Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de la Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont au programme.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
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00:00Europe 1 Soir Week-end. 19h21, Pascal de la Tour Dupin.
00:0419h19 sur Europe 1, merci d'être avec nous dans Europe 1 Soir Week-end.
00:10Mathieu Lefèvre, bonsoir, merci d'être avec nous en direct.
00:14Vous êtes député du Val-de-Marne, vice-président du groupe Ensemble pour la République
00:19et co-rapporteur de la commission d'enquête sur le dérapage des finances publiques.
00:22J'expliquais aux auditeurs d'Europe 1 que normalement vous deviez être ici, dans ce studio d'Europe 1,
00:26mais que malheureusement, votre travail, évidemment, vous appelle à l'Assemblée
00:30parce que les amendements sont en train de défiler, en ce moment ça va très très vite.
00:34Mathieu Lefèvre, pardon, j'ai une question très simple à vous poser,
00:38mais je me mets à la place des auditeurs d'Europe 1 et je m'inclue dans la question que je vais vous poser.
00:41Mais que se passe-t-il à l'Assemblée nationale ?
00:43Parce que, je vous le dis franchement, on n'y comprend plus rien.
00:47On ne sait pas dans quel sens ça va et on aurait besoin peut-être d'un petit point d'éclaircissement de votre part.
00:54Mathieu Lefèvre.
00:55Écoutez, merci tout d'abord d'accepter que je me connecte à distance.
00:58En effet, ça va dans tous les sens parce que la gauche radicale propose des taxes et des impôts,
01:05minute après minute, discussion après discussion.
01:08Et cette folie fiscale, elle est acceptée par des personnes du Rassemblement national
01:14et ça fait, à la fin, des hausses d'impôts que les Français ne comprennent pas.
01:17Ça fait des articles qui sont rejetés, d'autres qui sont amendés dans un sens sans aucune cohérence vertébrale.
01:23On paie là le prix d'une Assemblée qui est totalement fragmentée et qui n'a pas de cohérence idéologique.
01:28Moi, je crois que les Français, en effet, sont très loin de tout ça
01:31et que les parlementaires montrent qu'ils sont bien déconnectés de leur vie
01:34et bien déconnectés de la réalité de leurs entreprises.
01:36Oui, mais Mathieu Lefèvre, il y a une partie de la gauche et de l'ORN qui vous accusent de faire de l'obstruction parlementaire.
01:40Pas vous, personnellement, mais votre groupe, vous leur répondez quoi ?
01:45Parce que c'est pareil, votre groupe aussi dépose des amendements, les retire au dernier moment.
01:50C'est incompréhensible pour les communs des mortels que nous sommes.
01:54Vous savez, nous, on essaie d'être raisonnable.
01:57On a un point de vue qui est un point de vue modéré sur un grand nombre de sujets.
02:01On n'est pas là pour soit être dans la folie fiscale, soit être dans les réductions de dépenses publiques
02:08nuisibles à la croissance et à la compétitivité du pays.
02:11Ceux qui font de l'obstruction parlementaire, c'est en général l'extrême gauche.
02:15Vous savez, ils déposent des milliers d'amendements, ils changent des virgules, des conjonctions de coordination
02:20et ils s'étonnent que les débats n'avancent pas.
02:22Avec notre groupe parlementaire, on essaie d'être raisonnable et c'est la raison pour laquelle on a retiré un certain nombre d'amendements
02:28pour essayer d'aller un petit peu plus vite.
02:30Mais moi, je vous le dis, s'il faut travailler samedi et dimanche, on travaillera samedi et dimanche.
02:34C'est ça aussi le prix de la démocratie et nous, on est là pour ça.
02:37Mais, est-on à l'abri d'un 49.3 ?
02:39Parce que vu ce qu'il se passe là, vu ce que vous nous dites, on se dit...
02:45Michel Barnier veut absolument, il l'a répété encore une nouvelle fois cet après-midi, qu'il voulait un débat autour de ce budget.
02:51Mais est-il possible ce débat ? Est-ce qu'on ne va pas vers une série de 49.3 ?
02:55Franchement, Mathieu Lefebvre...
02:57En toute honnêteté, on a là aujourd'hui un budget qui est un budget Frankenstein.
03:00Tout à l'heure, on a supprimé la contribution de la France au budget de l'Union Européenne.
03:04Donc, pour vous répondre très clairement, oui, tout justifierait aujourd'hui que le gouvernement...
03:08C'est l'URN qui a fait adopter cet amendement ?
