• il y a 19 heures
Avec David Calvet, neurologue à l'hôpital Sainte-Anne, Mohamed Bahri, directeur marketing chez Balt Group et Sarah Bardin, victime d’un AVC et auteure du livre “Réparée” (éditions stock).

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##LA_SANTE_EN_MOUVEMENT-2024-10-26##
Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans La Santé en Mouvement, l'émission pour prendre soin de vous au quotidien.
00:09Aujourd'hui, on va parler d'un risque qui nous concerne tous, qui frappe sans prévenir
00:13et qui peut bouleverser une vie en quelques secondes.
00:16Il s'agit de l'accident vasculaire cérébral, appelé communément AVC, en ces journées
00:21mondiales de lutte contre l'AVC.
00:22Alors, quels sont les symptômes à identifier ? Quels sont les bons gestes à effectuer
00:26lorsque l'accident survient et comment se répartons ? C'est ce que nous tenterons
00:30de comprendre avec nos invités.
00:32La Santé en Mouvement, c'est tout de suite et c'est sur Sud Radio.
00:34Sud Radio, La Santé en Mouvement, Vanessa Pérez.
00:39Et pour commencer cette émission, nous avons le plaisir de recevoir le professeur David
00:43Calvé, neurologue à l'hôpital Saint-Anne.
00:46David, bonjour.
00:47Alors, l'accident vasculaire cérébral que l'on nomme AVC, que l'on nommera AVC durant
00:51cette émission, c'est une maladie grave qui entraîne un déficit neurologique lié
00:55à des lésions cérébrales d'origine vasculaire.
00:58On va rappeler quelques chiffres, quand même, c'est la troisième cause de mortalité en
01:02France.
01:03Il touche 140 000 personnes chaque année, dont malheureusement un tiers va décéder.
01:07Ce qui veut dire que toutes les 4 minutes, en fait, nous allons avoir un cas d'AVC.
01:11David, expliquez-nous concrètement un autre chiffre à rajouter et concrètement que se
01:15passe-t-il dans notre cerveau lorsqu'on a un incident de telle sorte qui survient ?
01:19Bonjour à tous.
01:20Alors, effectivement, l'AVC, maladie grave, maladie très fréquente comme vous l'avez
01:23dit.
01:24En pratique, c'est assez simple, il y a deux types d'AVC.
01:26Le plus fréquent, l'accident vasculaire cérébral ischémique ou infarctus cérébral.
01:29En fait, une artère du cerveau va se boucher et donc il y a une zone du cerveau qui ne
01:33va pas fonctionner et qui va rapidement se détruire.
01:35Et finalement, le temps presse parce que si on peut déboucher le vaisseau qui se bouche,
01:42on va pouvoir récupérer une partie du cerveau qui est en train de souffrir, qui n'est pas
01:46encore détruit.
01:47Sinon, malheureusement, la zone qui est en train de souffrir va finalement s'étendre
01:50et on va avoir des séquelles possiblement irréversibles.
01:52Puis, il y a également l'hémorragie cérébrale, là, le mécanisme est différent puisque c'est
01:56plutôt la rupture d'un petit vaisseau mais qui, malheureusement, fera un peu les mêmes
02:00dégâts avec une lésion du cerveau et donc des anomalies derrière et effectivement un
02:04déficit neurologique qui variera en fonction de la zone du cerveau qui souffre.
02:08Parce qu'on parle de plusieurs millions de neurones qui sont détruits à chaque minute
02:11en fait où l'AVC n'est pas pris en charge, c'est ça ?
02:13Oui, c'est ça.
02:14Effectivement, dans l'ischémie cérébrale, on estime qu'une minute de perdue dans la
02:16prise en charge, c'est quasiment deux millions de neurones de perdues, ce qui donne une idée
02:19assez précise de l'urgence que ça représente.
02:22Alors, David, dites-nous, quels sont les signes d'alerte à surveiller pour suspecter
02:26justement l'apparition d'un AVC ?
02:28Alors, les signes sont assez variables, ce qui fait la difficulté de la prise en charge
02:31de la maladie, l'intérêt quand on est neurologue, la diversité des signes, mais globalement
02:35je pense que pour le grand public, il faut communiquer sur des signes assez simples.
