Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00Alors Catherine Ney est avec nous sur Europe 1 comme tous les vendredis, bonjour Catherine !
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:05Alors vous nous parlez ce matin Catherine de la visite d'état d'Emmanuel Macron à Rabat au Maroc cette semaine,
00:09alors il serait dommage de n'en retenir que la présence de l'humoriste Yassine Belatar
00:15parce que ce voyage, vous nous dites Catherine, a été un grand succès pour Emmanuel Macron.
00:19Oui et le pédigré du si peu drôle humoriste Belatar ne fait honneur ni à la France où il est né,
00:24ni au Maroc d'où il vient, il n'aurait d'ailleurs jamais dû être présenté au roi dans cette tenue relâchée
00:28qui était un manque de respect, qui était douloureux pour les Marocains
00:31mais ses commentaires étaient minables, on ne sait toujours pas qui l'a invité à l'Elysée.
00:35Alors l'essentiel de ce voyage, dites-vous Catherine, c'est quand même la réconciliation entre Paris et Rabat
00:40après sept années de glaciation.
00:42Il faut dire que dès 2017, le roi Mohamed VI, commandeur des croyants,
00:46qui est à la tête d'une des plus anciennes monarchies du monde,
00:49s'étonnait d'être tutoyé et voire palpé par ce jeune président désinvolte.
00:53Voilà, il était étonné.
00:55Mais il y a eu surtout la bombe Pegasus, ce logiciel espion israélien
01:00que le Maroc aurait utilisé pour cibler le portable personnel du chef de l'état français
01:05que lequel Furieux avait appelé le roi, qui bien sûr avait nié.
01:09Mais vous mentez ou vous ne savez pas ce qui se passe chez vous ?
01:12Personne ne lui avait jamais parlé comme ça.
01:15Le roi lui avait raccroché au nez une brouille de sept ans.
01:18Alors autre sujet de brouille, le roi du Maroc ne comprenait pas
01:22le tropisme d'Emmanuel Macron sur l'Algérie.
01:24En 2017, en visite à Alger, le candidat Macron, pour séduire ses hôtes,
01:29avait qualifié la colonisation de crime contre l'humanité au désespoir des pieds noirs.
01:34Il faisait le pari que, né 15 ans après la fin de la guerre d'Algérie,
01:37il pourrait rebâtir une relation confiance.
01:39Donc il a multiplié les gestes de repentance, les genoux flexions,
01:42sans être jamais payé de retour.
01:45L'acmé de l'humiliation fut son dernier voyage à Alger au mois d'août 2022.
01:51Au moment où les Algériens venaient de choisir l'anglais comme deuxième langue,
01:56et plus le français, mais enfin ils l'invitaient parce qu'ils venaient d'être élus.
02:00Et là ils lui ont joué une comédie où on allait signer des accords de coopération
02:04économiques, culturels.
02:06Théboune et lui se montraient mimant le grand amour,
02:08enfin ils allaient s'embrasser sur la bouche presque.
02:10Et les Algériens ne voulaient en fait que des visas.
02:14Ce qu'ils voulaient comme ils appellent la mobilité positive.
02:17Alors quelques jours plus tard, fin août,
02:19le roi du Maroc, dans un grand discours,
02:22demandait à la France de clarifier sa position sur le Sahara occidental.
02:27Oui parce qu'Alger soutient la rébellion au Sahara,
02:31donc il demandait à Macron de choisir son camp.
02:35Ce qui fut fait en août dernier, il suffisait d'une lettre,
02:38d'ailleurs aussitôt Alger a appelé son ambassadeur,
02:40qui n'est toujours pas revenu.
02:42Mais le retour en grâce a eu lieu pendant ce voyage,
02:45avec un fastinoui, le roi, son fils, le prince héritier,
02:48sa fille attendait le couple présidentiel,
02:50au bas de l'avion, sur un long tapis rouge.
02:53Et puis il y a eu le trajet à bord dans des limousines d'apparat,
02:56650 000 Marocains qui manifestaient leur joie sur le parcours.
03:01Il y a eu deux arrêts pour aller serrer les mains,
03:04parce qu'on sait que c'est le péché du président.
03:06Et puis ça a été tout le long un accueil majestueux,
03:10chaleureux, un long tête-à-tête,
03:12qui s'éclot par la signature de 22 contrats
03:16pour les entreprises françaises,
03:18avec quand même un montant pharaonique
03:20de 10 milliards d'euros.
03:21En comparaison, les signatures avec l'Algérie
03:23n'ont jamais débouché sur quelque chose.
03:25Bon, les députés marocains lui ont fait aussi
03:28une ovation au président,
03:30puisqu'il a confirmé sa position sur le Sahara,
03:33qui est la grande cause nationale.
03:35Nous écrivons ensemble une autre histoire,
03:37a dit le président,
03:38pendant que Bruno Retaillot
03:40tissait lui aussi des liens de confiance
03:42avec son homologue.
03:44Et puis il y a eu ce dîner d'État somptueux,
03:47où tout le monde s'avouerait ce moment,
03:49parce que depuis des mois, en réalité,
03:51tous les amis du Maroc,
03:52de droite, de gauche et politique, des diplomates,
03:55œuvraient à cette réconciliation,
03:57et le fait que le roi sera invité à Paris en 2025.
04:02Alors, morale de ce voyage marocain, Catherine ?
04:05C'est d'abord que le pari algérien d'Emmanuel Macron,
04:07s'est transformé en piège.
04:09Il a compris qu'on ne peut rien attendre des Algériens,
04:11sauf des injures et des vexations.
04:13D'ailleurs, ils sont complètement manipulés par les Russes.
04:16Il a fait le choix du Maroc,
04:18qui est le pays le plus solide,
04:20avec lequel on avait des liens d'amitié anciens et très forts.
04:23C'est un pays très influent en Afrique noire,
04:25alors que l'Algérie a été mise à la porte
04:27du Mali et du Niger.
04:29Mais alors, on se demande pourquoi
04:31Emmanuel Macron a envoyé sa conseillère
04:33Afrique du Nord à Alger,
04:35il y a quinze jours, dans quel but ?
04:37Parlez toujours, avec tout le monde, tout le temps, Catherine.
04:40Oui, mais il y a des en même temps curieux.
04:42Signature européen, Catherine Ney.
04:44Merci beaucoup, Catherine.