Lundi 10 mars 2025, SMART BOURSE reçoit Thierry Guille (Président, Raymond James France) , Adrien Dumas (Directeur des investissements, Mandarine Gestion) et Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Véronique Riche-Flores est avec nous, économiste, présidente de RF Research et cofondatrice
00:17de Calaisis 360.
00:18Bonsoir Véronique.
00:19Bonsoir.
00:20Adrien Dumas nous accompagne également, directeur des investissements de Mandarine
00:23Gestion.
00:24Bonsoir Adrien.
00:25Bonsoir.
00:26Et Thierry Guille est avec nous, président de Raymond James France.
00:28Bonsoir Thierry.
00:29Vous êtes spécialiste du marché américain, vous revenez, j'allais dire du marché américain,
00:34oui quasiment, vous revenez des Etats-Unis où se tenait ces derniers jours la grande
00:38conférence annuelle de la maison Raymond James, c'est ça, Floride, toujours, Orlando,
00:44toujours.
00:45Thierry, il y a un peu de friture sur la ligne entre Donald Trump et les marchés alors
00:49qu'on marque aujourd'hui le cinquantième jour d'exercice du pouvoir de Donald Trump.
00:53Qu'est-ce qui se passe et quelle est l'évaluation que vous faites de ces cinquante premiers
00:58jours d'exercice du pouvoir ?
01:00Alors le bilan est plutôt assez controversé, on a, le message qu'on a reçu des entreprises,
01:06le maître mot c'est vraiment l'incertitude et c'est probablement en bourse ce qui génère
01:11effectivement tant de volatilité, c'est vraiment des déclarations parce que cette conférence
01:15est une conférence généraliste donc on voit des entreprises aussi bien dans des secteurs
01:18cycliques ou défensifs et c'était vraiment le maître mot.
01:21Alors, porter un jugement sur les cinquante premiers jours, il y avait une volonté, je
01:25pense, de la part de Trump de marquer son territoire, de donner en fait des grandes
01:28lignes mais avec des points de rupture qui sont excessivement forts et ce que je rappelle
01:35un petit peu à tout le monde c'est que sa manière de vouloir mettre en place ses plans
01:38de réforme passe par des mesures, par des décrets, par des executive orders, ce qui
01:43a un avantage c'est que ça permet d'aller plus vite mais ça a un inconvénient, c'est
01:47que ça nécessite et ça peut être contesté devant les tribunaux, c'est-à-dire comme
01:51on l'a vu sur l'aide avec un international, sur les ONG ou autre, ça peut être contesté.
01:57Donc il y aura d'autres échéances mais actuellement aux Etats-Unis, il y a pas mal de confusion
02:03du côté des dirigeants des entreprises.
02:04Donc ça crée une couche d'incertitude judiciaire en plus de l'incertitude intrinsèque liée
02:11à l'animal politique qui est Donald Trump.
02:14Oui, en fait notre analyse politique qui est basée à Washington a décortiqué un petit
02:18peu cela en trois étapes.
02:19La première c'est qu'il propose des choses qui sont très controversées et qui généralement
02:26dans le lieu après a éventuellement un reflux de sa part, on l'a vu dans l'attitude avec
02:30le Canada et le Mexique, en frappant fort, en faisant un pas en arrière, de nouveau
02:37un pas en avant.
02:38Il est probable que dans certains cas, sur d'autres sujets, ça finira devant des tribunaux
02:42qui seront amenés à arbitrer.
02:43La décision de la Cour suprême la semaine dernière était intéressante parce que sur
02:48les neuf juges qui y figurent, la majorité est républicaine et pourtant ils ont remis
02:52en cause la décision de Trump.
02:53Oui, certains d'entre eux y ont été nommés par Trump, c'est la bêtise, ça a été plutôt
02:58quand même un blow pour Trump, ça a été un...
03:01Oui, c'est ça, donc on verra sur d'autres sujets si on observe le même phénomène.
03:07L'incertitude que Donald Trump injecte aujourd'hui, et on a alors les analystes, les économistes
03:12qui sont parfaitement habitués à mesurer ces niveaux d'incertitude, il y a des modèles
03:20pour ça.
03:21Sur le plan commercial notamment, l'incertitude générée par Trump 2.0 est déjà beaucoup
03:25plus élevée que le maximum de l'incertitude que Trump 1.0 avait pu générer.
03:31C'est une incertitude stratégique, voulue, c'est maîtrisé, c'est contrôlé, il y a
03:37un projet au bout, enfin au bout de 50 jours, c'est la question déjà qu'on peut se poser.
03:42Il a surtout un calendrier, c'est-à-dire que, ça c'était encore une fois présenté
03:46à la conférence, quand vous prenez en fait, je vous rappelle aux Etats-Unis, au niveau
03:50politique, la chambre basse, la chambre des représentants, est réunie en intégralité
03:55tous les deux ans, le Sénat par tiers tous les deux ans, ça veut dire que dans un peu
03:59moins d'un an et demi, un peu plus pardon, en novembre prochain, il y aura des élections
04:02américaines.
04:03Depuis l'an 2000, nous aurons eu donc, aujourd'hui il y aura eu donc 13 élections de mi-mandat,
04:10enfin 11 fois, 11 fois sur 13, le parti au pouvoir a perdu l'élection et donc très
04:16clairement, ce que disait notre stratégiste, il dit en fait, il a 18 mois pour réussir.
04:20Son objectif c'est ça ? C'est ne pas être la douzième défaite du parti au pouvoir à
04:25l'occasion de ces élections de mi-mandat ?
04:27Je pense en tout cas, c'est l'analyse qu'on fait aujourd'hui, d'où l'idée de vouloir
04:30aller vite, peut-être trop vite diront certains, mais très clairement, il y a cette échéance,
04:34je vous rappelle que sa majorité n'est que de 3 sièges à la chambre basse et au Sénat,
04:39c'est 53-47 pour les républicains, donc c'est assez juste.
04:42Véronique, parlons de Donald Trump, cinquantième jour d'exercice du pouvoir et hier soir, dans
04:48une interview diffusée sur Fox News, Fox Business, Donald Trump nous dit, interrogé
04:53sur le risque de récession de l'économie américaine, alors il tourne autour du pot,
04:59je déteste ce genre de prédiction, mais oui, l'économie américaine est dans une période
05:04de transition, affronte une période de transition, ça résonne avec ce qu'il avait dit quelques
05:09jours plus tôt, il y aura un peu de disturbance, un peu de perturbation, nous sommes ok avec
05:14ça, est-ce qu'il avait dit encore quelques semaines précédents, il y aura-t-il de la
05:18douleur, pain, c'est le mot qu'il utilisait à l'époque, oui, peut-être un peu.