02:38Lorsqu'il y a une perte de fonction, quelle qu'elle soit, surtout si elle touche la moitié
02:42du corps, la perte de force d'un côté du corps, la perte de sensibilité, la perte
02:47du langage, la perte de vision ou d'un œil ou de tout le champ visuel.
02:51En quelques minutes, en quelques secondes ?
02:52Rapidement, en quelques minutes, effectivement, si quelque chose s'installe de façon soudaine,
02:56donc ça c'est un élément important à avoir en tête, dès qu'il y a ce déficit,
03:00soudain, il faut suspecter l'AVC et déclencher tout ce qui est nécessaire derrière.
03:04Et donc le premier geste, c'est quoi ? C'est appeler le 15 ?
03:06Alors, oui, le premier geste, effectivement, il faut être extrêmement simple, c'est
03:10faire le 15.
03:11Si la personne est allongée, elle reste allongée, sinon on l'allonge et puis on fait le 15
03:14immédiatement.
03:15Alors, j'ai envie de vous demander, il y a des facteurs de risque qui prédisposent
03:18justement à cette maladie ?
03:19Oui, les facteurs de risque, finalement, ce sont les facteurs de risque vasculaires assez
03:23simples qui expliquent la très grande majorité des AVC, finalement, l'hypertension artérielle
03:28en premier lieu.
03:29Vraiment, ça c'est un facteur de risque majeur, le cholestérol, l'obésité, le
03:34surpoids, la sédentarité, le diabète, tous ces facteurs de risque assez classiques finalement
03:38qui expliquent la très grande majorité des AVC.
03:40Il y a des populations particulières, un âge, parce qu'on le verra en deuxième
03:44partie d'émission, justement, quelqu'un d'hors norme qui a eu un AVC à l'âge
03:47de 29 ans, mais est-ce qu'il y a des courbes là-dessus qui font qu'on peut se reconnaître ?
03:51Malheureusement, l'AVC n'est pas un lieu.
03:53Personne.
03:54Il y a des AVC qui s'amènent chez les gens jeunes, même chez les enfants, mais néanmoins
03:57le principal facteur de risque, c'est quand même l'âge.
03:59Alors, on insiste beaucoup sur les facteurs de risque modifiables.
04:02On parle de pression artérielle, de cholestérol, etc.
04:04Mais les facteurs de risque, on en a modifiables et le principal, c'est l'âge.
04:07Effectivement, plus on est âgé, plus on a de risques de faire un AVC.
04:10C'est aussi pour ça qu'on s'attend à de plus en plus d'AVC dans les années à venir.
04:13Alors, dans la santé en mouvement, on parle beaucoup de prévention.
04:16Concrètement, si vous aviez trois conseils en termes de prévention à partager avec nos auditeurs ?
04:22Alors, c'est des conseils qui s'adressent à tout le monde pour prévenir l'AVC, pour
04:26prévenir toutes les maladies vasculaires au sens large.
04:28Effectivement, déjà l'alimentation, on se dit qu'on dit ça assez simplement.
04:34La pression artérielle à mesurer, c'est finalement deux points de pression artérielle
04:38en plus.
04:39C'est au double risque d'AVC.
04:40C'est assez simple.
04:41C'est parlant quelqu'un qui a 13, à peu près deux fois plus de risques de faire un AVC
04:45que quelqu'un qui a 11 de pression artérielle.
04:47Donc, c'est pareil.
04:48C'est pareil pour le cholestérol.
04:49Il n'y a pas de limite.
04:51Vraiment, plus le cholestérol est bas, moins il y a de risques.
04:53Donc, finalement, c'est pareil pour la glycémie, le diabète, avoir une vie équilibrée, une
04:59activité physique.
05:00Ce sont des choses assez simples, mais qui permettent de maîtriser une grande majorité
05:02de risques.
05:03Pas pour tout le monde, évidemment.
05:04Il y a des causes rares, etc.
05:06Mais si on parle en population générale, si on fait attention à l'alimentation, le
05:10sel, etc., on va prévenir une grande partie des AVC.
05:12Alors, une fois que l'incident a eu lieu, il y a trois types de populations.
05:16On l'a évoqué en préparant cette émission.
05:19Vous pourriez les rappeler à nos auditeurs.
05:20Et justement, quels sont les traitements disponibles une fois que ces incidents sont
05:24survenus ?
