L'Hebdo de l'Éco : Fabien Felli (Poma)

  • l’année dernière
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

Transcript
00:00 On va parler des télécabines, des téléfériques si vous préférez, pas pour aller au ski,
00:05 non mais pour se déplacer en ville, parce que c'est un mode de transport qui se développe actuellement.
00:10 Alors Fabien Fely, vous êtes président de POMA, le groupe POMA, entreprise française.
00:14 Plein de projets se multiplient actuellement dans les villes de France.
00:18 Alors actuellement, vous en êtes où concrètement ? Il y a Toulouse qui a été équipé ?
00:22 Oui, on a ouvert Toulouse l'année dernière au mois de mai, on a ouvert Saint-Denis-de-la-Réunion au mois de février.
00:27 Et on est assez fier de dire, il faut le dire de temps en temps, la France est un peu leader européen des téléfériques urbains.
00:33 On avait commencé il y a déjà un grand nombre d'années en Amérique latine, il y a une vingtaine d'années,
00:37 mais aujourd'hui la France est précurseur dans ce mode de transport.
00:40 Si je ne me trompe, à Rio de Janeiro, il y a le premier téléphérique pour le pain de sucre.
00:44 Tout à fait.
00:45 Qui remonte alors à...
00:46 On l'appelle le pão de azúcar, c'est le pain de sucre, ça remonte à une cinquantaine d'années, une soixantaine d'années.
00:51 C'est très touristique, c'est urbain aussi, mais on va dire qu'on a commencé il y a déjà très longtemps en Amérique latine.
00:56 Ça peut remplacer l'autobus ou le tramway ?
00:59 Toutes les mobilités sont bonnes.
01:00 Pour moi, on est une solution de mobilité.
01:02 On survole des obstacles, que ce soit avec une déclinaison importante, comme à Medellín ou à Rio, ou à plat,
01:09 comme à Toulouse ou même dans d'autres projets en cours en France.
01:13 C'est ça. En région parisienne, Créteil, au sud de Paris.
01:16 Tout à fait. Alors, c'est pas nous, c'est un concurrent, mais il y a une concurrence dans ce marché.
01:20 Ça veut dire que ça existe.
01:21 C'est une solution qui a du sens pour une ville comme Paris.
01:25 Donc pas de pollution, c'est un gare de temps essentiellement,
01:27 parce que ça va aussi vite que les téléphériques que l'on a dans les stations de ski.
01:31 C'est surtout que c'est en site propre, c'est maîtrisé.
01:33 C'est à dire qu'on sait très bien qu'on démarre à un point A, on finit à un point B ou un point C,
01:36 et en fait avec une durée qui est déterminée.
01:38 On est vraiment sur un moyen de transport sécuritaire, rapide, efficace, qui survole les obstacles.
01:44 Alors en termes de coûts, on hésite quoi ?
01:46 Entre un tramway, un train automatique et un téléphérique maintenant ?
01:50 Bien sûr, aujourd'hui, certaines applications sont complémentaires au tramway ou au bus ou au métro.
01:57 C'est le cas où on peut être un feeder d'un métro ou d'un tramway.
02:01 Par contre, c'est évident qu'en termes de coûts, on est très minimaliste sur notre impact au sol.
02:05 Et on est, je dirais, trois à dix fois moins cher que d'autres moyens de transport.
02:08 Oui, mais quand même, il y a des pylônes à installer, il y a des câbles, il y a de l'électricité aussi qui doit fonctionner.
02:13 Alors oui, on est neutre en carbone et on fonctionne à l'électricité.
02:18 Et un câble, une station, un pylône, c'est trois mètres carrés au sol.
02:23 Et ça permet aussi peut-être de végétaliser sous les pylônes et sous le câble.
02:28 Pour Paris, la région parisienne, on pourrait imaginer quel téléphérique ?
02:32 Je ne pourrais pas vous répondre.
02:33 Vous n'avez pas de projet là-dessus ?
02:34 S'il y a d'autres projets dans la région parisienne qui sont intéressants et qu'on va suivre dans les prochaines années.
02:38 Alors Poma, ce sont aussi des moyens de transport pour les parcs de loisirs.
02:43 Il y a des mini-métros, des funiculaires.
02:45 Vous avez aussi des navettes d'aéroport. Donc ça n'est plus que le téléphérique.
02:49 Alors notre histoire passe par la neige, évidemment.
02:51 Ça fait depuis 88 ans qu'on est, on accompagne le domaine skiable de neige.
02:56 Mais c'est évident qu'on est passé dans des applications touristiques, sur des montagnes sacrées en Chine,
03:00 sur des parcs, sur des sites religieux, sur des capsules pour des grandes roues,
03:05 comme à Las Vegas, à Dubaï ou à Londres.
03:07 Capsule, c'est-à-dire ?
03:08 La cabine. En fait, on a une expertise très forte dans les cabines.
03:11 La cabine, vos œufs Poma que vous connaissiez.
03:14 Aujourd'hui, cette expertise cabine, elle existe pour les cabines urbaines de Toulouse,
03:17 comme pour la roue de Londres ou la roue de Dubaï.
03:20 On a vu à Brighton, au sud de Londres, une espèce de tour aussi.
03:25 Ça fait un peu peur. C'est comme une soucoupe volante qui monte à plus de 100 mètres.
