Chloé Morin : "Le problème, ce ne sont pas juste nos élus. Le problème, c’est aussi nous"

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le mois dernier

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##L_EDITO_POLITIQUE-2025-01-27##

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00:00— Chloé, si nous parlions politique, le JDD, le jour du dimanche publié hier, le baromètre de popularité de l'exécutif Emmanuel Macron, chute encore de 3 points à 21% de bonnes opinions.

00:13Il rejoint François Hollande. C'était à peu près l'étiage de François Hollande lorsqu'il était président de la République.

00:19Comment peut-il encore chuter alors qu'il ne conduit plus la politique du pays, moi, je...

00:23— Eh ben c'est tout le paradoxe. Alors on le sait, il a d'abord payé dans l'opinion la dissolution.

00:28Ensuite, il a sans doute payé l'état des finances publiques, qui a été révélé par Michel Barnier à l'automne.

00:33Et là, les Français se sont dits « Le Mozart de la finance nous a quand même un peu roulés ».

00:39— Oui, mais depuis plus d'un mois, que peuvent lui reprocher les Français ? Puisque c'est pas lui qui gouverne, c'est François Bayrou.

00:49— Eh ben ce que paye Emmanuel Macron, c'est pas simplement les erreurs qu'il a commises et que je ne nie pas.

00:54À mon avis, c'est aussi quelque chose qu'il est beaucoup plus impopulaire de dire.

00:59C'est le fait qu'on oublie trop souvent que la démocratie a un prix et qu'un nombre croissant de nos concitoyens ne veulent plus le payer.

01:06La preuve, c'est que quand ils demandent sans arrêt des référendums, mais quand on les laisse libres de choisir – c'était le cas avec la dernière dissolution –,

01:16ils n'assument pas les résultats de leurs propres votes et ils sont mécontents de la partition du Parlement.

01:23Or, ce n'est pas Emmanuel Macron, je vous le rappelle, qui a composé le Parlement. Donc l'instabilité politique actuelle dont chacun se plaint, c'est nous qui l'avons créée.

01:33— Oui, c'est-à-dire que vous nous responsabilisez – vous avez raison, nous, les citoyens – mais vous le déresponsabilisez un peu vite, quand même, Emmanuel Macron.

01:44Il est au pouvoir depuis 7 ans. Les Français ont bien raison de le sanctionner dans les urnes. Il ne comprend plus les Français.

01:50Il ne sait plus où ils sont, ces Français. Il ne sait plus qui ils sont.

01:56— Oui, mais regardez. Son prédécesseur, c'était pareil. Celui d'avant, c'était pareil. Et je vous prends les paris. Les suivants, ce sera pareil.

02:02Ils seront même peut-être plus impopulaires que lui et plus vite. Parce que le problème, ce ne sont pas juste nos élus.

02:09Ce sont nos élus, évidemment, qui prennent de mauvaises décisions parfois. Mais le problème, c'est aussi – j'insiste – c'est aussi nous.

02:15C'est tellement facile de se dire qu'on est responsable de rien. La dette qui se creuse, par exemple, elle se creuse comment ?

02:21Avec nos retraites, avec nos écoles qu'il faut payer, avec nos assurances chômage, nos dépenses de santé.

02:27C'est pas Macron qui a piqué dans la caisse. — Non, mais je suis d'accord. Notre pays s'enfonce dans une sorte d'apathie démocratique.

02:34— On se plaint. On s'invente victime du système. On est victime des élections, victime des extrêmes, victime du cercle de la raison,

02:42des médias, de l'indifférence, de la violence, etc. Et donc on est aussi victime de Macron. Et donc dans notre société, de plus en plus,

02:49il y a d'un côté des victimes qui sont responsables de rien et de l'autre côté des bouc-émissaires qui sont responsables de tout.

02:56— Alors vous dites « Nous sommes les premiers responsables ». On oublie trop souvent que la démocratie, c'est le plus beau des régimes,

03:03mais aussi le moins confortable. Que voulez-vous dire ? — Oui, parce que c'est un régime dont la vitalité repose sur la qualité des efforts

03:10que chacun d'entre nous arrive à consentir. Être démocrate, c'est difficile. C'est beaucoup plus difficile que d'attendre que les solutions

03:17nous tombent toutes crues dans les mains d'un homme providentiel ou d'un dictateur éclairé qui prendrait en charge tout ce que l'existence

03:23compte de décisions et de choix ardues. Se comporter en individu libre, autonome et responsable, ça demande du courage, beaucoup plus que de hurler

03:32avec les loups et de taper sur nos bouc-émissaires favoris. On les connaît. C'est d'un côté les immigrés, les riches, les assistés, les fonctionnaires,

03:39les syndicats, les juifs et j'en passe. Et donc c'est aussi Emmanuel Macron. Si on continue ainsi, le mur n'est plus très loin.

03:47— Merci, Chloé. Le mur n'est plus très loin. Oui, c'est vrai. C'est vrai. Il est 7h58, heure moins 10. Responsabilisons-nous un petit peu.

03:55Ça, je suis totalement d'accord. Nous allons parler de ce qui s'est passé, de ce drame, la mort d'Elias Poignardé, 14 ans, Poignardé à Paris

04:03dans le 14e arrondissement. Deux auditeurs veulent réagir. Liliane, qui est à Clamart, en banlieue parisienne, et Malik, qui est à Paris.

04:11Officier de police, à tout de suite, 8h moins 10.