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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:08 -Les informés du matin, ravis de vous retrouver.
00:11 Renaud Dely est là, à mes côtés, comme chaque jour.
00:14 Valérie Acault,
00:15 chef adjointe du service politique du Parisien en France.
00:19 Bonjour. -Bonjour.
00:20 -Bienvenue Jean-Rémi Baudot, journaliste politique.
00:23 -Bonjour. -Bienvenue.
00:25 On va évoquer la bataille des retraites,
00:27 le nouvel acte à l'Assemblée nationale,
00:30 avec le rejet d'émotions de censure
00:32 déposées par les oppositions.
00:34 Emmanuel Macron va tenter de reprendre la main
00:36 demain lors d'une intervention
00:38 dans les journaux de TF1 et France 2.
00:41 -Le chef d'Etat va sortir du silence
00:43 et prendre la parole dès demain, au lendemain,
00:46 d'une d'eux, celle dite transpartisane,
00:48 qui n'a pas été adoptée de peu, seulement d'un voix.
00:51 Un vote ric-rac, à l'issue duquel,
00:53 d'ailleurs, de nouvelles manifestations,
00:56 de nouveaux rassemblements spontanés
00:58 se sont déroulés hier dans la soirée "Un peu partout en France".
01:02 La parole du chef de l'Etat est donc, bien entendu, attendue.
01:05 D'autant que, du côté de l'opposition,
01:08 le fait que cette motion de censure n'ait pas été adoptée
01:12 n'interrompt pas le mouvement.
01:14 L'opposition continue d'appeler à la mobilisation
01:17 contre la réforme des retraites.
01:19 C'est ce que se faisait, ici, il y a quelques minutes,
01:22 le député de la France insoumise, Emmanuel Bompard.
01:26 – Non, la bataille, bien évidemment, n'est pas terminée,
01:28 mais puisque la censure à l'Assemblée nationale n'a pas fonctionné,
01:31 il reste la censure populaire, la censure dans la rue,
01:34 la censure dans la grève, et c'est ce à quoi j'appelle ce matin,
01:36 il faut continuer la mobilisation, en soutenant l'ensemble des initiatives
01:40 qui vont être prises dans les prochains jours,
01:41 et en particulier la journée de manifestation
01:43 à l'appel de l'intersyndicale ce jeudi.
01:45 – Alors, des mouvements, des blocages qui continuent,
01:47 notamment dans les raffineries, où ils prennent davantage d'ampleur,
01:49 une journée de mobilisation nationale jeudi,
01:51 dans ce contexte hautement inflammable,
01:54 que peut dire, que peut essayer de faire Emmanuel Macron
01:57 pour apaiser la situation, voire pour reprendre la main ?
01:59 – D'abord, sur cet horaire, Valéry Hacot, le 13h,
02:03 c'est un horaire assez inhabituel pour un chef de l'État, non ?
02:06 – C'est vrai que c'est assez iconoclaste,
02:07 alors il l'a déjà fait, Emmanuel Macron, le 13h,
02:10 c'était en 2018, c'était en avril 2018,
02:12 c'était pendant la crise des gilets jaunes,
02:14 c'était au moment où il essayait de sortir de ce moment-là,
02:17 c'était dans une salle de classe, je ne sais pas si vous vous rappelez,
02:19 avec Jean-Pierre Pernaut, donc ce n'est pas une première pour lui,
02:22 l'intérêt de cet horaire, à mon sens, il est double,
02:25 parce que, et d'une, ça permet de parler aussi à la France des territoires,
02:28 parce que, qu'est-ce qu'on a vu pendant cette mobilisation sur les retraites ?
02:31 On a vu dans des villes moyennes, Lonce-le-Saunier, Dolles, etc.,
02:34 des mobilisations très très fortes, donc il faut parler à cette France-là,
02:38 et donc cette France-là, c'est aussi celle qui regarde le 13h,
02:40 donc de ce point de vue-là, ça se tient,
02:42 puis il y a une autre chose aussi qu'on a constatée ces derniers jours,
02:45 depuis que le 49.3 est passé,
02:47 c'est que tous les soirs, vers 18h, 19h,
02:49 il y a des manifestations spontanées, un petit peu sauvages,
02:53 qui se déclenchent partout, une prise de parole à 20h,
02:55 ça aurait peut-être pu aussi un petit peu attiser le feu à ce moment-là.
