Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble, ils reviennent sur le budget 2025 qui ne cesse de déchainer les oppositions.
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00:00Heureux Pinsoir !
00:0219h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec mon confrère Louis Oselter du Figaro et le juge Fenech qui nous a bien renseigné sur cette affaire à Grégory,
00:12qu'il a bien suivi puisqu'il connaissait le juge Lambert.
00:15Je voudrais qu'on parle du budget et je voudrais que vous écoutiez,
00:18puisque cette commission des finances qui auditionnait justement les différents protagonistes pour le budget 2025,
00:25va se transformer en commission d'enquête sur qui a fait le dérapage ou qui a pris le virage trop mal pour que la voiture sorte carrément de la route.
00:32Eh bien écoutez ce que disait David Lissnard, président de l'association des maires de France.
00:38C'était ce matin sur BFM Business.
00:40Ils sont ceux qui depuis 30 ans nous conduisent dans la situation catastrophique dans laquelle nous sommes aujourd'hui sur les comptes publics.
00:47Mais où il faut aller plus loin, c'est que comment avons-nous pu laisser autant de pouvoir à des personnes qui sont bien formées, dont on a besoin ?
00:57Mais c'est comme tout, c'est comme le cholestérol, c'est une question de proportion, il n'en faut pas trop.
01:02Parce que ce conformisme intellectuel ne sait faire que du rabot et de l'impôt après avoir laissé filer la dépense publique.
01:08Mais le problème il est aussi politique, il est avant tout politique.
01:11Comment les politiques ont-ils pu renoncer à gérer les administrations ?
01:14Les énarques technocrates de Bercy sont responsables, dit David Lissnard.
01:19Emmanuel Macron, quand il a été élu en 2017, s'était crédité d'une compétence, d'un sérieux sur ses questions.
01:26C'est d'ailleurs d'abord pour ça qu'il a été élu, sans doute.
01:29On s'est dit, il a été énarque, il a été banquier chez Rothschild, il connaît les questions économiques, financières.
01:36Mozart a écrit le Requiem aussi.
01:39Ce qui n'est pas le cas.
01:40Le Reich en a fait un Mozart de la finance pour souligner à quel point il laisse une situation.
01:45La commission d'enquête aura vraisemblablement lieu, puisque pas grand monde ne s'oppose à ce que la commission des finances prenne les pouvoirs d'une commission d'enquête.
01:53Ce qui est important, puisque ça veut dire des investigations sur place, ça veut dire aussi surtout faire témoigner des gens sous serment.
01:59Dont les responsables, l'ancien Premier ministre a commencé par Bruno Le Maire.
02:04Le seul quasiment qu'on ne peut pas entendre, c'est Emmanuel Macron lui-même.
02:09Donc ça servira à partager les responsabilités.
02:11S'il fallait aller vite, je dirais, il y a quand même deux pistes.
02:14Et c'est un peu comme le disait David Snart, c'est le bon et le mauvais cholestérol.
02:17Ou le bon et la mauvaise dette, le bon et le mauvais déficit dans le cas des finances publiques.
02:21Le bon cholestérol, c'était plutôt les mesures d'urgence face à la crise du Covid pour sauver le tissu économique, préserver les emplois,
02:28permettre à l'économie de repartir plus vite, même si, raisonnablement, des robinets n'ont pas été fermés suffisamment tôt.
02:36Le mauvais, c'est plutôt un péché originel, commis plutôt par Emmanuel Macron et son entourage dès le début de son premier quinquennat.
02:44Qui est d'avoir mené cette politique de l'offre, faite de baisses d'impôts, notamment sur les entreprises.
02:49Et également qui se couplait aussi à des investissements, c'est-à-dire des dépenses supplémentaires pour l'État.
02:55Pour des raisons légitimes, il a doublé le budget de la Défense, il a recruté des policiers, des magistrats, des enseignants.
03:01Mais tout ça n'était pas bien financé en réalité.
03:04Si en fait, s'il y avait eu une réforme de l'État qui aurait consisté à chasser ce qui était inutile, ce qui était trop bureaucratique,
03:09ou des missions qui, tout simplement...
03:11Oui, c'est ça. En 2017, alors que, parallèlement, François Fillon lui proposait pratiquement un plan d'actualité.
03:16Bien sûr. Mais Emmanuel Macron, il proposait, je crois, à peu près une centaine de milliers de fonctionnaires en moins.
03:22Finalement, on n'en a rien vu. Et en plus, on a demandé à McKinsey de venir peupler et doubler le travail des ministères.
03:29Et ça coûte cher, au passage. Ça aussi, ça nous a coûté cher.
03:31Donc, il y a eu, je pense, ce péché originel qui était de baisser les impôts. Bon, très bien.
03:35Faire des investissements plus ou moins légitimes, très bien.
03:39Mais il y a un péché de financement. Et Emmanuel Macron a cru qu'en Mozart de la finance, pour reprendre la critique qui lui est faite,
03:45il allait augmenter la croissance, relancer l'emploi, provoquer une embellie de l'activité telle
03:51que les recettes fiscales allaient augmenter et que, finalement, il n'y aurait plus de problème de finance publique.
03:54On ne fait pas de chasse aux dépenses, mais comme il y aura plus de recettes...
03:56Et on misait tout sur la croissance qui, finalement, a été mise à moindre, puisqu'il y a eu 2020...
03:59Or, ça ne s'est pas passé exactement comme prévu, et par conséquent, on se retrouve avec ce truc dans l'ex.