05:22Là aussi, ce n'est pas le Trump 1.0 tel qu'on l'a connu en tout cas pour son premier mandat.
05:29Exactement, ce n'est même pas d'ailleurs le Trump de la campagne, parce qu'il n'a
05:34jamais promis de la douleur, il a quand même toujours promis l'opulence, le succès, la
05:42réussite, la croissance, les emplois, etc.
05:46Il a changé et je dirais que c'est assez évident, je pense qu'aujourd'hui, il a toujours
05:55été évident que le double choc de la montée des tarifs, d'une montée substantielle assez
06:00générale, des tarifs à l'importation, combinés à des baisses significatives de dépenses
06:08publiques, seraient récessionnistes.
06:10Donc aujourd'hui, on est là et on le voit bien, la confiance des agents, des ménages,
06:16même des entreprises, la confiance des PME qui a vraiment été portée par la réélection
06:21de Donald Trump, deux mois plus tard, on regarde leur plan d'investissement, c'est retombé
06:25au point zéro, enfin au point de départ, donc il y a vraiment des doutes.
06:30Je pense que les Américains, tout autant que les étrangers d'ailleurs, ou les extérieurs,
06:36sont pris de court par la brutalité, la rapidité des réformes, la brutalité d'Elon Musk,
06:44et on commence à voir effectivement un mouvement de contestation qui ne s'adresse pas à Trump
06:49mais qui est plutôt adressé contre Elon Musk et sa politique qui est jugée trop brutale,
06:54trop violente, et sans doute mal, avec de mauvais objectifs, et donc la question aujourd'hui
07:02c'est est-ce que ça peut tomber ? Oui, indiscutablement.
07:07Pourquoi les marchés ne l'ont pas vu et pourquoi la plupart des économistes ne l'ont pas vu
07:14avant les élections ? C'est parce qu'il y avait les baisses d'impôts massives et que
07:18là, pour l'instant, il n'y a plus de baisses d'impôts dans le discours, et ce qu'on comprend
07:23bien c'est que si on veut des baisses d'impôts, et bien il va falloir faire des sacrifices.
07:28Faire d'abord les économies. Exactement. C'était le risque qu'on avait mentionné
07:31comme un des risques majeurs de récession. La séquence est contrainte quand même par
07:37les marges de manœuvre réduites en termes de finances publiques. Il ne fait pas ce qu'il
07:40veut de ce point de vue-là. Exactement. Et la manière dont il fait les choses, parce
07:44qu'on veut aller vite, et j'ai envie de dire vivement qu'on est dépassé les 100 jours
07:49parce qu'on va peut-être calmer un peu le rythme, mais bon, on ne sait même pas. La
07:54manière dont les choses sont faites est extrêmement violente parce qu'elle doit répondre, je
07:58pense, et parce que Trump doit revenir avec ses promesses de baisses d'impôts. Est-ce
08:03que l'économie américaine peut sombrer ? On n'a pas d'élément, c'est les mêmes éléments
08:11qu'on avait évoqués ces derniers trimestres, quand on a eu des petits stress. Il n'y a
08:16rien qui, cycliquement, laisse penser qu'on a de la place pour un ajustement violent type
08:23récession classique, potentiellement profonde, à l'exception de la tenue des marchés financiers.
08:29C'est là, à mon avis, que va se jouer le risque. C'est là qu'on commence à regarder
08:34de près, effectivement, à reprendre toutes nos estimations, effets richesses, etc. Pour
08:39l'instant, l'immobilier tient. Les prix de l'immobilier tiennent, mais la répartition
08:43de l'immobilier, elle est ce qu'elle est. Et c'est là que ça peut tourner très mal,
08:49en réalité, et surtout pour Donald Trump. Mais voilà, on est dans l'expectative avec
08:55une banque centrale qu'il y a pour l'instant, quand même, et heureusement que Jérôme Powell
09:00l'a confirmé. Pour l'instant, il n'y a pas de raison de changer le cap de la politique
09:05monétaire. Ça veut dire que la banque centrale n'est pas en mesure d'anticiper ce risque
09:09ou de prévenir ce risque de récession, ce qui pourrait calmer la donne sur les marchés.
09:13J'ai été frappé. Il y a plein d'indicateurs de marché, de sentiments. Il y en a un qui
09:17est très connu, c'est le AAII, le sentiment auprès des investisseurs. A peine le S&P
09:26avait baissé de 5% par rapport à son sommet que cet indicateur-là est passé en zone
09:30extrême bearish. Quand même, 5% de baisse, ça fait basculer tout le monde dans l'idée
09:36qu'à 6 mois, les actions vont forcément continuer de baisser.
09:39On paye tellement cher. Les multiples sont tellement élevés qu'il y a une exigence
09:45de résultat qui fait que la moindre déception peut provoquer des mouvements de retrait,
09:54d'inversion au risque peut-être disproportionnés, mais qui peuvent se trouver leur explication
09:59par des attentes qui sont très élevées, comme l'expriment les PE.
10:04Pour vous, c'est la course des marchés qui peut faire basculer l'économie américaine
10:08dans un scénario ou dans un autre ?
10:09Oui. Trump n'est pas tout à fait... Elon Musk n'est pas tout à fait une variable insensible,
10:16mais effectivement, s'il met à exécution ses menaces en termes de dépenses publiques
10:22et d'emplois publics principalement, mais il n'y a pas que ça, on verra le risque
10:27de récession augmenter sensiblement. Or, qu'est-ce qui se passe s'il y a un risque
10:30de récession ? Là où c'est tarif, les entreprises seront bien obligées de l'avaler.
10:34Donc, il y aura non seulement moins de demandes domestiques, mais en plus, ce choc que les
10:38entreprises américaines risquent de voir absorber complètement. Ce n'est pas tout
10:43à fait ce qui était prévu ici dans les perspectives.
10:45Ah non, non, non, ce n'était pas ce qu'on avait en tête quand on parlait d'exceptionalisme
10:48américain.
10:49Et tout ça, ça se mesure effectivement dans la réaction.
10:52Mais je crois que même pour Donald Trump, Elon Musk devient un peu trop brutal. Il lui
10:57a dit la semaine dernière, il dit il faut arrêter d'y aller avec la hache, il faut
11:00y aller au scalpel maintenant. Adrien, vos commentaires. Et puis, si c'est une question
11:05de marché, où est le put ? Je veux dire, comment est-ce qu'on peut stabiliser un marché
11:10si vraiment il faut se préparer ? Bon, le Nasdaq est à moins 12 aujourd'hui par rapport
11:14au sommet, mais ça reste encore acceptable au regard du volume de hausse qu'on a enregistré
11:19sur les deux dernières années. Mais s'il y a besoin d'un coup de circuit, d'où peut-il
11:22venir ?
