• l’année dernière
Dans le cadre de la première session de l'année 2023 qui portait sur le pouvoir d'achat, le Think Tank Marie Claire - Agir pour l'Egalité a réuni des experts du public et du privé afin de débattre et d'établir des propositions concrètes pour agir en faveur de l'égalité économique entre les femmes et les hommes.

Retrouvez les deux tables rondes de cette session "Les femmes face à l'inflation. Quels rôles pour les entreprises et les pouvoirs publics ?" et "Salaires - Retraites - Prévoyance. Comment réduire les inégalités entre les femmes et les hommes ?" sur Dailymotion et sur le site marieclaire.fr.

Pour suivre les actualités du Think Tank Marie Claire, rendez-vous sur le site marieclaire.fr > Rubrique Think Tank.

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00 [Musique]
00:00:10 On va commencer cette deuxième table ronde consacrée au salaire, aux retraites et à la prévoyance.
00:00:15 Comment réduire les inégalités entre les femmes et les hommes ?
00:00:18 Je vais commencer avec ce chiffre, 16,5%. C'est l'écart de salaire en 2021 entre les hommes et les femmes selon les derniers chiffres de l'INSEE.
00:00:25 16,5% dans le secteur privé, 14% dans la fonction publique. Un écart qui finalement s'est très faiblement réduit sur les dix dernières années.
00:00:33 Alors, comment expliquer que les politiques publiques, que ni les politiques publiques ni la responsabilité sociale des entreprises ne se soient révélées à la hauteur de ce défi ?
00:00:42 Pourquoi la réforme des retraites dont l'actualité est brûlante place-t-elle le sujet de la rémunération au cœur de cette thématique ?
00:00:48 Et puis cette réforme de retraite, est-ce qu'elle est si injuste que ça pour les femmes ?
00:00:52 On va en parler avec nos invités. A ma gauche, Astrid Panossian-Bouvet, bonjour.
00:00:57 Vous êtes donc ancienne chef d'entreprise. C'est un double parcours qui nous intéresse beaucoup.
00:01:01 Ancienne chef d'entreprise, vous avez participé à la cofondation d'En Marche en 2016 et vous êtes élue députée depuis juin 2022.
00:01:08 Bruno Rivallon devait être là, mais il a eu un petit empêchement. Elisabeth Richard devait être là, elle va arriver. Elle est coincée dans le métro.
00:01:16 Richard Châtelet est là et je vous remercie. Bienvenue. Vous êtes directeur général réseau AXA Prévoyance et Patrimoine d'AXA France.
00:01:25 Titou Lecoq, journaliste et autrice du livre Le Couple et l'Argent, paru aux éditions L'Iconoclaste. Bonjour et bienvenue.
00:01:34 Et Audrey Tcherkov, éditoriale chez BFM Business, présidente exécutive de l'Institut de l'Économie Positive. Bonjour et bienvenue.
00:01:42 On va commencer par vous, Audrey. Vous êtes donc depuis 2016 présidente de cet institut. Vous allez nous le présenter, en présenter les contours.
00:01:51 Et on a envie de comprendre comment est-ce que vous appréhendez ce sujet de l'écart salarial dans un institut d'économie positive. Quel est votre regard sur le sujet ?
00:02:00 Bonjour à toutes et à tous. Non, à toutes. Ah si, à tous. L'Institut de l'Économie Positive, c'est un institut qui produit plusieurs études par an,
00:02:11 qui accompagne à la fois les dirigeants économiques et les dirigeants politiques à prendre en compte l'intérêt des générations futures dans l'ensemble de leur processus de décision.
00:02:19 Et on a deux études assez structurantes que l'on sort chaque année, qui sont des baromètres sur les pays de l'OCDE et sur le CAC 40.
00:02:28 Et dans les processus de calcul, justement, l'égalité entre les femmes et les hommes, notamment l'égalité salariale, est un paramètre très important.
00:02:37 Alors si on se concentre sur le périmètre français, aujourd'hui, en France encore, en 2023, on a une différence de salaire entre les femmes et les hommes qui est de l'ordre de 22%.
00:02:47 Alors il y a un tiers que l'on peut attribuer au temps de travail, puisque vous le savez, les femmes font l'objet, beaucoup plus que les hommes, de carrières hachées.
00:02:55 Pourquoi ? Parce qu'évidemment, interruption pour la maternité, temps partiel, congés maternité, mais aussi le fait de s'occuper de personnes qui sont dépendantes,
00:03:03 dans le cercle familial, ou pas d'ailleurs, et les deux autres tiers sont liés plutôt au type de poste occupé.
00:03:11 Donc c'est plus ou moins de responsabilité et des secteurs plus ou moins lucratifs.
00:03:15 Moi, je pense qu'on peut attribuer cette différence à deux causes principales.
00:03:22 La première, c'est la mauvaise compensation des services d'utilité sociale, et j'utilise bien ces mots, utilité sociale, à bon escient, qui sont rendus par les femmes.
00:03:31 Quand on regarde l'exemple du congé parental, il est très mal rémunéré en France, c'est-à-dire que la CAF donne moins de 400 euros par mois pour un congé parental, si vous voulez, à temps plein.
