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La Brigade de recherche et d'intervention fête ses 60 ans. Pour en parler, Pierre Le Coz, chef par intérim de la BRI.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 22 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matins, avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud et on se sent bien ce matin dans le studio, on se sent en sécurité.
00:10Mais en même temps on va se tenir à carreau car Amandine nous a choisi d'inviter le chef de la BRI Pierre Lecauze
00:15car la brigade de recherche et d'intervention fête ses 60 ans. Bonjour, bon anniversaire et bienvenue.
00:20Bonjour Pierre Lecauze. Bonjour madame.
00:21C'est la plus ancienne, 60 ans, de toutes les unités d'intervention française
00:26et l'une des spécificités de la BRI c'est qu'elle intervient sur le terrain
00:30mais il y a aussi un volet police judiciaire, enquête.
00:34Qu'est-ce qui a le plus évolué en 60 ans ? Ce que vous traquez ou vos méthodes ?
00:39En fait c'est une bonne question parce que cette unité est née précisément d'un besoin d'adaptation à une nouvelle criminalité.
00:47En 1964, Paris fait face à une criminalité violente avec des braquages de banques qui finissent parfois par des prises d'otages,
00:57des enlèvements nombreux et là la police judiciaire parisienne, sous l'impulsion de son fondateur,
01:05le fondateur de la BRI, commissaire Lemoyle, avec une idée originale de changer les méthodes d'enquête
01:11et de créer un travail différent, une façon d'approcher différemment les enquêtes,
01:16créer la BRI en disant on va plus travailler sur les faits et tirer le fil pour arriver jusqu'aux auteurs
01:22mais on va travailler sur des criminels d'habitude pour pouvoir les accompagner et pouvoir les prendre en flagrant délit.
01:29Et ça c'est très novateur donc finalement la question de l'adaptation en 60 ans,
01:33c'est son acte de naissance, s'adapter et pour durer et pour être 60 ans après encore une unité d'exception comme elle l'est,
01:42elle a dû en permanence faire des évolutions.
01:45Mais j'imagine qu'on n'arrête pas un Jacques Mérine ou le gang des postiches comme on arrête les grands criminels d'aujourd'hui.
01:52Il y a en commun évidemment une essence commune, c'est-à-dire le travail de terrain, de surveillance, de filature.
02:00L'esprit n'a pas changé ?
02:01L'esprit n'a pas changé et évidemment que les méthodes ont changé quand les voitures à l'époque ne pouvaient pas dépasser les 90 km heure.
02:09Aujourd'hui on peut travailler sur des go fast qui remontent à plusieurs centaines de kilomètres sur l'autoroute.
02:15Évidemment on travaille autrement, la téléphonie nous offre des moyens mais offre aussi aux voyous des moyens de faire leur trafic.
02:27Toute la technologie aussi, j'ai lu des robots espions maintenant, des moyens vidéo dernier écrit qui vous permettent de rentrer dans le moindre petit trou.
02:35Tout ça, ça a quand même révolutionné aussi votre travail ?
02:38Ça a changé globalement, ça nous a offert, ça a augmenté l'éventail de nos possibilités aujourd'hui.
02:48Mais au final on reste sur l'idée qu'on veut avoir l'information, on veut comprendre ce qui se passe,
02:53on veut voir ce qui se passe pour pouvoir apporter des éléments tangibles de preuves pour les équipes d'enquête,
03:00pour présenter à des magistrats et pour pouvoir mettre des organisations criminelles sous les verrous.
03:06Pierre Lecauze, on évoquait il y a quelques jours ces tueurs à gage d'un nouveau genre, des ados de 14, 15, 16 ans qui tuent pour quelques dizaines de milliers d'euros.
03:12Est-ce que vous aussi vous constatez que la grande délinquance, le grand bandicisme a changé de visage ?
03:19Depuis le moment où je suis rentré dans la police, c'est-à-dire il y a 20 ans, il y a eu un phénomène qui est apparu très clairement, très nettement,
03:35qui est le phénomène de ma génération de policiers, c'est-à-dire ce qu'on appelle aujourd'hui le narco-banditisme,
03:41c'est-à-dire les actes criminels violents autour du trafic de stupéfiants et il s'est amplifié et on constate effectivement que dans certains endroits,
03:54les personnes mises en cause sont de plus en plus jeunes et ce qui est sûr, c'est que nous, dans la manière de travailler,
04:03finalement, on est obligé de prendre en compte, dans les objectifs qu'on se fixe, ces phénomènes qui prennent de l'essor et à titre d'exemple,
04:14on travaille très souvent main dans la main avec les services d'enquête criminelle, que ce soit dans la région parisienne ou à Paris avec la brigade criminelle,
04:22pour pouvoir justement travailler sur ces équipes qui sont susceptibles de monter sur des règlements de compte
04:29et à titre d'exemple, il y a quelques mois, avec le service de police judiciaire du 93, on a interpellé avant qu'ils passent à l'acte,
04:37une équipe de personnes, de jeunes délinquants qui étaient sur le point d'aller tuer ou en tout cas tirer sur une autre équipe adverse.
