• il y a 2 mois
Avec David Calvet, neurologue à l'hôpital Sainte-Anne, Mohamed Bahri, directeur marketing chez Balt Group et Sarah Bardin, victime d’un AVC et auteure du livre “Réparée” (éditions stock).

Retrouvez La santé en mouvement avec Vanessa Pérez tous les dimanches à 14h sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://
ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x8jqxru

Retrouvez nos podcasts et articles :
https://www.sudradio.fr/


———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel

▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/

▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio

▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

———————————————————————

##LA_SANTE_EN_MOUVEMENT-2024-10-26##
Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans La Santé en Mouvement, l'émission pour prendre soin de vous au quotidien.
00:09Aujourd'hui, on va parler d'un risque qui nous concerne tous, qui frappe sans prévenir
00:13et qui peut bouleverser une vie en quelques secondes.
00:16Il s'agit de l'accident vasculaire cérébral, appelé communément AVC, en ces journées
00:21mondiales de lutte contre l'AVC.
00:22Alors, quels sont les symptômes à identifier ? Quels sont les bons gestes à effectuer
00:26lorsque l'accident survient et comment se répartons ? C'est ce que nous tenterons
00:30de comprendre avec nos invités.
00:32La Santé en Mouvement, c'est tout de suite et c'est sur Sud Radio.
00:34Sud Radio, La Santé en Mouvement, Vanessa Pérez.
00:39Et pour commencer cette émission, nous avons le plaisir de recevoir le professeur David
00:43Calvé, neurologue à l'hôpital Saint-Anne.
00:46David, bonjour.
00:47Alors, l'accident vasculaire cérébral que l'on nomme AVC, que l'on nommera AVC durant
00:51cette émission, c'est une maladie grave qui entraîne un déficit neurologique lié
00:55à des lésions cérébrales d'origine vasculaire.
00:58On va rappeler quelques chiffres, quand même, c'est la troisième cause de mortalité en
01:02France.
01:03Il touche 140 000 personnes chaque année, dont malheureusement un tiers va décéder.
01:07Ce qui veut dire que toutes les 4 minutes, en fait, nous allons avoir un cas d'AVC.
01:11David, expliquez-nous concrètement un autre chiffre à rajouter et concrètement que se
01:15passe-t-il dans notre cerveau lorsqu'on a un incident de telle sorte qui survient ?
01:19Bonjour à tous.
01:20Alors, effectivement, l'AVC, maladie grave, maladie très fréquente comme vous l'avez
01:23dit.
01:24En pratique, c'est assez simple, il y a deux types d'AVC.
01:26Le plus fréquent, l'accident vasculaire cérébral ischémique ou infarctus cérébral.
01:29En fait, une artère du cerveau va se boucher et donc il y a une zone du cerveau qui ne
01:33va pas fonctionner et qui va rapidement se détruire.
01:35Et finalement, le temps presse parce que si on peut déboucher le vaisseau qui se bouche,
01:42on va pouvoir récupérer une partie du cerveau qui est en train de souffrir, qui n'est pas
01:46encore détruit.
01:47Sinon, malheureusement, la zone qui est en train de souffrir va finalement s'étendre
01:50et on va avoir des séquelles possiblement irréversibles.
01:52Puis, il y a également l'hémorragie cérébrale, là, le mécanisme est différent puisque c'est
01:56plutôt la rupture d'un petit vaisseau mais qui, malheureusement, fera un peu les mêmes
02:00dégâts avec une lésion du cerveau et donc des anomalies derrière et effectivement un
02:04déficit neurologique qui variera en fonction de la zone du cerveau qui souffre.
02:08Parce qu'on parle de plusieurs millions de neurones qui sont détruits à chaque minute
02:11en fait où l'AVC n'est pas pris en charge, c'est ça ?
02:13Oui, c'est ça.
02:14Effectivement, dans l'ischémie cérébrale, on estime qu'une minute de perdue dans la
02:16prise en charge, c'est quasiment deux millions de neurones de perdues, ce qui donne une idée
02:19assez précise de l'urgence que ça représente.
02:22Alors, David, dites-nous, quels sont les signes d'alerte à surveiller pour suspecter
02:26justement l'apparition d'un AVC ?
02:28Alors, les signes sont assez variables, ce qui fait la difficulté de la prise en charge
02:31de la maladie, l'intérêt quand on est neurologue, la diversité des signes, mais globalement
02:35je pense que pour le grand public, il faut communiquer sur des signes assez simples.
