Avec Philippe Brun, député PS de l'Eure et vice-président de la Commission des Finances
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Notre invité, Philippe Brun, député socialiste de l'heure et vice-président de la Commission des Finances.
00:10Merci d'être avec nous, Philippe Brun.
00:12C'est très intéressant parce que nous sommes, les Français n'en peuvent plus,
00:16n'en peuvent plus de cette situation politique inextricable avec des jeux politiques de tous les côtés,
00:23avec un gouvernement qui est menacé de tomber, avec une crise financière qui nous menace,
00:29avec un pays qui est dans un état difficile, les Français n'en peuvent plus.
00:33C'est ce que vous entendez tous les jours, Philippe Brun.
00:35Oui, c'est ce que j'entends tous les jours. Chacun se renvoie la balle.
00:38Et en vérité, ce jeu est stérile. Pourquoi ? Parce qu'à la fin, personne n'est majoritaire à l'Assemblée Nationale.
00:44Voilà. Il n'y a pas de majorité, il faut le répéter, à l'Assemblée Nationale.
00:48Personne n'est majoritaire, donc il faut discuter les uns et les autres.
00:52Bon, alors justement, regardons la situation.
00:54Hier soir, Michel Barnier était à la télévision, sur TF1, nous a dit « Si je tombe, c'est le chaos ».
01:00C'est ce que vous avez compris ?
01:02Oui, c'est ce qu'il a dit, oui. Oui, mais ce n'est pas vrai.
01:05Bon, j'essaie un peu de rassurer tout le monde.
01:08Aujourd'hui, on voit bien qu'on n'arrive pas à fonctionner avec un gouvernement minoritaire.
01:11D'ailleurs, on avait vu avant 2024, puisque c'est ce qui a d'ailleurs justifié la dissolution,
01:15c'est que le gouvernement n'était pas majoritaire, donc Macron a dit « Je dissous pour avoir une plus large majorité ».
01:19Bon, ça a raté. On ne peut pas fonctionner avec un gouvernement minoritaire. Pourquoi ?
01:22Parce que pour faire passer un budget, il y a un moment, il faut une majorité pour l'adopter.
01:26Et donc moi, je crois que oui, il faut qu'on trouve le moyen d'un gouvernement majoritaire,
01:30mais c'est certainement pas celui de Michel Barnier.
01:32Si Michel Barnier tombe, et vous avez été le premier à gauche à le proposer,
01:36si Michel Barnier tombe, vous dites qu'il n'y a qu'une solution, c'est un compromis.
01:42Un compromis entre qui et qui ?
01:44Alors, il faut regarder aujourd'hui comment fonctionne l'Assemblée nationale.
01:47Il y a un groupe pivot, le groupe qui finalement obtient le plus d'amendements.
01:51Par exemple, sur le projet de loi de finances, on a fait adopter 82 amendements.
01:55C'est le groupe socialiste qui est un peu le groupe qui arrive à trouver des compromis aujourd'hui,
01:59entre d'un côté les macronistes qui sont nos adversaires,
02:01mais enfin, il faut bien discuter avec eux, sinon on n'arrive pas à faire rien passer,
02:04et puis le Nouveau Fonds Populaire dont nous faisons partie.
02:07Je crois que par ce groupe, on peut trouver des solutions.
02:11Donc nommer un premier ministre de gauche, de centre-gauche,
02:14et qui réussirait finalement à faire cette alliance, cette discussion,
02:18avec l'ensemble des groupes pour faire passer un budget.
02:20Alors, est-ce que ça veut dire qu'il faut faire un gouvernement
02:22dans lequel il y a à la fois des macronistes et des communistes ?
02:26Je ne pense pas. Je pense que ce serait une forme de magouille.
02:29Ce qu'il faut, c'est un gouvernement de gauche, avec seulement une dizaine de ministres,
02:33et qui passe un accord de non-censure, un accord budgétaire,
02:36avec le bloc central, pour pouvoir faire passer un budget.
02:39– C'est-à-dire un compromis, un gouvernement de compromis,
02:43réduit, une dizaine de ministres,
02:45gouvernement dirigé par un homme de centre-gauche, on est bien d'accord,
02:50qui passerait un compromis, un accord, avec le bloc central,
02:54et qui finalement écarterait d'un côté l'LFI et de l'autre côté l'ERN.
02:59– Non, de toute façon, il faut des voix pour voter le budget.
03:02Donc il faut évidemment écarterait l'ERN.
03:05LFI, de toute façon, ne souhaite pas participer à un gouvernement.
03:08Ils l'ont dit, ils ne veulent pas être bloqués.
03:10– Donc ils sont aussi en marge ?
03:11– En marge, mais ils feraient partie de la majorité.
03:14On ne peut pas construire des majorités à l'Assemblée nationale,
03:17en excluant d'emblée un groupe aussi important que l'LFI,
03:20qui participera aussi au vote du budget.
03:22Ce qu'il faut, c'est aujourd'hui trouver une majorité plus large,
03:25d'un gouvernement de salut public ou de défense républicaine.
03:27– Mais l'EFRI n'en veut pas.
03:28– Il faut qu'on en discute.
03:29Mais moi, je crois qu'on va être, de toute façon,
03:32amenés à prendre nos responsabilités.
03:34On ne va pas avoir de budget, ni de gouvernement, à Noël.
03:37Mais qu'est-ce qu'on va faire ?
