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Anne Genetet, ministre de l’Éducation Nationale répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la condamnation de seulement 600€ d'amende d'un jeune homme de 27 ans qui avaient menacé de mort le proviseur du lycée Maurice Ravel.
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News
Transcription
00:00Bonjour Anne Jeante. Bonjour Sonia Mabrouk. Et bienvenue à la grande interview sur CNE.
00:08Merci de votre présence, d'être la ministre de l'éducation nationale et je voudrais démarrer,
00:12Anne Jeante, cet entretien par cette information judiciaire qui fait beaucoup réagir. L'auteur
00:17des menaces de mort visant l'ex-proviseur du lycée Maurice Ravel, proviseur, je le rappelle,
00:21qui avait demandé à une élève de retirer son voile islamique conformément à la loi et qui a
00:26été menacée de mort par ses mots sur les réseaux, faut le brûler vif, ce chien. Et bien l'auteur
00:31des menaces a été condamné à une amende de 600 euros et un stage de citoyenneté. Madame la
00:37ministre, dans le pays qui a vu assassiner deux professeurs, est-ce que c'était à la hauteur
00:40de la gravité des faits ? Déjà permettez-moi d'avoir un mot de soutien pour ce chef d'établissement
00:45dont je rappelle qu'il avait d'ailleurs pris une retraite anticipée compte tenu des menaces. Donc
00:51ce chef d'établissement, dans un contexte où effectivement la sanction qui est prononcée,
00:57c'est clairement, moi je le dis avec des mots simples, c'est un coup porté à l'éducation
01:02nationale. On est en plus dans une semaine, ne l'oublions pas, où nous avons le procès Samuel
01:07Paty et là aussi je voudrais avoir une pensée pour sa famille. Je crois qu'au-delà de sa famille,
01:10la communauté éducative et la société tout entière attend que justice et vérité soient
01:16dites dans ce procès parce qu'à chaque fois qu'un professeur est menacé, à chaque fois
01:19qu'un chef d'établissement est menacé, c'est la République qui vacille. Moi je ne l'accepte pas
01:24et comme ministre de l'éducation nationale, mon rôle c'est d'agir, c'est de pouvoir donner à nos
01:29professeurs, à nos chefs d'établissement, la protection indispensable. Donc on peut en parler.
01:34Mais avant cette protection, Anne Jeuneté, quant à un tribunal, on verra s'il y a, si le parquet
01:40fait appel, un coup porté à l'éducation. Dites-vous, en sommes aujourd'hui en France,
01:43vous dites à un professeur ou un professeur, il faut le brûler ce chien ou je vais te faire une
01:47pâtille, vous n'avez que cette peine-là. Quel message est donné ? Est-ce que c'est une victoire
01:50des islamistes ? Alors, il faut être conscient, il faut reconnaître qu'aujourd'hui, nous avons
01:55une pression islamiste partout et en France, pas seulement sur l'école, partout en France et que
01:59nous ne devons pas baisser les bras et c'est la responsabilité de chacun d'en prendre conscience.
02:03Y compris des juges, des magistrats. Et d'en prendre conscience. Et quand je dis la responsabilité
02:07de chacun, je prends ma part à l'éducation nationale. Comme ministre de l'éducation
02:10nationale, j'ai à cœur d'agir et de donner les moyens pour y revenir, pour que nos professeurs
02:15et nos chefs d'établissement soient protégés et puissent immédiatement parler, dire ce dont ils
02:20sont victimes lorsque leurs enseignements sont contestés par exemple. Mais au-delà de ça,
02:23il y a également la responsabilité des parents, évidemment. Et au-delà de ça,
02:26la responsabilité des juges. Je pense que les juges doivent entendre que leurs décisions,
02:31leurs décisions, ce sont tout de même des messages qu'ils envoient à l'ensemble de la
02:35communauté éducative. Quel message ? Coup porté ? Victoire des islamistes ? Soumission ? Abandon ?
02:40Non, je veux vraiment répéter que je ne peux pas, évidemment, vous l'entendrez, avoir un point
02:47de vue sur cette décision de justice. Mais en revanche, je le redis, c'est un coup porté à
02:50l'éducation nationale. C'est un coup porté. Et je crois que notamment l'avocat du chef
02:55d'établissement l'a dit. Voilà, n'oublions pas, nos enseignants font un travail difficile. Ils
02:59doivent être soutenus. Ils sont régulièrement contestés. Aujourd'hui, c'est un enseignant sur
03:04deux qui dit avoir été contesté au moins une fois dans ses enseignements.
