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Avec Thierry Breton, ancien Commissaire européen et ancien ministre

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-10-11##

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Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Notre invité ce matin, Thierry Breton, ancien commissaire européen, et surtout, parce que c'est ce qui nous importe ce matin,
00:14ancien ministre de l'économie de 2005 à 2007, Économie et Finances. Bonjour Thierry Breton.
00:20Bonjour.
00:21Bien, nous allons regarder ce budget, ce budget présenté hier par le gouvernement.
00:27Est-ce qu'on peut dire, compte tenu des déficits actuels, des chiffres donnés hier, des chiffres révélés dans l'année,
00:35qu'il y a eu, il y a un an, mensonge d'État ?
00:39Non, je crois qu'on ne peut pas dire ça, mensonge d'État. Vous savez, le budget, ça se construit effectivement en fonction des prévisions,
00:47en fonction des rentrées, mais vous savez, derrière tout ça, moi je me posais une question.
00:54Oui.
00:54On a aujourd'hui, donc, on nous dit qu'on va avoir 6% de déficit. Alors pour nos auditeurs, 6% de déficit, ça veut dire qu'on dépense 180 milliards d'euros de plus que ce qu'on gagne.
01:07180 milliards de plus que ce qu'on gagne. Par parenthèse, vous savez Jean-Jacques Bourdin, depuis 1981, vous verrez pourquoi je prends cette date,
01:16elle est historique, avec évidemment l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir. Depuis 1981, tous les ans, tous les ans, la France dépense, c'est la moyenne, je l'ai calculée,
01:2857 milliards de plus que ce qu'elle gagne, en gros 60 milliards. Vous vous multipliez 60 milliards par, maintenant, 40, 60 ans ?
01:3943 ans.
01:40Non, 60 ans, 60 ans, et bien vous avez la dette d'aujourd'hui. Toutes ces déficits qui s'accumulent année après année, et bien ça se transforme en dette.
01:50Et là, vous voyez, la moyenne, la moyenne de la France depuis 1980, c'était 57 milliards. Aujourd'hui, on est à 150 milliards. Mais Jean-Jacques Bourdin, ça va durer jusqu'à quand ça ?
02:01C'est ça la question qu'il faut que les Français se posent aujourd'hui. C'est pas de dire qu'à la Russie, on va mettre, c'est un budget de pompiers, le budget qui nous est présenté aujourd'hui.
02:08Je jette la pierre à personne, mais c'est un budget de pompiers. On est là, effectivement, au colmat de l'ébrèche. Mais pour nous dire quoi ?
02:15Pour nous dire qu'on va faire, c'est formidable, on va faire, l'année prochaine, combien ? 6% de déficit, 5% de déficit ?
02:225% l'année prochaine, nous dit-on.
02:235%, Jean-Jacques Bourdin, nous dit-on. Alors 5%, encore une fois, je ne critique personne, mais 5% pour nos compatriotes, 5% du PIB, le PIB c'est 3 000 milliards,
02:34ça fait encore 150 milliards de plus. Depuis 60 ans, on dépensait que, que, 60 milliards de plus. On est sur un rythme 3 fois plus.
02:42Alors il faut bien qu'on se pose la vraie question, mais la seule question qui vaille aujourd'hui, c'est pas évidemment d'intervenir en pompiers tous les ans,
02:51avec un psychodrame, parce qu'on nous a expliqué, et je le pense, je le crois, qu'il a fallu dissoudre l'Assemblée Nationale pour affronter un moment difficile en septembre,
03:01parce que le budget allait être très difficile. Mais c'est tous les ans que le budget va être difficile. Alors quoi ? Il va falloir que tous les ans, on dissolve l'Assemblée Nationale,
03:10parce qu'on aura un budget toujours plus difficile ? Non. Il faut désormais qu'on se pose la question, comment on fait pour vivre ensemble, comment on fait pour baisser la dépense de l'État,
03:20comment on fait pour revoir les dépenses structurelles, comment on fait pour sortir de ce mythe français.