03:28 C'est un très bel objet. On l'appelle le donut.
03:29 En fait, en effet, c'est une plateforme d'observation qui monte à plus de 135 mètres,
03:33 qui a été dessinée par un architecte, David Marx, qui a fait la roue de Londres.
03:37 Et c'est une très belle réalisation.
03:39 Mais cette diversification, est-ce qu'elle est due au fait que, peu à peu,
03:43 les téléphériques au sport d'hiver vont s'éclipser ?
03:46 Non, non. J'ai une profonde confiance dans les domaines skiables.
03:50 Il y a des rénovations dans les domaines skiables.
03:52 On rénove les domaines avec des infrastructures plus légères.
03:55 On réduit en général le nombre de pylônes dans une station de ski avec une nouvelle installation.
03:59 On équipe de nouveaux appareils.
04:01 Et j'ai absolument confiance dans la résilience de nos domaines skiables.
04:05 Mais qu'ils consommeront autant qu'avant ?
04:07 Ou est-ce que vous faites un effort pour l'environnement, pour la conservation énergétique ?
04:10 Aujourd'hui, Poma, on a développé une nouvelle gamme de solutions avec une faible empreinte,
04:14 que ce soit l'empreinte de construction, mais aussi l'empreinte énergétique de consommation,
04:19 c'est-à-dire remontée mécanique.
04:20 Et la raréfaction de la neige au sport d'hiver dans les montagnes,
04:23 ce n'est pas un risque, quand même ?
04:25 Un jour ou l'autre, on ne fera plus du tout de télécabines ?
04:27 D'une part, les conditions, les évolutions climatiques sont là.
04:31 On est conscient.
04:32 Et les exploitants de domaines skiables sont conscients de cette modification.
04:35 Par contre, encore une fois, il y a des rapports du GIEC qui montrent qu'il y a encore de la neige
04:39 pour une trentaine, cinquantaine d'années.
04:41 L'évolution de la montagne est aussi une montagne quatre saisons, avec d'autres activités.
04:45 Évidemment, une activité neige en hiver et une activité été qui est de plus en plus croissante.
04:49 Et ça marchera aussi en été, les télécabines, il faut le rappeler.
04:51 J'aimerais maintenant qu'on parle de votre fondateur, Jean Poma Gelski,
04:55 Polonais d'origine, qui est venu en France et qui a développé, en fait,
04:58 le premier transport par câble. C'est lui l'inventeur ?
05:01 Tout à fait.
05:02 Il est devenu Français et belle réussite française.
05:04 C'est un inventeur génial de 1936 qui a mis le premier téléski débrayable à Alpes d'Huez.
05:08 Et après, il avait une diaspora polonaise très importante et il s'est exporté partout dans le monde.
05:13 Ce qui a mis... On parle souvent de Poma, on est un pionnier.
05:17 Et en effet, on a été un pionnier dans l'industrie, dans l'innovation,
05:20 mais aussi dans notre capacité d'exporter de l'autre côté de la planète.
05:23 Et comment il a eu cette idée de créer le transport par câble en venant de Pologne ?
05:27 En venant de Pologne, il avait un nom tout adapté, parce qu'il s'appelait Poma Gelski.
05:31 Donc, on pense qu'il était prêt.
05:34 Alors, expliquez-moi, son premier a été à l'Alpes d'Huez, c'est ça ?
05:37 Oui, tout à fait.
05:38 Et maintenant, il exporte dans le monde entier. Enfin, l'entreprise exporte.
05:40 C'est devenu, j'allais dire, un emblème international.
05:43 Le nom Poma, on le voit sur pratiquement toutes les télécabines.
05:46 Déjà, d'une part, on est très fier d'avoir gardé et d'avoir continué à industrialiser en France.
05:49 Poma, aujourd'hui...
05:50 C'est fait en France.
05:51 Tout à fait. On est à plus de 85% fait en France.
05:53 Poma, c'est 1 400 emplois, dont 880 sur le bassin Rhône-Alpes, dans nos usines en Rhône-Alpes.
05:58 Et on fabrique nos télécabines, nos gares, nos cabines, nos appareils électriques dans notre bassin industriel français.
06:05 Et on exporte. En 2019, on était à plus de 70% en exportation sur les quatre continents dans 90 pays.
06:12 Donc, c'est une belle référence française. Vous n'avez jamais été tenté de délocaliser, en tout cas, vos prédécesseurs.
06:17 Aujourd'hui, on a fait notre analyse carbone.
06:20 On a une décision qui est de garder notre industrie en France, garder notre expertise et nos niveaux de sûreté et d'engagement,
06:26 et d'avoir un circuit court. C'est notre cône vertébrale et on restera sur cet axe.
06:30 Et pays des montagnes, la France, c'est un symbole. Ce sont les plus belles montagnes du monde.
06:34 On a des clients absolument magiques en France, avec des montagnes magiques.
06:37 Merci beaucoup Fabien Félix, président de Poma, l'entreprise qui fabrique des transports par câble dans les villes,
06:43 maintenant, après avoir fait équiper les stations de ski partout dans le monde.
06:46 Merci d'être venu sur CNews.
06:49 [Musique]
06:53 [SILENCE]

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