Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews
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00:00:00Bonjour à tous et bienvenue à vous pour Midi News, c'est une vidéo glaçante qui
00:00:07montre en Seine-Saint-Denis un homme en possession d'un couteau et d'une machette poignardant
00:00:11à de multiples reprises un autre individu, l'auteur présumé âgé d'une trentaine
00:00:17d'années a été interpellé non loin de la Seine, nous allons en parler face à cette
00:00:22épidémie d'attaque au couteau.
00:00:23Le Rassemblement national ne votera pas la censure sur le budget, dans tous les cas il
00:00:28y avait très peu de probabilité pour que le gouvernement chute après la décision
00:00:32du parti socialiste de ne pas la voter mais désormais c'est acquis, le soldat Bayrou
00:00:37est sauvé et la France aura un budget alors quelles conséquences politiques nous reviendrons
00:00:42également sur cela ? Jordan Bardella répond au président algérien qui a notamment visé
00:00:47et ciblé les dirigeants du RN, il promet que si son parti accède au pouvoir, il appliquera
00:00:52les mêmes méthodes que Donald Trump à l'égard des illégaux.
00:00:56Et puis cette question, qui a gagné ou qui est en passe de gagner la bataille culturelle
00:01:00en France ? A entendre la gauche c'est la droite et même l'extrême droite qui impose
00:01:04ces thèmes dans le débat public et politique mais qu'en est-il réellement ? Qui est en
00:01:08train de conquérir l'hégémonie médiatique ? Pour la droite au contraire c'est la gauche
00:01:12qui fait office d'arbitre dans ce domaine et pour en parler, l'historien et essayiste
00:01:17Jean Sevilla, auteur des habits neufs du terrorisme intellectuel sera avec nous à partir de 13h.
00:01:23Voilà pour le programme, mais tout d'abord place au journal, bonjour à vous chers sommeil
00:01:27à l'habit.
00:01:28Bonjour Sonia, bonjour à tous, à la une de l'actualité, Emmanuel Macron en visite
00:01:32sur les sites de l'Institut Gustave Roussy et de Paris-Saclay, des sites spécialisés
00:01:37dans la lutte contre le cancer.
00:01:38Un déplacement organisé en amont du sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle
00:01:43et qui se tiendra les 10 et 11 février prochains.
00:01:46Dans le reste de l'actualité, changement en vue sur le périphérique parisien et sur
00:01:52une partie des autoroutes A1 et A13.
00:01:54Dès le 3 mars prochain, une voie sera réservée au covoiturage et au transport en commun,
00:01:59une voie qui sera expérimentée jusqu'en 2026 et de quoi d'ores et déjà énerver
00:02:04les automobilistes franciliens.
00:02:06Je trouve ça nul.
00:02:08Pourquoi vous trouvez ça nul ?
00:02:09Parce qu'on ne peut déjà pas circuler.
00:02:11On passe du temps en voiture, moi je suis artisan, c'est très compliqué.
00:02:17On ne peut plus circuler tout doux sur le périph' aux heures de pointe et même aux
00:02:20heures normales.
00:02:21Je trouve ça ridicule mais forcément les gens qui prennent leur voiture ne sont pas
00:02:26accompagnés.
00:02:27On emmène les enfants à l'école et puis après on est tout seul dans sa voiture.
00:02:30Je ne suis pas sûre que c'est pour empêcher les gens de rouler, c'est tout.
00:02:36Direction la Grèce où des milliers d'habitants fuient l'île de Santorin à cause des séismes
00:02:41à répétition.
00:02:42Plus de 200 secousses ont été enregistrées depuis dimanche, ce qui fait craindre le pire
00:02:46aux autorités.
00:02:48La plus forte secousse hier en milieu de journée a atteint une magnitude de 4,9 sur l'échelle
00:02:53de Richter.
00:02:54Voilà ce qu'on pouvait dire de l'actualité à midi Sonia.
00:02:57Merci Somaya.
00:02:58Je vous dis à tout à l'heure avec grand plaisir pour les titres, le temps de saluer
00:03:02nos invités, nos amis autour de la table.
00:03:04Philippe David, merci d'être là.
00:03:06Bonjour à vous.
00:03:07Avec grand plaisir, bonjour.
00:03:08Tout comme Sabrina Medjeber, bienvenue.
00:03:10Bonjour.
00:03:11Nathan Devers nous accompagne.
00:03:12Bonjour Sonia.
00:03:13Merci d'être là.
00:03:14Merci à vous.
00:03:15Bonjour.
00:03:16Merci également de votre présence.
00:03:18Il y a beaucoup de sujets à vous soumettre et puis on l'a appris tout à l'heure.
00:03:22Véritablement, c'est une vidéo glaçante.
00:03:24Bien évidemment, on ne va pas la montrer à l'antenne puisque cette vidéo montre
00:03:30une véritable scène de massacre.
00:03:32Ça se passe en Seine-Saint-Denis.
00:03:34C'est un homme en possession d'un couteau et également d'une machette en pleine rue
00:03:37lundi soir qui poignarde à de multiples reprises un autre individu.
00:03:41La scène s'est passée au milieu de la départementale qui relie la route nationale 3 à la commune
00:03:46de Sevran, sous la lumière des lampadaires.
00:03:48Il y avait d'ailleurs à cette heure une faible affluence mais quand même quelques véhicules
00:03:53qui circulaient encore.
00:03:54L'homme est décédé.
00:03:55Il était âgé de 27 ans la victime.
00:03:58L'auteur présumé âgé d'une trentaine d'années a été interpellé pas très loin
00:04:01de la Seine.
00:04:02Il se serait rendu après avoir lâché son arme blanche signalant auprès des secours
00:04:06qu'il intervenait pour tout autre chose, pour un incendie.
00:04:09La vidéo véritablement qui circule sur les réseaux sociaux est insoutenable.
00:04:14Pourquoi, Georges Fenech, faisons-nous face avec une telle épidémie d'attaques à l'arme
00:04:19blanche au couteau ? Il a été interpellé avec un couteau et une machette.
00:04:22Oui, ce sont des crimes par arme blanche qui se répètent presque quotidiennement puisque
00:04:29d'après les chiffres, on aurait à peu près une centaine, un peu plus d'attaques au couteau
00:04:34par jour dans notre pays.
00:04:35Il y a celles qui sont dramatiques comme ce jeune qui vient de perdre la vie.
00:04:40On a perdu tout récemment Elias et puis la liste est longue, vous le savez, malheureusement.
00:04:48Et donc, nous sommes face à une criminalité qui s'est invitée comme ça dans notre société
00:04:54depuis quelque temps, ce n'est pas si vieux que ça en réalité, d'attaques répétées
00:04:59au couteau pour un oui, pour un non, à Lyon, dans le métro, à Lille également, etc.
00:05:04Personne aujourd'hui n'est à l'abri d'une réaction à tel point que ça crée quand
00:05:08même de l'anxiété parmi la population, on n'ose pas, on n'ose plus maintenant répondre
00:05:13à une invective ou peut-être venir au secours même de quelqu'un qui se trouve agressé
00:05:19verbalement dans le métro, on se demande ce qui peut se passer.
00:05:21Aujourd'hui, c'est devenu un fléau absolument terrible sur lequel évidemment une société
00:05:28doit se pencher, doit réfléchir, voir comment peut-être arriver à traiter encore mieux
00:05:33ce type de criminalité qui est absolument épouvantable.
00:05:36Vous parlez, Georges Fenech, d'une régularité, il est vrai, de ces attaques et le risque
00:05:39avec une régularité également, Philippe David, c'est le risque d'une banalisation.
00:05:44D'ailleurs, nous-mêmes, journalistes, malheureusement c'est quasi en tous les cas entre ce qui
00:05:48s'est passé à Lille et dans d'autres communes et malheureusement avec le drame d'Elias,
00:05:52ça risque de devenir non pas quotidien mais en tous les cas régulier.
00:05:56Est-ce qu'il y a un risque d'habitude face à l'inhabituel, à l'insoutenable, à l'inacceptable en réalité ?
00:06:04Moi, je crois malheureusement que les Français sont un peuple extrêmement gentil, extrêmement résilient
00:06:10mais qu'au bout d'un moment, la soupape de sécurité va sauter.
00:06:16Et je pense que, parce que là, comme Georges a rappelé de ces derniers jours, le meurtre
00:06:20d'Elias pour un téléphone portable, Lyon au coup de couteau dans la nuque pour une
00:06:24bousculade où on dit pardon monsieur et le problème est réglé dans un pays normal,
00:06:29Lille avec un jeune homme de 18 ans qui est entre la vie et la mort après des coups de
00:06:33couteau dans le métro, Livry-Gargant et puis il n'y a pas qu'en France, vous avez vu en Angleterre,
00:06:37en plein dans un établissement scolaire, un gamin est mort poignardé par un autre.
00:06:41Que faisait un couteau dans un établissement scolaire ? C'est l'enquête qui le dira.
00:06:45Mais je pense qu'en voyant ce type d'image, moi j'ai vu la vidéo qui est insoutenable
00:06:50parce que ça a été filmé par une personne qui habite a priori au premier étage,
00:06:53à un deuxième étage, dernier écart assez bas, on entend les hurlements du type qui se fait poignarder,
00:07:00qui est en train de passer de vie à trépas.
00:07:02Moi je vais vous dire, je vois ça, je pense qu'une question se pose.
00:07:05Parce que le nombre de coups de couteau en France, il est considérable.
00:07:08Le type avait une machette.
00:07:10J'en parlais avec ma compagne en venant, elle me dit mais personne ne va porter secours.
00:07:14J'ai dit mais tu as un fou furieux avec un couteau de 30 ans, moi bientôt 60, je ne vais pas risquer de me faire tuer.
00:07:20Et donc la question qui va se poser, va-t-on permettre aux Français de se défendre comme l'État n'est pas capable de les protéger ?
00:07:28C'est la vraie question, parce que le risque quand même de se faire justice, c'est un risque mais c'est aussi une manière...
00:07:35Il est vrai Sabrina Medjaber que la non-protection de l'intégrité physique orientée dans notre pays,
00:07:42ne pas protéger davantage l'intégrité physique peut pousser effectivement chacun à un repli.
00:07:48Vous aviez employé le mot la fois dernière intelligemment, d'ailleurs Georges Fenech,
00:07:51j'y ai beaucoup pensé moi-même parce qu'on peut être amené à rencontrer...
00:07:54Oui, ce n'est pas une fuite honteuse mais un repli stratégique.
00:07:57En réalité, une bousculade, je pense que ça nous arrive à tous.
00:08:01Oui, mais il vaut mieux ne pas insister.
00:08:03Alors nous, on n'a pas insisté, mais l'État, le rôle de l'État c'est de nous protéger, c'est d'enfermer ces personnes.
00:08:08D'ailleurs j'ai vu sur les réseaux sociaux qu'il y a un début de psychiatrisation du débat en disant c'est un fou.
00:08:13Un fou avec un couteau et une machette, ça donne cela.
00:08:16Il est évident comme le rappelait Philippe qu'il y a une sorte d'habituation collective d'un passage de l'État de nature,
00:08:23de l'État de culture à l'État de nature où des attaques prolifèrent en tous genres.
00:08:30On parle des attaques au couteau, des attaques à la machette.
00:08:33Souvenez-vous également à Lorient, dans une agence de location de voitures de luxe, c'était une attaque au sable.
00:08:38Donc on voit aujourd'hui qu'il y a une sorte d'outillage multifonctionnel de la part de personnes qui se rendent ou font justice eux-mêmes.
00:08:47Précisément pour la question que vous posez.
00:08:50Comment faire pour éviter qu'on se rende justice soi-même ?
00:08:53Précisons qu'il ne faut pas.
00:08:55Oui, absolument.
00:08:56Une société doit empêcher cela.
00:08:57Il y a parfois des sortes de vent d'État, d'expédition punitive,
00:09:02une forme de justice privée que les individus se rendent à coups de machette, de couteau ou de sable.
00:09:09Donc il est évident que lorsque l'État n'est pas fort, c'est une anthropologie basique, c'est la loi du plus fort qui s'applique.
00:09:16Mais comment casser cette spirale infernale véritablement, à part réviser la justice, une révolution ?
00:09:22Je pense que c'est une non-assistance à un citoyen en danger,
00:09:27comme lorsque nous avons attaqué l'État pour une action climatique,
00:09:29nous pourrions également collectivement, pourquoi pas, poursuivre l'État pour une action sécuritaire.
00:09:35Georges parlait des 120 attaques au couteau.
00:09:37Les criminologues et notamment Xavier Roffer précisent que l'outil criminologique
00:09:43qui était l'observatoire de la délinquance et des réponses pénales a été supprimé en 2020.
00:09:47Donc même les criminologues aujourd'hui sont dans un embrouillage mini
00:09:50parce qu'ils n'arrivent plus à chiffrer correctement le nombre d'attaques au couteau.
00:09:54Donc il y a aussi une réponse là-dessus à apporter,
00:09:57mais je pense surtout à une réponse pénale et une réponse structurelle.
00:10:00On en revient toujours au même postulat.
00:10:02Que font ces gens qui sont multiréitérants, comme l'a signalé tout à l'heure David,
00:10:06et comme dans de nombreux cas, et que se passe-t-il lorsqu'ils sont interpellés ?
00:10:10Il y a réellement un problème structurel de place de prison.
00:10:14On en revient encore une fois toujours à la même, finalement, réponse qui serait la réponse la plus efficace.
00:10:19Est-ce qu'on peut déjà considérer déjà qu'avoir un couteau sur soi
00:10:23dit quelque chose quand même de l'intention ?
00:10:26Évidemment, j'ai vu certaines réactions, soyons sérieux,
00:10:29il ne s'agit pas d'aller à la cueillette de je ne sais quoi.
00:10:31Comment vous laissez-t-il soigner ?
00:10:33Vous avez reçu Maurice Berger, il vous a apporté la réponse avec une très grande clarté.
00:10:39Quelqu'un qui est arrêté avec un couteau, vous le mettez 15 jours en prison, il comprendra.
00:10:43Parce que le couteau, le port d'armes,
00:10:45qui a théorie D maintenant, le port d'armes c'est puni d'un an d'emprisonnement, il faut le rappeler.
00:10:49Sauf que ce n'est jamais appliqué, et vous ?
00:10:51Je pense que ce n'est jamais appliqué, on a maintenant l'amende forfaitaire.
00:10:56C'est-à-dire que vous risquez de payer une amende comme quand vous grillez un stop ou une autre infraction.
00:11:01C'est une façon de banaliser.
00:11:03Vous renversez un policier en faisant un refus d'obtempérer, 150 euros d'amende à Strasbourg.
00:11:07Vous banalisez, donc il y a des gens qui se promènent en toute liberté,
00:11:10en toute impunité, je dirais, avec des armes blanches.
00:11:13Je pense que là, il y a peut-être une matière à réflexion.
00:11:16C'est quand même incroyable, parce que quand on plante le décor,
00:11:18on n'est pas en pleine nuit, nous sommes à une heure tardive,
00:11:21il y a encore des voitures qui circulent, potentiellement des piétons sur le même trottoir.
00:11:26Et c'est une scène véritablement, vous l'avez décrite, d'horreur, avec des cris.
00:11:31On est quand même sidérés, on ne devrait plus l'être, il faut le dire.
00:11:35L'heure est au sursaut.
00:11:36Oui, comme vous l'avez dit, la vidéo est vraiment impossible à regarder,
00:11:41parce que c'est d'une barbarie, d'une cruauté.
00:11:44Et en effet, quand on entend les cris et qu'on voit cet individu
00:11:48qui s'acharne sur sa victime, c'est absolument atroce.
00:11:51En effet, vous l'avez souligné, le principe d'une société, le principe d'un État,
00:11:55toutes les théories du contrat le disent, c'est que je renonce à ma liberté naturelle,
00:12:01parce que l'État doit me garantir un certain nombre de droits,
00:12:04mais le fondement de tous ces droits, c'est précisément le fait d'empêcher
00:12:08qu'autrui puisse utiliser sa liberté naturelle contre moi,
00:12:10c'est-à-dire qu'il puisse me tuer.