02:59 - Jean-Rémi Baudot, sur l'horaire et sur ce qu'on en attend ?
03:02 - Ce qu'on en attend, ce qu'on peut imaginer, en tout cas,
03:05 c'est qu'il va tenter de rassurer, parce que, justement,
03:07 s'il vient parler à 13h, à un horaire qui est majoritairement
03:11 un créneau regardé par les plus de 55 ans,
03:15 j'ai regardé les chiffres 2020 de l'âge moyen
03:18 des téléspectateurs du 13h.
03:20 56 ans pour TF1, 61 ans pour France 2,
03:23 c'est un âge qui recule d'année en année.
03:27 Ça veut dire qu'il fait passer un message, effectivement,
03:29 et probablement de rassurer des gens qui, potentiellement,
03:32 d'ailleurs, on le voit dans les études,
03:34 les retraités sont ceux qui sont d'ailleurs le plus d'accord
03:36 avec cette réforme.
03:37 - Il va parler, a priori, à la frange,
03:39 en tout cas pour celle des retraités.
03:40 - Donc, en tout cas, c'est sans risque.
03:42 Pour lui, c'est globalement sans risque, déjà,
03:43 parce que le format fait qu'avec deux journalistes du 13h,
03:48 il sera moins sous le feu des questions qu'avec d'autres.
03:51 C'est intéressant, vous dites, il va parler aux Français,
03:54 ce qui serait bien, c'est qu'il aille peut-être aussi
03:56 à leur rencontre.
03:58 En réalité, Emmanuel Macron, il ne va pas beaucoup
04:00 à la rencontre des Français depuis quelques mois,
04:02 et ça se ressent quand même sur, je pense,
04:04 sa perception de la réalité du terrain.
04:06 Et les images qu'on voit tous les jours à la télévision,
04:09 alors évidemment, c'est quelques dizaines de personnes
04:11 qui mettent le feu aux poubelles,
04:12 il faut vraiment mettre ça dans un contexte,
04:14 mais c'est quand même aussi le symbole
04:16 qu'il y a une colère qui est là et qui, pour l'instant,
04:18 n'est pas traitée. Qu'est-ce qu'il peut annoncer demain,
04:20 à part dire "Ne vous inquiétez pas,
04:22 cette réforme, elle était nécessaire,
04:24 et on va continuer parce que sinon,
04:26 notre système va s'effondrer",
04:27 je ne vois pas très bien ce qu'il peut annoncer d'autre.
04:29 Les dernières infos dans le Fil Info,
04:30 9h10 avec Sophie Echene, et on poursuit dans une minute.
04:32 À 9 voix près, le gouvernement reste en place,
04:36 les deux motions de censure rejetées,
04:38 la réforme des retraites est adoptée.
04:40 Emmanuel Macron prendra la parole demain, à 13h,
04:42 dans les journaux télévisés de TF1 et France 2.
04:45 Des manifestations dans plusieurs villes françaises,
04:47 hier soir, après l'adoption de la réforme,
04:49 à Lyon, Bordeaux, Dijon, Brest et Paris,
04:52 où plus de 230 personnes ont été interpellées.
04:55 Ce matin, la France insoumise exige leur libération immédiate
04:58 et dénonce des arrestations violentes,
04:59 totalement arbitraires.
05:01 Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida,
05:03 est attendu à Kiev aujourd'hui, visite surprise,
05:06 pour rencontrer le président ukrainien,
05:07 Volodymyr Zelensky,
05:09 et lui faire part du soutien du Japon et du G7,
05:11 dont il est le pays hôte cette année.
05:13 En parallèle, les Etats-Unis vont livrer à l'Ukraine
05:16 une nouvelle aide militaire de 350 millions de dollars.
05:20 Une nouvelle vague de licenciements chez Amazon,
05:22 9000 postes supplémentaires vont être supprimés.
05:25 Elle s'ajoute aux 18 000 suppressions déjà annoncées
05:28 en début d'année par le géant du web.
05:41 Toujours avec Jean-Rémi Baudot de France Info,
05:43 avec Valérie Acau du Parisien aujourd'hui en France,
05:46 et avec Renaud Delis, pourquoi Emmanuel Macron parle-t-il
05:48 et pourquoi demain ?
05:49 Alors, demain, je pense parce qu'il y a eu urgence,
05:52 très clairement, si on regarde sur ces dernières semaines,
05:55 sur la scène nationale, sur la scène intérieure,
05:57 notamment au regard de la réforme des retraites,
05:58 le chef de l'État s'est planqué depuis trois mois.
