Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1
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00:00Catherine Ney est avec nous également, bonjour Catherine. Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Alors Catherine, l'ombre de Donald Trump
00:06réélu cette semaine aux Etats-Unis plane sur Budapest où étaient réunis hier les dirigeants de la Grande Europe, aujourd'hui ceux du Conseil Européen
00:13réunis à l'invitation de Viktor Orban qui préside pour six mois l'Union Européenne.
00:17Oui, quelle ironie ! D'abord que ces rencontres se tiennent sur un stade de foot, quel est le symbole, et puis c'est le plus
00:24trumpiste dirigeant européen qui a salué son comeback comme victoire essentielle
00:30pour la planète, mais pour l'Europe. Est-ce que ce sera l'occasion de serrer les rampes pour agir ensemble ou au contraire
00:35chacun va-t-il tenter de jouer sa carte personnelle pour s'attirer les bonnes grâces ?
00:39Tous ont déjà félicité le vainqueur, et Emmanuel Macron le premier, avant même la proclamation officielle des résultats
00:46par un tweet en prévenant Olaf Scholz qui aussitôt a fait le sien, au moment où sa coalition
00:53explosait avec le limogège du ministre des Finances. Et vous savez pour quelle raison ? Et bien figurez-vous c'était son refus obstiné
00:59de laisser filer la dette pour financer l'industrie, les dépenses militaires, au moment où la France, elle, en a trop laissé filer.
01:06Voyez, vérité en deçà, erreur au-delà, comme on dit.
01:09Alors Olaf Scholz d'ailleurs n'est pas venu à Budapest.
01:12Non, son opposant de la CDO lui demande d'organiser vite des élections au plus vite, est-ce qu'on ira bientôt, adieu Olaf ?
01:19Mais en tous les cas, il n'y a plus de couple franco-allemand.
01:22Ça n'a d'ailleurs jamais été très fort entre
01:24Emmanuel et lui, ça n'était pas deux âmes qui vibraient à l'unisson. Et de fait, le temps, vous voyez, des De Gaulle à Donauer,
01:30Giscard Schmitt, Mitterrand Call, Chirac-Schröder, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel,
01:36ce sont eux qui ont fait avancer l'Europe. Mais on est passé de 6 à 27.
01:41Mais c'était la France qui amenait des idées, ça c'est vrai. Et Valéry Giscard d'Estaing, en 75, osait dire à la télévision
01:47« Mon idée fondamentale, c'est que la supériorité de la France est la supériorité de l'esprit, pas de la force, non,
01:55de l'économie non plus, mais c'est le pays qui conçoit le mieux les problèmes de son temps et apporte les solutions les plus imaginatives.
02:03Vous comprenez, après,
02:05la réputation d'arrogance des Français n'est pas usurpée. »
02:09Alors Emmanuel Macron, lors de ce sommet à Budapest, a exhorté les participants à jouer ensemble.
02:14Oui, d'ailleurs, c'est lui qui est à l'origine de ces réunions des dirigeants de la grande Europe, 47 pays,
02:20mais exclus, hormis la Russie et la Biélorussie, et 700 millions d'habitants, des consommateurs.
02:26Alors son discours, c'est qu'avec l'arrivée de Trump, on ne peut plus déléguer notre sécurité aux Américains, qu'il faut créer d'abord plus, évidemment,
02:33de défense, créer aussi une préférence européenne pour l'industrie, pour se protéger,
02:38et aider l'Ukraine. « Notre intérêt, dit-il, est que la Russie ne gagne pas la guerre. »
02:43« Il a même glissé la métaphore du monde divisé entre herbivores qui se font manger par les carnivores, lui proposant aux Européens d'être des omnivores. »
02:50Mais est-ce qu'il a convaincu ses partenaires ?
02:52Écoutez, quand on l'écoute, vous voyez, on se dit, surtout quand il ne parle pas trop longtemps,
02:57que quand il ne sera plus président,
02:59quel est le leader capable en France de tenir un discours sur l'Europe aussi construit ? Mais depuis la dissolution,
03:05il faut bien dire que sa parole est démonétisée, parce qu'il s'est fait hara-kiri tout seul en perdant le pouvoir sur la scène intérieure.
03:12Une décision totalement incomprise de tous ses partenaires, qui jugent que c'est infantile.
03:17Et puis, la semaine prochaine, il entame la deuxième partie de son quinquennat.
03:21Alors déjà, tout de même, la Pologne, le Royaume-Uni, désirent avec lui la défaite de la Russie, mais on voit bien que la Hongrie, la Slovaquie,
03:28et même l'Allemagne, pardon, espèrent toujours la conclusion d'un cessez-le-feu.
03:34Alors, pour l'Ukraine, Donald Trump, justement, lui devrait conditionner son aide à l'entame de négociations.
03:39Alors, vous vous souvenez de Trump promettant de régler le problème en trois jours.
03:43Vladimir Poutine ne lui a pas envoyé de tweet pour le féliciter de son élection,
03:48mais il paraît que les deux hommes vont se voir. Mais il s'est exprimé en public,
03:52Poutine, et il a fait son éloge pour dire combien il avait admiré son courage
03:57lorsqu'on lui avait tiré dessus, et la façon dont il s'était relevé tout seul en criant « Fight, fight ! »
04:02« J'ai vu un homme », a-t-il dit. Comprenez, respect, mais avec Poutine, il n'y a jamais de cadeaux gratuits.
04:08On a aussi fait part, bien sûr, à Donald Trump de ce compliment, et on sait bien,
04:13Poutine le sait, que c'est un homme qu'il ne déteste pas, qu'on le flatte, et qu'on peut aussi obtenir beaucoup de lui.
04:19Illustration de la fable du corbeau et du renard, mais s'il propose à Poutine les termes d'un cessez-le-feu convenu avec Kiev et les alliés européens,
04:26cela voudrait dire aussi que Poutine ne pourrait plus poursuivre sa lente guerre d'usure,
04:31comme si de rien n'était, en s'emparant de tout ce qu'il peut, et en détruisant le reste qui est sa vraie...
04:38c'est ça ce qu'il veut faire.
04:40Signature européen, Catherine Ney. Merci beaucoup, Catherine. Il n'a pas trop parlé hier soir, Emmanuel Macron, justement.
04:4620 minutes, et c'est pour ça qu'on a retenu ce qu'il disait alors que son dernier discours, qui avait duré deux heures, nous avait assommé,
04:52et qu'on n'a plus rien retenu.
04:54Merci beaucoup Catherine, à la semaine prochaine.