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Mardi 28 janvier 2025, BOSSA NOVA reçoit Caroline Poissonnier (Directrice Générale, Groupe BAUDELET)

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00:00Être une bonne entrepreneuse, c'est être simplement soi-même, avec la part de féminité,
00:27avec les convictions, avec ce qu'on est, avec ce qu'on apporte, avec notre sensibilité,
00:33ou peut-être, en tout cas, c'est ce que moi j'ai mis en place et c'est ce que je souhaite à tout le monde.
00:42Bonjour, je suis Caroline Poissonnier, je viens de Asbrooke, qui est une petite ville
00:48de Flandre, pile entre Lille et Dunkerque.
00:50Que vous racontez-vous sur moi ?
00:54Alors, j'ai un parcours assez classique finalement, j'ai fait un bac ES, une pré-poche ESC,
01:00une école de commerce, avec une majeure vraiment très poussée sur les RH, avec tout ce qui
01:05va être dans les dimensions stratégiques, humains, gouvernance, c'est vraiment pour
01:09moi le cœur de ce qui m'anime et ce qui m'a toujours animée.
01:13J'ai fait deux ans après mes études dans une autre entreprise et puis j'ai décidé
01:19assez vite de rejoindre l'entreprise familiale en 2018.
01:28Le groupe Baudelaire est un groupe familial, régional, indépendant, qui intervient dans
01:33quatre secteurs d'activité, l'environnement, le commerce, l'énergie et le bien-être.
01:39Alors, historiquement, on nous connaît, je suis connue comme étant la directrice générale
01:43de Baudelaire Environnement et on a pris un virage cette année avec un repositionnement
01:49stratégique pour créer le groupe Baudelaire qui, du coup maintenant, intervient sur quatre
01:53branches d'activité différentes.
01:58Ce n'était pas écrit de rejoindre l'entreprise familiale, c'était écrit pour mon frère,
02:04il a fait tous ses stages, il passait ses vacances à compter les boulons dans l'entreprise.
02:09Moi, j'étais plus mitigée dessus, plus mitigée aussi parce que je n'étais pas
02:14sûre de vouloir travailler en famille, j'avais vu mes parents pendant 20 ans travailler ensemble
02:21et il ne faut pas croire, quand ils ne sont pas d'accord au boulot, ils ne sont pas
02:24d'accord à la maison non plus, c'était rejoindre un environnement qui était très
02:28masculin, qui ne me faisait pas forcément rêver, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
02:31la thématique du traitement et de la valorisation des déchets est extraordinaire parce qu'elle
02:35rentre aussi dans la transition écologique, climatique, etc.
02:39Mais il faut bien comprendre que le métier au départ, c'est des grues, des camions,
02:45descendre d'enfouissement, etc.
02:46Du coup, je n'étais pas tout à fait sûre que c'était le métier que j'avais moi
02:51envie de faire pour le reste de ma vie.
02:54Et en même temps, j'ai baigné dedans comme Astérix, je suis tombée dans la marmite
02:57quand j'étais petite, j'allais visiter les sites, mon frère était persuadé de
03:03vouloir reprendre l'entreprise.
03:05On a eu des grosses discussions en famille, il n'y avait aucune obligation de ma part,
03:09de la part de mes parents, de me faire rejoindre l'entreprise.
03:12Et en même temps, il y a eu des échanges en disant « voilà, c'est quand même
03:15une belle opportunité, ce serait dommage de ne pas essayer ».
03:18Et je suis vraiment rentrée dans l'entreprise avec cette vision-là de dire « oui, j'ai
03:23envie d'essayer parce que je n'ai pas envie un jour d'embrasser une carrière
03:27et puis de me retourner en disant « et si j'avais essayé ? ».
03:30Et il y avait un deuxième petit sujet aussi, c'est qu'il y a deux écoles dans les
03:35entreprises familiales.
03:36Il y a ceux qui rentrent assez vite dans l'entreprise après leurs études et qui
03:41gravissent les échelons un à un, qui mettent 10-15 ans à arriver à des directions générales.
03:45Et puis, il y a l'autre école qui dit d'aller faire 10-15 ans à l'extérieur
03:49et puis de rentrer dans l'entreprise familiale, du coup à des postes plutôt de direction.
