Avec Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes d’investigation au quotidien Le Monde
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##LA_VERITE_EN_FACE-2025-01-27##
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##LA_VERITE_EN_FACE-2025-01-27##
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
00:04La vérité en face sur Sud Radio jusqu'à 10h.
00:08Les juges et l'assassin, l'enquête secrète au coeur du pouvoir.
00:12C'est une enquête, c'est un pavé et ça se lit comme un roman.
00:17Ce sont les deux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme
00:20qui ont commis, si je puis dire, évidemment ça, cette enquête.
00:24Merci à tous les deux d'être avec nous.
00:26Gérard Davet, bonjour.
00:28Fabrice Lhomme également.
00:30Bonjour.
00:31Alors on va y revenir parce que c'est l'autopsie d'un raté,
00:34en quelque sorte c'est ça,
00:36et d'un énorme cafouillage administratif
00:39où tout le monde se renvoie la balle,
00:41ce que vous réexpliquez évidemment dans ce livre.
00:45Alors tout de suite en fait, on va dire c'est qui l'assassin,
00:49c'est la première question, on y reviendra tout à l'heure,
00:52mais l'assassin c'est le Covid évidemment, bien sûr,
00:56mais il y a mêlé en fait à tout cela énormément de responsabilités.
01:00Alors vous commencez par deux chiffres,
01:02je vais les donner,
01:03170 000 morts en 5 ans liés au Covid.
01:06Alors bon, il y a une question,
01:08est-ce qu'il y aurait eu autant de morts
01:10si on avait par exemple donné les masques plus tôt ?
01:13C'est ce que vous posez comme question,
01:14alors certains vont dire oui,
01:15mais bon, il y aurait eu en fait des personnes qui étaient fragiles,
01:19quoi qu'il en soit, qui seraient probablement décédées,
01:21mais incontestablement il y a du retard à l'allumage.
01:24Le second chiffre, c'est 51,
01:26c'est le nombre de rapports, de circulaires,
01:28de plans pendant une quinzaine d'années,
01:31entre 2001 et 2019,
01:34pour anticiper et faire face à une pandémie.
01:37Et quand elle arrive, cette pandémie, patatras,
01:40on s'aperçoit qu'on n'est pas prêt.
01:42On va remonter un tout petit peu le temps,
01:43si vous le voulez tous les deux,
01:45en écoutant aussi Agnès Buzyn,
01:47qui était la ministre de la Santé en janvier 2020.
01:51Le risque d'importation de cas depuis Wuhan est modéré.
01:54Il est maintenant pratiquement nul,
01:56puisque la ville, vous le savez, est isolée.
01:59Et les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles.
02:03Voilà, les risques de propagation.
02:06Alors vous expliquez dans ce livre, qui veut commencer,
02:09que Agnès Buzyn, elle dit qu'elle avait été alertée
02:12par un truc d'ailleurs qui est un blog fantôme,
02:16mais en tout cas qu'elle avait pris conscience en fait de ça,
02:19mais elle ne pouvait pas le dire, grosso modo, en fait, en public.
02:22Clairement, oui.
02:24Elle est en vacances dans sa résidence en Corse,
02:28et elle apprend, dit-elle, sur un blog
02:31dont personne n'a jamais retrouvé l'existence,
02:34qu'une épidémie se déclenche en Chine,
02:37à l'hiver 2019-2020,
02:40et que cette épidémie a toutes les allures
02:43de quelque chose d'assez dangereux.
02:45Et elle revient à Paris, elle en parle
02:48à son directeur général de la Santé, Jérôme Salomon,
02:51elle en parle aussi également par SMS à Emmanuel Macron
02:55et Édouard Philippe, qui était Premier ministre,
02:57et ces deux têtes pensantes de l'exécutif
03:00sont vraiment à des années-lumières de se préoccuper
03:03de ce qui peut se passer en Chine, parce que leur seul intérêt pour eux,
03:06c'est de juguler la crise des Gilets jaunes,
03:09et d'envisager une réforme des retraites.
03:12Mais le reste, ils s'en fichent éperdument.
03:14En revanche, elle sent le truc,
03:16et elle lance l'alerte, et cette alerte,
03:18elle ne sera suivie d'aucun effet.
03:20— Oui, c'est ça. Aucun effet, en tout cas,
03:22dans les premières semaines, quoi.
03:25Et là, on s'aperçoit aussi, en lisant votre livre,
03:28alors, je le rappelle, vous avez épluché,
03:31comme les juges de la Cour de justice de la République,
03:35énormément, énormément de dossiers,
03:38de SMS, Fabrice Hamon.
03:40— Oui, au total, on a évalué à près d'un million de documents,
03:43ce qu'on peut réunir les juges de la CJR,
03:46dont l'enquête, il faut le préciser, c'est très important,
03:49est totalement secrète.
03:51Et la vertu, je pense, de ce livre, c'est de la rendre publique,
03:55parce que les faits qui sont révélés sont d'intérêt public.
03:58Et c'est vrai que parmi tous ces documents,
04:01ce qui nous a le plus frappés, c'est, vous en parliez au tout début,
04:04ces dizaines et dizaines de rapports successifs
04:07qui vont alerter les autorités administratives,
04:10mais surtout politiques, en place, jusqu'en 2019,
04:13jusqu'à fin 2019, qui vont alerter sur le fait qu'attention,
04:16il y a un risque de pandémie. Deuxièmement, il faut se prémunir,
04:19il faut se préparer, il faut se protéger,
04:21et avoir de multiples équipements de protection,
04:23dont les fameux masques, qui symbolisent un peu la faillite
04:26de la gestion de la crise par l'État,
04:28puisqu'on aurait dû en avoir plus que des centaines de millions,
04:31on aurait dû en avoir au bas mot un milliard en réserve,
04:33et quand la crise survient, il en reste quelques dizaines de millions,
04:36dont un certain nombre d'exemplaires complètement périmés.
