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00:06Bienvenue dans Les Informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info.
00:09Bonjour Renaud Delisle.
00:10Bonjour Sadia.
00:11Et bonjour à nos informés autour de la table.
00:13Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info.
00:16On vous retrouve aussi tous les matins à 7h24 pour le Brief politique.
00:19Bonjour Victoria.
00:20Bonjour.
00:21Et bonjour à Étienne Girard qui est à vos côtés, rédacteur en chef à L'Express.
00:26Un vote crucial a eu lieu hier à l'Assemblée, Renaud,
00:29le vote sur la partie recette du budget de l'année prochaine.
00:31Et pour la première fois, cette partie recette du budget a été rejetée
00:35par une très nette majorité de l'Assemblée nationale.
00:37En l'occurrence, les groupes qui soutiennent le gouvernement,
00:41le fameux socle commun dont se revendique Michel Barnier,
00:44c'est-à-dire le Bloc central macroniste et LR en particulier,
00:48ont voté massivement contre cette partie recette du budget.
00:51C'est aussi le cas du Rassemblement national et de la plupart des élus du groupe Lyot.
00:55Seuls les élus du Nouveau Front populaire,
00:59donc des différents groupes de gauche, ont voté en faveur de cette partie recette du budget.
01:03Pourquoi ? Parce que, évidemment, cette partie recette n'avait plus du tout,
01:06n'avait plus rien à voir avec la partie initiale, avec le projet initial présenté par le gouvernement.
01:10Il avait été amendé tout au long de la discussion budgétaire,
01:13essentiellement par la gauche qui avait d'ailleurs ajouté
01:15de nombreux prélèvements supplémentaires
01:18pour trouver des recettes supplémentaires et s'attaquer aux déficits.
01:20Un budget qui était même devenu NFP compatible,
01:23ça c'était la formule du président LFI de la Commission des finances, Eric Coquerel.
01:27Donc, ce budget, cette partie recette a été rejetée.
01:30Résultat, c'est la version initiale du projet de loi de finances du gouvernement
01:34qui arrive désormais au Sénat.
01:36Est-ce-à-dire que ce débat parlementaire a été un débat pour rien ?
01:39Voici ce qu'en disait hier, à l'issue de ce vote,
01:42au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
01:44Laurent Saint-Martin qui est précisément le ministre du budget.
01:48J'ai entendu à plusieurs reprises,
01:51la volonté d'une culture de compromis, de coalition
01:55qui ne s'est pas vue pendant l'examen de cette première partie.
01:59Et je voudrais dire que je le regrette au premier chef
02:04et que l'examen du texte au Sénat
02:07se verra alimenté par un certain nombre d'amendements du gouvernement
02:10et qu'il est important que ce débat n'ait pas servi à rien.
02:13Alors, est-ce qu'effectivement le débat au Sénat
02:16sera différent de celui qui vient d'avoir lieu à l'Assemblée nationale ?
02:20Que peut-on attendre de cette nouvelle étape du débat budgétaire ?
02:24Et sur quel point, éventuellement,
02:26le gouvernement peut bouger ou accepter de corriger sa copie ?
02:30Etienne, d'abord, le budget qui est rejeté par les députés,
02:33ça veut dire qu'en fait, ils ont débattu pendant tous ces jours pour rien ?
02:36Pas complètement pour rien, parce que politiquement,
02:39ça permet de mieux comprendre pour le public, pour l'opinion,
02:42les visions économiques.
02:44On a bien compris la vision économique de la gauche.
02:46On a aussi bien compris que le RN n'avait pas vraiment de vision économique.
02:51Hormis ça, effectivement, on a eu en 1940 la drôle de guerre.
02:56Là, c'est un peu le drôle de débat,
02:57puisqu'on passe des jours et des jours à faire des amendements
03:01pour qu'à la fin, il n'en reste rien.
03:04Peut-être qu'il faudra s'interroger sur le fait de changer les règles sur le budget.
