• le mois dernier
Avec Fanny Parise, Anthropologue - Codirecteur et co-titulaire,
Chaire Managia et Stephanie Achard, Vice President, Country Leader Application, Oracle.

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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2025-02-16##

Catégorie

🤖
Technologie
Transcription
00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous, l'émission dédiée au digital, à
00:07l'innovation et à la tech responsable.
00:10Cette semaine se déroulait à Paris le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle.
00:14Si vous croyez dans le numérique pour tous, loin de cette frénésie technologique et
00:18politique, on vous propose un décryptage de l'essentiel, à savoir ce que l'intelligence
00:23artificielle dit de nous et de notre société.
00:26Avec nous en plateau une anthropologue viendra nous décoder les transformations que l'IA
00:30est en train d'opérer au plus profond de nous.
00:33Également en plateau une observatrice avisée de l'entreprise qui nous expliquera comment
00:38elle s'attache à simplifier les outils pour ses collaborateurs afin de rendre la technologie
00:42plus accessible et humaine.
00:43Le numérique pour tous, spéciale intelligence artificielle et société, c'est parti et
00:47c'est sur Sud Radio.
00:49Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:53Et aujourd'hui dans le numérique pour tous, nous avons le plaisir de recevoir Fanny Paris.
00:56Bonjour Fanny, vous êtes donc anthropologue spécialisée sur l'évolution du monde du
01:01travail corrélé à celui de l'intelligence artificielle.
01:04On recommence par une brève définition, anthropologue aujourd'hui en 2025, c'est quoi ?
01:08Alors anthropologue, ça va être toute personne qui va s'intéresser au quotidien des individus
01:13et qui va essayer de comprendre le sens que les individus donnent à leur pratique, qu'elle
01:17soit numérique ou qu'elle soit associée à leur vie quotidienne.
01:20Alors Fanny, pour commencer, pourquoi cette IA fait-elle si peur ? Alors peut-être que
01:24ça va mieux depuis ce sommet, mais ça fait peur ?
01:26Alors l'IA fait peur parce que l'IA semble immatrisable et va nous renvoyer vers des
01:31grandes peurs qui arrivent à chaque fois que l'on a un changement de société et une
01:34nouvelle technologie.
01:35C'est un petit peu le mythe de Frankenstein qui va être adapté au numérique.
01:39On va avoir peur qu'une technologie nous remplace, nous surpasse en quelque sorte et
01:44rende l'homme obsolète.
01:45Donc c'est un vieux débat avec un nouvel outil qui va nous proposer deux voies possibles,
01:50une voie très apocalyptique, donc c'est presque la fin du monde si les IA prennent
01:53le contrôle et de l'autre côté, quelque chose qu'on appelle beaucoup plus messianique
01:58où en fait c'est un nouvel âge d'or, un techno-solutionnisme et optimiste qui permet
02:03de résoudre un petit peu tous nos problèmes.
02:05Alors on en a beaucoup parlé dans les médias toute cette semaine et vous, vous mentionnez
02:10un décalage quelque part entre le discours des organisations sur l'IA et son adoption
02:14en fait, la perception mais des loupes qui ne sont pas forcément la réalité.
02:18Exactement.
02:19Toutes les démarches anthropologiques et les études que l'on mène actuellement montrent
02:23un fort engouement dans le discours, dans les stratégies à mettre en place mais paradoxalement
02:28lorsque l'on va s'intéresser au cas d'usage concret, aux pratiques individuelles et bien
02:32on se rend compte que peu de choses sont mises en place dans les organisations et j'irai
02:36même plus loin, c'est que cette transformation ou cette révolution induite par l'IA sera
02:40une révolution individuelle de nos modes de vie.
02:43On va positionner de manière différente ces technologies dans notre quotidien et pas
02:47forcément, du moins d'après ce que j'observe, dans la majorité des organisations.
02:51Alors c'est quoi le top 3 des utilisations de l'IA aujourd'hui au moment du quotidien ?
02:55On va avoir un premier usage qui va être celui du doudou digital où dès qu'on va
02:59vouloir se poser une question pour sa liste de course, pour des plats à cuisiner, pour
03:04un petit bobo, là on va mobiliser l'IA un petit peu comme un substitut d'une maman
03:08ou d'un papa.