03:24— Alors juste pour qu'il y ait bon temps, je vais vous poser la question. Vous avez été ministre de l'Économie et des Finances. C'est vrai que pendant deux ans, vous avez réduit le déficit.
03:35L'un des rangs, peut-être le seul. — Oui, le déficit, mais surtout la dette. Avec Jean-François Copé, on a baissé de 3 points de PIB. C'est la seule fois où on a baissé.
03:42Mais on avait une politique qui était résolue. On a dit vraiment que ça allait être notre politique. On a passé de 64 % de... À l'époque, vous vous rendez compte,
03:49de 67, pardon, de dette par rapport aux PIB à 64. Mais 3 points de PIB, c'était énorme. On l'a fait. C'était pour démontrer que si on a une politique, on peut le faire.
04:00— Bien. On peut le faire. Est-ce que vous avez, il y a quelques mois, alerté Emmanuel Macron sur ce danger-là ?
04:07— Oui, bien sûr. Je l'ai parlé cet été, bien entendu. — Vous l'avez parlé cet été. Vous lui avez dit qu'est-ce qu'il vous a répondu.
04:14— Est-ce qu'à l'été, encore une fois, je suis pas là pour faire la leçon à qui que ce soit. Mais comme j'ai des interactions, ce qui était tout à fait normal
04:21dans mes fonctions, j'étais commissaire européen, je voyais les choses. Vous l'avez rappelé, je connais bien les problèmes de finances publiques pour les raisons
04:28que vous venez d'évoquer. Et donc c'est vrai que je lui ai dit à l'époque dans les échanges qu'on a eus, attention, le budget va être difficile.
04:35Ça va être un sujet majeur, un sujet majeur pour la rentrée. Et vous savez, ce qui est vraiment incroyable... — Que vous a-t-il répondu ?
04:41— On en a discuté, je ne vais pas dévoiler ça ici. Bien entendu, tout le monde était au courant. Mais c'est quand même absolument incroyable.
04:49Moi, j'étais à Bruxelles à l'époque, mais les bras me sont tombés de Bruxelles quand j'ai vu qu'on nous explique, et ce qui était vrai,
04:57qu'il fallait dissoudre l'Assemblée nationale parce qu'il n'y avait plus de majorité pour pouvoir supporter la discussion légitime
05:05sur ce qu'on va faire pour remettre la France dans les rails. Pardon, cette expression un peu triviale. Et qu'est-ce qu'on a vu pendant la période,
05:11certes courte, mais la période, donc, des élections législatives ? Tous les partis politiques, Jean-Jacques Bourdin, je dis bien tous,
05:19y compris ceux qui sont dans la coalition aujourd'hui, y compris, encore une fois, les deux principaux, ils nous ont tous mis pendant la campagne,
05:27non pas sur la table les économies structurelles qu'il fallait faire, mais ils ont tous augmenté. Mais je me suis dit, mais on est où ?
05:33On nous dit qu'il faut dissoudre l'Assemblée nationale parce que, précisément, le budget, il est intenable, et de la France insoumise,
05:42alors ça, évidemment, là, c'était vraiment le concours Lépine, c'était champion du monde, mais l'Assemblée nationale aussi, et tous les autres
05:50sont venus avec des dépenses supplémentaires. Donc on a raté, une fois de plus, un moment, peut-être court, mais où on avait l'occasion d'expliquer
05:57aux Français ce qui se passe, et de discuter ensemble de la vision. Moi, je vais vous dire.
06:02— Alors, je ne vais pas entrer dans les détails de ce budget présenté hier, simplement, je voudrais qu'un moment, regardez, le ruissellement, ça n'a pas marché.
06:10Ça n'a pas marché, le ruissellement. — Mais c'est structurel, Jean-Jacques Bourdin. Là aussi, j'ai encore une fois...