03:09Aujourd'hui, la Constitution donne vraiment la primauté au gouvernement
03:14dans la discussion budgétaire,
03:15puisque le rejet profite au gouvernement qui retrouve son texte initial.
03:20En fait, il y a un seul vote qui va compter à la fin,
03:22c'est le vote en dernière lecture sur le budget.
03:26Et tout le reste, quasiment, n'est que littérature ou n'est que politique.
03:31Il ne sera pas amélioration de la loi.
03:33Il faut le dire, Victoria, la version qui a été rejetée hier
03:37n'est pas du tout la version initiale du gouvernement.
03:39Entre temps, le NFP a rajouté 35 milliards d'impôts supplémentaires.
03:44Tout à fait. Et c'est pour ça que, contrairement aux apparences,
03:46ce n'est pas du tout un revers pour le Premier ministre
03:48le fait que ce texte ait été rejeté à l'Assemblée,
03:51puisque c'est la version de l'exécutif de Michel Barnier
03:55qui arrive au Sénat, une version toute propre, non amendée.
03:59Il n'y a pas de rayure, il n'y a rien sur ce texte du gouvernement.
04:02Alors, Michel Barnier pourra quand même rajouter des amendements de son choix.
04:05Il peut les choisir, oui.
04:06Il peut les choisir.
04:08C'est le gouvernement qui a la main sur le choix des amendements
04:10qui arriveront au Sénat.
04:11Et donc, c'est pour ça que ce n'est pas un revers pour Michel Barnier,
04:14même si certains l'accusent d'avoir laissé pourrir les débats à l'Assemblée.
04:19Certes, il a entre guillemets les mains propres,
04:21puisqu'il n'a pas utilisé de 49.3 pour l'instant.
04:23Il ne donne pas la même image qu'Elisabeth Borne
04:25à la même période où elle avait dégainé 49.3 sur 49.3.
04:29Mais laisser pourrir les débats,
04:31il y a aussi une réflexion à avoir sur l'enjeu démocratique
04:34autour de cette stratégie.
04:37Et donc, c'est ce sur quoi tentent de jouer aussi les députés après ce débat.
04:42Laisser pourrir les débats parce qu'en fait,
04:44tous les députés du Bloc central,
04:45en fait, ils ont brillé par leur absence pendant ces débats-là.
04:48Sur le fond, de part et d'autre,
04:50l'attitude de ce qui s'est produit pendant plusieurs semaines
04:52à l'Assemblée nationale sur le projet de loi de finances est désolante.
04:56Si on remonte juste un tout petit peu le film en arrière,
04:59si on revient aux résultats des élections législatives
05:01partielles anticipées du mois de juillet,
05:04l'absence de majorité absolue, très nette,
05:06le fait qu'il n'y avait pas de majorité à l'Assemblée.
05:08Souvenez-vous, un certain nombre d'observateurs
05:09et même de responsables politiques,
05:10la main sur le cœur disaient,
05:12cette fois-ci, ça y est, le pouvoir change de siège en quelque sorte.
05:16Tout va se passer à l'Assemblée nationale.
05:18La politique va se faire à l'Assemblée nationale.
05:21On va assister à une reparlementarisation du débat politique.
05:24C'est exactement l'inverse qui se produit.
05:26C'est-à-dire qu'on franchit un pas supplémentaire
05:28dans la décrédibilisation du Parlement
05:31et la responsabilité est totalement partagée.
05:33D'un côté, effectivement, Michel Barnier,
05:36le Premier ministre, le gouvernement
05:37et le fameux socle commun ont laissé pourrir les débats,
05:41pour reprendre cette formule.
05:42Et de l'autre côté, la gauche a tout fait pour pourrir les débats.
05:45C'est-à-dire que d'un côté, effectivement,
05:47nombre de députés du bloc central macroniste ou de LR
05:51ont brillé par leur absence, comme vous l'avez dit,
05:54pour laisser passer en quelque sorte des amendements tous plus farfelus
05:58ou plus loufoques les uns que les autres,
05:59avec une addition fiscale absolument démesurée.