11:23C'est une bonne question, sachant que ce week-end, on a l'impression quand même que la tentative
11:25c'était d'envoyer un peu des pompiers en disant, ne vous inquiétez pas, c'est à peu près
11:28sous contrôle et tout va bien. On voit que la réaction des marchés n'est pas du tout
11:31les pompiers en rassurés. Donc, la question d'où est l'événement salvateur, c'est une
11:36bonne question. Moi, je pense qu'elle viendra quand même plutôt des taux de l'anticipation
11:38des taux, c'est-à-dire, est-ce que le sujet inflationniste continue à être bien cadré,
11:41finalement, sur des tarifs un peu moins agressifs que prévu, et que donc on redonne de la marge
11:45de manœuvre à la Banque centrale pour accompagner un ralentissement qui, effectivement, semble
11:49assez évident. Et enfin, je rappelle quand même que l'indicateur de surprise économique,
11:53en fait, il s'est retourné déjà dès novembre, en fait. Donc, juste après l'élection de
11:56Macron, on avait déjà, en fait, un cycle de déception sur les indicateurs économiques
12:00des entreprises qui, pendant la publication des résultats de l'année dernière, ont
12:02quand même été assez prudentes en disant que les industriels se sont préparés à
12:07ces hausses de tarifs douaniers, donc ont beaucoup prêt à commander, donc beaucoup
12:11de stocks. Donc, attention, le premier trimestre, même le premier semestre, sera un petit peu
12:14difficile. Donc, on est dans ce moment qui n'est déjà pas facile. Et en plus, là,
12:17on dit, attention, ça va durer plus longtemps que prévu parce que c'est transitoire. Et
12:20donc, la réaccélération qui était l'élément qu'on avait prévu avec l'arrivée de Donald
12:24Trump en 2025-2026, il va falloir certainement la reporter dans le temps. Donc, oui, c'est
12:28vrai que si on met tout ça dans le ton noir, on se dit qu'effectivement, à court terme,
12:32il va y avoir un peu de chahut et effectivement beaucoup de volatilité. Les taux ont quand
12:36même corrigé rapidement quand même aux États-Unis. Le disant américain est quand
12:40même beaucoup, beaucoup, beaucoup baissé, ce qui permet aussi à certains secteurs ou
12:44à certains actifs, comme vous l'oubliez, de tenir un petit peu. Mais l'effet richesse,
12:48je pense que c'est effectivement un bon sujet. Le bitcoin vient de perdre 15% en ligne droite.
12:52Le retail, qui était très participant après l'élection de Donald Trump, visiblement
12:56est en train beaucoup de réduire la volure aussi. Donc voilà, certainement, d'où viendront
13:00un peu les questions et les risques peut-être à court terme sur les indicateurs économiques.
13:04Et là, c'est un marché compliqué, du point de vue des indices américains.
13:08Voilà, on a le retournement traditionnel du momentum qui était vraiment tout ce qui
13:12avait été tiré depuis septembre, c'est-à-dire au moment où la probabilité de Donald Trump
13:16arrivant à la tête des États-Unis était vraiment bien identifiée. Et on va dire que
13:19tout ce qui a été porté depuis septembre jusqu'à le point haut de mi-novembre est
13:24en train un petit peu de faire marche arrière. C'est assez, je trouve, incriminant.
13:28Et donc c'est quoi ? C'est les niveaux de septembre qu'il faut regarder ? C'est ça
13:30le seuil de douleur pour le marché ? Parce qu'on va déjà effacer une bonne partie
13:34de tout ça.
13:35Ça va être le moment où, en tout cas, il y a quelques hedges qui vont commencer à
13:37devoir se couper. Là, on sent qu'il y a pas mal d'éléments qui sont en difficulté,
13:42qui sont en train de revoir un petit peu leur niveau de levier, parce qu'effectivement
13:45les points de septembre ont été dépassés à la baisse. Donc oui, oui, c'est un moment
13:50de volatilité. On voit des titres qui plongent très très rapidement, alors que les fondamentaux,
13:54prenons juste la thématique de l'IA. Il y a eu Broadcom qui a publié vendredi, c'était
13:57quand même plutôt bon, il n'y a pas de stress particulier. Et les titres restent sous pression
14:01parce qu'effectivement c'est des gros composants, notamment de la partie momentum du marché
14:05qui a été fortement tirée.
14:06C'est une logique de flux, c'est ça. Il n'y a pas de discrimination. Oui, Nvidia,
14:09Tesla, les profils de ces entreprises n'ont pas changé en trois semaines ou en deux mois.
14:15Oui, je voulais dire, un élément aussi assez angoissant, c'est qu'on se dit,
14:18waouh, et le jour où il y a un vrai risque de récession, qu'est-ce qui nous prépare
14:22Trump ? Ça complexifie encore.
14:26Qu'est-ce qu'il a en stock pour gérer une éventuelle récession dans son programme ?
14:30Qu'est-ce qui peut sortir de son chapeau ? Un accord, je ne vois pas trop un accord
14:36sur la baisse du dollar, mais voilà la question.
14:40Ça a été théorisé, oui.
14:42Exactement, ou autre chose, et peut-être une mesure fiscale d'ailleurs, puisqu'on
14:50a complètement oublié que ça faisait partie du programme quasiment, mais il peut la ressortir.
14:55Je crois qu'Elon Musk, je n'ai pas trop vu repris, alors que je pense qu'on lui a
14:59coupé l'herbe sous le pied, il y a peut-être deux semaines avait dit avec toutes les baisses
15:04de dépenses fédérales qu'on a à notre actif, on va pouvoir envoyer un chèque de
15:085 000 dollars à tous les Américains.
15:10J'ai rêvé, non.
15:11Ils s'en passent beaucoup les week-ends.
15:12Bien sûr, bien sûr.
15:13On va pouvoir donner du pouvoir d'achat avec ça, mais bien sûr.
15:17Et donc on navigue dans cette espèce de flou artistique extrêmement inconfortable.
15:23C'est un thème de l'incertitude absolument.
15:27Oui, il y a un Trump double face.
15:28Première guerre comme ça que j'ai retrouvé les chiffres, parce que là la Chine vient
15:31de mettre en place des tarifs de rétorsion sur l'agriculture américaine, qui avait
15:34beaucoup souffert de la première guerre commerciale.