06:01 Il s'est planqué et pourtant, on ne voit que lui,
06:03 si j'ose dire, c'était manifeste d'ailleurs hier
06:05 lors de la séance de débat autour de la démotion de censure
06:07 à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que
06:09 celui qui est la cible du mécontentement,
06:11 alors que ce soit du mécontentement à l'Assemblée nationale,
06:14 y compris d'ailleurs d'une partie de ses troupes,
06:16 et évidemment des oppositions, et dans la rue,
06:18 c'est bien Emmanuel Macron.
06:19 On ergote, on s'interroge à raison sur le sort d'Elisabeth Borne,
06:23 qui a sauvé son poste hier, peut-être pour un certain temps,
06:26 qui est peut-être en sursis, peut-être l'hypothèse
06:28 d'un changement à un moment ou un autre du locataire de Matignon,
06:31 mais on voit bien que le problème n'est pas là.
06:32 À la rigueur, le sort d'Elisabeth Borne est devenu anecdotique
06:34 dans la crise politique qu'on traverse.
06:36 Donc Emmanuel Macron avait beau se planquer,
06:38 de toute façon, il est obligé de parler.
06:41 Sur le choix du moment, du 13h,
06:44 tout ce que disaient à l'instant Valéria Coe et Jean-Rémi Baudot
06:46 est exact, effectivement, sans aucun doute,
06:48 la volonté de parler à la France des territoires,
06:50 aux retraités, à un électorat qui est peut-être plus proche du sien,
06:53 de ne pas prendre de risques, de rassurer, etc.
06:57 Mais j'allais dire, et alors, tout ça a sans doute été pensé
07:00 en ce sens par les communicants de l'Élysée,
07:02 voire par le chef de l'État lui-même,
07:04 mais d'abord, il n'est pas exclu qu'il y ait des reprises
07:06 de cette intervention, c'est-à-dire qu'elle ne va pas se cantonner
07:08 au 13h, évidemment, et puis surtout, plus sérieusement,
07:12 ce qui compte dans ce contexte-là, c'est vraiment ce qu'il peut dire.
07:17 Et là, on voit bien qu'à l'heure qu'il est,
07:18 sa marge de manœuvre est extrêmement étroite,
07:19 puisque, et d'ailleurs, dans son entourage,
07:21 il y a des discussions, il y a des débats, il y a des influences.
07:24 Il y a d'un côté ceux qui disent
07:26 "il faut faire des annonces assez spectaculaires",
07:30 en gros, de réforme ou de changement de gouvernance.
07:32 - C'est-à-dire des annonces, genre, l'après, pour essayer de révéler des choses.
07:34 - Oui, des annonces, après, pour embrayer.
07:35 Et puis, il y a ceux qui disent "attention, le pays est sous tension,
07:37 et ce qu'il faut aujourd'hui, c'est davantage essayer d'apaiser,
07:39 de rassembler, voire de cajoler".
07:41 - Est-ce que les Français, Jean-Rémi Boudot, sont prêts,
07:43 pour ceux qui, en tout cas, s'opposent encore à cette réforme,
07:45 et ils sont nombreux, à entendre parler de la suite du quinquennat ?
07:48 - Mais non, et c'est là le risque.
07:49 Le risque, c'est de dire "le processus est allé jusqu'au bout,
07:53 maintenant, on passe à la suite, on va parler emploi,
07:55 on va parler institutions, etc."
07:57 Sauf que, un, Emmanuel Macron, il n'a pas de majorité,
08:00 et ça, ça n'a pas été réglé, et ça a été mis en lumière
08:02 de manière très violente, hier encore, à l'Assemblée.
08:07 Et s'il est dans un discours de dire "on va continuer,
08:10 tout va bien, on ne change rien",
08:12 enfin, déjà, un, c'est pas du tout l'Emmanuel Macron
08:14 qui a parlé, au soir de sa réélection,
08:17 quand il disait qu'il allait écouter,
08:18 qu'il avait entendu le message, etc.
08:21 Enfin, il l'a dit quand même plusieurs fois,
08:22 si on prend les cinq dernières années, le fait "j'ai entendu,
08:25 j'ai appris, j'ai compris",
08:27 bon, ça, on l'a entendu quand même un certain nombre de fois.