04:38Et là, ce qui est assez incroyable, ce qu'on découvre,
04:40c'est le dédale administratif, c'est-à-dire qu'il y a quand même,
04:43il y a Santé Publique France, il y a la Direction Générale de la Santé,
04:46il y a d'autres organismes, etc.
04:48C'est Kafkaïen, en fait !
04:50– C'est le débat qui agite aujourd'hui la classe politique
04:53sur les opérateurs de l'État en trop grand nombre,
04:55là, on le démontre par A plus B,
04:58c'est-à-dire qu'il y a un nombre de structures qui s'empilent,
05:01d'ailleurs, on révèle un schéma qui est édité,
05:03réécrit par un conseiller de Matignon,
05:06et on le sort en fac simulé parce qu'il est fascinant,
05:09on voit toutes ces structures qui s'empilent.
05:11Et comment voulez-vous qu'en fait,
05:13il y ait une gestion claire et précise de la crise
05:16quand vous avez toutes ces structures qui se phagocytent mutuellement,
05:20il y a la Haute Autorité de la Santé, il va y avoir le Conseil scientifique,
05:23il y a Santé Publique France, ça va dans tous les sens,
05:26il y a trois cellules de crise qui coexistent en même temps pendant la crise.
05:29Donc si vous voulez, à un moment donné, forcément il y a une embolie.
05:32– Oui, c'est ça, et on est incapable de dire d'ailleurs en fait à l'époque,
05:37si on a vraiment des stocks dans ce secteur de la santé précisément.
05:42– À la tête de l'État, on est incapable de savoir
05:44ce qui se passe dans sa propre administration,
05:46et on multiplie les exemples qui sont à chaque fois assez spectaculaires,
05:50mais aussi assez choquants, par exemple le fait de savoir
05:52si on doit conserver ou pas un stock de masques,
05:54c'est une doctrine qui a été initiée en 2011
05:57et confirmée de manière officielle dans les documents officiels en 2013.
06:00Eh bien il s'avère que quand la crise commence,
06:02les responsables, les plus hauts responsables de l'exécutif disent
06:05mais on ne connaissait pas l'existence de cette doctrine,
06:07et on ne sait pas qui a mis en place cette doctrine.
06:10Parmi les nombreux documents qu'on révèle,
06:12au mois de mars, lorsque le Covid a déjà fait beaucoup de ravages,
06:18on a des comptes rendus de Benoît Ribadot-Dumas,
06:21qui était le directeur de cabinet de Edouard Philippe à Matignon,
06:24et qui dit dans un conseil de défense,
06:26parce qu'on s'est procuré les notes de ces conseils très confidentiels,
06:29il dit qu'on ne sait pas ce qui s'est passé sur les masques.
06:32On ne sait pas ce qui s'est passé sur les masques,
06:34c'est-à-dire qu'on n'a plus de masques, on ne sait pas pourquoi.
06:36Autre exemple, il demande Ribadot-Dumas
06:39à l'un des responsables de la Direction Générale de la Santé,
06:42le numéro 2 de la DGS, de faire une enquête
06:44pour savoir justement ce qui s'est passé.
06:46Cet homme découvre lui-même, et on a les comptes rendus,
06:49où il dit lui-même, apparemment il y a des dates de péremption
06:52qui ont été mises sur les masques dans les années 2000,
06:55et je n'ai pas réussi à savoir qui a décidé ça.
06:57C'est plus que kafkaïen, c'est surréaliste,
06:59et c'est le fonctionnement, apparemment, au quotidien de l'État,
07:02en période de crise, c'est très préoccupant.
07:04– Et à la fin d'ailleurs, pour compléter ce que dit Fabrice,
07:07ils sont tellement à la ramasse qu'en fait,
07:09ils vont demander à une stagiaire de l'ENA,
07:12qui est une espèce d'héroïne anonyme,
07:16Déborah Serraf, qui va passer son stage de l'ENA
07:19pendant 3 mois à compiler, à vider tous les placards
07:22du ministère de la Santé pour savoir ce qui s'est passé sur les masques.
07:25Donc on en est là, c'est vraiment à un moment donné,
07:28quand on a fait ce livre avec Fabrice,
07:30on s'est dit, mais où est-ce qu'on est ?
07:32– Alors vous ne partez pas de loin,
07:34parce qu'évidemment, pendant cette crise du Covid,
07:37vous-même, vous aviez sorti pour le journal Le Monde
07:39un certain nombre de choses,
07:41vous aviez travaillé sur cette enquête, bien sûr.
07:43– Tout à fait, mais c'est ce qui nous a fascinés dans cette investigation,
07:46c'est qu'il y avait tout ce que tout le monde connaissait sur cette crise,
07:49on savait déjà pas mal de choses,
07:51et nous ce qu'on avait pu écrire dans Le Monde,
07:53c'est évidemment, notamment au mois de mai 2020,
07:55on avait fait une longue série qui parlait notamment
07:57des destructions de masques qui étaient officiellement périmées,
08:00qui n'auraient pas dû être détruits,
08:02et là, ce qui est intéressant, c'est grâce à tous les éléments
08:04et aux documents exclusifs qu'on a pu récupérer,
08:06c'est qu'on est de l'autre côté du miroir
08:08et on voit ce qui se passait en réalité.
08:10Et par exemple, sur cette histoire de destruction de masques,
08:13à l'époque, l'exécutif avait contesté nos révélations.
08:15On s'aperçoit qu'en fait, lorsqu'on révèle ceci,
08:18le pouvoir s'inquiète et plusieurs ministres se disent
08:21« Mais qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que c'est vrai ou pas ? »
08:23Et il y a des échanges de mails qui prouvent que,
08:26malheureusement, j'allais dire, on ne s'était pas trompé,
08:28on détruisait des masques qui étaient opérationnels.