06:16— Mais ça a été mis en avant, rappelez-vous, par Emmanuel Macron. — Non mais, Jean-Jacques Bourdin, j'ai juste un point d'histoire, puisque j'ai entendu,
06:22avec attention, c'est très intéressant, le débat d'un instant. Il faut... Comment on en est arrivé là ? J'ai fait ce petit retour en arrière, c'est très intéressant.
06:34En 1974, la dette de la France est de 14,5% par rapport au BIB. C'est Giscard, on s'en souvient, qui est au pouvoir. Entre, dans le septennat de Giscard,
06:43il y a deux chocs pétroliers, on appellerait mon bar au secours, la dette monte jusqu'à 21%. Quand Mitterrand arrive au pouvoir, France ou Mitterrand,
06:51la dette de la France est à 21% de BIB. Quand il part, après deux septennats, la dette est à 53%. Comment on a fait pour augmenter de 30 points de BIB ?
06:59Parce que Mitterrand va découvrir la dette et l'usage de la dette pour un usage politique. Il va... Et voilà, je ne jette la pierre là encore une fois à personne,
07:10quand la gauche arrive au pouvoir, on a voulu réinventer 36, alors c'était plus les congés payés, et on s'est dit, ben qu'est-ce qu'on va faire ?
07:16Vous vous souvenez qu'elle n'était pas prête, il y avait ces propositions qui étaient un peu farfelues, on va dire les choses comme ça, qui ont coûté très cher du reste à l'État et à la France.
07:24Et il va nous dire, ben finalement, moi, mon septennat, ma conquête sociale, ça va être de travailler moins. Très bien, pourquoi pas.
07:32Mais travailler moins, financer comment ? Ça a été la réduction du temps de travail. Ça a été la réduction du temps de travail aussi. Dans la vie, on est passé,
07:37souvenez-vous, de 65 ans à 60 ans, alors que la démographie nous montrait qu'il fallait, au contraire, rallonger. Ça a été un million et demi de fonctionnaires qui ont été embauchés.
07:45Et comment on a payé tout ça ? Par la dette. Et on a fait croire aux Français, qu'on était finalement dans une troisième voie, et ben c'était la troisième voie, la voie française.
07:55On pouvait travailler moins, maintenir un niveau de prestation sociale très élevé, je ne le conteste pas, c'est important, et puis finalement, sans augmenter la compétitivité.
08:05Eh bien, Jean-Jacques Bourdin, c'est un dogme. Aujourd'hui, personne n'a osé remettre ce dogme en place.
08:11Mais il faut remettre toutes ces questions. Il faut remettre toutes ces questions sur la table. Mais je vous l'ai dit tout à l'heure, on ne peut pas continuer à vivre avec 150 milliards de plus que ce qu'on gagne tous les ans, voire 100 milliards.
08:23Mais même 3%, Jean-Jacques Bourdin, on nous dit en 2029, écoutez, en 2029, on nous dit, on va attendre, on va tangenter les moins 3% de déficit.
08:31Mais 3% de déficit pour nos auditeurs, ça veut dire qu'on sera encore à 100 milliards de plus que ce qu'on gagne. Donc la dette va continuer à augmenter.
08:38Donc il faut qu'on, une bonne fois pour toutes, que dans notre pays, comme l'ont fait d'autres pays, il ne faut pas s'amuser à dire, à faire peur, encore une fois, à tout le monde, mais il faut dire qu'on s'assoit maintenant, et on essaie de discuter ensemble.
08:50– Mais qui ? – Mais les moments présidentiels sont des moments importants.
08:54Souvenez-vous, vous avez fait référence, pardon de parler de ça, puisque vous avez fait référence à un moment où, lorsque je suis à la demande de Jacques Chirac, ministre des Finances,
09:04eh bien je dis, nous, nous allons essayer de nous remettre dans les clous de Maastricht, pourquoi ?
09:10Pas parce que je suis un dogmatique. – Mais comment ?
09:12– Eh bien vous savez ce qu'on a fait ? On a commencé par demander à Michel Pébreault, vous vous en souvenez, de faire un rapport détaillé.
09:18On avait réuni tout le monde. – Donc c'est ce qu'il faut faire aujourd'hui ?
