Mercredi 5 février 2025, SMART BOURSE reçoit John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud) , François Chaulet (Président, Montségur Finance) , Jean-Jacques Friedman (Directeur de gestions déléguées, Vega IS) et Samy Chaar (Chef économiste, Lombard Odier)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés, chaque jour du lundi au vendredi à 20h30, si vous nous suivez
00:16à la télévision via vos box, émissions que vous retrouvez en parallèle en replay
00:20chaque jour sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, Alphabet, la maison mère de Google, qui trébuche
00:31d'un sommet boursier, il faut quand même remettre les choses en perspective, mais effectivement
00:35la sanction est assez lourde pour le titre Alphabet Google pour une capitalisation de
00:40cette taille-là, il y a plus de 2 000 milliards de dollars de capitalisation boursière pour
00:44Alphabet Google avec un problème de capacité, c'est exactement ce qu'explique le management
00:50de Google aujourd'hui, comme on avait eu le cas du côté de Microsoft, il faut continuer
00:54de développer nos capacités de serveurs, d'infrastructures en IA parce que la croissance
01:01ralentit du fait de ces capacités trop contraintes aujourd'hui, résultat, la direction d'Alphabet
01:07Google va mettre les bouchées doubles sur les CAPEX en 2025, des CAPEX 2024 qui étaient
01:12ressortis à plus de 50 milliards de dollars investis dans les infrastructures IA et qui
01:17vont passer à 75 milliards sur l'année 2025, c'est 30% de plus que ce qu'estimait le consensus
01:23des analystes, d'où cette sanction boursière, Alphabet qui fait partie des grandes entreprises
01:29qui auront publié leurs résultats aujourd'hui, d'autres en Europe notamment, on pourra parler
01:33de Novo Nordisk, Total Energy à Paris ou encore Crédit Agricole dans le secteur bancaire,
01:38Pauline vous donnera tous les détails de ces publications dans un instant.
01:42L'autre dossier business du jour qui est en train de couler, c'est l'idée de la fusion
01:46entre Nissan et Honda, une fusion à plusieurs dizaines de milliards de dollars qui devait
01:51donner naissance au quatrième groupe mondial automobile, la fusion est plus qu'en péril
01:57désormais puisque le board de Nissan a rejeté l'offre qui a été faite par Honda, au départ
02:02la fusion devait se faire entre égaux et puis Honda visiblement a pris ces derniers
02:07temps une position différente en essayant de racheter Nissan avec une prime qui n'était
02:12pas à la hauteur de la valeur de Nissan selon le management et la direction de l'entreprise,
02:18on notera que le titre Renault est affecté aujourd'hui sur le marché parisien, Renault
02:22qui détient encore une bonne participation au capital de Nissan et puis n'oublions pas
02:27Trump bien sûr, on est dans la troisième semaine d'exercice du pouvoir de Donald Trump,
02:33Trump est sur tous les fronts, nous en parlerons bien sûr dans un instant avec nos invités
02:36de Planète Marché et dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse tout à l'heure avec
02:40l'idée de comparer un petit peu les débuts de Trump 2.0 par rapport à ce qu'on a pu
02:46connaître dans son premier mandat, notamment sur le front commercial, le jeu des sept
02:52différences si je puis dire, ce sera avec John Plassard, spécialiste en investissement
02:56de Mirabeau qui sera avec nous à distance en visio dans le dernier quart d'heure de
03:00Smart Bourse ce soir.
03:01Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel vous apporte
03:14les infos clés du jour sur les marchés.
03:16Bonsoir Pauline.
03:17Bonsoir.
03:18Pas de grande tendance aujourd'hui, notamment quand on regarde les indices actions qui évoluent
03:21en ordre dispersé.
03:23Oui voilà, en Europe le CAC 40 est en léger repli mais toujours autour des 7900 points.
03:27Aux Etats-Unis, après les résultats d'Alphabet et AMD, le Nasdaq ouvre en repli.
03:32On va y revenir mais d'abord place à l'enquête ADP qui montre que l'économie américaine
03:36a créé plus d'emplois que prévu avec 183 000 créations en janvier, le chiffre de décembre
03:42a été révisé à la hausse de 54 000 créations.
03:45Bon, des données d'emploi toujours positives, on verra ce qu'il en est avec le chiffre de
03:48vendredi pour l'ensemble du marché du travail américain.
03:52En revanche, on note une décélération dans les services à travers l'ISM Service publié
03:58cet après-midi.
03:59Oui, l'enquête de conjoncture dans les services pour le mois de janvier montre un ralentissement
04:03inattendu de l'activité dans ce secteur.
04:05L'ISM Service ressort à 52,8 quand le consensus attendait un indicateur stable autour de 54.
04:11Bon, le marché obligataire digère ces chiffres et retient justement ce petit affaiblissement
04:18dans l'activité de service aux Etats-Unis.
04:20Oui, aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans se détend d'une dizaine de points de base
04:23en rond 4,40%.
04:25En Europe, le rendement allemand à 10 ans s'établit autour de 2,35%.
04:29Le rendement français de même échéance autour de 3,05%.
04:33Le spread franco-allemand tourne autour des 70 points de base.
04:36Enfin, sur le marché d'échanges, le dollar continue à se détendre avec un euro-dollar
04:40se traitant autour de 1,0420.
04:42Venons-en au gros morceau des résultats d'entreprises, à commencer par ceux d'Alphabet.
04:47La maison mère de Google fait état de résultats décevants avec un chiffre d'affaires de 96,5 milliards de dollars
04:53pour le quatrième trimestre en hausse de 12% sur un an.
04:56Plus précisément, c'est la branche cloud qui déçoit les investisseurs avec des revenus inférieurs aux attentes.
05:02Alphabet a annoncé investir 75 milliards de dollars dans l'IA en 2025.
05:06Le titre ouvre un repli de 8% à Wall Street.
05:09Gros plongeon également pour le titre AMD qui chute de 10% à l'ouverture du marché américain tout à l'heure.
05:16Oui, le problème vient des revenus des puces d'IA qui ne sont pas à la hauteur des espérances.
05:21AMD fait pourtant état d'un chiffre d'affaires record au quatrième trimestre à 7,7 milliards de dollars, plus 24% sur un an.
05:28Pour l'ensemble de l'année 2024, le chiffre d'affaires ressort à 26 milliards de dollars.
05:32Son concurrent Nvidia en profite et ouvre en hausse de plus de 3%.
05:35A l'opposé, parmi les publications qui sont saluées par les investisseurs, celle de Walt Disney.
05:40L'entreprise annonce des revenus du quatrième trimestre qui progressent de 5% à 25 milliards de dollars.
05:46C'est légèrement supérieur aux attentes.
05:48Le bénéfice ajusté par action bondit par ailleurs de 45% et le bénéfice d'exploitation progresse de 30%.
05:55Le titre grimpe de 4%.
05:57Et puis un titre qui repart en Europe aujourd'hui en tout cas, c'est Novo Nordisk,
06:02qui a dévissé quand même de 40% par rapport au sommet historique qui avait été atteint l'été dernier.
06:07Oui, c'est la valeur du jour en Europe.
06:09Novo Nordisk fait état de résultats supérieurs aux attentes et anticipe que ses ventes vont continuer à croître cette année.
06:16Son bénéfice d'exploitation progresse de 25% en 2024 à 17 milliards d'euros.
06:21Le titre progresse de 4% à Copenhague.
06:23Dans son sillage, Elie Lillier est en hausse de 1% à l'ouverture de Wall Street.
06:27Et puis dans le secteur bancaire, en France notamment, les publications se poursuivent avec celles de Crédit Agricole aujourd'hui.
06:32Oui, c'est une très bonne copie rendue par Crédit Agricole qui dépasse les attentes et annonce avoir atteint en 2024 tous ses objectifs prévus pour 2025.
06:40Comme pour BNP IR, Crédit Agricole est porté par la Banque de Financement et d'Investissement.
06:45Le titre est en légère hausse.
06:46Et puis le titre Total Energy profite également de la publication du groupe.
06:49Oui, le groupe fait état d'un repli de plus de 25% de son bénéfice sur l'année 2024 à cause de prix de l'énergie moins favorable
06:56et de marge de raffinage en repli.
06:58Mais Total Energy augmente son dividende de 7% au titre de 2024.
07:02Le titre est en hausse de plus de 1%.
07:04La micro qui restera un marqueur de la séance de demain également Pauline.
07:08Oui, la journée sera très chargée.
07:09On attend Amazon, L'Oréal, Vinci, Société Générale, Unibail et ArcelorMittal.
07:14Et puis on attend aussi la décision monétaire de la Banque d'Angleterre demain.
07:17Tendance mon ami.
07:18Chaque soir, en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
07:263 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
07:36François Chollet est avec nous, le président de Bonseigur Finance.
07:39Bonsoir François.
07:40Bonsoir.