00:12:11Autrement dit, la garantie de la sécurité, et ensuite certains auteurs disent même le bien-être,
00:12:17mais le bien-être minimal, en tout cas, c'est la sécurité, c'est de rester vivant,
00:12:21c'est le fondement même de l'État.
00:12:23D'où il suit que quand dans une société, il y a un problème qui est lié à l'insécurité,
00:12:29évidemment que s'il atteint une certaine forme de proportion, ça met en cause,
00:12:35sinon la responsabilité au sens judiciaire, mais la responsabilité politique de l'État.
00:12:39Mais ce n'est pas simplement pour pointer la responsabilité de l'État,
00:12:41je veux savoir comment on protège...
00:12:43Justement, cette responsabilité, je crois qu'elle a, à mon avis, deux volets.
00:12:46Un premier volet qui est le volet pénal, et on a un nombre incalculable de discussions ici
00:12:51sur ce sujet, on en a beaucoup parlé, il y a un deuxième sujet à mon avis,
00:12:55je crois que ce n'était pas le cas dans ce massacre d'hier soir,
00:12:58mais qui est la question du trafic de drogue.
00:13:00Parce que quand vous regardez les agressions violentes dans la rue,
00:13:03très souvent, je crois à peu près une sur deux,
00:13:06et liées de près ou de loin à la gestion du trafic de drogue,
00:13:09ou à des vengeances, ou à des intimidations.
00:13:11Je ne sais pas si c'est le cas, mais on va aller vers la question migratoire
00:13:13et la question culturelle également.
00:13:16Je veux dire, la question n'est pas à chaque fois d'avoir une lecture culturelle,
00:13:21mais y a-t-il, oui ou non, importation d'attaques au couteau,
00:13:26puisque vous dites que ça n'existait pas avant,
00:13:28donc qu'est-ce qui a changé, en tous les cas, en quelques années ?
00:13:32On va y réfléchir, on aura l'occasion d'y revenir,
00:13:34on a beaucoup de sujets à traiter.
00:13:36Je voudrais également revenir à l'actualité politique,
00:13:38extrêmement chargée, avec la décision, nous l'avons eue ce matin,
00:13:43après quelques hésitations.
00:13:46Le Rassemblement national ne votera pas,
00:13:48on ne devrait pas voter la censure sur le budget.
00:13:50Dans tous les cas, vous le savez,
00:13:51il y avait très peu de probabilités pour que le gouvernement tombe,
00:13:54après la décision également du Parti socialiste de ne pas voter cette censure,
00:13:58mais désormais c'est acquis.
00:13:59La France devrait avoir un budget, je ne sais pas s'il faut s'en féliciter,
00:14:02compte tenu des critiques sur l'objet,
00:14:04parce que tout le monde trouve qu'il est mauvais,
00:14:06y compris le Premier ministre, c'est quand même fort de café.
00:14:09En tous les cas, la question se pose,
00:14:11quand on ne vote pas la censure,
00:14:13est-ce qu'on peut aussi s'affirmer comme étant un opposant politique ?
00:14:17C'est la question à laquelle a répondu ce matin sur CNews Europe.
00:14:20Jordan Bardella, on l'écoute.
00:14:22Nous nous réunirons demain à l'occasion d'une réunion de groupe
00:14:26avec Marine Le Pen et l'ensemble de nos députés
00:14:27pour décider du vote du Rassemblement national sur la censure.
00:14:32La question qu'il faut se poser au fond,
00:14:33c'est est-ce qu'au moment où nous nous parlons,
00:14:36dans la période actuelle,
00:14:39les Français tireraient bénéfice d'une nouvelle censure ?
00:14:42Je pense que dans la période dans laquelle nous sommes,
00:14:45les Français, au moment où on se parle,
00:14:47ça peut changer demain, ça n'était pas le cas hier,
00:14:50ne tireraient pas profit d'une nouvelle forme d'instabilité
00:14:55qui pourrait avoir des conséquences plus lourdes pour l'économie
00:14:57que lors de la précédente censure au mois de décembre.
00:15:01Je vais vous poser la question comme si vous étiez en situation de décider.
00:15:05Philippe David, c'est un mauvais budget que vous dénoncez.
00:15:09Vous estimez que le budget n'est pas bon pour les ménages,
00:15:11vous estimez que ce budget n'est pas bon pour nos entreprises,
00:15:13mais vous ne voulez pas rajouter du chaos au chaos.
00:15:16Que faites-vous ? Est-ce que vous êtes d'accord avec Jordan Bardella ?
00:15:18Je crois qu'après, on fait de la politique.
00:15:21Jordan Bardella, il fait de la politique.
00:15:23Il ne fait pas autre chose.
00:15:24Le budget est mauvais, évidemment,
00:15:26mais qui pourrait dire qu'un budget qui augmente encore les impôts
00:15:29dans le pays le plus taxé au monde est un bon budget ? Personne.
00:15:33Mais il fait de la politique.
00:15:35Je pense qu'ils ont compris au RN qu'ils ont fait une erreur tactique
00:15:39en censurant le gouvernement Barnier il y a quelques semaines.
00:15:41Je ne suis pas sûre.
00:15:42Ah non, je pense qu'ils ne veulent pas utiliser deux fois de suite l'arme atomique.
00:15:48Surtout qu'avec le BS qui ne va pas censurer le gouvernement,
00:15:53en ne censurant pas, il se retrouve dans le camp des gagnants
00:15:55et pas dans le camp des perdants.
00:15:57Qu'est-ce que vous leur dites, monsieur le responsable politique,
00:15:59si c'était le cas ?
00:16:00Est-ce que vous leur dites qu'il vaut mieux un mauvais budget
00:16:02que pas de budget pour la France ?
00:16:03Est-ce que véritablement...
00:16:04Ça veut dire ce que disent les avocats honnêtes.
00:16:05Il vaut mieux un mauvais...
00:16:07Y en a ?
00:16:08Non, je ne sais pas.
00:16:08Attention, s'il vous plaît, ceci est du dixième degré.
00:16:12C'est le numéro de fortitude.
00:16:13Non, vraiment.
00:16:13Il vaut mieux un mauvais...
00:16:15Excuse-moi, ne coupez pas cette section-là, ne la réduisez pas à une seule phrase.
00:16:19Il vaut mieux un mauvais accord qu'un bon procès.
00:16:21Il vaut peut-être mieux un mauvais budget que pas de budget du tout.
00:16:24Mais si vous voulez une petite citation, François Mitterrand disait
00:16:27« l'opposition s'est faite pour s'opposer jusqu'à une certaine limite ».
00:16:30Alors très bien, parce que le budget, c'est quand même un marqueur.
00:16:33Quand vous ne votez pas la censure sur un budget,
00:16:35est-ce que vous pouvez être considéré véritablement comme un opposant
00:16:38ou est-ce que vous tendez la main au gouvernement ?
00:16:40Non, je ne crois pas parce que là, en l'occurrence,
00:16:43le RN estime que c'est un mauvais budget par rapport à leurs critères.
00:16:46Très bien.
00:16:46Mais ils ne peuvent pas, ils n'ont aucun moyen politique
00:16:50de faire un budget qui soit plus conforme à leurs critères.
00:16:53Donc si vous voulez, c'est le maximum.
00:16:54Donc à partir de là, décider de ne pas voter la censure,
00:16:57ça me semble être une position de rationalité.
00:17:01Et en rien, ça enlève leur statut d'opposant.
00:17:06Je crois que c'est la grande erreur fondamentale d'une partie de la gauche,
00:17:10mais d'une très grande partie de la gauche,
00:17:11depuis les dernières élections législatives,
00:17:13c'est de vivre dans une sorte de monde imaginaire
00:17:15où cette partie-là confond son souhait politique,
00:17:19à savoir le programme du Nouveau Front Populaire,
00:17:20avec la réalité politique, à savoir que ce programme est inapplicable
00:17:24en l'état actuel de l'Assemblée Nationale.
00:17:26Et à partir de là, que deux partis d'opposition,
00:17:28les socialistes et le RN, disent
00:17:30« nous nous opposons à ce budget, nous ne sommes pas d'accord,
00:17:33mais nous constatons qu'il n'y a pas d'autres possibilités »,
00:17:35je ne vois pas si vous voulez qu'elles...
00:17:37Parce que s'ils censurent, on a un nouveau Premier ministre qui arrive,
00:17:40ensuite on a encore...
00:17:42Vous voyez ce que je veux dire ?
00:17:43Ça n'a pas de sens, c'est une sorte d'impasse totale.
00:17:45Mais est-ce que vous ne croyez pas, je vous pose la question,
00:17:47le Nouveau Front, enfin en tous les cas la France Insoumise,
00:17:49parce que le Nouveau Front Populaire, c'est en passe d'être...
00:17:51Comment dire ?
00:17:52C'est comme Capri, c'est fin.
00:17:53Remplacé, si je puis dire.
00:17:55Est-ce qu'aujourd'hui, quel que soit ce qu'on pense de leurs idées et d'eux,
00:17:59ils sont dans la cohérence,
00:18:00ils s'opposent systématiquement de manière pavlovienne au budget,
00:18:03à chaque fois ils votent la censure.
00:18:05Est-ce qu'ils ne sont pas les opposants de fait ?
00:18:07Ce qui caractérise le critère d'appartenance à la majorité ou à l'opposition,
00:18:14c'est le vote de la loi de finances.
00:18:16Si vous votez le budget, vous êtes dans la majorité qui le propose.
00:18:21Si vous ne le votez pas, vous êtes dans l'opposition.
00:18:23Ce n'est pas la motion de censure.
00:18:25Sauf que là, il n'y a pas de vote, puisqu'il y a l'article 49-30.
00:18:28Donc personne ne vote.
00:18:29Donc ma question est légitime.
00:18:30Après, il y a la question de la motion de censure.
00:18:32Je ne crois pas qu'on puisse dire que le fait de ne pas voter la motion de censure,
00:18:35c'est incohérent ou on soutient la majorité.
00:18:38Non, je ne crois pas.
00:18:39Je pense qu'il y a effectivement un principe de responsabilité,
00:18:42ça vient d'être dit,
00:18:44qu'il vaut mieux effectivement un mauvais budget que pas de budget du tout.
00:18:47Ça, c'est certain.
00:18:48Mais surtout, il y a peut-être aussi un facteur qui n'a pas été…
00:18:52Pourquoi il n'y a pas un bon budget ?
00:18:53Voilà, c'est ce que j'allais vous dire.
00:18:54Tout simplement.
00:18:55Pourquoi c'est un peu la presse des scolairas ?
00:18:57Parce qu'on a quand même des gens intelligents dans notre pays,
00:19:01et même dans cette Assemblée, et même au gouvernement.
00:19:04Donc pourquoi n'arrive-t-il pas à faire un beau budget ?
00:19:07L'intelligence, c'est une chose, la lucidité en est une autre.
00:19:09Mais ce n'est pas même au-delà de la lucidité,
00:19:11c'est que vous pouvez retourner le problème dans tous les sens
00:19:13si vous n'avez pas de croissance dans ce pays,
00:19:16vous ne dégagez pas de ressources,
00:19:18vous ne pouvez pas avoir de budget satisfaisant.
00:19:19Et nous en sommes arrivés presque à 6% de déficit public, vous vous rendez compte ?
00:19:23Je suis allée voir dans les détails, il y a ce que vous dites,
00:19:25il y a aussi quand même…
00:19:26Alors après, ce sont des choix, idéologiques ou pas.
00:19:29Ne pas toucher, ou quasiment, alors l'AME, l'aide médicale d'État,
00:19:32vraiment le panier est un peu rétréci.
00:19:35Je rappelle qu'il ne s'agit pas vraiment,
00:19:37tendons le coup à cette idée,
00:19:39de laisser des étrangers pas soignés
00:19:41et en situation de difficulté sur notre sol.
00:19:44Il s'agit de réduire le soin sur certaines formes
00:19:47auxquelles ils ne sont pas d'une grande urgence aux étrangers.
00:19:50C'est de l'AME à l'AME.
00:19:52Voilà, ce qui existe dans d'autres pays européens
00:19:54qui ne sont pas les pires pays au monde.
00:19:57Eh bien, on ne touche pas à l'immigration,
00:19:59on ne touche pas à l'Europe,
00:20:00d'ailleurs même sur l'Europe,
00:20:01on devrait aller vers une augmentation de l'enveloppe européenne,
00:20:04si l'on en croit le président.
00:20:05Est-ce que vous estimez que ce sont deux totems du gouvernement
00:20:11et qu'il ne faut pas y toucher et pourquoi ?
00:20:13Je pense que dans un pays où nous parlons en permanence
00:20:17de la disqualification de l'autorité dans tous les pans de la société,
00:20:22ce budget me semble largement déséquilibré.
00:20:25Je parle simplement du postulat de l'autorité.
00:20:26Quand on voit qu'il y a 6% du budget qui est dédié aux régaliens,
00:20:31c'est-à-dire justice, défense et armée,
00:20:33et qu'il y a à peu près 45% de la dépense
00:20:37qui est liée aux dépenses sociales,
00:20:40on peut estimer que d'ores et déjà,
00:20:42il va être très difficile pour l'appareil d'État
00:20:44de réinstaurer l'autorité s'il ne déploie pas les moyens
00:20:47qui sont liés encore une fois aux régaliens.
00:20:50Donc pour moi, selon déjà ce postulat,
00:20:53ça me semble assez trouble.
00:20:56Georges parlait de la liberté économique,
00:20:57des prélèvements obligatoires qui enquistent,
00:21:00qui embolisent complètement nos entreprises.
00:21:03Évidemment que dans un budget où on augmente davantage les impôts,
00:21:07ça ne me paraît pas cohérent lorsqu'on voit qu'il y a,
00:21:09par exemple, 64 000 défaillances d'entreprises.
00:21:12Après, je suis peut-être trop libérale et trop partisane
00:21:14de la liberté économique, mais selon moi,
00:21:16ça fait quand même partie du poumon économique
00:21:18auquel il faudrait redonner un peu de souffle dans notre pays.
00:21:23Après, évidemment, il y a d'autres dépenses.
00:21:25L'AME, c'est parcellaire en réalité
00:21:28par rapport à tout le compendium des dépenses sociales,
00:21:32mais il me semble que si l'État n'est pas capable
00:21:35déjà de dégraisser sa propre administration,
00:21:36c'est quand même 80% des dépenses publiques,
00:21:38il ne faut pas non plus...
00:21:39Non, j'ai une piste.
00:21:4080% de la dette, mais pas de la dépense publique.
00:21:42L'État engage quand même une très forte dépense le concernant,
00:21:46mais sur le reste, le volet de l'AME ou de l'AME,
00:21:50ça me semble parcellaire.
00:21:51Il faudrait, à mon sens, pas la Javier Millet non plus,
00:21:55ne soyons pas libertariens,
00:21:56mais émettre quelques petits coups de rabeau dans certaines dépenses.
00:21:59Il y a une marge de manœuvre, vous avez raison.
00:22:01Il me semble qu'il y a des coups de rabeau à opérer
00:22:05dans certains budgets qui concernent l'aide publique au développement,
00:22:08les 23 milliards de subventions aux associations,
00:22:11et d'autres encore qu'il faudrait, à mon avis,
00:22:13réviser pour pouvoir enfin faire ces 60 milliards d'économies
00:22:15dont on se réclame de budget en budget.
00:22:18Alors, une piste d'économie,
00:22:20comme par exemple celle mise en avant par Sarah Knafo,
00:22:22qui veut s'attaquer notamment à France Travail,
00:22:24anciennement Pôle emploi.
00:22:26Regardez les détails avec Adrien Spiteri.
00:22:31Il faut supprimer ces gabégies.
00:22:33C'est en ces termes que Sarah Knafo avait interpellé le gouvernement
00:22:36le 6 décembre dernier à la radio,
00:22:38dans le viseur de l'eurodéputé reconquête France Travail.
00:22:4254 000 personnes travaillent chez France Travail.
00:22:45Vous vous rendez compte ?
00:22:46Qui a déjà trouvé un travail avec France Travail ?