03:55Moi, je n'ai pas de religion, je trouve qu'il y a des très belles réussites et
04:00de très beaux échecs dans les deux écoles.
04:03Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'il faut que tout le monde fasse la même chose.
04:05Je pense que c'est compliqué qu'il y en ait un qui rentre dans l'entreprise tout
04:10de suite, qu'il fasse 10-15 ans et puis de voir un frère, une sœur, un cousin rentrer
04:15à un poste parce qu'il a fait 15 ans à l'extérieur.
04:18Et pour le coup, comme mon frère, c'était évident, chez lui, c'était très fort
04:23de vouloir rentrer et intégrer l'entreprise familiale très vite après ses études, j'ai
04:28aidé moi aussi de dire « allez, on va essayer, on va le faire ensemble, voir si
04:31ça nous plaît de travailler ensemble, voir si cette entreprise, ce monde masculin, ce
04:36travail en famille me plaît et puis voilà, ça fait 15 ans et je suis là et j'adore
04:40mon métier.
04:41» Et voilà, comme quoi il faut passer aussi au-dessus des préjugés et peut-être des
04:46croyances limitantes du départ.
04:47Je suis rentrée dans l'entreprise sur un poste plutôt RH, RH communication.
04:54Il y avait une seule personne au RH, ce qui était ma formation de base et personne à
05:00la communication, c'était le moment d'y rentrer et en fait, j'ai passé presque
05:06dix ans à des postes très opérationnels, à prouver ce que j'étais capable de faire,
05:13d'apporter, à me familiariser avec les personnes et puis voilà, une chose en entraînant
05:19une autre, ça s'est extrêmement bien passé, j'ai été très bien accueillie, je pense
05:23avoir mis des belles choses en place qui ont fait croire aux gens que je pouvais être
05:29la leader ou en tout cas la future patronne du groupe, c'est un peu, on est un peu dans
05:33ces milieux-là.
05:34Et puis, ça s'est fait assez naturellement finalement, ça s'est fait très naturellement.
05:39Qu'est-ce que j'ai changé au sein de Baudelaire ? C'est une bonne question.
05:45Je pense que mon apport spécifique, il a vraiment été sur la culture d'entreprise,
05:52sur le changement, la façon de manager.
05:57On était dans une entreprise très patriarcale, très top-down, j'ai introduit énormément
06:02de travail d'intelligence collective, de travail sur de la vision, sur de la raison
06:07d'être, sur des valeurs, sur amener plus de visibilité, plus de temporalité, plus
06:12de transversalité aussi dans les équipes, où ça fonctionnait beaucoup en silo.
06:16On avait déjà à l'époque, je vais revenir sur le groupe Baudet sur chacune de nos branches,
06:20si vous le voulez bien.
06:21Mais au départ, on était vraiment sur l'environnement, et déjà dans l'environnement, on avait
06:25plusieurs métiers.
06:26Plusieurs métiers qui travaillaient, on avait le déchet, vraiment industriel, ménager,
06:32on avait des ferraillers métaux, c'est deux métiers complètement différents.
06:34Et ces métiers-là, déjà, ne travaillaient pas ensemble, n'utilisaient pas les mêmes
06:38méthodes, il y avait déjà des clans dans l'entreprise.
06:42Et l'idée, c'était vraiment de réussir à dé-siloter, à faire travailler les gens
06:46ensemble et à comprendre qu'on est un groupe.
06:48On était déjà à l'époque un petit groupe, là, on est devenu un plus gros groupe avec
06:52vraiment des branches d'activités différentes.
06:54Mais je pense que ce que j'ai apporté, c'est ça, c'est cette notion de transversalité,
07:00de management, de leadership, de travailler autrement.
07:03Une fraîcheur peut-être aussi dans un milieu qui est très masculin et très dicté par
07:12des codes.
07:13Moi, j'aime bien faire éclater tout ça et mettre un peu de joie et mettre un peu
07:16d'optimisme dans tout ça.
07:19J'ai certainement apporté beaucoup de choses différentes, mais si je ne devais en retenir
07:23qu'une, ça serait celle-là.