03:06Alors, parlons-en. C'est pas acceptable.
03:08C'est pas acceptable. Alors, que faire ? Vous affirmez que l'État se tient et se tiendra auprès des
03:11professeurs quand ils sont menacés, que leurs cours sont contestés. Ce ne fut pas le cas
03:15auparavant pour Samuel Paty. Est-ce que, Anne Gionneté, vous vous engagez désormais à une
03:19protection, pour le moins, fonctionnelle, automatique, en cas de violence, de menace, d'injure ?
03:24Absolument. Dès qu'il y a une menace, alors il y a plusieurs choses. La protection fonctionnelle
03:27est immédiatement mise en œuvre. Mais pas seulement. Dans les cas les plus graves, chaque fois que
03:30c'est nécessaire, la protection policière est mise en œuvre. Il y a également des équipes qu'on
03:34appelle des équipes mobiles de sécurité, c'est-à-dire que quand, dans un établissement,
03:38il y a des enjeux de sécurité, immédiatement, ces équipes peuvent venir pour rétablir l'ordre
03:42dans un établissement. Sur les sujets de laïcité, il y a également un référent de laïcité par
03:46académie, un professeur qui sent qu'il va avoir une difficulté à aborder un enseignement. Il peut
03:51demander l'appui de cette personne et cette personne peut même venir jusque dans sa classe,
03:56être présente au moment de l'enseignement pour pouvoir l'accompagner, car aucun enseignement
04:01n'est sensible, je veux le rappeler. Tous nos programmes doivent être délivrés.
04:04Et pourtant, vous savez qu'on ne peut pas parler de la Shoah, qu'on ne peut pas parler parfois de
04:07liberté d'expression. On sait qu'en mathématiques, la notion d'infini est parfois contestée au motif
04:11que Dieu seul est infini. On sait que les professeurs sont aux censures. Quand vous dites,
04:15madame la ministre, que le pas de vague est fini, c'est une parole de principe, ce n'est pas dans
04:19les faits. Non, il faut, d'abord, il faut le dire, il faut l'affirmer et il faut s'en donner les
04:22moyens. Mais dans les faits, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Tous les moyens. Mais justement,
04:26je veux soutenir et rassurer nos enseignants, nos chefs d'établissement. Surtout, parlez,
04:31vous avez autour de vous un chef d'établissement, vous avez un directeur académique, vous avez un
04:35recteur ou une rectrice. L'ensemble de ces personnels, le référent laïcité, les équipes
04:39Valeurs de la République, c'est plusieurs personnes qui ne font que ça au sein de l'académie et qui
04:44peuvent non seulement venir former, expliquer, renforcer. Moi, à Contourcoing, lorsque j'y suis
04:49allée, rappelez-vous, c'était une enseignante également qui avait été agressée pour avoir
04:52essayé simplement de faire respecter la loi et le règlement intérieur, s'agissant notamment,
04:56encore une fois, d'un voile. Eh bien, à ce moment-là, les enseignants m'avaient dit,
04:59voilà, nous avons des formations, ils m'ont dit, à la laïcité, comment l'expliquer,
05:03mais cette formation, nous aurions souhaité qu'elle soit plus dense, plus copieuse et qu'on
05:07nous donne aussi les outils de comment la transmettre. Donc, tout ça, j'y travaille
05:11pour répondre à leurs attentes et m'assurer que ces formations à la laïcité répondent
05:14exactement à leurs attentes et qu'ils se sentent équipés pour pouvoir délivrer leurs enseignements
05:20sans être contestés. Nous allons continuer à en parler sur ces News Européens. Est-ce une