06:03De l'autre côté, la gauche a fait mine de bomber le torse
06:06à chaque fois qu'elle a réussi à faire passer un amendement,
06:08en disant, regardez, regardez, regardez, on est majoritaire,
06:10c'est nous qu'on a gagné, si j'ose dire.
06:12Sauf qu'à l'arrivée, on l'a vu encore hier,
06:13puisqu'il y a une majorité qui s'est nette,
06:15qui s'est exprimée contre cette partie recette
06:19du projet de loi de finances.
06:20Il n'y a pas de majorité de gauche absolue à l'Assemblée nationale,
06:22comme il n'y a pas plus de majorité absolue
06:24pour soutenir Michel Barnier.
06:26Et résultat, au lieu d'aller effectivement, peu ou prou,
06:29quinqua, vers une espèce de culture de la discussion,
06:31voire du compromis, ce que les gens raisonnables espéraient
06:35à l'issue des législatives de juillet dernier,
06:36il se produit l'inverse, c'est-à-dire un cirque pendant des semaines
06:39qui effectivement ne sert à rien, en tout cas,
06:41puisqu'à l'arrivée, tout le monde attend quoi ?
06:43Le 49-3, qui finira bien par être enclenché par Michel Barnier
06:47à l'issue de cette vraie fausse discussion budgétaire.
06:49Victoria, c'est pourtant ce qu'avait promis Michel Barnier
06:51lors de sa déclaration de politique générale,
06:53une nouvelle méthode à l'Assemblée qui ne s'est pas produite,
06:55on le voit là.
06:56Et finalement, est-ce qu'il voulait vraiment se compromis ?
07:00Il faut être deux, quoi.
07:02Il faut être deux, bien sûr, mais est-ce qu'il...
07:04Enfin, très concrètement, il n'a pas ouvert de porte,
07:07il n'a pas mis ou accéléré un débat, par exemple, avec des députés,
07:12il n'a pas tendu la main à certains groupes,
07:15et même au sein de son propre socle commun,
07:17on voit qu'en laissant, par exemple, à Laurent Wauquiez
07:20annoncer ce geste sur les petites retraites,
07:24on voit que même au sein de son socle commun,
07:27il a réussi à faire ce travail de consensus et d'apaisement.
07:32Un mot quand même sur le Rassemblement National,
07:34parce que dans les amendements qui ont été votés à l'Assemblée
07:37pendant les débats, il y a des amendements qui ont été soutenus
07:40par le Rassemblement National.
07:42Le Rassemblement National qui, à la fin,
07:44ne vote pas le budget recette.
07:46Incompréhensible.
07:48Dans le Rassemblement National, tout est étonnant,
07:50tout est paradoxal dans cette discussion budgétaire.
07:53Ce qui apparaît au grand jour, c'est qu'ils ne savent plus très bien
07:57où ils habitent sur le plan économique.
07:59Sur l'immigration, ils savent très bien.
08:01Sur le reste, ça paraît plus compliqué.
08:02Il y a deux lignes.
08:03En réalité, c'est ce qu'on a bien perçu.
08:06Il y a une ligne qui semble être la ligne originale de Marine Le Pen,
08:10portée aujourd'hui par Jean-Philippe Tanguy,
08:13qui est une ligne plus sociale,
08:15qui peut souvent, sur beaucoup de combats,
08:18se rapprocher de la ligne portée par le Nouveau Front Populaire.
08:21D'ailleurs, certains amendements ont été votés de concert, vous le disiez.
08:26Il y a une autre ligne qui est un peu moins représentée
08:29dans le groupe à l'Assemblée Nationale,
08:30qui, on le rappelle, est présidée par Marine Le Pen,
08:33mais qui s'est exprimée notamment par des tribunes
08:35et qui va s'exprimer dans les jours suivants
08:37parce qu'il y a un certain livre qui vient de sortir.
08:40C'est celle de Jordane Bardella.