05:25Alors, globalement, si on sépare et si on parle plutôt de l'AVC ischémique, qui est
05:28le plus fréquent et là où il y a quand même le plus de ressources de traitement, on l'a
05:32dit tout à l'heure, il y a toute une zone du cerveau qui est en train de souffrir, mais
05:35qui n'est pas encore détruite.
05:36Et donc, si le cerveau est reperfusé, là, on va pouvoir récupérer tout ou partie de
05:41la zone qui souffre.
05:42Donc là, il y a deux types de traitements globalement, soit un traitement comme un
05:46anticoagulant qui est injecté très vite et qui va essayer de dissoudre le caillou.
05:50On arrive à l'hôpital, là, et immédiatement, on n'est plus dans les urgences, là, on est
05:53dans un service quand même d'hyperurgences.
05:55Normalement, les patients, comme on a fait le 15, sont régulés par le SAMU et arrivent
05:59non pas aux urgences, mais directement dans des structures dédiées pour la prise en
06:02charge des AVC.
06:03Donc, une imagerie cérébrale est faite qui va distinguer l'ischémie de l'hémorragie.
06:07Le plus fréquent, c'est donc l'ischémie.
06:09Et soit on peut donner un traitement qui va essayer de déboucher le caillou et donc récupérer
06:14très vite les symptômes.
06:15Soit, si le caillou est accessible par un geste technique, dans ce cas-là, un opérateur
06:20va pouvoir essayer d'enlever le caillou.
06:22Et donc là, c'est très efficace lorsque ça peut être fait.
06:25Bien sûr, les traitements, c'est les deux si c'est possible.
06:27Un seul si on ne peut pas faire les deux.
06:28Enlever le caillou, ça veut dire quoi ? Il envoie un cathéter, on va dire ?
06:32Oui, c'est une forme de cathéter, il faut monter un petit guide dans les vaisseaux pour
06:36essayer d'aller attraper le caillou, le capurer, l'enlever.
06:38Il y a des nouvelles technologies, il y a des nouvelles thérapies un petit peu révolutionnaires
06:42dans les années à venir qui vont permettre justement d'aller encore plus loin.
06:46Alors, attraper le caillou, comme on a dit, ça s'appelle la thrombectomie.
06:49Là, il y a eu des évolutions techniques, technologiques qui permettent d'aller finalement
06:53de plus en plus vite, de façon de plus en plus sûre et attraper des cailloux qui sont
06:56parfois de plus en plus loin.
06:57Donc ça, c'est des évolutions techniques, technologiques qui ont permis de rendre cette
07:01procédure sûre, alors qu'avant, elle était trop risquée.
07:03Et puis, il y a forcément des traitements, peut-être que demain, la thrombolyse, j'ai
07:08pas donné le nom, mais comme le super anticoagulant, peut-être que plus tard, il pourra être guidé
07:13pour aller directement au caillou.
07:14Et puis, il y a des nouvelles stratégies pour la récupération derrière.
07:18Alors, si on arrive à faire justement ce soin, donc là, le patient, c'est de l'ambulatoire,
07:24il sort rapidement.
07:25Les patients qui sont entre les deux, qui vont demander une rééducation, c'est quoi
07:28le parcours de soins auquel on va être confrontés ?
07:30Alors, si on parle d'AVC, vraiment, c'est quand même pas encore de la maladie ambulatoire
07:34puisqu'il faut quand même faire un bilan derrière, identifier la cause pour éviter
07:38que ça recommence.
07:39Donc, il y a deux urgences.
07:40Il y a l'urgence de traitement et l'urgence d'identification de la cause pour donner
07:42le traitement adapté.
07:43Parce qu'on a beaucoup parlé des facteurs de risque, mais il y a une cause qui est directement
07:47responsable de l'AVC.
07:48Il faut l'identifier, la traiter.
07:49Ça, si c'est fait, le risque de récidive est beaucoup plus faible derrière.
07:52Et puis, par contre, malheureusement, un certain nombre de patients ont des séquelles et eux
07:56rentrent dans un long processus de rééducation.
07:58Concrètement ?
07:59Concrètement, ça peut aller de quelques jours à plusieurs semaines et parfois quelques
08:02mois de soins.
08:04Un conseil, un seul conseil à partager avec nos auditeurs, David ?
08:07Les conseils, c'est effectivement un déficit qui apparaît de façon soudaine.
08:11C'est faire le 15.
08:12En cas de doute, faites le 15.