03:10Qui réduit de 5 milliards la contribution de la France à l'Union Européenne en 2025 ?
03:14On a un budget sans contribution de la France à l'Union Européenne.
03:16On a un budget qui taxe, qui rétablit l'ISF.
03:20On a un budget qui supprime toute forme de fiscalité sur l'électricité,
03:24quitte à se priver d'un outil en cas de crise.
03:26On a un budget qui pérennise la contribution sur les hauts revenus.
03:30Il n'a ni queue ni tête, ce budget, et en effet, tout justifierait que le gouvernement puisse intervenir par le biais du 49.3.
03:36Maintenant, j'ose espérer que les parlementaires que nous sommes pourront relever la tête
03:40et essayer d'avoir des débats plus sereins, plus responsables, et surtout plus en phase avec les attentes des Français.
03:46Moi, vous savez, les Français me disent, je ne comprends pas, monsieur le député, ce que vous faites à l'Assemblée Nationale.
03:50Ça n'a aucun sens, c'est très loin de mes préoccupations.
03:53Essayez de retrouver un peu le chemin du concret.
03:55Essayez de retrouver le chemin du concret.
03:57Une chose, je ne sais pas si vous avez vu ce sondage, étude Odoxa pour le Figaro.
04:01Les Français qui jugent sévèrement le personnel politique.
04:04On va dire nos personnalités politiques.
04:07Près de 80% des Français interrogés ont une mauvaise opinion des partis politiques.
04:11Ils jugent ni honnêtes, ni crédibles.
04:14Est-ce que le spectacle à l'Assemblée Nationale, auquel on assiste aujourd'hui,
04:18ne participe pas, selon vous, un peu à cette fatigue démocratique ?
04:21Oui, vous avez raison.
04:23Quand on fait des propositions qui sont à ce point déconnectées de l'avis des Français,
04:26je comprends que les Français se détournent du spectacle démocratique.
04:29Il y a un certain nombre de Français qui considèrent que leurs représentants sont bons à rien.
04:34On pense plutôt à leur intérêt personnel avec une idéologie qui sert à leur carrière
04:40plutôt que les intérêts des Français.
04:42Je pense que c'est détestable et qu'on devrait rentrer dans un monde de sobriété politique.
04:47Quand le politique ne peut pas faire, le politique ne doit pas dire qu'il peut faire.
04:50Quand le politique est en incapacité de résoudre une situation,
04:54il doit admettre qu'il est en incapacité de résoudre une situation.
04:57On crève d'avoir des politiques qui promettent monts et merveilles
05:00et qui, à la fin, n'y parviennent pas.
05:02Dans une assemblée qui est aussi fragmentaire,
05:04malheureusement, c'est le discours politique qui prime plutôt que sur la compétence.
05:08Juste un mot sur les hausses d'impôts.
05:11Vous nous dites qu'il n'y aura pas de hausses d'impôts.
05:14Mais on peut vous répondre que face à cette situation
05:17qui est absolument catastrophique des finances publiques,
05:20on l'a dit, redit, je crois que le message est très clair
05:23et il est bien passé dans la tête des Français.
05:26Comment faire ?
05:27Parce que la situation catastrophique que nous vivons aujourd'hui,
05:31pardon Mathieu Lefebvre, vous n'en êtes pas personnellement responsable.
05:34En revanche, cette situation a été laissée par votre majorité.
05:39Oui, on a beaucoup dépensé pour protéger les Français pendant la crise,
05:42pour les protéger pendant la crise énergétique.
05:45Et toutes celles et ceux qui, aujourd'hui, pleurent sur le l'air inversé
05:48étaient les premières à vouloir augmenter plus à l'époque.
05:53Je pense que nous sortons maintenant de la crise, des crises.
05:56Il faut savoir sortir des dispositifs de crise.
05:59Mais dans un pays dont la dépense publique a plus que doublé
06:02depuis le début des années 2000 et qui est champion d'Europe
06:05et champion du monde des prélèvements obligatoires,
06:07on a un problème de dépense publique.
06:09Vouloir agir sur le levier de l'impôt, ça aura des conséquences
06:12sur le pouvoir d'achat des Français.
06:14Et on ne peut pas dire qu'on fait un choc fiscal aussi important
06:17que celui que s'apprête à faire le gouvernement
06:19sans conséquences sur l'ensemble des Français.
