de consommateurs de cannabis en France,
11:05donc je pense qu'il faut peut-être sortir de l'hypocrisie sur cette drogue douce
11:08et pouvoir maîtriser la production dans une logique de tuer dans l'œuf le trafic
11:12avec évidemment une politique de prévention.
11:14On n'est pas là pour inciter à la consommation,
11:16mais puisqu'on parle du trafic de drogue ce matin
11:18et qu'on voit les conséquences terribles que ça a sur les enfants des quartiers populaires,
11:22en termes de mort et de sécurité pour les gens,
11:25il faut mettre toutes les options sur la table.
11:27– Bon, je précise quand même, malgré tout, vous avez parlé de drogue douce,
11:30je maintiens que beaucoup d'addictologues contestent le terme de drogue douce,
11:33ils le contestent même souvent pour l'alcool, donc voilà.
11:35– Ah ben l'alcool est la pire drogue, c'est pire que l'héroïne,
11:38donc en termes d'addiction.
11:39– Oui, enfin peut-être, sauf que l'alcool est légal,
11:41alors même que l'héroïne ne l'est pas.
11:42Et je ne connais aucun héroïnomane qui va nous dire que c'est une drogue douce,
11:46quoi qu'il en soit.
11:47On rappelle que ces produits, s'ils sont interdits,
11:48c'est aussi parce qu'ils sont dangereux pour la santé,
11:50c'est la première raison pour laquelle ils sont interdits,
11:53et pas seulement pour des raisons sécuritaires.
11:54On en reparlera avec vous, c'est un débat de société,
11:56après tout, pourquoi ne pas l'avoir ?
11:57Parlons vrai sur Sud Radio.
11:58Merci à toutes les deux pour ce débat courtois
12:00sur un sujet ô combien dramatique.
12:03Chloé Ridel, je rappelle que vous êtes porte-parole
12:04du Parti Socialiste et députée européenne.
12:06Anne-Anne Mansoury, députée UDR de l'ISER.
12:09Merci à vous.

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