07:40Samy Char nous accompagne également, chef économiste de Lombardodier.
07:43Bonsoir Samy.
07:44Bonsoir.
07:45Et Jean-Jacques Friedman que nous retrouvons également, directeur de gestion déléguée de Vega IS.
07:49Bonsoir Jean-Jacques.
07:50Bonsoir Nicolas.
07:51Ravis de vous retrouver messieurs.
07:52Merci beaucoup d'être là.
07:54Parlons de Trump.
07:55Évidemment, on est dans la troisième semaine d'exercice du pouvoir de Donald Trump.
07:59Et je partage un commentaire avec vous Jean-Jacques, puisqu'on en discutait avant de prendre l'antenne.
08:05C'est vrai qu'on a tous en tête, en tout cas beaucoup de commentateurs,
08:10loups d'ailleurs, la capacité transactionnelle d'un Donald Trump, le dealmaker, le roi du deal.
08:17Quand je regarde le bilan des deux premières semaines de mandat de Trump,
08:22je vois quand même qu'il a cédé très très vite dans la négociation avec le Mexique, avec le Canada,
08:28après avoir utilisé la menace de 25% de tarifs, c'est-à-dire une masse pour écraser une noisette.
08:35Et que face à ça, je n'ai pas l'impression que le Canada et le Mexique aient cédé quoi que ce soit par rapport à l'existant.
08:41On le partageait, je suis tout à fait d'accord.
08:43Un vrai négociateur, ça prend du temps.
08:46Quand on est dans une telle position de force et de dealer au bout de 24 heures, je ne trouve pas que c'est un exploit.
08:51Sans rien obtenir.
08:52Les commentaires sont très laudatifs, comme si on était absolument impressionnés que sa parole allait être performative
08:59et que ça allait fonctionner sur tout, alors que c'est assez dangereux.
09:02Alors je pense que ça sera quand même plus compliqué sur la Chine et sur l'Europe.
09:06Moi, ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'une partie des économistes aussi qui entourent Trump
09:11ou des économistes avec lesquels on peut discuter aux États-Unis, ont un peu la même foi aveugle que nous, on ne ressent pas.
09:16Parce qu'on sait mécaniquement qu'il n'y a qu'à avoir les gens qui bossent et qui concourent à la croissance, au financement des États-Unis.
09:26On ne peut pas les enlever, les déporter, etc.
09:28Donc on pouvait se dire, il peut y avoir une mesure un peu symbolique, mais les gens croient à des choses qui économiquement ne marchent pas.
09:34Donc c'est ça qui peut être un peu dangereux et qui peut faire que dans une situation consensuelle où plus personne ne croit à une possible récession,
09:41tout le monde voit une croissance entre deux ou trois des États-Unis.
09:44Si on fait de grosses bêtises économiques, avec des barrières tarifaires, avec du doute, ça peut coincer à un moment donné.
09:52C'est le biais de surconfiance qui mène à la faute de carte.
09:56Oui, et surtout dans un environnement qui va absolument dans son sang.
10:02Donc c'est ça un peu le danger possible qu'on voit. Oui, tout à fait.
10:06Bon, vous l'avez dit, peut-être que Mexique et Canada, c'était la partie facile quand même de l'histoire commerciale.
10:13Trump n'avait pas beaucoup d'intérêt à appliquer ses tarifs de 25% pour des économies qui sont aussi imbriquées avec la sienne.
10:20Sans doute qu'il y aurait eu un effet inflationniste au moins en première vague assez rapide.
10:26Comment vous voyez le sujet de l'affrontement ou de la conflictualité avec la Chine, l'ennemi historique traditionnel, mais aussi avec l'Europe ?
10:37Sur la Chine, les mesures de rétorsion ont été quand même assez douces pour l'instant.
10:41Sur l'Europe, on se demande ce sur quoi ça peut porter. Ça peut porter sur la technologie.
10:45Ça peut porter sans doute sur les exportations de pétrole de schiste des États-Unis, avec une réduction quand même du lien avec la Russie pour l'Europe.
10:56Mais on voit par exemple que sa position est également tournée par rapport à l'Ukraine, avec l'histoire des terres rares, qui est quand même assez surprenante aussi.
11:05Donc j'ai l'impression qu'on a toujours un temps de retard pour essayer de comprendre Trump.
11:09Il n'y a peut-être pas grand-chose à comprendre, et qu'on réinterprète tout à l'aune de ce qu'on vient de voir, en disant qu'il va dealer, etc.
11:15Ce n'est pas parce qu'il a dealé là qu'il ne peut pas y avoir des bêtises qui soient faites d'ici quelques semaines.
11:20Donc oui, je crois que ça va être plus compliqué. Parfois, historiquement, vous parliez tout à l'heure du comparatif que vous allez faire entre Trump 1 et Trump 2.
11:28Parfois, il est plus dur avec ses amis qu'il ne l'a été avec ses ennemis.
11:31On a vu des ennemis structurels. On a vu des grosses bêtises, par exemple, faites par Trump sur l'Asie, sur la politique qui entourait finalement la Chine.
11:41Donc d'autres bêtises sont possibles par la suite. Et donc je suis un peu étonné aussi du fait qu'on lui porte non pas une telle intention,
11:50mais un sentiment comme quoi, quand on exerce le pouvoir, on attache quelque chose, comme presque le roi qui guérissait des écrouelles auparavant.
11:59C'est un peu la même chose.
12:00C'est la hype Trump.
12:01La hype Trump, voilà.
12:03Prudence sur la hype Trump.
12:06Prudence sur la hype Trump. Et puis il est entouré aussi, on ne ressent pas ça en Europe, mais il est entouré de personnes qui ont une foi aveugle, et même d'économistes.
12:14Et c'est ça qui, moi, me surprend un peu aux États-Unis.
12:17Sur les terres rares, intéressant, parce que dans l'arsenal de rétorsion de Pékin, il y a les tarifs, mais il y a aussi des facteurs non tarifaires.
12:26La capacité à limiter l'exportation des terres rares, c'est quelque chose que Pékin a tout de suite remis en avant.
12:33Et dans le même temps, effectivement, on voit la négociation sur le front russo-ukrainien qui intègre la dimension terres rares ou sécurisation potentielle des terres rares ukrainiennes.
12:43Ça, au moins, par rapport à tout ce qu'on vit à l'heure actuelle, ça aurait quand même du sens économique.
12:46Oui, oui. Tout n'est peut-être pas qu'improvisation non plus, ne nous méprenons pas là-dessus.
12:53Bon, Samy, sur l'entrée en matière de Donald Trump, sur les aspects économiques, est-ce que ça éclaire la compréhension du personnage, de la stratégie de Trump et de son administration ?
13:04Est-ce que ça jette plus de troubles qu'autre chose ?
13:08Je crois que ça illustre déjà énormément ce que vont être nos quatre prochaines années.
13:11Donc je pense que sur cette table, on se réjouit énormément. C'est un vrai plaisir au quotidien.
13:15La discipline qu'on va avoir, c'est de ne pas trop trop écouter les paroles et vraiment d'essayer de se cantonner aux actes,
13:22aux actes qu'on peut mesurer et, comme on est un peu des geeks quand même, de modéliser autant que possible.
13:27Et je comprends très bien ce que dit Jean-Jacques. Il a raison par beaucoup d'aspects.
13:33Mais enfin, la réalité, c'est que les faits, les tarifs vont augmenter.
13:35Et donc, quand on doit modéliser l'impact des tarifs sur la croissance, sur les bénéfices, sur l'inflation,
13:40la réalité, c'est qu'on se retrouve quand même avec un niveau de tarif qui est plus élevé.
13:43Et franchement, si on regarde par rapport aux 60 dernières années, on va être pas très, très loin du plus haut de ce qu'on ait pu connaître.
13:51Et c'est que le début, effectivement. Parce que vous savez qu'ils sont en train de faire une révision des plans qui devront...
13:56qui devra un rapport, qui sera soumis à Trump le 1er avril. C'est peut-être là aussi que les choses sérieuses vont commencer.
14:03Encore une fois, les déclarations, le bruit, je pense qu'il faut être capable de le mettre de côté.
14:08Mais encore une fois, quand on regarde les faits, il y a 10% de tarifs sur la Chine. Ça a des effets sur les devises.
14:16Et évidemment, ça va quand même avoir un impact économique. Et je crois qu'il faut se concentrer là-dessus.
14:20Et finalement, la situation me semble être un peu l'exacerbation de ce qu'on a connu jusqu'à maintenant.
14:26C'est-à-dire quand même des conditions pour le reste du monde qui sont pas très, très favorables.
14:32Et qui font que quand même la surperformance économique, financière et bénéficiaire américaine semble être amenée à se prolonger.
14:39— Ça reste pour vous le scénario central aujourd'hui. — Absolument.
14:42— J'entends. C'est intéressant de remettre... C'est vrai que l'économie américaine est, quoi qu'on en dise, une économie quand même très, très ouverte.