08:13Peut-être que le diagnostic sera redressé plus tard, mais mieux vaut faire le 15.
08:17Merci beaucoup, David Calvé.
08:18Je rappelle que vous êtes neurologue.
08:20Et pour continuer cette émission, on va parler justement innovation.
08:23Vous l'avez évoqué, David, puisque j'ai le plaisir de recevoir Mohamed Bari, directeur
08:27marketing de la société BALT.
08:28Alors, BALT, c'est une entreprise qui fournit des dispositifs médicaux dans le cadre de
08:32la prise en charge de l'AVC.
08:33Alors, Mohamed, bonjour.
08:35Expliquez-nous très concrètement avec BALT, comment vous apportez une réponse thérapeutique
08:40justement à l'incident qu'a évoqué le professeur Calvé ?
08:44Bonjour Vanessa.
08:45Tout d'abord, merci de l'invitation.
08:47Donc, BALT, c'est une société qui a été fondée en 1977 et elle a été fondée par
08:53monsieur Léopold Plevecki, qui est un ingénieur, suite à sa rencontre avec le professeur Jean-Jacques
08:58Bernand, un neuroradiologue interventionnel.
08:59Et depuis maintenant à peu près 47 ans, les employés de BALT développent, créent
09:08et produisent des dispositifs médicaux qui vont soit permettre de traiter l'accident
09:14vasculaire cérébral ischémique, soit permettre de prévenir l'accident vasculaire cérébral
09:20hémorragique.
09:21Alors, expliquez-nous de manière très visuelle un de vos dispositifs.
09:24Comment fonctionne-t-il ?
09:25Alors, on parle de différents dispositifs.
09:28Dans le cadre de l'accident vasculaire cérébral hémorragique, on va parler de coils ou de
09:32stents.
09:33Pour faire simple, c'est des ressorts qu'on va soit placer au sein du sac anévrismal,
09:38qui est une des principales raisons.
09:39Alors, on va parler très très simple.
09:40Donc, c'est comme un petit tube en ressort, on va dire, que vous allez mettre dans le…
09:44On va mettre à l'intérieur de l'anévrisme et on va essayer de renforcer l'artère
09:48et éviter que celle-ci se rompe et donc entraîne une hémorragie.
09:51On peut placer aussi des stents.
09:53C'est pareil, c'est un tout petit ressort qu'on place à l'intérieur de l'artère.
09:56Et l'idée, c'est toujours de renforcer l'artère et éviter la rupture de l'artère.
10:00Et dans le cadre de l'accident vasculaire cérébral ischémique, on vient juste d'en
10:04parler.
10:05On utilise des dispositifs médicaux qui sont des stent-reaver ou des cathéters d'aspiration.
10:10Et le neurologue interventionnel va faire une ponction au niveau de l'artère qui
10:16se trouve au niveau de l'aine, l'artère fémorale.
10:18On va naviguer à l'intérieur de cette artère jusqu'aux artères du cerveau et
10:22on va les traiter, soit la déboucher, soit la renforcer.
10:26J'imagine que ces dispositifs ont un coût et qu'on ne les trouve pas forcément partout.
10:30Tous les hôpitaux sont équipés, Mohamed ?
10:33Alors oui, ces dispositifs ont un coût.
10:35Ils sont pris en charge par la sécurité sociale du fait du bénéfice qu'ils apportent
10:40aux patients.
10:41On les trouve sur l'ensemble du territoire national.
10:43Aujourd'hui, je pense qu'en France, on est plutôt bien pris en charge concernant
10:50la thrombectomie mécanique.
10:52Par contre, un point de vigilance, la réforme du marquage CE et la difficulté d'obtention
11:00des remboursements risquent de ralentir légèrement les innovations thérapeutiques.
11:05C'est un point de vigilance.
11:09On le note, c'est important.
11:10Merci beaucoup Mohamed Bari pour la société BALTA.
11:13Restez avec nous, on marque une courte pause et on se retrouve dans quelques instants pour
11:16partager le témoignage bouleversant d'une jeune femme qui a été elle-même victime
11:21d'un AVC à l'âge de 29 ans et qui en a écrit un livre pour nous partager son combat.
11:25La Santé en Mouvement, c'est sur Sud Radio et ça continue dans quelques instants.
11:29Sud Radio, La Santé en Mouvement, Vanessa Perez.