00:22:48On a inventé quelque chose qui s'appelle LinkedIn,
00:22:51qui permet tous les jours aux gens de trouver un emploi dans le monde entier.
00:22:54Un réseau social qui emploie 16 000 personnes seulement
00:22:57pour 900 millions d'utilisateurs,
00:23:00signe selon elle que des économies sont possibles.
00:23:03Quelques jours plus tard, le directeur général de France Travail
00:23:06lui avait répondu.
00:23:07Comparer France Travail avec une plateforme en ligne est ridicule.
00:23:10Ceux qui sont suivis et accompagnés dans ce cadre
00:23:12apprécieraient-ils qu'on remplace France Travail
00:23:14par une entreprise numérique américaine ?
00:23:16France Travail, c'est 4 millions de retours à l'emploi l'année dernière.
00:23:19Mais pour l'eurodéputé, les résultats de l'agence publique sont mauvais.
00:23:23Elle rappelle qu'en 2017, selon l'INSEE,
00:23:25France Travail n'avait permis qu'à 12,9% des chômeurs de trouver un emploi.
00:23:30En plus de ces chiffres, Sarah Knafo dit avoir reçu
00:23:33des dizaines de témoignages d'employés.
00:23:35Tous relâtraient la même chose.
00:23:37Un mal-être profond, une perte de sens dans une telle lourdeur bureaucratique.
00:23:41Parfois même des suicides.
00:23:43Certains parlent de véritables machines à broyer.
00:23:45Au dernier trimestre 2024,
00:23:47plus de 5 millions de personnes étaient inscrites à France Travail.
00:23:52Je vous ferai réagir à cela.
00:23:54On va marquer une pause et puis vous allez voir que le RN,
00:23:56en tous les cas Jordan Bardalla, a répondu au régime algérien.
00:23:59C'est un feuilleton sans fin.
00:24:01Et là, les mots ne souffrent pas d'ambiguïté.
00:24:03On l'écoutera tout à l'heure.
00:24:05C'est assez corrélatif.
00:24:09Merci d'être avec nous en direct.
00:24:11Midi News à suivre dans quelques instants.
00:24:13Vous écouterez la réponse du RN et en particulier de Jordan Bardalla
00:24:17après les propos du président algérien.
00:24:19Mais tout d'abord, le rappel des titres avec vous, Somaya Labedi.
00:24:22À la une de l'actualité, Sonia,
00:24:24un barbecue républicain devant l'Assemblée nationale
00:24:27pour dénoncer le budget à loi à la police.
00:24:30De nombreux fonctionnaires ont répondu à l'appel du syndicat Alliance,
00:24:33le syndicat majoritaire chez les policiers,
00:24:35en tentant mettre la pression sur les députés
00:24:37pour garantir un budget et investir massivement dans la sécurité.
00:24:42On l'a appris il y a quelques minutes d'essai de l'homme
00:24:44grièvement blessé par balle lundi.
00:24:46Des blessures après avoir été découvertes
00:24:48agant des croix gammées à la gare d'Austerlitz.
00:24:51Quant au tireur, un agent de la Sûreté ferroviaire,
00:24:53il a été relâché ce matin.
00:24:55Sans poursuite à ce stade, indique le parquet de Paris.
00:24:58Et puis, toujours plus de mal logés en France.
00:25:01C'est le constat du dernier rapport de l'ex-Fondation Abbé Pierre.
00:25:05En 2024, 750 personnes sont mortes dans la rue.
00:25:08350 000 SDF, soit une hausse de 145% depuis 12 ans.
00:25:13Et 5 à 8 000 personnes dorment dans la rue chaque soir,
00:25:16dont 1 000 à 3 000 enfants faute de places d'hébergement.
00:25:21Merci Soumaya.
00:25:22Le président algérien Teboun a été particulièrement virulent
00:25:26dans ses propos à l'égard d'abord de la France,
00:25:28du ministre de l'Intérieur,
00:25:29mais également du rassemblement national de Marine Le Pen
00:25:33en évoquant des analfabétises.
00:25:36Il a visé les propos de Marine Le Pen
00:25:38qui veut appliquer la méthode Trump au clandestin algérien.
00:25:41Il a dénoncé les restes de l'OAS dans l'ADN du RN.
00:25:44Et sur un ton méprisant, il a parlé du petit jeune au RN
00:25:47en visant Jourdan Bardella qui lui a répondu ce matin.
00:25:50Écoutons-le.
00:25:52Désignés par définition comme des adversaires,
00:25:55les dirigeants politiques français, le peuple français,
00:25:58les intérêts de la France.
00:25:59Lorsque monsieur Darmanin, ministre de l'Intérieur à l'époque,
00:26:02va fleurir la tombe du FLN et des gens qui ont organisé
00:26:05des attentats terroristes contre les intérêts français,
00:26:08contre des ressortissants français, contre des policiers français,
00:26:11je ne vois pas comment est-ce que l'Algérie peut nous respecter.
00:26:14Donc nous avons donné à l'Algérie son indépendance.
00:26:17Il faut maintenant que le régime algérien nous donne la nôtre.
00:26:19On est otage d'une repentance, d'une rente mémorielle
00:26:22et d'une repentance permanente.
00:26:23Et pour construire sa légitimité,
00:26:26le régime algérien se sent obligé d'injurier la France en permanente.
00:26:30Si demain nous sommes à la tête de l'État,
00:26:32nous ne laisserions pas la France être injuriée
00:26:35et les Français être méprisés.
00:26:38On écoutera notre extrait pour voir quelles actions concrètes,
00:26:41s'ils arrivaient au pouvoir, ils mettraient en place.
00:26:43Mais la phrase quand même est assez forte.
00:26:45L'Algérie doit aussi nous donner notre indépendance.
00:26:47Comment vous réagissez, Georges Fenech ?
00:26:49C'est-à-dire qu'il y a cette repentance perpétuelle
00:26:52qui fait que nous avons un lien contraignant,
00:26:55selon le président du RN.
00:26:57Oui, mais j'ai lu dans son intégralité l'interview
00:27:01du président Tebboune dans l'Opinion.
00:27:03C'est d'une rare violence,
00:27:06mais avec des propos et avec des amalgames et des comparaisons
00:27:11absolument inacceptables.
00:27:13En disant que Marine Le Pen pourrait, si elle était élue,
00:27:17parquer les Algériens au Veldiv et ensuite les déporter.
00:27:22Donc des références au nazisme.
00:27:24Et en disant, écoutez, nous on a une rente mémorielle.
00:27:28On a été occupé pendant plus d'un siècle.
00:27:31Vous avez été occupé pendant quatre ans.
00:27:32Vous continuez à faire des cérémonies de mémoire
00:27:36comme si l'occupation nazie en France,
00:27:39c'était la colonisation française dans l'Afrique du Nord.
00:27:42Donc on sent que c'est...
00:27:43Alors moi, ce que je ne comprends pas,
00:27:44c'est quel est l'intérêt politique ?
00:27:46Monsieur Tebboune, président algérien,
00:27:49de se comporter ainsi.
00:27:50Est-ce que c'est pour des raisons de politique intérieure
00:27:52ou de masquer un échec total sur le plan économique
00:27:55et sur le plan aussi des libertés ?
00:27:57Il faut dire ce qui est.
00:27:58Il flaque une grande partie aussi de la population algérienne
00:28:01qui se retrouve derrière ce nationalisme exacerbé.
00:28:04Exactement.
00:28:05Donc on comprend quand Jordan Maldela réagit de cette façon-là,
00:28:09puisqu'il est lui-même ciblé par le président algérien.
00:28:12Donc il est temps maintenant d'établir
00:28:14un véritable rapport de force
00:28:16et faire cesser cette humiliation permanente.
00:28:19Si vous saviez que...
00:28:19Et là, c'est sur la base de différents conseillers
00:28:24autour de l'Élysée.
00:28:26En réalité, ils ont estimé que cette interview,
00:28:28et c'est ce qui a été révélé par Europe 1,
00:28:30au contraire, était un bon signe dans les relations.
00:28:32Parce qu'ils ont estimé, ce n'est pas du tout...
00:28:33Attendez, ce n'est pas du tout ce que pensent
00:28:35la place Beauvau et Brunon-Thermey.
00:28:38Du côté de l'Élysée et du Quai d'Orsay,
00:28:40ils estiment que c'est allé tellement loin
00:28:41que ça y est, ça ne peut pas aller plus loin
00:28:43et qu'ils voient même un signe.
00:28:44Mais oui, mais voilà la diplomatie.
00:28:46La méthode couille.
00:28:47Aujourd'hui.
00:28:47Alors, ce qui m'intéresse,
00:28:49c'est si le RNC arrivait au pouvoir,
00:28:51oui, mais alors que feriez-vous ?
00:28:52Parce qu'il y a les mots et il y a les actes.
00:28:54Et voici ce que propose Jordan Bardella.
00:28:57Et là, ça m'intéresse d'avoir vos avis respectifs.
00:29:00Si demain, nous sommes à la tête de l'État,
00:29:02nous ferons exactement ce qu'a fait Trump
00:29:04à l'égard de la Colombie,
00:29:05c'est-à-dire faire respecter l'intérêt national.
00:29:07Et je peux vous assurer que si l'Algérie continue
00:29:10à multiplier les provocations
00:29:11et que demain, nous sommes à la tête de l'État,
00:29:13il n'y aura plus un seul visa pour des ressortissants algériens
00:29:16à partir du moment où l'Algérie refuse de les récupérer,
00:29:19plus un seul visa algérien
00:29:21à partir du moment où l'Algérie refuse de récupérer ses ressortissants.
00:29:25Je mettrai fin à l'aide au développement et aux millions d'euros
00:29:29qui sont dûment collectés par le travail de nos compatriotes en France
00:29:33et qui servent à financer le régime algérien.
00:29:35Nous suspendrions les transferts de fonds privés.
00:29:37Je mettrai fin au scandale des visas pour soins
00:29:40qui fait que 40% des Algériens
00:29:41qui demandent un visa sur le sol français
00:29:44sont des visas pour soins,
00:29:45c'est-à-dire des visas pour venir se faire soigner
00:29:47dans notre pays au frais de la princesse.
00:29:49Nous empêcherions les dirigeants algériens
00:29:51de venir se faire soigner sur le sol français.
00:29:53Et croyez-moi qu'à partir du moment
00:29:55où nous ferions respecter les intérêts de la France,
00:29:57nous pourrions rebâtir demain une relation beaucoup plus saine.
00:30:02Alors, qu'en pensez-vous ?
00:30:03Je vais vous laisser réagir, Philippe David,
00:30:05parce que là, c'est une forme de déclaration.
00:30:07Je n'aime pas le mot, mais c'est vraiment un bras de fer.
00:30:11Excusez-moi, le régime algérien a quand même une force,
00:30:14c'est que depuis 63 ans maintenant,
00:30:18la France est dans la repentance permanente.
00:30:21Alors, moi j'attends, je veux bien la France à coloniser l'Algérie,
00:30:24mais qu'on demande aussi une repentance à l'Empire ottoman
00:30:26et aux Arabes qui ont colonisé l'Algérie bien avant nous.
00:30:29Les Berbères l'ont subi, faut-il le rappeler ?
00:30:32Mais manifestement, il y a cette colonisation acceptable
00:30:35et d'autres qui le sont moins.
00:30:36Ce qu'a dit d'ailleurs Emmanuel Macron au Maroc,
00:30:38la colonisation de la péninsule ibérique et du sud de la France,
00:30:41c'était absolument génial,
00:30:43quand dans l'autre, c'est un crime contre l'humanité.
00:30:45Mais ce qui est quand même assez surprenant,
00:30:47c'est que le régime algérien passe son temps à nous cracher dessus
00:30:50parce que nous sommes faibles,
00:30:52mais est-ce qu'on regarde le bilan de ce régime ?
00:30:55C'est un pays qui croule sous les richesses minérales,
00:30:58le pétrole, le gaz.
00:30:59C'est un pays qui devrait avoir un peuple qui vit très bien,
00:31:04vu ses richesses en matière première.
00:31:07Il y a une captation de ces richesses par les mêmes départements.
00:31:10Et que demandent les jeunes Algériens
00:31:12à qui on enseigne pourtant à l'école à noyer,
00:31:14des visas, des visas, des visas,
00:31:17chaque fois qu'un président de la République française s'y rend.
00:31:20Donc je me demande s'il n'y a pas déjà un petit côté un peu masochiste
00:31:23de vouloir des visas pour aller dans un pays de criminels,
00:31:26de génocideurs, etc.
00:31:28Et enfin, la question qu'il faut se poser sur les propos
00:31:31justement relevés par Georges sur le parquage allusion à la Shoah,
00:31:36le régime algérien sait ce que c'est les massacres,
00:31:38regardez Oran le 5 juillet 62.
00:31:41Et là c'était des pieds noirs.
00:31:44Comment on a pu passer d'un président de la République
00:31:46qui en allant sur place a dit qu'il y avait des crimes contre l'humanité,
00:31:51je veux dire là vraiment à une telle relation aujourd'hui,
00:31:54parce qu'Emmanuel Macron a tout fait quand même
00:31:55pour les caresser dans le sens du poil.
00:31:56C'est peut-être ça qui nous a conduit à cette relation selon vous ?
00:32:00Oui, alors la semaine dernière, ici même,
00:32:03j'avais critiqué très fermement le régime algérien.
00:32:06Je ne retire pas un demi mot.
00:32:08Exactement, oui, oui, mais qui était intéressant comme toujours.
00:32:12Mais je l'espère.
00:32:12Mais je ne retire pas un mot de ce que j'ai dit,
00:32:15mais j'avais dit une chose qui me semble très importante,
00:32:17mais heureusement, c'était que la critique du régime algérien,
00:32:21ce n'est pas la critique de l'Algérie, pour beaucoup de raisons.
00:32:24D'abord parce que ce régime-là, il est né d'une sorte d'écrasement
00:32:29plus ou moins, avec beaucoup d'habileté,
00:32:32du mouvement de révolte sociale qui était massif, qui était le Irak.
00:32:34C'est un régime, si vous voulez, qui s'est construit contre son propre peuple.
00:32:37C'est un régime qui vole les richesses à son peuple,
00:32:40qui les prive de droits, qui remet en cause tous les contre-pouvoirs,
00:32:43qui ferme aujourd'hui des maisons d'édition,
00:32:45qui s'attaque à la culture, qui s'attaque aux intellectuels, etc.
00:32:48Mais dire ça, ce n'est absolument pas critiquer ni les Algériens,
00:32:51et en l'occurrence, le peuple algérien a montré un grand exemple
00:32:55de contestation démocratique il y a quelques années,
00:32:57et c'est encore moins critiquer l'Algérie.
00:32:59Pourquoi je dis ça ?
00:33:00Parce que je pense que sur la question des relations entre la France et l'Algérie,
00:33:03la Bible qu'on devrait avoir, c'est le premier livre de Kamel Daoud
00:33:07qui était Meursault contre Enquête, son premier roman.
00:33:09Pourquoi ? Parce que ce roman était extrêmement lucide
00:33:12sur ce qu'avait été la colonisation française en Algérie.
00:33:14Ça veut dire quelque chose d'indéfendable.
00:33:16Et je crois qu'il ne faut pas revenir dessus,
00:33:17c'est un des grands désaccords que j'ai avec le RN,
00:33:21c'est que ce n'est pas parce qu'on critique le régime algérien
00:33:23qu'on doit pour autant réhabiliter et dire qu'il ne faut pas.
00:33:26Je pense que la France a eu un tort historique depuis longtemps,
00:33:29c'est qu'elle aurait dû présenter ses excuses sur la colonisation.
00:33:33Pas dire crime contre l'humanité, etc.
00:33:34Juste dire la France présente ses...
00:33:36Non, aucun président ne l'a jamais fait.
00:33:37De dire la France présente ses excuses.
00:33:38Crime contre l'humanité, c'est plus que des excuses, c'est un paillasson.
00:33:42Justement, mais je crois, je ne suis pas dans sa tête,
00:33:44mais je crois qu'Emmanuel Macron avait dit ça
00:33:45pour ne pas avoir à présenter des excuses.