15:36J'ai vu que les faillites avaient explosé de 25% dans le secteur agricole et j'ai retrouvé
15:41les chiffres.
15:42Ça avait coûté 27 milliards de dollars de pertes au secteur agricole américain.
15:46La première guerre commerciale compensée en très grande partie à hauteur de 23 milliards
15:51de dollars par des subventions fédérales.
15:52C'est-à-dire que dans la guerre tarifaire, Trump derrière quand même envoyait 23 milliards
15:58de dollars de subventions au secteur agricole qui se retrouvait en première ligne comme
16:02ça, notamment face à la Chine.
16:04Sur le marché Thierry, qu'est-ce qu'on peut dire de la situation après notamment,
16:08encore une fois, les années de rallye, d'exceptionalisme américain qu'on a vécu ? Vous êtes venu
16:13avec un graphique là aussi de longue période, c'est ça, concernant le S&P 500 Thierry ?
16:19Oui.
16:20Quel est l'objet de ce graphique et comment est-ce qu'on peut l'expliquer ? Parce qu'il
16:24n'est pas évident à lire comme ça.
16:26Dans les grandes lignes, vous avez, ça s'étale en fait, c'est sur quasiment un demi-siècle
16:31entre 1980 et 2024, on a 45 années.
16:34Les lignes bleues qui montent, ce sont les hausses du standard N pour 500, qu'elles
16:37montent ou qu'elles baissent, et tous les points rouges montent les maximums drawdowns
16:42pour une année.
16:43D'accord.
16:44La perte entre le sommet et le point bas quoi.
16:45Voilà.
16:46Donc on va prendre un exemple, la ligne bleue marine qui est la plus basse remonte au
16:50subprime où le SPI avait perdu en cours d'année près de 50% et on a fini en baisse
16:55de 34%.
16:56Deux constats.
16:57Le premier, c'est que ça monte beaucoup plus que ça ne baisse.
16:59C'est déjà la première bonne nouvelle.
17:01La deuxième chose, c'est qu'en fait, si on écarte deux années qui ont fini pratiquement
17:05à zéro, les marchés n'ont baissé que 8 années sur ces 45 années.
17:09Ce qui est intéressant, je trouve, c'est que la ligne rose horizontale que vous voyez
17:13sur le bas vous montre quelle est la baisse moyenne du marché américain depuis 45 ans.
17:17Le chiffre, on ne le voit peut-être pas direct très bien, c'est à peu près 15%.
17:21Par an.
17:22En moyenne, par an.
17:23Voilà, en moyenne, absolument.
17:25C'est l'ampleur de la baisse moyenne.
17:28D'accord.
17:29La ligne bleu ciel au-dessus, c'est la hausse moyenne 10,6%.
17:34Je rappelle toujours que si les marchés ont monté depuis les années 80 en moyenne de
17:3810% par an aux Etats-Unis, sur des durées plus longues, on va dire, sur la bourse existe
17:42depuis la fin du 19e siècle, la hausse n'est que 6,5%.
17:45Donc on voit à quel point les boîtes de croissance à partir des années 80, vous
17:48avez un point d'inflexion.
17:50Ce qui n'apparaît pas là et dans le commentaire qui figurait sur ce graphe, c'est qu'en fait
17:56très souvent, sur le marché américain, vous avez des corrections comprises entre
18:007 et 12%.
18:01Aujourd'hui, sur le SPI 500, la correction est à peu près 8%.
18:05Elle est somme toute normale.
18:06Elle est désagréable et ça, c'est assez habituel.
18:09La difficulté, c'est que si on se rapproche plus de 15%, qui nous mettrait globalement
18:16un marché vers un niveau de 5,3 sur le SPI à peu près, qu'est-ce qu'on fait ?
18:20Et c'est là toute la difficulté.
18:22Nous, le pitch de notre stratégiste la semaine dernière, c'est qu'il faut probablement
18:26rester encore défensif, peut-être encore un mois ou deux, ce n'est pas une chance
18:29exacte, on a déjà pas mal baissé, que l'accès de faiblesse qu'on a connu du côté du consommateur
18:35américain en ce début d'année est surtout lié à deux phénomènes dont on est peut-être
18:39moins sensibilisés ici, c'est le froid et la grippe, mine de rien.
18:42On sait que c'est des composantes importantes de la croissance du PIB américain et que
18:46tout ça devrait se renormer.
18:48Je dirais qu'une fois que si on va chercher ces points bas, entre moins 13 et moins 15,
18:53et je n'ai même pas la certitude qu'on y aille, la question sera peut-être probablement
18:56de revenir sur des thématiques parce que, comme ça a été rappelé tout à l'heure,
19:00on n'a pas les ingrédients aux Etats-Unis d'une récession.
19:03Les éléments qu'on voit là...
19:05Non, mais ça fait longtemps qu'on n'en a pas eu.
19:07Et ça fait longtemps que les taux sont quand même élevés.
19:10Je sais, c'est un argument de comptoir.
19:13Non, ça peut s'entendre, mais quand on mesure que ce soit, encore une fois, le niveau du
19:18taux de chômage, la situation...
19:20On parlait des faits de richesse à l'instant.
19:22Les analyses qu'on a eues la semaine dernière, je suis allé les voir, sur l'immobilier,
19:25la situation est propre, ils ne sont pas terriblement endettés.
19:28Le principal effet de richesse sur un particulier, c'est ça, c'est son immobilier.
19:33Après, la bourse, ça, ça va être un autre élément si ça continue à se dégrader.
19:37Mais il n'y a pas vraiment d'ingrédients qui laissent à penser que le marché devrait
19:41avoir un ajustement fort en termes de récession.
19:44Toute la question, c'est la rotation.
19:46Et pour finir, ce qui est assez étonnant, et c'est ce que nous, on avait dit en début d'année,
19:50je me méfie toujours des consensus, je n'aime pas ça,
19:53parce qu'en début d'année, tout le monde était bulli pour les US,
19:56ça aurait été plutôt l'inverse de l'Europe.
19:59Il se passe l'inverse.
20:01Et en fait, par contre, ce qu'on en avait dit, c'est acheter les secteurs qui sont en retard.
20:05Je ne parle pas de capitalisation boursière.
20:07Et en fait, quand vous regardez les secteurs qui payent depuis deux mois aux US,
20:10c'est des secteurs comme la santé, comme les utilities, comme les banques,
20:13les secteurs qui souffrent aux Etats-Unis, c'est la tech, c'est la conso discrétionnaire,
20:18et les communication services, parce qu'ils sont impactés par des acteurs
20:21comme Tesla ou Metawood.
