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Samedi 23 novembre 2024, SMART WOMEN reçoit Felicie Burelle (directrice générale déléguée, OPmobility)

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00:00Bonjour Félicie Burel. Bonjour. Merci d'avoir accepté mon invitation en dépit de l'emploi du temps chargé. Merci de me recevoir. C'est un plaisir, puisque vous êtes la directrice générale déléguée d'une grande entreprise qui est d'ailleurs au croisement des grandes transitions du moment environnementales, technologiques, énergétiques, etc.
00:26Je parle de Plastique Omnium qui a été récemment renommée OP Mobility et dont vous êtes actuellement directrice générale déléguée comme je le disais.
00:36Avant de parler d'OP Mobility, on va parler un petit peu de votre parcours. Vous, vous avez été baignée bien sûr dans le milieu industriel dès le départ.
00:45Tout à fait.
00:46Puisque vous avez visité des usines du groupe avec votre grand-père. Après vous avez fait des études qui vous ont amené à voyager d'ailleurs.
00:53Donc à la fois une école commerce extérieur en France, à la fois à Londres en termes de finances, à la fois MBA, Business School à Madrid, bref.
01:04Finalement, est-ce que ce parcours d'apprentissage là sur un plan académique, est-ce qu'il était fait pour vous amener à entrer dans le groupe ?
01:14Alors, ce qui était sûr c'est que la dimension internationale a toujours été très importante et c'est quelque chose qui est très prégnant dans la famille en général.
01:23Mon père, son propre père lui avait dit le plus important c'est les langues et c'est quelque chose que moi aussi j'ai estimé très important et d'ailleurs au contact de nos employés à travers le monde, ça fait une différence.
01:35Et cette curiosité, cet éveil et cette sensibilité à ce qui se passe ailleurs est décidément résolument importante.
01:42Absolument. Donnez-nous en quelques mots les différentes étapes d'entrée dans le groupe, après on parlera de votre fonction actuelle mais dites-nous.
01:49Alors, j'ai commencé après mes études donc effectivement focalisée avec une dimension commerce internationale.
01:56J'ai eu une très courte entrée au sein du groupe pendant deux années où je faisais de la finance en Espagne.
02:04Ensuite, j'ai fait mon troisième parcours, on va dire, mon MBA et après ce MBA, j'avais à cœur de vraiment utiliser, j'avais cette curiosité pour tout ce qui était autour de la stratégie et de la finance.
02:17Et donc, j'ai rejoint le groupe Urstein Young où j'ai fait du conseil en fusion-acquisition et à la sortie de cette expérience, de ce cursus, j'ai dit voilà, j'aimerais faire du MNA.
02:30J'avais à cœur d'aller développer ces compétences-là et je pense d'ailleurs que c'était une bonne chose à faire puisque quand j'ai eu l'opportunité, cinq ans après, de rejoindre le groupe familial, j'ai pu apporter cette expertise très différente de ce que nos ingénieurs font tous les jours.
02:48– Non mais vous êtes revenu dans le groupe, je crois que c'était en 2010 si je ne me trompe pas. – Tout à fait.
02:52– Vous êtes revenu en 2010 et c'est vrai que finalement votre parcours, même s'il n'a été pas forcément programmé, malgré tout ça ressemble quand même à vraiment un parcours très structuré pour vous amener à la fois à avoir une connaissance intime du groupe dès le départ et avoir une ouverture sur le monde extérieur et avoir une vision,
03:09ce qui vous a permis de développer une vision stratégique qui est la vôtre et que vous avez apporté en valeur ajoutée. – Exactement.
03:14– Quel a été d'ailleurs votre premier rapport sur un plan stratégique au groupe ? Est-ce que c'est justement la position là ?
03:22– Alors d'abord pendant 5 ans j'étais au sein de la plus grosse division sur des sujets de stratégie, développement commercial, coordination commerciale, nouveaux partenariats.
03:33Et après 5 ans j'ai rejoint le groupe et c'est là où j'ai développé en fait un département qui n'existait pas en tant que tel autour du MNA, de la stratégie.
03:44Et c'est justement à ce moment-là qu'on a commencé à prendre des décisions de sortir, de se recentrer complètement sur l'automobile,
03:52donc sortir de ce qu'était à l'époque ce pour quoi Plastique a même été connu, qui étaient les conteneurs à ordures, pour se recentrer complètement sur la mobilité.