05:22question de laïcité ou de mœurs, d'ailleurs, par rapport à la culture française ? Simplement,
05:26un point, Anne Jeuneté, pourquoi ce n'est pas l'institution scolaire qui porte plainte ? Pourquoi
05:30toujours sur les épaules du professeur qui se retrouve seule, souvent ? Ça, c'est un point
05:35que j'avais identifié dès, d'ailleurs, l'affaire de Tourcoing et tout de suite, j'avais dit,
05:39attention, il faut aussi qu'au côté de l'enseignant qui va déposer plainte, l'institution puisse porter
05:44plainte. Alors, pour le moment, c'est un élément de droit qui manque. Il faut changer la loi pour
05:48cela, car d'une manière générale, la fonction publique, les institutions publiques ne peuvent
05:51pas le faire. Ça vaut aussi pour un hôpital où aussi les personnels peuvent être contestés. Donc
05:55là, j'ai déjà pris à tâche avec mon collègue à la fonction publique, Guillaume Casbarian,
05:59et nous allons, nous travaillons ensemble à pouvoir faire modifier et évoluer la loi pour
06:03qu'enfin l'institution puisse aussi porter plainte aux côtés de ses agents. Je voudrais vous faire
06:07réagir, Anne Jeuneté, à la proposition de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France,
06:11qui a annoncé le lancement d'un projet pédagogique, dit-elle, de caricature. C'est pour la rentrée
06:162025. Je précise que ça vise les lycéens. Il s'agit de commémorer les dix ans de l'attentat
06:22de Charlie Hebdo et de préciser qu'il n'y aura pas de caricatures de Mahomet, de Jésus ou du
06:27pape. Ce sont les caricatures de Mahomet, on le sait, qui ont provoqué l'attentat de Charlie.
06:31Je vous pose donc la question. Est-ce que vous êtes sur la même ligne que Valérie Pécresse ? Est-ce
06:34qu'il ne faut pas montrer certaines caricatures, et en particulier celle du prophète ? Je me rappelais
06:39que Samuel Paty ou Dominique Bernard ont été l'un et l'autre assassinés parce que, justement,
06:43ils faisaient leur travail d'enseignants qui était d'expliquer la laïcité et d'expliquer
06:48la liberté d'expression. La liberté d'expression en France, c'est aussi pouvoir parler des
06:52caricatures, de caricatures de tout, y compris des religions. En France, nous pouvons caricaturer
06:58les religions. Et ceci ne doit pas changer. Et je veux apporter tout mon soutien et saluer
07:02d'ailleurs l'engagement de nos enseignants qui, aujourd'hui, font ce travail indispensable. La
07:07laïcité à la française, elle est compliquée à comprendre, mais c'est un pivot, c'est un
07:12pilier de notre République, et nous devons la comprendre pour la faire vivre et la respecter.
07:16C'est important ce que vous dites, parce que Valérie Pécresse a semblé dire, attention,
07:19on ne peut pas heurter... Vous vous dites non. Le délit de blasphème n'existe pas dans notre
07:26pays, on peut tout montrer, malgré les risques. Le délit de blasphème n'existe pas, et nous
07:30devons continuer à faire vivre notre laïcité, qui est le choix de croire ou de ne pas croire,
07:34qui est de pouvoir critiquer ou caricaturer une religion, quelle qu'elle soit. C'est important
07:39de pouvoir le faire, et il faut le faire, ou sinon nous perdons l'essence même de ce que
07:43nous sommes. Vous avez dit vouloir mettre le paquet en matière de formation dans les écoles,
07:46alors que les atteintes à une jeuneté, à la laïcité, ont été multipliées par deux en deux ans.