14:49Enfin le marché de la consommation est quand même très ouvert. La barrière tarifaire moyenne est de 3%. C'est ça, aux États-Unis, Samy, aujourd'hui.
14:57Alors évidemment, quand on a fait le calcul en ajoutant les 25% potentiels sur le Mexique, sur le Canada, 10% sur la Chine, 10% sur l'Europe,
15:04on multiplie par 3 quasiment ce chiffre. C'est ça, Samy ?
15:07— Oui, exactement. Et on n'aura peut-être pas 25% sur les Mexicains et les Canadiens.
15:12Mais enfin on va quand même avoir un niveau global de tarifs qui va être entre 5% et 10%. — J'entends.
15:16— Le pire des scénarios, c'est qu'ils soient entre 10% et 15%, évidemment. Mais enfin entre 5% et 10%, c'est quand même hyper considérable.
15:22Il faut se rendre compte. Et bien sûr que ça a un impact qui n'est pas génial sur l'économie américaine.
15:28Et peut-être que les économistes qui sont près de Trump ne lui mentionnent pas assez. Par contre, les économistes qui sont pas proches de Trump,
15:34eux, sont très vocaux. Évidemment, on suit tous le Peterson Institute. On voit que quand même, ils mettent en garde en quelque sorte.
15:40Mais la réalité, c'est qu'on a un cycle économique qui est tiré par la consommation.
15:46On a des cycles du commerce mondial et de production qui sont un peu en dedans. Donc pour la Chine et l'Europe, c'est pas terrible.
15:52Et les États-Unis, ils ont toujours cette carte-là et continuent d'aller un petit peu plus vite sur l'autoroute économique que les Européens et les Chinois.
15:58— Comment on absorbe les tarifs dans le contexte actuel ? Est-ce que le consommateur américain a des marges pour encaisser
16:10d'éventuelles hausses de prix nouvelles demain ? Est-ce que le bilan du consommateur le permet ? Est-ce que les bilans des entreprises,
16:17notamment des marges, permettent d'envisager aussi une partie de l'absorption par les marges des entreprises ? Alors soit celles qui importent,
16:24soit celles qui exportent aussi, d'ailleurs, qui peuvent avoir un intérêt à prendre aussi un peu sur leurs marges pour rester compétitives.
16:30Comment tout ça peut se distribuer, Samy ? — C'est toujours un grand jeu de poker mental, les tarifs et le commerce mondial.
16:35On redistribue beaucoup de choses. Il va se passer beaucoup de choses. Le premier facteur d'absorption de ces tarifs, ça va être les taux de change.
16:41Et on voit qu'évidemment, le yuan chinois, le dollar canadien, le mexicain, l'euro, évidemment... — Une partie a été faite, déjà.
16:47— Une partie a été faite. Donc ça, ça va quand même absorber une partie. Et c'est peut-être la partie la plus maligne quelque part.
16:52On réagit pas trop à ce qui peut sortir des États-Unis, mais on laisse finalement le taux de change faire une partie du travail.
16:58Et puis il va y avoir des bifurcations au niveau commercial. On va chercher à contourner ces tarifs. Les marges vont absorber une partie.
17:07Et au final, pour le consommateur américain, il me semble qu'il va rester quand même en bonne posture, d'autant que – encore une fois –
17:13c'est pas tellement la consommation des biens qui fait aujourd'hui ce cycle, mais plutôt la consommation des services qui sont peut-être un peu moins impactés.
17:20Donc on sent quand même que la dynamique économique américaine devrait se poursuivre. On n'a pas de très très grande crainte d'avoir un accident au coin de la rue.
17:28— Bon. François Chollet, vos commentaires sur la hype Trump, marque de mois de janvier. — Ouais, c'est difficile de compléter.
17:33On avait eu une première version de Trump qui nous avait animé Twitter pendant quelques années. On a une deuxième version qui est en place depuis...
17:40La V2 est en place depuis une vingtaine de jours. Et je partage l'avis général. On n'est pas près de s'ennuyer. Je crois qu'on va avoir tous les jours des idées à commenter,
17:51La vraie question, c'est est-ce qu'on a un hard Trump, c'est-à-dire celui qui a été dans les campagnes électorales extrêmement fortes, puissantes, caricaturales,
18:00ou est-ce qu'on va avoir un Trump un peu édulcoré, c'est-à-dire un peu matiné quand même d'un parti républicain qui n'est pas totalement derrière lui,
18:09aligné sur tout ce qu'on vient de dire ? Et moi, j'ai plutôt tendance à penser qu'il a des contre-pouvoirs en place pour lui, y compris,
18:17malgré le bruit actuel, et que ce n'est pas innocemment que la bataille qui se joue sur les tarifs est en train de déborder sur les grands intérêts généraux des Etats-Unis
18:29et pas forcément uniquement sur les aspects économiques. Donc je ne suis pas aussi pessimiste que ce qui pourrait être, en tout cas ce qui aurait pu être le cas
18:38si on avait pris au pied de la lettre tout ce qu'il avait dit pendant la campagne électorale qui a été quand même assez musclée et véhémente.
18:44Ensuite, si on regarde la situation telle qu'elle se présente pour nous, et le signal des marchés, je partage l'avis sur les parités de change, on a déjà fait des mouvements assez marqués.
18:56On était à 1,12 en septembre, à partir du moment où le marché a commencé à anticiper sérieusement la victoire de Trump.
19:02Et on est descendu à 1,09. Voilà, c'est ça, et on est descendu. Pour l'euro-dollar, c'était quand même un point à noter. Et vous avez malgré tout des marchés européens
19:10qui viennent de faire en janvier la performance de 2024. Et donc on a des clients très heureux, évidemment, mais ça veut dire que la lecture qu'annoncent les investisseurs
19:20aujourd'hui, elle n'est pas aussi négative que ça, alors que les chiffres de croissance économique au dernier trimestre, que ce soit pour la France et l'Allemagne,
19:27donc l'embarqué de croissance que nous avons pour le premier trimestre 2025, il n'est absolument pas de nature à nous réjouir plus que ça.
19:36— Même l'auto a rebondi un peu. — Oui. Je vais pas raconter l'histoire du chat mort. Vous la connaissez. Je suis pas certain que ce soit la fin.
19:45Mais peut-être qu'on a effectivement poussé le raisonnement des tarifs un peu trop loin sur ce secteur-là et que l'Europe va être pourquoi pas capable de se défendre.
19:54N'oublions pas quand même que la bonne nouvelle, c'est qu'on a tous été prévenus, préparés, et que donc a priori, on a vu la vitesse de réaction des différents pays attaqués,
20:05que ce soit le Mexique, que ce soit le Canada, que ce soit la Chine. On peut espérer que l'Europe s'est également préparée avec quelques mesures...
20:12Voilà. Je pense même qu'il y a eu quelques piqueurs de rappel. On a pu le voir sur les aspects logiciels, par exemple, où la réglementation européenne a déjà commencé
20:21à marquer quelques banderilles pour montrer qu'il y avait une présence malgré tout du juridique et de la capacité à mettre quelques grains de sable dans les rouages trop bien huilés.
20:34Donc ça veut dire que le signal des marchés, et c'est là où je voulais terminer, c'est un signal quand même de confiance. Il n'est pas perturbé à ce stade, en tout cas,
20:44par tous ces errements et toutes ces vocalises. Et je crois que pour l'instant, en tout cas, c'est de nature plutôt à me rassurer sur la façon dont les investisseurs regardent
20:55cette arrivée de Trump au pouvoir. — Le pire de Trump n'est peut-être pas certain. Le meilleur non plus. Mais le pire n'est pas de Trump n'est peut-être pas certain.
21:03— Traduit par les marchés aujourd'hui. — Bien sûr, Samy. — Je suis navré. François a dit quelque chose d'intéressant. Oui, c'est vrai qu'il va avoir des baisses d'impôts à négocier.
21:11Et il n'a pas la majorité qui lui permet non plus de... — Non. Très fine à la Chambre. Chambre des représentants, c'est très fine. Peut-être plus fine, d'ailleurs, que lors de son 1er an.
21:17Voilà, si je dis pas de bêtises. — Absolument. C'est 220-221. Il a une majorité à 218. Donc il peut pas faire ça tout seul.
21:24— Non, non, non. Et une partie du mouvement républicain n'est pas que magas au carré. Il y a aussi des gens qui restent des républicains traditionnels,
21:32attentifs à la question des trajectoires de finances publiques par exemple. Je reviens sur votre point sur la tech en Europe. C'est ce qu'on disait déjà hier dans l'émission,
21:39qui s'annonce comme étant peut-être la vraie ligne de front entre Donald Trump et l'Europe. L'automobile, les spiritueux, c'est les classiques de la littérature trumpienne.