04:03Non, mais là, vous émettez un avis sur les choix économiques qui ont été faits, politiques et économiques.
04:09Vous avez tout à fait raison. Mais moi, il y a autre chose qui m'intéresse dans cette commission d'enquête.
04:13C'est son but, je crois, d'ailleurs premier en réalité. C'est de savoir, est-ce qu'il n'y a pas eu une dissimulation ?
04:19Absolument.
04:20C'est ça qui m'intéresse.
04:22Juste avant les élections campagnes.
04:23Parce que là, on tombe dans une autre dimension.
04:25Je veux savoir, en tant que citoyen, ce qu'a voulu dire M. Le Maire quand il a dit
04:31« la vérité finira par éclater un jour ».
04:34Là, vous avez raison, il va être entendu sous la foi du servant, puisque la commission permanente
04:39se transforme en commission d'enquête, avec tous les pouvoirs d'enquête.
04:43Donc, ça va être quand même un moment de vérité fantastique.
04:46Est-ce qu'effectivement, oui ou non, comme on l'entend dire, la réalité des comptes a été cachée
04:51pour préserver les élections européennes, la dissolution, etc.
04:56Ce qui relèverait plus que d'une erreur de politique.
05:00Ce serait une faute quasiment à connotation pénale, quelque part.
05:04Une dissimulation de comptes, l'insincérité du budget.
05:08On tomberait dans autre chose de beaucoup plus grave, qui mériterait vraiment qu'on sache ce qui s'est réellement passé.
05:14Vous dites justement que ça pourrait tomber dans le pénal, mais il n'y a pas, et je m'adresse au magistrat,
05:19il n'y a pas de poursuites possibles, ou alors comment ça se passe derrière ?
05:23Le crime de forfaiture n'existe plus.
05:26Au manque de qualifications, ça va.
05:28Mais on pourrait, je ne veux pas anticiper...
05:30Qu'est-ce qu'on pourrait faire ?
05:32Vous savez, il y a toujours des barèles dans les baignes.
05:34« Tiens, t'as fait ça, c'est temps d'aller en prison. »
05:36Qu'est-ce qui se passe derrière ?
05:38Si on présente volontairement des comptes insincères, on fait des faux.
05:44Ça s'appelle faux public.
05:46Et un faux en écriture publique, c'est un crime.
05:48Il y a des précédents ?
05:49Non.
05:50Il n'y a pas de précédents, mais c'est une affaire inédite, ça.
05:52Moi, je n'ai jamais connu dans l'histoire...
05:55C'est totalement dément.
05:56... qu'au plus haut niveau de l'État, semble-t-il...
05:58Encore une fois, il faut vraiment prendre bout ça avec des pincettes et des guillemets.
06:02On prend des pincettes, mais vous savez très bien comme moi qu'il y a eu des sénateurs.
06:06Souvenez-vous, il y a des sénateurs qui sont allés à Bercy, qui sont allés perquisitionner.
06:10Il y avait des dossiers qui n'étaient pas clairs.
06:13Ils sont allés voir Louis Hazelter, vous avez enquêté à l'époque.
06:16Tout à fait.
06:17Ça fait partie des choses qu'il faudra tirer au clair.
06:19Qu'est-ce qui relève de l'erreur de l'administration et du politique ?
06:22Pourquoi ?
06:23Parce qu'il y a un peu moins d'un an, on prévoyait des recettes fiscales bien supérieures
06:27pour l'année 2023 et pour cette année 2024 en cours.
06:31Là, il y a un écart d'à peu près 50 milliards d'euros
06:34entre ce qu'on prévoyait comme équilibre recettes-dépenses et maintenant.
06:38Parce qu'au fur et à mesure de l'année 2024, il y a eu des notes faites par l'administration du Trésor
06:42pour dire aux ministres, attention, nos modèles ne donnaient pas la bonne chose.
06:47Typiquement, un exemple parmi d'autres, ils n'ont pas anticipé un ralentissement de l'inflation
06:52qui a entraîné un ralentissement des recettes fiscales.
06:54C'est un exemple parmi d'autres qui fait que les fameux modèles de prévision
06:57que fait tourner Bercy pour anticiper les recettes, les dépenses, n'ont pas fonctionné.
07:03L'écart à la fin est de 50 milliards.
07:05Alors qu'est-ce qui relève des erreurs de l'administration
07:08qui ont par conséquent trompé les responsables politiques
07:11et qu'est-ce qui relève de la faute politique voire de la dissimulation ?
07:14Je rappelle qu'Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont refusé
07:17de faire ce qu'on appelle un projet de loi de finances rectificatif
07:20qui permet de remettre un peu d'or dans les limites de crédit en cours d'année
07:23que demandait à grand cri publiquement leur ministre de l'économie, Bruno Le Maire,
07:27sans aller jusqu'à démissionner pour marquer son désaccord.
07:30C'est ce que j'allais rajouter.
07:31Non mais voilà, ça c'est important quand même dans la tête.
07:33Il a pas démissionné donc il l'assume.
07:34Il l'assume sur fond de campagne des élections européennes.
07:36Et c'est là le péché originel.
07:38Je m'attends peut-être à des règlements de comptes.
07:44Souvenez-vous de cette phrase, je crois que c'est Jean-Pierre Chevènement
07:47qui disait un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne.
07:49Tout à fait.
07:5020h54, merci Georges Fenech et merci à vous, Louis Auxa.