08:30– La patronne de Santé publique France,
08:32vous l'expliquez bien en fait,
08:34dans une note qui remonte à début 2020,
08:38son travail consiste finalement à détruire des masques
08:44plutôt qu'à y constituer des stocks.
08:46Ça, vous l'avez retrouvé,
08:48à tel point que, c'est ce que vous venez d'évoquer,
08:50à la suite de, vous le révélez, ça, dans le journal « En fait le monde »
08:53et Olivier Véran est surpris lui-même,
08:55il est obligé de lancer en fait une enquête.
08:57Il conteste dans un premier temps et ensuite il lance une enquête.
08:59– C'est exactement ça et donc nous, on s'est procuré,
09:02évidemment, les mails échangés à ce moment-là
09:04et Geneviève Chêne, qui est la patronne de Santé publique France,
09:07qui n'y est pas restée très longtemps,
09:08parce qu'elle a vraiment servi de bouc émissaire,
09:10elle dit concrètement et clairement à son ministre
09:12« Ben oui, monsieur le ministre, désolé,
09:14mais effectivement, sur vos ordres, nous avons détruit,
09:16y compris pendant la pénurie, des masques qui étaient encore utilisables.
09:19Plusieurs millions. »
09:20Donc ça, ça confirme plus que clairement ce qu'on a raconté
09:24et par ailleurs, cette dame, Geneviève Chêne,
09:26et là, c'est une autre caractéristique de cette enquête,
09:29c'est qu'il y a beaucoup de graphomanes dans la haute administration française
09:31qui notent tout ce qu'ils vivent.
09:33Et là, Geneviève Chêne, elle a noté au quotidien,
09:36pour elle-même, ce qui se passait.
09:37Et elle raconte vraiment, dans son journal quasi intime,
09:42la façon dont ça s'est passé et c'est effrayant
09:44parce qu'elle le dit, comme vous le disiez à l'instant,
09:46« Ah ben, l'essentiel de notre activité sur les masques,
09:48ça a été de les détruire. »
09:50À un moment donné, alors qu'elle sait pertinemment,
09:52et elle le dit aussi, ça renvoie à ce que vous disiez au début,
09:55elle le dit clairement, c'est une scientifique,
09:57elle dit « Les masques, c'était essentiel,
09:59et ça a vraiment coûté des vies. »
10:01Il ne faut jamais oublier d'où on parle.
10:03On parle de 170 000 personnes qui sont décédées,
10:06de gens qui ont le Covid long, de gens qui ont souffert,
10:09de gens dont l'entourage...
10:10— Alors est-ce que s'il y avait eu les masques dès le début...
10:12— Oui, ça aurait sauvé des vies.
10:14— Oui, ça aurait sauvé des vies.
10:16— Comme les municipales.
10:17— Oui, c'est pour ça que vous racontez l'histoire d'une jeune femme,
10:19bien sûr, par rapport à son père.
10:21— C'est pas quantifiable.
10:22On ne peut pas dire « Il y aura eu tant de vies sauvées »,
10:24mais il y en aurait eu.
10:26Et une seule vie sauvée, c'est déjà beaucoup.
10:28— Et ce qui est assez terrible, Gérard David et Fabrice Sommes,
10:31c'est le déni et le mensonge d'État,
10:35pour dire « D'une part, le Covid n'a pas de passeport,
10:39donc on ne ferme pas, il n'y a pas de contrôle aussi »,
10:42c'est ce que vous révélez.
10:44Le directeur général de la Santé, il demande aux aéroports
10:47« Mais est-ce qu'on a des objets pour prendre la température à l'entrée,
10:52par exemple, et à l'arrivée des passagers de Wuhan ? »
10:57puisqu'on a une liaison directe.
10:58On n'a rien, bien sûr.
11:00Et puis surtout, évidemment, sur les masques.
11:02Et là, Sibeth Ndiaye, la porte-parole à l'époque,
11:05qui lors d'une conférence de presse dit « De toute manière, ça ne sert à rien.
11:08En plus, vous ne savez pas vous en servir au grand public, à nous. »
11:11Ça a été, on peut dire, en quelque sorte, un mensonge d'État,
11:14parce qu'il fallait tout simplement dissimuler la pénurie
11:17et donc la vérité aux Français.
11:18Il faut rappeler qu'en 2006,
11:21l'Organisation mondiale de la Santé avait rendu hommage à la France
11:25en disant que c'était, dans le monde,
11:26l'un des pays les mieux préparés à une éventuelle pandémie.
11:29Et c'était vrai.
11:31Quand la crise survient, en début 2020,
11:34il se trouve que, vous en parliez tout à l'heure,
11:35on n'a pas de détecteur de température,
11:37on n'a pas de respirateur,
11:38on n'a pas de test.
11:40Plus tard, on n'aura pas de vaccin,
11:42on n'a pas de surblouse,
11:43on n'a pas de gel hydroalcoolique.
11:45Et évidemment, on n'a pas de masque.
11:47On n'a pas de masque.
11:48Or, on va comprendre très vite que les masques,
11:50c'est le nerf de la guerre.
11:51Sans masque, on ne peut pas y arriver.
11:53Et l'exécutif dira,
11:54et dit encore aujourd'hui, d'ailleurs,
11:55lorsqu'on l'interroge, enfin l'ancien exécutif,
11:57« Oui, mais nous, tout le monde n'était pas d'accord
12:00sur l'utilité des masques. »
12:02Mais c'est inexact.
12:03Ils avaient justement, entre les mains,
12:04tous ces rapports de leur propre administration
12:06qui disaient « Il faut des masques,
12:08il en faut au moins un milliard. »
12:10Ils le savaient pertinemment.
12:11Sauf qu'il n'y en avait plus.
