SMART BOURSE - Septembre : mois douloureux pour le 60/40

  • l’année dernière
Mercredi 27 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Nicolas Forest (Directeur des investissements, Candriam) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) et Gilles Guibout (Responsable des actions européennes, AXA IM)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Gilles Guibou est avec nous ce soir, le responsable de la gestion action européenne d'AXA-IM.
00:17 Bonsoir Gilles.
00:18 Bonsoir Grégoire.
00:19 Merci d'être là. Merci à Xavier de Buren de nous accompagner également.
00:22 Bonsoir Xavier.
00:23 Bonsoir Grégoire.
00:24 Vous êtes directeur des investissements d'OTA Capital et Nicolas Forest à nos côtés également ce soir.
00:28 Bonsoir Nicolas.
00:29 Bonsoir Grégoire.
00:30 Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur des investissements de Candriam.
00:32 Pour entamer la discussion, on peut commencer à adresser un premier bilan de ce mois de septembre.
00:36 Il y a encore quelques séances devant nous peut-être pour voir si on redresse un peu la barre sur les marchés.
00:41 Parce que oui, le mois de septembre aura été sans doute le mois le plus douloureux jusqu'à présent de cette année 2023.
00:47 Je le disais, pour des portefeuilles équilibrés.
00:49 Alors les fameuses stratégies 60/40, 70/30, 50/50.
00:53 Bref, pour les portefeuilles équilibrées en actions et en obligations.
00:56 Puisque ces deux grands marchés, ces deux grandes classes d'actifs ont corrigé deux concerts sur ces dernières semaines.
01:03 Ce qui nous ramène à une espèce d'arrière-goutte 2022 quand même Nicolas.
01:07 Puisque ça a été la grande histoire de marché de 2022 avec une histoire macro qui est pourtant assez différente.
01:12 On parle plus de désinflation aujourd'hui que d'inflation contrairement à 2022.
01:17 Et sur la croissance, les inquiétudes sont plutôt tournées vers l'idée d'une récession aujourd'hui.
01:22 Pourquoi est-ce que sur le plan des marchés on en est encore là ?
01:24 Ce qu'on explique notamment la poursuite, voire l'accélération de la hausse des taux longs américains,
01:29 qui restent les taux directeurs pour les grands marchés, à plus de 4,50 pour le 10 ans américain aujourd'hui.
01:35 Et en taux réels ça nous donne des taux à plus de 2% désormais aux Etats-Unis.
01:38 Merci, c'est une très bonne question.
01:40 Effectivement septembre, pas un bon mois pour un allocataire d'actifs et ça donne clairement un arrière-goutte 2022.
01:46 En 2022 l'explication était plus compréhensible.
01:49 On avait vraiment cette vague inflationniste, cette hausse de taux des banques centrales.
01:54 C'était les deux ingrédients pour faire monter à la fois les taux d'intérêt et amener la difficulté sur les marchés actions.
01:59 Comment peut-on expliquer cette récidive ?
02:01 Il faut être très clair, je crois que ça n'était prévu par personne.
02:05 C'était vraiment pas prévu.
02:07 Nous c'était dans le scénario alternatif.
02:09 C'était le scénario du pire, c'est-à-dire que si finalement l'inflation reste plus élevée,
02:12 que les taux continuent à monter, ça va amener des turbulences.
02:15 On est dans le scénario alternatif et pourquoi ce n'était pas prévu ?
02:19 Parce qu'effectivement les signaux sont plutôt au ralentissement de l'inflation aux Etats-Unis
02:22 et au ralentissement de la croissance en Europe.
02:25 Mais il y a eu les banques centrales.
02:27 Il y a eu les banques centrales qui malgré des discours que certains ont qualifiés de prudents,
02:31 d'oviches ou tout ce que vous voulez, ont plutôt montré une volonté assez forte
02:36 de maintenir la pression pendant longtemps.
02:39 C'est ce que disait Villeroy de Gallo, c'est ce que disait Christine Lagarde.
02:42 Ce qui est important, ce n'est pas tant le continu à monter les taux, mais la durée.
02:46 Et donc ils ont réaffirmé qu'ils allaient maintenir les taux pendant très longtemps.
02:50 Et la Fed peut-être même capable de faire encore une hausse de taux.
02:53 Et donc ce que fait, c'est que le marché, ce qui se passe, c'est que le marché obligataire,
02:56 qui n'avait pas anticipé ça, est en train de réanticiper cette réalité,
03:01 qu'il n'y aura pas de baisse de taux.
03:03 Ça amène à une pontification, les taux longs qui montent.
03:06 Et ça c'est redoutable, c'est redoutable pour les marchés d'actifs risqués, pour les actions.
03:10 Et donc on se retrouve dans ce mauvais cocktail, où les deux vont dans la mauvaise direction.
03:14 Dans une situation très différente, parce qu'aujourd'hui c'est les taux réels qui montent.
03:17 Si on regarde les anticipations d'inflation, elles ne dérapent pas.
03:20 Et c'est cette revalorisation des taux réels qui font que c'est en train de se déraper.
03:24 Mais quelque part, moi j'ai envie de vous dire, c'est ce que les banques centrales cherchaient un petit peu à faire.
03:28 Ah mais non, mais ça fait partie du plan, c'est ce que je rappelle à chaque fois.
03:31 Ce n'est pas un bug du point de vue de la stratégie de politique monétaire qui est menée par les banques centrales.
03:37 C'est une conséquence voulue.
03:39 C'est une conséquence voulue, qui n'est pas dramatique aujourd'hui au niveau marché actions.
03:44 Elle est clairement un signal prudent et négatif sur les marchés d'actions européennes, sur lesquels nous on est prudent.
03:50 Par contre, quand on regarde les spread de crédit, il n'y a rien de dramatique.
03:54 Mais c'est vrai que si ça continue, si ça continue à péter à la hausse sur les taux,
03:58 alors ça va faire beaucoup plus mal.
04:00 Ça va faire beaucoup plus mal pour les spread de crédit, qui aujourd'hui ne rémunèrent pas le risque.
04:05 Et ça va être beaucoup plus douloureux pour les marchés d'actifs risqués.
04:08 Et ça, le marché va peut-être le tester.
04:10 Encore une fois, sur la base notamment de ce que nous ont dit les banques centrales,
04:14 Fed et BCE au cours du mois de septembre, c'est vraiment deux histoires très différentes.
04:18 La BCE, elle, rabaisse fortement ses prévisions de croissance pour l'an prochain.
04:22 Je crois qu'on passe de 1,5 à 1 ou à 1,1.
04:24 C'est quand même une révision très forte du scénario de croissance pour l'an prochain.
04:28 Avec un niveau d'inflation effectivement qui a baissé.
04:30 On est passé de 10 à 5.
04:32 Mais tout le monde nous dit, avec en plus le pétrole qui revient sur le devant de la scène, l'euro faible, etc.
04:37 Cette inflation va être beaucoup plus persistante.
04:39 Aux Etats-Unis, l'histoire que nous vend la Fed, dans ses projections,
04:43 c'est une histoire de réaccélération de la croissance.