08:42Quand on écoute Jordane Bardella parler d'économie,
08:44on a parfois l'impression d'entendre Emmanuel Macron en 2017.
08:49On parle de libérer les énergies, de la croissance.
08:52Ça n'a rien à voir et ils ont besoin,
08:55si on a un petit conseil à leur donner,
08:57c'est qu'ils organisent un séminaire,
08:59un grand débat parlementaire à l'intérieur du RN
09:06et qu'ils se mettent d'accord sur une ligne.
09:08Parce que là, c'est assez terrible,
09:10sur ce qu'ils ont présenté comme impréparation
09:13à gouverner de façon économique et à présenter un budget cohérent.
09:16Encore plus qu'Emmanuel Macron en 2007.
09:18Ce qui est assez surprenant dans le fameux livre de Jordane Bardella
09:21que vous évoquez, c'est la référence à Nicolas Sarkozy en 2007.
09:24Il est très clairement le modèle de Jordane Bardella
09:26et il s'en revendique.
09:27Il avoue une forme de nostalgie, en tout cas.
09:29Ce qu'il jure, pour le moins, avec ce qu'a toujours dit
09:32le Front National devenu Rassemblement National
09:34et la famille Le Pen, père et fille.
09:38C'est assez, effectivement, un grand écart.
09:41Et puis, à l'Assemblée Nationale,
09:43il y a des postures encore plus tacticiennes
09:46que celles des autres groupes,
09:47qui pourtant ne manquent pas d'esprit d'invention sur le plan tactique.
09:50Ou effectivement, jusqu'à la dernière seconde,
09:52on se demande un peu de quel côté la pièce va tomber.
09:55Le Rassemblement National choisit ses positions
09:57sur tels ou tels amendements
09:58en fonction des positions des autres
10:00et non plus en fonction de ses éventuelles convictions.
10:02Mais on sait qu'effectivement,
10:04le corpus économique et social du RN est accessoire
10:07au regard de l'identité de ce parti
10:09qui est obnubilé par la question identitaire et par l'immigration.
10:12Juste deux mots sur le budget recette qui arrive au Sénat.
10:15Majorité de droite, c'est beaucoup plus facile pour Michel Barnier ?
10:19A priori, là, il y a une nette majorité au Sénat,
10:21effectivement, qui soutient Michel Barnier.
10:23Et donc, là, le gouvernement reprend la main.
10:25Il y a un certain nombre d'amendements
10:26ou d'aménagements qui sont envisageables.
10:27On sait qu'hier, Michel Barnier a laissé la porte entre-ouverte
10:30à une éventuelle clause de revoyure
10:31sur l'augmentation des taxes sur le prix de l'électricité.
10:33Là encore, d'ailleurs, une concession affichée
10:35comme étant à une demande de Laurent Wauquiez.
10:38Il y a aussi la question peut-être de taxer davantage
10:40et surtout plus longtemps les privilégiés.
10:43Laurent Saint-Martin, de mise de budget, s'est dit hier,
10:45pourquoi pas, favorable à la proposition du Modem
10:47de prolonger la contribution demandée aux plus aisés,
10:50prévue dans ce cas du budget 2025, peut-être, par exemple,
10:53jusqu'à ce que le déficit se réduise à 4% du PIB.
10:56Bref, il y a un certain nombre d'amendements
10:58qui sont susceptibles d'être intégrés au texte
11:00avec validation du gouvernement et de la majorité sénatoriale.
11:02Le problème, c'est qu'ensuite, le texte reviendra, évidemment...
11:05À l'Assemblée.
11:06Voilà, à l'Assemblée, puis en commission mixte paritaire.
11:08Et donc, on sait qu'il y a très peu de chances
11:10que ce budget échappe finalement au 49-3.
11:13Dans un instant, on va continuer de parler argent,
11:15mais cette fois-ci, dans le domaine de la santé particulièrement,
11:18puisqu'il y a plusieurs mesures qui vont arriver,
11:20on en parle dans un instant avec 9h17.