11:33Et pour continuer cette émission spéciale AVC, nous avons le plaisir de recevoir une
11:38auteure qui signe un ouvrage poignant, dramatique et haletant intitulé « Réparer » et paru
11:43aux éditions Stock.
11:44Je vous remontre à nos auditeurs qui ont la chance d'avoir l'image.
11:47Sarah Bardin, bonjour, on est ravis de vous avoir en plateau.
11:49Je vais rappeler le pitch très brièvement et vous allez nous commenter tout ça, mais
11:54rien ne vous y prédisposait puisque vous avez à l'époque 29 ans et vous êtes une
11:58jeune maman de jumeaux et alors vous êtes victime d'un AVC massif.
12:01Et au cours d'un parcours rééducatif très lourd, vous avez découvert que vous n'étiez
12:05pas un cas isolé d'AVC puisque c'est la première cause de mortalité médicale chez
12:09les femmes et la troisième chez les hommes.
12:11Et là, vous allez commencer une course, on va dire, contre la montre alors que l'incident
12:16survient et tout un parcours qui va faire que vous êtes celle que vous êtes devenue
12:19aujourd'hui.
12:20Pour commencer, Sarah, j'ai envie que vous nous racontiez cet instant, on va dire ce
12:24moment, le 27 juin 2021, où vous sentez que la vie est en train de vous quitter.
12:29Bonjour Vanessa, merci de votre invitation.
12:32Je vais vous raconter cette nuit terrifiante, mais il faut un petit peu la recontextualiser
12:36pour comprendre à quel point elle est terrifiante.
12:38En fait, comme vous l'avez dit, cette nuit-là, en 2021, j'ai 29 ans et des petits jumeaux
12:44qui n'ont pas encore deux ans, je n'ai jamais entendu parler d'AVC ni d'AIT avant cette
12:48période.
12:49Et il s'avère que, par extraordinaire, un de mes très proches a eu un AIT 48 heures
12:54plus tôt.
12:55Alors un AIT ?
12:56Un AIT, c'est un accident ischémique transitoire, donc c'est l'AVC qui, entre guillemets, part
13:01tout seul.
13:02C'est un signal d'alerte, c'est une urgence absolue qui nécessite aussi qu'on appelle
13:05le 15, parce que très souvent, il peut prévenir la survenance d'un AVC, mais ça se résorbe.
13:13Normalement, on en sort sans séquelles.
13:15Un petit AVC, alors, sans séquelles.
13:17Un AVC sans séquelles.
13:19Et donc, durant les 48 dernières heures, puisque ça intervient le vendredi et on est le dimanche
13:2327 juin, durant les 48 dernières heures, j'ai lu tout ce qui existait sur l'AVC.
13:29J'ai absolument tout lu et j'ai constaté qu'il ne touchait pas que les personnes âgées,
13:36même si j'ai eu du mal à obtenir de la littérature sur le sujet.
13:39Cette nuit-là, je m'endors tôt, je me réveille à 3 heures du matin avec un gros
13:43boum dans la tête, j'ouvre les yeux, la pièce tourne autour de moi, je suis prise
13:47d'un vertige terrible, je réveille le père de mes enfants, je lui demande de me l'aider
13:51à me lever parce que j'ai la nausée et donc je veux aller jusqu'à la salle de bain.
13:55Et sur le chemin de la salle de bain, mes jambes me lâchent, je me mets à vomir du sang,
14:00je m'allonge par terre parce que je suis en eau et pour ajouter un petit peu de drama,
14:05en plus comme il fait très chaud, on est le 27 juin, je suis nue.
14:08Donc je suis nue au milieu de tout ce sang, en train d'agoniser et je dis au père de mes enfants,
14:13je suis en train d'avoir un AVC.
14:15Et là, en fait, il a du mal à vous croire et à vous entendre.
14:18Il ne me croit pas, il ne me croit pas du tout et comme j'ai lu tout ce qui existait
14:21sur la question pendant les 48 dernières heures, je sais qu'une minute, c'est deux
14:24millions de neurones perdus.
14:27Je suis de nature assez impatiente, mais un petit peu plus à ce moment-là.
14:31Et je lui dis, écoute, appelle véritablement les secours immédiatement.
14:35Je sens du sang couler dans ma nuque.
