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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer. Votre demi-heure de décryptage de l'actualité comme chaque matin sur France Info avec vous Julie-Marie Lecomte ce matin, bonjour à vous.
00:17Et avec nos informés Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs, bonjour à vous.
00:23Guillaume Fariol, bonjour. Vous êtes spécialiste environnement à France Info et Pierrick Bonneau, bonjour Pierrick.
00:30Vous êtes journaliste de service politique de France Info en charge du Rassemblement National.
00:36Julie-Marie Lecomte, on va parler et ce sera notre premier sujet de l'Espagne avec ce bilan toujours provisoire, 95 morts, bilan des inondations dans la région de Valence.
00:46Et l'Espagne entre dans trois jours de deuil national, des scènes d'apocalypse dantesques après la pire goutte froide que nous ayons connue en un siècle,
00:55dit le premier ministre Pedro Sanchez. Une masse d'air froid venu du nord isolée au milieu d'une masse plus chaude et l'équivalent d'un an de pluie qui provoque des inondations monstres.
01:08L'eau qui emporte tout déroute des maisons, les habitants sont sidérés, les secours débordés.
01:15Avant de quitter le Maroc hier, Emmanuel Macron disait toute sa compassion.
01:21Les inondations qui touchent l'Espagne m'ont touché très profondément et je veux ici dire toute notre solidarité au peuple, aux familles qui sont touchées et aux autorités espagnoles.
01:31La France a mis aussi tout de suite à disposition les leviers en termes de sécurité civile pour assurer la solidarité.
01:38On a vu encore ces dernières semaines combien nous-mêmes nous pouvions être touchés.
01:42En disant ça, j'ai évidemment une pensée pour tous nos compatriotes qui ont été eux-mêmes touchés par les inondations.
01:47Mais là, on voit un bilan humain qui est terrible, ce qui montre la nécessité de nous préparer, de prévenir, d'adapter nos modèles.
01:56La nécessité de nous préparer, prévenir, d'adapter nos modèles, dit le président de la République.
02:02Alors que la France, elle aussi a été touchée il y a deux semaines par de très graves intempéries.
02:06Au-delà de l'émotion, que faire face à ces événements climatiques qui, les spécialistes s'accordent pour le dire, vont se multiplier.
02:15Au-delà de la dépoloration, comment enrayer le dérèglement du climat ?
02:20Quand les investissements contre les caisses sont vides et puis, au-delà des mots, les responsables politiques en font-ils assez ?
02:26Guillaume Fariol, vous suivez les questions d'environnement à la rédaction de France Info.
02:30Si je ne m'abuse, il y a un plan d'adaptation au changement climatique qui a été présenté la semaine dernière par Michel Barnier.
02:36Est-ce que, à vos yeux, c'est quelque chose qui vous semble suffisant ?
02:41Est-ce que c'est quelque chose qui va permettre concrètement une adaptation ?
02:45Alors, ce plan national d'adaptation au changement climatique, le troisième du nom, ce qu'il faut dire d'abord, c'est qu'il a une ambition qui est tout de même inédite.
02:52Jusqu'ici, c'était des plans qui étaient très brefs, pas du tout à la hauteur où tous les experts, toutes les ONG environnementales s'accordaient là-dessus.
02:59Ce plan, il table sur un objectif, ou plutôt sur un risque, d'une France à 4 degrés d'ici la fin du siècle.
03:05Et l'idée, c'est de préparer le pays à cette France à 4 degrés.
03:08Ça veut dire érosion du littoral, sécheresse plus intense, inondation plus intense.
03:13Des choses qu'on voit déjà aujourd'hui, mais qui seront encore plus fortes dans les prochaines décennies.
03:18Le problème de ce plan, c'est qu'il n'y a pas d'argent.
03:21En tout cas, il y a 75 millions d'euros supplémentaires qui ont été annoncés par Michel Barnier pour le fonds Barnier qu'il avait créé dans les années 90.