21:49Mais c'est un peu 2018-2019, quoi. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on sent quand même que la réglementation européenne du point de vue américain... Je le rappelle,
21:58les États-Unis sont exportateurs nets de services vers l'Europe, hein, services tech et financiers, qui sont les deux gros poids. La réglementation européenne,
22:07visiblement, est vécue comme une entrave protectionniste du point de vue américain. Et donc c'est sans doute là que la pression va se faire, avec déjà des dispositifs,
22:18un arsenal européen qui semble être prêt, réfléchi. Dans le FT, on nous explique qu'il y a une forme de bazooka sur la question des services pour la tech,
22:26pour les services financiers. Donc c'est un instrument anti-coercition qui peut être activé par l'Europe, qui n'a jamais été activé, mais qui permet de mettre ici et là
22:37des réglementations, des barrières pour freiner éventuellement la percée des services américains sur notre territoire.
22:45— Sur quoi les États-Unis vont négocier, justement, pour empêcher cela ? Donc... — Une bonne manière d'aborder le sujet, côté européen.
22:53— Enfin, une bonne manière... On est spécialiste en la matière. — Alors voilà. — On est spécialiste en la matière. Ce que j'aimerais bien, c'est qu'on soit spécialiste aussi,
23:01un peu comme les Chinois ont pu le démontrer, avoir des solutions techniques aussi et technologiques qui puissent prendre le relais du côté européen.
23:08Parce que si on a que ça à opposer, les États-Unis, ils vont vraiment rentrer frontalement là-dessus. Et je suis pas sûr que ce soit une barrière suffisante
23:15pour négocier de mon côté. Sur la tech, ce qui est intéressant, c'est peut-être que ce qui s'est passé avec une alternative, justement... Je trouve que, justement,
23:24même dans les annonces tout à l'heure, il y avait presque des formes de contradictions. On voit qu'on s'interrogeait sur la tech pour se dire
23:29« Est-ce que des investissements très importants sont encore nécessaires ? ». Et là, on voit bien que Google le dit. Toujours, c'est une nécessité qu'il faudra qu'on fasse.
23:38— Plus que ce que vous imaginez, messieurs les analystes. — Voilà. Donc le doute sur Nvidia, etc., il peut être partiellement levé. Voilà. Il y a ça.
23:43Et de l'autre côté, on voit bien... Mais alors ça se voyait pas, justement, dans le chiffre d'AMD, qu'il y a le fait d'avoir des solutions qui seront sans doute
23:51moins technologiques. Mais là où il y aura des dizaines de milliers de boîtes qui vont s'engouffrer dans ces nouvelles technologies comme des sortes d'applicatifs,
23:58d'applicatifs concrets, finalement, par rapport à l'IA, et là, l'Europe comme la Chine a toute sa place derrière.
24:06— Oui. Il y a encore des wagons qui arrivent, quoi. — Ah oui, oui, oui. C'est pour ça que je pense que par rapport à la...
24:10— Le patron de SAP, il était très content de l'arrivée de DeepSeek. — Ah oui, oui, oui, oui. Il y a vraiment les logiciels qui ont fonctionné.
24:15On voit bien qu'il y a toute une rotation de la tech. Alors il y a eu des petits secteurs comme les ordinateurs quantiques ou l'énergie nucléaire.
24:21On voit bien que tout ça déclenche vraiment beaucoup de thématiques possibles et que la surperformance des 7 magnifiques,
24:28elles risquent d'être vraiment contestées, parce qu'elles, elles doivent absolument avoir des capex extrêmement importants.
24:33Et donc quand on a beaucoup d'argent, on fait parfois des bêtises, alors qu'il y a plein d'autres entreprises qui vont profiter à plein
24:38de l'émergence de cette IA. Et donc on le voit sur beaucoup de boîtes du Nasdaq qui se réveillent. Et je pense que c'est un point important.
24:44Et l'Europe aussi, plutôt que de parler que de juridique, c'est un des points aussi sur lequel elle pourrait se concentrer, se focaliser
24:52et proposer des alternatives à la toute-puissance américaine sur ces grandes diaphas où là, le match est plié.
24:58Mais je dirais que sur le reste, c'est là où je trouverais plus d'intérêt que de se concentrer uniquement sur des questions tarifaires,
25:05douanières, juridiques qui risquent d'être percutées par l'administration Trump.
25:10Et cette rotation au sein du Nasdaq, comme vous l'expliquez, Jean-Jacques, ça permet au Nasdaq de rester un indice solide, un indice fort,
25:19malgré le fait qu'une Nvidia fonctionne et fonctionnera peut-être un peu moins bien ou avec un peu moins d'éclats sur le plan boursier, j'entends ?
25:28Nous, on l'interprète favorablement en disant que c'est une diffusion plus rapide encore qu'anticipée de l'introduction de l'IA et de tous les modèles
25:37François, forces et faiblesses du Nasdaq à l'heure de DeepSeek ?
25:41C'est vraiment très intéressant parce qu'on a un monopole sur les batteries dans le secteur automobile par exemple et on se disait qu'on allait avoir le même monopole
25:49sur l'intelligence artificielle et que donc une grande partie de la valeur ajoutée de l'intelligence artificielle serait évidemment captée par les grands fournisseurs de cette IA.
25:57Et il s'avère que le signal de DeepSeek est un signal intéressant parce que c'est un signal qui vient dire à l'ensemble des fabricants de logiciels
26:04vous allez pouvoir trouver des alternatives pour pouvoir garder une facturation qui vous soit favorable et vous fournir à des IA compétitives
26:14pas forcément fermées, pas forcément américaines, pas forcément propriétaires et peut-être même avec des codes transparents
26:22et qui ne passeront pas par les trois grands fournisseurs que l'on pouvait imaginer parce que quand vous êtes client de Microsoft, l'IA ça vous coûte cher.
26:30C'est une certitude, le prix par utilisateur ou le prix à l'allocation des instances c'est très élevé.
26:38Co-pilot, on y va doucement dans les entreprises, on met du co-pilot sur quelques postes pour quelques personnes etc.
26:44mais on n'est pas encore dans l'idée qu'on va équiper toute l'entreprise avec co-pilot.
26:48Et dans le même temps ça va bientôt être nécessaire puisque si je caricature on va faire écrire des mails par co-pilot qui seront résumés par co-pilot par la personne qui les reçoit.
26:56On va arriver à être obligé pour surnager dans les masses d'informations qui vont nous arriver d'utiliser ces outils de manière systématique.
27:04Mais le point c'est qu'on a parlé d'SAP par exemple en Europe, on a parlé de Dassault Systèmes qui viennent publier de très belles publications d'ailleurs.
27:11C'est très rassurant pour ces acteurs-là qui ne sont pas effectivement dans la course première à l'intelligence artificielle
27:17de se dire que stratégiquement ils ont un avenir qui pourra intégrer ces technologies sans perdre leur marge, sans perdre leur capacité à trouver de la valeur auprès de leurs clients.
27:26Et je trouve que ça c'est quelque chose de positif.
27:28Ensuite si on regarde la partie tech, le Nasdaq, alors c'est vrai que j'ai un prix un peu particulier, j'ai un choix américain qui n'a pas d'NVIDIA.
27:36Donc c'est un choix un peu volontaire, ça coûte un peu, ça n'a pas beaucoup coûté.
27:43Le choix de NVIDIA, ne pas en avoir, c'est un choix forcément volontaire.
27:46On a quand même obtenu de très belles performances, mais il faut se bagarrer un peu plus.
27:53Mais c'est juste de dire que vous avez une co-distribution de valorisation que j'ai du mal à saisir et donc j'essaie de l'éviter à partir de là.
27:59C'est une question de risque.
28:01Ça ne revient pas en question les 80% de croissance et les 70% de marge.
28:04C'est simplement que je considère que quand vous avez des clients qui dépensent 80 milliards pour Microsoft, 75 pour Alphabet, etc.
28:11Evidemment qu'ils vont éviter de laisser 70% de marge nette à NVIDIA et qu'ils vont chercher des alternatives.
28:18Vous citiez d'autres fabricants de processeurs, mais évidemment qu'ils sont en train de développer toutes les sources possibles d'approvisionnement en plus
28:26pour essayer de contourner ces marges qui sont un peu prohibitives pour ce secteur.
28:31Et je ne suis pas donc certain qu'on ait le temps sur NVIDIA de se rembourser les multiples actuelles de valorisation.
28:36Mais ça c'est parce que j'ai vécu Cisco dans les années 2000 et que je commence à avoir moins de cheveux, c'est tout.
28:42Traite de plaisanterie, ce qui est intéressant c'est que cette concentration à l'investissement, elle est incroyable.
28:48Enfin, il faut remettre les ordres de grandeur.
28:51On parle d'investissement en CAPEX de 80 milliards pour Microsoft, de 75 milliards...
28:55Ça va être quasi 300 milliards pour les 3-4 gros hyperscalers cette année.