09:20– Je ne sais pas si c'est ce qu'il faut faire, je vous parle d'expérience. On a réuni tout le monde, les syndicats, les partis politiques, toutes couleurs confondues, les entreprises.
09:30Et on a demandé à Michel Pébrault d'animer cette équipe et de nous proposer, de faire de la pédagogie et de proposer des voies et des solutions.
09:40Et qu'est-ce qui s'est passé ? On a fait le rapport Pébrault, vous vous en souvenez ? – Oui, je m'en souviens.
09:44– On a fait de la pédagogie pour expliquer ensuite comment, avec Jean-François Copé, avec mille sentiers, mille petits chemins, mille réformes,
09:51eh bien on a commencé à s'attaquer vraiment à ce sujet structurel. Donc il faut à la fois faire de la pédagogie, expliquer la situation.
09:58Espérons, espérons, que dans ce moment un peu inédit que nous vivons, plutôt que de dire ouf, on a passé, et on est passé de presque 7% de déficit,
10:09ce qui aurait été vraiment une honte et un scandale, à 5%, ouf, on va pouvoir passer à autre chose.
10:15Non, je vous le dis ce matin, on ne pourra pas passer à autre chose, il faut vraiment se poser ces questions, maintenant, de façon structurelle.
10:21– Il faut que tout le monde se mette autour d'un table, si j'ai bien compris.
10:23– Les élections, ça sert à ça. Donc plutôt que d'avoir un concours lépine de la dépense publique, comme de façon pathétique,
10:30on l'a vu au cours des derniers mois, à l'occasion des élections législatives, eh bien voilà, il faut que j'espère, j'espère de tout cœur,
10:38que dans le moment électoral, parce qu'au fond, il ne faut pas se tromper, on rentre dans un moment électoral maintenant,
10:42puisque les élections sont évidemment maintenant en deux ans.
10:45– Présidentielles de 2027.
10:47– Donc on rentre dans ce moment-là. Eh bien espérons qu'on ait au moins un parti qui dise aux français, voilà ce qu'on propose.
10:55Alors il ne s'agit pas de proposer des choses extrêmement dures, mais voilà comment nous en sommes arrivés là,
11:03et voilà ce que nous proposons pour l'avenir, parce qu'il n'y aura que cette solution,
11:07tout en essayant de préserver et la croissance, et préserver notre modèle social.
11:11– Alors justement, mais préserver aussi l'image de la France.
11:14– Mais bien entendu. – En Europe, est-ce qu'elle est en train de se dégrader, là ?
11:17– Mais Jean-Jacques Bourdin, à partir du moment où vous êtes un pays, un membre fondateur de l'Europe,
11:22et un père de l'Europe, on va dire, et la France a joué un rôle très important,
11:28et qu'effectivement, notre Europe, elle fonctionne par des engagements qui sont pris, on appelle ça des traités.
11:33À partir du moment où la France signe ses traités, eh bien, si vous êtes un élément important de l'Europe,
11:39vous devez les respecter. – La France s'affaiblit.
11:41– Mais à partir du moment où un pays, et surtout un pays comme la France, ne respecte pas les traités,
11:46bien entendu que la France a moins de voix.
11:47Lorsque j'étais ministre des Finances, vous l'avez rappelé tout à l'heure,
11:51l'Allemagne était à 67%, la France était à 64% dans les réunions de l'Eurogroupe,
11:55qui sont les réunions où on initiait les ministres des Finances.
11:58Quand le ministre des Finances, qui s'appelait Piers Steinbrück, allemand à l'époque,
12:00disait quelque chose, je lui disais, Piers, c'est bien ce que tu dis,
12:04mais fais ce que nous avons fait nous en France, pour pouvoir effectivement ensuite
12:08permettre de donner des recommandations aux autres.
12:11Aujourd'hui, l'Allemagne est à 65%, nous sommes à 112%.
12:16Vous vous rendez compte, il y a 50 points d'écart aujourd'hui, mais c'est énorme.