03:29On dit qu'il faudrait des dizaines de milliards par an.
03:32Par an, des dizaines de milliards d'euros pour réussir la transition, c'est-à-dire s'adapter au dérèglement climatique par tous les travaux que ça peut nécessiter.
03:41Et puis aussi atténuer le dérèglement climatique, ça veut dire réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
03:46L'objectif de la France, c'est déjà 2030, moins 55% des émissions.
03:50Nous n'y sommes pas. Certes, les émissions baissent encore 4%, je crois, au premier trimestre de cette année.
03:54Mais ce n'est pas suffisant, c'est ce que dit le Haut Conseil pour le climat.
03:57Le problème, en fait, c'est qu'il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent.
04:01Le contexte économique est loin d'être très favorable et c'est ça qui manque, en fait.
04:05C'est de l'argent, c'est le nerf de la guerre.
04:07C'est le sujet, le cœur du sujet.
04:09S'il devint courage, Michel Barnier, on se rappelle qu'il avait parlé de dette écologique et de dette financière dans son discours de politique générale.
04:16Et même lorsqu'il est arrivé à Matignon, on a l'impression que la dette financière a peut-être un peu pris le dessus.
04:22Ou est-ce que c'est moi qui exagère ?
04:24C'est-à-dire que les deux dettes se contredisent, s'affrontent.
04:28La réduction de la dette financière, ça veut dire des efforts budgétaires.
04:31Et on a vu à quel point le budget de l'environnement avait été raboté.
04:35Il y a eu des centaines de millions d'euros qui ont été retirés à diverses actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre,
04:43pour lutter contre le réchauffement climatique.
04:45Donc on voit bien qu'il a posé ces deux dettes.
04:48Mais il a aussi posé la cruelle contradiction des gouvernements qui n'ont pas les moyens, pour l'instant, de la politique qu'il faudrait entreprendre.
04:57Julie-Marie Lecomte, on a entendu Emmanuel Macron dire que le quinquennat sera écologique ou ne sera pas.
05:04Emmanuel Macron a d'ailleurs beaucoup parlé d'écologie.
05:07Peut-être un petit peu moins ces dernières années, mais il en a beaucoup parlé.
05:10Est-ce que tout est acheté dans le bilan ?
05:12Ou est-ce que, comme le disait Guillaume Fariol, dans la mesure où on voit quand même, on n'est pas sur l'adaptation, mais en l'occurrence sur la baisse des émissions françaises,
05:20est-ce qu'il y a quand même des choses qui ont fonctionné ?
05:23Vous le disiez, les émissions ont fonctionné.
05:26Un certain nombre de décisions ont été prises pour continuer de renforcer cette baisse des émissions.
05:34Le bilan, Emmanuel Macron le défend.
05:37Le quinquennat sera vers où, ne sera pas.
05:39Rappelons quand même, si c'est nécessaire, qu'Emmanuel Macron, d'une certaine manière, s'est lui-même mis une balle dans le pied en s'abordant sa propre capacité à continuer d'agir pour aller en ce sens.
05:52Et aujourd'hui, Michel Barnier doit faire avec des alliés, si l'on veut, mais en tout cas s'appuyer sur des députés à l'Assemblée nationale,
06:03dont la fibre n'est pas nécessairement écologique et qui pousse pour un assouplissement dans la mise en œuvre de mesures comme le zéro artificialisation net.
06:18On sait aussi que le diagnostic performance énergie, le DPE, va être assoupli pour éviter notamment de mettre en difficulté un certain nombre de propriétaires, d'endécopropriétaires,
06:32alors que les logements classés G, je crois, ne devaient plus pouvoir être loués.
06:38Donc là encore, on voit quel est l'ordre de priorité.
06:42Et entre logement et écologie, là tout de suite, la question qui prime, en tout cas le choix qui est fait du gouvernement, c'est celui du logement.