07:25Quand on a repris la direction générale avec mon frère en 2018, si je reprends un
07:32petit peu la genèse, on est rentré en 2008, on a mis 10 ans pour accéder à la direction
07:36générale.
07:37Et à la direction générale, on s'est dit comment est-ce qu'on poursuit, comment est-ce
07:43qu'on envisage notre développement et notre croissance.
07:46On avait deux options.
07:47La première option est de dire on a un métier de service dans l'environnement sur une
07:52région qui était les Hauts-de-France.
07:53Est-ce qu'on se dit on garde ce métier et puis on va l'étendre sur le territoire
08:00national, on s'étend géographiquement sur un seul métier ?
08:02Ou alors on se dit on profite de notre position actuelle de leader régional et de nos bons
08:09résultats et de la solidité financière de notre entreprise pour diversifier plutôt
08:13nos activités et préparer l'avenir.
08:15L'idée, on avait plusieurs enjeux auxquels répondre.
08:17Il y avait bien sûr cet enjeu de pérennité, de transmission familiale, cet enjeu aussi
08:22de marquer un peu plus fort l'ARSE, l'ARSE qui est dans notre ADN parce qu'on fait
08:26de l'environnement, donc sur le volet environnemental.
08:29Mais nous on est convaincus qu'on peut aller bien plus loin et notamment sur les
08:32volets social et sociétal, on avait envie de s'investir plus sur cette partie-là.
08:37Et puis bien sûr de consolider notre activité.
08:40Et donc c'est cette voie-là qu'on a choisie, la voie de la diversification.
08:44Alors comment on s'y est pris ? On s'y est pris de deux façons.
08:48On a commencé par appuyer sur nos métiers historiques.
08:51Donc on en avait deux, l'environnement, pour celle où on est connue c'est Baudelaire
08:54Environnement, mais on en avait un autre qui est un magasin de fourniture industrielle
08:59qu'on avait depuis 30 ans dans la famille.
09:01Pour la petite histoire, c'est le frère de mon grand-père, mon grand-père qui a
09:05fondé le groupe Baudelaire, et son frère avait créé un magasin de fourniture industrielle.
09:09Il est parti en retraite il y a plus de 30 ans, et à l'époque il a voulu vendre
09:13son magasin, et mon grand-père a dit non, non, non, c'est du Baudelaire, ça restera
09:16Baudelaire, et donc il a acheté le magasin de son frère.
09:19Et ce magasin a grandi petit à petit, il est passé de 500 000 euros de chiffre d'affaires
09:24quand on l'a acheté à l'époque, à pas loin de 10 millions aujourd'hui, mais sur
09:30un magasin en Flandre Intérieure, avec un rayonnement, un savoir-faire, etc.
09:35Et on s'est dit, si on veut développer d'autres métiers, ça serait quand même
09:38dommage de ne pas capitaliser sur ce qu'on sait déjà faire avec nos équipes, et donc
09:42on a décidé d'accentuer, d'accélérer cette branche commerce, qui est la deuxième
09:46branche du groupe, on a l'environnement, le commerce, par de la croissance à la fois
09:51interne, en créant de nouveaux magasins, en allant sur le web, ce qu'on n'avait
09:55pas fait depuis l'histoire, depuis le rachat du magasin, et aussi par des croissances externes
10:02où on a fait l'acquisition de différentes sociétés, la société OptiMachine qui fait
10:06des machines-outils au service de l'industrie, donc c'est toujours pareil, de l'équipement
10:10d'atelier, et à travers la société Embaleo, qui va faire de l'emballage responsable,
10:18notamment à destination des e-commerçants, mais pas que, là l'idée c'était vraiment
10:21de faire un pont avec notre métier du commerce, et de créer des boucles d'économies circulaires,
10:27c'est-à-dire que nous, nous collectons les déchets chez nos clients, nous les valorisons,
10:30le métier de Baudelaire Environnement c'est vraiment la valorisation, et on les envoie
10:35vers du recyclage.