14:39Et là, il s'écoule quoi ? Deux heures pendant lesquelles, en fait, vous n'appelez pas le 15
14:43et vous êtes en train de souffrir, de ne pas savoir ce qui se passe.
14:45Alors en fait, ce qui se passe, c'est qu'il met ses doigts sous ma nuque.
14:48Il me montre ses doigts, il me dit non, tu ne saignes pas et donc il ne me croit pas.
14:52Et c'est accentué par le fait qu'il est un peu plus âgé que moi.
14:55Et que lui se pense invincible parce qu'il est quand même jeune.
14:59Et moi, d'autant plus parce que je suis un peu plus jeune que lui.
15:01Donc, il n'appelle pas et il s'écoule en effet deux heures où je reste allongée sur le
15:05carrelage de ma salle de bain à attendre les secours.
15:08Alors pourquoi ? Pourquoi ?
15:09Avec le recul, cette maladie, elle est incomprise.
15:13On se dit qu'à 29 ans, ce n'est pas possible, justement, d'avoir un AVC.
15:15C'est quoi dans la culture ?
15:17Qu'est ce qui se passe ?
15:18Alors, on se dit qu'à 29 ans, il est impossible d'avoir un AVC, d'autant plus que,
15:21comme je le disais, on avait fait des recherches pendant les 48 dernières heures,
15:24que je ne présentais aucun des symptômes qu'on peut imaginer dans le cadre d'un AVC,
15:29que je n'avais aucun des facteurs de risque qu'on a pointé en première partie des missions
15:34et que donc, c'était impossible.
15:35J'avais une vie saine, j'étais sportive,
15:39un rythme classique de maman de jumeau, même si c'est un peu soutenu.
15:43Voilà, j'avais aucune raison d'avoir ça.
15:46Donc là, le 15, les équipes du 15 arrivent finalement.
15:48Et là, vous vous réveillez dans un box de réanimation.
15:51Vous êtes, vous le dites, un prisonnière de votre corps.
15:55Qu'est ce qui se passe à ce moment dans votre tête quand vous vous réveillez ?
15:57Vous avez la notion de quoi et vous n'avez plus la notion de quoi ?
16:00Alors, au moment où je me réveille, j'en ai plus de souvenirs, même s'ils sont revenus.
16:05Je sais que ce sont les pompiers qui sont intervenus,
16:07que j'ai été transférée dans un premier hôpital.
16:08Puis dans un second, où il y avait ce service spécialisé dont on a parlé,
16:13qui s'appelle une unité neurovasculaire, j'ai été opérée.
16:16J'ai eu une cranictomie, c'est à dire qu'on m'a enlevé un bout d'os.
16:20J'ai eu une ablation d'une partie du cerveau.
16:23J'ai eu une pause de DVE, c'est de la plomberie, c'est un tuyau
16:27qui permet au liquide de s'écouler en dehors de la partie
16:31qui était bouchée me concernant.
16:33Et je me réveille en effet dans ce box de réanimation,
16:36totalement prisonnière de mon corps, incapable de bouger le moindre orteil,
16:39le moindre doigt et incapable de parler.
16:41Ce qui était accentué en plus par le fait que comme j'avais une intubation,
16:45si vous voulez, j'étais véritablement, il n'y avait que mes yeux qui bougeaient
16:48et puis il n'y avait personne dans le box en plus.
16:50Donc j'étais prise de panique.
16:52Et là, vous êtes capable de vous dire quoi à ce moment là ?
16:54C'est fini, ça continue.
16:56Mais jumeaux, vous pensez à quoi ?
16:57Ma toute première pensée, c'est je veux mourir.
17:00Parce que si vous voulez, je n'avais absolument aucune notion du temps.
17:03Je ne savais pas combien de temps j'avais passé dans le coma.
17:05J'avais la sensation d'avoir été amputée de quelque chose,
17:08mais je ne savais pas bien de quoi et pourquoi je ne pouvais rien bouger.
17:10Donc au moins comme ça, c'est terrible.
17:11Je ne savais pas vraiment pourquoi j'étais là.
17:13Et je me suis mise à être obsédée par la question de la date,
17:17parce que je l'ai directement corrélée à l'âge de mes petits jumeaux.
17:20En me disant, si les garçons ont encore besoin de moi,
17:24dans le sens où s'ils sont encore à cet âge de dépendance absolue,
17:27évidemment que ça vaut le coup de se battre.