04:45 C'est-à-dire que non seulement il n'y aura pas de récession,
04:47 mais par rapport aux prévisions que la Fed faisait en juin ou en mars,
04:50 alors 2023 s'annonce comme une année au-delà du potentiel,
04:53 plus de 2% de croissance projetée par la Fed pour 2023.
04:57 Et l'année 2024, qui s'annonçait très faible en termes de croissance,
05:01 peut-être autour de 1%, elle a été révisée à la hausse à 1,5%.
05:05 La Fed nous vend un scénario de croissance et de résilience encore de l'économie américaine devant nous.
05:11 C'est plus qu'un soft lending, c'est un soft lending solide.
05:15 - Tout à fait. C'est ce qui explique ce mouvement qui est assez unique.
05:21 - Pourquoi unique ?
05:23 - Parce que quand vous regardez la plupart des cycles des 30 dernières années,
05:27 quand les politiques monétaires resserrent comme ils resserrent,
05:31 on a la courbe qui s'inverse.
05:33 - C'est un peu comme la Coupe de Seuil, il y a deux ans qu'elle est inversée.
05:35 - Et à un moment donné, on est dans un ralentissement et les banques centrales relâchent.
05:39 - Et là la Coupe se pentifie.
05:41 - Et là les banques centrales ne relâchent pas et la Coupe se pentifie.
05:43 Alors quelque part, ce n'est pas illogique.
05:45 Qui veut acheter des obligations qui payent du 2,80,
05:49 quand vous avez des papiers courts qui vous donnent du 3% ?
05:53 La grande affaire, par exemple, sans doute que vous n'avez pas suivi ça en France,
05:57 mais en Belgique, le gouvernement belge a mis en place un bon d'État.
06:01 - 25 milliards ? 22 milliards ?
06:03 - C'est un énorme succès.
06:05 - Mais en Italie, l'eau est faite en Portugal.
06:07 - 2,80 à net. Pourquoi investir dans des offres sur un jeu du long terme ?
06:09 Donc c'est ce qui se passe.
06:11 Mais attention, ceci a des conséquences assez importantes.
06:13 J'en vois au moins trois qui pourraient déraper.
06:17 La première, évidemment, c'est que la hausse des taux longs amène à des moins-values
06:21 pour tout un ensemble d'acteurs, qui sont des moins-values latentes.
06:25 On a vu l'impact des fortes hausses de taux au Royaume-Uni, ce que ça a amené.
06:29 Mais il y a des moins-values latentes chez les assureurs vie,
06:33 chez toute une série d'acteurs.
06:35 C'est quelque chose qui est à surveiller.
06:37 La deuxième, ça amène à un enrichissement du coût de la dette.
06:41 Ce matin, il y avait des publications budgétaires.
06:43 Aujourd'hui, le spread italien a 200 points.
06:45 Si ça continue à glisser les taux à la hausse,
06:47 on va reparler de la soutenabilité de la dette.
06:49 Le troisième point, c'est le marché immobilier,
06:51 dont on parle suffisamment,
06:53 et dont les conséquences peuvent être matérielles sur l'économie.
06:55 Quand on additionne tout ceci, si les taux continuent à monter,
06:59 le petit coussin qui restait de croissance positive en 2024 pour l'Europe,
07:05 va vite être diminué.
07:07 On va être dans un territoire beaucoup plus turbulent pour l'Europe.
07:11 Maintenant, c'est une hausse des taux réels.
07:13 Ce n'est pas non plus dramatique, mais c'est quelque chose à surveiller.
07:17 - François Villereau de Gallo, après la réunion de la BCE,
07:20 c'est un poids lourd, la France pèse au sein de la BCE,
07:24 il estime que tester le point de rupture de l'économie européenne
07:31 n'est pas une bonne manière de faire de la politique monétaire.
07:34 Il y a aujourd'hui ce genre de discours au sein de la BCE ?
07:37 - Bien sûr, mais dans le même temps, il travaille sur une réduction du bilan
07:39 et il discute si on va accélérer la fin des réinvestissements.
07:43 - Xavier, vos commentaires sur ce mois de septembre ?
07:47 On a beaucoup parlé des taux de l'obligataire,
07:49 qui dirigent beaucoup de choses aujourd'hui,
07:51 à commencer peut-être par la valorisation des actifs risqués,
07:54 comme les marchés actions.
07:56 Qu'est-ce qu'on peut dire de la baisse des actions ?
07:58 Est-ce que c'est uniquement une question de taux ?
08:00 Ou est-ce qu'il y a des sujets plus spécifiques,
08:03 plus fondamentaux peut-être, sur les marchés actions
08:05 à l'issue de ce mois de septembre ?
08:07 - Il y a beaucoup de choses.
08:09 Tout d'abord, on voit une corrélation qui est très bonne,
08:12 qui est négative, mais qui est très bonne,
08:15 sur des actifs à durations longues.
08:17 On a vu que vous avez évoqué le secteur du luxe,
08:20 qui a baissé de près de 20%.
08:22 C'est une corrélation par rapport aux taux,
08:25 qui continuent de monter,
08:26 qui jouent évidemment sur la valorisation.
08:28 On a également, si je prends toujours l'exemple du luxe,
08:31 la problématique du consommateur chinois
08:34 et de la croissance chinoise.
08:36 Vous avez également des anticipations
08:39 de baisse des bénéfices par action,
08:42 de baisse de marge pour les publications du 3e trimestre,
08:45 qui vont bientôt commencer.
08:46 Il y a pas mal d'éléments là-dedans.
08:48 On trouve des choses qu'on avait commencé à voir au mois d'août,
08:51 où le marché avait un petit peu glissé,
08:53 mais finalement s'était assez vite repris au mois de septembre.
08:56 Une volatilité qui restait encore très basse,
08:58 beaucoup trop par rapport à ces éléments
09:00 de hausse continue des taux, de la Chine,
09:03 des sujets sur la croissance européenne.
09:07 Et puis là, on a un peu l'impression
09:09 que le marché se réveille avec...
09:11 - Ça fait deux semaines que les warnings commencent à s'allumer.
09:14 - Il faut peut-être regarder ça de plus près.
09:17 Et puis il y a certainement une aversion au risque,
09:20 où les investisseurs aujourd'hui ne savent pas trop quoi faire
09:23 entre le marché obligataire, on l'a dit, le marché action,
09:26 la possibilité d'aller se faire rémunérer
09:28 sur des actifs très court terme qui sont tout à fait rentables.
09:31 Et puis si on regarde la performance des marchés actions sur le mois,
09:36 il y a pas mal de dégagement de prise de profit, évidemment,
09:38 sur des titres qui avaient très bien fait ces dernières années,
09:41 depuis le début de l'année.
09:43 Donc il y a pas mal de choses qui sont corrélées et emmêlées là-dedans.
09:48 Maintenant, on peut considérer aussi qu'effectivement,
09:52 on a des tensions un peu tous les jours,
09:55 toujours un peu plus haut sur les taux,
09:57 mais est-ce qu'on n'est pas à la fin de ce resserrement monétaire ?