00:33:47Nathan, attendez, imaginez, on présente nos excuses.
00:33:51Qu'est-ce que ça va changer ?
00:33:52Eh bien justement, si je peux juste me permettre...
00:33:53C'est tout l'inverse.
00:33:54Faire cela, et une fois qu'on l'a fait,
00:33:56avoir une relation absolument intraitable avec ce régime.
00:34:00Si vous voulez, c'est par rapport au passé,
00:34:01et ensuite il y a une chose qui est par rapport au présent.
00:34:02Et le désaccord, le deuxième désaccord que j'ai avec Jordan Bardella,
00:34:05c'est que je pense que ce qu'il faut faire, stratégiquement,
00:34:07c'est d'attaquer l'oligarchie qui tient ce régime.
00:34:10Et pas d'attaquer le peuple algérien,
00:34:11pas les transferts de fonds privés des familles.
00:34:13Personne n'attaque le peuple algérien.
00:34:14Non, empêcher les transferts d'argent privés de Français
00:34:18qui veulent envoyer de l'argent à leur famille en Algérie,
00:34:19là vous vous en prenez au peuple en revanche.
00:34:21Pardonnez-moi, il ne s'agit pas de s'en prendre,
00:34:24il s'agit de tordre le bras d'un régime
00:34:25pour qu'il comprenne que tout n'est pas permis.
00:34:27On peut s'en prendre à l'élite politique,
00:34:28couper ses visas diplomatiques.
00:34:30Il y a plein de choses à faire, Xavier de Rioncourt l'a rappelé régulièrement.
00:34:32Vous avez vraiment des avis totalement opposés.
00:34:35Vous vous estimez que poursuivre la repentance,
00:34:38c'est au contraire renforcer encore…
00:34:40Parce qu'on n'en fera jamais assez.
00:34:42Et Nathan pense que c'est à travers des excuses
00:34:44qu'on pourra purger la relation finalement ?
00:34:46Je pense qu'on aurait dû s'excuser.
00:34:48Là, ce n'est pas le moment de le faire évidemment.
00:34:49Mais je pense que là, il faut être extrêmement ferme vis-à-vis de ce régime.
00:34:52Moi, je pense à la base qu'on n'a pas arrêté de s'excuser
00:34:54pendant des années.
00:34:54Nous aussi.
00:34:56Aucun président ne l'a fait, pour le coup.
00:34:58Mais qu'est-ce que vous voulez…
00:34:59Quel geste pour vous serait des excuses à part…
00:35:01La France présente ses excuses, point.
00:35:02C'est juste cette phrase.
00:35:03Je voudrais m'excuser aussi pour avoir fait venir les vaccins en Afrique du Nord,
00:35:08les hôpitaux, les écoles, les routes, etc.
00:35:13Pour un peuple comparé au nazisme et l'occupation,
00:35:16c'est pas mal quand même.
00:35:17Alors évidemment, la colonisation, mais c'est l'histoire, ça.
00:35:20C'est accompagné de souffrances.
00:35:21Mais après, vous aviez une présence française.
00:35:24Certes, les droits n'étaient pas tout à fait les mêmes.
00:35:27Mais de là à faire des excuses, à se rouler par terre,
00:35:32contrairement aux anglo-saxons, eux, ils n'ont rien fait de particulier.
00:35:35Ils sont allés, ils ont pris ce qu'ils avaient à prendre, ils sont repartis.
00:35:38La France s'est installée, elle a construit.
00:35:40Elle a co-construit, même.
00:35:42Mais pardonnez-moi, les accords de 68,
00:35:45les accords dérogatoires de 68, je peux en parler,
00:35:48parce que moi, je peux comparer entre l'Algérie et la Tunisie.
00:35:50La Tunisie, vous allez me dire, c'était un protectorat.
00:35:52Mais pardonnez-moi, les dérogations qu'ont obtenues dans ces accords,
00:35:55les Algériens, c'est du jamais vu.
00:35:57Vous avez vu ce qu'il a dit, justement, à Thébaule, au moment de 68 ?
00:35:59Il a dit que c'est le coq qui vide.
00:36:02Personne n'a.
00:36:03Et justement, c'était juste, je voulais finir sur ce point,
00:36:05j'ai oublié une chose.
00:36:06Quand je disais que la Bible, ça doit être un morceau contre enquête,
00:36:08parce que c'est un livre qui raconte l'aspect indéfendable de la colonisation,
00:36:12mais qui raconte que le régime algérien après l'indépendance,
00:36:15ce n'était pas la liberté.
00:36:16Non, mais justement, c'est ça que je suis en train de dire.
00:36:18L'histoire de l'Algérie ne s'arrête pas en 62.
00:36:20Quelqu'un qui vous crache à la figure, qui vous donne une gifle,
00:36:22vous lui tendez l'autre jour ?
00:36:23Non, le régime algérien, on ne lui tend aucun jour.
00:36:25Le régime algérien, c'est ce que je suis en train de vous dire,
00:36:27on ne lui tend aucun jour.
00:36:28Tout ce qu'on peut faire pour intimider l'élite politique de ce régime,
00:36:30il faut le faire.
00:36:31Je suis d'accord avec vous, et ne pas toucher au peuple.
00:36:33Mais la différence, et ce que peut-être vous ne percevez pas,
00:36:36c'est que quand on touche, et que ce soit, c'est vrai pour la Tunisie,
00:36:38pour l'Algérie, pour le Maroc,
00:36:40mais je pense que je ne peux parler que de la Tunisie que je connais,
00:36:42c'est quand on touche un pays, et vous avez le peuple,
00:36:45et comme ça, il y a un fort sentiment patriotique, c'est ainsi,
00:36:49et on défend même le régime qu'on dénonce.
00:36:53Donc, attention de faire une trop grande séparation,
00:36:55parce que moi je pense que beaucoup d'Algériens ne sont pas en train de supporter
00:36:57comment la France est en train de traiter aussi le régime.
00:36:59Vous avez raison, vous avez raison.
00:37:01Donc, votre différence, elle est un peu...
00:37:03Vous avez tout à fait raison,
00:37:06mais c'est pour ça que je disais qu'il me semble que la Bible,
00:37:08c'est meurtre contre enquête,
00:37:09parce que ce que vous êtes en train de décrire,
00:37:13si on a à la fois un discours extrêmement lucide sur le peuple algérien,
00:37:16dont j'ai dit qu'il a été récemment, il y a quelques années,
00:37:18un modèle de démocratie, un modèle de contestation sociale,
00:37:21et ce régime-là qui l'empêche d'être libre,
00:37:23et toute la beauté de ce roman de Kamel Daoud,
00:37:25c'est qu'après avoir parlé de la colonisation,
00:37:27il retraceait l'histoire de l'Algérie, entre l'islamisme,
00:37:29entre la privation des droits, entre la corruption,
00:37:31entre un régime complètement pourri, et il racontait les deux.
00:37:34Et c'est d'ailleurs pour ça que ce roman avait eu un tel succès.
00:37:36Voilà le roman, formidable, c'est de la fiction,
00:37:39aujourd'hui dans la réalité, vous au pouvoir,
00:37:41vous avez un écrivain français, franco-algérien, détenu,
00:37:44vous devez quand même engager un bras de fer,
00:37:46il est vrai que c'est un chemin de crête.
00:37:48Oui, mais ce que vous dites Sonia à propos du soutien naturel
00:37:53quand même du peuple vis-à-vis de son régime,
00:37:55parce qu'il y a une défense…
00:37:56À tous.
00:37:57À tous.
00:37:57Mais ce que vous dites là, on peut sans doute aussi le dire
00:38:01de la communauté algérienne qui vit en France,
00:38:04d'où ce prisme de politique intérieure,
00:38:08quand on s'adresse à l'Algérie, vous comprenez ?
00:38:11Ce qui explique aussi que, voilà, on est sur la retenue…
00:38:15Donc vous pensez que le gouvernement français,
00:38:16pour le dire très clairement, vous le sentendez,
00:38:19a peur d'un regain de tensions communautaires ?
00:38:21Mais je pense bien sûr que oui.
00:38:23Alors pardonnez-moi, on ne sait rien, c'est le vrai problème.
00:38:26Non, justement, il faut se libérer de ce prisme-là.
00:38:28Bruno Retailleau, je voudrais vous en parler,
00:38:30parce que, je vous en prie, et puis on reviendra sur ce sujet.
00:38:33Vous voulez peut-être ajouter quelque chose, ça pourrait m'aider.
00:38:35Non, mais je pense que le problème d'Emmanuel Macron,
00:38:36c'est qu'il appréhende les relations diplomatiques
00:38:38sous l'angle de l'idéologie de l'antiracisme.
00:38:40Et je pense qu'en raison du nombre, évidemment,
00:38:43de la diaspora ou des franco-algériens
00:38:46présents sur le territoire français,
00:38:48il se doit de ménager finalement les susceptibilités
00:38:51avariées, narcissiques et infertiles de la caste algérienne.
00:38:55Je rappelle, comme disait Georges tout à l'heure,
00:38:56lorsque M. Théboune, qui d'ailleurs cible les médias du groupe Bolloré,
00:39:01on peut signaler à M. Théboune qu'en France,
00:39:03nous disposons de la liberté d'expression
00:39:05et qu'il nous appartient, c'est notre droit,
00:39:07de nous exprimer autant que nous le souhaitons,
00:39:09comme nous le souhaitons, envers qui nous le souhaitons
00:39:11et au titre que nous le souhaitons.
00:39:12Et vous le prouvez tous les jours.
00:39:13C'est pour la même raison que le président de la République
00:39:16n'a pas participé à la manifestation contre l'antisémitisme.
00:39:20C'est évidemment la loi du nom.
00:39:22Mais si vous voulez qu'on arrête...
00:39:23Alors, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
00:39:25s'il vous plaît, je voudrais évoquer un autre sujet.
00:39:27Est-il devenu la bête noire du Rassemblement national ?
00:39:30Il est vrai que le RN cible très souvent Bruno Retailleau.
00:39:34Alors, est-ce pour le discours clair qu'il tient ?
00:39:42Parce que justement, le RN dénonce le ministère de la Parole,
00:39:46selon lui, qu'incarne aujourd'hui Bruno Retailleau,
00:39:49qui d'ailleurs, le ministre de l'Intérieur,
00:39:50on va voir quelques images,
00:39:50se trouve à une manifestation de policiers
00:39:53à l'appel du syndicat Alliance.
00:39:55On va voir les images de cette manifestation.
00:39:58Vous le savez, colère des policiers sur différents sujets.
00:40:02Peut-être, est-ce que nous disposons de cette image ?
00:40:05Est-ce que nous disposons de cette image ?
00:40:07On va me dire dans quelques...
00:40:09Non, non, ce n'est pas grave.
00:40:09Mais juste, pardonnez-moi, la manifestation elle-même.
00:40:12Voilà, merci.
00:40:14Voilà, à laquelle est présent le ministre de l'Intérieur.
00:40:18On va écouter aussi ce qu'en pense Jordan Bardella.
00:40:22Alors, il n'y va pas de la main morte, pardonnez-moi,
00:40:24en évoquant le ministre de l'Intérieur.
00:40:28Je lui reconnais la sincérité.
00:40:30Compte tenu de ce contexte,
00:40:32M. Retailleau, il est malheureusement condamné
00:40:34à être le ministre de la Parole.
00:40:35Et donc, effectivement, la musique qu'il joue
00:40:38est très douce à mon oreille,
00:40:39aux oreilles des électeurs du Rassemblement national.
00:40:42Mais les électeurs du Rassemblement national,
00:40:44ils ont déjà entendu ça 25 fois.
00:40:46C'est-à-dire des gens qui viennent,
00:40:47issus de la droite dite républicaine,
00:40:50redire ce que dit le Front national,
00:40:52puis le Rassemblement national depuis 30 ans
00:40:54et faire l'exact inverse.
00:40:56Et si M. Retailleau était cohérent,
00:40:59cohabitant avec des macronistes et des socialistes
00:41:01qui accusent tous les records en matière d'immigration,
00:41:03alors il démissionnerait.
00:41:05– Bon, alors est-ce que Bruno Retailleau
00:41:07est en train de marquer des points,
00:41:08y compris dans l'électorat du Rassemblement national ?
00:41:11Ou est-ce qu'il montre, comme le dit Jordan Bardella,
00:41:13ses limites au sens qu'il n'a pas les coups défranches ?
00:41:15On le sait. Votre avis ?
00:41:16– Ils n'ont pas de chance au RN.
00:41:18Parce que c'est quand même drôle l'ironie de l'histoire.
00:41:21LR, qui était un tout petit parti,
00:41:23qui, je suis désolé, mais c'est vrai qu'il était
00:41:25en position de très grande faiblesse.
00:41:26– Ne soyez pas désolés, on n'a pas d'action chez eux.
00:41:29– Qui fut un grand parti.
00:41:31– Et qui fut évidemment un grand parti.
00:41:32– Au moment où était Georges Sénèque.
00:41:33– Et qui redeviendra.
00:41:34– Exactement, Georges Sénèque n'y est absolument pour rien.
00:41:37Mais qui était un petit parti, qui n'avait aucune raison
00:41:40de devenir le centre de gravité de la vie gouvernementale française.
00:41:43Qui n'a pas fait un score absolument extraordinaire non plus
00:41:45aux élections législatives.
00:41:47Et qui se retrouve dans la position de Nicolas Sarkozy
00:41:49quand il était à Beauvau.
00:41:50Et qui applique plus ou moins la même méthode,
00:41:52c'est-à-dire reprendre, reconquérir l'électorat du RN
00:41:56en prenant des discours qui peuvent être proches
00:41:58de ce que peut dire Jordane Bardella ou Marine Le Pen.
00:42:01Et en n'ayant pas la même application,
00:42:03notamment parce que là il est dans un gouvernement
00:42:05de coexistence exigeante.
00:42:08Et donc c'est quand même incroyable de voir la répétition de l'histoire.
00:42:11Autant de l'UMP naissant quand Nicolas Sarkozy était à Beauvau,
00:42:17c'était normal qu'il puisse appliquer cette stratégie Patrick Buisson.
00:42:20Mais que ça le soit aujourd'hui.
00:42:22Et que LR soit en position de retrouver de l'énergie,
00:42:25de retrouver de la force.
00:42:26Et peut-être d'avoir un plus grand avenir politique.
00:42:28En effet, ça doit énerver M. Bardella.
00:42:30C'est complètement décorrélé du parcours de M. Bruno Retailleau.
00:42:36Il a toujours été congruent.
00:42:37Il a toujours été aligné sur ses positions.
00:42:39Il n'a jamais souhaité finalement marcher sur les plates-bandes du RN.
00:42:43Bruno Retailleau depuis son travail parlementaire jusqu'à son poste...
00:42:46Mais est-ce qu'il a les coups défranches ?
00:42:47Est-ce que ce sont des paroles ?
00:42:49Et la question se soulève, Jordane Bardella.
00:42:51Bruno Retailleau en réalité est tout sauf le ministre de la Parole.
00:42:52Le vrai problème, la vraie pierre d'achoppement de Bruno Retailleau,
00:42:55c'est le budget.
00:42:56Sans le budget, il ne peut pas employer les moyens nécessaires
00:42:59à l'application de sa politique.
00:43:00Mais c'est tout sauf le ministre de la Parole.
00:43:01Il a quand même fait des choses.
00:43:02Il ne faut pas dire...
00:43:04Par circulaire, par décret, décision,
00:43:07des arrêtés d'expulsion, des circulaires...
00:43:10Tout ce qui relève de son domaine propre, il le fait.
00:43:13La question, c'est, est-ce qu'il a les coups défranches ?
00:43:16Non, il n'a pas les coups défranches.
00:43:17Pardonnez-moi.
00:43:18Il ne pourrait pas faire voter une loi sur l'immigration, par exemple.
00:43:21Il ne peut pas.
00:43:22Il ne peut pas travailler, on ne le veut pas.
00:43:23Sur les OQTF, là, c'est la volonté algérienne qui prime.