03:09Le deuxième usage ça va être comme coach personnel ou comme psychologue donc une sorte
03:13de miroir de nous-mêmes pour pouvoir nous poser des questions.
03:16Et ensuite le troisième usage ça va être autour des tâches on va dire dites bureautiques
03:20pour pouvoir nous simplifier la vie en fonction soit du temps qui va être contraint, soit
03:26de certaines on va dire failles qui vont nous permettre d'aller plus vite, plus loin, etc.
03:30Et ce fameux doudou donc ça marche pour les adultes, pour les enfants, ça devient aussi
03:34un doudou ?
03:35Exactement, ça marche pour tout le monde donc après les enfants c'est moins mon terrain
03:38mais même les jeunes adultes que j'ai dans mon école l'utilisent tous les jours et vraiment
03:44on substitue du papa et de la maman.
03:46Mais alors justement les plus jeunes vont poser des questions de quel type à cette
03:50IA ?
03:51Alors qu'est-ce que je peux faire à manger ce soir en fonction de ce que j'ai dans mon
03:55réfrigérateur, j'ai mal à la tête ou j'ai mal à l'orteil, qu'est-ce que ça veut dire,
04:00comment je peux faire cuire des raviolis, etc.
04:02Toutes les questions qu'on posait avant à quelqu'un soit de plus expérimenté sur
04:07le sujet, soit de plus âgé.
04:08Mais ça veut dire qu'au lieu de poser une question à son parent pour des enfants ils
04:11vont la poser à l'IA ?
04:12Exactement, parce que le fait d'interagir en langage naturel et de ne pas avoir forcément
04:16de physicalité, c'est-à-dire qu'on va projeter nos intentions et on va avoir l'impression
04:20que c'est presque une vraie personne même si on sait intellectuellement que c'est un
04:24outil et du coup il peut nous comprendre et résoudre des problèmes très humains que
04:28l'on va avoir dans sa vie quotidienne.
04:29Alors j'ai envie de vous demander Fanny, ça ne va pas poser des problèmes éducationnels
04:33parce qu'il y en a qui sont plus Montessori, il y en a d'autres qui sont plus sur d'autres
04:36méthodes, il n'y a pas ce risque à terme ?
04:38Alors il y a énormément de risques, je ne suis pas sûre que les différences éducationnelles
04:43soient le premier problème parce qu'en fonction des requêtes et donc des promptes que l'on
04:47va poser, en fait on va s'inscrire dans des schémas, on va dire narratifs et dans des
04:51idéologies qui vont être spécifiques, donc un petit peu la continuité de ce qu'on voit
04:55actuellement sur les réseaux sociaux, du moins dans la manière actuelle que sont utilisées
05:00ces solutions.
05:01Et il n'y a pas un risque de standardisation de la pensée, on parle beaucoup de pensée
05:04critique justement, donc cette idée ne risque pas de linéariser quelque part les
05:10réponses que l'on va avoir face à la vie qui se présente à nous ?
05:13On a une multitude d'enjeux autour de cette standardisation, la première ça va être
05:16dans le domaine de l'innovation et comment on pense la créativité en utilisant des outils
05:21qui vont nous faire des synthèses certes intelligentes mais de base de connaissances
05:25qui existent déjà, ça c'est le premier élément.
05:27Le deuxième élément autour de la standardisation c'est de se dire si on ne sait pas se servir
05:31des outils et qu'on va s'en servir comme point de départ d'une réflexion où on est
05:35un petit peu tout neuf face au sujet, c'est comme si on fait une recherche Google, on
05:39va avoir des éléments qui ne sont ni justes ni faux, qui sont plutôt vrais mais qui n'amènent
05:44aucune profondeur.
05:45Et le dernier élément c'est de se dire si on s'acculture à avoir une production relativement
05:50moyenne sur les réseaux sociaux via ces outils, ça va nous acculturer, non pas à se poser
05:55des questions et à s'en servir comme un tremplin mais plus comme une béquille.
05:59Et là effectivement cette standardisation arrive avec une illusion d'accessibilité
06:04où ce qu'on va s'apercevoir c'est que si on est relativement à l'aise avec les outils
06:08ou expert dans un domaine, ça va être un véritable tremplin mais si on s'en sert
06:13comme point de départ de toute chose dans notre vie personnelle ou professionnelle,
06:17là la standardisation et même la médiocrité arrivent rapidement.
