• il y a 5 mois
Avec Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-06-03##

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News
Transcription
00:00 (Générique)
00:02 Jean-Jacques Bourdin
00:04 Bonjour à toutes et à tous, vous voulez savoir leur parlons vrai ce matin avec Thierry Breton,
00:08 commissaire européen au marché intérieur chargé entre autres de la défense et du numérique.
00:12 Thierry Breton, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:15 Dimanche prochain, élection européenne dans les 27 pays de l'Union,
00:20 dans les débats télévisés, en meeting, les têtes de liste évoquent très souvent les véhicules électriques.
00:26 Je vais commencer avec ça, en 2035, dans 11 ans, les voitures neuves, je dis bien neuves,
00:31 à moteur thermique seront interdites à la vente.
00:34 La décision est maintenue, c'est clair ?
00:36 Bien sûr.
00:36 Bien, parce que les constructeurs le demandent.
00:39 C'est une décision qui a été prise du reste par le Parlement européen,
00:41 je le rappelle, pas par la Commission européenne, par le Parlement européen,
00:44 d'où la nécessité de bien choisir ses députés, c'est le Parlement européen qui a voté cette décision,
00:49 et le Conseil européen, c'est-à-dire les chefs d'État de gouvernement.
00:52 Aujourd'hui en Europe, 8% des voitures électriques vendues sont chinoises,
00:56 des milliers de voitures chinoises sont arrivées dans les ports européens pour être vendues,
01:00 25% des ventes de voitures électriques à la fin de l'année en Europe seront chinoises,
01:05 est-ce que les droits de douane, qui sont de 10% aujourd'hui sur les véhicules chinois,
01:11 est-ce que ces droits de douane vont être relevés ?
01:14 Alors comme vous savez, il y a une enquête qui a été diligentée par les services de la Commission européenne,
01:19 ce n'est pas dans mon portefeuille, mais c'est mon collègue Valdis Dombrovskis qui mène cette enquête,
01:24 les résultats vont être connus dans la deuxième moitié du mois de juin.
01:30 Donc on est maintenant au bout de l'enquête,
01:32 donc ce n'est pas à moi de vous le dire, parce que de toute façon je n'ai pas connaissance,
01:35 il faut s'y attendre, parce que généralement quand une enquête s'étude,
01:40 c'est l'une des enquêtes les plus lourdes qui a été menée,
01:43 elle a été menée de façon bien entendu extrêmement sérieuse,
01:47 alors elle l'a fait de façon très spécifique,
01:53 notamment quasiment constructeur par constructeur,
01:56 et donc voilà, je ne veux pas anticiper, mais c'est fort probable.
02:04 Ils seront relevés, ils sont de 10%, ils peuvent passer entre 15 et 30% ?
02:08 On va voir, c'est à peu près ce à quoi on peut s'attendre,
02:10 mais encore une fois, on ne va pas anticiper, mais c'est fort probable.
02:13 - Pour être efficace, ces droits de douane devraient être fixés entre 40 et 50% disent les économistes.
02:22 - Oui, alors ça je ne sais pas d'où ça sort, parce que vous savez, tout le monde sort.
02:25 Vous avez vu qu'aux Etats-Unis... - On est à 100%.
02:27 - Oui, mais vous savez pourquoi, je vous répondrais.
02:29 - Parce qu'on n'importe pas de voiture chinoise.
02:31 - Donc c'est facile, 0 x 100, ça fait toujours 0.
02:34 Donc c'est facile, alors évidemment, il ne faut pas être naïf,
02:37 on sait qu'on est en campagne électorale,
02:40 donc voilà, on sait aussi, il faut faire un peu attention à tout ça.
02:44 Je pense que ce que fait la Commission européenne,
02:49 qui est encore une fois chargée de mener cette enquête,
02:53 me semble beaucoup plus sérieux et réaliste.
02:55 - Bien, parce que certains s'inquiètent de la disparition de l'industrie automobile européenne,
03:01 comme la fabrication des panneaux solaires a disparu en Europe,
03:05 la sidérurgie européenne elle-même est malmenée.
03:08 Vous le savez bien Thierry Breton.
03:10 Aujourd'hui, 55% de la production mondiale d'acier vient de Chine.
03:15 - Oui, c'est vrai, pas que pour l'Europe, c'est vrai pour tous les pays du monde.