06:21Et je pense qu'il est de notre devoir,
06:23en tant que responsable de l'ancienne majorité,
06:25de faire valoir un chemin différent
06:27qui est un chemin où on se réforme
06:29et où on baisse les dépenses publiques
06:31qui sont bien plus importantes que chez nos voisins européens.
06:33Merci beaucoup, en tout cas, Mathieu Lefebvre.
06:35On ne va pas vous retenir plus longtemps,
06:37parce que vous avez énormément de travail qui vous attend dans l'hémicycle.
06:40Vous travaillez pour ce budget à 2025.
06:43Nous aurons l'occasion de vous recevoir plus longuement, ultérieurement.
06:46Mathieu Lefebvre, vice-président du groupe Ensemble pour la République
06:49et co-rapporteur de la commission d'enquête sur le dérapage des finances publiques.
06:52Juste un mot, peut-être, Jules Torres, Paul Melun, sur ce qu'on vient d'entendre.
06:55Cette situation me paraissait tout à fait prévisible.
06:58D'ailleurs, ça a été souligné par M. Lefebvre.
07:01C'est-à-dire qu'il y a des divisions à l'intérieur de l'Assemblée nationale
07:05qui sont, par ailleurs, les divisions qu'il y a dans la société française
07:08sur la politique économique à conduire.
07:10Les exemples qu'il a cités sont les bons.
07:12Le Rassemblement national, par exemple,
07:14qui ne veut pas donner plus d'argent à l'Union européenne,
07:16comme ses électeurs, d'ailleurs.
07:17Les Insoumis ou le NFP qui, comme leurs électeurs,
07:20veulent des impôts pour taxer les plus riches,
07:22ce qui n'est pas le cas de la majorité.
07:24En fait, on retrouve au Parlement, et c'est plutôt ça dans une démocratie,
07:27les divisions, les fractures qui traversent notre société.
07:29Mais les Français ne comprennent rien, Paul Melun.
07:31Moi, la première, pardon, pourtant je suis journaliste.
07:33Je suis l'actualité.
07:35On est perdus.
07:37Mais, Jules Torres, je trouve vraiment que ce n'est pas possible.
07:41Le spectacle auquel on assiste à l'Assemblée,
07:43franchement, ça dégoûte les Français de la politique.
07:45Parce que ce n'est pas du tout un spectacle, c'est un théâtre.
07:47C'est un théâtre.
07:48C'est-à-dire qu'on a, en effet, Mathieu Lefèvre,
07:50évidemment, il défend son parti,
07:54il défend son camp, il défend le socle commun.
07:56Mais malheureusement, le débat,
07:58l'Assemblée nationale sert à ce qu'on ait des débats.
08:00Donc, il ne peut pas reprocher que l'ORN fasse avancer son agenda.
08:03Il ne peut pas reprocher que le Nouveau Front Belge fasse avancer son agenda.
08:06Là aussi, où la gauche et l'ORN jouent un théâtre,
08:10c'est-à-dire qu'ils nous disent qu'ils ont supprimé
08:13la hausse sur l'électricité,
08:15alors qu'on sait que ça reviendra dans la prochaine mouture.
08:17Le RN crie victoire en disant qu'ils ont baissé de 5 millions
08:23la contribution européenne de la France.
08:25On sait très bien que ce ne sera pas dans le budget final.
08:27Donc, tout le monde se satisfait de petites victoires par-ci, par-là.
08:30À la fin, qui va trinquer ?
08:32Évidemment, ce sera toujours les Français.
08:34Ce n'est pas que un théâtre non plus.
08:35C'est-à-dire que les mesures que propose le RN
08:37ou que propose la gauche sont des mesures
08:39qui sont aussi plébiscitées par leurs électeurs
08:41et qui donnent leur axiome idéologique à chacun.
08:44Pour nuancer ce que vous dites, ils ne sont pas que dans la posture.
08:47Oui, mais ça n'a aucune chance de se retrouver dans le budget final.
08:50Et c'est là où ça finira par un 49-3, on le sait.
08:54Je pense que c'est pour ça que les Français en ont ainsi.
08:56Ils savent que ça va finir par un 49-3 et ils sont dans la résilience.
08:59Vous vous intéressez aux combats politiques où il y a des vrais enjeux,
09:01pas aux combats politiques dont vous savez que les dés, à la fin, vont tomber d'un côté.
09:05Les dés sont déjà jetés.
09:07Malgré la volonté de Michel Barnier.
09:09Même Michel Barnier veut du dialogue, il l'a redit encore cet après-midi.