28:59Et peut-être qu'avec le chiffre d'Alphabet Google, ça sera peut-être un peu plus maintenant.
29:03Et la vieille théorie économique montre que les investissements sont décroissants en termes de rentabilité.
29:07On ne peut pas imaginer qu'on obtienne la même rentabilité sur les années qui viennent par rapport à ce qu'on a pu connaître ou ce qu'on pourrait connaître pour 2025-2026.
29:15Samy, il y a un sujet macro derrière DeepSeek et ce que représente DeepSeek, c'est-à-dire l'accélération de la commoditisation de l'IA.
29:24Alphabet Google nous démontre l'inverse.
29:27Est-ce que ça peut remettre en cause une partie du cycle CAPEX américain très tiré par ces infrastructures IA ?
29:32Est-ce qu'il y a toujours une valeur aussi importante qu'NVIDIA dans le portefeuille des ménages américains ?
29:39Il y a aussi la question à un moment de l'effet richesse qui peut se poser si jamais il y a un décrochage marqué.
29:45Quels sont les réflexions macro derrière ?
29:49L'adoption plus massive, c'est vraiment un facteur positif en termes de productivité, sans faire trop mal aux marges.
29:55Mieux réparti sur la planète ?
29:57Probablement en tout cas plus généralisé et ça c'est une bonne chose.
30:01Mais c'est vrai que le grand débat au fond, c'est est-ce qu'on arrive à faire bouger la barrière d'innovation ?
30:06Ce qu'ils nous disent, c'est qu'en gros si on veut aller à la barrière d'innovation, finalement on peut y aller assez facilement et assez rapidement et avec moins de moyens, c'est super.
30:15Il y aura une adoption plus large et franchement c'est très bien pour la productivité.
30:18Mais par contre si on veut être capable et être en mesure de bouger et de faire avancer cette barrière d'innovation, il faut les mettre ces milieux-là.
30:25Et qui a les moyens de les mettre ? Toujours les mêmes finalement.
30:28Alors peut-être que les Chinois ont raison et il faut se contenter de toujours être la première.
30:32La première frontière, mais il y a la frontière d'après.
30:34Le sentiment c'est que quand même si les Américains veulent et qu'on est vraiment dans une compétition au niveau de la technologie,
30:40si vous voulez rester premier, à mon avis il faut les faire ces investissements, on ne peut pas constamment être deuxième.
30:46Et c'est vrai qu'on comprend qu'elle est quand même difficile à bouger cette barrière d'innovation.
30:50Pour ça les Américains sont importants, c'est pour ça que la consommation des Européens en tant que services technologiques, il faut la maintenir.
30:59Moi je serais plus dans le camp d'une Christine Lagarde qui disait écoutez, de toute façon il ne faudra plus s'acheter américain, il faut s'y faire.
31:05Vous savez quoi, on a besoin des biens et des services américains, achetons-les, faisons croire à Trump que c'est grâce à sa négociation, faisons lui ce cadeau.
31:12Quelque part Zelensky est très malin en disant...
31:14C'est ce qu'a fait Claudia Scheinbaum au Mexique et Justin Trudeau au Canada.
31:18Exactement, donc il ne faut pas aller contre, on va lui faire croire que c'est lui qui les a gagnés.
31:22Mais de notre côté, le LNG américain on en a besoin, la technologie américaine on en a besoin et très certainement qu'une partie de la défense américaine on en a besoin aussi.
31:30Quitte à en avoir besoin, autant faire croire que ce sont des victoires.
31:33Et ce n'est pas contradictoire avec l'idée de développer une souveraineté européenne un peu plus tough ?
31:39On l'espère tous et on aimerait voir les européens mettre des moyens.
31:42Vous savez quoi, en attendant, on n'a qu'à acheter américain, puis le jour où nous on se réveille et on décide de vraiment développer une forme d'autonomie...
31:50En attendant la volonté politique, en attendant le consensus politique qui permettra...
31:55Mais si on ne fait aucun des deux, c'est-à-dire qu'on n'avance sur aucun front, on va quand même commencer à prendre beaucoup de retard.
32:01Et ce retard, sincèrement, je pense qu'on le sent tous, ça commence à frustrer énormément les acteurs économiques européens.
32:07On a eu beaucoup de sorties de grands patrons, on a une population aussi qui est un peu frustrée.
32:12Et donc à un moment, il faut que les autorités européennes, qu'elles soient fiscales ou monétaires, soient un peu plus focalisées sur la dynamique.
32:20Et pas uniquement sur l'inflation et sur les risques.
32:23On va y venir à un monétaire, c'est la BCE bien sûr. François, pardon.
32:26Juste pour rajouter un élément, les investissements dont on parle sont très matériels.
32:30C'est-à-dire qu'on est dans l'usine là.
32:32L'infra.
32:33C'est de l'infrastructure.
32:34C'est puces, énergie, c'est ça l'infrastructurier.
32:40Effectivement.
32:41Les serveurs.
32:42Si on rate cette génération de serveurs, la seule chose qu'on peut se dire, c'est qu'on aura peut-être possibilité, dans 2-3 ans avec la loi de Moore, de gagner un cran.
32:51Mais objectivement, ils prennent une avance absolument considérable.
32:54C'est un train qui est impossible à suivre à l'échelle des pouvoirs publics, qu'ils soient même européens.
32:59C'est-à-dire que les montants en question et déjà investis, on parle de ce qui est annoncé là.
33:03Mais on oublie les 5 dernières années, si on fait le cumul, on n'est pas du tout au niveau.
33:09Mais le fait que ce soit extrêmement matériel, peut-être que c'est pour nous aussi une opportunité de pouvoir d'abord utiliser ce matériel à des coûts raisonnables.
33:18Et puis peut-être demain envisager une nouvelle génération qui serait encore plus performante.
33:22On a des boîtes qui, sur la dimension énergétique, efficacité énergétique, sont des contributeurs très positifs à la création de valeur dans ce thème de l'IA.
33:31Une Schneider est directement corrélée aujourd'hui à cette idée-là de l'efficience énergétique nécessaire pour la puissance de calcul qui nous tombe dessus.
33:42Oui, puis même en amont, vous avez ASML qui restera l'acteur très européen de ce métier.
33:48Comment on fait de la politique monétaire dans le monde de Trump ?
33:53Sur la BCE, ça a l'air relatif.
33:56C'est consensuel, c'est difficile, mais c'est vrai qu'on a l'impression qu'elle est beyond the curve et que rien n'empêche à ce que les taux aillent vers 2.
34:04Elle annonce d'ailleurs que ça soit les taux neutres.
34:06La question, c'est est-ce que les Etats-Unis, il n'y a pas aussi peut-être un peu plus de baisse des taux que ce que le marché anticipe, au moins 2 ?
34:12On anticipe une et demie ?
34:15On anticipe une et demie, ça peut être 2 voire 3.
34:18Pour vous, le risque, c'est plutôt par rapport au pricing du marché ?
34:21C'est plutôt qu'il y en ait un peu plus.
34:23Et donc sur l'euro-dollar, on a peut-être touché les bas.
34:26L'idée que Trump ne fera pas tout bien.
34:28Voilà, pas tout bien.
34:30Et sur la BCE, 2, c'est peut-être consensuel.
34:33Mais une fois qu'on est à 2, peut-être que le débat se poursuivra et que ça peut aller un peu plus loin.
34:37C'est pour ça que même s'il y a un parcours qui a été fait sur les taux, on s'interroge.
34:40On a été surpondéré sur les taux longs.
34:42Est-ce qu'on revient à la neutralité ou pas ?
34:44C'est les débats qu'on a à l'heure actuelle.
34:46En se disant, si on va juste à 2,
34:492,30, 2,40 sur le 10 ans allemand, c'est le prix.
34:52Peut-être qu'on peut gratter un peu plus.
34:54Progressivement, on revient quand même à la neutralité sur le long.
34:56C'est un peu les débats qu'on a à l'heure actuelle.
34:58Voilà, l'idée qu'on va vers 2, qu'elle est en retard et qu'elle poussera peut-être un peu.
35:03Je trouve que la porte, ça serait curieux,
35:06mais la porte n'est même pas totalement fermée pour un 50 centimes en mars, par exemple.
35:10Dans les surprises possibles.
35:13Donc on passerait d'un meeting en janvier où le mot 50 n'a même pas été prononcé,
35:18selon Christine Lagarde, ni 5 ni 0,
35:21à un meeting où le marché imagine que...
35:25Dans les anticipations, peut-être.
35:27Ça peut faire source de débats.
35:29Ça montre bien le sens, quand même, l'idée.
35:33Pour la Fed, qu'est-ce que ça peut impliquer, effectivement, Samy ?
35:37Et puis, pour la Banque Centrale Européenne,
35:40deux étant à un taux neutre consensuel,
35:42mais la question étant de savoir à partir de quand
35:45la BCE aura les arguments suffisants, de son point de vue,
35:50pour aller peut-être en dessous de deux.