06:20Alors justement l'innovation c'est vraiment créer quelque chose de nouveau et en rupture
06:26avec ce qui s'est fait avant, quand on comprend l'IA, l'IA agrège des données déjà existantes,
06:31des idées déjà existantes et met un peu de probabilité on va dire pour qu'elle crée
06:37quelque chose d'un peu nouveau ou alors de prévisible.
06:40Là ici l'innovation de rupture en vous écoutant, en fait c'est une illusion ?
06:45Alors ce qu'on observe c'est que cet outil peut être perçu comme une innovation en
06:49tant que telle qui va être utilisée pour aller plus vite, notamment en phase d'idéation
06:53ou en début de projet.
06:54Donc ça marche très bien pour pouvoir pousser des idées plus pertinentes et rapidement,
06:59pour l'innovation incrémentale très très bien mais par contre ça pose la question
07:02de l'innovation radicale qui devient compliquée si on s'enferme dans cette logique-là.
07:06Donc on va avoir une tension entre l'accélération paradoxale des cycles d'innovation via l'utilisation
07:12de ces outils et de l'autre côté une homogénéisation des idées et une incapacité aussi à apporter
07:18des solutions qui vont être de rupture dans un contexte où on nous demande de changer
07:22tant sur le volet social qu'environnemental.
07:24Alors là aussi l'IA est entraînée, on va dire, plus on lui en dit plus elle s'entraîne.
07:30Est-ce qu'il y a une différence entre l'entraînement, on va dire, personnel, c'est-à-dire je vais
07:35directement sur ChatGPT, j'entraîne, m'approprie avec mes questions, et l'entraînement des
07:39gens qui ont une licence qui a été payée par leur entreprise ?
07:42Ça c'est un des gros points clés sur lequel on ne communique pas forcément assez, c'est
07:45qu'on va avoir une différence à la fois en termes d'utilisation de données personnelles
07:49si on est sur des licences gratuites, où ce que l'on va dire va servir à alimenter
07:53cette base de connaissances, et des licences plus d'entreprises qui vont certes avoir des
07:58modèles d'entraînement, mais ce que l'on va entraîner nous-mêmes à travers nos données
08:03va rester dans un système qui va être clos.
08:05Et paradoxalement, ceux qui l'utilisent le plus, notamment pour tester, sont avec des
08:11licences gratuites.
08:12Donc c'est un petit peu la double peine, en se disant qu'à la fois on n'est pas sur des
08:15usages qui vont être les plus pertinents pour l'outil, souvent on va être sur une
08:19dimension éthique qui est relativement limite, et en plus on va avoir une vision ou un positionnement
08:26de cet outil qui est tronqué par rapport à des capacités qui sont éminemment inférieures
08:30à celles des licences payantes, et puis là en 2025 on est sur tout ce qui est les agents
08:35IA, la personnalisation, et comment on rentre encore dans une dynamique d'humain non humain
08:41qui est encore un petit peu différente et qui nécessite plus de mise en place ou de
08:45perception ou de compréhension du mode de fonctionnement.
08:47Ces fameux agents, ce sont en fait des IA qui vont être mon double, on va dire, virtuel,
08:52et qui me connaîtra tellement qu'ils vont pouvoir répondre à ma place, c'est ça ?
08:54Alors pas forcément un double virtuel, mais plutôt des petits assistants qui sur des
08:57tâches précises vont venir simplifier l'automatisation d'un certain nombre de process dans notre
09:03quotidien, au-delà de ce qui va déjà exister par exemple sur ChatGPT, on va pouvoir créer
09:08des GPTs qui là vont pouvoir être beaucoup plus personnels à travers soit notre processus
09:13de réflexion, soit à travers les données qu'on va lui alimenter en plus.
09:18Donc on va avoir vraiment les deux dynamiques qui vont venir de plus en plus s'installer
09:21dans les usages des utilisateurs, notamment sous licence payante.
09:25Mais au moins on peut imaginer que si je consomme beaucoup de ChatGPT, demain il va
09:29tellement me connaître qu'il pourra répondre à ma place ?