03:19 Donc c'est la raison pour laquelle nous avons mis maintenant un certain nombre de mesures.
03:24 Alors on n'est pas dans du protectionnisme,
03:26 on est tout simplement dans du rééquilibrage.
03:28 Et pour parler très clair... - De la souveraineté européenne.
03:31 - Voilà, pour parler très clair, l'Europe est un très grand marché,
03:34 c'est l'un des plus grands marchés du monde,
03:36 donc désormais, et j'ai beaucoup beaucoup travaillé à ça pendant 5 ans,
03:39 ça a été du reste l'une des dimensions qui étaient les plus importantes de mon portefeuille
03:45 en tant que commissaire au marché intérieur,
03:46 donc c'est fait pour développer le marché intérieur, mais pour le protéger aussi.
03:49 Donc on a mis maintenant un certain nombre de barrières à l'entrée.
03:53 En d'autres termes, si vous voulez rentrer sur le marché intérieur, très bien,
03:56 mais voilà nos conditions, et dans ces conditions, il y a en particulier le fait que
04:00 il va falloir payer, si jamais vous...
04:03 On va parler de la sidérurgie, tiens, à l'instant, Jean-Jacques Bourdin.
04:06 Si jamais vous produisez de l'acier sans respecter les critères que nous-mêmes nous imposons à nos propres industriels,
04:12 eh bien vous allez payer les différences, ça s'appelle le taxe carbone aux frontières,
04:15 c'est quelque chose qui est très important, encore une fois je le répète pour nos auditeurs,
04:18 c'est pas du protectionnisme, c'est tout simplement de la réciprocité.
04:20 - Thierry Breton, Marine Le Pen défend, enfin Jordan Bardella,
04:24 défend la priorité nationale pour les marchés publics, que répondez-vous ?
04:29 - C'est exactement ce que Gabriel Attal a répondu à Jordan Bardella,
04:35 et l'a mis en difficulté lors du fameux débat, vous vous en souvenez, Jean-Jacques Bourdin ?
04:39 - Oui, bien sûr, oui.
04:40 - Je lui dis, dans ce cas-là, ça veut dire que la France se renferme sur elle-même,
04:42 et c'est des centaines de milliers d'entreprises qui ne pourront plus exporter en dehors des frontières françaises,
04:47 donc c'est évidemment du simplisme absolu, et qui ne tient pas la route une seconde d'un point de vue économique.
04:53 Ça ne veut pas dire pour autant, attention, ça ne veut pas dire pour autant qu'on donne des critères maintenant au niveau européen,
04:58 pour pouvoir effectivement favoriser les entreprises européennes.
05:01 Jean-Jacques Bourdin, 14% de l'activité économique, c'est effectivement des marchés publics en Europe, c'est des normes.
05:09 Donc effectivement, maintenant, nous avons des critères, pour effectivement,
05:12 quand vous êtes une collectivité locale, et que vous voulez choisir par exemple des bus, des panneaux solaires,
05:17 et bien, si vous prenez de l'européen, vous aurez un plus.
05:21 - Panneaux solaires qu'on ne fabrique pas, en Europe.
05:23 - On ne fabrique plus, mais j'espère qu'on va les refabriquer,
05:25 puisque nous avons maintenant lancé beaucoup, beaucoup d'initiatives d'usines pour ce faire, avec des soutiens.
05:29 - Est-ce que l'Europe privilégie encore le libre-échange ?
05:32 - Bien sûr, pas privilégie, mais on tient compte.
05:35 Nous sommes un très grand exportateur, on ne peut pas se refermer sur nous-mêmes, mais il y a un thème.
05:39 - Les Etats-Unis se referment sur eux-mêmes, vous avez vu que les barrières douanières augmentent partout dans le monde,
05:44 la Chine, l'Inde, le Japon, et d'autres pays.
05:47 - Et l'Europe. - Et l'Europe.
05:49 - Et l'Europe, on vient d'en parler. - Et l'Europe aussi.
05:50 - Bien sûr, bien sûr, on n'est absolument pas naïfs, mais nous sommes dans une logique,
05:54 et c'est peut-être quelque chose qui est très important à dire.
05:58 Il n'y a pas un seul pays qui peut lutter contre ce que vous venez de décrire à l'instant.