10:01 La BCE en a parlé, il y a sur ces estimations...
10:04 - C'est ce qu'on disait en juillet, c'est ce qu'on pensait en août,
10:07 et c'est ce qu'on a cru imaginer en septembre.
10:11 - Bien sûr, après, ça dépend évidemment des horizons d'investissement qu'on a,
10:17 mais on trouve aujourd'hui que nous, on commence à avoir des opportunités
10:21 sur certaines valeurs de qualité qui ont beaucoup baissé,
10:26 et de pouvoir commencer à faire des lignes,
10:29 si on a un horizon d'investissement qui est long.
10:32 On peut, je pense, trouver des opportunités assez intéressantes
10:36 pour créer de la valeur sur cette correction qui n'est plus latente,
10:40 mais qui est réelle sur un certain nombre de secteurs.
10:43 - Sur l'idée que les taux peuvent rester élevés peut-être pendant quelques temps,
10:47 mais qu'ils ne vont pas non plus à 7%, comme nous disait Jamie Dimon il y a deux jours.
10:51 C'était son worst case scenario, le monde n'est pas prêt pour des taux à 7%,
10:55 je ne suis pas sûr qu'il soit prêt pour des taux à 8 ou à 10 non plus,
10:58 peu importe, mais c'est l'idée qu'il y a quand même un moment
11:02 où les taux devraient s'arrêter de monter, en tout cas pour un certain temps.
11:06 - La stabilisation, c'est sûr que les investisseurs, les entreprises même,
11:10 préfèrent avoir un environnement qui est stable,
11:13 certes avec des niveaux de taux qui sont élevés,
11:16 mais quand vous avez une stabilité, un peu plus de visibilité,
11:19 ça vous permet de pouvoir engager un certain nombre de choses
11:22 que vous avez mis de côté, parce que vous n'avez aucune visibilité sur les taux,
11:26 sur le financement de vos investissements, etc.
11:29 Donc ça, c'est un élément qui peut être favorable.
11:33 Après, si on revient sur les publications de résultats,
11:37 ça va être l'occasion, et c'est pour ça que je reboucle ce que je disais
11:41 sur la possibilité, ou en tout cas des points d'entrée sur des titres de qualité,
11:45 à privilégier des entreprises qui ont de la visibilité sur leur croissance,
11:49 qui ont des parts de marché fortes, qui ont cette capacité à pouvoir
11:52 maintenir leurs marges, voire dans certains cas les améliorer,
11:56 et ça, ce seront des grands gagnants dans un environnement économique
12:00 qui va un peu plus mal, on l'a dit en Europe, même si ça se passe plutôt pas mal aux Etats-Unis.
12:08 Mais donc voilà, ça va être vraiment d'être de plus en plus sélectif,
12:11 ça fait longtemps qu'on dit qu'il faut être sélectif dans un environnement
12:16 qui se contraint, dans un environnement de resserrement monétaire très rapide et très élevé.
12:21 Et là, nous on considère que sur un horizon de temps long terme,
12:29 il y a des opportunités qui s'offrent à nous aujourd'hui.
12:31 - Gilles, ça fait longtemps que vous me rappelez qu'en tant qu'investisseur en actions,
12:35 vous regardez chaque matin les taux, puisque les actions sont une fonction des taux
12:39 depuis quelques années maintenant.
12:42 Donc, Robelote, est-ce que vous êtes surpris effectivement qu'on parle à nouveau
12:47 d'une correction du marché obligataire, puis il y a un peu de vitesse quand même
12:50 dans la housse des taux longs, pour ceux qui regardent le marché un peu au microscope,
12:53 il y a quand même, on casse des niveaux, il y a de la vitesse, il y a des positions short.
12:58 - Moi, ce qui me fascine, c'est que un certain nombre d'investisseurs,
13:04 dont je fais partie, n'ont pas écouté les messages des banques centrales,
13:12 qui disaient depuis le début de l'année, on va monter les taux,
13:16 et en début d'année, il y avait quand même des anticipations de baisse de taux dès cette année.
13:21 Alors que les banques centrales ont dit, non, on va monter,
13:25 et c'est important de vouloir casser ce système.
13:29 - Après, on n'écoute pas toujours les banques centrales, parce qu'elles peuvent se tromper,
13:31 parce qu'elles peuvent nous dire des choses qu'elles ne font pas,
13:33 faire l'inverse de ce qu'elles ont dit, c'est ça qui est compliqué aussi.
13:36 - C'est vrai, mais... - On peut trouver parfois des raisons
13:39 de ne pas écouter ou de ne pas prendre à 100% au sérieux ce que nous dit une banque centrale.
13:43 - Mais en même temps, ce qu'on voyait, c'est que les dynamiques d'inflation qu'on avait
13:46 restaient quand même assez persistantes, et que même si ça s'est un peu normalisé,
13:52 l'inflation a reflué, mais reste quand même sur des niveaux un peu élevés.
13:56 Et la bonne nouvelle sur le marché américain, si vous regardez une bonne nouvelle,
13:59 c'est qu'en fait, on l'a vu avec les chiffres de l'emploi, ça continue à bien fonctionner.
14:03 - Et c'est pour ça que l'inflation persiste, c'est parce qu'il y a de la croissance.
14:06 - Et de la croissance. Donc la bonne nouvelle, c'est peut-être qu'il y a plus de croissance aux Etats-Unis.
14:10 Maintenant, ça veut dire que les banques centrales, elles disent, on va rester plus haut plus longtemps,
14:15 et qu'à un moment donné, il faut que les investisseurs actent dans leur modèle,
14:21 que les taux vont être plus élevés. Et que ce qu'on a vu se passer au mois de septembre,
14:26 c'est que finalement, on a inséré ce nouveau taux d'équilibre, un peu plus élevé,
14:30 et que mécaniquement, on a eu une revalorisation de la value.
14:33 Qu'est-ce qui a monté en septembre ? L'auto, les banques, le pétrole.
14:39 À l'inverse, qu'est-ce qu'on a vu se dégonfler ? Les actifs à duration longue,
14:43 comme ça a été rappelé précédemment, à commencer par la tech, et le luxe.
14:48 Alors, on n'est pas en train de discuter des qualités fondamentales des tiffs,
14:51 on est juste en train de rééquilibrer.
14:54 Donc, est-ce que les banques centrales vont arriver proches du point haut ?
15:00 C'est ce qu'elles semblent vouloir dire maintenant.
15:03 La banque centrale européenne commence à dire oui, on a sans doute atteint le niveau,
15:07 et qu'il faudra qu'on soit peut-être un tout petit peu plus élevés,
15:09 parce qu'ils voient que la croissance diminue.
15:12 Donc, est-ce qu'il y a de quoi être inquiet pour l'Europe ?
15:15 Pour la croissance européenne, oui, je partage la vue qu'il y a peut-être des raisons d'être inquiets
15:20 pour la croissance européenne.
15:23 Est-ce qu'il y a des raisons d'être inquiets pour les sociétés européennes,
15:27 sociétés côté européenne ? Peut-être un peu moins.