20:23Et ça, ce phénomène-là peut encore se dégrader à court terme.
20:27Mais vous dites qu'on est encore dans la normalité d'un retracement, d'une correction de marché.
20:31Oui.
20:32D'accord.
20:33Et l'idée d'un coup de circuit, s'il devenait nécessaire à un moment,
20:37si le marché ne s'arrêtait pas à 15% de drawdown,
20:42c'est quoi le coup de circuit derrière, pour l'administration Trump ?
20:46Je ne sais pas quel serait le coup de circuit de l'administration Trump.
20:49Je pense que ce qu'il faut voir, c'est qu'elle sera le rôle de la FED,
20:52qui pour moi est vraiment le gendarme des marchés, et savoir quelles seront leurs réactions.
20:55Aujourd'hui, comme c'était rappelé tout à l'heure, il n'y a pas de raison de changer quoi que ce soit.
20:59On parie aujourd'hui maintenant sur trois baisses de taux.
21:01Ça fait deux ans que tout le monde se trompe sur le nombre de baisses de taux et l'ampleur de leurs baisses.
21:06Donc je me garderais bien d'avoir un scénario sur 2025, mais je pense que là, Powell pourra intervenir.
21:12Véronique ?
21:13Ça peut être compliqué, parce que si on maintient un rythme d'inflation mensuel de hausse des primes mensuelles de 0,3%,
21:20et on était à 0,4% le mois dernier, donc ce n'est pas une hypothèse exagérée,
21:25à partir du mois de mai, du fait des effets de base, l'inflation repart.
21:29Elle repart vite.
21:30Le chiffre de mercredi sera important.
21:32Et ça, ça va être embêtant, parce qu'on n'est pas du tout sûr.
21:35A priori, d'ici le mois de mai, avec quand même des hausses de tarifs qui sont totales,
21:42ça devrait quand même plutôt pousser les hausses de prix mensuelles à la hausse.
21:47Et donc là, je pense que la Fed a cela en tête.
21:52Si elle ne l'a pas encore, elle ne va pas tarder à l'avoir, parce qu'il y a quand même tout un tas d'économistes qui font ce genre de choses.
21:59Et c'est extrêmement gênant, en fait, pour imaginer une Fed qui soit totalement libre d'agir.
22:08D'autant que, si on parle du S&P, même le Nasdaq, en fait, on n'a rien perdu.
22:15On regarde le graphique sur une période un peu longue, on voit à peine le...
22:20Mais justement, c'est qu'on a tellement...
22:23On a perdu 12% depuis le sommet historique.
22:26Mais on a tellement accumulé ces dernières années que ces 12% de baisse, c'est rien du tout.
22:33Et c'est là que ça fait...
22:36C'est vertigineux, quoi.
22:37Voilà. Parce qu'on se dit...
22:39Et peut-être que la Fed peut se dire 12%, je ne pense pas, parce qu'ils connaissent bien les rouages et les risques associés,
22:46mais finalement, dans l'absolu, s'ils veulent un petit peu titiller le président américain,
22:53le faire s'enliser, s'embourber, ils peuvent maintenir le cap,
22:57attendre de voir l'inflation qui remonte.
22:59Tiens, t'avais promis que ça baissait.
23:01C'est ce qui est de nature à calmer un peu Donald Trump, quoi.
23:04C'est aussi ça un coup de circuit pour moi.
23:06Qu'est-ce qui peut calmer l'administration Trump si ça devient nécessaire de...
23:10Alors là, c'est le coup de circuit pour Trump, mais c'est peut-être pas pour les marchés.
23:13Non, non, non, mais...
23:15Voilà, exactement.
23:17Donc, c'est pas facile.
23:19Les chefs d'entreprise, visiblement aussi, on a vu sur l'automobile, les histoires de tarifs avec le Mexique et le Canada.
23:26Très vite, à Détroit, ils lui ont expliqué quand même comment ça se...
23:29Enfin, évidemment qu'ils le saient, mais que c'était peut-être pas supportable de le faire comme ça, aussi violemment, etc.
23:35Donc, il y a quand même Corporate America aussi qui, quand bien même elle a pu participer à l'élection de Donald Trump,
23:43qui n'est pas en reste quand il faut peut-être mettre certaines limites à ce que l'administration Trump aurait envie de faire aujourd'hui.
23:51Le contraste est d'autant plus saisissant que l'Europe se réveille, Adrien.
23:55Alors, ça se voit sur les marchés.
23:57Aujourd'hui, ça baisse, on perd 1,5% sur les indices européens,
24:00mais la divergence même sur les marchés obligataires a été spectaculaire.
24:04Oui, c'est pour ça qu'on vit d'autant moins bien, qu'on regarde vraiment comme quelque chose d'assez exceptionnel la baisse de 12% des marchés américains.
24:11À côté de ça, on a effectivement des marchés internationaux qui se sont bien comportés, avec en plus un dollar qui s'est affaibli.
24:16Donc, ça a en plus accentué l'impression que les marchés américains avaient tendance à beaucoup sous-performer.
24:20Et avec, oui, des annonces en plus géopolitiques et d'argent mis sur la table qui sont intéressantes pour les investisseurs.
24:27Donc, oui, la dichotomie est assez marquée.
24:30Ça va être intéressant de suivre comment est-ce qu'on arrive effectivement à cette coalition en Allemagne.
24:34Est-ce que vraiment on va continuer à surprendre positivement sur la dynamique et sur le rythme des annonces ?
24:40Bon, les Verts ont essayé de faire un petit peu de négociations ce week-end.
24:43Ah bah oui, c'est le jeu !
24:45Mais on verra effectivement si c'est juste un petit grain de sable.
24:48Si, les Verts sont pour la réforme du dead bike.
24:50Ça fait partie des parties qui poussent dans ce sens-là.
24:53Eux, ils veulent une réforme approfondie qui va encore plus loin sur le dead bike.
24:57Qui va rajouter des éléments sur le plan climatique et environnemental.
24:59C'est là que ça se négocie.
25:00Effectivement, tirer un petit peu leur épingle du jeu dans l'équilibre et dans les propositions qui sont faites.
25:04Mais oui, évidemment, la dichotomie est importante.
25:07Et puis, d'un point de vue purement financier, les BPA des entreprises en Europe pourraient-elles continuer à être revues en hausse ?
25:12Donc, on ne monte pas juste sur des expansions de multiples.
25:14Il y a des révisions bénéficiaires ?
25:16Il y a des révisions bénéficiaires post-publication des résultats annuels et des premiers trimestres
25:19qui, de ce qu'on entend pour l'instant, se passent bien d'un point de vue domestique.