12:12Et au lieu de dire aux Français
12:14« Il y a eu des faillances, on va essayer de corriger le tir. »
12:17On a dit « Non, non, en fait, ça ne sert à rien. »
12:19Et vous avez même le ministre de l'Intérieur de l'époque,
12:21Christophe Castaner,
12:22qui va prendre des circulaires
12:23pour demander aux policiers
12:24de ne surtout pas porter de masque.
12:26Ce qui est quand même fou.
12:28– On en est jusque-là, évidemment,
12:30parce que ça contestait beaucoup dans les services publics,
12:33que ce soit dans les hôpitaux,
12:35et vous l'avez dit, les policiers qui étaient aussi aux premiers chefs.
12:38– Les pompiers, les policiers, et bien sûr les soignants,
12:42étaient aux premières loges.
12:44Et c'est eux qui ont souffert le plus de cette crise.
12:46Les premiers, ils se sont entre guillemets sacrifiés.
12:48Mais c'est vrai que c'est assez dramatique de penser
12:50qu'on les a envoyés au combat sans protection,
12:54alors qu'on les avait, ces protections.
12:56Et que non seulement on ne les a pas renouvelées,
12:58mais même parfois on les a détruites
12:59alors qu'elles étaient opérationnelles.
13:00– Allez, la vérité en face, jusqu'à 10h avec vous,
13:03Gérard Ledavet, Fabrice Lhomme,
13:05pour votre livre « Les juges et l'assassin ».
13:07On va y revenir en fait dans un instant,
13:09parce qu'il y a beaucoup de choses évidemment à dire.
13:11Si vous voulez poser des questions, vous n'hésitez pas,
13:130 826 300 300, jusqu'à 10h,
13:16« La vérité en face » sur Sud Radio.
13:18– Sud Radio, « La vérité en face », Patrick Roger.
13:23– La chloroquine qui est un produit vraiment qui est très bon marché,
13:26très bien toléré, qui a probablement été un des produits
13:28les plus prescrits au monde,
13:30serait efficace dans la prévention et dans le traitement
13:32puisque, au moins dans les cultures cellulaires,
13:34ça évite l'entrée du virus dans les cellules.
13:37Si la chloroquine prévient et ou traite une infection à coronavirus,
13:42tout va changer très très rapidement.
13:44– Bon voilà, c'était le professeur Raoult en février 2020.
13:47Il faut dire à l'époque, nous parlons évidemment de cette enquête,
13:50« Les juges et l'assassin », l'enquête secrète au cœur du pouvoir,
13:535 ans d'enquête avec Gérard Ledavet et Fabrice Lhomme
13:56sur les ratés de la France face au Covid.
13:59Il n'y a pas que la France d'ailleurs, il y en a d'autres,
14:01mais nous on était plutôt fiers d'avoir une organisation assez exceptionnelle,
14:05les meilleurs systèmes de santé au monde, d'éducation, etc.
14:08On se disait, on est infaillible, et bien non.
14:11Et résultat, on était en plein brouillard,
14:13d'où le professeur Raoult qui sort l'hydro-chloroquine.
14:17Il partait en fait dans un premier temps d'une idée,
14:20parce que c'était quelque chose de nouveau,
14:22qui était peut-être efficace,
14:24à tel point qu'Emmanuel Macron, lui-même étant perdu dans le brouillard,
14:28est allé le voir à Marseille, il s'est enfermé,
14:30je vais vous raconter, Gérard Davet et Fabrice Lhomme,
14:32il est allé s'enfermer pendant 2-3 heures avec le professeur Raoult là-bas,
14:37évidemment aux grands dames d'autres spécialistes,
14:40sauf que les spécialistes eux-mêmes se faisaient taper dessus,
14:43on l'a appris par la suite.
14:45Le professeur Delfraissy par exemple, c'est de la daube,
14:47dit par exemple Agnès Bussin, la ministre de la Santé,
14:51enfin vous voyez où nous étions effectivement à l'époque.
14:56Et résultat après, Emmanuel Macron quand même,
14:59il se décide, un peu tard, mais après il se décide.
15:01– Nous sommes en guerre.
15:03– Voilà, nous sommes en guerre.
15:06Et ça c'est au mois de mars, Gérard Davet et Fabrice Lhomme,
15:11et donc il y a eu un changement,
15:13il faut repréciser les choses au ministère de la Santé,
15:15parce que Bussin est parti pour aller aux municipales,
15:17c'est Olivier Véran qui est arrivé,
15:19il connaissait pas trop le dossier, il est allé avec Salomon,
15:22et là on se dit quand même, il y a quelque chose dans cette inorganisation,
15:27on se dit pourquoi on n'a pas mis des gens qui savent organiser les choses,
15:31comme par exemple des militaires sur la logistique ?
15:34Et il y a un général qui a été mis en place.
15:36– C'est la bonne question Patrick, quand on part en guerre,
15:39il faut être équipé, en général les militaires ils savent faire,
15:43là on n'a pas fait appel aux militaires,
15:45on a voulu conserver la gestion de la crise au niveau du ministère de la Santé,
15:49où il y avait donc plusieurs cellules de crise qui coexistaient,
15:51et les militaires on les a mis de côté,
15:53donc c'est quand même un souci,
15:55l'un des militaires auxquels on va faire appel,
15:57c'est un général qui s'appelle le général Lys Urey,
15:59qui était le patron de la Gendarmerie Nationale,
16:01et il va être missionné pendant la crise,
16:03pour essayer de booster un peu la gestion de crise,
16:06pour trouver des solutions d'efficacité et de simplicité,
16:09et il va donner son diagnostic très rapidement,
16:12mais ce rapport qu'il va faire, et bien ce rapport, personne ne va le lire,
16:16et on va même ensuite, les juges vont interroger Édouard Philippe,
16:19pendant l'enquête, en disant mais ce rapport vous l'avez lu ?