11:23Après le passage du fil à 9h17, c'est Marine Clete.
11:29L'homme le plus riche du monde, ministre aux Etats-Unis,
11:32Donald Trump nomme Elon Musk à la tête du ministère
11:35de l'Efficacité gouvernementale.
11:37C'est une création du président élu.
11:39Le patron de Tesla, SpaceX ou encore du réseau social X
11:42sera chargé de démanteler la bureaucratie,
11:45de supprimer les réglementations excessives
11:47et de réduire les dépenses inutiles.
11:49La vigilance est considérable aujourd'hui à Valence, en Espagne.
11:52La région est en alerte orange pour de fortes pluies toute la journée.
11:55Les écoles des villes déjà touchées par les inondations
11:58il y a deux semaines sont fermées.
12:00En France, une mère de famille toujours activement recherchée
12:03ce matin en Haute-Savoie.
12:05Hier soir, ses trois enfants ont été retrouvés morts
12:07dans un logement à Taninge.
12:09Ils ont entre 2 et 13 ans.
12:11Tous portent des plaies par armes blanches.
12:13Le maire de Bordeaux décide finalement
12:15d'armer une partie de sa police municipale.
12:17Il disait ne pas vouloir être maire-shérif.
12:19Mais la décision est prise face aux crimes et délits
12:22qui ont fortement augmenté, dit Pierre Urmic.
12:25Une cinquantaine de forces de l'ordre formées spécifiquement
12:28est dans les rues dès l'année prochaine.
12:30Et puis, à vier aux amateurs de course automobile,
12:32la billetterie pour les 24 heures du Mans
12:34ouvre ce matin à peu près 330 000 places
12:37mises en vente tout à l'heure à partir de 10h.
12:51De retour sur le plateau des informés avec Victoria Cusa,
12:53journaliste au service politique de France Info.
12:55Avec Étienne Girard, aussi rédacteur en chef à L'Express.
12:58Et Renaud, en matière de santé,
13:00le gouvernement cherche aussi des économies.
13:02Oui, parce qu'il n'y a pas que le projet de loi de finances
13:05pour égayer la discussion parlementaire,
13:06il y a aussi le projet de loi de finances
13:08de la sécurité sociale,
13:10le financement de la sécurité sociale, le fameux PLFSS,
13:13qui vise à indiquer des objectifs
13:15en matière de dépenses de santé.
13:17Ce texte-là arrive aussi au Sénat,
13:19mais en l'occurrence en commission des affaires sociales.
13:21C'est aussi d'ailleurs la version initiale
13:23du gouvernement qui arrive au Sénat.
13:25Pourquoi ? Parce que les députés n'ont pas pu mener
13:27la discussion à son terme à l'Assemblée nationale.
13:31Le PLFSS vise à contenir les dépenses de santé
13:35dans une augmentation de l'ordre de 2,8%
13:38après un fort dérapage l'année dernière
13:40qui a finalement amené le déficit
13:42de la sécurité sociale jusqu'à 18 milliards d'euros.
13:45Mais comment faire des économies d'un côté
13:48et puis remédier à la crise profonde
13:50des professions de santé,
13:52en particulier de l'hôpital public,
13:54pour évidemment léser les patients ?
13:56Voilà la quadrature du cercle
13:58à laquelle se heurte le gouvernement.
14:00Et voici ce qu'on disait il y a quelques minutes sur ce plateau.
14:02Geneviève Dariosset, qui est la ministre de la santé
14:04et de l'accès aux soins.
14:06Il y a urgence à redresser la barre effectivement
14:08et à revenir dans une épure plus acceptable
14:11pour nos finances publiques.
14:13Mais on voit bien qu'il y a des besoins
14:15aussi qui sont là.
14:17Des besoins en termes de santé,
14:19des besoins pour couvrir l'évolution des hôpitaux,
14:23pour prendre en charge
14:25les soins de maladie.