02:38Lorsqu'il y a une perte de fonction, quelle qu'elle soit, surtout si elle touche la moitié
02:42du corps, la perte de force d'un côté du corps, la perte de sensibilité, la perte
02:47du langage, la perte de vision ou d'un œil ou de tout le champ visuel.
02:51En quelques minutes, en quelques secondes ?
02:52Rapidement, en quelques minutes, effectivement, si quelque chose s'installe de façon soudaine,
02:56donc ça c'est un élément important à avoir en tête, dès qu'il y a ce déficit,
03:00soudain, il faut suspecter l'AVC et déclencher tout ce qui est nécessaire derrière.
03:04Et donc le premier geste, c'est quoi ? C'est appeler le 15 ?
03:06Alors, oui, le premier geste, effectivement, il faut être extrêmement simple, c'est
03:10faire le 15.
03:11Si la personne est allongée, elle reste allongée, sinon on l'allonge et puis on fait le 15
03:14immédiatement.
03:15Alors, j'ai envie de vous demander, il y a des facteurs de risque qui prédisposent
03:18justement à cette maladie ?
03:19Oui, les facteurs de risque, finalement, ce sont les facteurs de risque vasculaires assez
03:23simples qui expliquent la très grande majorité des AVC, finalement, l'hypertension artérielle
03:28en premier lieu.
03:29Vraiment, ça c'est un facteur de risque majeur, le cholestérol, l'obésité, le
03:34surpoids, la sédentarité, le diabète, tous ces facteurs de risque assez classiques finalement
03:38qui expliquent la très grande majorité des AVC.
03:40Il y a des populations particulières, un âge, parce qu'on le verra en deuxième
03:44partie d'émission, justement, quelqu'un d'hors norme qui a eu un AVC à l'âge
03:47de 29 ans, mais est-ce qu'il y a des courbes là-dessus qui font qu'on peut se reconnaître ?
03:51Malheureusement, l'AVC n'est pas un lieu.
03:53Personne.
03:54Il y a des AVC qui s'amènent chez les gens jeunes, même chez les enfants, mais néanmoins
03:57le principal facteur de risque, c'est quand même l'âge.
03:59Alors, on insiste beaucoup sur les facteurs de risque modifiables.
04:02On parle de pression artérielle, de cholestérol, etc.
04:04Mais les facteurs de risque, on en a modifiables et le principal, c'est l'âge.
04:07Effectivement, plus on est âgé, plus on a de risques de faire un AVC.
04:10C'est aussi pour ça qu'on s'attend à de plus en plus d'AVC dans les années à venir.
04:13Alors, dans la santé en mouvement, on parle beaucoup de prévention.
04:16Concrètement, si vous aviez trois conseils en termes de prévention à partager avec nos auditeurs ?
04:22Alors, c'est des conseils qui s'adressent à tout le monde pour prévenir l'AVC, pour
04:26prévenir toutes les maladies vasculaires au sens large.
04:28Effectivement, déjà l'alimentation, on se dit qu'on dit ça assez simplement.
04:34La pression artérielle à mesurer, c'est finalement deux points de pression artérielle
04:38en plus.
04:39C'est au double risque d'AVC.
04:40C'est assez simple.
04:41C'est parlant quelqu'un qui a 13, à peu près deux fois plus de risques de faire un AVC
04:45que quelqu'un qui a 11 de pression artérielle.
04:47Donc, c'est pareil.
04:48C'est pareil pour le cholestérol.
04:49Il n'y a pas de limite.
04:51Vraiment, plus le cholestérol est bas, moins il y a de risques.
04:53Donc, finalement, c'est pareil pour la glycémie, le diabète, avoir une vie équilibrée, une
04:59activité physique.
05:00Ce sont des choses assez simples, mais qui permettent de maîtriser une grande majorité
05:02de risques.
05:03Pas pour tout le monde, évidemment.
05:04Il y a des causes rares, etc.
05:06Mais si on parle en population générale, si on fait attention à l'alimentation, le
05:10sel, etc., on va prévenir une grande partie des AVC.
05:12Alors, une fois que l'incident a eu lieu, il y a trois types de populations.
05:16On l'a évoqué en préparant cette émission.
05:19Vous pourriez les rappeler à nos auditeurs.