17:29Si en revanche, ce sont des hommes, moi, je ne veux pas leur offrir une vie
17:32où ils vont s'occuper de leur maman toute leur vie, prisonnière de son corps.
17:36Avec le recul, parce qu'on peut en parler,
17:38maintenant, c'est peut-être beaucoup moins tabou.
17:40Vous avez le sentiment d'être une autre aujourd'hui
17:42par rapport à celle que vous étiez avant.
17:44Le professeur Calvé expliquait tous les symptômes, vous les expliquez également.
17:48On enlève une partie du cerveau.
17:50Vous avez vécu quand même un drame interne.
17:52Vous êtes une autre, Sarah ?
17:53Je suis complètement une autre, mais je préfère celle que je suis aujourd'hui
17:56à celle que j'étais par le passé.
17:57Alors expliquez-nous un peu le parcours que vous allez entamer
18:00à partir de ce moment où vous commencez à prendre conscience
18:02un peu de tout l'environnement, peut-être même de la date.
18:05C'est un parcours du combattant ? Il dure combien de temps ?
18:06C'est un parcours extrêmement long, parce que moi, j'ai tout eu.
18:10J'ai fait un strike, donc j'ai eu la réanimation.
18:13J'ai eu les soins intensifs, le centre de rééducation,
18:16puis l'hospitalisation de jour et la rééducation libérale.
18:19Le tout ayant duré deux ans.
18:21Voilà, tout inclut.
18:23Donc, c'est un parcours extrêmement long qui est assez inégal
18:27et qui, en plus, est assez démoralisant,
18:29puisqu'en fait, vous faites l'essentiel de vos...
18:32Vous recouvrez l'essentiel de vos capacités dans les toutes premières semaines.
18:35Et donc, en fait, vous allez récupérer 90% de vos facultés
18:38dans les trois premiers mois et ensuite sur l'année et demie qui va rester.
18:42Vous allez récupérer au fur et à mesure, un petit pourcent, un petit pourcent.
18:45Donc, c'est assez décourageant.
18:47En faisant quoi ? C'est quel type de rééducation ?
18:48C'est du sport ? C'est de la...
18:50Alors, moi, j'ai eu...
18:51Moi, en fait, c'est mon cerveau, les gauches, qui a été atteint.
18:54Donc, c'était et c'était surtout...
18:56Il était question d'équilibre et de coordination.
18:59Donc, j'ai eu beaucoup de kiné, beaucoup d'ergotherapie.
19:02Je n'avais plus parlé.
19:03Donc, j'ai eu évidemment beaucoup d'orthophonie.
19:05J'ai eu un gros suivi psy parce que c'est quelque chose quand même,
19:10ce genre d'événement.
19:11Donc, j'ai eu une rééducation hyper complète, extrêmement complète
19:14qui prenait toute la journée.
19:15Alors, on ne vous connaît pas, mais comme vous êtes quelqu'un d'impatient,
19:18vous l'avez dit tout à l'heure, et d'assez déterminé,
19:22vous allez avoir cet acte un petit peu
19:25unique à dire maintenant, j'ai envie de m'en sortir.
19:28Je rejette toutes les aides qu'on peut me proposer
19:30parce qu'elles sont faites pour les autres.
19:31Et je veux maintenant avancer pour ne plus être dans ce statut.
19:34Expliquez nous un peu la posture que vous avez défendue à ce moment là,
19:37parce que c'est très fort.
19:38Alors, c'est justement pas une posture facile à défendre,
19:41parce qu'en fait, je ne suis évidemment pas contre les aides.
19:44Je suis même hyper favorable aux aides et je considère que
19:48les patients n'ont pas suffisamment d'aides et ça ne sera jamais suffisant.
19:52En revanche, me concernant et au regard de mon tempérament,
19:54donc je parle vraiment de mon cas très particulier,
19:57j'ai souhaité tout arrêter parce que j'ai considéré
19:59que j'allais m'enfermer dans un système où s'il y avait
20:03des facilités qui m'étaient offertes, j'allais avoir tendance
20:07à aller vers ces options là parce que c'était tellement dur.
20:10Réapprendre à marcher à 30 ans, alors je ne me souviens plus
20:12de la première fois où j'ai appris à marcher lorsque j'avais un an,
20:15mais réapprendre à marcher à 30 ans est extrêmement, extrêmement compliqué.