06:03 Pas un seul. Parce qu'évidemment ils sont trop petits.
06:05 Regardez le drame absolu de la Grande-Bretagne qui est en train de s'effondrer
06:08 parce que tout simplement elle a choisi le Brexit.
06:10 Ça devrait servir de leçon à beaucoup.
06:12 Donc effectivement, on ne peut exister dans le monde que vous venez de décrire à l'instant,
06:16 que parce qu'on est un continent.
06:17 Et si on est un continent, ça veut donc dire que, oui, on va faire de la réciprocité.
06:22 Vous voulez rentrer sur mon marché ? Alors voilà les conditions.
06:24 Et si jamais vous ne les respectez pas, et bien vous ne pourrez pas y rentrer.
06:28 Si on n'a pas cette capacité d'être ensemble pour faire ce rapport de force,
06:32 alors oui, il n'y a pas d'avenir, voire la Grande-Bretagne.
06:34 - Bien, ne pas signer le Mercosur, est-ce une bonne décision, ou est-ce se tirer une balle dans le pied ?
06:42 - Voilà exactement l'exemple de ce que je viens de vous dire.
06:44 Parce que le Mercosur, qui a été conçu depuis des années,
06:48 n'avait pas intégré cette nouvelle dynamique que vous venez de rappeler à l'instant,
06:51 celle des rapports de force, et donc de réciprocité,
06:54 dans les accords du Mercosur, tels qu'ils ont été conçus
06:57 par, je dirais, les chantres de l'ultralibéralisme,
07:02 il n'y avait que l'ouverture.
07:04 Et bien maintenant on dit ouverture, peut-être, dans les deux sens, mais réciprocité.
07:08 Et s'il n'y a pas réciprocité, et bien il ne faut pas de Mercosur.
07:11 - Thierry Breton, motion de censure, RN et LFI, débattue aujourd'hui à l'Assemblée Nationale,
07:15 le gouvernement accusait de mettre en place une austérité sans précédent par LFI,
07:19 et accusé par le RN d'avoir volontairement sous-évalué le déficit.
07:23 Est-ce que la dette de la France inquiète à Bruxelles ? Franchement.
07:26 - La dette de la France, elle est évidemment ce qu'elle est,
07:30 et donc pour pouvoir la réduire, et pour faire en sorte que...
07:34 Attends, je vais répondre. - Allez-y, allez-y.
07:36 - Pour faire en sorte que la France, comme tous les autres pays,
07:40 respecte, je dirais, nos critères d'engagement commun,
07:43 dans le cadre du pacte de stabilité,
07:45 il y a désormais un chemin que chaque pays doit respecter.
07:50 Pour la France, c'est un retour sous les 3% de déficit à l'horizon 2027,
07:55 pas à l'horizon, en 2027, donc il s'agit maintenant,
07:57 pour chaque pays, y compris pour la France, de le respecter.
07:59 Je n'ai aucun doute que Bonne-Lemaire fait ce qu'il faut pour ça.
08:02 - Oui, enfin vous avez été ministre de l'économie et des finances,
08:05 votre slogan c'était "pas de dette".
08:06 - C'est vrai, c'était effectivement, vous le rappelez implicitement,
08:09 j'avais effectivement réduit la dette de la France,
08:11 je crois que c'était la dernière fois que ça s'est fait.
08:13 - Et pourtant jamais la dette aujourd'hui,
08:15 - On l'avait réduit à 62%.
08:16 - Vous soutenez un gouvernement qui laisse la dette augmenter.
08:21 - Jean-Jacques Bondin, je suis commissaire européen,
08:23 donc par définition je ne suis pas aucun gouvernement des 27.
08:26 - Non, vous êtes engagé.
08:27 - Mais je regarde ce qui se passe partout en Europe,
08:29 et je vois que chaque pays doit avoir une trajectoire,
08:32 on vient de parler de celle de la France.
08:34 - Oui. - Et la respecter.
08:35 - Oui, et la respecter.
08:36 - Elle est à l'horizon 2027, et effectivement les mesures devront être prises.
08:40 - Elles devront être prises.
08:41 - Et je n'ai aucun doute qu'elles le seront.
08:43 - Ça veut dire ? Oui.
08:45 - Encore une fois... - Ça veut dire des économies.