15:30 Parce qu'encore une fois, ce qu'on a souvent rappelé ici, c'est que
15:34 les sociétés européennes, c'est les sociétés les plus largement exposées à la croissance mondiale.
15:39 C'est plus de 55% du chiffre d'affaires.
15:41 Et donc, en fait, que la croissance américaine se tienne bien, c'est une très bonne nouvelle.
15:46 Que la croissance chinoise...
15:48 Arrête de se dégrader, ça sera déjà une bonne nouvelle relative.
15:51 C'est une très bonne nouvelle.
15:52 Et aujourd'hui, le problème de l'Allemagne, c'est l'absence de croissance en Chine.
15:58 Donc finalement, le fait de se dire "ça va mieux ailleurs",
16:02 ça peut être suffisant pour que les marchés européens se reflètent.
16:04 J'entends.
16:06 Il faut quand même du coup faire le distinguo entre la croissance...
16:09 Il faut faire une divergence entre ce que vont dévoiler en termes de résultats et de perspectives
16:13 les entreprises européennes et ce qu'on pourra regarder sur la macro-européenne au sens strict.
16:18 L'autre point qui peut être intéressant, qui peut être un point de soutien pour les actions européennes,
16:22 c'est qu'effectivement, le dollar, qui s'était fortement dévalorisé depuis à peu près un an,
16:27 il était passé de 0,95 à 1,10.
16:30 Là, il est en train de refluer.
16:32 Donc en fait, il est en train de réoffrir.
16:35 Il est en train de remonter.
16:36 Mais du coup, la baisse de l'euro, c'est en train de réoffrir.
16:39 Pour un investisseur en dollars, c'est intéressant de voir l'euro baisser en se disant "tiens, j'ai un point de l'entrée".
16:44 Je vais pouvoir me réexposer parce qu'en fait, aujourd'hui, c'est qui les acheteurs marginaux de la zone euro ?
16:49 Ils sont aussi à l'extérieur.
16:53 Et donc aujourd'hui, si vous avez l'opportunité de racheter, en plus de la baisse de LVMH,
16:57 des titres de qualité dont on a parlé, mais en plus de bénéficier de la baisse de la devise,
17:02 ça peut retrouver, ça peut refaire.
17:04 Surtout à un moment donné où, en début d'année, encore une fois,
17:07 ce qui est intéressant, c'est qu'en début d'année, tout le monde était négatif sur la zone euro en première partie d'année,
17:11 et sur l'Europe en disant "il faudra y aller au deuxième semestre".
17:14 Il s'est passé exactement le contenu.
17:16 Et là, on est en train de refaire, on a tout démonté, et on est en train de dire "non mais en fait, pour l'an prochain, c'est les US".
17:22 Donc je me dis, finalement, pour l'Europe, je ne dis pas que c'est facile.
17:26 Je dis finalement, il faut peut-être juste reprendre son souffle, regarder et se dire "voilà, il peut y avoir des opportunités".
17:33 Et là où il va y avoir un sujet, alors on en a déjà parlé, et le timing est extrêmement difficile,
17:39 mais je pense qu'aujourd'hui, on est en train de créer de véritables opportunités,
17:42 parce que c'est par là que ça va passer sur le M&A, c'est par là où on va avoir des rachats d'action,
17:46 c'est qu'en fait, au mois de septembre, on a eu des dégagements massifs, mais absolument massifs, sur la partie small cap.
17:52 Et là, on est en train de retrouver quelque chose...
17:56 C'est ça que je n'arrive pas à comprendre, ça fait des années qu'on a des dégagements massifs sur la partie small cap,
18:00 je me demande ce qu'il y a encore à dégager, tous ceux qui sont sortis des small cap ont eu le temps de le faire depuis des années.
18:05 ...capitalisation qui vous expliquait que c'était normal, somme toute, d'avoir une prime des petites valeurs sur les grosses valeurs,
18:11 parce qu'elles avaient un surplus de croissance.
18:13 Ce qu'on a vu pendant 10 ans, oui.
18:15 Mais c'est comme on avait eu le même sujet à un moment donné sur les pays émergents,
18:19 où c'était normal d'avoir une... parce qu'il y avait plus de croissance.
18:22 Ce qu'on oublie de dire, c'est que souvent, en fait, historiquement, il y avait une décote,
18:26 soit des marchés émergents, soit des small cap, parce qu'il y a juste une prime de liquidité.
18:30 On est en train de refaire, avec la remontée des taux, de remettre une prime de risque.
18:34 Et donc, aujourd'hui, les small cap sont en train de revenir sur un...
18:37 en train de recréer, en fait, une prime de liquidité...
18:39 Une réserve de valeur !
18:40 Non, mais une prime de liquidité !
18:42 Et, encore une fois, nous on fait... on essaye de faire essentiellement de la sélection de valeur,
18:48 mais on est en train de recréer des opportunités, parce que c'est dans ces sociétés-là
18:51 qu'on va retrouver éventuellement l'innovation, des pure players,
18:53 et qui sont les vecteurs de croissance naturelle pour...
18:57 Mais c'est maintenant ou pas ? C'est ça la question ?
19:01 Bah, c'est maintenant !
19:02 Mais, à un moment, la question du timing, elle devient importante aussi, Gilles.
19:05 Si dans trois mois, on est en récession profonde en zone euro,
19:08 est-ce que d'investir dans les small cap aujourd'hui, c'est la bonne idée ?
19:10 Encore une fois, si vous avez le produit disrupteur...
19:13 Et si on n'est pas en récession, peut-être que c'est un très bon pari !
19:16 Si vous avez le produit disrupteur qui vous permet d'avoir des bonnes parts de marché,
19:19 et c'est là où c'est un travail de saillons-mâles,
19:21 c'est pas forcément inintéressant de commencer.
19:23 Mais ça veut dire que c'est du cas par cas,
19:25 et comme il s'agit pas de lutter contre le flux,
19:28 il faut être discipliné en se disant "on a du capital à déployer",
19:32 et de se mettre des niveaux en se disant "je commence maintenant parce que le niveau me semble intéressant,
19:36 et puis je suis prêt à accompagner, parce que le flux, vous savez jamais où vous allez en venir".
19:40 Et sur les small cap, le flux, ça peut être du -30, -50 %, il y a pas les...
19:43 Ah bah bien sûr !
19:44 Il faut être discipliné en se disant "voilà, on regarde la valeur intrinsèque,
19:48 il faut prendre des sociétés".
19:49 Alors, surtout pour les small cap, compte tenu des conditions de financement...
19:52 Solides sur le bilan, oui.
19:54 Mais je crois sincèrement que c'est dans ce type de phase
19:59 qu'il faut commencer à créer des positions très intéressantes.
20:03 Nicolas, s'il faut à nouveau passer en revue les points de fragilité de l'Europe,
20:08 vous l'avez dit d'un mot, le spread italien à 200 BP,
20:11 qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce qui se passe ?