16:22Et il va dire non, j'ai eu à peine eu le temps de jeter un oeil dessus,
16:25personne ne va jeter un oeil dessus.
16:27Olivier Véran non plus, bien sûr.
16:29Mais ce qui est révélateur, à travers l'histoire du général Lys Urey,
16:33ce rapport qui a été enterré, un de plus,
16:35c'est à quel point la France reste un grand pays,
16:39avec une administration puissante,
16:41avec un budget, malgré les déficits, qui reste impressionnant,
16:45donc ça veut dire que quand on veut,
16:47on peut regarder dans l'actualité relativement récente,
16:50quand il a fallu déployer tous les moyens
16:52pour organiser les Jeux Olympiques,
16:54la France a répondu présent, avec des chefs de file identifiables.
16:57Quand il a fallu reconstruire Notre-Dame,
16:59en quelques années, ce que beaucoup pensaient impossible,
17:01il y a eu chef de file, engagement, mobilisation de l'État.
17:05Dans le Covid, en réalité, c'est ce qui a manqué,
17:07notamment, c'est-à-dire qu'on voit bien à travers Lys Urey,
17:10qu'il y avait des personnes aux commandes,
17:12il y a eu quelqu'un aux commandes, à un moment,
17:14qui était la ministre de la Santé, c'est logique,
17:16elle s'en va au milieu de la bataille,
17:18c'est logique, Emmanuel Macron fait des grandes envolées lyriques,
17:20nous sommes en guerre, etc.
17:22Mais concrètement...
17:23– Mais ça, il le dit en mars, bien sûr, nous sommes en guerre.
17:25– Bien sûr, mais le problème, c'est qu'il va miser,
17:27dans un premier temps, sur un scientifique complètement discrédité,
17:30et surtout, au lieu de se contenter de déclarations,
17:34même s'il faut des déclarations symboliques,
17:36il faut surtout mettre les moyens.
17:38Or, les moyens ont été mis beaucoup trop tard.
17:40C'est pour ça que les juges, et j'allais dire, dans leur foulée nous-mêmes,
17:42on a concentré nos investigations sur les 6 premiers mois,
17:46parce que c'est là que ça ne va pas du tout.
17:48Ensuite, on s'est rattrapés.
17:49Mais le problème, c'est que tout se joue au début d'une crise,
17:51et elle a fait beaucoup de dégâts qui n'auraient pas dû avoir lieu.
17:54– Par exemple, il faut attendre mars 2020
17:56pour qu'il y ait la cellule interministérielle de crise.
17:59C'est assez zédifiant.
18:01Alors que dès mi-janvier, fin janvier, on avait des alertes plus sérieuses.
18:05– Ce qui nous a fascinés avec Fabrice,
18:07c'est qu'on a fait une immersion en eau profonde dans l'administration française.
18:11C'est vraiment un voyage dont on est sortis estomaqués avec Fabrice.
18:15Cette cellule de crise, il faut savoir que c'est Édouard Philippe, Premier ministre,
18:19qui prend un premier arrêté quand il arrive à Matignon en disant
18:22« Ah, si jamais il se passe quelque chose d'important, une crise, quoi que ce soit,
18:25il faut tout de suite mettre en place une cellule interministérielle de crise
18:29pour qu'on puisse gérer et mettre le paquet tout de suite sur la crise. »
18:32Ça part d'un bon sentiment. – Bien sûr.
18:34– Mais il ne veut pas l'appliquer.
18:36C'est-à-dire qu'il va attendre le 17 mars pour mettre en place cette cellule de crise,
18:40alors que le Covid est dans la place depuis deux mois et demi.
18:42Pourquoi ?
18:43Et ça, c'est les juges, ils ont interrogé 25 fois tout le monde là-dessus
18:47et personne n'est fichu de dire pourquoi on a attendu aussi longtemps.
18:50– Les juges, c'est intéressant d'en parler parce que vous parlez des juges
18:55de la Cour de justice de la République dans votre livre.
18:58Donc les juges, c'est eux. – Trois, ils sont trois juges.
19:01– Ils sont trois, bien sûr. Non mais c'est eux.
19:04Ils sont trois, bien sûr, assez expérimentés.
19:08On verra aussi qui est l'assassin.
19:10Où en est en fait aujourd'hui cette enquête ?
19:12C'est important parce que votre livre sort alors que tout n'est pas bouclé
19:15dans cette histoire, même s'il y a eu des auditions déjà.
19:18– Il y a eu de nombreuses auditions, de multiples documents saisis,
19:22des perquisitions, etc.
19:23Et tout le contenu de cette enquête, encore une fois,
19:25qui avait vocation à rester secrète, nous la dévoilons.
19:27Parce que s'il y a un sujet d'intérêt public, c'est bien celui-là.
19:30Les investigations en tant que telles, ce que je viens d'expliquer,
19:33les auditions, les perquisitions, etc. sont terminées depuis quelques semaines.
19:37La balle est maintenant dans le camp du ministère public,
19:40c'est-à-dire du parquet général, qui doit donner, entre guillemets, son avis.
19:44À savoir, est-ce qu'il y aura un procès ou pas ?
19:48A priori non, puisque plus personne n'est mis en examen.
19:50Agnès Buzyn l'avait été, la Cour de cassation l'a blanchie.
19:53Donc ensuite, la balle va revenir, une fois que le parquet aura donné son avis,
19:57aux juges d'instruction, les trois juges de la CGR,
19:59qui vont décider ce qu'ils font.
20:01A priori, on ne voit pas comment ils pourraient faire autrement
20:03que rendre une ordonnance de non-lieu.
20:05D'où l'intérêt, encore une fois…
20:07Une ordonnance de non-lieu, alors qu'on le voit en lisant votre livre
20:11et tous les documents que vous publiez, il y a quand même des responsabilités.
