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Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des Indépendants et des très petites entreprises, les TPE, invité du Camille Revel, le 5 février

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00:00Bonsoir à toutes et à tous, François Bayrou, face aux motions de censure, il y en a deux.
00:08Le Premier ministre a eu recours au 49-3 pour faire passer le budget de l'État et
00:12celui de la Sécurité Sociale.
00:13La France Insoumise a déposé ses motions qui devraient être rejetées.
00:18Bonsoir Jean-Guylain Mdarré.
00:19Bonsoir.
00:20Vous êtes délégué général du Syndicat des indépendants et des très petites entreprises,
00:23les TPE, l'immense majorité du tissu des entreprises françaises.
00:27On va voir ce qu'il se passe dans les heures qui viennent mais normalement le gouvernement
00:31devrait tenir et le budget être adopté, est-ce que c'est une bonne chose pour vous ?
00:35Le fait qu'on entre peut-être dans une phase de stabilité politique est un élément positif
00:43à la fois pour les consommateurs et pour les entreprises.
00:45Maintenant, je ne vous cacherai pas que le budget tel qu'il va passer potentiellement
00:50ne nous satisfait pas entièrement.
00:52Vous écrivez dans un communiqué « la stabilité politique obtenue dans la préparation du
00:56budget se paiera au prix fort pour nos entreprises et notre économie ». Oui, je pense qu'on
01:00peut dire que ça ne vous satisfait pas.
01:01Non.
01:02Qu'est-ce qui ne va pas ?
01:03Ça va coûter cher parce qu'on va avoir, en fait c'est simple, le budget tel qu'il
01:07est conçu, il y a une augmentation des prélèvements obligatoires et il n'y a pas de baisse,
01:12en tout cas en volume, pour le budget de l'État.
01:16Donc c'est encore une fois, les entreprises qui vont payer, elles vont payer au travers
01:20d'augmentation de taxes, au travers d'augmentation de charges, au travers de la baisse de certaines
01:25aides, les aides sur les salaires, les aides au niveau de l'apprentissage et donc encore
01:29une fois, ce sont les entreprises qui vont payer le prix fort pour cette stabilité.
01:33Est-ce que vous diriez comme un Bernard Arnault ou un Patrick Pouyanné qu'il y a trop de
01:36pression fiscale ?
01:37Je crois que nous on a parlé de froid entrepreneurial assez tôt en juillet dernier et c'est intéressant
01:46de voir que les grandes entreprises nous rejoignent sur ce thème, peu importe quelle que soit
01:50la taille de l'entreprise, à partir du moment où la fiscalité, la fiscalité pure ou que
01:55ce soit les charges sociales étouffent les entreprises, on n'y arrive pas.
02:00Est-ce que vous entendez l'argument, voilà l'état des finances publiques, il faut un
02:04peu que tout le monde prenne sa part ?
02:05Alors oui, simplement ça fait des années, budget après budget, on voit que ce sont
02:11toujours les mêmes qui prennent leur part mais on ne voit pas aujourd'hui, encore une
02:15fois concrètement, en quoi l'État, lui, prend sa part.
02:19Il y a une mesure dans ce budget post-commission mixte paritaire qui fait que davantage de
02:24petites entreprises vont devoir s'acquitter de la TVA, le seuil d'exemption diminue,
02:29il y avait plusieurs cas de figure, mais là il est ramené à 25 000 euros de chiffre
02:33d'affaires annuelles, ça fait bondir la Fédération des auto-entrepreneurs.
02:36Vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
02:38C'est vrai que c'est un coup dur pour les micro-entrepreneurs, très clairement.
02:42Maintenant, pour un certain nombre, voire peut-être pour la totalité des entrepreneurs
02:47individuels classiques qui, eux, acquittent cette TVA, ça représente quelque part une
02:54modification de l'équilibre économique et peut-être ça rétablit une certaine égalité
02:59entre les différentes formes d'activité.
03:01Quelles conséquences ça peut avoir, une telle mesure ?
03:03Au niveau des micro-entrepreneurs, vraisemblablement, il y en a un certain nombre qui vont cesser
03:07leur activité parce qu'on n'est pas du tout dans la simplification administrative,
03:12et pour d'autres, ils vont vraisemblablement limiter leur chiffre d'affaires.
03:18Limiter leur chiffre d'affaires, ça veut dire diminuer leur activité ou du travail dissimulé ?
