L'Hebdo de l'Éco : Mehdi Houas (Groupe Talan)

  • l’année dernière
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

Transcript
00:00 On va parler innovation et nouvelles technologies avec le groupe Talent.
00:04 Je suis avec le président fondateur Mehdi Ouass.
00:07 Bonjour, merci d'être avec nous.
00:08 Vous êtes expert en conseil dans plus de 21 pays, conseil en innovation.
00:13 Vous accompagnez les grandes entreprises.
00:15 Vous les incitez en quelque sorte à se plonger dans les nouvelles technologies.
00:18 Alors moi, j'ai une question simple.
00:19 Est-ce qu'on ne va pas trop loin dans tout ce qui est virtuel ?
00:22 On parle tout le temps du métavers.
00:24 Il y a aussi le JAT, GPT, il y a le Bitcoin, les blockchains, etc.
00:28 Toutes ces nouvelles technologies, certains ont quand même peur, non ?
00:31 Bien sûr.
00:32 Tout ce qui est nouveau, de toute façon, fait peur, effraie.
00:35 Et dans le virtuel, si on ne fait que du virtuel, bien sûr qu'on va trop loin.
00:38 Si par contre, on prend le virtuel comme une prolongation du réel
00:41 et qu'on essaie de mixer les deux, là, c'est intéressant.
00:44 Et là, c'est même puissant et ça peut apporter d'autres paradigmes.
00:49 Ou innover et chercher de nouvelles voies.
00:52 Mais ça ne risque pas de gêner l'emploi quand même ?
00:54 À terme, on va se dire, on n'a plus besoin de manœuvres ?
00:57 Oui et non.
00:58 À chaque fois que vous avez une rupture technologique,
01:00 cette rupture technologique détruit les emplois.
01:02 Ça, c'est certain.
01:03 Il faut le dire et il ne faut pas le nier.
01:07 Par contre, elle crée aussi des nouvelles opportunités.
01:09 Et ce qui nous intéresse, c'est le solde net.
01:11 Ça, c'est un premier point.
01:12 Est-ce que je vais créer plus d'emplois que je vais en détruire ?
01:16 Et la conviction que l'on a, c'est qu'aujourd'hui, le numérique, le digital,
01:20 ces nouvelles technologies sont en voie de créer beaucoup plus d'emplois
01:23 qu'elles n'en détruisent.
01:24 Il y a les emplois qui sont créés par la technique.
01:26 Et puis, il y a les emplois qui sont créés par les US.
01:29 Et les services que génère cette technique.
01:31 Donc, il y a les deux niveaux d'emploi qui viennent se compléter.
01:36 On parle souvent des Jeux olympiques avec les fameuses caméras intelligentes
01:39 qui vont scruter les va-et-vient, qui vont aussi scruter les comportements.
01:44 Un mauvais comportement, il deviendra peut-être suspect.
01:47 Là, il faut de la manœuvre derrière quand même pour décrypter ces images.
01:50 Moi, j'aime bien parler d'intelligence augmentée plutôt que d'intelligence artificielle
01:54 parce que toutes ces technologies vont en fait augmenter notre spectre.
01:58 Et donc, en augmentant notre spectre, elles vont augmenter nos capacités.
02:02 Elles vont aussi augmenter et susciter de nouveaux services.
02:05 Et en suscitant de nouveaux services, fatalement, elles vont créer de l'emploi.
02:08 Alors justement, quel type de recommandations faites-vous aux entreprises ?
02:11 Vous avez des exemples concrets actuellement pour implanter ce métavers ?
02:16 Alors, si vous parlez du métavers, un, le métavers est un complément.
02:21 C'est-à-dire ne concevoir le métavers que dans un contexte virtuel,
02:26 de mon point de vue, ce serait une erreur.
02:28 Concevoir le métavers comme une prolongation du monde réel
02:32 et donc la capacité de traverser les océans,
02:37 aller irriguer de son savoir les différentes continents,
02:42 c'est comme ça qu'il faut prendre le métavers.
02:45 Donc, il ne faut pas en avoir peur.
02:46 Il faut essayer de comprendre qu'est-ce qu'il peut apporter.
02:49 Le dompté, comme toutes les technologies, elles ont du plus, elles ont du moins.
02:53 Donc, il faut être positif.
02:55 Il faut essayer de voir les limites des effets de bord négatifs que cela peut procurer.
03:01 Et puis, naturellement, les corriger.
03:03 Alors, le métavers pour une entreprise, ça apporterait quoi ?
03:05 C'est une image virtuelle ?
03:07 C'est plus que l'image virtuelle.
03:09 Je peux, par exemple, pour des entreprises de maintenance,
03:14 créer dans le métavers des situations et des entraînements
03:21 pour changer une pièce défectueuse.
03:24 C'est de la formation accélérée.
03:25 Ça peut.
03:27 Je peux réaliser cet exercice plusieurs fois.
03:31 Vous savez, quand vous regardez aujourd'hui dans les hôpitaux,
03:34 les chirurgiens qui pratiquent de nouvelles opérations s'entraînent.