12:22– Mais dites-moi, c'est grave pour le fonctionnement de l'Europe ?
12:24– Mais c'est grave, bien entendu que c'est grave.
12:26Si l'Europe n'est pas équilibrée, c'est une Europe qui ne marche plus sur deux jambes.
12:30Alors elle marche plus que sur deux jambes, nous avons 27 États membres, c'est très important,
12:34mais personne ne peut nier l'importance du couple franco-allemand,
12:38et dans ce couple franco-allemand, de l'équilibre qui est nécessaire
12:41entre les deux plus grands pays de l'Europe.
12:42Alors aujourd'hui on a quoi ? On a une France évidemment qui ne respecte pas les traités,
12:47et donc moi je le regrette, et il faut vraiment qu'on les respecte, pas par idéologie,
12:51mais parce que je viens de l'expliquer à l'instant, 3% de déficit,
12:54c'est encore 100 milliards d'euros de dettes tous les ans.
12:56Donc c'est aussi parce qu'on ne peut pas le payer.
12:58Et puis de l'autre côté, vous avez une Allemagne qui souffre terriblement,
13:03parce qu'elle n'a pas pris le virage énergétique comme elle aurait dû le prendre,
13:07elle a été trop dépendante du gaz russe, on le sait, trop dépendante du marché chinois,
13:10trop dépendante des Américains pour sa défense, il faut qu'elle revoie tout ça. Voilà.
13:14– Et avec une Espagne qui va tomber sans déficit à 2, 5 ou 2,4.
13:18– Oui mais ils ont fait ce travail, comme le Portugal et comme la Grèce.
13:22– Le Portugal, la Grèce, l'Espagne, bien sûr.
13:24– C'est possible, il y a eu ces grands moments, et il faut le faire.
13:27Alors encore une fois, sur la durée, il ne s'agit pas de faire ça en un an ou en deux ans,
13:31mais il faut se donner maintenant une trajectoire, une vision commune et partagée.
13:35– Plus généralement, on va parler de politique étrangère,
13:38on a peu de temps, il nous reste 6 minutes,
13:40mais Thierry Breton, est-ce que l'Europe s'affaiblit en ce moment ?
13:44– L'Europe est dans une situation qui est une situation difficile, évidemment,
13:49parce que vous avez d'abord une militarisation,
13:53et je le dis de façon très claire aujourd'hui, des plus grandes puissances mondiales,
13:57on pense évidemment à la Chine, c'est très intéressant,
13:59la Chine, tous les congrès, vous savez, du parti communiste,
14:03à chaque fois, il y a la vision, c'était toujours d'une vision économique.
14:06Pour la première fois, le dernier congrès,
14:08présidé par Xi Jinping, ne parlait plus d'économie,
14:11il ne parlait plus que de sécurité, c'est-à-dire évidemment de défense.
14:15On le voit évidemment aux Etats-Unis, on le voit avec la guerre en Ukraine bien entendu,
14:18et sans oublier le drame du Moyen-Orient.
14:23Et donc oui, bien sûr, on est dans un monde qui devient de plus en plus belliqueux,
14:27et donc il faut que l'Europe soit plus assertive, plus forte, plus autonome, plus stratégique,
14:34et c'est difficile, parce que je l'ai fait, moi, quand j'étais pendant 5 ans commissaire européen,
14:38c'est cette voie-là que j'ai portée, cette dynamique-là que j'ai portée.
14:41– Oui, mais cette dynamique, elle est un peu brisée avec la montée de l'extrême droite
14:45qui ne veut pas d'une Europe souveraine, avec peut-être l'élection de Donald Trump
14:49à la présidence des Etats-Unis.
14:52– Bien entendu, il y a évidemment tous ces éléments,
14:56certains pourront même les qualifier de vains contraires,
14:58eh bien, est-ce que c'est pour autant...
15:00Pour autant, faut-il baisser les bras, Jean-Marc Bourdin ?
15:02Non, il faut au contraire être plus assertif, et il faut être plus convaincu aussi.