08:29 Donc, il y a un moment où il ne peut pas dire juste
08:31 "ça va continuer".
08:32 Et puis, quelles initiatives politiques pour se relancer ?
08:35 Sa popularité, effectivement, est actuellement très basse.
08:39 Est-ce que les Français sont prêts à passer à autre chose ?
08:41 Est-ce que les syndicats sont prêts à passer à autre chose ?
08:43 Est-ce que les Français qui manifestent,
08:45 et qui, en fait, ne sont plus dirigés par les syndicats,
08:47 sont prêts à passer à autre chose ?
08:48 Je crois qu'à toutes ces questions, pour l'instant,
08:50 la réponse est non.
08:51 - Valérie Acau ?
08:52 - C'est vrai que là, il joue quand même un petit peu
08:54 la suite de son quinquennat, Emmanuel Macron,
08:55 tout bêtement, avec cette réforme des retraites,
08:57 qui est la mère des batailles.
08:59 Ca fait huit mois qu'il est en poste,
09:01 et en fait, là, maintenant, c'est
09:02 "est-ce qu'il peut continuer à gouverner ?"
09:05 C'est ça qui est en train de se jouer à l'heure actuelle.
09:07 En prime, il a quand même une difficulté supplémentaire,
09:09 depuis le départ, Emmanuel Macron,
09:11 qui explique aussi la situation dans laquelle on est,
09:13 notamment politique, c'est qu'il ne va pas se représenter.
09:16 Donc, c'est aussi compliqué pour lui
09:18 de garder toutes ses troupes alignées,
09:22 parce que ça lui fait perdre du pouvoir aussi.
09:25 Donc, ça, c'est quand même pas simple.
09:26 C'est un avantage ou c'est un handicap,
09:28 le fait de ne pas pouvoir se représenter ?
09:30 C'est un total handicap.
09:32 Est-ce qu'on pourrait considérer aussi
09:33 que c'est un avantage, après tout, on oublie les sondages...
09:35 Non, justement, parce que déjà, dans l'atmosphère,
09:37 il y a la suite pour tous les autres personnels politiques
09:41 à l'heure actuelle. On voit déjà tout le monde
09:43 en train de se positionner sur la présidentielle.
09:44 Ca fait tôt, huit mois après le début du quinquennat.
09:46 Exactement. Ca lui fait perdre totalement du pouvoir.
09:48 Et en fait, lui, ce qu'il veut, c'est quand même imprimer,
09:51 laisser quelque chose avec son quinquennat,
09:53 mais avec cette situation politique complètement bloquée,
09:55 ce pays qui est quand même, pas à feu et à sang,
09:58 en exagérant rien, mais qui est quand même très tendu
10:00 à l'heure actuelle, est-ce qu'il va pouvoir lancer
10:02 tous les autres grands chantiers qu'il veut lancer ?
10:04 Il a déjà tout prévu, l'immigration,
10:05 une loi travail, la fin de vie, etc.
10:07 Mais tout ça, ça ressemble bloqué.
10:09 Je veux faire une toute petite parenthèse
10:10 sur la loi immigration.
10:11 Renaud Elie, je sais que vous ne vouliez pas partir là-dessus,
10:12 mais si vous me permettez...
10:14 La loi immigration, elle était censée arriver
10:15 dans quelques semaines.
10:17 Elle était censée être une loi en même temps,
10:19 c'est-à-dire voter en parti avec...
10:21 Mais la droite a dit qu'elle n'y arriverait pas.
10:22 Avec ce qui s'est passé hier, c'est-à-dire le fait
10:23 qu'un tiers de la droite à l'Assemblée a dit
10:25 "out Elisabeth Borne",
10:27 est-ce qu'elle est toujours sur la table, cette loi ?
10:28 - Écoutez, on m'a dit récemment, pas plus tard que jeudi soir,
10:31 c'est-à-dire après le déclenchement du 49-3,
10:35 la formule vient de l'Élysée, que cette loi, en même temps,
10:38 elle n'est pas emblématique.
10:39 Pas emblématique, ça veut dire qu'elle peut très bien
10:40 être enterrée, retirée, repoussée.
10:43 Très clairement, on ne voit pas de majorité aujourd'hui,
10:44 puisque là, en même temps, la gauche et la droite
10:47 trouvent des raisons de s'opposer à ce texte.
10:49 Donc c'est vrai qu'on peut...