06:52Il y a un certain nombre, effectivement, Guillaume Fariol, de façons très concrètes, de mesures de recul qui sont dans les tuyaux. C'est ça, Julie-Marie Lecomte parlait du DPE notamment.
07:01Voilà, c'est ce qu'il a dit pendant son discours de politique générale, où il a beaucoup insisté sur l'environnement.
07:07Mais en même temps, entre les lignes, on sent que Michel Barnier, c'est une position qu'il a, qui est connue de longue date.
07:13Il n'est pas très fan, on va dire, des éoliennes.
07:16Sur le diagnostic de performance énergétique, sur l'interdiction plutôt de location des passoires thermiques.
07:23Et puis dans le budget, surtout, c'est vrai qu'il y a eu des coupes sur notamment les aides pour électrifier les véhicules,
07:28ça veut dire le leasing social, prime à la conversion, et puis le bonus à l'achat de véhicules électriques.
07:34Alors l'enveloppe, dans le projet de budget en tout cas, pour l'an prochain, elle a été réduite d'abord d'un tiers, ça serait peut-être même de moitié.
07:40Il y a aussi le fonds chaleur qui sert à aider les collectivités à faire du chauffage écologique, on va dire, là aussi coup de rabot.
07:48Ma prime rénov' qui sert à aider les particuliers à faire des travaux, là aussi coup de rabot.
07:54Après, vous disiez, l'écologie et l'économie, entre guillemets, ce sont deux budgets qui sont contradictoires, mais pas vraiment parce qu'on sait que...
08:03Pas forcément, on n'a pas besoin forcément d'argent.
08:06Alors si, mais parce qu'on sait qu'un euro qu'on dépense aujourd'hui, c'est un chiffre qui revient souvent, un euro qu'on dépense aujourd'hui pour s'adapter notamment,
08:14c'est 7 ou 8 euros qu'on ne dépensera pas dans quelques temps à cause des dégâts causés par le dérèglement climatique.
08:20Pierrick Bonneau, Michel Barnier, on le dit quand même, ayant une fibre écolo, il est plus écolo que ses amis de LR, ses amis de droite, à vos yeux ?
08:31Michel Barnier C'est une ligne assez lointaine, on va dire, dans les priorités du DLR depuis de nombreuses années.
08:39Tout comme le RN, effectivement, qui a fait de l'écologie une priorité un peu lointaine, même si...
08:45Pierrick Bonneau C'est la première des priorités, nous disait tout à l'heure Jean-Philippe Tanguy sur ce plateau.
08:49Je dois vous dire, de façon très honnête, qu'on a un petit peu écarquillé les yeux.
08:53Michel Barnier Ce serait une nouveauté, mais après tout, on n'est pas à un revirement près du RN en matière d'écologie.
08:57Je me suis amusé à ressortir le programme des législatives de 2024, les programmes de Jordan Bardella, publiés il y a trois semaines sur Internet.
09:0612 pages, un tout petit chapitre, le sixième, sur l'écologie, mais pas pour proposer de nouvelles mesures, mais plutôt pour revenir sur des mesures qui étaient déjà en place.
09:15Julie en parlait à l'instant.
09:17Renoncer à l'interdiction de la vente des voitures à moteur thermique à l'horizon 2035.
09:21Supprimer les zones à faible émission.
09:23Abroger toutes les interdictions et obligations liées au DPE.
09:26On parle des passoires thermiques, évidemment.
09:28Et puis, soutenir des relocalisations industrielles.
09:32En fait, le RN s'appuie sur son concept de relocalisation pour faire des économies en termes d'énergie.
09:39Mais on n'est pas très convaincu, d'autant que la priorité du RN, et la seule en termes d'écologie, c'est défendre la qualité de vie des Français et refuser l'écologie punitive.
09:50Donc voilà, on a du mal à y croire quand Jean-Philippe Tanguy nous dit il y a quelques minutes qu'effectivement, sa priorité, c'est l'écologie.