20:14 Et est-ce qu'on est reparti, et ce sera pas la première fois,
20:17 dans une séquence où l'Italie deviendrait un suspect idéal pour les marchés,
20:23 pour les investisseurs qui s'inquièteraient justement de la trajectoire de l'Europe dans les prochains mois ?
20:29 Je voudrais en même temps répondre à ce que vous avez dit.
20:32 Juste sur la partie action, moi je suis assez d'accord aussi,
20:35 il y a des très belles opportunités sur les sociétés européennes qui sont dans l'innovation,
20:38 il y a des trucs qui se sont fait dégommer, il y a des opportunités.
20:40 Mais pour faire le lien entre ce que vous dites et votre question, Grégoire,
20:43 est-ce qu'on pense vraiment, sérieusement, qu'avec 4%, que la baisse va à 4%, que l'inflation va disparaître ?
20:54 Est-ce qu'on pense vraiment que l'action des banques centrales, qui tapent et qui tapent,
20:59 ça va faire disparaître l'inflation ?
21:01 Je pose cette question sérieusement parce que, enfin les banques centrales,
21:06 sans être négatif ou trop critique, se sont complètement plantées sur leur estimation de l'inflation.
21:11 Tous les gens sérieux dans les marchés, et y compris dans les entreprises au niveau,
21:15 se préparent à l'idée qu'on ne reviendra pas à 2% d'inflation ou 1% d'inflation entre euros
21:20 dans les deux ou trois prochaines années.
21:22 C'est un peu la question par rapport à la politique monétaire, au spread italien, aux classes d'actifs.
21:26 C'est jusqu'à quand la banque centrale va tenir le discours rigide,
21:34 je reste longtemps à des taux élevés ?
21:39 Est-ce qu'ils veulent attendre un retour de l'inflation à 2% ?
21:42 Oui, mais Nicolas, vous savez bien qu'ils peuvent pas nous dire...
21:44 Enfin déjà dans le communiqué, ils arrivent à écrire de manière consensuelle
21:47 que le niveau atteint est peut-être le bon.
21:49 C'est déjà un énorme problème.
21:51 S'ils nous disent "Ces taux-là, on les tiendra pas pendant plus de 15 jours",
21:54 bon, vous comprenez bien que sur les marchés de crédibilité...
21:56 C'est un enjeu de crédibilité. Mais où est-ce que je veux en venir ?
21:58 Je veux en venir qu'effectivement, à un moment donné,
22:01 si le marché commence à tester un spread italien,
22:04 ou que des choses commencent à amener un peu des dégâts,
22:08 eh bien, dans le camp de la banque centrale,
22:11 va devoir se reposer la question de la revue stratégique monétaire,
22:15 et de savoir si, oui ou non, il faut atteindre cet objectif de 2%.
22:20 Parce que la dernière fois que la banque centrale européenne mordicus,
22:24 alors que l'inflation était élevée, à cause de la hausse du pétrole,
22:27 a voulu... Voilà. Et là, aujourd'hui, ce qui se passe,
22:29 la baisse de l'euro, plus la hausse du pétrole, ça va amener plus d'inflation.
22:32 Après, ça, c'est le débat académique. Est-ce qu'il faut maintenant...
22:36 Non, mais juste sur l'Italie, moi, je me souviens très bien,
22:38 juillet 2022, la baissée, c'est le lift-off, première hausse d'auto.
22:43 Qu'est-ce que Christine Lagarde et les équipes de la BSE mettent en place ?
22:46 Dès le départ, en pensant que, déjà, on n'aurait que 3, 4 hausses d'auto à faire,
22:51 mais que ça allait être déjà suffisamment douloureux pour l'Italie,
22:54 le TPI, le filet de sécurité qui doit permettre, justement,
22:57 d'éviter une contagion de la divergence et de la fragmentation en zone euro.
23:02 Mais moi, sur l'Italie, aujourd'hui, on n'est pas super négatif.
23:05 On était assez positif, maintenant, on est clairement plus positif.
23:08 D'accord. C'est fait. Le point, c'est fait.
23:10 Moi, je jouerai pas trop le truc tactiquement, même à 200 points,
23:14 on est plutôt prudent. Le point qui est d'inquiétude, sur 2024,
23:19 c'est, un, une politique monétaire qui sera encore plus restrictive
23:22 avec les taux qui montent, ça amène à un problème de soutenabilité
23:25 de la dette en Italie. Deux, les élections européennes en 2024,
23:30 qui potentiellement vont rebalancer la majorité et la Commission européenne.
23:35 Et trois, effectivement, la croissance.
23:38 Tout ça mis ensemble, oui, c'est compliqué.
23:42 C'est un degré de vigilance supplémentaire par rapport à...
23:44 Ah oui, aujourd'hui, moi, j'en ai pas d'être long,
23:46 mais il y a la question aussi de qu'est-ce que l'Europe va décider
23:49 concernant les règles budgétaires.
23:51 Si vous savez, dites-le moi, parce que je n'ai toujours pas compris.
23:53 Je crois que c'est un sujet qui est, effectivement, assez récurrent.
23:56 Alors, on a deux manières de l'aborder.
23:58 C'est de se dire, effectivement, on va tester ses limites.
24:01 Et, soit on se dit, à un moment donné...
24:04 Il n'y a pas d'appétit pour ça. Il y a des faucons au sein de la BCE.
24:07 Mais, encore une fois, Ville-Roi-de-Gallo dit que ce n'est pas la bonne manière de faire.
24:10 Il faut écouter aussi ceux qui disent que ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.
24:13 Il y a un marché à vouloir tester, mais qu'en réalité,
24:15 chaque fois qu'on s'approche du précipice, on s'aperçoit que, en réalité,
24:18 le pas supplémentaire est beaucoup plus coûteux.
24:20 Mais qu'en réalité, c'est ce risque-là, quand on commence vraiment à le sentir,
24:25 qui permet de, finalement, cranter une décision supplémentaire
24:30 pour aller vers plus d'intégration et de corriger les tards de naissance de la zone euro.
24:35 Parce qu'effectivement, on n'a toujours pas fini de payer ces tards de naissance.
24:39 Bien sûr, moi, je suis d'accord avec ça.
24:41 Mais, effectivement, ça nécessite de passer par un épisode de stress.
24:45 Je suis bien d'accord. J'ai dit qu'on était juste dans une séquence
24:47 qui avait été très favorable à l'Italie avec un plan de relance,
24:50 un gouvernement qui s'en est bien sorti, et une commission qui était très positive et qui se faisait.
24:55 Aujourd'hui, on va voir les élections et on verra ce que la commission nouvelle sera.
25:00 Bon, malheureusement, je ne serai pas trop inquiet sur l'exit final, mais il y aura la suite.
25:06 Ce sont des épisodes auxquels les investisseurs se sont habitués aussi ces dernières années.
25:10 Je ne dis pas que ce n'est pas important et que ça n'amène pas de la vigilance supplémentaire.
25:13 Et l'Italie, qui n'est pas très contente de cette hausse de taux.
25:15 Il y a des mécontentements politiques, y compris chez...
25:18 Oui, bien sûr. Il aurait fallu s'arrêter bien avant.