05:20Et justement, quels sont les traitements disponibles une fois que ces incidents sont
05:24survenus ?
05:25Alors, globalement, si on sépare et si on parle plutôt de l'AVC ischémique, qui est
05:28le plus fréquent et là où il y a quand même le plus de ressources de traitement, on l'a
05:32dit tout à l'heure, il y a toute une zone du cerveau qui est en train de souffrir, mais
05:35qui n'est pas encore détruite.
05:36Et donc, si le cerveau est reperfusé, là, on va pouvoir récupérer tout ou partie de
05:41la zone qui souffre.
05:42Donc là, il y a deux types de traitements globalement, soit un traitement comme un
05:46anticoagulant qui est injecté très vite et qui va essayer de dissoudre le caillou.
05:50On arrive à l'hôpital, là, et immédiatement, on n'est plus dans les urgences, là, on est
05:53dans un service quand même d'hyperurgences.
05:55Normalement, les patients, comme on a fait le 15, sont régulés par le SAMU et arrivent
05:59non pas aux urgences, mais directement dans des structures dédiées pour la prise en
06:02charge des AVC.
06:03Donc, une imagerie cérébrale est faite qui va distinguer l'ischémie de l'hémorragie.
06:07Le plus fréquent, c'est donc l'ischémie.
06:09Et soit on peut donner un traitement qui va essayer de déboucher le caillou et donc récupérer
06:14très vite les symptômes.
06:15Soit, si le caillou est accessible par un geste technique, dans ce cas-là, un opérateur
06:20va pouvoir essayer d'enlever le caillou.
06:22Et donc là, c'est très efficace lorsque ça peut être fait.
06:25Bien sûr, les traitements, c'est les deux si c'est possible.
06:27Un seul si on ne peut pas faire les deux.
06:28Enlever le caillou, ça veut dire quoi ? Il envoie un cathéter, on va dire ?
06:32Oui, c'est une forme de cathéter, il faut monter un petit guide dans les vaisseaux pour
06:36essayer d'aller attraper le caillou, le capurer, l'enlever.
06:38Il y a des nouvelles technologies, il y a des nouvelles thérapies un petit peu révolutionnaires
06:42dans les années à venir qui vont permettre justement d'aller encore plus loin.
06:46Alors, attraper le caillou, comme on a dit, ça s'appelle la thrombectomie.
06:49Là, il y a eu des évolutions techniques, technologiques qui permettent d'aller finalement
06:53de plus en plus vite, de façon de plus en plus sûre et attraper des cailloux qui sont
06:56parfois de plus en plus loin.
06:57Donc ça, c'est des évolutions techniques, technologiques qui ont permis de rendre cette
07:01procédure sûre, alors qu'avant, elle était trop risquée.
07:03Et puis, il y a forcément des traitements, peut-être que demain, la thrombolyse, j'ai
07:08pas donné le nom, mais comme le super anticoagulant, peut-être que plus tard, il pourra être guidé
07:13pour aller directement au caillou.
07:14Et puis, il y a des nouvelles stratégies pour la récupération derrière.
07:18Alors, si on arrive à faire justement ce soin, donc là, le patient, c'est de l'ambulatoire,
07:24il sort rapidement.
07:25Les patients qui sont entre les deux, qui vont demander une rééducation, c'est quoi
07:28le parcours de soins auquel on va être confrontés ?
07:30Alors, si on parle d'AVC, vraiment, c'est quand même pas encore de la maladie ambulatoire
07:34puisqu'il faut quand même faire un bilan derrière, identifier la cause pour éviter
07:38que ça recommence.
07:39Donc, il y a deux urgences.
07:40Il y a l'urgence de traitement et l'urgence d'identification de la cause pour donner
07:42le traitement adapté.
07:43Parce qu'on a beaucoup parlé des facteurs de risque, mais il y a une cause qui est directement
07:47responsable de l'AVC.
07:48Il faut l'identifier, la traiter.
07:49Ça, si c'est fait, le risque de récidive est beaucoup plus faible derrière.
07:52Et puis, par contre, malheureusement, un certain nombre de patients ont des séquelles et eux
07:56rentrent dans un long processus de rééducation.
07:58Concrètement ?
07:59Concrètement, ça peut aller de quelques jours à plusieurs semaines et parfois quelques
08:02mois de soins.
08:04Un conseil, un seul conseil à partager avec nos auditeurs, David ?
