Budget : recours au 49.3, menace de censure... Tout reste à jouer.
Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, est l'invitée de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 03 février 2025.
Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, est l'invitée de Thomas Sotto.
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00:00RTL Matin
00:04L'heure de l'invité d'RTL Matin et ce matin, Thomas, vous recevez la ministre des Comptes Publics, Amélie de Montchalin.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Amélie de Montchalin.
00:11Bonjour.
00:12Le Premier ministre François Bayrou va donc utiliser tout à l'heure le 49.3 pour adopter le projet de loi de finances.
00:17Vous nous confirmez que ce sera la même chose 49.3 pour le projet de loi de finances de la Sécu ?
00:20C'est ce qu'il a annoncé également, oui.
00:22C'est ce qu'il a annoncé.
00:23Sur le budget, le PLF, est-ce que vous allez reprendre le texte tel quel, issu de la commission mixte paritaire ?
00:28Ou est-ce que vous allez y apporter des modifications ?
00:30Nous reprenons le texte, parce que c'est un compromis qui a été trouvé entre les parlementaires, sans que le gouvernement soit dans la pièce, je le rappelle.
00:38Et ce qui montre que dans notre pays, je crois que c'est rassurant, nous pouvons, quand les uns et les autres, avec courage, avec sens des responsabilités,
00:47ont mis au fond chacun la main à la patte pour que ce budget soit meilleur, parce qu'il va permettre de réduire le déficit,
00:54et aussi meilleur, parce que du fait des propositions des uns et des autres, on a remis des moyens d'un côté pour la recherche, pour la transition écologique,
01:02et on a aussi fait beaucoup plus d'économies.
01:04Mais à la virgule près, ce sera le même texte ?
01:06C'est le texte qui est sorti de la commission mixte paritaire, et qui sera rendu fonctionnel, si effectivement il est adopté et donc promulgué.
01:15Qui dit 49.3 dit motion de censure, et l'FI a déjà annoncé qu'elle en déposerait une.
01:19Le sort du gouvernement est donc entre les mains d'un côté des députés socialistes et de ceux du Rassemblement National.
01:24Qu'est-ce que vous leur dites ce matin, Amélie de Montchalin ?
01:26Déjà, je vais dire aux Français la question qui est posée aux parlementaires cet après-midi, c'est pas est-ce que vous êtes pour ou contre ce budget de compromis ?
01:33La question que François Bayrou va poser à travers ce 49.3, c'est est-ce que vous êtes pour ou contre, au fond, que la France avance ?
01:41Est-ce qu'on en reste à ce niveau de blocage, ou est-ce qu'on repart ? Est-ce qu'on repart avec une situation...
01:47Le budget est quasiment accessoire, ce qui est important c'est de ne pas bloquer le pays ?
01:50Exactement, il ne faut pas qu'on bloque le pays, parce qu'une nouvelle censure serait dramatique.
01:54Mais surtout, je veux dire aux oppositions que nous ne leur demandons pas de rejoindre la majorité.
01:59Nous ne leur demandons pas de voter ce budget qui n'est pas le leur, d'ailleurs pas celui du gouvernement non plus.
02:04Nous demandons à chaque député, mais c'est aussi une question que les Français peuvent observer,
02:09est-ce qu'ils veulent continuer à s'opposer et à proposer dans un cadre qui est le cadre d'un gouvernement qui fonctionne,
02:15ou est-ce qu'ils veulent bloquer le pays ?
02:17Et quand on écoute Jean-Luc Mélenchon ou d'autres, un très grand chantage, au fond, a créé une crise,
02:22on le voit, un blocage, une forme de chaos qui se poursuivrait.
02:26Ça veut dire, Rémi-Yves Manchalin, que le principal mérite de ce budget, c'est d'exister, finalement.
02:29Il n'est pas là pour régler les problèmes du pays. D'ailleurs, à 5,4% de déficit, on ne va pas régler grand-chose.
02:34Déjà, quand même, on reprend la trajectoire d'une baisse du déficit et on se bat contre le sur-endettement de notre pays.
02:40Mais à nouveau, je veux le dire, ce budget, c'est un budget de compromis.