10:50 Et puis, certes, vous allez me dire,
10:52 d'un point de vue institutionnel,
10:53 l'exécutif peut toujours recourir à un 49-3,
10:56 il en reste un, il en reste deux.
10:58 On peut quand même présupposer que l'arme a été un peu cramée
11:02 par son usage il y a quelques jours,
11:03 donc il est peu probable que le gouvernement ressorte le 49-3.
11:05 Juste un point sur le fait qu'Emmanuel Macron
11:07 ne puisse pas être candidat en 2027.
11:11 Non seulement c'est un handicap
11:13 dans le mode de fonctionnement de l'exécutif,
11:15 mais c'est aussi quelque chose qui attise un peu la crainte de ses troupes.
11:19 Un député renaissant, c'est vraiment tout à fait fidèle,
11:22 Emmanuel Macron, me disait hier
11:25 qu'il y avait un peu le syndrome dans le groupe,
11:28 une forme de crainte, se disant que le chef d'État,
11:30 finalement, se disait "ma popularité, peu importe,
11:33 je veux être le grand réformateur,
11:35 celui qui aura fait plier Taboutel Corporation",
11:38 avec deux exemples en tête,
11:41 pour les plus anciens d'entre nous, Marc,
11:43 Ronald Reagan qui avait fait plier les aiguilleurs du ciel,
11:46 ou évidemment Margaret Thatcher face au syndicat.
11:48 Et donc, au sein même du groupe renaissant,
11:50 certains redoutent qu'Emmanuel Macron
11:52 passe par pertes et profits,
11:53 les tensions du pays et sa popularité,
11:56 pour réformer coûte que coûte et laisser cette trace-là dans l'histoire,
11:59 au risque de laisser un pays assez traumatisé,
12:03 et puis une majorité, en tout cas, elle-même,
12:04 de plus en plus traumatisée.
12:05 - J'aurais mis "boudot" parce que je voudrais qu'on parle ensuite,
12:07 qu'on prenne le temps de parler du rapport du GIEC.
12:09 - Ça pourra faire la transition avec la suite,
12:11 c'est-à-dire qu'au-delà du cas d'Emmanuel Macron,
12:13 de sa trajectoire personnelle, de ce qu'il compte faire du pays,
12:16 je trouve que tout ça met quand même en lumière
12:18 notre incapacité collective à nous réformer.
12:20 Je ne dis pas que cette réforme était la bonne, bien évidemment,
12:22 manifestement, il y a beaucoup de gens qui étaient contre,
12:24 et je ne parle pas du fond,
12:25 mais c'est notre absence de dialogue social,
12:27 qui est un peu pathologique et politique,
12:30 et tout ça, c'est quand même assez dramatique.
12:31 On est dans une incapacité à trouver sur des tas de sujets,
12:35 des gens qui se mettent réellement autour de la table
12:38 pour avancer sur des sujets.
12:39 On va parler du climat dans un instant,
12:40 c'est évidemment la question,
12:42 mais sur la question des retraites,
12:43 on est un pays qui vit à crédit depuis 50 ans,
12:46 et on est incapable de se mettre autour d'une table pour se dire
12:48 "Tiens, dis-donc, est-ce que notre modèle social
12:49 tient encore 50 ans après ?"
12:51 Enfin, je veux dire, il y a quand même un moment
12:52 où il va falloir qu'on se pose la question.
12:53 - C'est juste, c'est tout à fait juste,
12:54 mais ça tient aussi, me semble-t-il,
12:55 à une forme de mise en scène politique,
12:56 parce que le dialogue social, les contrats...
12:58 - Parce que nos institutions ne fonctionnent pas sur ce modèle-là.
13:00 - Parce que le dialogue social,
13:02 les accords signés par des syndicats, etc.,
13:05 et des syndicats et le patronat, d'ailleurs, souvent,
13:07 ça existe beaucoup à l'échelle des branches.
13:09 C'est-à-dire que lorsqu'il s'agit d'un...
13:11 Il fonctionne, quand vous écoutez la CDT,
13:13 même la CGT signe énormément d'accords.
13:15 Et effectivement, dans un débat national,
13:17 avec a fortiori cette résonance parlementaire et politique,
13:20 là, on n'a plus le droit de parler, négocier, signer.
13:23 C'est forcément trahie.
13:24 - Le climat, les dernières prévisions du GIEC dans une minute.
13:27 Anne Le Gall, spécialiste environnement de France Info,
13:30 nous rejoindra pour la suite des informés.