03:38Il faut bien qu'on trouve une solution.
03:39Il faut bien que les fonctionnaires soient payés,
03:40que les retraites soient payées,
03:42que nous puissions investir nos entreprises.
03:44– Mais ils seront payés, les fonctionnaires.
03:46– Posons-nous quand même la question de, par exemple,
03:48la situation économique du pays.
03:50Aujourd'hui, j'ai des gens qui posent des fenêtres,
03:52des entreprises qui font faillite,
03:54parce qu'on ne sait pas si la prime rénov'
03:55sera maintenue ou pas l'année prochaine.
03:57Des entreprises qui ne savent pas si elles peuvent investir
03:59ou ne pas investir, parce qu'elles ne savent pas
04:01quel sera leur niveau de fiscalité l'année prochaine.
04:03– Donc il y a urgence.
04:04– Il faut que le pays soit gouverné.
04:05Enfin, on a un grand pays,
04:06on a besoin d'avoir un gouvernement resserré,
04:08de défense républicaine,
04:10qui finalement réussisse à trouver ce compromis
04:12à l'Assemblée nationale.
04:14Et donc, pour cela, il ne faut pas de magouilles.
04:16On ne va pas mettre des macronistes, des saucisses,
04:17des commis dans le même gouvernement.
04:18Ça fonctionnera très difficilement.
04:20Je pense qu'il faut un gouvernement
04:21qui ait sa cohérence propre,
04:23autour du chef du gouvernement
04:24qui sera désigné par le Président de la République
04:26et qui passe un accord de non-censure majoritaire
04:29pour pouvoir se donner le temps de passer un budget.
04:32Et c'est la priorité du prochain Premier ministre,
04:34une fois que Michel Barnier sera censuré.
04:35– Vous êtes vice-président de la Commission des finances.
04:38Philippe Brun, deux choses.
04:40Sur le plan purement politique,
04:42Michel Barnier va être censuré.
04:45Est-ce que vous voterez la censure ?
04:47– Écoutez, on verra bien le texte qui sera présenté.
04:50Donc moi, je trouve ça toujours stérile de dire
04:52oui, quoi qu'il arrive.
04:53Je ne sais pas quel sera le texte soumis au 49.3
04:56ce lundi sur le projet de financement de la sécurité sociale.
04:59Il est probable, oui, que Michel Barnier sera censuré
05:02jeudi ou mercredi prochain.
05:03Donc là, ce qu'il faut aujourd'hui,
05:05c'est préparer l'après Barnier,
05:07éviter que le pays sombre,
05:09trouver le moyen qu'un Premier ministre soit rapidement nommé
05:12pour faire passer un budget
05:14pendant les fêtes, avant la fin du mois de janvier en tout cas.
05:17– Alors, je rappelle Philippe Brun,
05:19tout le monde dit que c'est le RN qui a le gouvernement entre les mains.
05:22Non, ce sont surtout aussi les députés socialistes et écologistes.
05:27– Les communistes et tout.
05:28– Non, non, parce que les communistes sont clairs
05:31et les filles claires, ils voteront la censure.
05:34Les écologistes et socialistes sont partagés.
05:37Philippe Brun.
05:38– Écoutez, en tout cas, je n'ai pas vu d'ouverture
05:40de la part du Premier ministre dans son interview hier.
05:43J'ai eu une discussion assez approfondie avec les ministres concernés,
05:46je ne vois pas d'ouverture de leur part.
05:48Je pense que chacun, finalement, a fait une croix
05:50sur le gouvernement Barnier et le président de la République lui-même.
05:53Alors, il dément les propos, mais on ne l'a pas vu dans le parisien.
05:55– On vous sait clair, le gouvernement va tomber.
05:57– Je parle avec mes collègues députés macronistes,
05:59ils préparent la suite.
06:00Donc là, aujourd'hui, si on veut gagner du temps, si vous voulez,
06:03il faut trouver les moyens d'un gouvernement majoritaire
06:06qui fasse passer un budget.
06:07C'est l'intérêt national qui le commande et pas l'intérêt partisan.
06:10Je vous le dis, ce n'est pas notre intérêt à nous
06:12de discuter avec les macronistes.
06:14Ce sont nos adversaires, c'est extrêmement difficile pour nous.
06:16– Là déjà, vous avez un terrain, vous avez trouvé.
06:18J'ai vu que le Sénat avait dit non à la hausse des taxes sur l'électricité.
06:22Vous avez vu ça ?
06:23– Oui, donc il y a des discussions qui sont possibles.
06:25On arrive à discuter les uns les autres.
06:27Il faut le faire pour le pays.
06:28Car personne ne pourra se satisfaire qu'on laisse le pays sombrer.
06:31Et puis après, le débat politique reprendra ses droits.
06:34Mais là, on ne peut pas se laisser dominer par les jeux partisans.
06:37Il faut faire passer le pays avant les partis.
06:39– Eh bien, Philippe, c'est très intéressant.
06:41Vous avez été le premier dans une tribune au monde,
06:43vous avez été le premier à lancer cette idée d'un gouvernement de compromis,
06:47en quelque sorte, resserré de compromis,
06:50qui permettrait de gouverner avec une majorité à l'Assemblée nationale.
06:53Effectivement, on ne peut pas gouverner si on n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
06:57C'est clair, surtout en période budgétaire.
07:00Merci Philippe Brun d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.