02:43Pourquoi il faut qu'il existe ? Parce que si nous n'avons pas de budget,
02:471 million de Français rentreront dans l'impôt sur le revenu,
02:50alors qu'il n'est pas prévu qu'ils payent plus d'impôt sur le revenu qu'ils n'en payent aujourd'hui.
02:5318 millions de Français verront leurs factures augmenter.
02:56Les agriculteurs, beaucoup nous écoutent ce matin.
02:58Toutes les mesures d'accompagnement face aux crises, à la fois climatiques et économiques, ne peuvent pas être prises.
03:03Donc la question, c'est, est-ce que le pays repart ?
03:05Est-ce que les chefs d'entreprise, qui ont raison de dire qu'à leur contribution exceptionnelle, on leur doit soutien exceptionnel ?
03:12Justement, cette contribution exceptionnelle, c'est combien de temps ?
03:14C'est un an.
03:15C'est sûr et certain.
03:16Et en contrepartie de cet effort, et oui, on les a vus avec Eric Lombard, on a vu toutes les organisations professionnelles,
03:20on leur a dit, voilà, on joue carte sur table avec vous.
03:22On vous dit la vérité sur le déficit.
03:24On vous dit deux choses.
03:25Un, il est dans l'intérêt de l'économie française que nous repartions.
03:28Ce qui coûte aujourd'hui énormément à notre tissu économique, c'est l'incertitude.
03:32C'est de ne pas savoir où on va.
03:33C'est d'avoir tous les carnets de commandes en suspens.
03:36On vient d'entendre toute la menace à l'extérieur de notre pays.
03:40Il faut que notre pays puisse avoir un cap.
03:42En gros, il y a le feu, c'est ce que vous nous dites.
03:44La deuxième chose qu'on a dit au patron, c'est qu'à leur engagement et leur contribution exceptionnelle,
03:50nous allions, nous, gouvernement, répondre par un engagement exceptionnel.
03:53D'abord, en réduisant les dépenses de l'État, comme cela n'a jamais été fait depuis 25 ans.
03:58Mais quand ? L'année prochaine ?
03:59Non, en 2025. Dans ce budget, nous réduisons les dépenses des ministères,
04:02comme cela n'a jamais été fait depuis 25 ans.
04:04Nous les baissons en valeur.
04:06D'habitude, vous savez, on les baisse, mais on ne les baisse pas vraiment.
04:09On les baisse par rapport à une tendance. Là, ça baisse pour de vrai.
04:11Ça baisse dans les opérateurs, dans les agences de l'État, 3 milliards.
04:14Et ça baisse dans les ministères, comme ça n'a jamais été fait.
04:16C'est important les symboles ou pas, Amélie de Montchalin ?
04:18Les symboles.
04:20Les symboles, ça peut être important, ça peut parfois être très bloquant.
04:22Je ne sais pas de quels symboles vous parlez.
04:23Parce que vous dites qu'il faut partager les forces,
04:25c'est ce qu'ont répété les uns les autres depuis des jours et des jours.
04:27C'est vrai pour les Français, c'est vrai pour les patrons, vous venez de l'expliquer.
04:30Mais ce n'est pas vrai pour les anciens présidents de la République
04:32et les anciens premiers ministres dont vous avez finalement renoncé à toucher aux privilèges.
04:35Pourquoi ?
04:36Alors, ce n'est pas le gouvernement qui a renoncé,
04:38c'est le compromis qu'ont trouvés les parlementaires et les sénateurs.
04:40C'est François Bayrou qui ne voulait pas qu'on y touche.
04:42Ce que je peux dire sur le sujet, d'abord, ce n'est pas un sujet tabou.
04:44Il y a eu une réforme en 2019, et moi je peux vous dire que
04:46si les parlementaires veulent proposer une nouvelle réforme de ce sujet,
04:49on n'a pas évidemment de blocage a priori.
04:51Et vous, votre conviction ?
04:52Ma conviction, c'est que dans les dépenses dont on parle,
04:54il y a énormément de dépenses qui sont liées à la sécurité
04:56de nos anciens premiers ministres et nos anciens présidents.
04:58Mais pas que. Il y a les secrétaires, il y a les locations de bureaux, il y a tout ça.
05:01En 2019, tous les avantages ont été retirés
05:04quand les anciens premiers ministres ou présidents redeviennent parlementaires.