20:15Parce qu'en fait, c'est ça, responsable mais pas coupable.
20:18En tous les cas, nous on titre un chapitre, irresponsable mais pas coupable,
20:22parce qu'on voit bien que ceux qui étaient en poste au sein de l'exécutif
20:26n'assument pas vraiment leurs responsabilités,
20:28puisque la ligne de défense commune d'Olivier Véran, Agnès Buzyn, Edouard Philippe,
20:32c'est « on a tout bien fait », alors qu'à l'évidence, ce n'est pas ça du tout.
20:37Une fois qu'on a dit ça, ce n'est pas pour autant qu'on va condamner des gens pénalement.
20:41Il y a une différence entre responsabilité politique,
20:43et pour nous, ils ont une responsabilité dans la mauvaise gestion de cette crise.
20:47Est-ce que c'est pénal ?
20:48C'est au juge de le dire, évidemment, pas à nous,
20:50mais manifestement, les juges considèrent que pénalement,
20:52c'est difficile d'accrocher ces anciens ministres pour cela.
20:55– Gérard Davé, est-ce que vous pouvez dire un mot de ces juges ?
20:57Qui sont ces magistrats que vous avez rencontrés en fait ?
21:00– On a rencontré ces juges pour une bonne raison,
21:02c'est qu'à la suite de notre enquête dans Le Monde en mai 2020,
21:04ils nous ont convoqués à la Cour de justice de la République pour nous entendre.
21:08Ils voulaient d'ailleurs qu'on leur remette des documents.
21:10On ne leur a pas remis ces documents parce qu'on n'est pas auxiliaire de justice,
21:13mais en vrai, ils n'avaient pas besoin de nous,
21:15parce qu'après, ils sont allés saisir des milliers de documents.
21:17Et ces trois juges sont trois juges de plus de 60 ans,
21:20qui sont en fin de carrière, parfaitement indépendants,
21:23totalement désintéressés en termes de carrière,
21:26puisque de toute façon, ils sont aux fêtes de leur carrière.
21:29Et ils ont enquêté pendant cinq ans,
21:31dans l'opacité et dans la discrétion la plus totale.
21:35Ils ont énervé beaucoup de monde,
21:37notamment Éric Dupond-Moretti qui était leur ministre de tutelle,
21:40et qu'ils ont été jusqu'à perquisitionner à la chancellerie.
21:43– Il menait en parallèle d'autres enquêtes, d'autres instructions.
21:47– Sur Éric Dupond-Moretti qui était poursuivi pour prise illégale d'intérêt,
21:50et donc c'est eux aussi qui menaient l'enquête.
21:51Ce sont des juges en fait, qui n'ont peur de rien,
21:53mais qui sont des parfaits exemplaires de juges,
21:55dans le sens où ils sont très discrets,
21:57ils travaillent comme des petites souris,
21:59ils vont chercher ce qu'il y a à prendre,
22:01ils le retranscrivent,
22:02et si jamais il n'y a pas matière à poursuivre pénalement,
22:05ils ne poursuivent pas pénalement.
22:07Donc la démocratie est parfaitement respectée en l'occurrence.
22:09– Est-ce que ce que vous publiez peut changer un petit peu la donne ou pas ?
22:13C'était pas l'objectif de votre livre aussi ?
22:15– Nous l'objectif c'est qu'on apprenne de nos erreurs,
22:20parce que quand on se rend compte que ça nourrisse un peu le débat public,
22:23de voir qu'il y a eu un grave dysfonctionnement
22:25dans le cas d'une crise absolument inédite,
22:28et qui a coûté la vie à des gens,
22:29on ne parle pas de choses symboliques ou abstraites,
22:31des gens sont morts, parmi ceux qui sont morts,
22:33certains n'auraient sans doute pas dû mourir
22:35si on avait été mieux préparés,
22:37et on aurait dû être mieux préparés.
22:38Donc pour nous, c'est vraiment salutaire
22:41qu'un débat s'engage sur le contenu de ces révélations,
22:45pour pouvoir se dire, peut-être qu'à la prochaine crise,
22:48et il y en aura une, c'est certain,
22:50on soit mieux préparés.
22:51– Allez, on va continuer justement la vérité en face,
22:54avec vous Gérard Davé, Fabrice Homme, les juges et l'assassin,
22:57quelle leçon retenir, évidemment,
22:59c'est ce que vous avez commencé à évoquer,
23:01la vérité en face, c'est jusqu'à 10h sur Sud Radio.
23:04– Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
23:08– La vérité en face, les juges et l'assassin,
23:10les juges, on vient d'en parler avec Gérard Davé et Fabrice Lhomme,
23:14ce sont les juges, les magistrats de la Cour de justice de la République
23:18qui ont enquêté sur les ratés de l'organisation face au Covid
23:22dans les premiers mois, ça se joue dans les 4, 6 premiers mois,
23:25l'assassin, c'est le Covid.
23:27Quelle leçon vous pouvez retenir de ça ?
23:29Votre livre c'est évidemment dans les entrailles de l'administration
23:32et on voit en fait toutes les failles, Gérard Davé ou Fabrice Homme.
23:36– Les leçons qu'il faut retenir, que nous nous avons retenues en tout cas,
23:40c'est qu'on aurait dû être prêts, on ne l'a pas été,
23:44il y a eu 170 000 morts et c'était évidemment évitable,
23:49et donc du coup, comment est-ce possible dans une puissance comme la France
23:53que l'on puisse se retrouver à pleurer des morts
23:55alors qu'on était sur-équipés 10 ans plus tôt ?
23:58Et ça, c'est dû à quoi ?
24:00C'est dû à l'irresponsabilité des responsables politiques
24:02qui pensent à autre chose.
24:04Un double discours, moi c'est ce qui m'a frappé.
24:07– Oui, demi-discours, c'est-à-dire ?