25:21 Bon, je ne sais pas, vu la tête de l'euro/dollar, si la baisseuse s'était arrêtée à 3,50 avec une fête qui continuait,
25:26 je ne sais pas non plus ce qui se serait passé...
25:28 Oui, mais malgré ces hausses de taux, on a un euro qui baisse qui va faire de l'importation, de l'inflation.
25:31 Oui, mais c'est ça. Donc, bon, c'était compliqué de s'arrêter d'autre non plus.
25:35 Xavier, vos commentaires si vous voulez.
25:37 Moi, je veux bien qu'on vienne sur les secteurs à duration longue, comme le luxe, notamment.
25:42 Alors, effectivement, vous avez expliqué la mécanique des taux dans le secteur du luxe.
25:47 Est-ce que tout le monde est traité à la même enseigne ?
25:49 Il y a des baisses de 20-30% quand même sur des blue chips européennes.
25:53 C'est un secteur poids lourd. Qu'est-ce qu'on attend des résultats ?
25:56 Et est-ce que c'est simplement parenthèse conjoncturelle de valorisation ?
26:01 Ou est-ce qu'il y a des questions peut-être plus structurelles qui se posent aujourd'hui sur le luxe ?
26:05 Je ferai d'abord juste un tout petit commentaire.
26:07 Mais bien sûr.
26:08 Vous avez dit qu'on revient aux problématiques de décote politique sur l'Europe avec, tous les six mois, une espèce d'élection à risque, etc.
26:17 Oui, oui, oui. Je ne le banalise pas.
26:19 Pas du tout.
26:20 Vous avez raison, on avait oublié.
26:22 Ça reste des épisodes de stress connus. Ce n'est pas le Black Swan non plus pour les investisseurs aujourd'hui.
26:27 Et à chaque fois, on a toujours ce genre de friction à l'approche d'événements politiques et d'élections.
26:33 Donc, ça, c'est le point.
26:34 Sur le secteur du luxe, je dirais comme dans tout secteur, il y a du bon, du très bon, du moins bon.
26:42 Le premier point, c'est évidemment le premier choc qui a été et qui a expliqué une partie de la baisse du secteur du luxe.
26:50 On l'a dit, c'est la consommation chinoise avec, finalement, cette réouverture qui n'a pas du tout été à la hauteur de ce que un certain nombre de personnes pouvaient anticiper.
27:01 Donc, il est clair que c'est un poids important dans les ventes d'un certain nombre du luxe.
27:09 Et après, il y en a qui sont plus ou moins bien diversifiés, plus ou moins bien préparés, plus ou moins bien positionnés pour cela.
27:17 Donc, il y a le luxe, mais le luxe LVMH, Hermès, etc.
27:21 Mais il y a aussi, ça impacte très clairement une société comme Porsche, par exemple.
27:25 30% du chiffre d'affaires de Porsche. Alors, Porsche se retrouve dans une situation où elle est à la fois liée à Volkswagen,
27:31 qui a des problématiques de concurrence sur le véhicule électrique, à la fois sur la problématique chinoise avec 30% du chiffre d'affaires,
27:40 et Corelé, sa valorisation est toujours plus ou moins transportée par rapport à des multiples du luxe.
27:48 Donc, il y a les trois effets négatifs pour Porsche.
27:50 Mais pour revenir sur le secteur du luxe, il faut être sélectif.
27:55 Et je pense que la diversification et l'exécution sont deux points qui sont absolument essentiels aujourd'hui pour se positionner sur un acteur.
28:04 Typiquement, LVMH, qui est très bien diversifiée en termes géographiques,
28:09 qui est très bien diversifiée en termes de positionnement de marques, avec toutes les marques qu'ils ont, et des zones qui sont très fortes.
28:15 Donc, quand il y en a une qui ne va pas bien, c'est rattrapé par l'autre.
28:18 Ça rejoint ce qu'on disait sur le...
28:20 Et ça, c'est encore vrai ? Parce que la crise du pouvoir d'achat, ou la pression qu'il y a sur le pouvoir d'achat,
28:25 il y a le cas de la Chine, et puis en Europe, ce n'est pas évident.
28:30 Et aux États-Unis, les discours des boîtes du secteur sur les résultats T2, c'était de nous dire
28:35 que ça commence à ralentir aussi aux États-Unis du côté du consommateur américain pour cette partie de la consommation.
28:40 Est-ce que là, ils peuvent être sauvés justement par la diversification de leurs activités,
28:44 ou est-ce qu'il y a un moment de convergence un peu compliqué ?
28:47 Il y a un élément important à avoir en tête, c'est quand on parle de décroissance assez forte des ventes.
28:52 On est quand même... C'est par rapport à des effets de base qui étaient très, très élevés.
28:56 Donc, on revient sur des niveaux un peu plus normalisés, je dirais, de croissance.
29:00 Et c'est là où mon point sur l'exécution est essentiel, c'est de voir comment est-ce que LVMH, par exemple,
29:08 va gérer des baisses des ventes en Chine et aux États-Unis.
29:13 Les équipes, elles ont toujours, ces dernières années, ces derniers semestres,
29:17 toujours été habituées à gérer une croissance incroyable.
29:20 C'est comme les gérants qui n'ont jamais connu la hausse des taux, quoi.
29:22 Eux, ils n'ont jamais connu de baisse des ventes.
29:24 Je pense que c'est un point essentiel, et le positionnement et l'exécution sera vraiment très important.
29:31 C'est un équilibre pas facile. On ne peut pas trop sacrifier sur le prix quand on est LVMH
29:38 ou une marque haut de gamme, de luxe chez LVMH. Il faut accepter aussi que les volumes puissent baisser.
29:44 Xavier, vas-y, et puis Gilles.
29:47 C'est la question qui est la plus importante. On a vu des hausses de prix de vente des sacs, etc.,
29:54 qui ont été assez incroyables, en se disant "jusqu'où ça va s'arrêter ? Ça doit s'arrêter".
30:00 Maintenant, ils ont quand même des leviers sur un certain nombre de choses,
30:03 qui peuvent être sur les coûts, sur les dépenses marketing, sur, finalement,
30:08 peut-être de ralentir un certain nombre d'expansions de magasins ou d'ouvertures.
30:13 Mais c'est vraiment important. Autant sur Hermès, qui a un sujet, finalement,
30:17 c'est parfaitement géré. Ils pilotent en fonction des capacités des ateliers.
30:24 Donc, c'est important pour LVMH de savoir comment ça va faire.
30:29 Et ce qu'ils nous ont montré en termes d'exécution, pour l'instant, ça a été une copie propre.
30:35 J'allais rebondir sur ce point, justement, des coûts, parce que la croissance des ventes a été phénoménale,
30:40 et elle a été soutenue par une croissance des budgets marketing,
30:43 qu'on atteint des sommes qui sont en pourcentage du chiffre d'affaires.
30:47 Ça a suivi la croissance de plus de 50% sur ces dernières années.
30:51 Donc, en fait, aujourd'hui, on n'est pas encore dans une baisse des ventes.
30:54 On est dans des ventes qui se stabilisent.