10:36Il se trouve qu'on a beaucoup de cartonneries dans les Hauts-de-France, donc on les envoie
10:39à proximité de chez nous, et ensuite on va réutiliser ces cartons recyclés, donc
10:42c'est des gammes de cartons recyclés, recyclables, qu'on va proposer à nos clients, donc d'utiliser
10:49pour leur utilisation propre.
10:55L'idée c'est de le transformer en énergie, et là ça va être le pont parfait avec mon
10:58troisième pôle, qui est le domaine énergétique, qui est l'énergie.
11:04Je vais reprendre, je vous ai expliqué, Baudelaire, deux métiers historiques, énergie, commerce,
11:09on continue à les développer, et ensuite on voulait aller dans deux secteurs, Jean-Baptiste
11:12et moi, qui faisaient du sens pour nous, qui étaient aussi le reflet de qui on était,
11:16de nos convictions, de nos personnalités, on avait envie d'aller plus loin, et on avait
11:20envie d'aller plus loin sur deux sujets, sur la planète, on avait commencé à aller
11:23sur l'énergie, ce que je viens de vous expliquer avec le déchet, on avait envie d'aller plus
11:27loin sur le bien-être, enfin sur le bien de la planète, et on avait aussi, parce que
11:32moi c'est ce qui me tient à cœur, c'est ce que je vous ai expliqué dès le départ,
11:35c'est sur l'humain, sur l'individu, et alors ça c'est la branche qui dénote peut-être
11:39un peu, qui a moins de sens direct avec les trois autres, mais qui a un sens pour moi
11:43qui est juste incroyable, c'est la création d'une branche bien-être, dont je vais vous
11:47parler juste après.
11:49Donc ma branche énergie, je vous disais, on a commencé, on faisait déjà de l'énergie
11:54à partir de déchets, on avait envie d'aller plus loin, donc on a créé vraiment une branche
11:58énergie, on s'est associés dans deux sociétés, la première c'est la société Courbe, qui
12:04fait du tiers investissement dans le financement de projets photovoltaïques, donc l'idée
12:09c'est d'aller sur le volet production énergétique et notamment énergie renouvelable, donc notre
12:15idée c'est d'installer, d'aider, on fait beaucoup d'engards agricoles, donc par exemple
12:20les agriculteurs ou les personnes qui ont de la surface disponible, à financer des
12:26projets photovoltaïques pour créer de l'énergie renouvelable, qu'on réinjecte sur le réseau.
12:30Donc on est vraiment sur ce volet production d'énergie renouvelable, et le deuxième
12:35c'est le volet sobriété énergétique, et là on a créé avec un associé, Pierre Vion,
12:42la société Fibou, Fibou pour fibre de bambou, et là l'idée c'est de créer un isolant
12:48biosourcé écologique, à base, je vous l'ai dit, de fibre de bambou, qui va permettre
12:53d'être une vraie alternative aux isolants actuels que peuvent être la laine de roche,
12:57la laine de verre, etc, avec des vrais avantages, et de vraiment lutter contre les passoires
13:04thermiques, etc, et d'aller sur le volet, du coup, rénovation, réhabilitation. Donc c'est
13:09vraiment cette branche énergie, elle a deux branches, elle est sous-divisée, un peu comme
13:13l'était le déchet avec les déchets ménagers et les fers et métaux, là on a le volet production
13:19et le volet sobriété, et qui est pour nous, sont deux éléments complémentaires et vraiment
13:25importants pour l'avenir de la planète. Donc ça c'est la partie énergie, et la dernière
13:30branche qui dénote un petit peu, mais qui est vraiment en lien, on avait envie de donner
13:35un nouveau souffle, une nouvelle dimension à notre ADN familial, pour nous l'humain
13:39a toujours été vraiment au cœur de nos développements, j'ai l'habitude de dire qu'on peut avoir
13:44les meilleures stratégies du monde si on n'a pas les hommes pour les porter, en fait
13:48il ne se passera rien, donc pour moi le volet humain dans une société, c'est vraiment,
13:54ça a été mon dada dès le départ, mais je veux aller encore plus loin, et je veux
13:59aller plus loin aussi dans le fait qu'on vit dans une nouvelle société, avec des
14:04nouvelles habitudes de consommation, un nouveau rapport au travail, l'idée c'est vraiment
14:09d'ouvrir les consciences, d'inciter les individus à se mettre en action, on peut
