Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.
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00:00 Nous parlons santé, nous parlons recherche et nouveaux médicaments avec l'IA.
00:04 L'IA c'est quoi ? C'est l'intelligence artificielle.
00:07 Je suis avec le directeur de Akemia, qui est une start-up, la biotech comme on dit, recherche 100% française,
00:15 travaillé avec l'intelligence artificielle, Maximilien Levesque.
00:18 Alors, vous reproduisez des maladies sur ordinateur.
00:22 - Oui. - C'est bien ça.
00:23 Donc c'est l'intelligence artificielle.
00:25 Comment ça marche ?
00:26 En fait, on part du constat qu'aujourd'hui, une maladie, retrouver un nouveau médicament, ça prend 10 ans et ça coûte 2 milliards.
00:33 L'intelligence artificielle, la technologie qui est au cœur d'Akemia, permet de raccourcir ces délais
00:40 et de chercher des médicaments de façon plus efficace.
00:42 Et vous ciblez, vous, le cancer. Donc ça, c'est l'une de vos priorités.
00:46 Oui, en fait, la technologie d'Akemia permet de cibler tout type de maladie.
00:51 Mais aujourd'hui, Akemia travaille sur 10 maladies qui sont toutes des cancers différents.
00:57 D'accord. Mais quand on dit finalement intelligence artificielle, on voit des robots, on voit des gens derrière des ordinateurs.
01:02 Comment ça se passe ?
01:04 Très concrètement, ce qu'on fait, c'est qu'on simule la maladie dans l'ordinateur.
01:09 Alors, qu'est-ce que ça veut dire ?
01:10 C'est trois grandes étapes.
01:11 On invente un médicament dans l'ordinateur avec de l'intelligence artificielle et une technologie unique à Akemia.
01:18 Ensuite, on simule les mécanismes de la maladie au cœur des cellules, mécanisme responsable.
01:25 Et on simule, on teste si le candidat médicament vaut le coup d'être testé sur des animaux, puis sur des gens.
01:33 Donc c'est un gain de temps en amont.
01:35 Exactement.
01:35 Et c'est une suite de chiffres, ça ressemble à quoi ?
01:37 Parce qu'autrefois, on avait les prouvettes, on avait la paillasse, on avait le labo.
01:41 Alors, c'est à la fois des chiffres, mais c'est aussi des algorithmes qui permettent d'inventer les futurs médicaments,
01:48 atome par atome, et puis de les tester.
01:51 C'est ce que vous voyez là sur l'écran, c'est-à-dire que la molécule est emboîtée dans la protéine responsable de la maladie,
01:59 ce gros objet, et on teste qu'elle s'accroche bien l'une à l'autre, bloque la maladie.
02:04 Quel type de cancer on espère guérir avec cette formule ?
02:07 Sans vous dire sur lesquels on travaille, ça je ne peux pas vous le dire.
02:10 En tout cas, est-ce que c'est raisonnable qu'aujourd'hui, un cancer du pancréas ait un taux de survie à 5 ans de 7% seulement ?
02:17 La réponse est non, et on travaille dans Akemia pour résoudre ce problème et éradiquer ces cancers aujourd'hui incurables.
02:24 Rappelons le start-up français Akemia. Chez vous, il y a qui ? Il y a des chercheurs, il y a des informaticiens ?
02:30 Akemia, on a trois ans. Il y a trois ans et quelques jours, on était encore au sein de l'École normale supérieure et du CNRS,
02:37 dont on est sortis avec Emmanuel Martiano, ma co-fondatrice.
02:41 On est aujourd'hui 50 personnes au cœur de Paris, dont un tiers d'étrangers qui nous ont rejoints.
02:47 États-Unis, Australie, Italie, Suisse, qui nous ont rejoints pour un mélange unique au monde de compétences physiques, quantiques,
02:56 intelligence artificielle, biologie, chimie et j'en passe.
02:59 On a l'impression que la France reprend de la splendeur avec tout ça.
03:03 Vous attirez du monde, vous attirez des chercheurs du monde entier ?
03:05 Oui, aujourd'hui, Akemia, 50 personnes, environ une vingtaine qui viennent d'une dizaine de pays au monde.
03:15 Demain, c'est 50 personnes. Aujourd'hui, fin de l'année, 150 personnes.
03:20 Faut-il comprendre qu'il n'y a pas les chercheurs français en nombre et que vous êtes obligés de les faire venir ?
03:25 Alors, on recrute les meilleurs dans Akemia, ceux qui sont vraiment driveés par l'envie de trouver des médicaments.