25:22Donc, ça aide aussi effectivement au momentum et notamment au momentum relatif vis-à-vis des marchés américains.
25:27Comment on intègre ce temps européen ou ce calendrier, ce nouveau calendrier européen
25:32avec les montants ou la volonté en tout cas de déployer des montants inédits pour l'Allemagne d'après-guerre ?
25:40Comment on met un prix là-dessus, Adrien ?
25:43La semaine dernière, sur l'euro, sur les taux, ça a été la folie, évidemment.
25:48Est-ce qu'on a déjà bien intégré ça dans les marchés actions, dans la hausse des marchés actions ?
25:53Est-ce que c'est un trajet au long cours désormais et un chemin différent aussi peut-être ?
25:58Une perception différente peut-être à terme pour les actifs européens ?
26:01Je pense que c'est plutôt ça.
26:02C'est qu'on avait un positionnement vraiment, un consensus très très fort sur le fait que l'Europe est une région à oublier,
26:07qu'il ne s'y passerait plus rien, qu'on avait des distinctions géopolitiques très importantes,
26:11que chacun jouait un peu sa carte individuelle.
26:13On a l'impression qu'au pied du mur, on a enfin un semblant de réveil et la volonté de coopérer.
26:24Donc oui, ça donne une impression de quelque chose de nouveau et avec,
26:27ce sont dans les trébuchants quand même des montants qui sont assez importants à mettre sur la table.
26:30Je pense que là, on a juste vu la correction, c'est une région qui a pu toucher,
26:34on a eu un peu de flux positif sur l'élection européenne,
26:36principalement en gestion passive, principalement les ETF qui ont été plibicités,
26:41mais on a un rééquilibrage progressif effectivement avec un intérêt pour les marchés.
26:44Est-ce qu'on peut aller plus loin ?
26:45Il va falloir rentrer un petit peu plus dans des éléments tangibles, déjà d'amélioration de sentiments.
26:49Je prends l'exemple du résidentiel, des infrastructures,
26:52c'est des marchés qui sont un petit peu mieux orientés depuis 3-4 mois.
26:55Si évidemment, on se projette avec des éléments de relance important,
26:58ça peut continuer d'arriver ce momentum.
27:00Mais vous parliez tout à l'heure de Saint-Gobain, un site qui a déjà beaucoup,
27:03par exemple extrêmement réagi au secteur de la construction, mais en général,
27:06qui a extrêmement réagi à ce news flow.
27:07On sera un petit peu prudents à court terme en disant,
27:09on va attendre d'y voir un petit peu plus clair sur l'impact réel sur les chiffres à court et à long terme.
27:13Véronique, il y a effectivement ce double horizon,
27:15avec évidemment la perspective d'une Europe peut-être demain différente,
27:20plus solide, plus autonome, puisque c'est le sens quand même du signal envoyé.
27:26Cette quête d'autonomie stratégique, c'est ce qu'on disait vendredi,
27:29certains l'attendent depuis 15-20 ans maintenant.
27:33Donc, à quel niveau d'enthousiasme on se situe par rapport à ça, Véronique ?
27:38Et dans le même temps, personne n'est naïf.
27:40On sait qu'on a dans l'intervalle quand même, à très court terme,
27:43une Europe qui reste la même.
27:45Tout n'a pas changé non plus en Europe depuis les annonces de Frédéric Schmers la semaine dernière.
27:50Et puis surtout, la perspective de tarifs a compté du 2 avril.
27:54Cette séquence Trumpienne, elle est quand même confirmée, répétée.
27:58On verra ce qu'il en est.
27:59Donc, il y a quand même ce court terme qui semble toujours un peu compliqué
28:02et ces perspectives à long terme.
28:04Oui. Et on est obligés d'être sur la retenue et de se forcer à se retenir.
28:10En tout cas, en ce qui me concerne, parce que ce qui s'est passé la semaine dernière en Europe
28:15est juste historique.
28:17Et historique à tous les niveaux.
28:19C'est-à-dire, un, une Allemagne qui, enfin, se montre plus combative.
28:24Mais pas pour elle toute seule.
28:26A priori, une Allemagne qui redevient européenne.
28:30On espère que ça va durer.
28:32Mais là, vraiment, Frédéric Schmers est quand même très surprenant.
28:37On ne s'attendait pas à ça.
28:39Il nous avait promis quand même une politique.
28:42Bon, on a parlé de trumpisme poli.
28:44En l'occurrence, il se prépare plutôt à faire du Biden.
28:49Dépense d'infrastructures, de défense.
28:52L'Allemagne en a besoin.
28:54Elle a rechigné à le faire jusqu'à maintenant.
28:56Là, il nous met 1,3% du PIB de 2024 pendant 10 ans sur la table.
29:03C'est une très bonne nouvelle.
29:06Et il est obligé de le faire avec ses partenaires européens.
29:09Et avec la France.
29:10Le couple franco-allemand qui donne les puces à rire ou à se désoler ces dernières années
29:16a besoin d'exister.
29:19Et de fait, il se renoue.
29:22Ça redore un petit peu l'image de la France.
29:25Mais surtout, ça permet quand même de croire à une orientation plus cohérente,
29:31plus pan-européenne et plus efficace, in fine.
29:36Donc moi, je suis là, comme je vous le disais, sur la retenue, mais très enthousiaste.
29:41Mais c'est plus de cohésion.
29:43C'est vraiment plus d'unité à la fin.
29:45Parce que le risque de fragmentation, il n'a peut-être pas totalement disparu.
29:50Quand on parle de coalition of the willing, alors sur des projets de sécurisation de l'Ukraine,
29:54mais sur d'autres dimensions.
29:56Coalition of the willing, en creux, ça veut dire que tout le monde n'a pas envie de suivre.
30:00Et donc, il y aura quand même, et on revient à une grande idée qui existait déjà au moment de la crise souveraine,
30:05l'idée de l'Europe des cercles concentriques, de l'Europe à plusieurs vitesses, de l'Europe des projets, etc.
30:10Ça peut être un choix.
30:12Exactement.
30:13Et ce sera peut-être le choix, parce que j'ai l'impression, en tout cas qu'aujourd'hui,
30:18on a la conscience qu'il faut avancer.
30:20Donc il faudra avancer.
30:22Qui même me suivent, et on ira.
30:25Et l'autre élément, c'est qu'il faut construire quelque chose qui soit à la hauteur des enjeux internationaux.
30:32Ce qu'on n'a jamais fait jusqu'à maintenant, à part Airbus.
30:35Et donc ça oblige à une convergence des politiques industrielles, ou des initiatives industrielles.