14:27Donc il faut que nous trouvions
14:30le bon curseur et le bon niveau.
14:32Alors quelles économies, quels efforts
14:34et quels efforts pour qui ?
14:36On évoque l'augmentation de la consultation
14:38à 30 euros dès le mois de décembre.
14:40La crise du personnel aussi,
14:43la crise des vocations
14:45avec un nombre d'internes en baisse.
14:47Avec des économies globales
14:49qui sont chiffrées autour de
14:514 à 5 milliards d'euros.
14:53Avec aussi la baisse du prix des médicaments,
14:55de certains dispositifs médicaux,
14:57du plafond de prise en charge, etc.
14:59Ou aussi la remise en cause du jour
15:01de carences pour les fonctionnaires.
15:03Est-ce qu'on peut remédier dans le contexte
15:05budgétaire extrêmement difficile qu'on connaît
15:07à la crise des professions de santé
15:09en général et de l'hôpital public en particulier ?
15:11Difficile de trouver des économies
15:13quand il y a des besoins sérieux.
15:15Très clairement.
15:17On ne peut pas toujours faire mieux
15:19avec moins, notamment dans la santé publique.
15:21Michel Barnier a dit que c'est une priorité
15:23la santé publique lors de son discours
15:25de politique générale.
15:27On voit bien qu'ils ne sont pas
15:29totalement...
15:31Ils ne sont pas sanctuarisés
15:33des efforts. Il y a deux types d'efforts.
15:35Il y a ceux qui touchent les patients,
15:37comme l'augmentation du prix de la consultation.
15:39Et ceux qui touchent les fonctionnaires
15:41en eux-mêmes.
15:43Et c'est à mon avis sur ce type d'effort
15:45qu'on risque de se heurter à d'immenses difficultés
15:47sur le jour de carence
15:49et le moindre
15:51remboursement des arrêts maladie.
15:53Il y a une vraie difficulté parce qu'il y a
15:55un absentéisme dans l'hôpital public
15:57qui est grandissant, qui allait
15:59jusqu'à 18 jours
16:01par an et par agent en 2022.
16:03C'est énorme.
16:05Et si on n'arrive pas
16:07à redresser la barre en termes
16:09d'attractivité de ce type
16:11de métier, on risque
16:13d'être dans une situation encore plus
16:15confortable. Par exemple,
16:17en termes d'urgence,
16:19puisque si les gens ne viennent pas
16:21travailler, c'est mécanique,
16:23il y a des services d'urgence
16:25qui ne peuvent plus accueillir
16:27autant de personnes.
16:29Un chiffre, moi, qui m'a
16:31interpellé,
16:33la baisse des internes
16:35de 7% en moins.
16:373510 en moins, oui.
16:39Pour cette année.
16:41Il y a en plus un vrai problème
16:43structurel qui est que
16:45c'est anormal.
16:47Dans les services hospitaliers,
16:49on a besoin des internes.
16:51Et c'est déjà, dans cette situation,
16:53il y a quelque chose qui devrait tous nous interpeller
16:55parce que les internes, c'est des étudiants
16:57qui doivent travailler
16:59comme n'importe quel médecin
17:01et ils ne sont pas aussi
17:03formés que n'importe quel médecin.
17:05Si on se retrouve dans une situation désastreuse
17:07parce que des internes manquent,
17:09en termes de
17:11signal, ça nous explique bien
17:13qu'on est arrivé au bout
17:15d'un système et qu'il faut
17:17se réveiller et qu'il faut prendre les mesures
17:19qui conviennent.
17:21Politiquement,
17:23le risque pour Michel Barnier, c'est de faire
17:25d'une priorité, justement, la santé publique.
17:27Il fait à la fois,
17:29pour lui, c'est une priorité, la santé mentale également.
17:31Sauf qu'à la fin, en
17:33faisant plein de priorités, il ne risque
17:35que de décevoir en bout de course.