08:47 - Mais ça veut dire se donner les moyens, effectivement, de faire comme tout le monde.
08:51 - La France peut faire mieux sans dépenser plus ?
08:53 - Bien sûr, bien sûr.
08:55 - C'est ce que dit Pierre Moscovici.
08:57 - Vous m'avez retiré de la bouche, je vais vous le dire.
08:59 C'est son rôle en même temps.
09:00 - Oui, d'accord.
09:01 - Mais il donne des voix, et je pense que ses voix sont intéressantes.
09:04 - Et l'agence de notation Standard & Poor's,
09:06 qui a abaissé la note de la France, qui passe de A à A-,
09:10 c'est comme si au bac, on passait de 18 à 17/20.
09:13 - Jean-Jacques Bourdin.
09:14 - C'est insignifiant ?
09:15 - Non, ce n'est pas insignifiant.
09:16 - Ah.
09:17 - Non, ce n'est pas insignifiant.
09:18 Il faut toujours évidemment écouter ce que les uns et les autres disent sur vous.
09:21 C'est vrai pour les entreprises, c'est vrai pour les États.
09:23 Ces agences de notation, encore une fois, elles ont un rôle,
09:26 c'est de mesurer, je dirais, la crédibilité de votre capacité,
09:30 lorsque vous empruntez, de pouvoir rembourser.
09:32 Bon, la France, évidemment, peut rembourser.
09:33 - Elle est moins crédible. La France est moins crédible.
09:35 - Il y a trois agences de notation, vous venez de rappeler Standard & Poor's,
09:38 il y a également Fitch et Moody's.
09:40 Fitch et Moody's avaient déjà dégradé d'un cran la note de la France,
09:45 il y a déjà plusieurs mois.
09:46 Ils ne l'avaient pas fait du reste lorsqu'ils l'avaient révisée au printemps.
09:49 Standard & Poor's ne l'avait pas encore fait.
09:51 Donc, les marchés, vous allez voir que, je dirais, les spreads,
09:54 c'est-à-dire le coût de la dette, ne vont pas augmenter,
09:56 parce que les marchés avaient quelque part, il ne faut pas se raconter l'histoire.
09:58 Anticipez cela, que la troisième agence fasse comme les deux autres.
10:03 Maintenant, ça veut dire quoi ?
10:04 Ça veut dire, effectivement, qu'on ne va pas s'attendre avec cette décision
10:08 sur enrichissement du coût de la dette, parce que c'est anticipé,
10:12 mais ça indique, effectivement, que la France est évidemment
10:17 beaucoup plus endettée qu'elle ne l'était il y a quelques années.
10:19 Et donc, il y a un élément d'attention, c'est la raison pour laquelle
10:23 nous avons, nous, en accord avec les 27, y compris la France.
10:27 Nous avons donc, c'est notre rôle, à Bruxelles, dit,
10:30 voilà le cheminement que la France doit emprunter
10:32 pour rester dans des normes qui sont acceptables à l'horizon 2027.
10:36 - Les élections européennes, dernier sondage,
10:37 Bardella, Jordan Bardella à 33,5, Valérie Ayé à 15,5,
10:41 et Guzman à 14. Est-ce que le boulet pour Valérie Ayé est Emmanuel Macron ?
10:46 - Mais non, c'est...
10:48 - Rempart contre l'extrême droite, il a été élu deux fois,
10:51 rempart contre l'extrême droite, aujourd'hui,
10:53 marche-pied de Marine Le Pen ?
10:55 - Alors, à l'heure où nous parlons, Jean-Jacques Pouin,
10:58 puisque vous parlez de sondage, j'ai vu dans les sondages également
11:01 qu'un tiers des électeurs ne savent pas encore pour qui ils vont voter.
11:04 Un tiers, cinq jours, un tiers des électeurs.
11:07 C'est beaucoup, Jean-Jacques Bourdin.
11:08 Ça veut dire qu'il y a un tiers de ceux qui nous écoutent ce matin
11:10 qui ne savent pas encore pour qui ils vont voter.
11:12 Deuxièmement, dans ces listes, c'est assez curieux,
11:17 parce que vous avez des listes qui sont vraiment pro-européennes,
11:20 qui disent, voilà, tout ce que l'Europe nous a apporté,
11:22 ça nous a protégé, ça nous a protégé contre les coûts de l'énergie,
11:24 ça nous a protégé contre les vaccins, ça nous a protégé,
11:27 pour les vaccins, ça nous a protégé contre l'inflation, voilà.