14:15travailler, avoir une belle carrière, tout en préservant son capital santé, quand on
14:20parle capital santé on parle bien sûr physique, d'où par exemple la création d'une salle
14:24de sport à la fois pour le territoire et pour nos collaborateurs, mais on va parler
14:27aussi capital santé mentale, émotionnelle, pourquoi pas même spirituelle, moi je suis
14:32convaincue que plus on est aligné avec ce qu'on est, avec nos valeurs, quand on est
14:37dans la recherche d'une nouvelle forme finalement de vitalité, à travers une meilleure alimentation,
14:43un meilleur sommeil, la capacité à mieux respirer, à faire des pauses dans notre quotidien
14:50où tout va vite, on est dans une société aujourd'hui où on ne s'arrête jamais et
14:54finalement c'est quand on prend parfois le temps de s'arrêter, de prendre soin de
14:59soi, que plein de choses découlent, en tout cas moi je l'expérimente tellement, que
15:03j'ai envie de porter ce message là, et de dire on peut travailler, et bien sûr il faut
15:09travailler, on peut être ambitieux et on peut être successful complètement tout
15:13en prenant soin de soi et soin des autres, et soin des autres dans un environnement d'équilibre
15:18effectivement pro-perso, et il y a plein de choses qui vont arriver autour de ces différents
15:23sujets.
15:24Donc voilà les 4 branches, environnement, énergie, commerce, bien-être.
15:29Je suis carrément croissance prudente, équilibre, je suis pour ne pas prendre de risques qui
15:42pourraient mettre en cause ou en péril l'avenir de mon groupe, c'est-à-dire que je suis
15:49audacieuse, je pense que nous sommes une société qui casse un peu les codes, qui aime prendre
15:55des risques, mais ces risques sont toujours mesurés, parce qu'à un moment, aller dans
15:58une investir ou aller dans une thématique ou une stratégie de croissance de marche
16:04ou crève, il y en a qui le font, et c'est très bien, et il y a des énormes réussites,
16:09il y a aussi des personnes qui, ben voilà, quand ça ne marche pas, parce qu'on peut
16:13avoir un retournement de marché, il peut se passer plein de choses, nous on veut toujours
16:18explorer des domaines où si on se plante, parce que ça peut arriver, c'est le propre
16:26des entrepreneurs, c'est de tout faire pour que ça n'arrive pas, mais d'avoir conscience
16:30que ça peut arriver, et bien c'est que ça ne mette pas en péril mon groupe.
16:34J'ai une obsession vraiment qui est la mienne, qui est la transmission, la pérennité, la
16:40sécurité financière.
16:42Donc l'idée c'est de se dire, et c'est aussi l'objet de cette transformation, de
16:46cette diversification, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a un groupe avec un métier sur un secteur,
16:51on a tous nos œufs dans un même panier, et l'idée c'est de se dire, comment est-ce
16:55qu'on peut être prudent pour l'avenir, alors ça peut paraître paradoxal de se dire
17:01ben oui mais il se diversifie donc peut-être qu'il y aura plus de risques, et en fait
17:05pour moi, dans l'avenir, sur la construction qu'on est en train de faire, dans 10 ans,
17:10on aura moins de risques que notre entreprise, je ne sais pas comment on peut expliquer,
17:18et un vrai problème en ayant ces différentes branches d'activité.
17:21Donc clairement, croissance prudente.
17:27Le secret, est-ce qu'il y en a un ? J'ai un mot qui me vient bien sûr, c'est anticipation.
17:31Il y en a deux peut-être, anticipation, communication.
17:35C'est vraiment les deux clés, c'est de bien l'anticiper parce que ça se fait vraiment
17:40dans le temps, ça prend du temps, il faut aligner les différentes personnes, communication
17:45parce qu'il faut que tout le monde, je parlais d'alignement tout à l'heure, c'est vraiment
17:48très important, si la transmission ne se fait pas dans un parfait alignement de où
17:53on veut aller, à quelle vitesse où on veut emmener la société, à quelle vitesse on
17:58a envie de le faire, à quel moment moi j'ai envie de m'investir, est-ce qu'on est tous
18:01d'accord sur les sujets ? En fait, à un moment, ça va coincer.