17:37Et surtout, quand on regarde de plus près le budget,
17:39notamment pour l'hôpital public, effectivement,
17:41le budget ne baisse pas,
17:43il se stabilise, mais les besoins augmentent,
17:45les urgences restent saturées.
17:47La Fédération hospitalière de France, elle demande 6% d'augmentation.
17:49Là, la ministre, elle a dit non.
17:51C'est très compliqué dans la conjoncture
17:53actuelle. On a un peu l'impression que le gouvernement est sur une coque
17:55avec des trous
17:57et la coque prend l'eau, à la fois crise
17:59de l'hôpital et il y aura bientôt la crise agricole
18:01qui va revenir. En fait, il va falloir
18:03aussi faire des choix
18:05et il faut de l'argent.
18:07On voit que les choses sont très compliquées.
18:09La situation à l'hôpital qui est compliquée, vous l'aviez
18:11dit, Renaud Dely, il y a la consultation
18:13chez le généraliste qui va augmenter
18:15au mois de décembre, 30 euros, et le risque
18:17que la Sécurité sociale
18:19prenne en charge moins, en fait,
18:21avec l'étiquette modérateur.
18:22Absolument. La crise, elle est globale.
18:24Elle nous est apparue au grand jour,
18:26de façon spectaculaire, au moment de la crise du Covid.
18:28On l'a vu, c'est-à-dire qu'elle concerne
18:30l'hôpital public, mais pas seulement.
18:32Elle concerne l'organisation globale des services
18:34de santé, il y a aussi la question des déserts
18:36médicaux qui s'opposent avec
18:38force. Donc,
18:40il y a une paupérisation globale
18:42au regard des besoins, il y a une crise
18:44des vocations, il y a un manque de bras. Il suffit
18:46aujourd'hui d'essayer d'avoir un rendez-vous
18:48chez le médecin ou avec des spécialistes,
18:50ou d'aller à l'hôpital pour constater
18:52à quel point, effectivement,
18:54il y a un manque de
18:56personnel. Et il y a d'un côté
18:58évidemment la question des financements
19:00qui s'opposent, mais on l'a vu aussi à l'issue de la crise du Covid,
19:02il y a eu le Ségur de la santé, il y a eu un certain
19:04nombre de grandes annonces
19:06spectaculaires, qui pour certaines ont été suivies des faits,
19:08mais pas toutes. Et puis, avec le fait aussi,
19:10et même Laurence Amartin l'avait reconnue lors d'une audition
19:12au Parlement en commission
19:14il y a quelques semaines, que tout n'a pas été
19:16financé dans le Ségur de la santé. Il y a aussi
19:18des annonces qui ont été faites sans
19:20qu'on tienne forcément compte des financements, d'où les déficits
19:22publics qui se creusent aussi dans
19:24ce domaine-là. Donc, il y a la question du
19:26financement global, de l'enveloppe
19:28globale, il y a la question de la répartition et de l'organisation,
19:30c'est un serpent de mer, l'organisation
19:32du système de santé français.
19:34Mais, on sait que le chantier
19:36a été ouvert, mais on est très très
19:38loin d'être au bout, et pour ça, il faut
19:40du temps, évidemment, or il y a des urgences.
19:42Et puis, il y a la question de la responsabilisation
19:44aussi, d'un certain nombre d'acteurs,
19:46et y compris des patients,
19:48dans un certain nombre de comportements
19:50collectifs. Alors, ça peut
19:52passer par l'augmentation
19:54du coût de tel ou tel
19:56type de consultation, bien sûr.
19:58Et ça peut passer par
20:00un certain nombre de prises en charge
20:02un peu plus, justement,
20:04à la charge des patients,
20:06mais c'est extrêmement difficile de
20:08réformer ce système, tout en essayant
20:10d'abord de maintenir un peu l'exception
20:12française, c'est-à-dire quand même le très faible
20:14coût pour le patient, au regard de
20:16nos voisins, il faut quand même mesurer à quel point
20:18le système français est extrêmement
20:20peu cher, voire
20:22bien souvent gratuit. Et puis, il faut
20:24évidemment qu'il soit à la fois
20:26performant, efficace et juste.