09:30Alors, ça arrive déjà dans certaines solutions, la question ce n'est pas de se dire est-ce
09:36qu'il va répondre à ma place à partir de quoi, c'est de se dire quelle place je
09:40lui donne dans mon quotidien, est-ce que c'est mon double, est-ce que c'est un assistant,
09:43est-ce que c'est un coach, est-ce que c'est simplement un agrégateur de contenu ?
09:46Pour aller plus vite, c'est plus à nous humains de faire des choix et d'introduire
09:52une relation humain-non humain cohérente avec ce choix-là.
09:54Fanny, vous qui êtes professeure, vous corrigez de nombreux mémoires d'étudiants, et comme
09:59beaucoup de professeurs, vous constatez que l'IA est le meilleur ami des étudiants, elle
10:05modifie un peu les normes littéraires cette IA, c'est quoi la relation qui est en train
10:09de s'instaurer ?
10:10On va avoir deux dynamiques, la première dynamique vont être des étudiants qui n'ont
10:13pas forcément confiance en eux et qui ne sont pas forcément à l'aise avec le style
10:17littéraire, qui vont s'en servir pour pouvoir mettre en forme et aller un peu plus vite
10:21dans la rédaction.
10:22Donc le fond et le leur, ça ne me pose pas de soucis, par contre, dans la forme, on va
10:26avoir un certain nombre de récurrences de mots utilisés pour faire des liaisons, notamment
10:30le comment, des synthèses de paragraphes qui viennent davantage, on va dire, polluer
10:36le discours, et là on est un peu en phase d'apprentissage, donc je suis plus dans une
10:39logique d'éducation en disant, les gars, ça c'est de GPT, on arrête, on arrête,
10:43et on redonne un peu de jus de cerveau aux pieds à les autres, qui s'en servent comme
10:46point de départ, un petit peu comme une bible, qui va à la fois les aider à mettre en place
10:51leur démonstration théorique et ensuite à la rédiger.
10:54Et là on va être sur une forme de soupe qui est relativement équivalente, quel que
10:59soit le sujet, avec des mécanismes de fonctionnement qui sont similaires et des portes ouvertes
11:04qui semblent intéressantes au premier abord à travers une formulation, mais qui sont
11:08relativement vides de sens et même à contresens lorsqu'on va un petit peu plus loin.
11:12Et après l'idée c'est pas de ne pas s'en servir, c'est de se dire comment on s'en
11:15sert de manière intelligente par rapport à nos capacités et à nos limites, et ça,
11:19ça dépend à la fois du sujet et à la fois de nos chers étudiants.
11:21Fanny, pour conclure, sans lire dans une boule de cristal, l'IA demain, elle ressemblera
11:27à quoi dans nos vies d'ici 2-3 ans ?
11:29L'IA, elle sera présente, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, donc plutôt
11:34à nous de le choisir, par rapport aux recherches anthropologiques on peut dire qu'il y aura
11:38une multitude d'IA qui auront des positionnements qui vont être différents en fonction des
11:42individus, et puis on va avoir une notion très bourdieusienne qui est le capital technologique.
11:46Donc qu'est-ce qu'on en fait de ces outils, comment on les utilise, et on risque d'avoir
11:51un petit peu deux vitesses, à la fois dans la vie quotidienne et dans la vie professionnelle,
11:54entre ceux qui s'en servent comme tremplin et ceux, soit qui ne veulent pas s'en servir,
11:59qui s'en servent comme béquille, et du coup on est sur une reproduction des fractures
12:02sociales, écologiques et maintenant technologiques.
12:05Merci beaucoup Fanny Paris, je rappelle que vous êtes anthropologue spécialisée sur
12:08le monde du travail et bien sûr l'intelligence artificielle.
12:11Restez avec nous, je vous propose de marquer une courte pause avant de découvrir comment
12:15les entreprises s'adaptent et accompagnent leurs collaborateurs en rendant la technologie
12:19encore plus accessible et humaine.
12:21Le numérique pour tous, ça continue dans quelques instants et c'est sur Sud Radio.
12:24Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Perez.
12:28Et pour continuer cette émission spéciale, l'intelligence artificielle et société,
12:31nous avons le plaisir de recevoir Stéphanie Achard.