04:03Et chemin que nous avons continué d'engager en faisant des acquisitions, en se lançant dans des paris, dans l'hydrogène,
04:09et encore il n'y a pas plus de 2 ans en faisant des acquisitions dans des nouveaux métiers.
04:13– Oui donc c'était vraiment, enfin vous avez vraiment eu un apport avec une vision stratégique à un moment qui était très opportun et c'était certainement…
04:23– Bah faire tout ce pivotement, c'est ce qui, ces grandes aventures familiales, il y a cet esprit d'entreprendre, mais surtout se réinventer, évoluer avec son temps,
04:35savoir prendre des décisions parfois éventuellement pas tellement faciles, justement sortir de métiers historiques,
04:42mais toujours penser sur qu'est-ce qui fait du sens, où est la croissance et comment repositionner l'entreprise sur ces sujets-là.
04:50– Mais c'est exactement, je ne sais pas si vous avez entendu ce que disait Isabelle Ducote juste avant vous,
04:55mais dans un autre domaine, mais toujours industriel aussi, où elle aussi elle est en train de transmettre à la 6ème génération,
05:01donc très attachée à cet esprit de transmission d'entreprise familiale et elle aussi, dès si longtemps, apporte effectivement une autre vision stratégique complémentaire.
05:10– Et puis les sensibilités sont différentes de génération en génération.
05:13– Bien sûr, alors bon, le groupe est connu, néanmoins donnez-nous quand même la carte d'identité du groupe
05:19et surtout dites-nous maintenant justement vos défis, les nouveaux défis auxquels vous faites face, quels sont-ils ?
05:25– Alors OPE Mobility, l'année dernière c'est 11 milliards, un peu plus de 11 milliards de chiffre d'affaires,
05:31c'est 150 de usines à travers le monde, un peu plus de 40 000 collaborateurs, 40 centres R&D, on est présent dans 28 pays
05:41et surtout donc nous sommes une entreprise familiale avec près de 80 années d'histoire, avec un repositionnement clé.
05:50Aujourd'hui, vous l'avez évoqué, notre secteur cumule toutes les transformations, que ce soit énergétique mais aussi les nouvelles technologies,
06:00on parle beaucoup d'IA et de l'impact que ça a sur la façon de s'organiser, de gérer ses collaborateurs, etc.
06:07Donc c'est comment développer, parce qu'on développe, on produit des composants qui soient pour tout l'extérieur du véhicule,
06:14l'éclairage, les pare-chocs ou alors tout ce qui est mode de propulsion du véhicule, des réservoirs mais aussi des systèmes à hydrogène ou électrique
06:23pour offrir aux constructeurs, pas que constructeurs automobiles, aussi la mobilité plus lourde,
06:30des systèmes qui vont venir alléger le véhicule, le rendre plus sûr et surtout qu'il soit aujourd'hui plus abordable
06:38parce qu'on a quand même un problème de surenchérissement du coût du véhicule aujourd'hui.
06:43Bien sûr, vous apportez cette vision stratégique, mais je sais que vous avez également une forte sensibilité et des convictions importantes en termes à la fois managériels
06:58et aussi vous avez une volonté d'impact, comme on dit aujourd'hui. Donc là-dessus, comment vous pouvez également expliquer ou du moins préciser votre vision ?
07:10Alors on a un programme au sein d'OP Mobility qui s'appelle Act for All et qui est organisé autour de trois piliers.
07:20Le premier, c'est comment faire du business responsable, donc ça passe par la gestion des fournisseurs mais aussi la compliance et justement la culture d'entreprise.
07:32Le deuxième pilier qui est l'attention portée aux collaborateurs, qui est un vaste sujet, mais ça on va de la sécurité au travail à la diversité,
07:42mais aussi l'inclusion et le handicap et la boîte à outils que l'on peut donner à nos collaborateurs pour avoir de l'impact au sein de leur communauté.
07:54Et enfin le dernier pilier, vous en avez parlé dans l'interview précédente, qui est lié à la décarbonation, où nous avons également pris des engagements sur les scopes 1, 2 et 3
08:03et une neutralité carbone à 2050.
08:06Donc pour vous, ça procède véritablement d'une conviction que vous avez ancrée, qui vous vient à la fois de votre expérience et à la fois de votre nature personnelle sans doute ?
08:16Oui, et qui fait partie complètement de la culture, de l'ADN de la société.