00:43:27Il nous les renvoie encore avant-hier quand même.
00:43:28Pardonnez-moi.
00:43:30Ils nous ont renvoyés à nos QTF.
00:43:32Je veux dire, il n'y a vraiment aucune...
00:43:34Donc, pour ce qui est de l'immigration,
00:43:36à un moment, c'est le pacte Asie-Immigration,
00:43:37c'est quand même le primat européen qui prime, justement.
00:43:41Donc, est-ce qu'il a intérêt à rester au gouvernement ?
00:43:44Selon vous, vous seriez...
00:43:45Décidément, je vous ai mis dans tous les rôles.
00:43:48C'est comme pour le budget.
00:43:50Il vaut mieux avoir un ministre...
00:43:52Il vaut mieux avoir un ministre qui fait ce qu'il peut
00:43:55que pas un ministre du tout, je dirais,
00:43:57au sens noble du terme.
00:43:59M. Bardella, je lui reconnais la sincérité.
00:44:01Et il est vrai, pour interviewer,
00:44:02mais vous-même, vous le connaissez,
00:44:04mais pour interviewer depuis des années
00:44:05les responsables politiques,
00:44:07il y en a vraiment certains qui sont en cohérence,
00:44:08vraiment, avec ce qu'ils disent.
00:44:10Vous le sentez tout de suite.
00:44:11Ils sont cohérents avec eux-mêmes,
00:44:13avec ce qu'ils disent maintenant.
00:44:14Est-ce qu'il pourra aller au bout de cette logique ?
00:44:15Mais même s'il était au pouvoir,
00:44:17il y a tout un tas de choses.
00:44:18Il y a l'Europe pour le pacte.
00:44:20Merci d'être avec nous dans quelques instants.
00:44:22La suite du débat.
00:44:23Et je présente mes excuses aux téléspectateurs
00:44:26puisque nous avons été coupés.
00:44:27Une coupure intempestive au moment où vous parliez,
00:44:30chère Philippe.
00:44:30Je ne m'en remettrai jamais.
00:44:31Il ne s'agit pas de censure.
00:44:33Au contraire, et d'ailleurs,
00:44:34justement, en parlant de censure,
00:44:36dans quelques instants, on recevra l'historien Jean Sevilla,
00:44:39les habits neufs du terrorisme intellectuel passionnant.
00:44:42Et la question qu'on posera, c'est qui a gagné
00:44:44ou qui est en passe de gagner la bataille des idées,
00:44:47la véritable bataille culturelle ?
00:44:49La gauche dit que c'est la droite.
00:44:50La droite dit que c'est la gauche.
00:44:51On en parlera également avec nos invités, évidemment.
00:44:57Je précise que, voilà, dans quelques instants,
00:45:00pardonnez-moi, place au journal.
00:45:01Tout de suite avec vous, chère Somaya.
00:45:03À la une de l'actualité, Sonia,
00:45:05un barbecue républicain devant l'Assemblée nationale
00:45:08pour dénoncer le budget alloué à la police.
00:45:10Et de nombreux fonctionnaires ont répondu
00:45:12à l'appel du syndicat Alliance,
00:45:14le syndicat majoritaire chez les policiers,
00:45:16qui entend mettre la pression sur les députés.
00:45:18Écoutez.
00:45:20Le but du rassemblement, c'est tout simplement
00:45:22de demander des moyens pour pouvoir travailler
00:45:26dans des conditions de plus en plus difficiles.
00:45:28Ce n'est pas le tout de nous demander de lutter
00:45:29sur tout un tas de choses.
00:45:30C'est notre rôle.
00:45:30Il y a un service public à rendre.
00:45:32Les policiers vont au carton tous les jours.
00:45:33Encore faut-il avoir un budget conséquent.
00:45:35Et le budget, je suis désolé de le dire,
00:45:37aujourd'hui, il n'y est pas.
00:45:38Dans le reste de l'actualité, décès de l'homme
00:45:41grièvement blessé par balle lundi.
00:45:43Des blessures après avoir été découvertes
00:45:45à Ganday-Croix-Gamay, à la gare d'Austerlitz.
00:45:48Quant au tireur, un agent de la sûreté ferroviaire,
00:45:50il a été relâché ce matin sans poursuite.
00:45:52À ce stade, indique le parquet de Paris.
00:45:55Et puis, à la une de l'actualité internationale,
00:45:58Donald Trump reçoit Benjamin Netanyahou,
00:46:00premier dirigeant étranger invité à la Maison-Blanche
00:46:03depuis son retour au pouvoir.
00:46:05Et au menu, la guerre au Proche-Orient, évidemment.
00:46:08Une rencontre au moment même où la phase 2
00:46:10des négociations sur la trêve à Gaza doit commencer.
00:46:13Yael Benhamou.
00:46:15Sur le tarmac de l'aéroport, avant de décoller
00:46:17pour les Etats-Unis, Benjamin Netanyahou s'est réjoui
00:46:21d'être le premier chef d'Etat reçu par Donald Trump
00:46:24depuis sa réélection.
00:46:25Une rencontre clé pour la concrétisation
00:46:27de la deuxième phase de l'accord de cesser le feu
00:46:30entre Israël et le Hamas.
00:46:32À Tel Aviv, les habitants, lassés par plus d'un an et demi de guerre,
00:46:35pensent que ces discussions sont cruciales pour leur avenir.
00:46:39Le président Trump va mettre la pression sur Benjamin Netanyahou
00:46:42comme il l'a déjà fait auparavant.
00:46:44Et le deal sera conclu.
00:46:45Les familles se retrouveront et la guerre s'arrêtera.
00:46:48J'espère que Trump va aider Israël pour que les otages soient libérés
00:46:53et on espère que tôt ou tard, il y aura une fin à cette tragédie.
00:46:57Depuis l'entrée en vigueur du cesser le feu le 19 janvier,
00:47:0018 otages israéliens ont été libérés en échange de 583
00:47:05prisonniers palestiniens.
00:47:06Pour cette deuxième phase, les négociations se porteront
00:47:09sur la libération de tous les otages, vivants ou morts.
00:47:13De son côté, le groupe terroriste souhaite que les discussions
00:47:16aboutissent au retrait de Tsaïla à Gaza et à la sélection
00:47:19des prisonniers palestiniens libérés en échange des otages israéliens restants.
00:47:23La troisième phase de l'accord ne semble pas encore d'actualité.
00:47:27Pourtant, elle devrait aboutir à un accord de paix définitif
00:47:30qui devrait comprendre la reconstruction de Gaza.
00:47:35Voilà ce qu'on pouvait dire de l'actualité à midi, Sonia.
00:47:37Merci Somaïa.
00:47:38Je vous dis à tout à l'heure, je salue la présence de Sophie Audugé.
00:47:41Merci d'être là.
00:47:42Bonjour à vous, chère Sophie, spécialiste des questions d'éducation.
00:47:46Je vous demanderais quel a été votre niveau en mathématiques,
00:47:49en sciences, plus largement, quand vous étiez à l'école
00:47:51il y a encore quelques années, même pas.
00:47:54Et vous allez voir, Sophie, on va en parler, c'est très important.
00:47:57Il y a eu une alerte d'un grand patron sur notre niveau en sciences,
00:48:01sur les mathématiques et la placeté mathématique.
00:48:04Mais pour l'heure, je vous le disais, c'est une énième attaque au couteau.
00:48:07Véritablement, c'est une vidéo glaçante.
00:48:09Je vous salue, Sabrina Birlin-Bouillet.
00:48:11Merci d'être avec nous.
00:48:12Vous êtes notre journaliste spécialiste police-justice.
00:48:16Ça s'est passé en Seine-Saint-Denis.
00:48:17Un homme en possession d'un couteau et d'une machette.
00:48:19Est-ce que vous pouvez nous rappeler tout d'abord les faits ?
00:48:21Bien sûr, c'est une scène sanglante qui a eu lieu à Livry-Gargan.
00:48:26Ce lundi soir, aux alentours de 20h15,
00:48:28une patrouille de police est interpellée par des riverains
00:48:31qui disent être témoins d'une rixe entre deux individus.
00:48:35Une fois sur place, les policiers découvrent le corps d'un homme
00:48:39inconscient, gisant au sol, sur la voie publique,
00:48:42avec plusieurs plaies causées par armes blanches.
00:48:46Les pompiers Le Samu interviennent sur place le plus vite possible.
00:48:50Ils essayent de le réanimer, mais en vain.
00:48:51Il est déclaré mort à 21h15.
00:48:54Concernant l'auteur, il prend la fuite à pied.
00:48:56Il sera interpellé à Olney-sous-Bois, toujours dans 93,
00:49:00en possession d'un couteau, d'une machette et de multiples plaies aux mains.
00:49:05Des plaies dûes, peut-être, suite à une riposte ou à un élément défensif.
00:49:10Ça, pour le moment, on n'en sait pas encore grand-chose.
00:49:13On se renseigne, justement, pour confirmer certains éléments.
00:49:16L'un des témoins a filmé la scène.
00:49:18Cette scène a été diffusée sur les réseaux sociaux.
00:49:21C'est une scène particulièrement violente
00:49:23que nous avons décidé de ne pas montrer sur la vidéo amateur.
00:49:28On voit clairement un auteur porté de nombreux coups de couteau,
00:49:32d'une manière acharnée sur la victime.
00:49:35Le suspect a été placé en garde à vue.
00:49:37On ne sait peu de choses sur lui, simplement qu'il a été interpellé
00:49:41et qu'il a précisé être l'auteur des coups de couteau lors de son interpellation.
00:49:46On a également retrouvé son portefeuille aux côtés de la victime
00:49:48qui précise qu'il vit à Pantin, aussi dans le 93.
00:49:53Il est désormais placé en garde à vue.
00:49:57Et c'est la police judiciaire du 93 qui s'occupe de l'enquête.
00:50:00Merci beaucoup Sabrina pour cet exposé des faits.
00:50:03Ce qui est incroyable quand on regarde cette vidéo vraiment insoutenable,
00:50:06c'est la tranquillité avec laquelle, après un acte d'une sauvagerie indescriptible,
00:50:12cet individu s'éloigne de la victime.
00:50:15On en a parlé tout à l'heure.
00:50:16On a parlé du risque de banalisation d'une telle barbarie,
00:50:19de cette épidémie d'attaque au couteau.
00:50:21Et il est vrai, et Sophie Audigé nous avait permis d'inviter sur ce plateau
00:50:26le docteur Maurice Berger.
00:50:28Et je lui avais posé cette question.
00:50:30Alors, nous parlions beaucoup des plus jeunes.
00:50:33Et c'était au moment où il y avait le terrible drame autour d'Elias.
00:50:36Et le docteur Berger dit, mais il y aura d'autres Elias.
00:50:39Nous ne sommes pas dans ce cas de figure.
00:50:41Et je lui avais dit, est-ce qu'il y a des individus dont vous estimez, docteur,
00:50:45qu'ils sont irrécupérables ?
00:50:47Ce n'est même plus de l'ordre de la prison.
00:50:49Il ne s'agit plus simplement de les isoler pour nous protéger.
00:50:53Et il avait décrit cette scène dans des unités
00:50:55où véritablement il avait accès, Georges, à ces individus.
00:50:58Et c'était un jeune garçon qui avait attaqué au couteau
00:51:02un autre individu très jeune et qui a failli le tuer.
00:51:06Et le docteur Berger lui dit, qu'est-ce qui t'a retenu ?
00:51:08Pourquoi tu ne l'as pas tué ?
00:51:09Et ce jeune de 16 ans lui dit, ou de 14 ans, je crois, il lui dit,
00:51:12ah mais parce que c'est mon copain, il m'a attrapé par le pull, il m'a retiré.
00:51:16Il lui dit, c'est la seule raison.
00:51:17Ah oui, sinon je l'aurais terminé.
00:51:19Je l'aurais terminé, comme on ne ferme qu'une porte.
00:51:25Comment on va faire ?
00:51:26Parce qu'il y a des individus irrécupérables.
00:51:30J'espère que non, j'espère que non.
00:51:33Mais il faut bien comprendre qu'il y a des individus
00:51:35qui présentent une dangerosité criminologique telle
00:51:40qu'à un moment une société n'a pas le droit, de mon point de vue,
00:51:43de prendre de risque de le relâcher.
00:51:46C'est la raison pour laquelle en 2008,
00:51:48moi j'avais porté un projet de loi sous Nicolas Sarkozy
00:51:52sur la rétention de sûreté.
00:51:55Il y a des individus particulièrement dangereux,
00:51:58même s'ils ont purgé leur peine 20 ans, 30 ans,
00:52:01est-ce qu'on peut les remettre en liberté ?
00:52:03On a des exemples très précis de gens comme ça,
00:52:06condamnés à des longues peines qui sont sortis et qui ont récidivé.
00:52:09Parce que ce sont des psychopathes, voyez-vous.
00:52:11Et donc cette rétention de sûreté, elle existe aujourd'hui.
00:52:14Le regret que je peux émettre, c'est qu'elle n'est pas appliquée réellement.
00:52:18Comme ne l'étaient pas aussi, les peines planchées.
00:52:20Par les juges, effectivement.
00:52:22Mais vous avez raison, il y a des individus tellement dangereux
00:52:25qu'on a vraiment beaucoup de mal à imaginer
00:52:27les remettre en liberté un jour.
00:52:29Je pose la question également à notre invité, Eric Couvra,
00:52:32qui est avec nous en duplex,
00:52:34qui est secrétaire départemental adjoint Unité 93.
00:52:37Eric Couvra, malheureusement, régulièrement,
00:52:40aujourd'hui, nous faisons état de ses attaques au couteau.
00:52:43Je parlais, avec évidemment beaucoup de guillemets,
00:52:45d'une épidémie et d'une véritable barbarie,
00:52:48d'une non-assistance en réalité à populations en danger,
00:52:51souvent en jeunesse en danger.
00:52:53Comment le policier que vous êtes voit la multiplication d'un tel phénomène ?
00:52:58Bonjour. Oui, tout d'abord, les images,
00:53:01j'ai parlé d'elles-mêmes sur l'affaire d'hier.
00:53:02C'est de l'ultra-violence et on a l'impression
00:53:06que ça se banalise un petit peu, ces faits de violence.
00:53:11Nous, on est évidemment aux premières loges,
00:53:13on est choqués de ce qui se passe.
00:53:17Après, je pense qu'il y a plusieurs choses
00:53:19qui pourraient, peut-être, permettre d'endiguer ce phénomène.
00:53:26Déjà, si l'application des lois était mise en place,
00:53:30il faut savoir que pour le port d'âme,
00:53:31c'est un an de prison et 15 000 euros d'amende.
00:53:34Ne serait-ce qu'en amont, il y avait déjà ce travail-là fait,
00:53:37ça serait déjà, je pense, ça s'endiguerait un petit peu.
00:53:41Vous avez raison, vous rappelez, d'autant que là,
00:53:43je vais être prudente, parce que prudente,
00:53:45je ne sais pas si c'était un multiréitérant, un multirécidiviste,
00:53:48mais véritablement, est-ce que vous auriez les moyens,
00:53:51Éric Courant en tant que policier,
00:53:53j'allais dire, d'interpeller, de fouiller tous ceux
00:53:56qui, potentiellement, seraient susceptibles de porter une arme blanche ?
00:53:59C'est-à-dire qu'avec tout ce que vous faites, le travail,
00:54:02les défis qui sont les vôtres,
00:54:03est-ce qu'il faut aller vers cette piste-là aujourd'hui ?
00:54:06Déjà, ça freinerait beaucoup de gens.
00:54:08Si il y avait cette sanction qui serait au-dessus d'elle,
00:54:12ça freinerait pas mal de gens.
00:54:13Après, ce qui est vrai aussi, c'est que nous,
00:54:15on a un manque cruel d'effectifs, notamment dans le département 93,
00:54:18on est le département le plus criminogène de France.
00:54:21On a un manque cruel d'effectifs.
00:54:22Malgré tout, les collègues qui sont en place,
00:54:25ils sont ultra-réactifs, on a pu le voir hier.
00:54:26D'ailleurs, ils sont intervenus aux soins de la victime très rapidement.