07:51D'abord, pourquoi un tel bond ? Alors, non, non, les chiffres de laïcité, depuis la rentrée de
07:55septembre 2023, en un an, sur un an, soyons très clairs, les ports de signes ostensibles religieux,
08:01donc les ports de vêtements notamment, se sont effondrés. On est passé depuis 800 cas à à
08:05peine plus de 100 cas. On est vraiment sur un recul qui montre que quand l'État agit,
08:08ça fonctionne. Pourquoi ? Rappelez-vous, c'était l'interdiction de la baïa et du camis en septembre
08:132023. Vous pensez que ce n'est pas une forme d'autosancture ? Quand on agit, quand l'État agit,
08:17ça porte ses fruits. Maintenant, attention, dans ces chiffres sur un an, nous voyons aussi
08:21progresser les contestations d'enseignement et les provocations verbales. C'est pour ça que toutes
08:26les mesures dont je vous ai parlé, la protection fonctionnelle, la protection policière chaque fois
08:30que nécessaire, l'accompagnement psychologique, les équipes mobiles de sécurité, les équipes
08:33valeurs de la République, le référendum de la laïcité, tous ces moyens que nous mettons en place
08:37sont là pour accompagner, pour soutenir, et je veux dire à nos enseignants, à nos chefs d'établissement,
08:42surtout le plus important, parler, parler, parler. Très bien, et être écouté, ça veut dire que ce
08:46matin sur CNE, vous pouvez nous dire, madame la ministre, qu'il n'y aura pas de nouveau un cas,
08:52si je peux dire Samuel Paty, dans le sens où il a été abandonné, qu'il s'est retrouvé seul,
08:55y compris face à ses collègues. L'institution sera aux côtés, elle est aux côtés, jour après jour,
09:01de chacun de nos enseignants, de chacun de nos personnels, parce qu'il y a aussi les personnes
09:05qui accompagnent les enfants en situation de handicap, les surveillants, par exemple, je prends
09:08ces deux profils-là, nos surveillants, les personnes qui accompagnent les élèves en situation de
09:12handicap. Ces personnels peuvent être parfois embauchés en cours d'année scolaire. J'ai demandé
09:17que cette formation à la laïcité soit faite dans le mois qui suit leur embauche, au lieu d'attendre
09:21la rentrée scolaire suivante. Vous voyez, ce sont tous ces actes très précis qui montrent que l'État
09:26doit agir, doit comprendre aussi ce qui se passe sur le terrain. Moi, c'est en allant sur le terrain,
09:29je comprends ce qui se passe et je réponds aux attentes qui me sont faites. Vous avez récemment
09:32indiqué que le nombre d'incidents graves, alors là c'est plus large, ce sont les violences déclarées
09:36dans les établissements scolaires, donc a été multipliée par deux depuis trois ans. Vous avez
09:41souligné un rajeunissement de cette violence. Quelles mesures très concrètes vous pouvez nous
09:45annoncer ce matin pour enfin provoquer un sursaut ? Oui, en effet, nous sommes dans un moment crucial
09:50où l'école doit vivre un sursaut, un véritable sursaut. Et notamment dans les écoles primaires,
09:54il faut le dire, je le dis parce que c'est la réalité, nous observons des comportements
09:59et d'élèves, et de leurs parents parfois, qui viennent contester les enseignants et les... Alors
10:04là, les directeurs et directrices d'écoles qui ont un statut un petit peu différent. Donc,
10:07j'ai observé par exemple à Besançon la ligne de l'enseignement qui déploie des médiateurs dans
10:11ces écoles, qui s'occupent justement, qui épaulent, qui accompagnent nos directeurs
10:14et directrices d'écoles primaires dans la gestion de leurs élèves, notamment des présences,
10:18des absences et des comportements. C'est ce genre de projet que je pourrais, que je souhaiterais...
10:22Et pourquoi ne pas responsabiliser les parents ? Je pense par exemple à une proposition d'Éric
10:27Ciotti, il veut la suppression des allocations familiales des parents en cas de perturbation
10:31grave et répéter... Alors, l'école prend sa part. L'école prend sa part, je vous l'ai dit,
10:35et moi, j'ai agi au quotidien pour pouvoir soutenir nos enseignants, soutenir nos chefs
10:38d'établissement. Mais l'école ne peut pas tout. Nous avons des moyens, nous essayons de construire
10:43des réunions, des rencontres avec les parents. Il faut quand même le dire, certains ne viennent
10:46pas. Donc moi, je veux bien qu'on fasse ce qu'on peut avec les parents. Ils ne sont pas toujours
10:50là. Certains viennent, d'autres ne viennent pas. Donc, l'école ne peut pas tout. Donc,
10:53c'est une prise de conscience générale de l'ensemble de la société.
10:56Alors, vous êtes contre une telle mesure ?
10:58Alors, s'agissant précisément des allocations familiales, je veux souligner aussi que dans
11:02une fratrie, on le sait, malgré l'éducation que l'on peut donner, vous pouvez avoir un des
11:06enfants qui dérapent, qui posent d'énormes problèmes éducatifs, alors que les deux autres,
11:10pas forcément. Donc, faisons très attention à ne pas pénaliser une fratrie toute entière pour le
11:14comportement d'un seul. Posons-nous la question collectivement, que pouvons-nous faire sur la
11:18parentalité ? Nous avons une ministre à la parentalité et c'est là aussi qu'il faut agir.