35:52Je suis un peu simpliste dans mes perspectives,
35:54mais je vois l'économie américaine en sur-régime.
35:56Je suis plutôt à l'aise avec le pricing de marché pour la Fed.
35:59Pas besoin d'en faire plus, quoi.
36:01Ça me paraît assez légitime.
36:03Mais on n'est pas non plus à un point de surchauffe
36:05où il faudrait se poser la question de remonter les taux.
36:07On est à 150 sur l'autoroute, on n'est pas à 210.
36:10Donc, effectivement, mon sentiment, c'est qu'il reste un peu au-dessus du taux neutre.
36:144 sera au-dessus du taux neutre.
36:16Mais je n'ai pas le sentiment que dans un environnement
36:19où on est quand même un petit peu au-dessus de la vitesse de croisière,
36:21qu'il faille baisser les taux bien en dessous.
36:23C'est un peu la vie inverse pour l'Europe.
36:25Je trouve qu'on est dramatiquement en sous-régime.
36:27François le mentionnait, le quatrième trimestre,
36:31pour une partie de l'Europe, était quand même très fragile.
36:33Et je trouve qu'il y a une inconsistance, ici.
36:35Christine Lagarde reconnaît qu'elle est restrictive,
36:39que la politique monétaire de la BCE est restrictive.
36:42Elle reconnaît en même temps que le niveau de croissance est sous le potentiel.
36:45Bon, si on a un niveau de croissance sous le potentiel,
36:48il ne faut pas être restrictif, mais enfin, il ne faut même pas être neutre.
36:51C'est bizarre de parler de neutralité.
36:53On est complètement en sous-régime.
36:55Il faut évidemment être en dessous du taux neutre.
36:57Nous, on voit la BCE à 1,25 cette année.
36:59Donc, c'est vrai que par rapport à...
37:02Je crois que vous battez tout ce que j'ai entendu.
37:04On est à 1,50, mais à 1,25, oui.
37:06On voit du coup l'euro-dollar quand même à la parité.
37:09Ça m'intéresse beaucoup la séquence.
37:11Parce que 2%, je crois que le consensus est formé autour de l'idée d'aller à 2%.
37:17Mais dès la réunion du 6 mars prochain,
37:19on va avoir des faucons qui vont demander à Christine Lagarde, justement,
37:23de ne plus qualifier la politique monétaire comme étant restrictive.
37:26Parce qu'on sera à quoi ?
37:282,75 ? 2,50 de taux de dépôt avec la baisse de 25% de 6 mars.
37:32Donc, ça veut dire qu'à 2,50 de taux de dépôt,
37:34on va déjà, pour certains, se demander si on n'est pas déjà dans le neutre
37:38et si chaque mouvement en dessous de 2,50
37:41ne nous amènerait pas vers quelque chose de stimulatoire.
37:44Je comprends, Grégoire, mais il y a quand même un consensus.
37:46Le consensus et la manière de penser de la BCE,
37:49c'est que la trajectoire d'inflation est donnée par la trajectoire des salaires.
37:52Vous savez quoi ? Ça tombe bien.
37:53Ça s'effondre.
37:54Vous avez eu un nouveau data point, un nouveau point
37:58sur cet indicateur avancé des salaires en Europe
38:02qui est complètement effondré.
38:03Donc, il nous dit que l'inflation et l'inflation des services
38:05va être quand même assez basse en Europe.
38:07On va tomber à 3 sur l'inflation des services ?
38:09C'est au moins ce qu'il faudrait, j'imagine,
38:11pour que la BCE soit vraiment confortable.
38:13Et je pense qu'on verra des niveaux d'inflation plus bas que les deux
38:16à un moment en Europe aussi, cette année.
38:18À côté de ça, je vous rappelle qu'il y a le prix de l'énergie aussi
38:20qui rentre dans les négociations.
38:22À côté de ça, on est tous d'accord pour dire qu'on est en croissance en sous-régime.
38:25Je ne sais pas ce qu'il faut,
38:26mais il y a une inflation des services tirée par les salaires
38:30qui montre quand même une direction vers le bas.
38:32Il y a une croissance en sous-régime.
38:34On peut parler longtemps du taux neutre, mais c'est typique européen.
38:37On est beaucoup plus concentré sur les risques.
38:40On n'est absolument pas concentré sur la croissance.
38:43Et je trouve que c'est un peu dommage.
38:44On s'inflige nous-mêmes nos propres barrières.
38:46On se met nos propres boulets.
38:48Bon, revenons quand même au cas de l'investissement en Europe.
38:53François, avec potentiellement des surprises sur les taux
38:57qui pourraient peut-être amener de la nourriture supplémentaire au marché boursier ?
39:04Grégoire, vous me voyez sur un mea culpa.
39:06J'étais sur le plateau en novembre pour dire que j'étais plutôt optimiste sur la fin d'année.
39:09Le décalage a été d'un mois.
39:11Vous êtes pardonné, François.
39:13On était plutôt constructif.
39:15Et c'est vrai que c'est plutôt rassurant ce qu'on vit aujourd'hui.
39:19Et d'ailleurs, les blèches de taux disant que ce soit en Europe et aux Etats-Unis,
39:23c'est plutôt rassurant aussi sur les niveaux de valorisation des marchés.
39:26On a une période de publication qui nous empêche peut-être de retrouver les records absolus.
39:30Pourquoi ? Ce n'est pas si bon ?
39:32Parce qu'on a des arbitrages, on a des relativités.
39:34Pour l'instant, ce sont plutôt bonnes les publications.
39:36En tout cas, côté européen, il n'y a pas de grandes surprises négatives.
39:40Les banques n'étaient pas, en tout cas pour les banques françaises,
39:43un sujet de stress particulier au vu des guidances qui avaient été données
39:47et forcées de constater que le coût du risque ou la croissance des marges
39:52auraient été plutôt au rendez-vous.
39:54Donc franchement, il n'y a pas de stress là-dessus.
39:57On a effectivement des secteurs qui sont restés collés en bas.
40:01On parlait de l'automobile tout à l'heure.
40:03Si on prend la consommation, les Pernod Ricard, par exemple,
40:07qui subissent évidemment des prises énormes de profits.
40:12C'est assez intéressant.
40:13On a un marché qui est assez sain.
40:16Mais on a des corrections au sein de ce marché qui sont assez fortes.
40:19C'est valable en Europe et aux Etats-Unis,
40:21qui ne remettent pas en cause la tendance de fond du marché.
40:24Vous pouvez avoir des consolidations d'Apple de 20%, de Microsoft de 10%
40:29et quasiment de Tesla de 15 ou 20%
40:32sans que pour autant vous ayez des à-coups particuliers sur les grands indices américains.
40:36Si vous prenez la même chose côté européen,
40:38on a vu des consolidations terribles.
40:40En France, c'était luxe, mais on a vu des consolidations.
40:42On parlait des ASML ou de Novo, par exemple,
40:44dans les gros points indiciels européens.
40:46Des baisses de 30-40% dans les indices.
40:48Très grosses baisses de gros points d'indices.
40:50Et pourtant, on a malgré tout des indices qui se sont bien comportés
40:54et qui ne sont pas rentrés dans les territoires de correction.
40:56Donc, ça veut dire qu'on a un marché qui a encore cette sérénité-là.
41:01Force est de constater aussi, on parlait des taux,
41:04mais on a des montagnes de liquidités dans des dépôts à terme,
41:08dans des monétaires, dans des livrets plus ou moins à.
41:12Mais globalement, cet argent-là, au fur et à mesure des baisses de taux,
41:16on voit bien les appels des clients qui nous appellent.
41:19Qu'est-ce qu'on peut faire ? Que proposez-vous comme alternative ?
41:23Jusqu'à présent, le livret d'épargne ou le compte à terme
41:27faisait le job à 4,5% l'année dernière.
41:29Donc, ne posez pas la question.
41:31Ça veut dire quand même qu'on va avoir un décalage significatif
41:35des montagnes d'épargne vers des actifs.
41:37Pas forcément risqués, mais petit à petit des actifs.
41:40Oui, on ne passe pas du livret à haut bitcoin, normalement,
41:42mais on peut faire les deux.
41:43Mais globalement, vous avez une échelle qui va se redécaler
41:45comme on a pu connaître à l'époque où l'économie était proche de zéro
41:47pour aller chercher un peu de rendement supplémentaire,
41:49quitte à prendre un peu de durée, quitte à prendre un peu de risque de signature
41:52en allant peut-être sur de l'investissement.
41:54Mais cet argent, il peut aller sur des fonds d'action européennes ?
41:58Parce que pour l'instant, les flux, que les gens mettent de l'argent dans les actions,
42:03oui, mais ils en mettent dans les actions américaines.
42:05La vague, ce sera sur la partie obligataire.
42:07En janvier, ça a changé un peu ?