04:48Quand on dit BRI, on pense souvent à des hommes casqués, vêtus de noir, lourdement armés. C'est quoi votre quotidien ?
04:57C'est vrai que visuellement, ça envoie plus de gueule, l'image de l'opérateur casqué en noir, mais très clairement, 90% de leur temps,
05:11ils sont soit en entraînement, soit en civil, dans une voiture, dans une zone pas tellement sexy de la région parisienne, en surveillance.
05:21Donc leur quotidien, c'est d'être invisible, vraiment. C'est leur boulot d'être invisible et de prendre le plus d'informations possibles.
05:28Et on les recrute pour ça.
05:30Comment on intègre justement la BRI ? Surtout pas des cow-boys, comme ce que disent plein d'anciens patrons de la BRI.
05:37Non, parce que dans l'idée de cow-boy, déjà, il y a l'idée qu'il n'y a pas de règles.
05:41Nous, on travaille dans un cadre très clairement défini, le cadre de procédures, le cadre de procédures pénales, le code d'idéontologie.
05:48On travaille avec des règles clairement établies et ensuite, dans l'idée de cow-boy aussi, il y a l'idée qu'il y a quelque chose d'un peu spectaculaire.
05:59Or, vraiment, le travail, encore une fois, il faut comprendre que la BRI, dans son ADN, est une unité de la brigade de la direction de police judiciaire.
06:08Donc c'est un service d'enquête qui doit travailler le plus discrètement possible.
06:12J'évoquais tout à l'heure Jacques Mestril, ou encore le gang des postiches.
06:14La BRI a aussi été en première ligne beaucoup plus récemment lors, par exemple, de l'attaque du Bataclan.
06:19Ça fera dix ans l'an prochain.
06:21J'imagine que vous en parlez encore, que ça a marqué à jamais la BRI.
06:26Oui, c'est vrai qu'il y a des anniversaires qui sont plus durs à fêter que d'autres.
06:31Les 60 ans de la BRI, cette année, c'est un anniversaire joyeux.
06:33On sait que l'année prochaine, ça va être quelque chose de difficile parce que c'est un vrai moment de bascule pour la brigade,
06:40pour la France en général, pour la police également,
06:43mais pour la brigade en particulier qui a été en première ligne.
06:47Moi, il se trouve qu'à cette époque, je n'étais pas encore à la BRI.
06:49J'étais à la brigade criminelle et donc j'étais à côté du Bataclan.
06:52J'étais au Bataclan, mais pas dans le Bataclan, ce qui est une vraie différence.
06:55Mais déjà, à cette époque, je rêvais d'intégrer la BRI.
06:59C'est vraiment un service auquel je voulais aller.
07:02Mais au moment où l'assaut est donné, on entend claquer les balles et les grenades.
07:08On réalise ce que ça veut dire.
07:10Qu'est-ce qu'est la réalité de rentrer, d'aller à l'assaut et de risquer sa vie et le courage qui en découle.
07:16Et je trouve que je suis très content d'avoir réalisé ça avant d'y rentrer.
07:20Et d'ailleurs, aujourd'hui, quand on fait des tests, on amène les candidats devant le bouclier qu'on a gardé, le bouclier du Bataclan,
07:27en disant la raison de l'exigence de ces semaines difficiles que vous allez vivre pour les tests,
07:32c'est précisément parce qu'un jour, vous serez peut-être amené à être derrière ce bouclier ou un bouclier de ce type
07:38et qu'on est obligé d'être en totale confiance et d'avoir des gens sur qui on peut compter dans un moment difficile.
07:46Et ça a changé la doctrine, vous le disiez, de la BRI, un point de bascule.
07:51Fini la négociation qui traîne, on frappe vite et fort pour sauver des vies.
07:56C'est ce que dit l'ancien chef de la BRI, Simon Riondé, dans son livre d'ailleurs qui sort cette semaine,
08:01BRI, les patrons de l'anti-gang se mettent à table.
08:04C'est aux éditions Mareuille.
08:06On aurait passé des heures encore avec vous parce que j'ai des millions de questions à vous poser,
08:09mais nous sommes pris par le temps, il y a plein d'anecdotes en tout cas dans ce livre.
08:13Je voulais citer quand même votre devise.
08:16Per verbum, per gladium.
08:18Par le mot ou par l'épée, parce que la négociation, ça compte aussi.
08:21C'est ça que ça veut dire, je n'ai jamais su.
08:24On va arrêter, c'est pas vrai. Merci beaucoup.

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