18:06Donc c'est anticipation, prendre le temps, parler, échanger, discuter, pas avoir peur
18:14des non-dits.
18:15Souvent, on me pose une question, vous allez peut-être me la poser, les pour, les contre
18:18des entreprises familiales.
18:19Le pour, c'est clairement la bienveillance, le contre, c'est clairement l'affect.
18:23Dans une entreprise familiale, on parle de transmission, on peut avoir peur de se dire
18:29les choses parce que mon frère, c'est le fils de ma mère et que c'est le parrain
18:34de ma fille.
18:35Et que donc à un moment, si je ne suis pas d'accord avec lui, si je ne suis pas d'accord
18:38avec la stratégie qu'il veut prendre, je ne vais peut-être pas oser lui dire parce
18:42que je n'ai pas envie de me fâcher avec lui et pour des raisons qui ne sont pas les
18:46bonnes finalement.
18:47Et donc de réussir à poser les choses, à communiquer, à se prendre des temps, d'être
18:53respectueux l'un l'autre, d'écouter les vraies envies profondes finalement de ce
18:59qu'on a envie pour une entreprise familiale, pour moi, la clé, elle est vraiment là.
19:02Parce qu'après, la clé, c'est de bien s'entourer, mais c'est d'avoir une vision
19:06claire et alignée.
19:07Il ne peut pas y en avoir un qui part à droite et l'autre qui part à gauche.
19:10Les gens en dessous, ils ne comprennent plus rien.
19:11On l'a déjà expérimenté, ça ne marche pas bien.
19:13Donc, une des clés, c'est vraiment ça.
19:16Je l'explique de temps en temps, on a même un coach, mon frère l'appelle le thérapeute
19:21de couple, qui nous permet de temps en temps d'être vraiment sûr qu'on reste aligné.
19:26Parce qu'effectivement, la vie, chacun de nos responsabilités, chacun de nos domaines
19:32d'activité, on peut à des moments voir les choses autrement.
19:36Et se réaligner régulièrement, très régulièrement, c'est vraiment une des clés de la transmission
19:43et de la pérennité et de la réussite, je pense en tout cas, d'une entreprise familiale.
19:51Ma plus belle réussite, je pense, c'est vraiment d'avoir eu l'audace finalement de reprendre
19:57cette entreprise familiale, d'y avoir réussi à y faire ma place tout en amenant ce que
20:03je suis, tout en amenant ma personnalité, tout en amenant mes convictions.
20:06Et j'en suis très fière aujourd'hui.
20:13L'erreur que je ne referai plus, c'est certainement de vouloir aller trop vite.
20:17Je suis quelqu'un d'un peu speed, vous l'aurez peut-être remarqué.
20:21J'ai tendance à, quand j'ai une idée, je veux mettre les choses en place, je veux faire
20:26bouger les choses, je suis convaincue que c'est ce qu'il faut faire.
20:28Et parfois, je ne prends pas assez de temps, ou j'ai pris, il m'est arrivé par le passé,
20:34de vouloir aller trop vite, de ne pas avoir été assez pédagogue, de ne pas avoir assez
20:37embarqué les équipes, notamment les équipes historiques, qui ont connu l'époque de mes
20:43parents ou qui étaient, indépendamment que ce soit mes parents qui la dirigeaient ou
20:46l'époque allait moins vite, et où aujourd'hui, il faut aussi prendre le temps d'expliquer
20:50ce qu'on veut faire, de les embarquer.
20:52C'est aussi pour ça que je travaille énormément en intelligence collective maintenant, avec
20:57des ateliers pour ne pas avoir d'angle mort, pour entendre tous les points de vue, pour
21:00que les personnes se sentent contributrices et actrices des transformations qu'on est
21:06en train de mener dans le groupe.
21:07Et ça, c'est s'il y a une erreur que je ne referai plus, c'est celle-là.
21:09Moi, je crois, et dans notre famille en tout cas, que la famille passe avant le business.
21:17On a la chance d'être une petite famille, on est quatre associés.