30:42Et il va falloir s'y mettre.
30:45Alors, peut-être qu'on ne s'y mettra pas, et que ce serait une grande désolation.
30:48Dans six mois, je vous dirais, on a cru.
30:50La décision est toujours possible.
30:52Mais aujourd'hui, je pense qu'on n'a jamais eu autant de conditions réunies pour que ça marche, pour y croire.
30:58Alors bien sûr, les taux remontent.
31:00Peut-être qu'ils remontent un peu trop tôt.
31:02Enfin, moi j'ai fait un calcul de quanta, tout bête.
31:05500 milliards sur 10 ans.
31:0750 milliards donc par an.
31:09On prend un multiplicateur budgétaire classique, vraiment pas agressif, 0,5.
31:15Pour des dépenses d'infrastructure dans un pays qui a sous-investi depuis 20 ou 30 ans.
31:19Vous êtes généreuse de mettre 0,5 seulement.
31:22Je ne pousse pas le truc.
31:26Donc 1,3%, 0,5 ça fait 0,7% de stimulation de la croissance structurelle.
31:33Et a priori de la productivité, sans compter les effets des multiplicateurs européens.
31:38Ça vaut bien 70 points de base aux étaulons.
31:42On est là.
31:44Je pense que ce qui s'est passé au niveau des taux longs est tout à fait un signal durable,
31:49qui est logique, tant qu'on n'a pas de grosses déceptions.
31:53Mais si on va dans cette direction, et c'est tout au bénéfice des perspectives européennes,
31:58y compris des marchés bien évidemment, des perspectives structurelles.
32:01Et y compris pour des pays qui n'ont pas tout à fait le même espace budgétaire que l'Allemagne,
32:06dont les taux longs termes se retrouvent aussi entraînés dans ce voyage.
32:10Exactement. Et c'est là qu'il faudra des résultats assez rapidement,
32:14parce que les taux, eux, vont vite.
32:18Mais je pense qu'il y a une urgence pour avoir des résultats.
32:22La volonté politique est là aujourd'hui.
32:24Merckx a l'air très convaincant.
32:26Bon, on a envie d'y croire.
32:28Oui, à suivre.
32:30On va y croire.
32:32Peut-être même que Trump pourrait à un moment trouver cette réaction satisfaisante.
32:38C'est aussi ce qu'il cherche à travers son discours, ses redomontades, ses outrances, si je puis me permettre.
32:46C'est aussi ce qu'il veut.
32:48Que l'Europe dépense plus, soit plus autonome, dépense plus sur le militaire.
32:53Peut-être un rééquilibrage du rapport de force aussi,
32:56qui va dans le bon sens pour tout le monde, de part et d'autre de l'Atlantique.
33:00Oui.
33:02Non, non, non.
33:04On peut répondre oui.
33:06Je ne suis systématiquement contre tous les messages qu'il envoie,
33:08que l'Europe redevienne souveraine en matière de défense.
33:12Ça paraît juste, je pense, une évidence.
33:15Et on ne peut que louer l'effort que font les Allemands aujourd'hui.
33:18Et quelque part, ça va dans ce qu'ils souhaitaient.
33:21Puis on continuera d'acheter un peu Américains en plus, avec un peu plus de budget pour le faire.
33:25On va espérer que les Allemands achètent des avions chez nous.
33:27Forcément.
33:28Ça sera à voir.
33:30Forcément, il y a des choses qui vont nous amener à...
33:33On va bouger des frontières.
33:36Et c'est probablement le message que lui souhaite qui se met en place.
33:40Le problème, c'est qu'en fait, il est vraiment...
33:44Il est imprévisible.
33:45Je vous raconte juste une anecdote.
33:47L'un des CFO d'une société de consommation,
33:51de distribution de chaussures, sketchers pour la nommer,
33:54qui était présent à la conférence,
33:56nous disait en préambule d'une présentation,
33:58« Ma chambre est au 15e étage. Quand je passe du 15e étage au rez-de-chaussée,
34:01je me suis demandé combien de fois l'État réunit à aller bouger. »
34:04C'était assez drôle, mais c'est pas faux.
34:06Et c'est ça qui est compliqué avec Trump.
34:08C'est la difficulté.
34:10Comment alors ?
34:11Pour revenir au marché américain, là, vous dites,
34:14on est dans un moment où il faut rester encore défensif, c'est ça ?
34:17C'est le message qu'on fait passer, oui.
34:19Je pense qu'on a un manque de visibilité aujourd'hui pour se remettre long
34:23sur les thématiques qui ont été porteuses pendant deux ans.
34:26On le disait à l'instant, les drawdowns, les replis,
34:29quand on se met sur une échéance un peu longue, sont toujours douloureux
34:33quand ils sont réalisés dans des périodes aussi courtes,
34:36mais ça reste malgré tout marginal.
34:41La difficulté, c'est que la semaine dernière, avant que je parte aux États-Unis,
34:44j'ai repris les niveaux des indices.
34:46Le S&P 500 était entre 3 et 4 % des plus hauts.
34:48Sauf que vous aviez, quand vous prenez individuellement les magnifiques 7,
34:52ou magnifiques 6 si on exclut Tesla,
34:54la plupart des boîtes étaient entre moins 12 et moins 18.
34:57On voit bien que ces valeurs qui ont porté le marché par une excessive concentration
35:01et qui avaient touché son paroxysme en décembre dernier, il n'y a pas très longtemps,
35:05c'est l'inverse qui se passe.
35:07C'est ça qui est compliqué pour beaucoup de clients,
35:10c'est qu'ils sont très exposés sur un univers de valeurs
35:13qui ont été à l'origine de leurs performances depuis deux ans.
35:16Le souci de diversification est quelque chose que certains ne voulaient soit pas entendre.
35:21Donc ça se fait maintenant un peu dans la douleur ?
35:23C'est un peu le pain trade ?
35:25Oui, c'est la question qui se pose.
35:27Est-ce que c'est trop tard ?
35:29Nous, on ne pense pas forcément, mais il faut aller vraiment dans le détail.
35:32On rentre dans des marchés de trading alors qu'on était plus dans du directionnel
35:36et ce n'est pas toujours simple.
35:38Il faut trouver des secteurs.
35:40Je ne vais pas encore vous redire une fois ici ce que je recommande depuis des mois et des mois.
35:44L'assurance, ce n'est pas très sympathique.
35:46Si ça fait le job, c'est ce qu'on cherche.
35:49En tout cas, ça délivre.
35:51Surtout du côté des courtiers.
35:53Adrien, le marché américain, est-ce que vous vous dites que ça va être des bonnes opportunités dans quelques temps ?
