L'Hebdo de l'Éco : Philippe Rubod (Swiss Hospitality Global)

  • l’année dernière
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

Transcript
00:00 On va parler du tourisme et de l'évolution des prix qui commence à être inquiétante
00:04 un peu partout, les études le montrent et pourtant les taux de réservation ne cessent
00:08 de monter pour le printemps et cet été.
00:10 Alors je suis avec Philippe Rubot, un expert international en tourisme, merci d'être
00:14 avec nous, vous connaissez le secteur de l'hôtellerie, de la restauration, le tourisme haut de gamme
00:18 aussi.
00:19 C'est vrai qu'on a l'impression que les prix ne cessent de monter, est-ce qu'on va
00:23 se serrer la ceinture aussi sur ce poste quand on est français ?
00:26 Eh bien les indicateurs ne nous montrent pas cela, les indicateurs montrent plutôt l'inverse,
00:31 les indicateurs montrent que les gens sont prêts à dépenser même davantage si c'est
00:35 plus cher pour avoir des expériences dont ils ont été privés pendant deux ans parce
00:41 qu'on les a enfermés pendant deux ans donc il y a une soif de voyager, il y a une soif
00:45 de faire du...
00:46 Ça c'est ce que votre institut, je rappelle Swiss Hospitality Global révèle, c'est-à-dire
00:50 qu'on est prêt à consacrer de l'argent pour les vacances, là c'est pas là où on va
00:54 serrer la ceinture.
00:55 Donc ce n'est pas un phénomène franco-français, c'est absolument global.
00:58 D'accord, mais alors justement, parlons international, les destinations comme les Etats-Unis, les
01:04 destinations comme l'Europe du Nord, est-ce qu'elles aussi vont monter les prix cet été,
01:08 est-ce qu'elles vont en profiter ?
01:09 Alors les prix montent parce que la demande est importante et si vous regardez par exemple
01:14 le transport aérien, les avions sont pleins, les gens voyagent, tous ceux qui prédisaient
01:20 il y a encore 18 mois, je n'en fais pas partie, qu'après le Covid les gens voyageraient
01:24 moins, etc. ils se sont fourrés le doigt dans l'œil.
01:26 Les gens ont recommencé massivement à voyager, que ce soit pour affaires ou pour loisirs.
01:32 Et vous avez les destinations qui seront les plus prisées ?
01:34 Bah écoutez, la France reste en tête de liste et l'Europe a un pouvoir d'attraction sur
01:43 le tourisme étranger qui est toujours très fort, les Américains ont envahi pacifiquement
01:49 l'Europe l'année dernière.
01:50 Et puis l'Europe du Sud, il ne faut pas l'oublier, les Spail, le Portugal, l'Italie, etc.
01:53 Bien sûr, je parle de l'Europe dans son ensemble.
01:55 Mais quand on parle de l'Europe du Nord qui vient très massivement vers la France, ça
02:00 c'est une tendance qui se confirme ?
02:01 Je pense qu'il y a une tendance, un appétit de découverte d'autres cultures, d'autres
02:07 horizons qui est absolument multidirectionnel, du Nord vers le Sud, du Sud vers le Nord,
02:14 de l'Est en Ouest et inversement.
02:16 Mais il y a quand même un problème de pénurie, on voit bien qu'aujourd'hui partout on manque
02:19 de manœuvres, est-ce que ce n'est pas un problème pour votre secteur ?
02:21 Alors c'est un problème si ce secteur ne sait pas s'adapter.
02:24 Et il va devoir s'adapter pour compenser ce manque de manœuvre.
02:33 Il n'y a qu'un segment dans lequel la manœuvre restera abondante et continuera à l'attirer,
02:40 c'est le secteur du luxe parce que le facteur humain dans l'expérience client est la clé
02:45 de ce segment.
02:46 Tout le monde n'a pas les moyens d'aller dans des palaces.
02:48 Bien sûr que non.
02:49 Est-ce que les salaires sont trop bas dans ce métier ?
02:51 Alors il ne faut pas généraliser.
02:53 Si on prend justement le segment du luxe, tous les postes sont convenablement rémunérés.
02:59 J'ai même connu des concierges de palaces qui étaient millionnaires.
03:03 Si on prend le secteur de la restauration étoilée ou des endroits à la mode, des
03:11 positions comme chef de cuisine, chef pâtissier, directeur de salle, sommelier.
03:16 Plus c'est cher, plus on trouve la manœuvre.
03:19 Ils sont correctement rémunérés, mais c'est spécifiquement dans le segment économique
03:26 que les salaires sont les moins attractifs.
03:28 Votre institut fait de la formation, donc vous formez des jeunes au métier de l'hôtellerie.
03:32 Ils sont toujours intéressés ? Ça les attire beaucoup ?
03:34 Ce qui intéresse les jeunes dans ces métiers-là, c'est ce qui ne parle pas à leur tête,
03:40 c'est ce qui parle à leur cœur et à leur tripe.
03:44 Parce que cet univers, cette industrie, c'est par ça que ça fonctionne.
03:52 C'est l'émotion.
03:53 Ça demande de longues études quand même.
03:55 Non, pas du tout.
03:56 On peut se former sur le tas.
03:59 Moi, je viens du terrain, je viens du tas, je me suis formé sur le tas.
04:03 Je commençais dans l'industrie à la plonge d'un palace.
04:06 Il n'y a pas besoin de faire des grandes écoles.
04:08 D'ailleurs, les grandes écoles hôtelières, pour être tout à fait réaliste, elles forment
04:12 des futurs dirigeants, mais si ce sont les grandes écoles hôtelières suisses, par
04:18 exemple, la majorité de leurs diplômés ne font pas carrière dans l'industrie hôtelière
04:22 ou dans l'industrie des sociétés.
04:23 Ils font l'école hôtelière.
04:24 Ils sont devenus des business school.
04:26 C'est ça.
04:27 Mais vous-même, vous conseilleriez aujourd'hui aux jeunes, c'est un débouché, il y a de
04:30 l'emploi ?
04:31 D'abord, c'est un monde absolument fascinant.
04:34 C'est un monde qui emploie une personne sur dix dans le monde.
04:40 Si on met bout à bout toutes les activités de l'industrie de l'hospitalité, ce n'est
04:45 pas uniquement l'hôpitalité et la restauration, c'est tout ce qui touche les parcs à thème,
04:50 l'industrie du transport, etc.
04:52 Bref, un emploi sur dix dans le monde.
04:54 Donc, c'est une opportunité fantastique.
04:57 Et les qualités qui sont demandées, les qualités qui sont exprimées dans cette industrie où
05:02 il s'agit de donner plus que de recevoir sont très demandées dans d'autres industries.
05:07 Aujourd'hui, en France, on parle beaucoup des retraites.
05:09 Est-ce qu'on peut acheter un hôtel en province pour constituer un capital qui sera ensuite
05:14 utile pour la retraite ?
05:15 Est-ce que c'est possible aujourd'hui ?
05:16 Oui, c'est possible, surtout si on se concentre sur le moyen de gamme et l'hôtellerie économique,
05:21 parce que les frais fixes sont les moins importants.
05:23 Et si on fait surtout de l'hébergement, parce que c'est là où les marges sont les
05:27 plus consistantes.
05:28 Donc, une bonne idée à suivre pour ce débat capitalisé.
05:31 Bien sûr.
05:32 Grand merci, Philippe Rubaud.
05:33 Restez avec nous sur CNews.
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