03:22Ça peut être les deux.
03:24Diminuer le chiffre d'affaires, effectivement, c'est limiter son activité ou poursuivre
03:28une activité, mais pour une part, dissimulée.
03:31Qu'est-ce qu'il faudrait faire sur cette question-là, plus largement, cette question
03:34de l'exemption de TVA ou pas ?
03:35Vous savez, la micro-entreprise existe maintenant depuis 2009, on a beaucoup parlé de cette
03:42histoire de concurrence, dans quelles conditions on paye la TVA ou pas, quelles étaient les
03:47charges sociales, les charges fiscales.
03:48Les micro-entrepreneurs, aujourd'hui, sont inscrits dans le paysage, ça représente
03:5364% des nouvelles structures qui sont créées chaque année, mais néanmoins, leur part
03:59est extrêmement faible dans l'apport économique, ça représente en gros 5% du chiffre d'affaires
04:05qui est réalisé à l'année par l'intégralité des entreprises de moins de 10 salariés.
04:08Mais ils sont là, ils ont un rôle à jouer, et il faut réfléchir de façon globale à
04:14la place de ces micro-entrepreneurs dans notre structure économique.
04:18Comment vont-ils, aujourd'hui, vos adhérents ? Comment abordent-ils 2025 ?
04:21De façon très négative, on a réalisé une enquête récemment, 88% d'entre eux nous
04:26disent qu'ils n'ont pas le moral, voilà, très clairement, mais en miroir finalement
04:32à ce qu'ils voient auprès de leurs consommateurs, qui sont moins présents, qui dépensent moins,
04:37qui sont inquiets de l'avenir.
04:38Qu'est-ce qu'on va devenir ? Alors, encore une fois, on en parlait tout à l'heure, la
04:43stabilité politique, bon, déjà, encore une fois, elle va se payer au prix fort pour
04:47les entreprises, mais elle est encore extrêmement fine, finalement, on ne sait pas vraiment
04:53ce qui va se passer dans l'avenir, on s'inquiète, parce qu'on sait très bien que le budget
04:56tel qu'il est prévu aujourd'hui, bon, il est juste.
05:00Ce qui va se passer en 2025, on le sait à peu près, ce qui va se passer en 2026, ça
05:05pourrait être encore pire.
05:06Pas le moral, pas de confiance, donc pas de recrutement ?
05:08Pas de recrutement, pas d'investissement, ça, on nous le dit depuis le mois de juillet,
05:14extrêmement lié à l'attente, finalement, de ce qui va se passer, bon, là, on va voir
05:19si, effectivement, la motion de censure n'est pas votée, on va voir comment vont évoluer
05:22les choses, à la fois au niveau des recrutements et des investissements, néanmoins, compte
05:28tenu de la pression fiscale, ça va être très difficile d'avoir un rebond économique.
05:33Vous avez eu des défaillances, aussi, porte-hôtes ?
05:35L'année dernière, il y a eu une augmentation de 19% des défaillances, il y a 68 000 entreprises
05:41qui ont fermé leurs portes, dont 92% d'entreprises de moins de 10 salariés, mais ça, c'est
05:47presque la partie émergée de l'iceberg, parce que vous avez aussi ce qu'on appelle
05:50les cessations volontaires d'activité, il y en a eu 160 000 l'année dernière, c'est-à-dire
05:54des personnes qui disent, ouais, c'est bon, j'en peux plus, on n'y arrivera pas, et avant
06:01que ce soit trop tard, avant qu'on vienne me prendre mes biens, avant que j'y laisse
06:05des plumes, j'arrête mon activité.
06:06En un mot, si vous aviez un appel à lancer à l'exécutif, ce serait quoi ?
06:10Tenir en fin compte des entreprises dans leur globalité, des petites entreprises, évidemment,
06:16de façon plus importante, baisser le budget de l'État, de façon importante, et avoir
06:23la possibilité aussi, pourquoi pas, d'augmenter la durée du travail dans nos entreprises,
06:28de façon à ce qu'on puisse payer mieux nos salariés, parce qu'ils travailleront plus,
06:32parce qu'on créera plus de richesses, et auquel cas tout le monde y gagnera.
06:35Jean-Guylain Mdarré, vous êtes le délégué général du SDI, le syndicat des indépendants
06:40et des très petites entreprises, vous étiez ce soir l'invité d'Écoute France Info.
06:43Merci à vous.

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