11:30 Et puis il y a ceux qui sont un peu pas très clairs.
11:32 Et c'est vrai que, et je porte, je veux dire, aucun jugement,
11:35 les électeurs font ce qu'ils veulent, bien entendu,
11:38 ils vont voter pour qui ils veulent, bien entendu.
11:40 - Vous votez Valérie Hayé, vous ?
11:41 - Bien entendu. Bah, évidemment, évidemment.
11:43 - Vous êtes le commissaire européen, vous êtes très neutre, quoi.
11:46 - Alain Bédard, j'ai tout à fait le droit de le dire, dans mon pays,
11:49 pour qui je vote, on a le droit, évidemment, des hommes politiques,
11:52 et donc nous sommes dans une période où nous avons le droit d'exprimer nos opinions.
11:55 Évidemment, je dis, il faut voter Valérie Hayé,
11:57 parce que c'est la seule liste européenne.
11:58 Regardez la liste de M. Bardella.
12:01 Là encore, des sondages, c'est pas inintéressant.
12:03 Alors, je sais pas s'ils sont vrais, mais aujourd'hui,
12:06 pour vous montrer la duplicité ou le fait que c'est pas clair,
12:09 deux tiers des électeurs de Jordan Bardella,
12:12 dernier sondage, disent qu'ils vont voter Jordan Bardella,
12:15 parce qu'il va sortir de l'Europe et qu'ils veulent sortir de l'Europe.
12:17 Deux tiers.
12:18 Un tiers des électeurs de M. Bardella disent
12:21 "Ah bah non, je vote M. Bardella, parce qu'il va rester dans l'Europe."
12:23 Alors, qui se trompe ?
12:25 Les deux tiers, ou le troisième tiers ?
12:27 Moi, je dis au troisième tiers,
12:29 si vous voulez vraiment voter Europe,
12:33 il ne faut pas aller chez M. Bardella,
12:34 parce qu'à mon avis, c'est les deux tiers qui ont raison.
12:36 Il faut toujours écouter ce que disent les Français.
12:38 - Où en est la défense commune européenne, Thierry Breton ?
12:40 Que mettre en commun ?
12:42 - Alors, mettre en commun,
12:43 le maximum de notre capacité de production.
12:46 Et là encore, que de fake news.
12:48 Certainement pas,
12:50 comme le dit Mme Le Pen ou M. Bardella,
12:54 partager l'arme nucléaire.
12:56 Jamais le président de la République n'a dit ça.
12:58 Jamais, je le dis très clairement à nos auditeurs,
13:00 jamais, et jamais ce ne sera fait.
13:02 Ça veut dire uniquement que dans la dimension,
13:04 dans la stratégie de dissuasion européenne,
13:07 française, pardon,
13:09 le président de la République l'a rappelé,
13:10 il y a une dimension européenne.
13:11 Ça veut dire qu'évidemment,
13:12 si un pays est attaqué comme l'Allemagne,
13:15 la France réagira.
13:16 Mais rien d'autre.
13:17 De même, jamais le président de la République n'a dit
13:20 qu'il y aurait une armée européenne.
13:21 Parce que, Jean-Jacques Baudin, il n'y en aura pas.
13:23 Parce que la défense, c'est la souveraineté des États,
13:25 et ça le restera.
13:26 Alors, je sais bien qu'on veut faire peur aux Français,
13:29 en leur disant "Regardez, si vous votez, vous allez voter".
13:31 Mais non, pas d'armée européenne.
13:32 Mais bien entendu que non, il n'y en aura pas.
13:34 Il n'y en aura pas.
13:35 Parce que la défense restera à la main des États.
13:37 Mais que mettrons-nous en commun ?
13:39 La capacité de produire.
13:40 Parce que c'est ça dont il s'agit.
13:42 Nous sommes un continent.
13:43 Et quand on fait, par exemple, ce que j'ai fait,
13:45 avec les munitions,
13:46 il y a 35 usines en Europe,
13:48 et il y en a qui font de la poudre,
13:50 il y en a qui font des explosifs.