09:55Et bien justement, peut-on encore demander des efforts aux Français ?
09:59Est-ce qu'il n'y a pas un risque encore de gilet jaune, comme on a pu le voir par le passé ?
10:03Ce sera l'une des questions qu'on abordera dans la deuxième partie des informés.
10:07D'abord, le Filinfo. 9h15, Maureen Suignard.
10:10La France est toujours dans l'attente de confirmations concernant ses ressortissants vivant dans la région de Valence, affirme ce matin le ministre des Affaires étrangères.
10:184000 ressortissants français sont dans cette zone de l'Espagne touchée par des inondations monstres.
10:24Au moins 95 morts et le bilan n'est pas définitif.
10:27De nombreux disparus sont encore recherchés.
10:29L'inflation se stabilise en France.
10:31Les prix ont augmenté d'1,2% en octobre sur un an.
10:34Elle était d'1,1% en septembre.
10:37En plein examen du budget de la Sécurité sociale, ce chiffre de l'adresse, le service public de statistiques,
10:43l'année dernière, 4900 lits d'hospitalisation complète ont été supprimés.
10:48Le gouvernement n'a pas inversé la tendance.
10:51Deux raisons principales, l'augmentation de l'ambulatoire et le manque de personnel.
10:55Une fermeture partielle de la tribune Auteuil au Parc des Princes pour le match contre Toulouse le 22 novembre prochain.
11:01Voici la sanction contre le PSG après des champs homophobes de supporters le mois dernier.
11:06Cette sanction de la Ligue est plus légère que celle de l'année dernière pour des faits identiques.
11:21Et toujours avec Pierrick Bonneau, service politique de France Info, en charge du suivi du Rassemblement national.
11:28Et Guillaume Fariol, spécialiste environnement à France Info.
11:31Sans oublier Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Hops.
11:36Sylvain, on le disait avant le fil info, il y a des sujets environnementaux, des urgences même.
11:45Est-ce qu'aujourd'hui, quel que soit le gouvernement, il n'y a pas l'idée de se dire
11:51« Ouh là là, je ne peux pas trop en demander aux Français parce que sinon, ça peut être la crise à nouveau. »
11:56On se rappelle des Gilets jaunes.
11:58Effectivement, il y a un blocage. La classe politique a très peur de la réaction des Français, des citoyens
12:05qui vont être gênés dans leur mode de vie, qui vont devoir s'adapter, qui vont devoir changer.
12:11Et ça paralyse beaucoup l'action.
12:14Effectivement, l'épisode le plus crucial, ça a été les Gilets jaunes.
12:19Et aucun responsable politique n'a envie de réveiller cette colère, ce refus.
12:28Alors, comment sortir de cet impasse ?
12:34Je ne vous pose pas la question, mais allez-y.
12:37« Je dirai la vérité aux Français », disait Michel Barnier dans son discours de politique générale, comme sur la dette.
12:42Oui, mais il est sous surveillance. On vient de parler du Rassemblement national.
12:45Alors, il y a toujours un parti pour prendre la défense des classes populaires
12:51qui vont être sanctionnées dans leur mode de transport, dans leur vie quotidienne.
12:55Donc, c'est cette démagogie-là qu'il faudrait essayer de faire sauter, en fait.
13:01Guillaume Fariol, le zéro artificialisation net.
13:06On a entendu le Rassemblement national, on l'a entendu avec Pierre Hibonneau,
13:10mais aussi avec Jean-Philippe Tanguy, juste avant, dans le 8-30.
13:14C'est un sujet, on sait que Laurent Wauquiez aussi s'est exprimé contre.
13:18C'est un sujet sur lequel le gouvernement pourrait revenir, où ça vous semble quand même...
13:24En tout cas, dans son discours de politique générale, une fois de plus,
13:27Michel Barnier a dit, en parlant de la crise du logement,
13:30pour faire du logement, il faut du foncier, il faut donc des terrains pour construire.