11:21Vous avez répondu à l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, lors d'une
11:24conférence à Saint-Raphaël vendredi dernier. Il avait affirmé que les enseignants,
11:27que les professeurs des écoles ne travaillaient que 6 mois par an et 24 heures par semaine. Vous
11:31avez rétorqué que les conditions de travail étaient difficiles, mais sur le nombre d'heures,
11:36vous n'avez pas répondu. Il a tort ?
11:37Alors, les enseignants que j'ai rencontrés, nous n'avons pas dû croiser les mêmes. Moi,
11:42ceux que j'ai rencontrés, ils sont très engagés, ils ne ménagent pas leurs efforts,
11:45ils ne ménagent pas leur énergie, ils ne ménagent pas leurs heures, parce qu'effectivement,
11:48il y a le temps de présence élève, mais il y a tout le temps derrière. Il faut le dire,
11:52moi, les professeurs que j'ai vus sur le terrain, il y a le temps même qu'ils passent dans
11:55l'établissement. Donc, l'ancien président ne connaît pas la réalité du fait qu'il était à la
11:59tête du pays ? On vient d'en parler. Les réunions pour rencontrer les parents d'élèves, ce n'est
12:02pas du temps face élève et ça se passe dans l'établissement scolaire. Donc, tout ça,
12:05c'est du temps en plus. Évidemment, le temps de formation. Aujourd'hui, la formation de nos
12:09enseignants... Nous venons de parler de la formation aux enjeux de laïcité. Ces temps
12:12de formation avaient lieu pendant le temps de présence élève et nous avons modifié cela
12:15depuis l'année dernière. Maintenant, 70 % de ces formations ont lieu hors du temps face élève.
12:20Voilà. Donc, c'est du temps qui se rajoute aussi. Et c'est aussi pour ça que nous avons donné les
12:24moyens. Il y a un certain nombre d'engagements, de projets que mènent nos enseignants pour lesquels
12:28ils sont rémunérés en plus de la rémunération. Mais vous leur demandez davantage puisqu'au sujet
12:31des trois jours de carence aussi pour les professeurs, vous avez déclaré... Je ne vois
12:34pas la raison pour laquelle on s'opposerait à ce qu'il y ait une égalité de traitement entre le
12:38privé et les publics. De nombreux professeurs vous ont répondu. Je les ai eus notamment en ligne. Les
12:42enseignants sont moins absents que les salariés du privé, disent-ils, et pourtant plus confrontés
12:46aux maladies véhiculées dans les écoles. Mais pourtant, vous êtes favorable aux trois jours de
12:49carence. Je l'ai dit. Nos enseignants, il faut être très clair, en termes d'absence pour maladie,
12:53ils ne sont pas plus absents que les personnes issues du secteur privé. Le secteur privé,
12:57dont je rappelle que c'est à trois quarts des petites et moyennes entreprises dans lesquelles
13:01il n'y a pas forcément de prise en charge non plus des dettes de carence. Mais ce que je veux
13:05pointer du doigt d'abord, c'est que les raisons pour lesquelles nos enseignants sont malades,
13:08il peut y avoir l'épidémie de grippe qu'on attend l'un d'un instant à l'autre, mais il peut
13:11y avoir d'autres raisons qui posent la question des conditions de travail, de la médecine du
13:16travail, qui n'est pas accessible aux enseignants aujourd'hui. Pas plus d'ailleurs que dans d'autres
13:20secteurs privés. C'est un sujet sur lequel aussi je vais travailler. Là, en décembre, j'ouvre des
13:24assises sur la santé scolaire au sens large, y compris la médecine du travail. Donc là, c'est
13:27pour rééquilibrer le fait qu'il y aura ce trois jours de carence pour les professeurs. Vous y êtes
13:32favorable. Moi, ce que je veux... Je ne suis pas favorable à ce qu'on pénalise, parce que c'est
13:36une pénalité importante pour des enseignants qui, encore une fois, ménagent pas leurs heures,
13:41travaillent beaucoup. Très honnêtement, je trouve la mesure, je la comprends en termes d'équité dans
13:48le monde du travail, s'agissant spécifiquement de nos enseignants. Évidemment, je sais que ça a des