13:31 Le Fil info tout d'abord, puisqu'il est 9h20,
13:34 voici Sophie Echelle.
13:36 Un sourire attendu en France tout à l'heure,
13:38 celui d'Olivier Dubois, journaliste français
13:41 et ancien otage enlevé au Mali,
13:42 libéré hier après 711 jours de détention.
13:45 Il est attendu à Villacoubler, près de Paris, à midi.
13:48 C'est le point final du cauchemar qu'il a enduré pendant deux ans,
13:51 confie sa sœur sur France Info.
13:53 La réforme des retraites adoptée hier soir et la grève se durcit.
13:56 Dans les raffineries, notamment, dans les Bouches-du-Rhône,
13:59 près de 40 % des stations-services sont à sec.
14:02 Le gouvernement va réquisitionner des salariés du dépôt
14:05 de fausses surmères.
14:06 Au lendemain de l'adoption du texte,
14:08 le coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bompa,
14:11 rappelle ce matin sur France Info Emmanuel Macron à être raisonnable.
14:14 Il invite également Elisabeth Borne à partir
14:17 en emportant sa réforme sous le bras.
14:19 Et puis, Kylian Mbappé devient capitaine
14:21 de l'équipe de France de football.
14:22 À 24 ans, l'attaquant du Paris Saint-Germain
14:25 a été désigné par Didier Deschamps pour succéder à Hugo Lloris,
14:28 qui a pris sa retraite internationale après le Mondial au Qatar.
14:31 France Info.
14:36 Les informés.
14:37 Renaud Dely.
14:38 Marc Fauvel.
14:39 Le dernier rapport du GIEC publié hier, Renaud Dely.
14:45 Ce groupe d'experts intergouvernemental
14:47 sur l'évolution du climat,
14:48 lié aux Nations Unies,
14:50 qui publie un nouveau rapport inquiétant, alarmant,
14:52 même sur le réchauffement climatique.
14:55 Il souligne, le GIEC, la menace,
14:58 "pour le bien-être de l'humanité et la santé de la planète"
15:01 qu'incarne ce changement climatique.
15:03 Ce que disait de ce rapport hier sur l'antenne de France Info
15:06 la climatologue Valérie Masson-Delmotte.
15:08 La poursuite des tendances actuelles, ce n'est pas une option.
15:11 Si on voulait vraiment réussir à limiter le réchauffement,
15:14 par exemple à un niveau autour d'un degré et demi,
15:16 il faudrait entre 2020 et 2030, quasiment diviser par deux,
15:20 les émissions mondiales de dioxyde de carbone.
15:23 L'objectif semble extrêmement ambitieux, voire inatteignable.
15:25 Et pourtant, ce rapport n'est pas non plus catastrophiste
15:29 au sens où, s'il est extrêmement inquiétant et alarmant,
15:31 il explique qu'il existe des solutions, des moyens,
15:35 des décisions qui peuvent être prises,
15:37 surtout dans l'urgence, en clair,
15:39 que la décennie à venir, d'ici 2030, est décisive.
15:42 C'est l'analyse que vous faites, vous aussi, Anne Le Gall,
15:44 de ce nouveau rapport, le NIMA.
15:46 Ce coup-ci, c'est une synthèse, je sais, des travaux...
15:49 -Synthèse de 10 000 pages. -Voilà.
15:51 Moins catastrophiste, ce qui ne veut pas dire
15:53 qu'il ne faut rien faire, évidemment,
15:55 mais qu'on pourrait le redouter.
15:56 En fait, effectivement, il y a urgence.
15:58 Nous sommes dans une décennie décisive.
16:01 Pourquoi ? Parce que pour l'instant,
16:02 nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire
16:03 pour rester en dessous de 1,5 ou 2 degrés
16:07 de réchauffement global d'ici la fin du siècle.
16:09 Pourquoi c'est important de rester en dessous de ce seuil ?
16:11 C'est parce qu'au-delà, notamment au-delà de 1,5 degré,
16:15 les impacts sur l'environnement,
16:17 le risque de dégâts irréversibles augmente.
16:19 Il peut y avoir un risque d'emballement du réchauffement.
16:22 Donc, pour garder une planète viable,
16:25 il est important de rester en dessous de ce seuil.
16:27 Ça veut dire, comme le disait Valérie Masson-Delmotte,
16:29 qu'il faudrait réduire nos émissions de gaz à effet de serre
16:32 de 43 % d'ici 2030, de 84 % d'ici 2050.