13:33Et le zéro artificialisation net peut freiner ça.
13:37Alors, en effet, c'est une mesure qui peut sembler être une...
13:40Et pardon, je vous pose la question aussi, parce que l'artificialisation,
13:44forcément, il fallait que ça arrive.
13:45L'artificialisation, c'est aussi un sujet en Espagne, avec effectivement ces inondations.
13:50En Espagne et chez nous aussi sur la côte d'Azur, parce qu'on sait que,
13:53c'est très logique, sur du béton, l'eau elle ruisselle, elle ne rentre pas comme dans la terre.
13:57Et l'eau, elle finit dans les fleuves, dans les cours d'eau,
14:00ce qui fait que les crues augmentent.
14:03Alors, c'est une contrainte, certes, ce zéro artificialisation net,
14:06mais on peut voir que ça peut avoir aussi des conséquences très bénéfiques,
14:09notamment sur cette question-là.
14:11On parle aussi des zones à faibles émissions,
14:13du diagnostic de performance énergétique, de l'interdiction des passoires thermiques.
14:17Ça, c'est des contraintes en ce qui concerne l'environnement.
14:19Mais par exemple, sur la question de l'adaptation,
14:21est-ce que lancer de très grands travaux, rehausser des digues,
14:24faire des bassins de rétention, revoir tous les cours d'eau ?
14:28Pourquoi est-ce que là, il y a des crues ?
14:30Parce que, peut-être, on a raccourci un cours d'eau qui fait qu'il déborde plus facilement.
14:35Est-ce que ça, c'est des contraintes ?
14:36Par exemple, lancer des grands travaux d'adaptation.
14:38– Vous nous avez donc trouvé des façons, peut-être, de faire de l'adaptation
14:43sans créer une nouvelle crise de gilets jaunes.
14:45Un tout petit mot.
14:46– Et j'ajoute qu'il est également sous pression, Michel Barnier,
14:48des élus locaux là-dessus, qui, eux, voient ce genre de mesures
14:51comme des contraintes, uniquement des contraintes.
14:52– Merci à vous, Guillaume Fariol, spécialiste environnement
14:56à la rédaction de France Info.
14:58Notre deuxième thème, Julie-Marie Lecomte, on a esquissé,
15:01on a parlé un petit peu du Rassemblement National,
15:04mais nous amène à en reparler, puisque c'est un peu la journée RN,
15:08aujourd'hui, à l'Assemblée.
15:09– Oui, le RN qui fait le menu, aujourd'hui, à l'Assemblée Nationale.
15:12Tous les groupes parlementaires politiques ont droit, une fois par session,
15:17c'est ce qu'on appelle une niche, une niche parlementaire.
15:20Chaque groupe présente ses propositions de loi.
15:23Celle du RN est la première de cette nouvelle législature.
15:26Le groupe de Marine Le Pen l'avait préparée très méticuleusement,
15:30décidée à mettre en porte-à-faute tous ses adversaires politiques.
15:34Exemple type, l'abrogation de la réforme des retraites,
15:38ça devait être un piège tendu à la gauche.
15:41Seulement, voilà, cette proposition de loi a été vidée
15:44de sa substance en commission, et elle a reçu le coup de grâce,
15:48hier, puisque la présidente de l'Assemblée, Yael Brown-Pivet,
15:52juge irrecevable les amendements de rétablissement du texte.
15:57Tout cela est un peu technique, mais nous allons y revenir.
16:00Elle a refusé au titre de l'article 40 de la Constitution
16:05qui interdit aux députés de créer de nouvelles dépenses sans les financer.
16:09Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme,
16:12qui était tout à l'heure votre invité dans l'8.30 France Info,
16:15parle d'un double sabotage.
16:19Le sabotage de la gauche unie aux macronistes en commission des affaires sociales
16:24qui ont effacé, annulé les deux articles principaux de cette proposition de loi.