13:53conséquences lourdes, importantes pour des personnels qui, par ailleurs, s'engagent énormément. Et
13:58même si nous avons revalorisé les rémunérations, nous savons aussi que nous avons un travail à
14:02faire, notamment sur ce qu'on appelle les milieux de carrière. Le dialogue social sera ouvert. C'est
14:06inscrit à l'agenda social. On va bientôt conclure. Anne Gentay, vous avez annoncé le lancement du
14:11projet de programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle que vous prévoyez de
14:15présenter le 5 décembre au Conseil supérieur de l'éducation. On a entendu beaucoup de choses sur
14:20ce programme. Certains vous accusent de prendre le risque de sexualiser l'enfant de l'école. Est-ce
14:25que ce n'est pas prendre le risque de troubler l'identité, le rythme et les besoins des plus
14:29petits ? Ce programme, je l'ai lu d'abord de A à Z, puisqu'on m'avait alerté sur ce programme. Je
14:33l'ai lu ligne à ligne. Il est d'abord de l'âge de 4 ans jusqu'au plus grand. Il est vraiment très
14:38progressif. Il apprend des choses simples. C'est quoi une fille ? C'est quoi un garçon ? Il apprend
14:42parce qu'il faut savoir... Avec des différences entre filles et garçons ? Absolument, c'est expliqué.
14:46Et on apprend le respect des uns des autres. Apprendre la différence fille et garçon, c'est
14:50aussi travailler sur les violences faites contre les femmes, le respect, la notion de consentement.
14:54Sur les tout-petits, on va travailler sur les émotions, reconnaître les émotions sur un
14:58visage, savoir lire un visage pour construire après le respect d'autres. Ça, c'est de l'éducation ? Est-ce
15:02que c'est à l'école ? L'école devrait instruire, pas éduquer. Ça, c'est normal.
15:06S'agissant de la vie affective et relationnelle, et après l'éducation à la sexualité pour les
15:11plus grands, rappelons-nous qu'en général, c'est rarement fait en famille. Donc il faut
15:14bien que quelqu'un le fasse, parce qu'aujourd'hui, la réalité, c'est que les jeunes s'infantent.
15:17Vous avez dit tout à l'heure, l'école ne peut pas tout, mais là, elle peut pas le tout.
15:19D'abord, il y a toujours eu des cours, mais jusqu'à présent, il n'y avait même pas de programme.
15:22Donc maintenant, la nouveauté, c'est qu'on introduit un programme. Et puis, j'espère que ce
15:25programme permettra de faire reculer la quantité de consommation d'images pornographiques, parce
15:29que c'est comme ça aujourd'hui. C'est un vrai sujet.
15:30Est-ce que l'urgence, ce n'est pas d'apprendre à lire, à écrire avant d'avoir des cours d'éducation ?
15:34On apprend à lire, écrire et compter, mais ces cours, ces formations,
15:37cette formation, ces trois séances annuelles ont lieu en dehors du temps scolaire. Donc,
15:40ça ne sera jamais sur un cours de maths, sur un cours de français. Les fondamentaux, lire,
15:44écrire, compter seront toujours là. Ça fait partie du grand programme, le choc des savoirs,
15:47Acte II, que j'ai annoncé la semaine dernière. Rapidement, que répondez-vous à ceux qui
15:51affirment que c'est une possibilité de diffuser les théories du genre à l'école ?
15:54Non, ça n'est absolument pas présent dans ce programme, pas du tout. On est vraiment sur la
15:58vie relationnelle, le consentement, le respect d'autrui, la lutte contre les violences faites
16:02aux femmes, l'égalité filles-garçons, des choses fondamentales de base qui ne sont pas toujours
16:07enseignées en famille, parfois on peut avoir des difficultés. Ce programme, vraiment, est très
16:10progressif, très séquencé et aura lieu à la raison de trois séances par an et par élève en
16:17dehors du temps scolaire. Et vous le défendrez donc dans quelques jours. Merci Anne Jeuneté,
16:20ministre de l'Éducation nationale, je vous dis à très bientôt, c'était votre grande interview.

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