21:21L'idée, c'est vraiment qu'on soit d'accord et qu'on crée quelque chose ensemble.
21:25Notre objectif à Jean-Baptiste et moi, quand on a parlé de tout ça, c'est est-ce qu'on
21:29a envie de travailler ensemble ? Est-ce qu'on a envie de faire ça ensemble ? Et oui, c'est
21:32le cas.
21:33Donc, il faut qu'on s'aligne.
21:34Mais on veut rester une famille, c'est-à-dire que même si on se voit tous les jours, presque,
21:40on partage le même bureau, l'idée, c'est de ne pas se dire, puisque je la vois tous
21:46les jours, je n'ai pas envie de la voir, le dimanche par exemple.
21:50L'idée, c'est de rester une famille.
21:52Donc, on garde des temps ensemble.
21:54On part une fois en vacances tous ensemble, alors sans prendre les mêmes transports en
21:58commun puisque ça, vous pouvez l'imaginer, mais si on se crache tous les deux en même
22:01temps, ça va être compliqué.
22:02Mais par contre, on garde un moment ensemble avec nos parents, avec nos enfants, avec nos
22:08conjoints où on décroche de l'entreprise familiale.
22:11L'idée, c'est de ne pas en parler.
22:12Tout comme le dimanche, chez nous, c'est interdiction d'aborder le boulot parce qu'en
22:18fait, il faut qu'on garde ce socle familial, cette envie d'être ensemble, de partager
22:23des choses ensemble qui soient autres que l'entreprise familiale.
22:25Ce qui fait que notamment pour nos parents qui ont pris un petit peu de recul, c'était
22:30un petit peu dur en disant « la journée, je ne te vois pas, tu travailles, le week-end,
22:35je n'ai pas le droit de t'en parler.
22:36En fait, comment est-ce que nous, on peut se tenir informé au-delà de venir à une
22:40réunion par mois sur le comité de direction ? »
22:43Du coup, on a créé des temps, des bulles, deux fois par mois sur des déjeuners assez
22:48longs où là, on est en famille et on parle du boulot, on répond à leurs questions,
22:53à leurs inquiétudes s'ils en ont, on leur parle en avant-première de certaines choses
22:58qui vont être abordées par la suite et on essaie vraiment de cloisonner ces espaces.
23:03Et pourquoi est-ce qu'on cloisonne ces espaces ? Parce que la famille pour nous, c'est
23:06sur un piédestal, c'est ce qu'on veut être.
23:08Je suis ma reine des enfants de mon frère, il est parrain des miens.
23:12Alors bon, là, c'est très particulier, on habite tous dans la même rue parce qu'on
23:16a une entreprise qui est dans un petit village, etc.
23:22Pour nous, c'est très fort, on est extrêmement soudés et l'entreprise ne doit pas être
23:28une source de conflits.
23:29Alors, il l'est de temps en temps, mais en tout cas, pas une source de conflits durables
23:33au sein de notre famille.
23:35Le prochain grand changement, je dirais qu'au-delà de la révolution RSE qu'on entend un petit
23:42peu partout, je pense qu'il y a un vrai sujet sur les nouvelles habitudes de vie, de consommation,
23:49de digital, de mieux vivre, de rapport au travail.
23:52Je pense qu'il y a un vrai sujet sociétal aujourd'hui, dont on parle moins que la crise
23:59climatique dans laquelle on vit et qui est vraiment dans les têtes de tout le monde.
24:02Je pense qu'aujourd'hui, il y a un vrai sujet à prendre soin des personnes et des
24:07nouvelles habitudes de vie et de travail.
24:09Entourez-vous bien, ça c'est peut-être mon premier conseil de personnes qui croient
24:15en vous et qui sont positives.
24:18Ne vous comparez pas, chaque parcours est différent, chaque personne est différente
24:23et si vous avez envie, un moteur, allez-y.
24:26Et puis le dernier, c'est ne vous mettez pas de barrières, vous pouvez tout faire.
24:30L'idée c'est de croire en soi, de bien s'entourer, de dérouler la stratégie des
24:34petits pas, un pas à la fois, on y va et on est capable de faire des grandes choses.

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