Avec Jean-François Guihard, Président d’Interbev, l’interprofession Élevage et Viande, ex-artisan-boucher à Malestroit (Morbihan)
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 7h14. J'aime la viande. Je le dis franchement. Jean-François Guillard, bonjour.
00:10— Bonjour. — Vous êtes président d'Interbev, l'interprofession élevage et viande. Vous étiez artisan boucher à Malaise 3. C'est dans le Morbihan.
00:19Vous représentez la filière viande en France. Jean-François Guillard, je disais j'aime la viande. J'en mange modérément. Mais j'aime la viande.
00:29Et il faut la défendre. Il faut défendre notre filière viande. Et pour défendre notre filière viande, il faut dire non au traité entre l'UE et le Mercosur.
00:38C'est bien cela, Jean-François Guillard ? — C'est exactement ça. On ne peut surtout pas accepter en l'État ce traité.
00:47On le dit facilement. C'est même droit, même devoir. Et là, pour le coup, on est loin des mêmes droits et des mêmes devoirs.
00:55— Oui. C'est-à-dire ? Au Brésil, ils utilisent des produits, des activateurs de croissance qui sont par exemple des farines, des produits phytosanitaires
01:05qui sont interdits en Europe et en France depuis 20 ans au moins. — Oui. Déjà, les élevages, ça n'a rien à voir avec les élevages français.
01:17C'est des élevages en filotte. C'est 20 000, 30 000 animaux qui sont parqués. Donc ils sont traités aux antibiotiques avec des activateurs de croissance.
01:26Et tout ça, c'est interdit en Europe depuis 2006. — Alors le traité avec le Mercosur, entre l'UE et le Mercosur, prévoit que ces pays d'Amérique du Sud
01:38puissent exporter 99 000 tonnes d'équivalent carcasse en Europe. — Oui. C'est tout simplement pas acceptable à partir du moment que
01:51nous avons pas les contrôles nécessaires. On demande une application stricte des clauses de mesure miroir, notamment pour la réprocité des normes,
02:01que ce soit en termes d'environnement, que ce soit en termes sanitaires, que ce soit en termes de bien-être animal et que ce soit contrôlé,
02:11vraiment contrôlé par l'UE. D'ailleurs, il y a eu un audit qui a été fait par l'UE il y a peu de temps. Le rapport est sorti.
02:22Et ce rapport pointe bien, justement, des anomalies graves sur les productions, justement, qui pouvaient prévenir du Brésil.
02:33— Oui. Est-il vrai que donc le Brésil a stoppé ses exportations de vaches ces derniers jours vers l'Europe parce que le Brésil était incapable de prouver
02:42que la viande n'avait pas été traitée avec des hormones interdites ? — C'est tout à fait ça. Donc suite à cet audit, le Brésil a stoppé ses exportations
02:55parce qu'ils sont strictement incapables de prouver une traçabilité tout simplement, une traçabilité individuelle des animaux. Nous, en Europe,
03:05on est capable de tracer un animal du premier jour de sa vie jusqu'au dernier jour. Donc là-bas, vous allez avoir une traçabilité par lot de – je sais pas –
03:18lots de mille bêtes. Et c'est tout simplement pas acceptable. — Oui. C'est pas acceptable. C'est quand même étrange. D'un côté, l'Europe fait son boulot.
03:28Et très bien la direction santé de l'UE qui a découvert cela et qui, finalement, a poussé le Brésil à arrêter d'exporter ses viandes.
03:37Et de l'autre côté, il y a l'UE, la Commission européenne, qui, elle, veut négocier le mercosur, c'est-à-dire accepter l'envoi de viande bovine vers la France.
03:48— C'est assez paradoxal, si je comprends bien. Jean-François Guillard. — C'est un non-sens complet. Je pense que nos politiques doivent montrer que ce sont des hommes
04:03ou des femmes qui prennent des décisions, que ce soit au niveau de l'État français. On doit dire non. Au niveau de l'Europe, on doit exiger des vrais contrôles.
04:13À partir de ce moment-là, vous savez, quand on exporte de la viande de porc en Chine, les Chinois viennent vérifier, font des audits, récuillent dans les abattoirs.
04:25En plus, pour exporter en Chine, c'est très compliqué. Donc là, on donnerait quelque part une porte ouverte à des importations de viande qui ne correspondent pas du tout
04:40à la viande qui est consommée aujourd'hui en France. Donc ça, on peut pas l'accepter. — Bien sûr. Bien. Merci, Jean-François Guillard.
04:48— Je dirais en plus que cet accord, il date de 25 ans, le début des négociations. — Les négociations, ça fait 25 ans qu'on négocie, oui.
05:00C'est comme si aujourd'hui, vous achetez une voiture et on va vous la livrer dans 25 ans. Vous avez acheté une voiture il y a 25 ans, il n'y aura pas de GPS, il n'y aura pas...
05:11C'est tout simplement... Il faut absolument revoir cet accord. Et s'il faut sortir les viandes de cet accord, il faut le faire.
05:18— Il faut sortir l'agriculture ou la viande de cet accord. Alors il se murmure... — L'agriculture.
05:24— J'en parlerai au ministre de l'Économie et des Finances que je reçois tout à l'heure. Il se murmure que la France aurait trouvé un front du refus
05:32avec d'autres pays d'Europe, notamment la Pologne, l'Autriche, les Pays-Bas, pour créer une minorité de blocage. Bien. Nous verrons bien, Jean-François Guillard.
05:42Nous espérons qu'il y aura cette minorité de blocage. C'est sûr que si on veut avoir des fêtes musculées par des manifestations, accepter cet accord, ce sera la meilleure des façons.
05:58— Bien. Merci beaucoup, Jean-François Guillard. Il est quelle heure ? Il est 7 h 20. Vous suivrez tout cela sur l'antenne de Sud Radio, évidemment.
06:03Le rappel des titres de l'actualité avec Laurie Leclerc. Laurie.