08:23Certes, il y a aujourd'hui une attente, mais on n'a pas attendu que l'attente soit grandissante pour se lancer sur ces sujets-là.
08:31Tout est venu de l'environnement et de tout ce qui est sécurité et on a développé ça de manière pragmatique,
08:40parce qu'à la fin, ça doit parler à tous nos collaborateurs et ça doit à la fois être un outil de performance, ça doit avoir un impact aussi sur la performance globale de l'entreprise.
08:52Et alors, puisqu'on est dans une émission qui s'appelle Smart Women, au sein de l'entreprise, le positionnement des femmes, c'est-à-dire à la tête de vos usines, dans le monde ?
09:02Malheureusement, on n'a pas du tout assez de femmes. Malheureusement, sur nos 152 usines, on n'en a que 3.
09:09Et ça éclaire tout à fait un peu la problématique liée à notre secteur.
09:14C'est que globalement, au niveau d'OP Mobility, on a 30% en taux de féminisation, ce qui est pas si mal compte tenu de ce qui sort des filières.
09:24Mais on a un double enjeu, c'est comment en attirer davantage.
09:28Et puis, au fur et à mesure qu'elles évoluent dans le groupe, puisque Zig regarde après au niveau du top 100, elles sont 23% uniquement.
09:37On a vraiment un travail à faire là-dessus, et ça passe par plein d'actions.
09:41On a mis en place un programme de mentoring.
09:44Sur les jeunes, on se donne l'objectif de plus de 1000 apprentis en recrutement.
09:5140% doivent être des femmes.
09:53On s'est donné un objectif un peu fou dans des pays comme l'Inde, de devoir staffer qu'avec 100% de femmes.
10:00Alors, on n'y arrivera pas, bien sûr, et il ne faut pas.
10:02C'est vraiment ce donner, être volontariste, plus que volontariste sur ce sujet-là.
10:09Et c'est évidemment moi-même en premier lieu, à travers mon rôle de représentation, bien sûr, montrer que c'est possible.
10:17Mais aussi le devoir de l'associé de donner, de mettre en place ces moyens concrets pour faire évoluer les choses.
10:24Et alors peut-être pour terminer, parce que je ne vous ai pas posé la question, mais c'est important pour les femmes éventuellement qui vont nous écouter.
10:31Vous avez intégré le conseil d'administration et le COMEX, bien sûr, du groupe.
10:36Non-événement ?
10:39Alors non-événement, ça fait partie de la vie.
10:42Vous parliez de transmission avant, de l'évolution de la gouvernance.
10:46A la fin, ce qui est très important, en tout cas j'en suis convaincue, c'est comme ça que je vois les choses,
10:53tous les choix d'évolution de gouvernance qui sont faits doivent être faits dans l'idée d'un bien commun qui est supérieur, on va dire, aux individuels dans les sociétés.
11:04Et à la fin, c'est ça qu'on ne doit pas perdre de vue.
11:07Et c'est à chaque fois ça qui doit ramener les évolutions et c'est très important.
11:12Très belle conclusion.
11:15En tout cas, ce qui est certain, c'est que vous parlez avec beaucoup de passion du métier de l'industrie et que vous vous incornez très bien.
11:24Et vous êtes un vrai beau rôle modèle, comme on dit.
11:29Et je sais que votre parole est rare, je suis donc d'autant plus sensible au fait que vous ayez accepté de venir pour en parler ici.
11:34Et je vous en remercie.
11:36Merci.
11:37Voilà, donc notre émission se termine.
11:40Alors vraiment, je pense qu'aujourd'hui, on a eu trois invités qui ont particulièrement illustré à la fois, bien sûr, la nécessité d'avoir davantage de femmes aux commandes,
11:51mais qui ont aussi beaucoup insisté, finalement, les trois, sur cette nécessité absolue d'avoir le continuum du tissu économique,
12:00avec toutes ces interdépendances totalement fertiles entre les entreprises, quelle que soit leur taille.
12:07Et je crois que c'est particulièrement d'insister là-dessus aujourd'hui, parce qu'il faut absolument que nous avons besoin de toutes nos entreprises.
12:16Il ne faut pas croire que chacune est dans son couloir de nage, selon sa catégorie. Non, non, pas du tout.
12:20Toutes nos entreprises, et nous devons les faire grandir.
12:24Et pour ça, il ne faut pas qu'elles soient handicapées d'une façon ou d'une autre.
12:27Donc j'espère que cette ambition sera partagée par tous.

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