08:07Les conseils, c'est effectivement un déficit qui apparaît de façon soudaine.
08:11C'est faire le 15.
08:12En cas de doute, faites le 15.
08:13Peut-être que le diagnostic sera redressé plus tard, mais mieux vaut faire le 15.
08:17Merci beaucoup, David Calvé.
08:18Je rappelle que vous êtes neurologue.
08:20Et pour continuer cette émission, on va parler justement innovation.
08:23Vous l'avez évoqué, David, puisque j'ai le plaisir de recevoir Mohamed Bari, directeur
08:27marketing de la société BALT.
08:28Alors, BALT, c'est une entreprise qui fournit des dispositifs médicaux dans le cadre de
08:32la prise en charge de l'AVC.
08:33Alors, Mohamed, bonjour.
08:35Expliquez-nous très concrètement avec BALT, comment vous apportez une réponse thérapeutique
08:40justement à l'incident qu'a évoqué le professeur Calvé ?
08:44Bonjour Vanessa.
08:45Tout d'abord, merci de l'invitation.
08:47Donc, BALT, c'est une société qui a été fondée en 1977 et elle a été fondée par
08:53monsieur Léopold Plevecki, qui est un ingénieur, suite à sa rencontre avec le professeur Jean-Jacques
08:58Bernand, un neuroradiologue interventionnel.
08:59Et depuis maintenant à peu près 47 ans, les employés de BALT développent, créent
09:08et produisent des dispositifs médicaux qui vont soit permettre de traiter l'accident
09:14vasculaire cérébral ischémique, soit permettre de prévenir l'accident vasculaire cérébral
09:20hémorragique.
09:21Alors, expliquez-nous de manière très visuelle un de vos dispositifs.
09:24Comment fonctionne-t-il ?
09:25Alors, on parle de différents dispositifs.
09:28Dans le cadre de l'accident vasculaire cérébral hémorragique, on va parler de coils ou de
09:32stents.
09:33Pour faire simple, c'est des ressorts qu'on va soit placer au sein du sac anévrismal,
09:38qui est une des principales raisons.
09:39Alors, on va parler très très simple.
09:40Donc, c'est comme un petit tube en ressort, on va dire, que vous allez mettre dans le…
09:44On va mettre à l'intérieur de l'anévrisme et on va essayer de renforcer l'artère
09:48et éviter que celle-ci se rompe et donc entraîne une hémorragie.
09:51On peut placer aussi des stents.
09:53C'est pareil, c'est un tout petit ressort qu'on place à l'intérieur de l'artère.
09:56Et l'idée, c'est toujours de renforcer l'artère et éviter la rupture de l'artère.
10:00Et dans le cadre de l'accident vasculaire cérébral ischémique, on vient juste d'en
10:04parler.
10:05On utilise des dispositifs médicaux qui sont des stent-reaver ou des cathéters d'aspiration.
10:10Et le neurologue interventionnel va faire une ponction au niveau de l'artère qui
10:16se trouve au niveau de l'aine, l'artère fémorale.
10:18On va naviguer à l'intérieur de cette artère jusqu'aux artères du cerveau et
10:22on va les traiter, soit la déboucher, soit la renforcer.
10:26J'imagine que ces dispositifs ont un coût et qu'on ne les trouve pas forcément partout.
10:30Tous les hôpitaux sont équipés, Mohamed ?
10:33Alors oui, ces dispositifs ont un coût.
10:35Ils sont pris en charge par la sécurité sociale du fait du bénéfice qu'ils apportent
10:40aux patients.
10:41On les trouve sur l'ensemble du territoire national.
10:43Aujourd'hui, je pense qu'en France, on est plutôt bien pris en charge concernant
10:50la thrombectomie mécanique.
10:52Par contre, un point de vigilance, la réforme du marquage CE et la difficulté d'obtention
11:00des remboursements risquent de ralentir légèrement les innovations thérapeutiques.
11:05C'est un point de vigilance.
11:09On le note, c'est important.
11:10Merci beaucoup Mohamed Bari pour la société BALTA.
11:13Restez avec nous, on marque une courte pause et on se retrouve dans quelques instants pour
11:16partager le témoignage bouleversant d'une jeune femme qui a été elle-même victime
11:21d'un AVC à l'âge de 29 ans et qui en a écrit un livre pour nous partager son combat.