16:30La retraite à 62 ans, à part un seul député communiste,
16:33toute la gauche a voté pour la supprimer.
16:36Et les 42 admittés, c'est-à-dire annuler la réforme tourenne de François Hollande
16:39qui siège aujourd'hui dans le nouveau Front Populaire,
16:41ils ont aussi voté pour l'annuler.
16:43Résultat, pour rétablir ces deux articles en séance aujourd'hui,
16:46il fallait passer par l'autorisation de Mme Brune-Pivet.
16:49Et Mme Brune-Pivet, clé de voûte du parti unique de la gauche et du centre,
16:54n'a pas permis la réintroduction de ces articles.
16:56Vous dites sabotage ?
16:57C'est de la technique, mais c'est du sabotage.
16:59Alors, l'ERN n'est pas en capacité de faire passer son abrogation de la réforme des retraites.
17:04Pas plus que ne seront votées ces mesures sur les peines planchées
17:08ou sur l'expulsion des délinquants étrangers.
17:11Sur le papier, tout ça ressemble à un échec.
17:14Mais qu'en est-il en réalité ?
17:16Que cache cet échec apparent ?
17:18Est-ce que c'est un aveu de faiblesse, voire d'incompétence ?
17:21Ou est-ce qu'au contraire, l'ERN n'est pas plus fort que jamais ?
17:25Alors, Pierrick Bonneau, d'abord, on a pas mal entendu parler des divergences
17:30et on en a parlé avec Jean-Philippe Tanguy,
17:32qui les niait bien évidemment, les divergences sur le budget,
17:35entre Jordan Bardella, une autre partie du RN,
17:38entre un peu plus libéraux et un peu plus étatistes, on va dire, pour aller vite.
17:44Est-ce que là, une journée comme ça, ça permet de mettre un petit peu sous le boisseau
17:48ces divergences, si elles existent d'ailleurs ?
17:50Oui, parce qu'il y a eu des contradictions, effectivement,
17:53entre le discours du RN, qui est un discours très social,
17:57un discours vers les classes populaires, les classes moyennes,
18:00et les votes récents des députés du RN dans cet examen du budget.
18:06On a notamment vu des députés RN qui se sont opposés
18:11au rétablissement de l'ISF, de l'impôt sur la fortune,
18:14des députés du RN qui se sont opposés à la suppression de la flat tax,
18:17qui est une mesure qui, en gros, permet...
18:21C'est pas dans leur programme ? L'inverse n'est pas dans leur programme ?
18:24L'inverse n'est pas forcément dans leur programme, ils n'en parlent pas dans leur programme.
18:27En tout cas, on a vu ces derniers jours qu'effectivement,
18:29il y avait des messages un peu contradictoires
18:31qui étaient envoyés par les députés du RN.
18:34Effectivement, cette niche aujourd'hui, cette journée dédiée au texte du RN,
18:37est plus axée sur, on va dire, des priorités classiques,
18:41des priorités régaliennes, et effectivement,
18:43l'abrogation de la réforme des retraites,
18:45puisqu'on sait que Marine Le Pen s'était opposée
18:47à cette réforme des retraites il y a un an et demi.
18:49Sylvain Courage, c'est aussi en mettant des textes, on va dire,
18:51du classico-classique, comme le disait Pierrick,
18:54dans sa journée dédiée, c'est aussi une manière peut-être
18:57d'acculer la droite ?
18:59Bien sûr. Il y avait deux objectifs.
19:01Il y avait l'objectif, avec l'abrogation de la réforme des retraites,
19:04d'essayer d'illustrer les contradictions de la gauche,
19:07et il y a, avec les mesures sécuritaires sur l'immigration,
19:12la volonté de montrer que la droite ne vaut rien.
19:16Mais bon, ce sont des démonstrations que peut-être
19:20les députés veulent s'administrer,
19:23mais je pense que les Français, les électeurs, n'y comprennent rien.