00:54:30Il y a eu une interpellation qui a été également très rapide.
00:54:32Mais il nous faudrait beaucoup plus d'effectifs.
00:54:35Évidemment, les moyens, la justice,
00:54:37toute cette chaîne dont nous parlons souvent.
00:54:40Merci de votre réaction, Éric Courant.
00:54:42Alors, nous vous donnerons plus d'informations peut-être tout à l'heure,
00:54:46parce que nous ne connaissons pas encore le parcours,
00:54:48le pédigré souvent assez étoffé de cet individu.
00:54:52Autre sujet, même s'il y a toujours un lien,
00:54:54parce que l'éducation, l'école et la responsabilité des parents,
00:54:58évidemment, c'est une importance cruciale
00:54:59dans le développement d'un individu.
00:55:01Là, on va aller dans la sphère scolaire
00:55:03et l'importance des mathématiques, des sciences de manière générale.
00:55:06Vous vous souvenez de vos notes ?
00:55:09Non, non, je ne regarde pas.
00:55:11Vous voyez, il y a des sujets tabous dans la vie publique.
00:55:15Ce n'est pas ce que vous croyez, c'est cela.
00:55:18En tous les cas, le PDG de Michelin, un grand patron,
00:55:20Sophio Giust, assez rare, a évoqué ce sujet il y a quelques jours.
00:55:24Florent Ménégaud a alerté sur un enjeu majeur.
00:55:26En France, les mathématiques sont devenues un véritable repoussoir.
00:55:30Il plaide pour remettre les sciences au cœur du savoir.
00:55:32On va en parler avec vous, mais tout d'abord,
00:55:34on va l'écouter, justement, son alerte.
00:55:37Mais ce qui se passe, c'est qu'en Chine, à Singapour,
00:55:41il faut qu'on réenchante les mathématiques.
00:55:43Il faut qu'on redonne envie à tout le monde d'aimer les mathématiques.
00:55:47On a un énorme problème pour recruter des femmes ingénieurs.
00:55:50Pourquoi ? Parce que dès la sortie de la maternelle,
00:55:55vous avez déjà des biais qui se sont formés,
00:55:58où les femmes commencent à dire « non mais moi, je ne vais pas aimer ça ».
00:56:04Ça n'a aucun sens.
00:56:05On sait que d'un point de vue plastique,
00:56:06le cerveau des femmes et des hommes, c'est exactement le même, au départ.
00:56:09On imprime ce qu'on veut dessus.
00:56:11Et donc, sur les mathématiques, c'est un drame de dégoûter
00:56:16dans les filières d'enseignement,
00:56:18de finir par dégoûter les gens des mathématiques.
00:56:21Un drame quand même, dit-il Sophie Audugé,
00:56:24spécialiste des questions d'éducation.
00:56:25Vraiment, j'ai envie de vous écouter sur ce sujet.
00:56:27C'est vous qui m'avez alertée sur ce qui a été dit par ce patron.
00:56:31Qu'en pensez-vous ?
00:56:32Oui, parce que j'ai trouvé qu'il était assez surréaliste, en fait,
00:56:36dans la même semaine où on avait la ministre de l'Éducation nationale,
00:56:40donc Elisabeth Borne et madame Geneté,
00:56:42dont on ne sait pas vraiment ce qu'elle fait, mais qui était à côté d'elle,
00:56:44et puis madame Berger, et puis l'ensemble de l'Éducation nationale,
00:56:47qui mobilisent des moyens considérables
00:56:48pour réaliser 1,5 million de séances d'éducation à la sexualité des trois ans.
00:56:52Et donc là, on apprend qu'il y a un mouvement énorme des enjeux budgétaires, etc.
00:56:56Puis à côté de ça, on a le patron de Michelin,
00:56:58qui est auditionné par une commission au Sénat
00:57:00sur une question des enjeux de la réindustrialisation en France,
00:57:04et qui fait véritablement un cours de simplification mathématique au sénateur.
00:57:09Il explique des choses qui paraissent quand même assez incroyables,
00:57:12c'est-à-dire que d'abord, il leur explique
00:57:14que chez Michelin, en fait, il n'y a plus d'emplois non qualifiés.
00:57:17Voilà.
00:57:18Il leur explique aussi une autre chose qui me semble importante,
00:57:20c'est que l'intelligence est également répartie dans le monde.
00:57:25Donc c'est un peu à la Trump, il n'y a que deux sexes,
00:57:27fille et garçon, et là, il dit l'intelligence,
00:57:30elle est répartie égalitairement dans le monde.
00:57:31C'est-à-dire qu'il y a, à l'autre bout du...
00:57:34On n'est pas plus intelligent en France.
00:57:35On ne n'est pas plus intelligent en France.
00:57:38Il explique aussi qu'on est dans une économie mondialisée,
00:57:40donc les principes qui régissent une économie mondialisée,
00:57:43c'est la compétitivité.
00:57:45Et la compétitivité des entreprises, c'est la compétitivité de ses collaborateurs,
00:57:49et donc la compétitivité des connaissances.
00:57:52Et il arrive évidemment sur une question qui relève du coût du travail,
00:57:56où il explique que 100 euros de salaire brut
00:57:59coûtent 140 euros à l'entreprise et rapportent 77 euros aux salariés français.
00:58:04C'est-à-dire que l'entreprise prend la moitié du coût...
00:58:07Enfin, l'État prend la moitié du coût qu'elle fait payer à l'entreprise
00:58:11du salaire d'un salarié sur notre territoire.
00:58:15Et il dit, le patron de Michelin, qui est un bon élève, qui est patriote,
00:58:18il n'y a pas de problème.
00:58:20Il n'y a pas de problème pour les pays.
00:58:22Par contre, il faut que les connaissances détenues
00:58:25à la fin de l'enseignement, entre guillemets, obligatoire,
00:58:28c'est-à-dire le socle commun jusqu'à 16 ans en France,
00:58:31et puis notamment nos bacheliers,
00:58:33soient à la hauteur de cette différence.
00:58:36Parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
00:58:37Aujourd'hui, un ingénieur de l'autre bout du monde
00:58:39est plus compétent qu'un ingénieur français.
00:58:41Et donc, il donne des exemples assez importants.
00:58:43Et puis aussi, il les alerte en disant, attention, on est dans une période
00:58:47où, face à l'intelligence artificielle,
00:58:49ce qui va compter, c'est la capacité de raisonnement.
00:58:53Or, il alerte en disant que c'est un drame,
00:58:55mais il dit autre chose.
00:58:56Il dit que c'est une énorme menace sociale.
00:58:59Et il a raison.
00:59:00Il a raison, pourquoi ?
00:59:01Parce que dans les statistiques,
00:59:03si vous voulez qu'on connaît bien, qu'on étudie régulièrement,
00:59:06notamment celle de l'ADEP,
00:59:07qui fait une évaluation des élèves au début de la sixième,
00:59:12puisque ceux dont il parle sont des connaissances fondamentales.
00:59:14Il dit, par exemple, nous, chez Michelin,
00:59:16quand un salarié arrive ou un ingénieur arrive,
00:59:18on lui réapprend les proportions.
00:59:21Donc, c'est fin de primaire.
00:59:24Et donc, quand vous prenez les résultats de l'ADEP en début de sixième,
00:59:28c'est-à-dire ce qu'est censé savoir faire un élève à la fin du CM2,
00:59:33eh bien, on va constater que le niveau est considéré de maîtrise et satisfaisant.
00:59:38Alors, je vais expliquer quand même aux gens qui nous écoutent.
00:59:40Un niveau satisfaisant,
00:59:42ça veut dire que l'élève a atteint l'objectif pédagogique
00:59:44fixé par l'éducation nationale.
00:59:47Ça devrait être une obligation, d'accord ?
00:59:49Donc, si vous prenez le domaine des mathématiques qui nous intéresse aujourd'hui,
00:59:52vous avez trois grands domaines.
00:59:54Un domaine qui est grandeur et mesure.
00:59:56Un domaine qui est nombre et calcul.
00:59:58Et un domaine qui est espace et géométrie.
01:00:00Sur les domaines nombre et calcul et grandeur et mesure,
01:00:04à peu près 50% des élèves entrent en sixième
01:00:07en ayant atteint le niveau attendu en fin de CM2.
01:00:1050%.
01:00:11Donc, il y en a la moitié qui arrive,
01:00:12ils n'ont pas le niveau de l'objectif pédagogique fixé
01:00:16par l'éducation nationale elle-même.
01:00:18D'accord ? La moitié.
01:00:19Et en géométrie, c'est même pire, il y a plus de 60% qui n'ont pas le niveau.
01:00:23D'accord ?
01:00:24Mais, concentrons-nous sur le basique.
01:00:26Grandeur et mesure.
01:00:27Proportions, tout ça.
01:00:29Eh bien, grandeur et mesure, vous avez à peu près 50% des élèves
01:00:33qui entrent en sixième, donc la moitié qui rend qu'on le niveau.
01:00:35D'accord ?
01:00:36Attendu en fin de CM2.
01:00:39Eh bien, vous en avez plus de 70%
01:00:43pour les élèves des milieux favorisés.
01:00:46Et vous avez à peine plus de 30% pour les milieux défavorisés.
01:00:50Donc moi, si vous voulez, quand j'écoute certaines personnalités politiques
01:00:54cracher sur les patrons,
01:00:57traiter certains patrons de rats,
01:01:00rats sous-entendants, vous avez quitté le navire.
01:01:02Moi, j'ai une question très simple, qui quitte le navire ?
01:01:05Qui quitte le navire quand en France,
01:01:06vous avez des partis politiques, des syndicats d'enseignants
01:01:10qui sont contre les évaluations ?
01:01:12On comprend pourquoi.
01:01:13C'est vrai que quand on a les chiffres, ça fait mal quand même.
01:01:16Mais je ne comprends pas comment ces gens-là peuvent dire
01:01:19que les rats, ce sont les autres, alors que les rats,
01:01:21c'est ceux qui quittent 70% des enfants issus des milieux défavorisés
01:01:27qui n'ont même pas le niveau de fin de CM2.
01:01:30On en avait déjà parlé pour la lecture, etc.
01:01:33On savait que le niveau d'accès à la lecture des enfants des milieux défavorisés,
01:01:38dans 34% des cas, ils ont à peine le niveau d'un CE2 quand ils rentrent en sixième.
01:01:43Donc, je crois que ce qui est important dans ce cas,
01:01:46démontrer le patron de Michelin,
01:01:49c'est qu'on ne peut pas dire tout et n'importe quoi.
01:01:54À un moment, il faut être sérieux, il faut avoir un minimum de sens des priorités.
01:01:58Quand on regarde ces chiffres, alors ça, c'est les résultats de cette année,
01:02:01c'est les sixièmes cette année.
01:02:02Mais avant, on avait eu PISA, le dernier PISA,
01:02:04où l'OCDE a quand même dit qu'on avait vécu en France
01:02:09la baisse la plus inédite qu'il n'avait jamais pu voir.
01:02:13Il faut quand même voir le niveau.
01:02:15Timson, sur les mathématiques, on est les derniers des 21 pays évalués.
01:02:22Qu'est-ce qu'on reproche à notre niveau de mathématiques ?
01:02:25On a un niveau déficitaire en langage mathématique
01:02:29et on ne sait pas formuler des situations de façon mathématique.
01:02:31Mais qu'est-ce qui reste, pardonnez-moi ?
01:02:33Parce que si ces deux aspects ne sont pas réunis,
01:02:36comment est-ce qu'on peut aborder une telle matière ?
01:02:38Écoutez, c'est bien pour ça qu'on est les derniers.
01:02:41Et ce qui est très important, c'est de bien avoir en tête
01:02:43que ce ne sont pas les autres qui progressent,
01:02:46mais c'est nous qui déclinons.
01:02:47Et on décline depuis 1985, puisque la DEP suit ces données depuis 1985.
01:02:53Et on décline régulièrement d'une manière extrêmement forte.
01:02:57Donc la vraie question maintenant, c'est
01:03:00est-ce qu'on considère qu'on va continuer comme ça
01:03:04et qu'on va tous prendre acte que l'éducation nationale
01:03:07a décidé de ne plus instruire ?
01:03:09Parce que moi, je ne vois pas d'autres constats.
01:03:11Vous le dites aussi clairement.
01:03:13Je ne comprends pas, en fait.
01:03:16Comment on peut continuer à avancer sans commencer par prendre ça à bras-le-corps ?
01:03:21Je ne comprends pas.
01:03:22C'est édifiant, c'est triste, c'est inquiétant.
01:03:25Et effectivement, ça remet en bon ordre les priorités.
01:03:32On va marquer une pause parce que je pense que notre invité
01:03:34aura peut-être des choses à dire sur ce sujet.
01:03:36Jean Sévilla, bonjour. Merci d'être là.
01:03:38C'est un plaisir véritablement de vous recevoir.
01:03:41On vous lit et je parle au nom de notre plateau depuis des années.
01:03:45On va poser une question très importante
01:03:47parce qu'elle traverse notre vie politique, médiatique, culturelle.
01:03:50C'est qui a gagné, qui est en passe de gagner la bataille culturelle,
01:03:54la fameuse bataille des idées ?
01:03:55La gauche dit que c'est la droite.
01:03:56La droite dit que l'arbitre des élégants, c'est la gauche.
01:04:00Alors vous avez publié, c'était en 2000, je crois déjà,
01:04:03un best-seller, le terrorisme intellectuel.
01:04:05Et vous revenez avec cet ouvrage,
01:04:07Les habits neufs du terrorisme intellectuel.
01:04:09Vous avez réactualisé cette genèse, en réalité, du terrorisme intellectuel.
01:04:14C'est passionnant.
01:04:16Et évidemment, ça rentre en résonance avec beaucoup de nos débats.
01:04:19Donc, on va en parler dans un court instant.
01:04:21Une pause et on se retrouve tous ensemble.
01:04:27Midi News en direct avec cette question.
01:04:29Qui a gagné, qui est en train de gagner la bataille culturelle en France ?
01:04:32La bataille des idées.
01:04:32À entendre la gauche, c'est la droite et même la droite de la droite
01:04:36qui impose ses thèmes dans le débat public et politique.
01:04:39Mais qu'en est-il réellement ?
01:04:40Qui est véritablement en train de conquérir l'hégémonie médiatique culturelle ?
01:04:45Pour la droite, au contraire, c'est la gauche qui fait office d'arbitre dans ce domaine.
01:04:49Et pour en parler, je l'ai présenté tout à l'heure,
01:04:51je remercie vraiment de sa présence l'historien et séliste Jean Sevilla.
01:04:56Il est vrai que c'était en 2000 déjà le best-seller terrorisme intellectuel.
01:05:01Voici l'édition réactualisée,
01:05:03Les habits neufs du terrorisme intellectuel, aux éditions Perrin,
01:05:06préfacées par un ami et un collègue très cher, Mathieu Bocque-Coté.
01:05:11D'abord, votre définition, Jean Sevilla, du terrorisme intellectuel.
01:05:14Alors, si on devait le définir ici, on dirait que ça consiste à,
01:05:18comment dire, à évacuer, à pousser certains débats de fond en éliminant,
01:05:22en neutralisant quelque part ses adversaires.
01:05:26C'est un système plus largement qui est né dans l'après-guerre,
01:05:28au moment où le communisme était hégémonique.
01:05:31Et aujourd'hui, est-ce que vous diriez qu'un tel système,
01:05:34qui consiste quand même à délégitimer son adversaire,
01:05:36il dure et il perdure encore ?
01:05:39Il y a des exemples quotidiens, hebdomadaires.
01:05:41Je n'en ai pas la liste sur moi, mais mon livre en est plein.
01:05:45Oui, c'est un système qui marche toujours.
01:05:47C'est un système qui consiste à évacuer les débats de fond sur les sujets qui fâchent,
01:05:51sur les sujets délicats, les sujets de société, les sujets politiques,
01:05:54en notant la parole à son adversaire, en lui collant une étiquette infamante.
01:05:58Alors, on va le traiter de capitaliste, de raciste, de fasciste, etc.