11:25La Santé en Mouvement, c'est sur Sud Radio et ça continue dans quelques instants.
11:29Sud Radio, La Santé en Mouvement, Vanessa Perez.
11:33Et pour continuer cette émission spéciale AVC, nous avons le plaisir de recevoir une
11:38auteure qui signe un ouvrage poignant, dramatique et haletant intitulé « Réparer » et paru
11:43aux éditions Stock.
11:44Je vous remontre à nos auditeurs qui ont la chance d'avoir l'image.
11:47Sarah Bardin, bonjour, on est ravis de vous avoir en plateau.
11:49Je vais rappeler le pitch très brièvement et vous allez nous commenter tout ça, mais
11:54rien ne vous y prédisposait puisque vous avez à l'époque 29 ans et vous êtes une
11:58jeune maman de jumeaux et alors vous êtes victime d'un AVC massif.
12:01Et au cours d'un parcours rééducatif très lourd, vous avez découvert que vous n'étiez
12:05pas un cas isolé d'AVC puisque c'est la première cause de mortalité médicale chez
12:09les femmes et la troisième chez les hommes.
12:11Et là, vous allez commencer une course, on va dire, contre la montre alors que l'incident
12:16survient et tout un parcours qui va faire que vous êtes celle que vous êtes devenue
12:19aujourd'hui.
12:20Pour commencer, Sarah, j'ai envie que vous nous racontiez cet instant, on va dire ce
12:24moment, le 27 juin 2021, où vous sentez que la vie est en train de vous quitter.
12:29Bonjour Vanessa, merci de votre invitation.
12:32Je vais vous raconter cette nuit terrifiante, mais il faut un petit peu la recontextualiser
12:36pour comprendre à quel point elle est terrifiante.
12:38En fait, comme vous l'avez dit, cette nuit-là, en 2021, j'ai 29 ans et des petits jumeaux
12:44qui n'ont pas encore deux ans, je n'ai jamais entendu parler d'AVC ni d'AIT avant cette
12:48période.
12:49Et il s'avère que, par extraordinaire, un de mes très proches a eu un AIT 48 heures
12:54plus tôt.
12:55Alors un AIT ?
12:56Un AIT, c'est un accident ischémique transitoire, donc c'est l'AVC qui, entre guillemets, part
13:01tout seul.
13:02C'est un signal d'alerte, c'est une urgence absolue qui nécessite aussi qu'on appelle
13:05le 15, parce que très souvent, il peut prévenir la survenance d'un AVC, mais ça se résorbe.
13:13Normalement, on en sort sans séquelles.
13:15Un petit AVC, alors, sans séquelles.
13:17Un AVC sans séquelles.
13:19Et donc, durant les 48 dernières heures, puisque ça intervient le vendredi et on est le dimanche
13:2327 juin, durant les 48 dernières heures, j'ai lu tout ce qui existait sur l'AVC.
13:29J'ai absolument tout lu et j'ai constaté qu'il ne touchait pas que les personnes âgées,
13:36même si j'ai eu du mal à obtenir de la littérature sur le sujet.
13:39Cette nuit-là, je m'endors tôt, je me réveille à 3 heures du matin avec un gros
13:43boum dans la tête, j'ouvre les yeux, la pièce tourne autour de moi, je suis prise
13:47d'un vertige terrible, je réveille le père de mes enfants, je lui demande de me l'aider
13:51à me lever parce que j'ai la nausée et donc je veux aller jusqu'à la salle de bain.
13:55Et sur le chemin de la salle de bain, mes jambes me lâchent, je me mets à vomir du sang,
14:00je m'allonge par terre parce que je suis en eau et pour ajouter un petit peu de drama,
14:05en plus comme il fait très chaud, on est le 27 juin, je suis nue.
14:08Donc je suis nue au milieu de tout ce sang, en train d'agoniser et je dis au père de mes enfants,
14:13je suis en train d'avoir un AVC.
14:15Et là, en fait, il a du mal à vous croire et à vous entendre.
14:18Il ne me croit pas, il ne me croit pas du tout et comme j'ai lu tout ce qui existait
14:21sur la question pendant les 48 dernières heures, je sais qu'une minute, c'est deux
14:24millions de neurones perdus.
14:27Je suis de nature assez impatiente, mais un petit peu plus à ce moment-là.
14:31Et je lui dis, écoute, appelle véritablement les secours immédiatement.
14:35Je sens du sang couler dans ma nuque.