42:08On a assisté à des mouvements colossaux sur les flux,
42:13qu'on peut parler des ETF ou de la gestion active,
42:18mais la gestion active, c'est de la décollecte
42:20qui aura été tout au long de l'exercice 2024 sur les actions.
42:23Il n'y a que la partie obligataire qui a réussi à tirer son épingle du jeu.
42:27Et il faut aussi constater que ce sont les grands vendeurs d'ETF
42:32qui ont collecté 240 milliards d'euros en actions,
42:36ce qui montre quand même que les courbes vont se croiser très vite en termes de part d'un marché.
42:41Mais une fois qu'on a dit ça, on a assisté à des phases
42:45où les Etats-Unis ont absorbé, mais comme par enchantement,
42:48la totalité de l'épargne du monde en espace de quelques jours.
42:51On a eu des semaines qui sont sorties vraiment de tous les radars de l'historique.
42:57Et là, on a un léger rééquilibrage sur l'Europe et c'est plutôt rassurant.
43:01La sous-performance de l'Europe n'est pas une fatalité, Jean-Jacques ?
43:05Par moment, non. Il y a souvent des rattrapages rapides.
43:07Après, il y a une vérité de différentielle de productivité, de croissance.
43:11Là, il y avait un gap historique, 70% de différence de valorisation,
43:15même à secteur constant, alors que 30 ou 40% paraît le niveau.
43:19Donc, il peut y avoir un rattrapage ponctuel de l'Europe.
43:21Mais pour revenir sur la qualité de la croissance,
43:24même le jour où il y a eu le décrochage important sur les techs,
43:28il y a eu 350 valeurs du S&P 500 en montée de jour là.
43:31Et le S&P équipondéré termine à zéro flat sur la science.
43:35Ça, c'est un deal assez consensuel mais qui fonctionne.
43:38D'ailleurs, c'est normal.
43:40Quand vous avez des très grosses capitalisations qui, elles, sont en retrait,
43:45normalement, ça devrait affecter plus que ça l'indice
43:48où il y a 30% de l'indice constitué par ces grosses capitalisations.
43:52Donc, si ça veut dire que ça n'a pas provoqué,
43:55ça a provoqué finalement une consolidation presque à plat de ces indices,
43:57c'est-à-dire que la cote derrière...
43:59Il y a des forces en tout qui en remontent, oui, bien sûr.
44:01Mais donc, la diversification va enfin payer.
44:03C'est-à-dire qu'en 2024, le plus vous étiez proche des 7 magnifiques,
44:08le mieux c'était pour vous.
44:10C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
44:11C'est qu'il y avait vraiment une vérité économique derrière ça.
44:14C'est-à-dire qu'il y avait un gap même entre le Nasdaq et ses valeurs.
44:16Je crois 40% d'écart de BPA.
44:19Cette année, on va tomber à 5%.
44:21Donc, voilà, la diffusion est un élément sain.
44:24La dynamique des profits déjà se rapproche de l'indice.
44:26Voilà. Donc, ça, c'est quelque chose de favorable.
44:29Plus sain.
44:30Il y a un rattrapage clair.
44:32La performance du S&P 500 équipondérée,
44:35pour une première fois depuis de très nombreux trimestres,
44:38est trois fois supérieure que la performance de l'indice avec les pondérations habituelles.
44:43Sur la logique d'investissement chez Lombard-Audier,
44:46quels sont les messages à ce stade pour la suite ?
44:49Alors, on reste quand même un tout petit peu méfiant sur l'Europe.
44:51C'est vrai que la baisse de l'euro et cette croissance bénéficiaire, évidemment, peut aider.
44:57On avait vu ça un peu l'année dernière, quand même, dans les 5-6 premiers mois de l'année.
45:00L'Europe avait fait pas si mal.
45:02Et là, ce qui nous inquièterait peut-être après cette bonne performance européenne,
45:06c'est qu'on va quand même avoir les politiques américaines un peu plus pro-croissance,
45:10les baisses de taxes, qui pourraient ramener un petit peu de l'intérêt sur les États-Unis.
45:13Donc, c'est vrai qu'on a un peu de mal à complètement se départir de notre surpondération américaine.
45:18Et pour l'instant, voilà, on reste un peu comme ça.
45:20Sur l'échange, je sais qu'il nous reste 30 secondes.
45:24Le discours que vous portez, l'idée que le scénario reste celui d'un chemin de croissance naturel pour les États-Unis,
45:32un peu dynamique, etc., ça soutient encore le dollar ?
45:36Bien sûr. Donc, différentiel de taux d'intérêt, différentiel de croissance.
45:40C'est vrai qu'on reste sur une idée d'un euro-dollar autour de la parité.
45:43Et encore une fois, on ne le fait pas en achetant des forward.
45:46On a des actifs derrière et on a envie d'avoir un peu plus d'actifs américains encore aujourd'hui.
45:51Pas sans protection, mais voilà, l'obligataire et les options, ça peut aider.
45:56En 2017, le dollar avait perdu 10%. Première année de Trump à la Maison Blanche.
46:02Après, sur l'échange, c'est très compliqué. Je pense qu'il y a une grosse partie du chemin qui a été fait.
46:06Parce que quand le dollar était revenu à parité, à l'époque, c'est quand le prix du gaz, du pétrole étaient extrêmement chers.
46:12Il y avait des balances très négatives pour l'Europe, qui ne bougent pas à l'heure actuelle.
46:16Donc, c'est pour ça que nous, on est un peu plus haut.
46:18Alors après, le changement, c'est...
46:20Oui, les facteurs peuvent tourner.
46:22On va à 0,5, mais bon, voilà.
46:24Non, je dirais que la tendance...
46:26Vous ne voyez pas l'euro-dollar à 1,20, quoi ?
46:28Non, ça peut être un 10, 1,12.
46:30Si on pivote à 0,5...
46:32C'est le niveau de septembre. Oui, c'est ça.
46:34Et c'est sur le yen, peut-être, où là, on a l'impression qu'une tendance serait plus claire que sur le dollar.
46:38Une tendance à la hausse ?
46:40A la hausse du yen.
46:41D'accord.
46:42Eh bien, on suivra ça, évidemment, au fur et à mesure des hausses de taux de la Banque du Japon,
46:46puisque c'est la Banque centrale qui montera ses taux encore cette année.
46:50Merci beaucoup, messieurs.
46:51Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:53Jean-Jacques Friedman, Vega IS,
46:55Saint-Michard, Lombard-Audier,
46:57François Cholet, Montségur Finance.
46:59Générique
47:09Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
47:12Le thème ce soir, c'est celui de Donald Trump.
47:15Alors, à travers ses trois premières semaines d'exercice du pouvoir,
47:18mais également avec le jeu de la comparaison et des sept différences,
47:22je ne sais pas s'il y en a sept, entre Trump version 1
47:25et notamment la première guerre commerciale menée en 2018-2019.
47:28Et Trump version 2 qui est en train de prendre ses fonctions.
47:32Il les a déjà bien prises depuis deux semaines et demie.
47:34Nous en parlons avec John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabeau.
47:37Bonsoir et bienvenue, John.
47:39Merci beaucoup d'être avec nous.
47:41Moins de trois semaines après son installation à la Maison Blanche,
47:44Donald Trump a été évidemment sur tous les fronts
47:47avec beaucoup de publicité bruyante, vocale d'un côté,
47:55mais aussi des décisions ou des annonces de futures décisions.
48:00Est-ce qu'il y a déjà des effets Trump économiques
48:04qu'on peut suggérer ou imaginer à travers ces deux premières semaines
48:09ou trois premières semaines d'exercice du pouvoir ?
48:11Oui, bonsoir Grégoire.
48:13Oui, bien évidemment.
48:15On peut dire déjà une chose, c'est que les choses vont beaucoup plus vite
48:18que pendant le premier mandat.
48:20Vous me direz, Donald Trump a de l'expérience,
48:22mais on peut aussi dire que ce qui est en train d'arriver,
48:26notamment sur les tarifs, il y a plein d'autres choses,
48:28mais sur les tarifs, c'est une extension de ce qu'on a eu en 2018
48:32avec une dimension un peu plus stratégique,
48:35alors avec la stratégie de Trump, voire un peu chirurgicale.
48:39Parce qu'on a vu qu'immédiatement lorsqu'il est arrivé à la Maison Blanche,
48:43on a l'impression d'ailleurs qu'il est à la Maison Blanche depuis plus d'une année,
48:47mais il est arrivé il n'y a même pas un mois,
48:50eh bien on est dans une situation où il a mis la pression
48:54et immédiatement il a menacé de mettre des taxes douanières,
49:00voire de rattacher, alors ça c'était un peu dans le délire du président,
49:04mais de rattacher le Panama aux États-Unis.
49:08Et on a vu que d'une certaine manière, il y a des fruits qui sont tombés.
