Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, retour sur la censure du gouvernement Barnier.
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00:00Pascale Proé, de 11h à 13h, sur Europe 1 Pascale.
00:03On est avec Franz Olivier Gisbert, bien évidemment, et on essaye de décrypter, puis d'imaginer ce qui va se passer.
00:08D'abord, l'équation pour aujourd'hui Emmanuel Macron, le futur premier ministre, a priori, il doit pencher à droite.
00:17Ah oui, c'est clair, parce que quand vous regardez l'Assemblée Nationale, la façon dont elle est conçue, il n'y a pas de majorité à gauche.
00:24Il y a 66 députés du PS. Si ces 66 se désolidarisaient de la France Insoumise, et c'est le vœu, si j'ai bien compris, de M. Lecornu, ce qu'il disait ce matin, Jacques Seyret.
00:38Entre autres, et Edgabriel Attal, notamment aussi, qui cherche à les séparer des Insoumis, parce que les Insoumis ont une ligne très claire, c'est que si ce n'est pas un premier ministre du NFP, on censure.
00:47Donc l'autre majorité possible, ou l'autre construction possible, ce serait les 66 membres du PS. On rappelle qu'il y a 163 députés d'ensemble, et à ce moment-là, vous pourriez avoir une majorité dite relative.
01:02Pourquoi pas même quelques LR. Mais ça, on est d'accord que ce scénario, on l'écarte.
01:06Oui, je crois que LR ne serait pas dans cette configuration-là, de toute façon. A priori, ce scénario, ça aurait pu marcher. Mais le problème, on voit bien aujourd'hui que les socialistes, en gros, ont peur de LFI.
01:20C'est ça l'histoire. Vous avez des municipales qui vont venir, vous avez des tas d'accords électoraux qui les obligent, et finalement, pour un socialiste, s'il se désolidarise du NFP dans les semaines ou les mois qui viennent,
01:34ça veut dire qu'il a toutes les chances d'avoir, parce qu'il y aura sans doute des législatives l'année prochaine, dès que Macron pourra dissoudre, il dissolvera l'Assemblée Nationale, il dissoudra.
01:44Et donc, à ce moment-là, il se retrouve avec un LFI. Et LFI a montré au dernier législatif, c'est très important, que quand il met la vindicte sur un candidat sortant NFP à l'époque, c'était NFP, Action UPS, il est battu.
02:06Exemple Fabien Roussel, il était battu. Exemple quelqu'un, d'ailleurs, qui aurait pu faire l'affaire dans cette occasion, parce qu'on parle de Lucie Casté, qui est quand même une blague, mais Valérie Rabault, par exemple, elle était battue aussi. Et ça, vraiment, on sent qu'il y a la main de l'LFI là-dedans à chaque fois.
02:21Ça penche à droite. Et parmi ceux qui pensent à droite, il faut donc trouver, c'est toujours pareil, le mouton à cinq pattes, Jacques Serres, c'est-à-dire quelqu'un qui est compatible avec le Rassemblement National, donc M. Lecornu-Ley, par exemple, M. Retaillot, bien sûr, quelqu'un qui n'effraie pas le bloc ensemble, même si, a priori, il n'y aura plus jamais de censure possible pour un homme de droite, après ce qu'a dit Gabriel Attali hier, il ne mêlera jamais ses voix à la France Insoumise.
02:48Donc, il est tranquille, j'ai envie de dire, le Premier ministre de droite ne sera jamais censuré.
02:52C'est pour ça qu'à ce stade, il y a finalement trois noms. Je vous en ai cité six au tout début de l'émission. Il y a trois noms, finalement, qui sont sérieux. C'est Sébastien Lecornu, c'est Bruno Retaillot et, dans une autre mesure, François Bayraud, qui, du point de vue du RN, n'est pas mal perçu.
03:10Après, il y a plus un sujet, François Bayraud, avec les LR, parce que là, il y a un historique, le fait qu'il n'ait pas soutenu Nicolas Sarkozy en 2007.
03:17J'ai vu passer également, et ça c'est une question importante, M. Wauquiez a dit qu'on ne censurera pas le gouvernement même si les LR ne participent pas. Est-ce qu'on est assuré de la participation des LR dans le futur gouvernement ou est-ce que Wauquiez peut dire non ?
03:37Il peut, mais ce serait un pari presque incohérent, finalement, par rapport à ce qu'il s'est joué ces derniers mois.
03:42Sauf Retaillot, c'est-à-dire que Retaillot, pour M. Barnier, peut devenir un handicap parce que lui-même cherche la présidentielle et il expose le grand vainqueur des 90 jours, c'est Bruno Retaillot, François Bayraud.
03:59Est-ce qu'il est présidentiel ? Je ne sais pas, parce que ce n'est pas joué encore. Vous avez toujours Laurent Wauquiez, qui a montré pendant le débat hier que c'est un très bon orateur, il tient le truc. Il n'a pas vraiment encore commencé une campagne pour la présidence, il prend son temps.