16:37 Ça veut dire un gros effort d'investissement.
16:40 Mais effectivement, il y a des solutions
16:41 qui ont été identifiées par les scientifiques.
16:43 Les principales, ce serait quoi ? Et c'est quoi ?
16:45 Vous allez me dire qu'on les connaît.
16:46 - On les connaît. - La fin du carburant.
16:49 - En tout cas, la limitation. - Il faut réduire, donc,
16:50 voilà, nos émissions de gaz à effet de serre.
16:52 Ça commence par le fait de ne plus donner d'autorisation
16:56 de gisements de gaz ou de pétrole
16:59 pour réduire la part des énergies fossiles.
17:02 Ça veut dire aussi faire des réformes structurelles
17:05 dans notre modèle alimentaire pour réduire la part de l'élevage,
17:09 consommer davantage de protéines végétales,
17:12 limiter le gaspillage alimentaire.
17:13 Et puis, dans les villes, il y a aussi la rénovation énergétique,
17:17 l'infrastructure des transports,
17:20 le fait de miser davantage sur l'électrique.
17:21 Tout ça, ce sont des solutions très concrètes
17:24 qui nécessitent des investissements,
17:26 mais qui peuvent porter leurs fruits très rapidement.
17:28 - Valérie Acau ?
17:29 - C'est ce que je trouve d'ailleurs intéressant
17:31 avec ce nouveau rapport du GIEC, qui est une synthèse, 38 pages,
17:34 c'est que ça s'adresse, en fait, directement
17:37 aux dirigeants politiques, aux dirigeants économiques,
17:40 et que c'est pas simplement un constat absolument catastrophiste.
17:44 C'est effectivement pas brillant,
17:45 mais l'idée, c'est de présenter des solutions,
17:47 c'est d'essayer d'avancer.
17:48 Et c'est ça qui est bien dans cette démarche.
17:49 Moi, je trouve intéressant, c'est de,
17:52 au-delà du cri d'alarme,
17:54 de mettre tout le monde face à ses responsabilités
17:57 et d'offrir, effectivement, des pistes
18:00 pour aboutir à quelque chose.
18:02 Mais c'est vrai que le chemin à parcourir
18:04 est quand même absolument titanesque, vertigineux.
18:07 La moitié d'ici 2030, c'est dans 7 ans,
18:10 quand on dit 2030, ça parait loin, 7 ans, c'est demain.
18:13 Il faut quand même des investissements
18:15 qui sont 3 à 6 fois plus élevés que ce qu'il y a à l'heure actuelle.
18:17 Donc, c'est un travail d'une ampleur titanesque.
18:21 Et jusqu'à maintenant, la réponse politique
18:23 n'a quand même jamais été à la hauteur des enjeux.
18:25 - Jean-Rémi Baudot. - Il faut du courage.
18:27 En fait, il faut du courage politique.
18:28 C'est très intéressant parce que tout à l'heure,
18:30 vous aviez Manuel Bompard sur votre plateau,
18:31 vous parliez des ZFE, donc ces zones à faible émission,
18:34 qui sont censées permettre de réduire la pollution,
18:37 les gaz à effet de serre dans certaines zones.
18:40 Et lui, en fait, il dit, non, ça ne va pas,
18:43 ça ne peut pas se passer comme ça, etc.
18:44 C'est une loi antisociale.
18:46 Ce qui est très intéressant, c'est que typiquement, là-dessus,
18:48 en fait, il faut du courage politique.
18:49 Parce que, un, qui est la vraie première victime de la pollution ?
18:53 Ce sont ceux qui habitent autour du périph',
18:54 et qui ça ?
18:56 Ce sont les classes les plus populaires.
18:57 Donc, en fait, d'une certaine manière...
18:58 - Qui sont les mêmes que ceux qui ne peuvent pas aujourd'hui
19:00 s'acheter des voitures moins polluantes.
19:01 - Voilà, donc on est dans un paradoxe.
19:02 Mais en fait, tout le rapport du GIEC et toutes ces questions-là
19:06 vont demander du courage politique et de prendre des...
19:08 Et ce n'est pas des mots à l'air, c'est juste prendre des trucs impopulaires,
19:10 des mesures impopulaires.
19:12 - La ZFE et les ZFE. - Ça fera forcément mal.
19:13 - Et ça fera forcément mal.