05:07Ce qui veut dire que, par exemple, Gabriel Attal, Elisabeth Borne,
05:09François Hollande, ne bénéficient pas de ces avantages.
05:12Moi, je n'ai pas de problème à ce que les parlementaires proposent,
05:14mais il faut là aussi, vous voyez, ça ressemble plus à une vraie réforme
05:17qu'à un trait de plume budgétaire,
05:19parce qu'on supprimerait l'enveloppe,
05:21supprimer l'enveloppe, ça ne fait pas la réforme.
05:24On parle de 2,8 millions, c'est symbolique.
05:26Mais vous comprenez que ça puisse choquer les Français,
05:28à qui on demande des efforts, à qui on dit encore
05:30faites un geste, faites quelque chose.
05:32Vous comprenez que ça puisse mal passer, ça ?
05:34Je comprends que les Français veulent qu'on continue
05:36à proposer des réformes,
05:38qu'on fasse des économies. Je leur dis qu'il y a
05:40énormément d'économies dans ce budget qui n'ont jamais été faites
05:42depuis 25 ans, que sur ce sujet, les parlementaires
05:44ont la main, que nous pouvons évidemment
05:46travailler, qu'il n'y a pas de tabou.
05:48Et évidemment, il n'y a pas de principe
05:50qui dirait qu'il y a des réformes ou des dépenses
05:52qu'on ne peut pas regarder.
05:54Mais ce que je veux vraiment dire aux Français,
05:56c'est que ce budget, il est nécessaire,
05:58pas parce qu'il est idéal pour quiconque,
06:00il est nécessaire parce que
06:02sans budget, notre pays est à l'arrêt.
06:04Et on le sait, on le voit dans tous les domaines,
06:06toutes les entreprises, tous les artisans,
06:08toutes les familles ont besoin
06:10de savoir qu'effectivement, et c'est bien ce qui est écrit,
06:12les impôts n'augmentent pas pour les classes moyennes.
06:14Si on n'a pas de budget, ça n'augmentera pas.
06:16Vous nous confirmez qu'il n'y aura pas de
06:18hausse d'impôts pour les ménages, pas de nouvelles impôts,
06:20pas de nouvelles impôts pour les ménages ?
06:22Je confirme.
06:24Il y aura des hausses pour les plus aisés ?
06:26Il y a une contribution qui avait été proposée par Michel Barnier
06:28pour que nous passons à un an
06:30sur les hauts revenus.
06:32C'est combien ?
06:34C'est pour les personnes qui ont plus que 250 000 euros par fiscal.
06:36Donc on est sur un nombre de Français
06:38qui est limité. Combien de Français ça fait ?
06:40Je ne sais pas vous dire, à une dizaine de milliers près,
06:42mais on est sur des dizaines de milliers
06:44et on n'est pas sur des millions de Français.
06:46Mais il n'y a pas d'hausses d'impôts sur l'impôt sur l'épargne,
06:48le PFU, il n'y a pas d'hausses d'impôts du revenu,
06:50il n'y a pas d'hausses d'impôts de la TVA.
06:52Pourquoi ? Parce que ce budget, il faut qu'il soit
06:54un budget d'exception, mais il y a
06:56des principes et des convictions que nous avons fait
06:58respecter.
07:00Et de combien va augmenter la taxe sur les billets d'avion finalement ?
07:02Ça s'inquiète beaucoup Ben Smith, le patron d'Air France.
07:04J'ai reçu Ben Smith dans mon bureau
07:06la semaine dernière. Le compromis trouvé
07:08c'est pour les billets internes
07:10à la France et pour
07:12les destinations européennes, à peu près
07:147 euros par billet
07:16qui contribuent au fond à une forme
07:18de fiscalité écologique, qui contribuent aussi à
07:20financer nos investissements dans le train, parce qu'il faut bien
07:22qu'on finance les infrastructures
07:24et puis plus largement, on a aussi
07:26évidemment mis en place des compensations
07:28de soutien pour nos compatriotes
07:30qui sont en Corse et dans les Outre-mer, notamment
07:32pour les étudiants. Il y aura aussi le projet de loi de
07:34finance sur la sécurité sociale. Il semblerait que la
07:36taxe lapin revienne dans les tuyaux, c'est la taxe
07:38c'est la sanction financière pour ceux qui prennent des
07:40rendez-vous notamment sur Doctolib et qui
07:42posent des lapins, qui ne vont pas à ces rendez-vous.