20:28Et donc, combiner tous ces
20:30impératifs dans le contexte budgétaire qu'on connaît,
20:32c'est vrai que ça semble extrêmement
20:34complexe. – Etienne, vous parliez de la réaction
20:36des fonctionnaires si, justement, leur régime
20:38était aligné sur celui du privé en ce qui concerne les
20:40arrêts maladie, ce serait trois jours pour tout le monde,
20:42avec en plus une baisse du
20:44plafond de l'indemnité
20:46journalière.
20:48L'autre point chaud, c'est
20:50effectivement, je le disais, cette consultation
20:52qui va passer à 30 euros, le risque
20:54que la Sécurité Sociale rembourse
20:56moins. Et donc là, ce seront les complémentaires
20:58santé qui prendront en charge.
21:00Et là, ça va toucher tout le monde, c'est-à-dire
21:02augmentation des prix pour tout le monde. – Tout à fait.
21:04Il y a du gras nulle part. De toute façon, il faut trouver de l'argent,
21:06il y a du gras nulle part. – Et tout est payant.
21:08– Voilà. Donc, qui va payer
21:10à la fin ? Ce sera soit
21:12les agents, soit les patients, soit les deux.
21:14Étant donné l'état du secteur,
21:16la souffrance qui s'exprime,
21:18il y a de fortes chances pour qu'à la fin,
21:20on verra sur ces trois jours de carence,
21:22pour l'instant, le gouvernement n'a pas reculé, ça s'appliquera
21:24à tous les fonctionnaires, qui seront
21:26à ce moment-là, moins bien traités que
21:28quand même 70% des salariés du
21:30privé, pas tous, mais 70%,
21:32parce qu'il y a des accords de branche qui permettent
21:34que l'entreprise
21:36règle la différence.
21:38Il y a de fortes
21:40chances pour que ce soit le patient,
21:42que ce soit tout le monde qui règle
21:44à la fin la facture
21:46pour faire rentrer les comptes,
21:48non pas dans le vert, mais un peu moins dangereux.
21:50– Victoria ? – Ce qui peut amplifier aussi cette souffrance,
21:52c'est le manque de cap.
21:54On a eu six ministres de la santé en l'espace
21:56de deux ans, et il faut imaginer un peu
21:58dans quel bateau sont embarqués tous ces professionnels
22:00de santé. Donc oui,
22:02manque de cap qui s'ajoute
22:04à ce manque d'argent
22:06pour pouvoir faire leur travail
22:08comme il faut. – Et là encore,
22:10on va suivre les débats sur le PLFSS, le plan,
22:12le projet de loi de financement
22:14de la sécurité sociale.
22:16Merci beaucoup à tous les trois.
22:18Victoria Koussa, journaliste au service politique
22:20de France Info, je rappelle le brief politique,
22:22tous les matins à 7h24.
22:24Merci Etienne Gérard, rédacteur en chef
22:26à L'Express. L'Express,
22:28dont la une de la semaine
22:30est portée sur l'avenir
22:32de l'Ukraine, l'heure de vérité
22:34après l'élection de Donald Trump à la tête
22:36des Etats-Unis. Pour ceux qui ne savent pas encore,
22:38Etienne, on le retrouve où, L'Express ?
22:40– C'est le dernier jour de vente, donc courez,
22:42lâchez dans tous les bons kiosques de France,
22:44c'est impératif et urgent.
22:46– C'est le dernier jour parce qu'il n'y en a plus après ?
22:48– On change de couverture avec une interview.
22:50À partir de demain en vente,
22:52je ne vous dis pas de qui,
22:54mais vous allez être très surpris.
22:56– Il fait des teasings en plus.
22:58On a hâte beaucoup de savoir.
23:00Merci beaucoup Renaud.
23:02Les informés du soir, c'est Un Vateur
23:04avec Jérémy Baudot et Agathe Lombret.

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