01:06:03Enfin, on va trouver 50 qualificatifs, vraiment.
01:06:06Donc, s'il n'a pas le droit à la parole,
01:06:10il n'est pas légitime pour intervenir dans le débat public.
01:06:13Et donc, les sujets dont il veut parler, on n'en parle pas.
01:06:15C'est ainsi qu'on met la poussière sous le tapis.
01:06:18Les grands sujets ou la façon d'aborder les sujets en vérité
01:06:22sont évacués à travers les personnes.
01:06:24Il est vrai que quand on parle de terrorisme, on pense évidemment,
01:06:27malheureusement d'ailleurs, compte tenu de tous les chocs que nous avons subis,
01:06:29au terrorisme islamiste, au terrorisme sanglant et meurtrier,
01:06:33et que le mot est fort, mais le terrorisme intellectuel,
01:06:36diriez-vous, qui procède aussi de la même manière,
01:06:39c'est-à-dire une forme de terreur ?
01:06:41Oui, je pense.
01:06:42Alors, pour moi, il y a une affiliation, je ne sais pas si c'est un sujet qui fâche,
01:06:45mais c'est une affiliation qui nous vient d'en France,
01:06:47malheureusement, de l'histoire de la Révolution française.
01:06:49Enfin, la Révolution, c'était à la fois 1789 et 1793.
01:06:53Or, 1793 est dans nos gènes politiques et surtout dans les gènes de la gauche.
01:06:58Il y a toute une gauche qui porte cette forme d'intolérance.
01:07:02Alors, aujourd'hui, on ne coupe pas la tête de son adversaire,
01:07:05on lui hôte la parole socialement,
01:07:06mais encore, couper la parole de son adversaire, si, malheureusement, on l'a vu,
01:07:10parce qu'il y a un moment où le terrorisme intellectuel, le terrorisme des idées,
01:07:13peut se transformer en terreur physique,
01:07:15et on l'a vu, évidemment, on le voit à travers l'islamisme.
01:07:17Donc, cette terreur, oui, c'est un procédé, à mon avis, pré-totalitaire,
01:07:22qui consiste à penser qu'il n'y a qu'une façon de penser la citoyenneté,
01:07:25qu'il y a des citoyens qui sont légitimes, d'autres qui ne le sont pas,
01:07:27qu'il y a des idées qui sont légitimes, d'autres qui ne le sont pas.
01:07:29– Donc, des citoyens bien sous tous rapports ?
01:07:31– Voilà.
01:07:31– Le camp du bien, celui de la raison, et les autres, des sous-citoyens ?
01:07:33– Ah, le camp du bien, évidemment, le camp du bien,
01:07:36mais ses adversaires dans le camp du mal.
01:07:38Donc, c'est une vision binaire, manichéenne, réductrice,
01:07:43qui rabote les réalités, qui joue sur des amalgames, des mensonges.
01:07:48– Ils peuvent être d'une grande violence, pardonnez-moi Jean Sévillat,
01:07:50parce que exclure, et ça peut être une forme d'anéantissement social,
01:07:55que d'exclure quelqu'un du débat, parce que ce n'est pas seulement
01:07:58que dans la télévision, ça peut être dans le cadre d'une société,
01:08:00dans un cadre privé, est-ce qu'il y a une forme de violence, justement,
01:08:03dans ces méthodes ?
01:08:04– Pour les gens qui en sont victimes, il y a une violence psychologique
01:08:06très extrême, oui, parce que ça veut dire qu'on dénie à ces personnes
01:08:11leur statut de citoyen, qu'on leur dénie le droit de penser,
01:08:13le droit de s'exprimer, et donc on voit ça à l'université,
01:08:17on voit ça parfois dans des entreprises,
01:08:18on voit ça dans le monde médiatique, c'est beaucoup plus fréquent,
01:08:21dans le monde de l'édition, dans l'enseignement,
01:08:24donc ce phénomène-là est d'une très très grande violence,
01:08:28alors si une violence est relativement feutrée, on ne la voit pas,
01:08:32il faut sortir les événements jour après jour,
01:08:34c'est ce que j'essayais de faire dans ce livre,
01:08:36en essayant de cibler des événements les plus importants,
01:08:40mais c'est un phénomène qui est extrêmement dangereux pour la…
01:08:45en réalité, quoi qu'il est doux, enfin doux, il n'est pas doux,
01:08:47mais pour la paix civile, voilà, parce que ça revient vraiment à…
01:08:51c'est un phénomène d'exclusion, c'est un phénomène d'exclusion
01:08:53et ce sont les gens qui prônent en général,
01:08:56qui sont adversaires de l'exclusion,
01:08:58qui eux-mêmes pratiquent en permanence cette exclusion.
01:09:00– C'est intéressant, on va écouter tout le monde sur ce sujet,
01:09:04parce que vous parlez d'une violence,
01:09:05vous parlez quand même d'un risque pour la paix civile,
01:09:09moi j'ai une question depuis toujours et en vous lisant depuis très longtemps,
01:09:11comment expliquer par exemple aujourd'hui que les communistes
01:09:15que nous recevons et le parti communiste également,
01:09:17évidemment quand on les interview,
01:09:19soient aujourd'hui dans ce camp du bien et de la raison,
01:09:22quand même je ne vais pas revenir sur l'histoire,
01:09:24mais à l'historien que vous êtes, moi j'ai envie de savoir
01:09:26comment on a pu occulter en quelques années
01:09:29la dimension criminelle quand même du système soviétique ?
01:09:33– Écoutez, il faut revenir à l'histoire dans ce cas présent,
01:09:35parce que c'est après guerre, après la seconde guerre mondiale évidemment,
01:09:39bon il y avait le camp du mal, c'était Hitler qu'il fallait évidemment écraser
01:09:43et on a mis donc les communistes ayant été dans le camp des gens
01:09:47qui ont écrasé Hitler ont été retrouvés dans le camp du bien.
01:09:50– Et tant mieux d'ailleurs.
01:09:52– Et tant mieux évidemment, il n'y a aucune ambiguïté sur ce plan-là.
01:09:56Mais enfin, toujours est-il qu'on a mis l'URSS, le stalinisme,
01:09:59le communisme dans le camp du bien parce qu'il avait écrasé le camp du mal
01:10:03et donc les communistes se sont parés de cette vertu,
01:10:05alors oubliant leur passé récent, je ne suis pas en liste d'histoire,
01:10:08on oublie que le parti communiste a été interdit en 1939
01:10:13non par le gouvernement de Vichy mais par la Troisième République,
01:10:17que les communistes avaient négocié la réparation de l'humanité
01:10:21avec les Allemands en juin 1940,
01:10:23que les communistes ne sont entrés dans la résistance qu'en 1941
01:10:27quand l'Allemagne nazie a attaqué l'URSS,
01:10:30alors là effectivement il y a une résistance communiste indéniable,
01:10:33les communistes ont donné beaucoup, ont versé du sang évidemment,
01:10:37enfin ils ont gonflé les chiffres de leurs victimes,
01:10:38enfin ce sont des victimes que je respecte et dans lesquelles je m'incline évidemment,
01:10:42mais enfin après-guerre les communistes ont joué sur cette idée-là
01:10:45et on a joué, ça reste profondément inscrit dans l'esprit,
01:10:49dans la culture contemporaine, cette idée qu'au fond le communisme
01:10:53c'était une idée jue, généreuse, qui a mal tourné parfois ça et là,
01:10:58mais qui reste bonne, tandis que le nazisme était une idée intrinsèquement mauvaise,
01:11:03je crois aussi, enfin donc il y a une sorte d'indulgence qui est liée au communisme
01:11:06alors qu'on a occulté pendant très longtemps le système concentrationnaire du communisme,
01:11:14Solzhenitsyn a été très manipulé.
01:11:16Vous en parlez aujourd'hui, on vous dit mais pourquoi vous revenez à l'histoire ?
01:11:18Oui, mais l'histoire elle est là, voilà, c'est, il y a quand même un paradoxe,
01:11:21c'est qu'on a un parti communiste qui existe officiellement,
01:11:25on n'aurait pas un parti national socialiste, que je ne souhaite pas du tout,
01:11:28on est bien d'accord, mais enfin je veux dire, il y a une sorte de démi-plégie du regard
01:11:34sur les deux systèmes totalitaires du XXe siècle.
01:11:37Alors on va susciter le débat, parce qu'il y a la question aussi qui nous intéresse en particulier,
01:11:41c'est aujourd'hui, est-ce que, selon vous, et vraiment vous allez interagir,
01:11:45est-ce que le monde intellectuel, comme on l'appelle, reste dominé par la gauche ?
01:11:49Est-ce que, pour le dire plus précisément, les institutions qui forment les citoyens sont à gauche ?
01:11:55Alors à mon avis, il y a deux niveaux, il y a le niveau de la haute cléricature, je dirais,
01:11:59on n'a plus de grands intellectuels gauches tels qu'on en avait dans les années 70,
01:12:03ils ont tous disparu.
01:12:05On a, de l'autre côté, on a un renouveau de la pensée de droite, la pensée conservatrice,
01:12:10alors elles ne s'observent pas toujours dans les partis politiques,
01:12:12mais en tout cas, chez les essayistes, les journalistes, les historiens, on a un renouveau.
01:12:17Maintenant, c'est ce qui fait qu'une droite, c'est une jeune droite,
01:12:22s'est crue vite victorieuse en disant on est partout, on nous entend beaucoup,
01:12:27et la gauche a créé une sorte de mainmise de la droite,
01:12:31et même de l'extrême droite, sur le débat d'idées.
01:12:33Je ne crois pas que ce soit vrai, parce qu'il faut voir,
01:12:35il y a la haute cléricature, je dirais, et puis la basse cléricature.
01:12:39Dans la réalité de la société française aujourd'hui,
01:12:42si vous prenez la moyenne du monde médiatique,
01:12:46il y a des enquêtes, 70 à 80 % des journalistes votent à gauche.
01:12:49En tant que citoyen français, c'est leur droit le plus strict,
01:12:51je ne leur dénie pas ce droit,
01:12:52mais quand toute une profession est aussi massivement orientée,
01:12:54on ne fera pas croire que ça n'a pas un incident sur le contenu de l'enseignement.
01:12:57C'est la même chose dans l'éducation nationale,
01:12:58c'est la même chose dans la recherche scientifique,
01:13:00c'est la même chose dans les grandes institutions culturelles.
01:13:02C'est-à-dire que dans le sous-bassement, si vous voulez, du fonctionnement de la société,
01:13:06toutes les institutions qui contribuent à la formation de la pensée des citoyens
01:13:11depuis l'enfance jusqu'à leur âge adulte penchent massivement à gauche.
01:13:15Donc il y a une sorte de déséquilibre dans un pays qui est,
01:13:17en plus aujourd'hui on est plutôt dans un moment politique
01:13:21où la droite est plutôt majoritaire,
01:13:23il y a une sorte de dichotomie, de différence de représentation
01:13:27entre le modèle culturel dominant qui reste de gauche
01:13:31et la réalité d'une société qui en réalité pense à droite.
01:13:33Ou une société où, mais je ne parle pas depuis cette place,
01:13:37mais c'est vrai au CNews et aux premières chaînes d'infos,
01:13:39vous avez des journaux comme le Figaro depuis très longtemps,
01:13:43Valeurs actuelles, le journal du dimanche qui connaît un grand succès, c'est vrai.
01:13:47Donc ce pluralisme existe, mais vous dites que l'hégémonie,
01:13:50ce serait intéressant de vous écouter, Nathan Devers,
01:13:52reste culturelle, reste acquise à la gauche dans les institutions
01:13:56qui forment les citoyens, en particulier les citoyens de demain.
01:13:59C'est votre avis ?
01:14:00Je pense qu'il y a une bataille culturelle qui est extrêmement forte,
01:14:04qui est en partie en train d'être remportée par la droite,
01:14:09notamment sur le fait que quand on fait des enquêtes d'opinion
01:14:12sur ce que pensent les Français,
01:14:13non pas tellement pour qui ils veulent voter,
01:14:15mais ce qu'ils pensent d'un certain nombre de sujets structurants,
01:14:17pas des sujets socio-économiques, mais des sujets sociétaux,
01:14:20on voit quand même qu'une très large majorité de la population
01:14:22a des idées globalement de droite.
01:14:24Mais je me posais une question.
01:14:25Simplement, est-ce que vous estimez que quand vous faites un sondage
01:14:28sur l'immigration ou sur la sécurité,
01:14:30vous estimez que c'est une idée de droite ?
01:14:32Non, la question n'est pas une question de droite ou de gauche.
01:14:35Pourquoi ça vous serait à droite ?
01:14:36Parce que souvent, ce sont des réponses de droite qui sont approuvées.
01:14:39Est-ce que plus de fermeté, c'est une opinion de droite ?
01:14:43Moi, je ne suis pas sûre.
01:14:45La gauche n'est pas opposée à la fermeté,
01:14:46mais ensuite, elle va répondre, par exemple,
01:14:48que dans la question de l'insécurité,
01:14:49il y a d'autres aussi moyens de lutter, etc.
01:14:52Mais je me posais une question en vous écoutant.
01:14:54C'était la question de savoir s'il y a un camp
01:14:56qui a historiquement, ou presque ontologiquement,
01:14:58le monopole du terrorisme intellectuel.
01:15:00Ce que je veux dire par là, c'est que j'ai deux points d'accord,
01:15:02par rapport à ce que vous venez de dire.
01:15:03C'est qu'évidemment, il y a toute une tradition de la gauche
01:15:06qui a pratiqué à grande échelle l'intolérance.
01:15:09Fameuse phrase de Simone de Beauvoir sur l'erreur qui est plurielle
01:15:12et la vérité qui est unique.
01:15:13Ce n'est pas par hasard si la droite professe le pluralisme.
01:15:15Je suis d'accord avec vous aussi, historiquement,
01:15:17pour dire qu'on n'a pas fait le Nuremberg du communisme
01:15:20et qu'on a été aidé, vous parlez de l'URSS,
01:15:22mais ce n'est pas le seul exemple d'ailleurs
01:15:24de régime absolument criminel et qu'on a eu une forme d'indulgence,
01:15:28certains en ont eu, mais est-ce que ça ne veut pas dire
01:15:31qu'il n'y a pas aussi des formes de terrorisme intellectuel,
01:15:34si on admet le concept, ou d'intolérance,
01:15:36qui viennent de la droite ?
01:15:37Et on pourrait donner juste deux exemples aux États-Unis.
01:15:39Aux États-Unis, la lutte contre les intellectuels communistes
01:15:42et les artistes communistes a été extrêmement violente
01:15:45et elle a pratiqué le terrorisme intellectuel.
01:15:47Philippe Roth a écrit un très beau roman là-dessus
01:15:48qui s'appelait « J'ai épousé un communiste ».
01:15:50Et aujourd'hui, quand vous voyez que le gouverneur de Floride
01:15:53interdit un certain nombre de livres dans des écoles,
01:15:56notamment des romans, parce qu'il juge que ce sont des romans
01:15:59qui portent atteinte aux bonnes mœurs,
01:16:00est-ce qu'il n'y a pas aussi là une forme de terrorisme intellectuel ?
01:16:03Monsieur Sévillat ?
01:16:04Alors il est évident que le terrorisme intellectuel peut exister à droite
01:16:07et le maccartisme que vous venez d'évoquer
01:16:10est une forme de terrorisme intellectuel qui venait de la droite américaine.
01:16:13Maintenant, toute situation sociopolitique s'analyse dans un contexte précis.
01:16:17Donnez, moi je parle de la situation de la France,
01:16:20ce n'est pas un livre sur l'histoire des États-Unis,
01:16:22moi je parle de la situation en France.
01:16:24En France, le débat d'idées et le monde culturel
01:16:27est dominé par la gauche depuis l'après-guerre.
01:16:29Voilà, c'est une donnée, c'est hic et tenangue,
01:16:31c'est comme ça en ce moment.
01:16:33Dans 100 ans, ça aurait pu être différent,
01:16:35mais l'histoire, je suis historien et journaliste,
01:16:38j'analyse les choses telles qu'elles sont aujourd'hui.