07:44Quelles seront les modalités de cette taxe ? Comment ça va fonctionner ?
07:46Je laisserai le ministre
07:48de la Santé et Catherine Vautrin
07:50présenter la modalité, mais ce qu'il faut peut-être dire aux
07:52Français sur la sécurité sociale et la santé
07:54c'est qu'aujourd'hui, notre déficit
07:56on le prévoit
07:58dans le projet de loi de la sécurité sociale à
08:0022-23 milliards pour
08:022025. C'était 16 milliards il y a quelques mois encore.
08:04Et si nous n'avons pas de budget de la sécurité sociale
08:06on sait qu'on va vers
08:0830 milliards. Donc c'est un bon exemple du gâchis
08:10du temps qu'on perd, de l'argent
08:12qui est au fond
08:14perdu, dilapidé, parce que nous
08:16n'avons pas de budget de la sécurité sociale. Et donc
08:18oui il y a des mesures, des mesures de responsabilité
08:20il y a des mesures où on va renégocier le prix
08:22des médicaments avec les industriels, il y a des mesures
08:24où effectivement on va demander à ceux qui
08:26prennent des rendez-vous de les honorer parce que sinon
08:28ça ira dans la poche du médecin ou dans la poche du budget ?
08:30Evidemment dans la poche du budget
08:32puisque le but...
08:34La taxe lapin elle va dans la poche du budget ?
08:36Le but c'est quoi ? C'est que les médecins
08:38ils aient plus de patients, donc si les gens
08:40se plaisantent c'est quand même des revenus pour les patients
08:42et des revenus pour les médecins, mais c'est aussi
08:44que le système fonctionne mieux. On a des milliers de Français
08:46qui cherchent un médecin traitant, on a des milliers de Français
08:48des millions peut-être même chaque jour qui cherchent des rendez-vous
08:50si les rendez-vous pris ne sont pas honorés
08:52c'est une perte et pour les médecins et pour les patients.
08:54Donc je laisserai les ministres
08:56expliquer comment marche cette taxe
08:58En tout cas ça ira dans votre poche à vous ?
09:00Non, ça ira
09:02pour les Français, pour que le système de santé
09:04fonctionne. Personne ne s'enrichit
09:06aucun ministre ne s'enrichit dans le budget
09:08ce qui s'enrichit c'est les services publics
09:10c'est le bon fonctionnement de l'Etat
09:12Hanouk au 64 900 à la 22 ans
09:14elle a effectué un service civique. Pourquoi avez-vous choisi
09:16de suspendre soudainement le financement du service civique
09:18mettant à l'arrêt le recrutement de 5000 jeunes ?
09:20Non, alors c'est pas ça qui s'est passé
09:22nous sommes en loi spéciale
09:24nous avons un budget où nous ne faisons que
09:26le minimum et donc nous honorons
09:28tous les engagements passés, tous les jeunes en service civique
09:30qui ont déjà un contrat seront bien
09:32évidemment payés, mais nous suspendons
09:34les nouveaux engagements parce qu'à défaut de budget
09:36on doit être très précautionneux
09:38avec la somme qui nous a été
09:40confiée pour qu'on finisse l'année
09:42le risque, si on n'a pas
09:44cette précaution, c'est qu'on ne soit
09:46pas en capacité à la fin de l'année 2025
09:48de payer nos engagements. Donc il y a une suspension
09:50il y a une pause et quand on connaîtra
09:52l'enveloppe dédiée au service civique
09:54je peux garantir que si ce budget passe
09:56si la France peut repartir, il repart aussi
09:58pour le service civique. Donc c'est une pause
10:00qui est liée à ce qui se passe dans tous les domaines de l'Etat
10:02tous les nouveaux projets
10:04tous les nouveaux investissements sont actuellement
10:06suspendus parce que la responsabilité
10:08qui est la mienne, c'est qu'on ne lance pas le pays dans l'inconnu
10:10donc on a besoin d'un cadre
10:12et on a besoin que le pays reparte et c'est la question que
10:14François Bayrou pose aux députés cet après-midi.