12:34Stéphanie, bonjour, vous êtes vice-président country leader application chez Oracle France.
12:39Alors on l'a dit avec Fanny, l'IA est dans le quotidien de tous et notamment au sein
12:45de votre entreprise Oracle et au sein également du quotidien de la vie des clients que vous
12:50accompagnez.
12:51J'ai envie de vous demander, cette couche supplémentaire technologique que l'on est
12:54en train de mettre, elle ne va pas complexifier la vie quotidienne de vos collaborateurs ?
12:58Bon justement Vanessa, c'est une très bonne question, je pense que les 30-40 dernières
13:03années, les entreprises ont rajouté des couches et justement l'idée maintenant,
13:08notamment avec l'IA générative, c'est de s'abstraire finalement de ces couches
13:12de complexité et pouvoir réellement apporter un outil d'aide pour les employés des organisations
13:19de manière très naturelle, dans un langage naturel, en fonction du contexte dans lequel
13:24la personne se trouve, c'est-à-dire en fonction de son métier, en fonction de la
13:27tâche qu'il cherche à accomplir et pour donner quelques exemples, typiquement dans
13:32le domaine des ressources humaines, on voit beaucoup de scénarii à base d'IA générative
13:38qui ont un vrai sens.
13:39Typiquement, vous êtes aujourd'hui à la recherche d'un emploi, vous allez voir les
13:44différents sites, que ce soit les sites des institutions gouvernementales ou les sites
13:49des entreprises, ce que vous devez faire, c'est en fait rentrer par mots-clés.
13:53Vous dites, je cherche plutôt un job de commercial, plutôt un job de manutentionnaire, etc.
13:58Ce qui est nouveau aujourd'hui avec l'IA générative, c'est que vous allez pouvoir
14:02directement mettre votre CV sur la plateforme et c'est l'IA générative qui va vous proposer
14:08des jobs.
14:09Et ça, c'est quand même intéressant parce que dans le monde dans lequel on est, on voit
14:12que les compétences, on en parlera probablement, doivent évoluer de manière assez drastique.
14:16C'est intéressant aussi de se dire qu'on ne reste pas uniquement sur le dernier rôle
14:21que la personne a pu avoir et du coup, cette personne va forcément rechercher ce qu'il
14:26a fait dans son rôle précédent.
14:28L'IA va regarder le CV de manière complète, les compétences, etc. et potentiellement
14:32proposer à cette personne plus de rôles.
14:36Et pour l'entreprise, c'est aussi quelque part un gage de diversité qui est quand même
14:40intéressant.
14:41Et ça, je pense que c'est assez simplificateur dans l'approche.
14:44Alors justement, l'IA aide au quotidien beaucoup de métiers, on va dire.
14:49Il y a des IA qui font des vidéos, des IA qui écrivent vos slides quelque part à votre
14:53place.
14:54Qu'est-ce qui va rester justement de l'expertise ou du rôle du collaborateur au sein de l'entreprise ?
14:59C'est une bonne question.
15:00C'est une interrogation qui est légitime.
15:02On l'a vu à chaque fois qu'il y a eu des révolutions technologiques majeures.
15:05Très clairement, des métiers ont évolué, mais ce qu'il faut voir aussi, c'est que
15:09des nouveaux métiers ont été créés.
15:10Et donc, je crois que là, à Davos, lors du Forum économique mondial, il a été dit
15:16qu'il y aurait 170 millions de nouveaux postes ou rôles créés dans le cadre de
15:22l'IA d'ici 2030.
15:24Donc, je pense que l'idée, c'est vraiment de regarder comment on peut les saisir.
15:27Maintenant, la crainte, elle est une fois de plus légitime.
15:31Et ce qu'il faut, à mon avis, regarder, c'est anticiper ce processus pour créer
15:37des filières, repenser les rôles, etc.
15:39Et je pense qu'il y a un sujet aussi qui est quand même intéressant, c'est « regardons
15:45», on en parlait juste avant, « regardons d'abord la valeur.
15:47Qu'est-ce qu'on va pouvoir faire avec ça ? Accompagnons le changement pour derrière
15:51créer quelque chose de nouveau.
15:52» Parce que typiquement, on va donner quelques
15:54exemples pour illustrer, on a quand même aujourd'hui des professions qui sont sous
16:00tension.