30:56 Donc, en réalité, déjà, si vous commencez à rationaliser un peu vos dépenses...
31:02 Les coûts, oui, bien sûr.
31:04 Quand vous regardez les événements qu'ont pu faire LVMH sur le Pont-Neuf,
31:08 c'est en dizaines de millions d'euros.
31:11 Ça va assez vite de se dire, voilà, on va être un peu discipliné.
31:14 Et là-dessus, je rejoins complètement le sujet de l'exécution, qui est fondamental.
31:18 Et un groupe comme LVMH, jusque-là, offre cette diversification de marques par pays.
31:25 Maintenant, vous avez raison.
31:27 Les messages qu'on a eus au cours du dernier trimestre,
31:31 y compris dans les spiritueux, sur lesquels LVMH est présent,
31:36 pointent vers un ralentissement.
31:38 Donc, la question, c'est aujourd'hui, quid du résultat de l'an prochain ?
31:46 La valo, elle prend en compte cette idée-là ?
31:48 Après 20% de baisse, là, ça a géré bien un peu, quand même.
31:51 Pour l'instant, on a eu une baisse des cours.
31:54 Mais pas tant de la valo ?
31:55 La valo a baissé, mais en fait, on n'a pas encore touché les résultats par action.
32:00 Donc, la question, c'est, est-ce qu'on va devoir toucher les résultats par action, et de combien ?
32:04 Donc, pour l'instant, on a eu un de-rating, puisque les résultats par action ont été très peu ajustés.
32:10 Et donc, là, il va y avoir un sujet.
32:12 Mais c'est vrai que la question, c'est,
32:17 le ralentissement qu'on voit s'opérer devant nous sur le consommateur américain,
32:21 et plus généralement sur les consommateurs hors Chine,
32:23 est-ce que ça va perdurer ?
32:24 Et c'est vrai que là, aujourd'hui, les valorisations,
32:27 en plus d'un positionnement qui était très consensuel, puisque...
32:31 Après, il y a moins de mauvaises nouvelles en Chine.
32:33 Il y a toujours des mauvaises nouvelles, mais il n'y a pas de nouvelles mauvaises nouvelles supplémentaires.
32:38 Après, on en revient à la question du...
32:40 On pouvait se poser la question avant l'été, c'est, qui est l'acheteur marginal dans le luxe ?
32:44 Parce que tout le monde en avait, et tout le monde disait, c'est extraordinaire.
32:47 Donc, le fait est, c'est qu'en fait, aujourd'hui, vous n'avez quasiment que des potentiels vendeurs.
32:52 Donc, on pourrait tout à fait justifier d'avoir une baisse des cours,
32:57 parce qu'en plus, on a eu des paniers qui étaient faits sur le luxe.
32:59 On pourrait tout à fait avoir des baisses de cours qui aillent au-delà des corrections attendues sur les résultats.
33:07 C'est-à-dire, simplement, qui aillent un peu amplifier,
33:10 simplement parce qu'il y a ces phénomènes de flux qui se sont quand même accrus
33:15 au gré de la diffusion des ETF, des paniers et des gestions, on va dire, quantitatives.
33:22 C'est ça, d'ailleurs, qui avait fait monter le secteur aussi haut.
33:25 Il y a l'exécution, il y a la croissance qui était très bonne, mais on avait atteint des niveaux de valorisation.
33:29 C'est là où l'acheteur marginal, il y a quand même pas mal de gens qui se sont dégagés
33:36 sur des niveaux de valorisation qui étaient absolument inexplicables,
33:39 même si c'est des boîtes de très bonne qualité.
33:41 C'est pour ça, c'est ça ce que je disais au départ, de profiter sur des trous d'air comme ça,
33:47 quand on regarde la vie du titre, qui sont assez rares et qui ne durent jamais très longtemps,
33:52 de pouvoir remettre le pied dans ces acteurs de très bonne qualité.
33:57 Vous avez mentionné tout à fait le secteur des spiritueux qui est en chute libre.
34:01 Un titre comme Rémi Cointreau, qui a quand même un positionnement assez exceptionnel dans le cognac,
34:08 plus des stocks d'eau de vie qui sont valorisés plus de 4 fois la valeur actuelle de Rémi Cointreau.
34:16 Ça ne me semble pas très dangereux, ou en tout cas intéressant de constater que c'est un titre en plus
34:22 qui est pas mal shorté, etc. et qui se retrouve sur des aspects techniques aujourd'hui de RSI,
34:27 donc de survente de 12, qui sont assez incroyables.
34:29 Pourquoi c'est plus compliqué pour un pur player des spiritueux comme Rémi Cointreau
34:33 que pour des groupes globaux du luxe ?
34:35 Ils sont moins diversifiés qu'à partir du moment où vous avez NC qui dit
34:38 "le marché américain est en train de glisser" parce que NC, pour les volumes, baisse sur les prix,
34:45 quand vous avez monoplayer sur...
34:49 Et puis il y avait eu un afflux de titres, et donc pareil, c'est une small cap, c'est vendu,
34:52 et indépendamment du prix quasiment.
34:54 On a vu aussi dans les actions européennes un phénomène aussi qui a été lié au stockage et au surstockage,
34:59 qui a lieu suite au Covid, et ce retournement-là aussi a amené un retournement de valorisation assez sévère
35:06 sur toute une série d'entreprises.
35:07 Mais au contraire, là, on a des valorisations qui sont tellement...
35:10 On arrive peut-être au bout de ce phénomène de déstockage aussi.
35:13 Exactement.
35:14 Donc ça, ça pourrait aussi être un élément de soutien pour certaines valorisations.
35:20 Je voyais, alors je fais le lien avec la Macron, mais le PMI manufacturé en Allemagne,
35:24 évidemment, il y a eu du déstockage, donc la production industrielle a souffert
35:30 parce qu'on avait des stocks à apurer, etc.
35:33 Mais bon, le PMI allemand a moins de 40 depuis des mois, c'est la question que je pose en ce moment.
35:38 Est-ce que c'est encore le couteau qui tombe ? Est-ce qu'on va à 30 ?
35:41 Ou est-ce que c'est un point d'entrée peut-être d'une stabilisation ?
35:45 Finalement, c'est pas mal la valorisation en PMI.
35:47 Non, mais j'en sais rien.
35:48 Effectivement, moi je...
35:50 Moins de 40 sur le PMI manufacturé depuis trois mois en Allemagne,
35:52 normalement, ça marque les esprits.
35:54 Normalement, ça veut dire récession à moins d'eux en Allemagne.
35:57 Je crois qu'aujourd'hui, le business model de l'économie allemande,
36:01 ça a été largement commenté, qui consistait à fabriquer avec du gaz russe pour vendre à des Chinois,
36:06 a un business model qui a été remis en cause, et je pense qu'aujourd'hui, ils se cherchent un petit peu.
36:10 Oui, davantage parce qu'ils ont du cash pour se chercher.
36:13 Mais je pense à un moment donné que oui, ce phénomène de déstockage-stockage va à un moment donné s'arrêter,
36:19 et on devrait quand même avoir à un moment donné un rebond en 2024.