01:16:41Ce qui est incroyable, c'est qu'il y a du pluralisme dans le jeu électoral.
01:16:44Aujourd'hui, c'est une évidence,
01:16:46mais que dans tous les domaines sociaux, c'est ce que vous dites,
01:16:48ce pluralisme n'est pas représenté.
01:16:50Georges Fenech ?
01:16:51Moi, la question que je me pose, M. Sevilla,
01:16:53c'est dans le domaine de la presse.
01:16:55Vous appartenez, vous êtes journaliste également.
01:16:58Comment se fait-il ?
01:16:59Je crois que la dernière enquête qui a été faite remonte à 2012,
01:17:02si je ne me trompe.
01:17:04C'était une enquête Harris Interactive
01:17:07sur une déclaration spontanée,
01:17:0974% des journalistes se déclaraient de gauche.
01:17:13Il n'y a pas eu d'enquête plus récente,
01:17:15mais j'imagine qu'on doit être toujours dans ces ordres de grandeur.
01:17:20Comment se fait-il que la presse française
01:17:22soit prédominante de gauche ?
01:17:25Pourquoi ?
01:17:26Est-ce qu'il y a une explication à cela ?
01:17:27Oui, il y a de l'endogamie, il y a de l'autorecrutement.
01:17:30L'endogamie, vous dites ?
01:17:31Oui, ça a longtemps existé.
01:17:33Je veux dire, il se trouve que maintenant,
01:17:35depuis une dizaine d'années,
01:17:37il y a des nouveaux groupes médiatiques qui se forment.
01:17:40Je suis accueilli aujourd'hui par un de ces groupes
01:17:43qui donne un espace nouveau.
01:17:45Enfin, pas dans très longtemps.
01:17:46Moi, quand j'ai commencé,
01:17:48pour être un jeune journaliste à la fin des années 70,
01:17:52il n'y avait que deux groupes de presse
01:17:54qui n'étaient pas à gauche,
01:17:55c'était Le Figaro et Valeurs actuelles.
01:17:57Donc, il y a aussi cette question-là,
01:17:59il y a qui va vous empoigner ?
01:18:01Je veux dire, dans le service public,
01:18:03qui emploient des dizaines et même des centaines
01:18:06et même des milliers de journalistes,
01:18:07faire carrière en pensant à droite dans le service public,
01:18:11à la télévision, ça me paraît très compliqué.
01:18:13Ou alors, on vous relègue aux chiens dégrasés,
01:18:16ou à lire des dépêches, c'est une donnée.
01:18:19Donc, c'est aussi un problème d'offre du travail.
01:18:23Il y a un conformisme dans les écoles de journalisme
01:18:27qui est donné, qui est structurel, générationnel.
01:18:30Et ensuite, il y a quelle place pour le marché du travail ?
01:18:33Alors, aujourd'hui, les choses s'élargissent un petit peu
01:18:35et je m'en réjouis,
01:18:37puisque ça permet à des jeunes confrères
01:18:39qui sont mouris de talent,
01:18:40de commencer à se faire un nom.
01:18:43Enfin, le système a été, de temps en temps, fermé-fermé.
01:18:46C'est ce que vous dites, d'ailleurs.
01:18:47C'est pour ça que cette édition est réactualisée.
01:18:49Vous dites que le climat, en somme, a changé depuis 2000.
01:18:52Il y a plus de pluralisme, de voix de droite,
01:18:54mais quand même, ça reste très corseté dans certains milieux,
01:18:57effectivement, les écoles de journalisme.
01:18:59La justice aussi, Jean-Phénix, peut en parler longuement.
01:19:03Oui, le terrorisme syndical.
01:19:05T'assures.
01:19:07Dont vous avez parlé dans votre livre également.
01:19:09Dont j'ai parlé, oui.
01:19:10Il faudrait que je le réactualise aussi.
01:19:11Oui, aussi, tout à fait.
01:19:13Philippe Lévy.
01:19:14Mais il y a une chose intéressante, quand même.
01:19:16C'est que, comme vous le disiez très justement,
01:19:18l'éducation nationale, c'est très à gauche.
01:19:20Les écoles de journalisme, c'est très à gauche.
01:19:22Et pourtant, le pays n'a jamais été aussi à droite.
01:19:25Parce que si on regarde l'effet, la gauche toute mouillée,
01:19:28c'est 30% des voix.
01:19:30Oui ou non ?
01:19:31Je sais pas, justement, c'est 30% des voix.
01:19:33Pourquoi ?
01:19:34Parce que je pense que c'est Elisabeth Badinter
01:19:36qui a résumé la situation en une phrase lapidaire et très courte.
01:19:40Un jour, la réalité vous pète à la gueule.
01:19:43Je cite Elisabeth Badinter.
01:19:45Parce qu'aujourd'hui, face au réel,
01:19:48qui fait que tout le catéchisme qu'on a eu pendant des années,
01:19:52que l'insécurité était un fantasme,
01:19:54que l'immigration ne posait aucun problème,
01:19:57tout ce qu'on nous a répété,
01:19:59que le libéralisme c'était le summum de l'horreur économique,
01:20:02aujourd'hui, malheureusement, la vérité prouve
01:20:05que tout ce qu'on nous a raconté était faux.
01:20:08Et puis, il y a une chose que j'aimerais savoir quand même,
01:20:10parce que Libé et Le Monde,
01:20:13qui ont encensé les Khmers rouges quand ils sont arrivés au pouvoir,
01:20:16les uns écrivaient le Khnumpen libéré,
01:20:18et les autres que c'était un déferlant de joie
01:20:22dans la capitale cambodgienne.
01:20:23Est-ce qu'ils ont déjà fait leurs excuses ?
01:20:25Et d'ailleurs, je crois que vous avez eu un débat
01:20:27avec Laurent Geoffrin,
01:20:28qui a été également directeur de Libération,
01:20:30dans l'excellente émission de Jenny Bastier
01:20:32pour le Figaro.
01:20:34C'est intéressant, je pense que vous aviez des avis
01:20:36qu'on ne peut plus opposer.
01:20:37Totalement opposé.
01:20:38Oui, vous confirmez.
01:20:39Alors, peut-être répondre à Philippe.
01:20:41Effectivement, pourquoi une société semble être,
01:20:44est de Dorat, avec cette hégémonie culturelle de gauche ?
01:20:48Je ne sais pas combien de temps ça durera,
01:20:50mais je le constate, c'est tout.
01:20:51Mais vous avez raison,
01:20:52ce n'est ni Libé, ni Le Monde,
01:20:55c'est des événements que je raconte d'ailleurs dans mon livre,
01:20:58n'ont fait leur mea culpa,
01:21:00ne se sont effusés pour ce qu'ils ont écrit
01:21:03sur le génocide cambodgien, etc.
01:21:06Mais on pourrait multiplier la façon
01:21:08dont ces journaux ont accueilli Solzhenitsyn.
01:21:10On l'a oublié, Solzhenitsyn en France
01:21:12a été extrêmement mal accueilli,
01:21:13parce qu'il revenait à remettre en cause le communisme
01:21:17à une époque où il y avait encore des ministres communistes.
01:21:19Le livre noir du communisme en 1997
01:21:23a été très mal accueilli,
01:21:24parce qu'à l'époque, c'était la gauche plurielle,
01:21:26Lionel Jospin.
01:21:27Il y avait encore des ministres communistes,
01:21:29il ne fallait pas mettre en cause le communisme.
01:21:30Il y a deux classes.
01:21:32Mais en effet, il y a une dichotomie
01:21:35entre un pays qui massivement est en attente de régalien,
01:21:41d'autorité, de rétablissement de l'ordre,
01:21:44de remise en état des affaires de l'État
01:21:47et une classe, un groupe médiatique,
01:21:53des élites socio-culturelles
01:21:56qui professent un discours
01:21:58qui est à rebours de la réalité.
01:22:00Et je pense que c'est aussi d'ailleurs un peu...
01:22:03Ça ne colle pas exactement au clivage gauche-droite,
01:22:05parce qu'on a parlé de l'immigration.
01:22:07Si vous demandez, dans les sondages,
01:22:0952% des électeurs socialistes pensent aussi
01:22:14qu'il y a trop d'immigrés en France.
01:22:16Donc on ne peut pas réduire ça au débat gauche-droite.
01:22:19On va arriver à vous, Nathan,
01:22:21vous lui poser de nouveau une question.
01:22:22Sabrina Medjuber et Sophie Audugé.
01:22:24Il y a énormément de choses à dire sur votre ouvrage.
01:22:27Vous parliez tout à l'heure de la façon
01:22:29dont la gauche a préempté
01:22:31les milieux académiques et médiatiques.
01:22:35Il me semble qu'à mon sens,
01:22:38parler de guerre, de terrorisme intellectuel
01:22:42dans ces milieux-là, c'est une chose.
01:22:44Mais il ne faut pas, à mon sens,
01:22:46escamoter non plus que les guerres
01:22:47peuvent se larver parfois dans les familles
01:22:49et dans les quartiers en France
01:22:51où la liberté de conscience n'existe quasiment plus.
01:22:54Suivant les cas, il y a un écrivain
01:22:56que nous avons reçu ici
01:22:57qui a parlé carrément d'un guide de survie
01:22:59d'un ex-musulman.
01:23:01Donc moi, je voulais savoir,
01:23:02puisque la liberté de conscience
01:23:03étant le point névralgique finalement
01:23:05de la diffusion des idées
01:23:06et donc de la liberté d'expression,
01:23:09que pensez-vous aujourd'hui
01:23:11de l'existence ou de la consistance
01:23:13de la liberté de conscience en France ?
01:23:15C'est évident qu'il y a des quartiers français,
01:23:18150 ou 300, je ne sais pas, quartiers,
01:23:21qui sont d'abord des zones de non-droit
01:23:23et où en effet, une jeune femme n'a pas le droit,
01:23:25ne peut pas se promener en jupe, par exemple,
01:23:27etc.
01:23:28Donc c'est évident,
01:23:29et ça n'est que, je dirais,
01:23:30la vision extérieure des choses.
01:23:31Oui, bien entendu,
01:23:32la liberté de conscience est menacée.
01:23:34Ce qui est frappant aussi,
01:23:36c'est qu'il y a,
01:23:37c'est là où le terrorisme intégral joue,
01:23:38il joue par passivité, si vous voulez.
01:23:40C'est-à-dire que c'est le genre de sujet
01:23:42qu'on ne veut pas aborder,
01:23:43il ne faut pas fâcher,
01:23:44il ne faut pas faire d'amalgame,
01:23:45pour ne pas faire,
01:23:47c'est la question de l'islamobible,
01:23:49ne pas faire,
01:23:51on ne veut pas dénoncer l'islamisme
01:23:54pour ne pas faire d'amalgame avec l'islam.
01:23:56Mais je veux dire,
01:23:57personne ne fait d'amalgame.
01:23:58Enfin, si,
01:23:59on va trouver des extrémistes
01:24:00qui font des amalgames.
01:24:01Mais enfin,
01:24:02il y a de bon sens
01:24:03que l'islam et l'islamisme
01:24:05sont deux réalités distinctes.
01:24:07Donc,
01:24:08mais tout ça,
01:24:10c'est un système de mensonge
01:24:12qui est très, très, très placé.
01:24:13Et de ce point de vue-là,
01:24:14il y a,
01:24:15enfin,
01:24:16il y a quand même,
01:24:17je pense,
01:24:18il y a quand même un,
01:24:19il y a à la fois un réveil
01:24:20chez les citoyens,
01:24:21on le voit bien,
01:24:22on le voit électoralement,
01:24:23mais en même temps,
01:24:24il y a sûrement une minoration du problème.
01:24:26Et la minoration vient aussi,
01:24:27malheureusement,
01:24:28du sommet de l'État.
01:24:29Quand on parle des grands responsables,
01:24:31quand on discute avec des responsables
01:24:33de la sécurité intérieure,
01:24:34ils font un bilan assez effrayant
01:24:36de la situation dans laquelle nous sommes.
01:24:38Vous avez vu le débat
01:24:39sur le sentiment de subversion migratoire
01:24:40à quoi il a conduit.
01:24:41Et les politiques
01:24:42sont plutôt silencieux sur le sujet.
01:24:44Sophie Audugé également.
01:24:45Oui, bien écoutez,
01:24:46je partage tout à fait
01:24:47au sein de l'éducation nationale.
01:24:49Il existe un terrorisme intellectuel
01:24:52qui empêche une grosse partie
01:24:54des enseignants
01:24:55d'exprimer leur point de vue,
01:24:57de faire leur travail,
01:24:58puisque ça les empêche même
01:24:59de faire leur travail.
01:25:00Et on a tout un système
01:25:02éducation nationale
01:25:03qui est dirigé et piloté
01:25:04par des idéologues
01:25:06et qui ne sont plus au service
01:25:08de la mission de l'institution.
01:25:11Et ce sur quoi je voulais
01:25:12vous interroger également,
01:25:13c'est que depuis quelques années,
01:25:16moi j'ai le sentiment
01:25:18que l'État ultra-puissant,
01:25:20ceux qui nous gouvernent
01:25:21à la tête de l'État,
01:25:22ont créé des agences parallèles
01:25:25dont ils font extraire des analyses,
01:25:28des statistiques, des enquêtes
01:25:31qui vont aller dans le sens de l'État.
01:25:33On n'est pas très loin
01:25:34d'un État totalitaire
01:25:35quand on commence à créer,
01:25:36en plus de ces institutions,
01:25:37des agences soi-disant
01:25:39qui ne sont pas l'institution,
01:25:40mais infiltrées avec des dirigeants
01:25:42qui proviennent de l'institution
01:25:43pour dire la même chose
01:25:44que le gouvernement.
01:25:45C'est-à-dire pour rafraîchir
01:25:46la bonne parole, c'est ça ?
01:25:47Le peuple, oui.
01:25:48Oui, ça participe, selon vous ?
01:25:52Ça conforte le terrorisme intellectuel,
01:25:55ça conforme l'idéologie dominante,
01:25:57c'est évident,
01:25:58mais dans le cas de l'éducation nationale,
01:25:59il y a aussi une responsabilité lourde
01:26:01de l'État et de la droite.
01:26:02C'est-à-dire qu'on a abandonné,
01:26:03dès les années 60, c'est vieux,
01:26:05c'est à l'époque du triomphant,
01:26:07du gaullisme triomphant,
01:26:08on a abandonné l'éducation nationale
01:26:09à la gauche.
01:26:10Donc la droite pensait
01:26:11que les idées, au fond,
01:26:12ça n'avait pas grand intérêt.
01:26:13Donc en réalité, on s'aperçoit
01:26:15que tout ça a des incidences considérables.
01:26:17Les exemples sont infinis,
01:26:19et pour les découvrir,
01:26:20argumenter et présenter,
01:26:21mis en avant dans ce livre,
01:26:22Jean-Sévia,
01:26:23Les habits neufs du terrorisme intellectuel,
01:26:25préfacés par notre ami Mathieu Boccoté.
01:26:27Je crois que vous pourrez échanger,
01:26:29pardonnez-moi Nathan,
01:26:30après la pause,
01:26:31on arrive à la fin.
01:26:32Merci, c'est passionnant,
01:26:33véritablement,
01:26:34et c'est vrai qu'il faut souvenir
01:26:36des débats, à l'époque,
01:26:37en 2000,
01:26:38quand vous aviez utilisé
01:26:39cette expression
01:26:40de terrorisme intellectuel,
01:26:41mais encore aujourd'hui,
01:26:42certains vous reprochent
01:26:43de parler de terrorisme intellectuel.
01:26:45On va la rapprocher,
01:26:46Georges Offrin me la rapprochait,
01:26:47l'autre jour.
01:26:48Merci de l'avoir présenté,
01:26:49Jean, merci.
01:26:50Merci d'avoir été avec nous
01:26:51pour Medi-News.
01:26:52On se retrouve demain,
01:26:53ça me met un grand plaisir,
01:26:55et ce livre est aux éditions Perrin,
01:26:57édition réactualisée à lire.
01:26:59Merci à vous.