19:26C'est un jeu qui devient illisible,
19:29d'autant plus qu'il se complique
19:32avec l'application des règlements parlementaires,
19:35l'article 40, les amendements.
19:38À la fin, finalement, tout le monde est perdant.
19:41Globalement, la question est aussi de savoir si, en ce moment,
19:44le RN est audible, parce qu'il y a l'idée
19:47d'une forme de mensuétude avec le gouvernement sur le budget,
19:50même si Jean-Philippe Tanguy nous dit tout à l'heure,
19:52on va sans doute peut-être vers une motion de censure,
19:54bon, ce n'est pas non plus très clair,
19:56le RN qui a une forme de bienveillance, Pierrick Bonneau,
19:59où en est-on ? Je ne parlerai même pas de Marine Le Pen,
20:02qui en plus est en procès, donc qui est un peu absente.
20:04Oui, et puis il y a tous les efforts que le RN fait
20:06pour convaincre les grands patrons, pour convaincre les grandes entreprises
20:09que c'est le parti pour lequel il faut voter.
20:11À un moment donné, effectivement, le RN a fait le choix
20:14de s'adresser à un électorat le plus large possible,
20:17mais de fait, crée des contradictions majeures
20:21dans sa façon de voter et dans son programme.
20:25Effectivement, il y a la pression que Marine Le Pen
20:28met sur Michel Barnier également,
20:30cette espèce de mensuétude, vous le disiez,
20:32qui fait qu'il n'y a toujours pas de motion de censure,
20:34on ne sait pas quand est-ce qu'elle va tomber.
20:36Chez les électeurs, effectivement, ça laisse des traces.
20:38On sait notamment que plus d'un électeur RN sur deux
20:41est favorable à ce que le RN vote cette motion de censure.
20:46Or, jusqu'à présent, le message du RN, c'est de dire
20:48on ne votera pas cette motion tout de suite,
20:50et on ne la votera peut-être pas
20:52avant la possibilité d'une nouvelle dissolution
20:54en juin ou juillet prochain.
20:56Donc tout ça, ça laisse des traces, et je pense que
20:58les électeurs sont un peu perdus aussi.
21:00Je me demande quand même si là, le RN,
21:05malgré ces contradictions dont vous parliez,
21:08je suis d'accord, mais si dans cette grande cacophonie
21:12à laquelle on assiste à l'Assemblée, finalement,
21:15le RN ne tire pas assez bien son épingle du jeu
21:18parce que finalement, il s'installe,
21:21il vote des techs, il vote des amendements,
21:24on l'a vu pendant le débat budgétaire,
21:27avec les uns, avec les autres,
21:29qu'il met d'ailleurs au passage parfois en difficulté,
21:32puis il remporte des victoires, on l'a vu par exemple...
21:36Mais ça vous semble lisible, ça ?
21:38Je pense qu'il ne faut pas oublier que,
21:41effectivement, dans cette illisibilité,
21:44dans cette cacophonie, là, il est probable
21:48que les électeurs retiennent ce qui émerge,
21:53c'est-à-dire des victoires,
21:55sur lesquelles le RN communique beaucoup,
21:59de la même manière qu'il a un art aussi
22:03de réussir à renverser des situations.
22:07Un exemple, le bouquin de Bardella,
22:09pub interdite dans les gares, formidable pub.
22:13Effet Streisand, d'une certaine façon.
22:15Merci beaucoup, Julie-Marie Lecomte,
22:18chef du service politique de France Info.
22:20Merci, Sylvain Courage, vous êtes,
22:23je reprends mes petites fiches,
22:25vous êtes directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
22:29Merci Guillaume Fariol, spécialiste environnement de France Info,
22:32et Pierrick Bonneau, service politique de France Info,
22:34spécialiste du Rassemblement National.
22:37Merci d'avoir suivi les informés qui reviennent ce soir, 20h.
22:40Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.