L'Hebdo de l'Éco : Marc Warnod (Platex)

  • l’année dernière
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

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Transcription
00:00 On va parler du patronat et de son rôle dans la réforme des retraites.
00:04 Actuellement, je suis avec Marc Varnot. Bonjour.
00:06 Bonjour.
00:07 Vous dirigez une PME spécialisée dans la fabrication de plateaux.
00:11 Vous êtes à Pontarly, on vous voit souvent sur CNews.
00:13 Vous êtes numéro 1 en France, numéro 2 en Europe.
00:15 Alors, le patronat, vous en faites partie.
00:17 Il y aura bientôt les élections.
00:19 Mais là, vous nous dites qu'en fait, ils sont un peu en dehors du débat des retraites, c'est ça ?
00:23 Absolument. Je regrette que le patronat soit pas plus impliqué.
00:26 Parce qu'aujourd'hui, le système de retraite, qui a quand même augmenté en coût de 145 milliards en 20 ans,
00:32 ce coût, il est payé par les entreprises.
00:34 Ce sont les charges des entreprises, ce sont les charges sur les salaires.
00:37 Et on a souvent entendu le débat récemment sur le coût exorbitant du travail en France
00:42 et sur la faiblesse du pouvoir d'achat.
00:44 Là-dessus, effectivement, le patronat avait son mot à dire.
00:47 Mais il devrait plus s'impliquer, vous voulez dire, sur les questions actuelles ?
00:50 Sur la retraite, oui, je pense qu'il devrait plus s'impliquer pour rappeler déjà ce qui se passe dans les autres pays européens,
00:55 pour rappeler les fondamentaux économiques.
00:57 Je pense que le patronat doit appeler les choses par leur nom, oui.
01:00 C'est-à-dire ?
01:01 C'est-à-dire dire qu'on travaille 20% de moins que les Allemands, 10% de moins que nos partenaires européens,
01:07 qu'aujourd'hui, on a 1,7 actif pour un retraité,
01:11 que les régimes spéciaux sont en déficit de 40 milliards,
01:14 et qu'on peut pas tout le temps payer en faisant porter les charges sur les entreprises, parce que c'est la réalité.
01:19 Aujourd'hui, quand on parle du régime des retraites,
01:22 on ne dit pas qu'il y a 145 milliards de déficit, en plus qu'il y a 20 ans.
01:26 Pourtant, c'est la réalité.
01:27 Il le dit quand même, Geoffroy Roux de Bézieux.
01:28 On a l'impression quand même qu'il marche sur des oeufs au patronat,
01:32 en tout cas parce qu'il y a patronat, il y a MEDEF, il y a CPME,
01:34 c'est vrai que les trois sont un peu identiques, non ?
01:36 Alors oui, il marche sur des oeufs parce qu'il refuse de mettre les pieds dans le plat.
01:40 Et je crois qu'en réalité, le CPME comme le MEDEF
01:44 devraient mettre les pieds dans le plat sur le débat sur les retraites,
01:47 et rappeler quand même que les charges qui pèsent sur les entreprises,
01:49 ce sont les charges les plus élevées du monde,
01:51 qui rendent la France pas forcément toujours compétitive,
01:54 on va dire souvent non compétitive.
01:56 Ces charges sont insupportables et elles existent entre autres
01:59 parce qu'on refuse de financer les choses autrement que par des charges.
02:02 Est-ce que vous pensez vraiment qu'Emmanuel Macron écoute aussi le patronat ?
02:06 On lui reproche de ne pas écouter les syndicats, mais est-ce qu'il écoute le patronat ?
02:09 Alors ça franchement, je ne suis pas dans le secret des lieux,
02:12 mais je n'ai pas l'impression que le président de la République
02:14 écoute grand monde en ce moment.
02:15 Il a tort donc, il devrait plus se rapprocher des partenaires sociaux.
02:18 Il ne faut pas oublier qu'organisations patronales,
02:20 organisations sociales jouent un rôle, peut-être qu'on les néglige en France.
02:24 Absolument, je pense qu'à la fois on les néglige et à la fois on leur donne trop de pouvoir.
02:29 C'est-à-dire que vous savez, la France c'est ce pays dans lequel
02:31 on a créé un code du travail record mondial de 11 900 articles,
02:34 on est dans un pays dans lequel on a en plus des conventions collectives,
02:38 on a un système qui est très très compliqué en France
02:41 et qui nuit en réalité au dialogue social.
02:42 Mais est-ce que justement quand on compare avec l'Allemagne,
02:45 on est différents, ils n'ont pas un système identique ?
02:47 Ah non, on est totalement différents.
02:49 En France on a plus de 11 000 articles de code du travail,
02:51 il n'y a pas de code du travail en Allemagne.
02:53 En France on a 8% de syndiqués, en Allemagne ils en ont 16%.
02:56 Le système en Allemagne interdit une grève s'il n'y a pas 70% des salariés
03:01 qui se prononcent pour la grève à bulletin secret.