36:23 Mais voilà.
36:24 On peut passer par un moment peut-être...
36:26 Après, effectivement, une baisse de l'euro peut soutenir une économie exportatrice comme l'Allemagne.
36:30 Bon, petit tour de table, garder la parole de Nicolas.
36:33 Logique d'investissement, là, bon, pas mal de messages de vigilance, notamment vis-à-vis de l'Europe,
36:37 ça je crois qu'on l'a compris.
36:39 Comment est-ce qu'on peut déployer du cash aujourd'hui entre l'obligataire, les actions ?
36:43 Moi, je vois la hausse de taux comme une opportunité pour allonger et acheter de la duration.
36:48 Un peu à la fois sur les actions longue duration, je rejoins ce que vous avez dit,
36:52 et aussi sur les obligations, les bonnes, évidemment.
36:55 Oui, oui, oui.
36:56 Non, mais il y a un peu de volatilité tout à l'heure,
36:58 mais fondamentalement, vous dites que c'est quand même des points d'entrée intéressants.
37:01 Voilà, donc je pense, exactement, je pense qu'il y aura des points intéressants.
37:04 Aujourd'hui, si vous pouvez avoir du 5, 6 % ou du 7 % sur des obligations de duration moyenne de 4, 5 ans,
37:10 je trouve que c'est magnifique et c'est plutôt des opportunités.
37:13 Sur les actions, en effet, nous, on est plutôt prudents sur les actions européennes,
37:17 et puis, si on voyait une forte baisse, ça serait l'occasion quand même d'en remettre,
37:22 comme vous l'avez dit, plutôt sur des sociétés larges et internationales.
37:26 Et on suit avec aussi grande vigilance l'intérêt des marchés émergents,
37:30 qui ont été quand même un peu l'homme malade de ce début d'année,
37:35 et qui, dans cette phase de correction, ne souffre pas tant le monde, et tient plutôt bien.
37:40 Et donc, ça sera peut-être un élément d'intérêt, parce que du côté des marchés émergents,
37:45 c'est peut-être là où il y a quand même un petit peu de croissance à suivre, certainement.
37:49 Beaucoup de spécialistes de la sphère émergente me disent que beaucoup de ces pays,
37:53 alors je mets de côté la Chine, peut-être, mais beaucoup de ces pays, à travers leurs banques centrales,
37:57 la gestion de leurs taux, ont énormément gagné en crédibilité vis-à-vis des investisseurs,
38:01 par rapport à il y a 10 ans et les Fragile 5, etc.
38:04 Moi, je ne me mets pas dans ce camp-là, parce que pour suivre les banques centrales émergentes depuis très longtemps,
38:07 il y a de tout, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, les banques centrales d'Amérique latine ont plutôt fait un bon chemin,
38:12 ils sont plutôt maintenant dans une phase de baisse de taux, et une économie, par exemple, comme le Brésil,
38:16 tant sur l'obligataire que sur les actions, c'est une économie qui est certainement intéressante pour un investisseur.
38:21 Xavier, logique d'investissement chez le Cadre Capital ?
38:24 Logique d'investissement, mais c'est que dans toute difficulté, ça crée des opportunités,
38:28 et c'est d'essayer de voir un petit peu plus loin que ce qui se passe là,
38:32 et de se dire, voilà, le revers de la médaille qui peut être positif,
38:35 c'est qu'effectivement, on a parlé de la Chine, est-ce qu'on n'est pas sur un point bas,
38:38 et d'avoir une intervention un peu musclée du bureau politique pour une relance de la Chine,
38:43 qui pourrait aider l'Allemagne, et c'est toujours jouer les inflexions,
38:46 en se disant effectivement, le manufacturier allemand est très très bas, mais est-ce qu'on n'est pas sur un point bas,
38:50 et c'est toujours les tendances qu'il faut marcher.
38:52 Demandez-moi ce qui peut être mieux aussi.
38:55 Donc c'est d'être un peu contrariant, et de jouer les parés qui semblent un peu difficiles à court terme,
38:59 je suis tout à fait d'accord sur l'obligataire, je vous disais que peut-être que la fin du resserrement monétaire de Verroux,
39:06 et que ça se stabilise, ça donne un peu de visibilité, et ça permet de trouver des rendements historiquement très productifs.
39:14 Allez, comme je le disais, se repondérer sur des entreprises à durations longues, de très bonnes qualités,
39:21 qui ont souffert et qui vont très bien être très bien exécutées.
39:25 Mettre un doigt sur des small caps, ça nous semble intéressant aussi.
39:28 Donc voilà, c'est une approche un peu contrariante, mais sur un horizon long terme,
39:33 on rentre en plusieurs fois dans ces différents marchés, mais là il y a des opportunités à saisir.
39:38 C'est le moment d'avoir des horizons d'investissement un peu long, là,
39:41 si on veut éviter de se faire piéger dans le momentum, le côté un peu trading du marché.
39:46 Je crois qu'il faut toujours essayer de regarder au-delà de la vague qui nous arrive dessus,
39:50 donc effectivement, je partage assez largement ce qui vient d'être dit.
39:54 Compte tenu du niveau d'incertitude, moi j'essaye quand même de garder une ligne directrice
40:01 autour de là où on a un peu plus de visibilité, de certitude, si tant est qu'on puisse en avoir.
40:06 C'est le train de fond quand même de la transition énergétique qui est un truc assez puissant,
40:11 dont parle beaucoup d'entreprises, et qui crée quand même des besoins très importants
40:16 autour de tout ce qui est électrification.
40:19 Alors il y a les Schneider, mais il y a des choses qui ne sont encore pas trop chères,
40:22 type des SPIE qui reste intéressante avec une croissance, des Vinci.
40:26 Ça ça reste, alors on ne va pas doubler, mais je pense qu'on a un couple rendement risque
40:33 qui est relativement intéressant, et le dernier point qui, surtout si on arrive effectivement
40:37 proche de la fin de la hausse des taux, c'est la partie renouvelable qui s'est fait massacrer,
40:42 dans certains cas, pour de bonnes raisons, comme l'orchtaide.
40:45 -Siemens Energy, Orchtaide, boum.
40:47 -Mais à côté de ça, les players du renouvelable, je pense au Newey, Novacion,
40:52 donc globalement, on a quand même des belles perspectives de croissance,
40:56 et on retrouve des niveaux de valorisation qui sont proches des valeurs de remplacement
41:00 ou des valeurs d'actifs.
41:02 -C'est un cas qu'il faudra expliquer à la fin de cette année 2023, avant la tente qu'elle se termine,
41:05 mais pourquoi on a d'aussi mauvaises performances boursières en 2023,
41:09 sur la partie énergie renouvelable, etc.
41:12 -C'est là où la stabilisation peut m'y aller.
41:14 -Merci beaucoup messieurs d'avoir été les invités de PesMarché,
41:17 ce soir Nicolas Forest, Kandriyam, Gilles Guibou, Aksayem, Xavier De Buren, OTA Capital.

Recommandations