24:09– Double discours, c'est-à-dire que d'un côté vous avez
24:12les responsables politiques qui disent, masque, ça ne sert à rien,
24:15on s'en sort, il n'y aura pas de problème,
24:17on a entendu Agnès Buzyn juste avant, et en fait, quand on fait ce qu'on fait,
24:21c'est-à-dire saisir les échanges de SMS et de mails entre eux,
24:24ou de coups de téléphone, on voit qu'ils sont paniqués,
24:27qu'ils se disent qu'on ne va pas y arriver, etc.
24:30Et on se dit, mais enfin, à quel moment on va pouvoir tenir un discours en France
24:33qui soit un discours de clarté, de transparence vis-à-vis du public ?
24:37– Oui, Fabrice Homme ?
24:39– Moi, ce qui m'a frappé, on parlait de leçon,
24:42c'est quand on regarde les auditions très longues,
24:46parce qu'il y en a eu plusieurs pour chacun, des anciens ministres.
24:51Prenons l'exemple d'Agnès Buzyn, elle a été interrogée 21 fois,
24:54c'est énorme, c'est presque un record, je pense, pour l'histoire de la CJR.
24:57D'ailleurs, à la fin, elle a refusé de se rendre aux convocations,
25:00tellement elle en avait ras-le-bol.
25:01Et j'allais dire, humainement, je pense qu'on peut la comprendre,
25:04même si on est censé quand même répondre à la justice,
25:06mais enfin, ok, des centaines d'heures d'interrogatoire.
25:09Eh bien, figurez-vous, nous on les a tous épluchées ces interrogatoires,
25:13et c'est vrai, ce que je dis pour Philippe ou pour Véran,
25:15il n'y a pas une seule phrase où on concéderait juste,
25:20peut-être qu'on aurait pu faire mieux,
25:22peut-être qu'on peut avoir une pensée pour les victimes,
25:24peut-être que la prochaine... zéro, jamais.
25:27On a tout bien fait, les critiques qu'on nous adresse sont insupportables,
25:31et ça, je pense que non seulement c'est un manque de psychologie,
25:37d'humanité vis-à-vis ne serait-ce que des victimes,
25:39parce que s'ils répondent aux juges, les anciens ministres,
25:42il y a eu des plaintes, il y a eu beaucoup de plaintes,
25:44donc il y a des gens qui se disent,
25:46mais moi, peut-être que mon père, il n'aurait pas dû mourir dans ces conditions.
25:49– Et vous avez été les voir ce jour-là ?
25:50– Oui, nous avons rencontré, c'est très touchant.
25:52– Oui, bien sûr, il y a des témoignages, bien sûr.
25:54– Bien entendu, mais donc, non seulement il y a ce manque d'humanité,
25:57ou d'empathie, mais par ailleurs on se dit,
25:59si on considère qu'on a tout bien fait dans cette crise,
26:02dont on prouve qu'elle a été gérée au début en dépit du bon sens,
26:05ça veut dire que ça se passera de la même façon la prochaine fois,
26:07si on ne tire pas les leçons.
26:09– Oui, c'est ça, ce qui est assez terrible,
26:11et là, probablement, ça a aggravé la défiance entre,
26:14entre guillemets, des élites, des responsables politiques,
26:17et le grand public, c'est qu'on leur a menti.
26:21On réclamait, un peu comme à une certaine époque,
26:25on réclamait du pain, et bien là, on réclamait des masques, des masques,
26:27et il n'y en avait pas, et on nous mentait.
26:30Et ça, alors on peut critiquer les réseaux sociaux,
26:33mais en même temps, ça a explosé sur les réseaux sociaux.
26:36– Vous avez raison, ici, on parle vrai,
26:39et la vérité, c'est qu'on n'a pas parlé vrai pendant la crise.
26:43Et je pense qu'à un moment donné, il y a des comptes à rendre par rapport à ça.
26:47Nous, on a été voir ces victimes, on a parlé avec eux,
26:50on a été émus par leurs récits, et il y en a eu 170 000, je le rappelle,
26:54donc bien plus qui ont été touchés indirectement par le Covid.
26:58Et moi, je me souviens, par exemple, tu parlais des soignants, Fabrice, tout à l'heure,
27:02moi, j'ai logé pendant la crise un soignant qui travaillait,
27:05un aide-soignant qui travaillait à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris,
27:08et il a eu le Covid deux fois, il a failli crever.
27:11Et ce type, il n'avait ni masque, ni blouse, ni quoi que ce soit.
27:15Et après, il y a des hommes poétiques, ou des femmes poétiques,
27:18qui viennent nous dire, on a tout bien géré, pas de soucis, circulez, il n'y a rien à voir.
27:21Moi, je pense qu'à un moment donné, il faut rendre des comptes.
27:24Alors, on parlait de la fin de cette enquête,
27:26oui, il y aura probablement un non-lieu général sur les responsables politiques.
27:29– Est-ce que là, justement, ça ne va pas choquer l'opinion,
27:32s'il y a un non-lieu ?
27:34C'est difficile de préjuger.
27:36– C'est possible que ça choque l'opinion.
27:38Après, il faut aussi expliquer aux gens comment est rendue la justice,
27:41il ne faut pas être, j'allais dire, dans le populisme.
27:44Si les juges ne renvoient pas les responsables politiques
27:47devant une instance de jugement, c'est que juridiquement,
27:50ils n'ont pas forcément les moyens de le faire.
27:53Mais nous, ce qui nous intéresse, c'est de mettre en lumière
27:56les responsabilités des uns et des autres, sans les qualifier pénalement,
27:58ce n'est pas notre rôle.
27:59– Bien sûr, bien sûr.