15:08– Quand Orban dit qu'il faut renouer le dialogue avec Moscou, que lui répondez-vous ?
15:13– Mais, Victor Orban, et d'abord, il y a deux choses,
15:18la Hongrie dans une situation évidemment particulière,
15:21parce que non seulement sa géographie, son histoire, on s'en souvient,
15:24mais aussi sa dépendance à l'énergie et au gaz russe,
15:28c'est le pays d'Europe qui dépend le plus du gaz russe aujourd'hui,
15:30donc il essaye de ménager la chèvre et le chou,
15:33et je connais bien Victor Orban, je me suis entretenu à très nombreuses reprises avec lui,
15:38donc il y a évidemment ce qu'il dit, et puis ensuite ce qu'il fait,
15:40donc il faut aller le voir, il faut discuter avec lui,
15:43et finalement, pendant cinq ans, on a réussi malgré tout...
15:45– Comment avez-vous trouvé ?
15:46– On a réussi malgré tout à l'amener, systématiquement, à voter les sanctions,
15:50mais ça demande de l'énergie, et il faut rentrer dans son jeu...
15:52– Est-ce que vous trouvez qu'Ursula von der Leyen est allée trop loin avec lui ?
15:55– Eh bien, par expérience, si je peux me permettre, en restant de là où je suis,
15:59c'est en discutant avec lui, et en l'amenant progressivement à évoluer,
16:05qu'on le fait avancer, et qu'on avance d'une façon en Europe,
16:08et je le disais à l'instant, il prend ses positions,
16:11et puis quand on discute, il a voté les 13 paquets de sanctions avec l'ensemble des 27.
16:16Je pense qu'il vaut mieux discuter qu'affronter,
16:19c'est en tout cas, moi, la position que j'ai toujours tenue lorsque j'étais commissaire européen,
16:24je pense effectivement qu'entre les 27,
16:26mieux vaut éviter de s'affronter publiquement, ça c'est clair.
16:29– Dites-moi, je voulais qu'un vous posait la question,
16:32Ursula von der Leyen a échangé des SMS avec le patron de Pfizer,
16:38l'affaire arrive devant la justice au mois de novembre,
16:42comment se fait-il qu'on ne connaisse pas la teneur de ces SMS ?
16:46– Écoutez, je ne peux pas répondre à cette question,
16:48j'étais en charge, comme vous le savez, non pas des achats des vaccins,
16:51puisque c'était évidemment à ce niveau-là que ça se passait,
16:54et je n'ai jamais été associé,
16:55je regrettais par moments, parce que j'ai un peu d'expérience dans ces domaines,
16:59mais bon, ce n'était pas ce qui a été choisi,
17:02je n'étais qu'en charge…
17:03– Est-ce que vous saviez qu'elle discutait par SMS avec Bourla ?
17:07– Non, je n'étais qu'en charge du caractère industriel,
17:11et vous vous souvenez finalement qu'on a réussi en l'espace de quelques mois
17:16à industrialiser, réindustrier la France et l'Europe
17:19en matière de production de vaccins, notamment ARN Messager,
17:23mais non, malheureusement, je n'ai pas eu connaissance ni accès à ces échanges.
17:28– Est-ce que la presse devrait avoir accès à ces échanges ?
17:30– Ce n'est pas à moi de le dire, la presse fait son travail,
17:32elle n'a pas besoin de commissaire ou d'ancien commissaire pour le faire.
17:34– Le New York Times essaie tant bien que mal d'obtenir la teneur de ces SMS.
17:38– Non mais il n'y a pas que le New York Times,
17:39je sais que c'est un certain nombre de vos confrères se posent ces questions,
17:42mais il leur appartient de faire ce qu'ils pensent nécessaire de faire,
17:45mais ce n'est certainement pas à moi de commenter ceci.
17:47– Bien, Thierry Breton, sur le Proche-Orient, vous l'avez évoqué tout à l'heure,
17:51l'Europe, sur le Proche-Orient, faut-il maintenant...