20:18Donc tout est compliqué.
20:21Je me suis mise en position encore plus de difficultés en me disant que
20:26j'allais essayer de tirer tout ce que j'avais au fond de moi.
20:30Vous dites aujourd'hui que vous êtes une autre.
20:31On imagine qu'un accident comme celui-ci
20:35vous donne envie de mener un combat,
20:37un combat peut-être par rapport à vous-même, par rapport au système.
20:39Aujourd'hui, vous avez un combat, justement, vous qui avez vécu cette épreuve.
20:43C'est évidemment celui de la prévention,
20:44puisque je considère que si je suis en vie,
20:48c'est parce que j'ai bénéficié de cette sensibilisation 48 heures plus tôt.
20:51À ce moment-là, j'étais dans un tourbillon du quotidien.
20:54On peut l'imaginer d'ailleurs facilement.
20:56Jeune maman de deux petits jumeaux, grand prémat de 22 mois.
21:00J'étais occupée.
21:01Si je n'avais pas été sensibilisée comme j'ai été sensibilisée
21:03par l'aïté de ce proche 48 heures plus tôt,
21:07je ne suis pas sûre que j'aurais eu les réflexes qui finalement m'ont sauvée.
21:11Donc, mon combat est évidemment celui de la prévention.
21:13J'aimerais faire entendre ma voix.
21:15J'aimerais que tout le monde sache que ça peut arriver à tout le monde,
21:17que tout le monde ait le réflexe de penser à l'AVC,
21:20parce qu'on sait que plus rapide et plus spécialisée
21:22la prise en charge est, et meilleur est le pronostic, en fait.
21:25Concrètement, si vous avez un vœu à exhauster,
21:27ce combat, vous voulez le mener jusqu'où ? Une journée nationale ?
21:30Il y a même une journée, la journée internationale existe.
21:34Mais évidemment, j'aimerais qu'on aboutisse à une campagne de santé publique.
21:38Je trouve aberrant, stupéfiant, sidérant
21:41qu'on ne nous martèle pas toute la journée à la télé, à la radio,
21:44dans les journaux, que l'AVC est la première cause de mortalité féminine,
21:49qu'elle touche tous les âges, que même les enfants sont touchés,
21:52qu'une femme sur quatre aura un AVC dans sa vie, une femme sur quatre,
21:56qu'il faut appeler le 15,
21:58qu'on sait que 80% des AVC pourraient être évités
22:02si les facteurs de risque étaient identifiés.
22:06Sarah, pour conclure, on a envie de vous demander en une poignée de secondes
22:09comment vous allez aujourd'hui ?
22:11Je crois que je vais très bien.
22:13Je suis ravie de porter ce combat.
22:16Je me sens d'autant plus légitime que la lutte contre l'AVC
22:20est une cause qui fait peur, parce que très souvent, les victimes qui prennent
22:23la parole présentent des bilans séquellaires lourds.
22:26Et donc, ça les rend plus difficilement entendables
22:31parce qu'elles font un petit peu peur, malheureusement,
22:35et que vient s'ajouter à cette peur le manque d'informations.
22:38Le fait que comme ça touche le cerveau, ce n'est pas tangible.
22:41Ça reste abstrait pour la plupart des gens.
22:43Donc, si vous voulez, c'est multifactoriel.
22:46Il y a un cumul qui fait qu'on n'en parle pas, qu'on ne veut pas en parler,
22:49qu'on veut l'occulter, ce que je comprends très bien.
22:51Même moi, quand je regarde des photos de moi à l'époque,
22:54j'éteins le téléphone, je le pose et je passe à autre chose.
22:59Je vous rassure, la couverture de ce livre où vous êtes en première page
23:02est magnifique et on salue le photographe Alex qui l'a réalisé.
23:06Réparer Sarah Bardin aux éditions Stock.
23:09Je vous encourage vraiment à vous procurer ce livre.
23:12David, Mohamed, Sarah, un grand merci.
23:15La Santé en mouvement, c'est fini pour aujourd'hui.
23:17Vous pouvez retrouver l'émission en podcast sur l'application Sud Radio
23:20et dès à présent sur YouTube.
23:21Et pour prolonger la discussion, on se retrouve sur vos réseaux sociaux préférés.
23:25Je vous souhaite une excellente fin de week-end et je vous dis à la semaine prochaine.

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