28:00– Et par ailleurs, autre point que mentionnait Gérard,
28:03c'est que ça, c'est pour les ministres, ou les anciens ministres,
28:05mais il y a des procédures judiciaires qui sont en cours,
28:08qui pour l'instant, je pense, n'étaient pas bloquées,
28:10mais les juges saisis attendaient que la CGR finisse ses investigations,
28:13qui sont des juridictions de droits communs,
28:16qui sont saisies de milliers de plaintes,
28:18pour éventuellement mettre en cause, et plus tard juger,
28:21les responsables non ministériels de cette crise,
28:24les responsables de la Direction Générale de la Santé,
28:27des hauts fonctionnaires, etc.
28:28Je ne dis pas qu'ils vont être mis en cause,
28:29je ne dis pas qu'il faut qu'ils soient mis en cause,
28:30mais en tous les cas, il y aura des questions qui seront posées,
28:32et il pourrait y avoir d'autres suisses judiciaires.
28:34– Alors je précise aussi que votre livre porte,
28:37notamment sur ces ratés de l'administration,
28:39et puis de politique, et du système en général,
28:42dans les premiers mois, l'enquête ne porte pas sur,
28:45ensuite, tout ce qui s'est passé autour de la vaccination,
28:47parce que je sais qu'il y a des enquêtes qui sont en cours actuellement,
28:50est-ce que c'était les bons vaccins, etc.
28:52Enfin bon, elle ne porte pas là-dessus.
28:54– Non, vous avez raison, elle porte principalement
28:57sur les 6 premiers mois, 32 000 morts,
28:59en l'espace de 6 mois, 280 par jour.
29:02Ça porte vraiment là-dessus, sur les ratés,
29:04les municipales, on n'en a pas parlé, mais les municipales,
29:06le maintien des premiers tours des municipales,
29:09en dépit du bon sens, sans masque, sans rien,
29:11tout ça parce que le fait du prince,
29:13il fallait absolument qu'il y ait les élections municipales
29:15pour se refaire la cerise politiquement, c'était une erreur.
29:18Et la preuve, c'est que le confinement a été décrété
29:20deux jours après le premier tour.
29:22– Et là, c'est Emmanuel Macron, en fait, qui pousse.
29:26– C'est vrai que c'est un peu le personnage
29:29je veux dire central, mais celui aussi qui manque
29:31dans l'enquête de la CGR.
29:33Et pour cause, vous savez qu'en France, le président
29:35jouit d'une immunité sur plan pénal,
29:37et donc les juges n'ont pas pu l'interroger.
29:39On raconte quand même que les juges ont essayé,
29:41et ils ont réussi d'entendre ses conseillers,
29:43ses proches conseillers, et on révèle les obstacles
29:47qui ont été mis sur la route des juges
29:49pour empêcher les conseillers de tenir
29:51un langage de vérité, tout simplement.
29:53– Et d'ailleurs, au passage, vous le révélez,
29:55ou c'était peut-être connu, mais on apprend
29:57qu'il n'y avait pas de conseiller santé
29:59au moment de la crise du Covid,
30:01au début de la crise du Covid, à l'Élysée.
30:03– Ça fait partie des multiples aberrations de cette affaire.
30:07– C'était pas connu.
30:09On identifie qu'il n'y a pas de conseiller santé
30:11à l'époque à l'Élysée.
30:13– Parce qu'elle est partie, et puis bon,
30:15c'est pas urgent de recruter quelqu'un d'autre.
30:17– Et comme il n'y a pas eu de patron
30:19de Santé publique France pendant un moment,
30:21juste avant la crise, en fait, nous étions
30:23totalement désorganisés.
30:25– Et le rôle primordial joué par Emmanuel Macron,
30:27qui reste finalement à éclaircir,
30:29donc les juges n'ont pas pu le faire,
30:31mais rien n'interdit les journalistes d'essayer de le faire,
30:33parce que tout indique que, dans cette affaire,
30:35il a voulu tout décider, alors pas seulement
30:37dans celle-là, mais notamment dans celle-là,
30:39c'est pour ça qu'il s'est permis
30:41de mettre en avant Raoult,
30:43en pensant que plus qu'il...
30:45– Ça peut être...
30:47On peut se dire, oui, à l'époque,
30:49il cherchait une solution comme tout le monde.
30:51– Mais oui, mais c'est un peu du Macron,
30:53qui a pris son risque, on va dire,
30:55mais là, c'était quand même un gros risque,
30:57de crédibiliser un personnage au moins controversé,
30:59mais surtout, beaucoup de témoins,
31:01on cite le livre de Jean-Michel Blanquer,
31:03l'ancien ministre de l'Éducation,
31:05qui considère, parmi d'autres,
31:07que c'est au moment de la crise du Covid
31:09que cette dérive personnelle,
31:11cette conduite monarchique du pays,
31:13s'agissant d'Emmanuel Macron, s'est nouée,
31:15parce que c'est vrai que là,
31:17il présidait les conseils de défense,
31:19c'est lui qui prenait les décisions,
31:21mais il aurait sans doute mieux valu,
31:23pour le coup, s'appuyer sur les avis des experts,
31:25qui, eux, savaient ce qu'il fallait faire.
31:27– Oui, enfin, il y avait certains experts
31:29qui ne savaient pas non plus, quoi, en fait.
31:31– Mais ce qui est intéressant,
31:33justement, on peut lire les vrais experts,
31:35ceux qui rendaient des rapports au gouvernement
31:37et aux présidents de la République, accessoirement,
31:39eux, savaient ce qu'il fallait faire,
31:41on le prouve dans le livre.
31:43– Voilà, les jugés, l'assassin Gérard Davé,
31:45Fabrice Lhomme, enquête secrète au cœur du pouvoir,
31:47c'est particulièrement intéressant,
31:49il y a beaucoup de révélations à l'intérieur,
31:51lisez-le, ça se lit comme un roman.
31:53Dans un instant, c'est Valérie Expert et Gilles Gansman.