14:39Et là, il s'écoule quoi ? Deux heures pendant lesquelles, en fait, vous n'appelez pas le 15
14:43et vous êtes en train de souffrir, de ne pas savoir ce qui se passe.
14:45Alors en fait, ce qui se passe, c'est qu'il met ses doigts sous ma nuque.
14:48Il me montre ses doigts, il me dit non, tu ne saignes pas et donc il ne me croit pas.
14:52Et c'est accentué par le fait qu'il est un peu plus âgé que moi.
14:55Et que lui se pense invincible parce qu'il est quand même jeune.
14:59Et moi, d'autant plus parce que je suis un peu plus jeune que lui.
15:01Donc, il n'appelle pas et il s'écoule en effet deux heures où je reste allongée sur le
15:05carrelage de ma salle de bain à attendre les secours.
15:08Alors pourquoi ? Pourquoi ?
15:09Avec le recul, cette maladie, elle est incomprise.
15:13On se dit qu'à 29 ans, ce n'est pas possible, justement, d'avoir un AVC.
15:15C'est quoi dans la culture ?
15:17Qu'est ce qui se passe ?
15:18Alors, on se dit qu'à 29 ans, il est impossible d'avoir un AVC, d'autant plus que,
15:21comme je le disais, on avait fait des recherches pendant les 48 dernières heures,
15:24que je ne présentais aucun des symptômes qu'on peut imaginer dans le cadre d'un AVC,
15:29que je n'avais aucun des facteurs de risque qu'on a pointé en première partie des missions
15:34et que donc, c'était impossible.
15:35J'avais une vie saine, j'étais sportive,
15:39un rythme classique de maman de jumeau, même si c'est un peu soutenu.
15:43Voilà, j'avais aucune raison d'avoir ça.
15:46Donc là, le 15, les équipes du 15 arrivent finalement.
15:48Et là, vous vous réveillez dans un box de réanimation.
15:51Vous êtes, vous le dites, un prisonnière de votre corps.
15:55Qu'est ce qui se passe à ce moment dans votre tête quand vous vous réveillez ?
15:57Vous avez la notion de quoi et vous n'avez plus la notion de quoi ?
16:00Alors, au moment où je me réveille, j'en ai plus de souvenirs, même s'ils sont revenus.
16:05Je sais que ce sont les pompiers qui sont intervenus,
16:07que j'ai été transférée dans un premier hôpital.
16:08Puis dans un second, où il y avait ce service spécialisé dont on a parlé,
16:13qui s'appelle une unité neurovasculaire, j'ai été opérée.
16:16J'ai eu une cranictomie, c'est à dire qu'on m'a enlevé un bout d'os.
16:20J'ai eu une ablation d'une partie du cerveau.
16:23J'ai eu une pause de DVE, c'est de la plomberie, c'est un tuyau
16:27qui permet au liquide de s'écouler en dehors de la partie
16:31qui était bouchée me concernant.
16:33Et je me réveille en effet dans ce box de réanimation,
16:36totalement prisonnière de mon corps, incapable de bouger le moindre orteil,
16:39le moindre doigt et incapable de parler.
16:41Ce qui était accentué en plus par le fait que comme j'avais une intubation,
16:45si vous voulez, j'étais véritablement, il n'y avait que mes yeux qui bougeaient
16:48et puis il n'y avait personne dans le box en plus.
16:50Donc j'étais prise de panique.
16:52Et là, vous êtes capable de vous dire quoi à ce moment là ?
16:54C'est fini, ça continue.
16:56Mais jumeaux, vous pensez à quoi ?
16:57Ma toute première pensée, c'est je veux mourir.
17:00Parce que si vous voulez, je n'avais absolument aucune notion du temps.
17:03Je ne savais pas combien de temps j'avais passé dans le coma.
17:05J'avais la sensation d'avoir été amputée de quelque chose,
17:08mais je ne savais pas bien de quoi et pourquoi je ne pouvais rien bouger.
17:10Donc au moins comme ça, c'est terrible.
17:11Je ne savais pas vraiment pourquoi j'étais là.
17:13Et je me suis mise à être obsédée par la question de la date,
17:17parce que je l'ai directement corrélée à l'âge de mes petits jumeaux.
17:20En me disant, si les garçons ont encore besoin de moi,
17:24dans le sens où s'ils sont encore à cet âge de dépendance absolue,
17:27évidemment que ça vaut le coup de se battre.