13:51 On les a mis ensemble,
13:52 pour pouvoir faire en sorte que désormais,
13:54 en 18 mois, Jean-Jacques Bourdin,
13:56 en 18 mois, vous m'entendez bien,
13:57 on va multiplier par 4
13:59 la capacité de production de fabriquer
14:01 ces fameux obus en Europe.
14:02 Parce qu'on se met ensemble.
14:03 Donc oui, la seule chose qu'on va mettre ensemble,
14:05 il y a une nécessité,
14:06 c'est notre industrie de défense
14:08 pour produire plus et plus vite.
14:10 Parce que nous sommes dans un monde
14:11 qui est de plus en plus instable,
14:12 parce qu'on ne peut plus compter sur les Américains uniquement,
14:15 parce que voilà ce qui se passe à nos frontières.
14:17 Donc oui, aujourd'hui,
14:18 dans ce monde de rapports de force,
14:19 que j'ai expliqué tout à l'heure,
14:20 eh bien, il y a aussi notre capacité,
14:22 et c'est un message qu'il faut envoyer,
14:23 en particulier à Vladimir Poutine,
14:24 que notre industrie de défense,
14:25 et je vous le dis,
14:26 elle est supérieure très nettement,
14:27 et elle se le sera encore plus
14:29 à la capacité industrielle russe.
14:31 Ça aussi, c'est de la dissuasion.
14:33 - Il faut doubler le budget européen,
14:34 disait Emmanuel Macron la semaine dernière.
14:36 Doubler le budget européen, mais comment ?
14:39 Avec un grand emprunt ?
14:41 Avec comment ?
14:42 Demander plus d'efforts budgétaires,
14:44 plus d'efforts financiers aux États ?
14:45 Comment ?
14:46 - Il y a deux choses.
14:47 D'abord, je rappelle que c'est le budget européen,
14:49 c'est 1%, c'est pas beaucoup,
14:52 18 000 milliards le PIB,
14:54 c'est pas des montants considérables.
14:57 Donc oui, aujourd'hui,
14:59 par rapport à tous les enjeux,
15:01 je dirais vitaux, qui sont les nôtres,
15:03 où il faut se mettre ensemble,
15:04 pour nous protéger,
15:06 pour nous protéger contre l'inflation,
15:07 pour nous protéger contre les prix de l'énergie,
15:09 pour nous protéger contre ceux qui veulent agresser
15:12 notre continent,
15:14 oui, bien sûr qu'il faut dépenser un peu plus,
15:17 et un peu plus ensemble.
15:18 Le mot c'est "ensemble" Jean-Jacques Roland.
15:20 Parce que, encore une fois,
15:21 un pays qui voudrait le faire tout seul,
15:22 il est rayé de la carte.
15:23 - Donc prendre des décisions communes,
15:25 imposer une taxe européenne
15:28 sur les transactions financières.
15:30 - Ça veut dire, on l'a dit tout à l'heure,
15:32 avec des taxes pour ceux qui veulent bénéficier
15:34 du marché intérieur européen,
15:35 on l'a dit tout à l'heure avec le carbone,
15:37 il y en aura d'autres,
15:38 par exemple pour les gens du numérique,
15:39 pour ceux qui veulent rentrer sur notre marché intérieur,
15:41 oui, ça peut avoir un coût,
15:42 parce que vous rentrez sur le marché intérieur,
15:44 vous bénéficiez de 450 millions de consommateurs,
15:47 et sur les transactions financières,
15:49 et sur les super profits, rien ?
15:51 - Alors là aussi, Jean-Jacques Bourdin,
15:53 la fiscalité, je le redis aussi à nos auditeurs,
15:56 la fiscalité, ça reste, encore une fois,
15:58 à la main des États.
15:59 Et c'est bien comme ça.
16:00 Alors, on peut se mettre ensemble,
16:02 à 27, mais à l'unanimité,
16:03 et s'il y a des unions au niveau européen,
16:05 sur cette taxe-là.
16:06 - Oui, bien sûr, et je le dis, bien sûr,
16:07 il faut à ce moment-là que les 27 soient d'accord,
16:09 mais les 27, pas les 26.
16:11 - La France rechigne.
16:13 - Non, c'est pas vrai,
16:15 la France a été très leader sur la taxe
16:17 sur les gens du numérique,
16:19 je ne suis pas d'accord.