36:00Pas tout de suite.
36:02Je reprends vraiment le message de Corporate.
36:05C'est attention au premier trimestre.
36:07On est certainement encore devant une petite déception.
36:09Il n'est pas improbable qu'on ait quelques warnings ou quelques secteurs
36:11qui disent que la reprise est plus longue que prévu.
36:13Les effets stocks sont plus longs que prévu.
36:15La dose d'enthousiasme, les billets de confirmation qu'on peut avoir
36:18ou que les investisseurs peuvent avoir sur ce marché américain,
36:20ils ne sont pas totalement déconstruits aujourd'hui.
36:22Non plus.
36:24Sur l'Europe, qu'est-ce qui a changé ?
36:26Est-ce qu'il y a une manière de s'exposer à l'Europe aujourd'hui un peu plus ?
36:31Là aussi, c'est compliqué parce qu'il y a un aspect tactique, j'imagine.
36:34Les valeurs de la défense sont beaucoup flambées.
36:37Les valeaux sont élevés.
36:39Est-ce que c'est déjà un moment où on est moins confortable
36:43ou est-ce qu'avec des horizons de moyen-long terme,
36:46on se dit que la voie est tracée pour l'instant ?
36:48Non, un peu moins confortable pour deux raisons.
36:50La première, c'est qu'il va falloir investir dans les capacités de production
36:53pour beaucoup de ces entreprises-là.
36:55On va avoir d'abord des investissements avant de voir la croissance de résultats.
36:58Sur les trajectoires de croissance de résultats,
37:00je ne pense pas qu'à court terme, on ait des gros sauts
37:02qui justifient les cours qui ont pris,
37:04les 70-80% pour la majorité de ces entreprises-là.
37:07Nous, ce qu'on aime bien, c'est tous les plais un peu infrastructures européennes
37:10qui sont déjà bien identifiées avec des expositions en Allemagne
37:12et même françaises importantes.
37:14L'entreprise comme Spi, c'est une entreprise qui fait 5-10% de croissance de BPA par an
37:18de manière très régulière, qui avait été un peu oubliée.
37:20Elles ont un concurrent américain qui s'appelle Quantaservice.
37:22Je crois que ça a dû faire x7 ou x8 sur les sept dernières années.
37:25On a exactement la même chose en Europe, mais avec un titre qui a été un peu sous-luminaire.
37:28Et moins cher ! Et moins cher ! Pour moins cher !
37:30Pas particulièrement poussé ni très visible.
37:32On va redécouvrir ces valeurs-là.
37:34Oui, avec des relatifs entre les valorisations américaines et européennes
37:37qui sont quand même très souvent favorables à des actes européens.
37:39Alors on ne maturera pas forcément les multiples,
37:41mais il y a certainement des écarts qui permettent de gagner un petit peu en performance.
37:45Mollemide, ça se réveille un peu, le MDAX qui n'avait rien fait.
37:49On parle beaucoup du DAX, dividendes inclus, qui bat des records depuis des mois et des mois maintenant.
37:55Mais le MDAX a quand même été plutôt le reflet de l'atomie de l'économie allemande ces dernières années.
38:01Oui, ça traduit deux choses.
38:03Si vous cherchez des valeurs domestiques très bénéficiaires du plan de l'infrastructure,
38:08vous allez plutôt chercher des petites capitalisations.
38:10En plus, vous avez là l'euro qui a remonté.
38:12Donc en plus, les exportatrices pourraient souffrir un petit peu à court terme de cette remontée de l'euro.
38:16La majorité des entreprises européennes qui avaient très bien performé, c'est le troisième décembre.
38:19C'est tout ce qui était très exposé au marché américain.
38:21Sullor, Prismian, Schneider Electric.
38:23Publicis, autres.
38:24Là aussi, dans l'idée de chercher un petit peu d'autres choses, d'autres secteurs.
38:27Et donc on pourrait descendre en taille.
38:29On pourrait voir des intérêts revenir quand même sur des tailles d'entreprise.
38:32Des entreprises plus domestiques, plus locales.
38:34Il faut que les taux soient assez stabilisés.
38:37Parce qu'on sait très bien que la sensibilité des petites capitalisations à la hausse des taux est quand même assez importante.
38:41Pour les banques centrales, le sens du voyage est un peu moins clair.
38:44On n'aura pas le temps d'ouvrir forcément, rouvrir le dossier banque centrale.
38:47Mais sur la logique d'investissement, comment en tant qu'économiste vous réfléchissez ?
38:51On avait parlé avec vous, et je le rappelle à nouveau, Véronique, en fin d'année dernière.
38:55Le DAX, le CAC, c'était des moments pour y aller en octobre, en novembre.
38:59Vous l'avez créé avec Calix 360 notamment, pas uniquement.
39:04Là, qu'est-ce que vous dites ?
39:06Là, on a fait des beaux parcours, ça vient d'être dit.
39:10Donc il va falloir digérer un petit peu tout ça.
39:14Effectivement, c'est sans doute le temps.
39:16Et puis le contexte international, ce qu'il est, le marché américain gêne un peu.
39:21Donc voilà, un peu plus prudent.
39:24Mais on reste, je l'ai exprimé tout à l'heure,
39:27on reste plutôt porté par les perspectives européennes,
39:30comme je l'ai très rarement été dans ma carrière, à vrai dire.
39:35J'en témoigne, Véronique.
39:38Et du coup, effectivement, c'est le jeu des rotations sectorielles.
39:44Et quand vous avez des économies ou des politiques qui nous promettent
39:50de porter la croissance avec des plans d'infrastructure, de construction industrielle,
39:55parce que quand on parle de défense, on parle quand même de l'industrie et de la technologie
40:00et de tout un tas de choses,
40:02c'est normalement, ça se diffuse.
40:04Ça se diffuse aux tissus, effectivement, économiques
40:08et donc à des entreprises de plus petite taille.
40:11C'est plutôt très bon, d'ailleurs, pour les perspectives de croissance in fine.
40:14Pas que les perspectives financières.
40:16Mais là, je ne peux pas vous en dire plus, parce que notre numéro est sous embargo.
40:22On est vraiment dans cette peine-là, tout à fait.
40:29Je pense qu'on partage largement ce qui vient d'être dit.
40:31Merci beaucoup. Merci à vous trois.
40:33Merci d'avoir été les invités de Monette Marché ce soir.
40:35Véronique Richelores, présidente de RF Research, cofondatrice de Calix 360,
40:39Thierry Guil, président de Raymond James France et Adrien Dumas,
40:41directeur des investissements de Mandarine Gestion, étaient nos invités.