04:17Vous l'avez trouvé bon, par exemple, Laurent Wauquiez, hier ?
04:19Oui, j'ai trouvé bon. Il était bon dans son registre. Son registre, c'était d'attaquer Marine Le Pen. De toute façon, la seule chance de survie des Républicains, qui sont quand même un petit peu en danger électoralement, pas trop, mais quand même, ils tiennent très bien leur...
04:36C'est un électorat terroir, avec des guerriers qui sont là, des survivants. C'est ça un peu le LR, c'est très particulier. Ils se foutent pas mal les uns des autres, c'est très individualiste, mais ça tient.
04:51Et là-dessus, quel est l'adversaire principal ? Pour eux, c'est évidemment le Rassemblement National, donc il a fait un discours très anti-Le Pen.
04:59Ressaisissez-vous, ressaisissez-vous. Donc les LR seront sans doute présents, donc l'équation est la même pour Emmanuel Macron.
05:07Je pense surtout que si c'est Sébastien Lecornu, c'est très difficile de ne pas continuer en offrant beaucoup plus de ministères LR que la fois précédente.
05:16Parce que l'affichage, déjà, sera un peu compliqué pour Macron. Les gens vont dire, quoi, il a perdu, etc. Il revient encore par la fenêtre. Il en a marre, parce qu'il y a ce courant, quand même.
05:25Donc je pense que, moi j'ai plutôt tendance à penser que l'alliance, le socle, tout ça va continuer, sous une forme peut-être un peu différente.
05:34Si c'est Lecornu qui semble avoir la faveur, parce qu'il est très apprécié par l'ORN, c'est très important, parce qu'il y a des rapports depuis longtemps.
05:44Et sur le fond, avec le budget, parce qu'on retiendra quand même l'histoire de la Ve République, vous qui avez beaucoup écrit sur la Ve République,
05:49l'histoire de la Ve République retiendra que le gouvernement Barnier est tombé, parce qu'il avait décidé d'indexer les retraites au 1er juillet au lieu du 1er janvier.
05:56Enfin, tout ça est quand même dérisoire, François-Olivier.
05:58Complètement. Mais ce n'est pas non plus la fin du monde. Je pense que la France va très mal. Il y a beaucoup de décisions à prendre.
06:05Michel Barnier, pour des raisons, je ne sais pas, je n'ai pas envie d'entrer dans le détail, ce serait trop long, n'a pas...
06:12Il n'a pas été habile.
06:13Il a dit qu'il allait dire la vérité, il n'a pas dit la vérité. Il n'a pas dit la vérité sur l'état de la France, globalement, sur tous les domaines.
06:20Ça va de l'effondrement de l'industrie, déjà... Mais ça, ce n'est pas Macron qui est responsable, c'est depuis longtemps.
06:27Enfin, on a quand même l'industrie la plus faible d'Europe, par rapport à la richesse nationale, on est la plus faible avec la Grèce.
06:35On est tout en bas du tableau. C'est incroyable quand on pense à ce que la France était.
06:39On a une agriculture qui était notre force, qui est aujourd'hui en difficulté.
06:43Enfin, ça, c'est... Aujourd'hui, c'est la situation.
06:45Donc, vous voyez, tout ça, c'est des problèmes qui n'ont pas été traités et qui ne seront peut-être pas traités dans les prochains mois.
06:52Ce qui veut dire que, de toute façon, on va quand même vers une multiplication des crises, c'est ce que je disais tout à l'heure.
06:58Alors, au-delà de la responsabilité qui est parfois portée par le politique, est-ce que la responsabilité des Français ne doit quand même pas être engagée ?
07:05Parce que les Français ne veulent aucune réforme.
07:06Non. Ça, je ne suis pas d'accord.
07:08Je pense qu'ils sont dans la rue immédiatement.
07:10La retraite le monte. C'est-à-dire qu'il faut sans doute bosser plus.
07:14Non, non. Je pense qu'on doit avoir des politiques.
07:16Prenons l'exemple de la retraite. Il faut sans doute bosser plus.
07:19C'est évident. La France est le pays qui travaille le moins des pays d'OCDE par habitant.
07:24Parce que toi, par salarié et par habitant, on est très très bas.
07:27Comment vous faites pour aller dire aux peintres, aux plaquistes, à ceux qui font des métiers difficiles, qu'ils vont aller travailler jusqu'à 62, 63 ou 64 ans ?
07:35Il suffit de parler vrai aux Français. Ce que Emmanuel Macron n'a pas fait.
07:40C'est-à-dire qu'il a fait comme s'il faisait des cadeaux régulièrement aux Français.
07:45Comme s'il y avait beaucoup d'argent, de l'argent magique, etc.
07:48Il faut dire ce qu'a fait. Regardez.
07:50Barre. Il a dit que ça ne va pas du tout.