16:20 - Pas sur les transactions financières.
16:22 - Eh bien, on verra dans quel domaine,
16:24 mais pour reprendre précisément
16:26 ce que vous avez suggéré tout à l'heure,
16:28 oui, il y a aussi une capacité, effectivement,
16:30 d'emprunter en commun, comme on l'a fait
16:32 à l'occasion de la crise du Covid.
16:34 - Les contrats immuables,
16:36 européens, français ?
16:37 - Sur le budget européen, évidemment,
16:39 et notamment avec les ressources propres
16:41 qui vont augmenter, parce que ça a été ce qu'a demandé
16:43 à juste titre le président de la République,
16:45 Emmanuel Macron, mais ça aussi, on va le faire
16:47 à 27, les ressources propres,
16:49 ça veut dire aussi faire payer un peu plus
16:51 ceux qui veulent rentrer sur le marché intérieur,
16:53 moi, j'y suis favorable.
16:54 - Bien, l'énergie, important l'énergie,
16:56 important l'indépendance énergétique de l'Europe.
16:58 - Et pour la compétitivité aussi.
17:00 - Et pour la compétitivité, l'Europe qui
17:02 importe encore un peu de gaz russe,
17:04 les français notamment,
17:06 j'ai regardé ce chiffre qui m'a
17:08 frappé depuis le début de l'année,
17:10 600 millions d'euros, nous avons,
17:12 en achetant du gaz,
17:14 nous avons versé à l'effort
17:16 de guerre russe 600 millions d'euros.
17:18 - Oui, on peut dire ça comme ça, je rappelle.
17:20 - C'est la réalité, dirait Breton.
17:22 - Oui, je rappelle que le gaz
17:24 ne fait pas partie des sanctions,
17:26 il y a eu 13 paquets de sanctions
17:28 qui ont été votées les uns après les autres
17:30 à l'unanimité, je le dis bien, contre la Russie
17:32 à juste titre, on n'a pas mis de sanctions
17:34 donc sur le gaz, mais tout simplement
17:36 parce qu'on en avait encore besoin.
17:38 Et on peut l'acheter ici, on peut l'acheter là,
17:40 mais au moment où, effectivement, maintenant,
17:42 on est de plus en plus décarboné, on a diversifié
17:44 nos ressources, je doute fort
17:46 que dans les mois qui viennent
17:48 ou semestres qui viennent, on achète encore beaucoup de gaz russe.
17:50 - Oui, sauf que les importations
17:52 de gaz russe ont augmenté en France
17:54 plus que partout ailleurs en Europe.
17:56 - Oui, mais c'était très passager, très contraire.
17:58 - Nous verrons, nous verrons, dirait Breton.
18:00 - Mais non, mais attendez, on est
18:02 le pays
18:04 européen
18:06 qui a le meilleur mix
18:08 énergétique, je le dis, par rapport
18:10 évidemment à nos objectifs en particulier de décarbonation
18:12 grâce à notre parc nucléaire
18:14 et grâce maintenant à notre parc
18:16 énergie renouvelable. - Alors, est-ce que l'Europe va permettre de faire baisser
18:18 les factures d'électricité dans les mois et les années qui viennent ?
18:20 - Mais regardez déjà, mais regardez déjà !
18:22 Regardez,
18:24 il y a un an et demi,
18:26 on était à des prix stratosphériques
18:28 et le prix du gaz
18:30 et le prix de l'électricité. On est retombés
18:32 maintenant à des prix qui sont normalisés
18:34 donc bien sûr que c'est grâce à l'Europe
18:36 qu'on va faire baisser de façon significative
18:38 et stabiliser le coût
18:40 de quoi ? L'électricité
18:42 parce qu'on va de plus en plus utiliser l'électricité
18:44 grâce en particulier à nos investissements
18:46 dans le nucléaire. - Comment se fait-il que la Hongrie
18:48 soit encore dans l'Union Européenne ?
18:50 Cheval de Troie de la Russie, par exemple.
18:52 Et pas que ! Et des Chinois !