03:32 Il se trouve que ce sont des profils extrêmement rares et donc on les source dans tous les pays du monde.
03:37 Et donc la France, on a envie de vous poser la question, elle reste dans la course,
03:41 parce qu'avec tout ce qui s'est passé avec le Covid, on s'est dit qu'on a perdu quand même beaucoup de temps.
03:44 Là, aujourd'hui, on compte sur la scène internationale.
03:47 Alors, je crois sincèrement que la France a toujours compté pour la recherche dans le monde entier.
03:54 Prinomel 2022 de physique quantique, Alain Aspect, français, travaillant sur le pateau de sa clé.
04:00 Oui, la France compte. Nous, on travaille avec le CNRS, l'Institut Pasteur, deux instituts enviés dans le monde entier.
04:08 J'étais il y a deux semaines à l'hôpital Gustave Roussy, spécialiste du cancer, un des plus grands au monde dans le cancer.
04:14 Donc oui, la France compte.
04:16 Et là, vous étiez, vous êtes allé chercher des fonds, peut-être, vous m'avez dit, à San Francisco, aux États-Unis.
04:21 Vous avez présenté votre entreprise, c'est ça, devant les Américains.
04:24 Oui, il y a une conférence annuelle organisée par la Banque d'affaires JP Morgan à San Francisco tous les ans.
04:30 Et oui, nous y étions invités pour présenter nos travaux, nos avancées et notre croissance pour financer peut-être la suite du projet Akemia.
04:40 Aujourd'hui, dix projets de recherche de médicaments, demain, des dizaines.
04:45 Et ils sont prêts à vous suivre, à mettre l'argent au pot ?
04:48 Alors, ce que je peux vous dire, c'est que notre technologie et nos résultats et notre croissance font envie.
04:54 Ils nous demandent comment on fait.
04:57 Et comment vous regardent les géants français ? Parlons de Sanofi, par exemple, qui doit sûrement avoir peut-être envie de vous racheter un jour ou l'autre, non ?
05:04 Alors, de nous racheter, je ne sais pas, mais en tout cas, également avec envie.
05:07 C'est plus qu'avec envie, c'est qu'on travaille avec eux, main dans la main.
05:10 Aujourd'hui, des grands laboratoires pharmaceutiques, leaders mondiaux de la recherche de médicaments,
05:15 par exemple, pour ce qui est public, Sanofi, Janssen ou Servier, viennent nous voir pour inventer les médicaments du futur sur leurs projets de recherche.
05:25 Vous êtes le petit labo qui monte et qui fera parler de lui un jour.
05:27 Dernière question, quand ça marche vraiment bien, imaginez que vous mettiez au point ce médicament contre le cancer.
05:34 Combien va-t-elle valoir votre entreprise ? Elle va être survalorisée, alors ?
05:37 Alors, ce que je peux vous dire, c'est qu'un médicament contre le cancer, ça vaut un milliard.
05:43 Akemia veut trouver des dizaines de médicaments contre les cancers et contre d'autres maladies.
05:50 Ce que je peux aussi vous dire, c'est qu'une pharma aujourd'hui, ça vaut entre 100 et 300, une très grande pharma, entre 100 et 300 milliards.
05:57 Akemia vaudra certainement une fraction de cela, si nous réussissons.
06:01 Mais je voudrais redire que ce n'est pas ce qui nous drive au quotidien.
06:05 Les 50 personnes d'Akemia, elles travaillent au jour le jour pour éradiquer certaines maladies aujourd'hui incurables.
06:11 Ça, on a bien compris. Juste dernière question, si ça marche vraiment bien, vous n'allez pas vous vendre à l'étranger ?
06:16 Parce que souvent, on voit les start-up françaises filer.
06:19 Alors, ce que je peux vous dire, la réponse simple, c'est non.
06:23 La réponse plus riche et complète, c'est que les laboratoires pharmaceutiques sont des entreprises globales, mondiales.
06:30 Ça ne fait pas de sens pour Akemia de ne travailler qu'au sein de la France ou qu'au sein de l'Europe.
06:35 Mais ce sera mondial, global.
06:36 Par contre, Akemia restera une spin-out, c'est-à-dire une structure issue du CNRS et de Normalsup,
06:43 avec au capital des investisseurs français, dont Large Venture de Bpi France.
06:50 Très bien. Merci beaucoup, Maximilien Levesque, cofondateur d'Akemia et directeur aujourd'hui.
06:56 Vous dirigez cette start-up qui monte. Merci. Restez avec nous sur CNews.
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