07:53C'est la situation d'aujourd'hui d'ailleurs, mais bien pire.
07:55Parce qu'il y avait une crise. Il y avait les deux chocs pétroliers quand il a dit ça.
07:58Vous le racontez dans votre livre. Même Giscard, je crois, de mémoire, lui dit que vous ne pouvez pas dire ça.
08:03Je crois que c'est vous qui le racontez.
08:04Oui, mais bien sûr.
08:05Parce qu'il dit tellement la vérité que Giscard lui demande de ne pas la dire.
08:09Oui, sauf que Barre est devenu populaire après.
08:11Il est venu populaire.
08:12Regardez, Rocard aussi, si elle lui arrivait de dire souvent la vérité, y compris d'ailleurs sur l'immigration.
08:16Ils n'ont pas été ni l'un ni l'autre présidents.
08:18C'est sûr, ils n'ont pas été présidents, mais ils sont devenus populaires.
08:21C'est-à-dire qu'il ne faut pas prendre les Français pour des imbéciles.
08:24Moi, j'attends l'homme d'État qui viendra, ou la femme d'État, parce qu'il y en a aussi,
08:29qui dira aux Français, voilà ce qui se passe, voilà ce qu'on doit faire.
08:33On est dans la même barque.
08:35On a un beau pays.
08:37Il y a de l'énergie, il y a une jeunesse, etc.
08:40On ne peut pas continuer comme ça.
08:42C'est-à-dire, vous savez très bien, c'est la société à irresponsabilité illimitée.
08:48Mais c'était Macron 2017, Macron Révolution, c'était exactement ça.
08:52Non, pas du tout, pas du tout, pas du tout.
08:54D'abord, il a commencé par un horrible mensonge de foutage de gueule des Français
08:57quand il dit qu'il va supprimer la taxe d'habitation.
08:59Moi, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas voté pour lui au premier tour.
09:02Un type qui ose dire qu'il va supprimer la taxe d'habitation, il se fout du monde.
09:06D'ailleurs, elle est revenue par la fenêtre, évidemment, tout de suite.
09:09Sa première réforme des retraites à points était intéressante.
09:12Très bien, mais ça, excusez-moi...
09:14Et les Français n'en ont pas voulu.
09:16Non, mais non, ce n'est pas comme ça.
09:18Écoutez, je suis désolé.
09:20Quand il y a eu, par exemple, la grande bagarre...
09:22Les Français n'ont aucune responsabilité, c'est que de la faute des politiques.
09:26Bon, d'accord, il y a une responsabilité des Français.
09:28Mais ce que je veux dire, c'est que d'abord, il faut leur parler.
09:30D'abord, il faut leur expliquer.
09:32Il faut ce que...
09:34On fait des tas de personnalités politiques dans le passé.
09:37Je disais, par exemple, même récemment à Mitterrand,
09:40dans l'histoire de la rigueur,
09:42il n'a jamais voulu prononcer le mot rigueur,
09:44mais il leur dit, voilà, on ne peut pas continuer comme ça.
09:46Ce n'est pas possible, les déficits, il faut arrêter.
09:48De Gaulle...
09:50Excusez-moi, vous dites...
09:52Attends, De Gaulle, il n'a pas arrêté de faire de la pédagogie.
09:56Attendez, il arrive en 1958,
09:58dès 1959...
10:00L'époque était différente.
10:02Non, ce n'est pas vrai.
10:03Excusez-moi, le tout pour la com',
10:05avec les pochettes surprises à longueur de journée,
10:07la politique en meurt de ça.
10:09Il faut des hommes d'État,
10:11des personnalités qui parlent vrai au français.
10:13J'entends bien, mais je pense que c'est plus difficile aujourd'hui qu'avant.
10:15Et on peut se poser une question,
10:17est-ce que nos démocraties sont devenues ingouvernables ?
10:19Avec les réseaux sociaux,
10:21avec la fracture de la société,
10:23avec les minorités actives,
10:25avec, avec, avec,
10:26on peut s'interroger sur la démocratie.
10:28On peut mener cette réflexion.
10:30Les réseaux sociaux, il ne faut pas exagérer,
10:32parfois c'est l'allié de l'humanité qui s'exprime là-dedans,
10:35comme dans les bistrots.
10:37Il n'y a toujours eu ça.
10:39Ce n'est pas la faute aux réseaux sociaux,
10:41on dirait Macron.
10:43C'est toujours la faute aux réseaux sociaux, mais non.
10:45Mais oui, c'est du Macron, tout craché.
10:4711h26, François-Olivier Gisbert est avec nous.
10:50Vous pouvez l'interroger, surtout.
10:52Tiens, on va prendre un auditeur, tout de suite après.
10:55C'est monsieur Gisbert.
10:56Gisbert, c'est ce que j'ai dit tout à l'heure.
10:5811h26, à tout de suite.
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