49:13Il faut quand même rappeler une chose, c'est que le Panama très rapidement,
49:16qui avait dit immédiatement qu'il ne négocierait pas avec le président américain,
49:21vous savez qu'il a accordé libre passage aux navires de la marine américaine
49:27qui passent au travers du canal du Panama,
49:30vous savez qu'il y a énormément de navires de guerre qui passent tous les jours
49:34et ça coûte une véritable fortune à l'armée américaine,
49:38donc ça c'est la première des choses.
49:40L'autre chose, je ne vais pas la commenter parce que tout le monde le sait,
49:44mais il y a eu ces menaces d'accord de tarifs douaniers avec le Mexique et le Canada
49:51qui ont été momentanément suspendues parce qu'il y a eu des accords
49:57sur notamment la mise en place de dizaines de milliers de soldats aux frontières,
50:03aux deux frontières, pour empêcher l'immigration illégale
50:08et puis le trafic d'armes et de fentanyl notamment.
50:12Donc on est dans une situation où les choses vont plus vite.
50:16Maintenant, au niveau économique, la grosse problématique,
50:21je dirais que ce n'est pas véritablement quoi qu'on en pense,
50:25le Canada et le Mexique, mais c'est bien évidemment la Chine
50:28parce qu'avec la Chine il n'y a toujours pas d'accord,
50:31il y a une mise en place de taxes douanières,
50:33la réplique a été très très faible des Chinois,
50:36mais on est dans une situation où on sait qu'on a énormément de biens,
50:41notamment électroniques chinois, qui arrivent tous les jours sur le sol américain
50:47et que ça va coûter plus cher aux consommateurs américains, bien évidemment.
50:52Donc il ne faut pas, même si effectivement Mexique-Canada
50:56repousse pour l'instant la menace tarifaire de Donald Trump,
50:59il ne faut pas se bercer d'illusions, vous dites John,
51:02ne serait-ce que parce que la Chine est un ennemi historique
51:05et consensuel du point de vue américain,
51:08il y aura des tarifs et il y aura une augmentation de la barrière tarifaire
51:12pour accéder au marché du consommateur américain ?
51:15Oui tout à fait, et surtout vous savez, c'était le calcul qui avait été fait
51:19durant le premier mandat de Trump et qui est refait maintenant,
51:22un calcul très simple voire simpliste, c'est en disant
51:25écoutez, nous on vous achète plus de produits que vous nous achetez,
51:30il dit ça avec les Européens, les Canadiens et évidemment les Chinois,
51:35et évidemment ce calcul est beaucoup trop simpliste,
51:38pour la simple et bonne raison que vous avez énormément d'entreprises,
51:41notamment européennes si on parle de l'Europe,
51:44qui sont déjà implantées aux Etats-Unis, qui emploient des Américains,
51:47qui consomment aux Etats-Unis, qui payent des impôts aux Etats-Unis,
51:51et donc le rapport n'est pas de un pour un.
51:54On peut prendre l'exemple des voitures,
51:57vous savez que pour importer une voiture américaine en Europe,
52:01c'est environ 20% plus la TVA,
52:04tandis que pour l'importer aux Etats-Unis, c'est moins de 5%,
52:07et donc Donald Trump voit ici quelque chose qui n'est pas juste,
52:11mais effectivement le calcul est complètement différent,
52:14parce qu'il faut voir quel est le rapport de force
52:17des personnes qui travaillent dans les pays.
52:20Donc ici, avec la Chine, c'est un peu différent,
52:23parce que la Chine a toujours été un ennemi pour les Américains,
52:28globalement, vous savez que si vous posez la question aux Américains,
52:33et pas simplement aux Républicains, mais aux Américains,
52:36quel est l'ennemi des Etats-Unis ?
52:38La première réponse, c'est la Chine, la deuxième, c'est la Russie,
52:41mais la première, c'est la Chine, parce qu'ils sont accusés
52:44de voler notamment la propriété intellectuelle,
52:47de copier tout ce qui est fait aux Etats-Unis, etc., etc.,
52:50les vieilles rengaines.
52:52Maintenant, ce que je dirais, c'est que contrairement
52:55à ce qui s'est passé en 2017 ou 2018,
52:58lors de la première salle de tarif,
53:01où c'était vraiment le « make America great again »,
53:04c'était la focalisation, je dirais qu'ici,
53:07c'est un peu différent, parce qu'on a vraiment,
53:11et on le comprend avec les deux pauses qui ont été faites
53:14avec le Mexique et le Canada, on a vraiment une situation
53:18que je dirais de duopole, c'est-à-dire qu'on voit vraiment,
53:24et je me répète, mais on voit vraiment que l'ennemi aujourd'hui,
53:27c'est la Chine, et avec la Chine, il faut absolument
53:30ou trouver un accord ou les faire plier.
53:33C'est vraiment ça, la vision du président américain,
53:36et évidemment, c'est un peu plus compliqué
53:39qu'il n'y paraît sur le papier.
53:41L'Europe, au milieu de tout ça, toujours avec l'idée
53:44des leçons, des enseignements de la Première Guerre commerciale,
53:47ce qui pourrait d'ailleurs se répéter,
53:50ou ce qui pourrait ne pas se répéter par rapport
53:53à Trump 1.0, John, l'Europe dans tout ça,
53:59on voit quand même que la tech et la réglementation européenne
54:04qui encadre la tech, et on est gros consommateur
54:08de services technologiques américains, bien sûr,
54:11ça peut vite devenir un point très gênant pour Trump,
54:14d'autant plus qu'il est soutenu désormais par
54:17la grande tech américaine.
54:20Tous sont venus le rallier, plus ou moins tôt, j'allais dire,
54:24ou dans sa campagne, ou une fois élus,
54:27mais tous les grands noms de la tech sont aujourd'hui
54:30autour de Trump, en tout cas en mode coopératif avec Trump.
54:35Oui, alors je dirais, la première chose, c'est qu'évidemment,
54:38on n'est pas dans un rapport de force un pour un,
54:41puisque les Etats-Unis, c'est la première économie mondiale,
54:45on a besoin des Américains, comme vous le disiez juste avant.
54:49La deuxième chose, ce qui me paraît un tout petit peu
54:52plus important pour la croissance européenne,
54:55c'est le fait qu'on a l'impression, de plus en plus,
55:00qu'on regarde ce qui se passe, le cri du cœur,
55:03si je peux me permettre de Mario Draghi,
55:06il faut dépenser 800 milliards de plus par année
55:09du gouvernement allemand, avec le frein à l'endettement,
55:12il faudra le lâcher un petit peu, même s'il est inscrit
55:15dans la Constitution. L'Italie, même la France,
55:18qui demande des allégements sur l'administration
55:21de tout ce qui a un rapport avec l'OSG,
55:24on a l'impression que c'est un espèce de wake-up call,
55:29c'est-à-dire qu'on se réveille d'une léthargie
55:32qui a débuté quasiment en 2008, voire en 2012,
55:37avec la crise européenne, et il faut qu'on sorte
55:40de cette léthargie. Donc moi, ce qui me plaît,
55:43entre guillemets, dans ces menaces potentielles,
55:47ces doutes concernant les menaces européennes
55:52de M. Trump, c'est de dire qu'en fait,
55:55on se rend compte potentiellement, c'est de l'espoir,
55:58on se rend compte qu'il faut qu'on fasse quelque chose.
56:01Et je répète, Donald Trump, et vous l'avez dit avant,
56:04Grégoire, Donald Trump est là depuis à peine trois semaines,
56:07et on est en train de se dire, il faut qu'on fasse quelque chose,
56:10il faut potentiellement qu'on débloque plus de crédits,
56:13il faut qu'on investisse dans la recherche,
56:16et il faut qu'on s'intéresse plus à garder
56:19nos entreprises technologiques en Europe,
56:22nos cerveaux en Europe, etc.
56:26Donc c'est quelque chose qui est en train d'essayer,
56:29j'ai l'impression que les lignes sont en train de bouger,
56:32et il a fallu l'arrivée d'un homme comme Donald Trump
56:35pour que ces lignes bougent, alors même qu'il n'a pas
56:39mis de tarifs douaniers sur l'Europe.
56:42Et c'est ça que je trouve très intéressant,
56:45parce qu'il fallait ce choc, entre guillemets, pour l'Europe,
56:48alors que c'était quand même un président américain,
56:51pour qu'on se dise, maintenant il faut qu'on bouge.
56:54Bon, on va voir comment tout ça peut prendre forme,
56:57parce qu'autant les rapports, la réflexion,
57:00elle est là, elle est nourrie,
57:03il y a quand même toujours l'idée qu'il faudra une impulsion politique
57:06peut-être un peu plus forte pour avancer,
57:09et continuer d'avancer en Europe, notamment face à Trump.
57:12Merci beaucoup John, John Plassard qui était avec nous en sixième conférence
57:15dans ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
57:17Spécialiste en investissement chez Mirabeau.