18:54 Voiture électrique qui seront construites en Hongrie
18:56 donc qui pourront inonder le marché
18:58 européen. - Jean-Jacques Brodin,
19:00 c'est parce qu'encore une fois notre projet européen
19:02 c'est un projet où on met ensemble
19:04 et moi je vais très souvent en Hongrie
19:06 il y a beaucoup de choses positives qui se passent en Hongrie
19:08 en particulier
19:10 la Hongrie est en train d'investir
19:12 massivement dans son industrie de défense
19:14 qui va nous aider
19:16 à mieux nous défendre globalement. - Elle ne sera pas au service des Russes ?
19:18 - Mais elle sera au service des
19:20 autres Européens qui eux-mêmes font
19:22 ce qu'ils veulent de ces armements, de ces munitions
19:24 donc c'est plus subtil que ce que l'on croit
19:26 et croyez-moi, Victor Orban
19:28 est plus subtil que ce que l'on croit. Maintenant
19:30 les États membres ont le droit de
19:32 prendre des positions parce qu'ils sont
19:34 là encore et contrairement à ce que
19:36 M. Bardel a dit, la politique
19:38 étrangère est encore à la main
19:40 et le restera à la main des États
19:42 c'est la souveraineté et ça ne va pas
19:44 changer. Donc si M. Orban dit ce qu'il
19:46 veut dire, il a le droit. Maintenant
19:48 à charger pour nous de le convaincre
19:50 que globalement il vaut mieux faire
19:52 ce que l'on fait. Voilà, il est
19:54 grand voisin effectivement
19:56 il a aussi son histoire, les pays ont leur histoire
19:58 il dépend pour beaucoup
20:00 encore une fois d'une activité avec la Russie
20:02 en particulier avec l'énergie, vous venez de le dire
20:04 il est en train de s'en sortir, donc
20:06 ne soyons pas dupes, il y a des jeux
20:08 qui se passent. Moi je sais que
20:10 quand je vois ce qui s'est passé, il a
20:12 voté les paquets de sanctions, il les a
20:14 votés. - Est-ce qu'il faudrait mettre en cause le droit
20:16 de veto ? - Non, jamais là tes questions
20:18 ça encore ! Le droit de veto c'est sur quoi ?
20:20 Là encore, Gabriel Attal
20:22 l'a rappelé à M. Bardel qui
20:24 semblait l'ignorer
20:26 c'est pour la politique étrangère
20:28 pour la défense, pour la fiscalité
20:30 il n'a jamais été question de le mettre en cause. - Bien.
20:32 TikTok, en février, l'Union Européenne
20:34 a ouvert une enquête pour déterminer
20:36 si le réseau social chinois
20:38 enfreint le règlement
20:40 européen sur la protection des mineurs
20:42 - Oui, on a même deux enquêtes
20:44 elles sont en cours, alors elles sont
20:46 très très sérieuses
20:48 on a évidemment des suspicions extrêmement fortes
20:50 l'enquête est en cours, donc j'en suis
20:52 chargé avec mes services, donc je ne peux pas vous en dire
20:54 plus, mais ce que je peux vous dire c'est que
20:56 si nous l'avons ouverte et si
20:58 nous la poursuivons actuellement
21:00 c'est parce que nous avons des indices extrêmement
21:02 forts qu'elle ne respecte pas, dans certains
21:04 aspects, la réglementation européenne
21:06 je rappelle que si c'était le cas, les sanctions
21:08 seront extrêmement lourdes. - Quelles sanctions ?
21:10 Quelles sanctions possibles ? - Deux types de sanctions
21:12 d'abord des sanctions qui sont
21:14 pécuniaires, très importantes, 6% du
21:16 chiffre d'affaires mondial, et si jamais
21:18 c'est pas corrigé, interdiction
21:20 qui peut être décidée par un juge
21:22 donc momentanément
21:24 ou plus du réseau. - C'est possible ?
21:26 - Bien entendu, ça fait partie de la loi, donc
21:28 je n'ai aucun doute que cette loi
21:30 sera respectée, mais nous faisons
21:32 un travail avec mes services extrêmement sérieux
21:34 réponse attendue prochainement.
21:36 - 8h56, merci Thierry Breton
21:38 d'être venu nous voir ce matin
21:40 0826 300 300
21:42 Allez, nous nous retrouvons juste après les
21:44 infos de 9h pour
21:46 débriefer, si je puis dire
21:48 pour évoquer tout ce qui vient d'être dit
21:50 et toute l'actualité évidemment, à tout de suite.

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