17:55c'est vrai que ça a ému beaucoup de chancelleries ce qui s'est passé hier,
17:58notamment ce tir israélien sur la Finul,
18:02est-ce qu'il faut une initiative pour essayer de stopper Benjamin Netanyahou ?
18:06– Non mais les tirs sur la Finul sont tout à fait inacceptables,
18:09la résolution 17-01 qui stipule qu'effectivement il y a une force d'interposition,
18:14je rappelle malgré tout quand même, excusez-du-peu,
18:15qu'on a quand même 700 femmes et hommes en armes qui sont des Français,
18:21donc qui sont dans le cadre des 10 000 militaires.
18:25– Il y a des Français, des Espagnols, des Irlandais, des Italiens.
18:28– Donc ça c'est juste pas possible, c'est juste pas possible,
18:32inacceptable, intolérable.
18:34Alors maintenant pour le reste, oui, Israël a le droit
18:36et doit pouvoir se défendre, bien entendu,
18:39contre ces agressions terribles, inqualifiables,
18:43qu'on a du reste, comment dirais-je, commémoré si je puis dire,
18:46en tout cas il y a quelques jours évidemment, le 7 octobre.
18:50Mais non, il y a des choses qui sont absolument inacceptables,
18:55et c'est ce que disent maintenant un certain nombre de pays,
18:58il faut évidemment maintenant qu'on rentre dans une...
19:02– Mais je ne veux pas d'initiative européenne.
19:04– Mais pour une raison extrêmement simple, d'abord, pardon mais le dire,
19:08est-ce que vous trouvez que les initiatives américaines portent leurs fruits ?
19:11Bon, on n'est pas les Etats-Unis, donc avant de parler de l'Europe,
19:14parlons des Etats-Unis, pourquoi les Etats-Unis n'arrivent pas aujourd'hui
19:18à convaincre M. Netanyahou de changer progressivement,
19:22malgré les efforts et les paroles qui sont tenues ?
19:24– Les élections.
19:25– Voilà, les élections, et nous en Europe,
19:27et bien c'est vrai que nous avons des Etats membres,
19:30vous savez que la politique étrangère est à la main des Etats membres,
19:33elle est certes un peu coordonnée par ce qu'on appelle
19:36dans notre jargon le haut représentant,
19:37c'est Joseph Borrell aujourd'hui, ce sera Kaya Kalas demain,
19:40l'ancienne ministre estonienne,
19:42mais derrière, vous avez effectivement contenu de nos histoires,
19:47je pense en particulier à l'Allemagne bien entendu,
19:49nous avons des positions qui ne sont pas toujours harmonisées
19:52sur le Proche-Orient, mais c'est ça l'Europe aussi,
19:56et vous savez ce qu'il faut pour ça Jean-Marc Bredin ?
19:58Il faut du leadership, il faut du leadership,
20:01il faut écouter tout le monde, entraîner, certainement pas,
20:05mais le leadership ne doit pas s'exercer au niveau d'un seul pays,
20:09le leadership c'est au niveau de l'Europe.
20:11– Mais il faut un homme aussi, ou une femme ?
20:13– Eh bien nous l'avons, l'homme, c'est Antonio Costa,
20:16ce sera le prochain président du Conseil Européen,
20:19c'est l'ancien Premier ministre portugais, c'est un homme formidable,
20:23j'espère vivement qu'il va jouer un rôle important
20:28pour remettre un peu de liant dans tout ça,
20:30ne pas, encore une fois comme on a pu le voir dernièrement,
20:33opposer les uns aux autres, ou s'opposer notamment à des chefs d'Etat,
20:36mais au contraire, entraîner tout le monde vers une vision commune,
20:40c'est un travail compliqué, l'Europe c'est compliqué,
20:42mais ça ne marche que si on travaille ensemble, collectivement.
20:45– Merci Thierry Breton d'être venu nous voir,
20:47avec vos vérités ce matin sur l'antenne de Sud Radio,
20:50très intéressant, Patrick Roger juste après les informations de 9h.

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