16:01On peut citer le monde de la santé parmi celles-là.
16:03Et ce que l'on voit aujourd'hui, c'est typiquement, nous, chez ORAC, on a créé
16:07un assistant digital pour les professionnels de santé qui permet justement de s'affranchir
16:14ou de fluidifier l'ensemble des tâches administratives et de se concentrer en fait
16:18sur le patient.
16:19De même, quand on regarde tous les efforts qui sont faits pour lutter contre le cancer,
16:24au-delà du sujet des essais cliniques, etc., on a aussi cette IA qui va aider typiquement
16:30une personne qui est en charge de calibrer une machine de radiothérapie à contourer
16:35de manière beaucoup plus rapide les cellules cancéreuses, les cellules saines.
16:38Et ça ne veut pas dire qu'on enlève l'intelligence de la personne.
16:42Alors j'allais vous demander, est-ce que la simplification apportée par l'IA, elle
16:45se fait pas au détriment de la qualité du service apporté ?
16:48Alors moi, je ne trouve pas justement, parce que pour reprendre l'exemple du professionnel
16:52de santé qui va lui calibrer cette machine qui est extrêmement critique pour la suite
16:56des soins, ça va lui permettre d'utiliser finalement ses compétences, son cerveau,
17:03pour des tâches à valeur ajoutée.
17:04Et ça va permettre de réduire le temps de création de cette tâche qui est quand même
17:09assez rébarbative, pour pouvoir après passer le temps pour vraiment comprendre, est-ce
17:14que le contouring qui a été fait des cellules saines, cancéreuses, etc., est-ce que d'abord
17:19c'est le bon, et deux, de vraiment regarder comment on peut aller un peu plus loin.
17:23Alors Stéphanie, vous qui avez une antériorité chez Oracle et qui équipez aussi beaucoup
17:27de clients, vous n'avez pas non plus le sentiment que cette IA risque d'aggraver quelque part
17:31les inégalités entre ceux qui la maîtrisent et ceux qu'elle remplace quelque part ?
17:35Oui, dans ça, clairement là-dessus, il y a un vrai sujet à prendre en compte.
17:41On parlait juste avant des nouveaux métiers qui allaient se créer, mais aussi des métiers
17:46qui allaient être modifiés.
17:47Je pense qu'on a tous une responsabilité, que ce soit les acteurs de la tech, les pouvoirs
17:52publics, les entreprises, pour vraiment penser à comment on aide finalement, je vais le
17:57dire en anglais c'est pas bien, mais à reskiller, ou en tout cas en repenser, à redonner des
18:01compétences.
18:02Et on a la chance en France d'avoir des organismes avec lesquels typiquement nous on travaille,
18:07Fitech et d'autres, qui vont en fait prendre des personnes en situation aujourd'hui de
18:14non-emploi, parce que les compétences qui avaient été acquises ne sont plus forcément
18:17au bout du jour, et avec lesquelles on va engager un réseau d'entreprises, des acteurs
18:22de la tech, pour finalement former ces personnes à des nouvelles compétences qui vont leur
18:26permettre d'accéder à un emploi aujourd'hui et demain.
18:29Et on voit que les compétences, je crois que j'ai lisé quelque chose l'autre jour
18:32qui disait qu'en 87, les compétences acquises avaient une durée de vie de 20 ans, aujourd'hui
18:38elles ont deux ans de vie.
18:40Donc ça veut dire aussi qu'avant que les personnes rentrent dans le monde du travail,
18:44il faut aussi repenser probablement le système éducatif.
18:47Alors j'allais vous le demander, vous anticipez ma question, mais justement vous embauchez
18:51beaucoup de jeunes, est-ce que vous avez le sentiment que le passage du monde éducatif
18:55ou universitaire à l'entreprise est complètement fluide, ou alors il y a un décalage justement
19:00entre l'apprentissage, les compétences et ce que vous leur demandez au sein de l'entreprise ?
19:05Je pense qu'il y a un décalage de mon point de vue avec tout ce qui est collèges, lycées,
19:11il y a encore un décalage, même s'il y a plein de choses intéressantes qui sont en
19:15train de voir le jour.