03:03 Donc le système allemand est totalement différent.
03:06 Je dirais que le système allemand, il pousse à la négociation,
03:09 alors que le système français pousse à la confrontation.
03:11 Ça ne les a pas empêchés de se mettre en grève en début de semaine dernière pour les salaires ?
03:15 Non, mais si vous regardez les grèves en Allemagne,
03:17 elles sont entre guillemets bien souvent beaucoup plus justifiées que les grèves françaises.
03:21 En France on a des grèves faites par des spécialistes qui se mettent en grève tout le temps,
03:24 on ne va pas les citer mais on les connaît tous.
03:26 Le secteur public, parapublic, les grandes entreprises,
03:29 les bastions de 2-3 syndicats, ou la grève et culture, et la culture.
03:33 Alors parlons de ces élections au Medef.
03:35 Le 6 juillet, il reste trois candidats, il y a un patron d'entreprise de sécurité,
03:39 il y a un grand patron d'ETI et puis une femme qui donc elle dirige une société de service.
03:44 Le profil idéal selon vous ?
03:46 Alors, tout dépend comment on se place.
03:48 Le Medef aujourd'hui c'est plus de 130 000 membres,
03:51 il y a 70% de ces membres qui sont des PME, de moins de 50 salariés.
03:55 Oui ça, donc ce n'est pas que le CAC 40.
03:57 Voilà, c'est-à-dire qu'il faut bien comprendre que le Medef aujourd'hui ce n'est pas le CAC 40,
04:00 ce sont les entreprises de ce large du terme,
04:03 et dans ces entreprises, je vous dis, 70% des adhérents du Medef ont moins de 50 salariés.
04:07 Là dans ce profil-là, il y a un candidat, une candidate,
04:11 qui effectivement a une société de conseil qui fait 3 millions d'euros de chiffre d'affaires,
04:14 qui correspond à ce profil-là.
04:15 Les deux autres sont plus des patrons de grosses PME ou d'entreprises significatives,
04:20 qui font quelques centaines de millions, voire un milliard d'euros de chiffre d'affaires,
04:23 et qui sont plus les deux autres candidats dans le profil des prédécesseurs.
04:27 Donc ils suivront l'actuel...
04:28 C'est la voie tracée par M. Geoffroy de Goudreau.
04:30 Mais vous qui êtes au Medef, vous cotisez, c'est ça ?
04:33 Vous leur dites quoi quand vous les rencontrez ? Parce que vous êtes présent aussi...
04:36 Je ne les vois pas souvent, mais quand j'y vais, ce que je leur dis c'est que
04:41 vous devez être plus puncher et vous devez défendre les entreprises de façon plus physique,
04:46 plus brutale, plus violente, plus agressive, parce qu'en réalité aujourd'hui,
04:49 la défense des entreprises, en version politiquement correcte,
04:53 ça ne donne pas grand-chose depuis 20 ans.
04:54 – Alors si on revient à la réforme des retraites,
04:57 donc là la semaine prochaine il y a quand même une réunion avec les syndicats,
05:00 après il y aura le Conseil constitutionnel,
05:02 mais mettre en pause, comme le recommande la CFDT,
05:05 vous pensez que ce serait la solution sans se déjuger,
05:08 sans à la limite faire un aveugle de blesse par exemple ?
05:12 – Écoutez, je crois que le problème de fond de ce pays,
05:14 c'est que depuis un demi-siècle, on n'arrive pas à réformer.
05:17 Et encore une fois, on ne va pas réussir à réformer,
05:19 pourtant soyons honnêtes, la réforme des retraites dans sa version actuelle,
05:23 elle ne change rien du tout.
05:24 Ceux qui partent à la retraite aujourd'hui, officiellement, à partir de 62 ans,
05:28 ils partent en réalité à 63,7 ans, donc quasiment à 64, donc tout ça pour ça.
05:33 Je veux dire, on est dans un combat aujourd'hui qui est beaucoup plus politique
05:35 qu'économique, le projet de retraite, de toute façon qu'il passe ou qu'il ne passe pas,
05:40 on devra en avoir un nouveau dans 4-5 ans, tout le monde le sait.
05:42 – Donc ce qui veut dire pause, c'est dire fin de la réforme, c'est ça ?
05:45 – Alors, ce qui dit pause, dit fin de la réforme,
05:47 mais peut-être aussi fin du président, donc il y a quand même d'autres sujets,
05:49 et je ne suis pas certain que les parlementaires aujourd'hui
05:52 ont envie de remettre en cause leur mandat devant les électeurs.
05:55 – Pour en finir, donc votre pronostic, vous en avez un pour le MEDEF,
05:58 pour l'élection ? C'est un peu tôt, parce que ce sera en juillet,
06:00 mais votre préférence ?
06:01 – Écoutez, je pense que les trois ont leur chance,
06:03 je ne vais pas me prononcer, j'en sais rien.
06:05 – Très bien, merci Marc Varnaud, on vous retrouvera bien sûr sur CNews,
06:08 restez avec nous.
06:09 – Merci.
06:10 [Musique]
06:14 [SILENCE]

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