17:29Si en revanche, ce sont des hommes, moi, je ne veux pas leur offrir une vie
17:32où ils vont s'occuper de leur maman toute leur vie, prisonnière de son corps.
17:36Avec le recul, parce qu'on peut en parler,
17:38maintenant, c'est peut-être beaucoup moins tabou.
17:40Vous avez le sentiment d'être une autre aujourd'hui
17:42par rapport à celle que vous étiez avant.
17:44Le professeur Calvé expliquait tous les symptômes, vous les expliquez également.
17:48On enlève une partie du cerveau.
17:50Vous avez vécu quand même un drame interne.
17:52Vous êtes une autre, Sarah ?
17:53Je suis complètement une autre, mais je préfère celle que je suis aujourd'hui
17:56à celle que j'étais par le passé.
17:57Alors expliquez-nous un peu le parcours que vous allez entamer
18:00à partir de ce moment où vous commencez à prendre conscience
18:02un peu de tout l'environnement, peut-être même de la date.
18:05C'est un parcours du combattant ? Il dure combien de temps ?
18:06C'est un parcours extrêmement long, parce que moi, j'ai tout eu.
18:10J'ai fait un strike, donc j'ai eu la réanimation.
18:13J'ai eu les soins intensifs, le centre de rééducation,
18:16puis l'hospitalisation de jour et la rééducation libérale.
18:19Le tout ayant duré deux ans.
18:21Voilà, tout inclut.
18:23Donc, c'est un parcours extrêmement long qui est assez inégal
18:27et qui, en plus, est assez démoralisant,
18:29puisqu'en fait, vous faites l'essentiel de vos...
18:32Vous recouvrez l'essentiel de vos capacités dans les toutes premières semaines.
18:35Et donc, en fait, vous allez récupérer 90% de vos facultés
18:38dans les trois premiers mois et ensuite sur l'année et demie qui va rester.
18:42Vous allez récupérer au fur et à mesure, un petit pourcent, un petit pourcent.
18:45Donc, c'est assez décourageant.
18:47En faisant quoi ? C'est quel type de rééducation ?
18:48C'est du sport ? C'est de la...
18:50Alors, moi, j'ai eu...
18:51Moi, en fait, c'est mon cerveau, les gauches, qui a été atteint.
18:54Donc, c'était et c'était surtout...
18:56Il était question d'équilibre et de coordination.
18:59Donc, j'ai eu beaucoup de kiné, beaucoup d'ergotherapie.
19:02Je n'avais plus parlé.
19:03Donc, j'ai eu évidemment beaucoup d'orthophonie.
19:05J'ai eu un gros suivi psy parce que c'est quelque chose quand même,
19:10ce genre d'événement.
19:11Donc, j'ai eu une rééducation hyper complète, extrêmement complète
19:14qui prenait toute la journée.
19:15Alors, on ne vous connaît pas, mais comme vous êtes quelqu'un d'impatient,
19:18vous l'avez dit tout à l'heure, et d'assez déterminé,
19:22vous allez avoir cet acte un petit peu
19:25unique à dire maintenant, j'ai envie de m'en sortir.
19:28Je rejette toutes les aides qu'on peut me proposer
19:30parce qu'elles sont faites pour les autres.
19:31Et je veux maintenant avancer pour ne plus être dans ce statut.
19:34Expliquez nous un peu la posture que vous avez défendue à ce moment là,
19:37parce que c'est très fort.
19:38Alors, c'est justement pas une posture facile à défendre,
19:41parce qu'en fait, je ne suis évidemment pas contre les aides.
19:44Je suis même hyper favorable aux aides et je considère que
19:48les patients n'ont pas suffisamment d'aides et ça ne sera jamais suffisant.
19:52En revanche, me concernant et au regard de mon tempérament,
19:54donc je parle vraiment de mon cas très particulier,
19:57j'ai souhaité tout arrêter parce que j'ai considéré
19:59que j'allais m'enfermer dans un système où s'il y avait
20:03des facilités qui m'étaient offertes, j'allais avoir tendance
20:07à aller vers ces options là parce que c'était tellement dur.
20:10Réapprendre à marcher à 30 ans, alors je ne me souviens plus
20:12de la première fois où j'ai appris à marcher lorsque j'avais un an,
20:15mais réapprendre à marcher à 30 ans est extrêmement, extrêmement compliqué.