19:14 Et donc, là, moi, ça me... - C'est difficile à entendre.
19:17 - C'est que je me dis quand même, regardez,
19:19 vous prenez aussi l'exemple des...
19:20 Les eurodéputés écologistes votent à Bruxelles des textes
19:23 avec les libéraux, avec les macronistes,
19:25 et ils ne les votent pas à Paris,
19:26 parce qu'ils sont dans une posture politique différente.
19:29 Il me semble que la gauche, sur beaucoup de ces sujets-là,
19:32 se planque, parce que c'est pas...
19:33 Oui, évidemment que c'est antisocial d'aller dire à des gens
19:36 "Vous ne pouvez plus rouler avec votre vieux diesel."
19:38 Mais il y a un moment, en fait, si on veut que les choses avancent,
19:39 il faut le faire.
19:40 Donc, il faut accompagner la transition écologique,
19:42 et tout le monde le dit, c'est les investissements
19:44 dont vous parliez il y a un instant.
19:45 Mais il y a un moment, en fait, il faut avoir du courage
19:47 et assumer le fait que c'est impopulaire.
19:49 - Et il y a une autre certitude que les scientifiques établissent,
19:53 c'est que plus on attend,
19:55 plus l'effort à accomplir sera important.
19:57 - Mais ça, pardon, ça fait 20 ans qu'on nous le dit.
19:58 - Ça fait 20 ans qu'on le dit, mais...
20:00 - Il y a 20 ans, on nous a dit "On peut y arriver tranquillement
20:01 si on commence aujourd'hui."
20:02 Et en l'occurrence, on n'a pas vraiment commencé il y a 20 ans.
20:04 - Voilà, sauf que la fenêtre d'opportunité
20:06 pour rester en dessous du seuil va se refermer.
20:09 - Et l'autre sujet aussi, c'est que ça s'accélère.
20:11 C'est-à-dire qu'on regarde les échéances se rapprochent quand même
20:14 de plus en plus.
20:15 On n'est plus sur du 2050, c'est du 2040, c'est du 2030.
20:18 Donc il y a vraiment le feu à la maison.
20:20 - Ce qu'on comprend aussi avec ce rapport du GEC,
20:22 qui est fort intéressant, effectivement,
20:23 avec le côté prescriptif, pardon, en tout cas pédagogique,
20:27 c'est qu'il montre à quel point, en fait,
20:29 c'est l'ensemble de nos économies dont il faut repenser le modèle,
20:32 en tout cas en termes d'investissement.
20:34 Parce que ce n'est pas seulement ciblé telle ou telle catégorie,
20:36 telle ou telle... Alors évidemment, il y a le débat sur les ADF d'un côté,
20:39 il y a celui aussi sur le vol des jets privés,
20:40 tout ça est légitime.
20:42 Mais au-delà de ça, c'est l'ensemble des investissements
20:45 qui ont des conséquences sur le climat qu'il faut repenser
20:48 pour aller effectivement en direction davantage de l'éolien,
20:51 du solaire et bien autre, donc avec des masses gigantesques, d'une part,
20:54 et puis à des échelles évidemment internationales,
20:56 planétaires gigantesques, avec des déséquilibres
20:58 entre pays riches et pays pauvres.
21:00 Or, on le sait, l'un des problèmes,
21:02 l'un des écueils auxquels se heurte la décision politique,
21:05 en règle générale, c'est le court-termisme.
21:06 C'est-à-dire que le court-termisme de nos gouvernants
21:08 fait que la prise en compte de cette dimension-là
21:13 est souvent trop négligée.
21:14 Juste un dernier point,
21:15 quelle est l'une des principales inquiétudes ce matin
21:18 d'une bonne partie des Français et du gouvernement d'autre part ?
21:21 C'est le blocage de raffineries et la crainte
21:23 que les automobiles soient secs dans quelques jours.
21:25 Rapport du GIEC sur le climat.
21:27 Oui, on peut encore agir, c'est la lune de votre journal.
21:30 Ce matin, Valérie Hacot, le Parisien,
21:32 aujourd'hui en France, merci à tous les quatre.
21:33 Anne Le Gall, spécialiste environnement,
21:35 Jean-Rémi Baudot, journaliste politique,
21:37 Renaud Delis, les informés, le retour.
21:38 Ce soir 20h, Jean-François Aquillie. D'ici là, très belle journée à tous.
21:41 [Musique]