03:40 Donc, ils s'entraînent dans le réel parce que c'est des actes qui sont compliqués
03:43 et qui mettent en danger la vie humaine.
03:45 Changer un équipement défectueux dans un réseau de distribution électrique,
03:52 ça peut se faire aussi dans le métavers avant de le faire réellement dans le monde réel.
03:55 Ça, c'est une application.
03:56 C'est comme pour l'aéronautique quand on s'entraîne, bien sûr.
03:59 Exactement.
03:59 On peut parler aussi d'ailleurs de révolution technologique.
04:03 On parle même de révolution tout court.
04:05 C'est une révolution.
04:06 C'est-à-dire qu'on a la chance de vivre une époque où la technologie,
04:09 celle qui sait utiliser la donnée de manière assez importante,
04:15 est mature et aujourd'hui est en avance par rapport à notre imagination.
04:18 Mais je voulais dire, on peut la comparer avec d'autres révolutions dans le passé
04:21 comme la révolution agricole, industrielle, tout ça ?
04:23 Moi, je la comparais à deux grandes révolutions,
04:26 celle du XIXe siècle avec l'arrivée de la machine à vapeur
04:29 où on pensait qu'elle serait là uniquement pour remplacer les chevaux ou les bœufs.
04:36 Et on s'est aperçu que non, elle avait entraîné une révolution industrielle.
04:41 Et puis au XXe siècle, naturellement, l'électricité qui ouvre la voie
04:45 aux ordinateurs, à l'automatisation, à la robotisation.
04:49 Aujourd'hui, on est dans une situation où ces technologies nouvelles
04:54 vont réellement nous permettre de réinventer un monde.
04:57 C'est pour ça que c'est important de faire attention au biais.
04:59 On parle beaucoup de chat GPT aujourd'hui.
05:01 Donc ça, c'est...
05:03 Il faut faire attention au contenu.
05:04 Il faut faire attention au contenu qu'on injecte
05:07 parce qu'on a des algorithmes, donc des intelligences,
05:11 qui vont auto-évoluer et qui vont continuer à apprendre
05:14 en fonction des contenus que vous allez leur donner.
05:16 Si le contenu est ouvert, leur apprentissage va être ouvert.
05:20 Si le contenu est fermé et dirigé vers une direction qui n'est pas forcément la bonne,
05:24 effectivement, leur apprentissage va être biaisé.
05:27 Alors Mehdi Ouas, vous êtes...
05:28 On a fait, si vous voulez illustrer ce propos,
05:31 on a fait un test d'utilisation interne de chat GPT
05:35 et on y a intégré tout ce qui est code du travail
05:38 et on l'a mis en service d'utilisation de nos salariés
05:43 et nos salariés, grâce à chat GPT,
05:45 peuvent se poser des questions sur le code du travail et avoir les réponses.
05:52 Voilà une façon non biaisée, intelligente et structurante
05:57 d'utiliser cet algorithme et de le rendre de plus en plus intelligent.
06:01 Je sais s'il y a des articles dans le code du travail,
06:03 je crois qu'on a le record du monde.
06:05 Peut-être qu'on aurait pu mettre la réforme des retraites en chat GPT
06:07 pour savoir quelle était la meilleure formule.
06:09 Je pense que ce que j'ai compris de la réforme de retraite,
06:12 c'est qu'elle était très compliquée à expliquer.
06:14 Peut-être qu'un chat GPT aurait, ou peut, peut encore aujourd'hui,
06:18 apporter, selon lui, un appel.
06:21 J'ai une dernière question, Mehdi Ouas.
06:23 Vous avez été ministre en Tunisie.
06:26 Comment passe-t-on d'homme politique au conseil en innovation ?
06:31 J'ai été homme politique pendant une année.
06:33 Ministre de l'Industrie et du Tourisme.
06:38 Ministre du Tourisme et du Commerce.
06:40 Mais j'avais été 20 ans entrepreneur auparavant
06:43 et puis 15 ans entrepreneur après.
06:46 Donc je pense que ce qui était facile pour moi,
06:50 eu égard à mon passé d'entrepreneur,
06:53 c'était de venir occuper cette responsabilité
06:56 à un moment où mon pays d'origine, la Tunisie,
06:59 venait de vivre une révolution et où il fallait avoir
07:03 à la tête du gouvernement des personnes qui soient responsables
07:09 et puis qui soient en capacité de réagir très vite
07:12 et qui soient en capacité de faire en sorte que le pays ne s'écroule pas
07:14 pendant qu'on le mettait sur la voie démocratique.
07:16 Une fois que cette mission a été réalisée,
07:20 je suis revenu à ce que j'adore faire,
07:24 c'est-à-dire créer, innover...
07:28 Et travailler sur une révolution technologique.
07:32 Qui est peut-être plus facile à maîtriser,
07:35 mais qui est compliquée aussi.
07:36 Merci en tout cas, merci beaucoup Mehdi Ouass d'être venu.
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