19:16On a vu la ministre de l'éducation annoncer une formation en ligne sur l'IA pour les
19:21classes de quatrième et seconde, mais il y a encore quand même un décalage assez fort
19:25sur les enseignements finalement de connaissances fondamentales et puis se dire, une fois que
19:32ces connaissances fondamentales sont là, est-ce qu'on a raison de continuer à mettre
19:35autant de poids sur les connaissances fondamentales, est-ce qu'on ne devrait pas former beaucoup
19:39plus à l'esprit critique, à ce qu'on fait de l'information, comment on utilise
19:43les outils.
19:44Et après en revanche, je trouve que dans le supérieur, là très clairement, beaucoup
19:48de choses ont été faites dans les formations, qu'elles soient au niveau des écoles ou
19:51au niveau du cursus universitaire, pour avoir des approches beaucoup plus pragmatiques.
19:55Maintenant, ce qu'on voit arriver après dans les entreprises, c'est effectivement
19:59aussi des jeunes qui ont des attentes un peu différentes sur la manière de travailler.
20:04Et ça, ça met une pression saine, j'ai envie de dire, sur les organisations pour
20:09justement mettre en œuvre ces scénarios à base d'IA, de Gen AI, parce que les usages
20:16du monde du privé, mais on le voit depuis très longtemps, c'était le cas avec ce
20:20qu'on appelait le « Shadow IT » et maintenant on dit le « Shadow IA » ou « Shadow AI ».
20:24C'est-à-dire l'utilisation non autorisée, on va dire, en secret de l'IA.
20:29Absolument.
20:30Et donc on le voit aujourd'hui, ces jeunes, ils arrivent, ils ont des attentes en termes
20:32d'outillage, en termes de facilité de travail, etc.
20:36Et c'est là où les solutions d'entreprise qui sont proposées par les acteurs doivent
20:40suivre cette courbe.
20:41Sinon, ils vont continuer à utiliser des outils grand public.
20:44Stéphanie, pour conclure, Fanny Paris nous a dit effectivement que l'IA était utilisée
20:49comme doudou, donc on lui posait beaucoup de questions très personnelles.
20:51Aujourd'hui, pour vous, est-ce qu'il y a un vide juridique sur l'utilisation de nos
20:55données ? Tout ce que l'on confie d'un peu stratégique à un Chad GPT ou à un Mistral
21:00ou à d'autres ?
21:01Alors, vide juridique, je ne sais pas.
21:03En revanche, ce qui est certain, Fanny en parlait et je suis complètement alignée,
21:06c'est qu'il y a un vrai décalage entre les services qui sont proposés dans le cadre
21:10des entreprises et proposés par des entreprises à des consommateurs, ou même entreprises
21:16vis-à-vis de ses salariés, et les IA grand public que beaucoup de personnes utilisent.
21:22Moi, je pense qu'il y a un paradigme un peu de retour à la raison, c'est-à-dire que
21:29dans le grand public, très clairement, il faut que les personnes comprennent que cette
21:33utilisation n'est pas complètement gratuite, c'est-à-dire que les données sont derrière
21:36utilisées, récupérées pour améliorer les algorithmes, et on le voit bien avec tout
21:42ce qu'on peut recevoir.
21:43Par ailleurs, une fois qu'on utilise ces systèmes, on voit bien qu'il y a un sujet
21:45réel.
21:46Je pense que là, il faut faire de l'éducation et que les personnes prennent conscience que
21:52ce n'est pas gratuit, et que Fanny disait tout à l'heure les scénarii d'IA en mode
21:56doudou, est-ce que vraiment tout est utile ? Est-ce qu'il ne faut pas avoir un peu de
22:00sobriété par rapport à tout ça ? Et je pense que là, il y a pas mal d'éducation
22:05encore à faire.
22:06Éducation et formation, Fanny Paris, Stéphanie Achard, merci beaucoup pour vos interventions.
22:10Le numérique pour tous, c'est fini pour aujourd'hui.
22:12Je rappelle que vous pouvez retrouver toutes nos émissions en podcast sur l'application
22:16Sud Radio et sur vos réseaux sociaux préférés.
22:18Il est temps pour moi de vous souhaiter une excellente fin de week-end et de vous dire
22:22à la semaine prochaine !

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