20:18Donc tout est compliqué.
20:21Je me suis mise en position encore plus de difficultés en me disant que
20:26j'allais essayer de tirer tout ce que j'avais au fond de moi.
20:30Vous dites aujourd'hui que vous êtes une autre.
20:31On imagine qu'un accident comme celui-ci
20:35vous donne envie de mener un combat,
20:37un combat peut-être par rapport à vous-même, par rapport au système.
20:39Aujourd'hui, vous avez un combat, justement, vous qui avez vécu cette épreuve.
20:43C'est évidemment celui de la prévention,
20:44puisque je considère que si je suis en vie,
20:48c'est parce que j'ai bénéficié de cette sensibilisation 48 heures plus tôt.
20:51À ce moment-là, j'étais dans un tourbillon du quotidien.
20:54On peut l'imaginer d'ailleurs facilement.
20:56Jeune maman de deux petits jumeaux, grand prémat de 22 mois.
21:00J'étais occupée.
21:01Si je n'avais pas été sensibilisée comme j'ai été sensibilisée
21:03par l'aïté de ce proche 48 heures plus tôt,
21:07je ne suis pas sûre que j'aurais eu les réflexes qui finalement m'ont sauvée.
21:11Donc, mon combat est évidemment celui de la prévention.
21:13J'aimerais faire entendre ma voix.
21:15J'aimerais que tout le monde sache que ça peut arriver à tout le monde,
21:17que tout le monde ait le réflexe de penser à l'AVC,
21:20parce qu'on sait que plus rapide et plus spécialisée
21:22la prise en charge est, et meilleur est le pronostic, en fait.
21:25Concrètement, si vous avez un vœu à exhauster,
21:27ce combat, vous voulez le mener jusqu'où ? Une journée nationale ?
21:30Il y a même une journée, la journée internationale existe.
21:34Mais évidemment, j'aimerais qu'on aboutisse à une campagne de santé publique.
21:38Je trouve aberrant, stupéfiant, sidérant
21:41qu'on ne nous martèle pas toute la journée à la télé, à la radio,
21:44dans les journaux, que l'AVC est la première cause de mortalité féminine,
21:49qu'elle touche tous les âges, que même les enfants sont touchés,
21:52qu'une femme sur quatre aura un AVC dans sa vie, une femme sur quatre,
21:56qu'il faut appeler le 15,
21:58qu'on sait que 80% des AVC pourraient être évités
22:02si les facteurs de risque étaient identifiés.
22:06Sarah, pour conclure, on a envie de vous demander en une poignée de secondes
22:09comment vous allez aujourd'hui ?
22:11Je crois que je vais très bien.
22:13Je suis ravie de porter ce combat.
22:16Je me sens d'autant plus légitime que la lutte contre l'AVC
22:20est une cause qui fait peur, parce que très souvent, les victimes qui prennent
22:23la parole présentent des bilans séquellaires lourds.
22:26Et donc, ça les rend plus difficilement entendables
22:31parce qu'elles font un petit peu peur, malheureusement,
22:35et que vient s'ajouter à cette peur le manque d'informations.
22:38Le fait que comme ça touche le cerveau, ce n'est pas tangible.
22:41Ça reste abstrait pour la plupart des gens.
22:43Donc, si vous voulez, c'est multifactoriel.
22:46Il y a un cumul qui fait qu'on n'en parle pas, qu'on ne veut pas en parler,
22:49qu'on veut l'occulter, ce que je comprends très bien.
22:51Même moi, quand je regarde des photos de moi à l'époque,
22:54j'éteins le téléphone, je le pose et je passe à autre chose.
22:59Je vous rassure, la couverture de ce livre où vous êtes en première page
23:02est magnifique et on salue le photographe Alex qui l'a réalisé.
23:06Réparer Sarah Bardin aux éditions Stock.
23:09Je vous encourage vraiment à vous procurer ce livre.
23:12David, Mohamed, Sarah, un grand merci.
23:15La Santé en mouvement, c'est fini pour aujourd'hui.
23:17Vous pouvez retrouver l'émission en podcast sur l'application Sud Radio
23:20et dès à présent sur YouTube.
23:21Et pour prolonger la discussion, on se retrouve sur vos réseaux sociaux préférés.
23:25Je vous souhaite une excellente fin de week-end et je vous dis à la semaine prochaine.

Recommandations