00:03:42 Bon, on est très loin de l'exemple suédois, qui lui octroie 16 mois, qui sont payés à 80% du salaire total.
00:03:50 Bon, donc évidemment, il faut revaloriser, et il faut surtout prolonger ce congé parental.
00:03:55 La deuxième cause principale, c'est un problème culturel, mais mes voisines vont en parler mieux que moi.
00:04:02 Mais il y a en tout cas une espèce de dévalorisation des compétences féminines dans le cercle professionnel.
00:04:09 L'attente qui existe depuis toujours, ça commence à s'estomper un peu, mais on n'y est toujours pas, puisque quand on regarde attente de travail équivalent, à poste équivalent,
00:04:18 même background académique, même catégorie socio-professionnelle, on est toujours à un écart de salaire qui est de l'ordre de 5 à 6%.
00:04:27 Alors vous me direz, 5 à 6%, c'est pas grand-chose, mais sur une carrière entière, c'est énorme, et ça va évidemment avoir un impact, vous l'imaginez bien, sur les droits à la retraite.
00:04:37 Donc on a à la fois d'un côté une autocensure de la part des femmes, qui en réalité sont moins intéressées par le facteur de la rémunération.
00:04:46 Ça, ça se retrouve dans les choix qu'elles font dans leur carrière, de poste ou de secteur vers lesquels elles vont se diriger.
00:04:54 Et puis ça se retrouve évidemment malheureusement dans les négociations salariales.
00:04:58 Et de l'autre côté, on a aussi cette misogynie latente sur le côté financier qui existe.
00:05:04 Et puis je terminerai juste rapidement aussi sur le sujet d'équilibre de vie personnelle et de vie professionnelle.
00:05:12 Parce que c'est évidemment un sujet important pour les femmes, et les entreprises qui proposent des structures de travail qui sont rigides,
00:05:21 et bien elles font fuir les talents féminins, et évidemment ça exclut les femmes au poste à responsabilité.
00:05:28 Donc voilà, il y a un vrai sujet d'appropriation de la part des entreprises, et il y a encore beaucoup de chemin à faire.
00:05:33 Je vais donner la parole à Richard, qui va évidemment rebondir sur tout ce qui a été dit jusqu'ici.
00:05:38 Avant, peut-être une petite réaction de vous Astrid Panossian, puisque vous avez fait, avant d'entrer à l'Assemblée nationale,
00:05:44 une partie de votre carrière dans le privé, chez AXA notamment, ou Unibail.
00:05:48 Une réaction à ce que vient de dire Audrey sur le congé parental. Je vous ai vu prendre des notes.
00:05:52 Et quel est, vous, votre regard sur ce décalage de rémunération, ce blocage auquel on fait face depuis des années, sans arriver vraiment à modifier le cours des choses ?
00:06:02 Merci, merci de m'inviter. Je voudrais saluer Priska Thévenot, qui est ma collègue à la Commission des affaires sociales,
00:06:08 et qui est également très active sur les sujets égalité femmes-hommes à la Commission, sur l'égalité femmes-hommes.
00:06:15 Donc merci Priska d'être là. Ce qui a été dit est très important, c'est-à-dire qu'il y a un élément de discrimination pur et simple,
00:06:27 parce qu'à job égal, à qualification égale, il y a 5-6% d'inégalité qui est juste inexpliquée.
00:06:34 Et il y a sinon une quinzaine de pourcents qui sont liés à des parcours de vie qui sont spécifiquement féminins sur le marché de l'emploi.
00:06:45 Il faut quand même se rappeler que 65% des personnes qui travaillent au SMIC sont des femmes.
00:06:50 Il faut rappeler que 80% des gens qui travaillent à temps partiel, ce sont des femmes.
00:06:54 Et que beaucoup des métiers, au-delà des services d'utilité sociale domestique, on va dire, qui sont mal reconnus,
00:07:01 c'est beaucoup des métiers, je pense notamment aux métiers du lien, qui sont très mal reconnus aussi, dépréciés, qui sont essentiellement féminins.
00:07:08 Donc il y a à la fois des sujets de discrimination pure, et on va voir comment aussi tirer des bons exemples de l'étranger pour y travailler.
00:07:16 Et il y a vraiment des sujets autour de la structure de l'emploi, de la formation, qui là sont vraiment les résultants de politiques publiques.
00:07:24 Moi je vais vous dire, et je vais peut-être être un petit peu politiquement incorrect sur le sujet des congés parentaux.
00:07:30 Il faut faire attention sur la question des longs congés parentaux, que ça ne se transforme pas en trappe à inactivité pour des personnes
00:07:39 qui ont peu de formation initiale, peu de chance d'avoir accès à la formation professionnelle, et qui par défaut vont finalement rester à la maison.
00:07:52 Et le plus longtemps qu'elles vont rester à la maison, elles vont avoir le plus de difficultés ensuite à retrouver un chemin de l'emploi à temps complet,
00:07:59 et offrant des perspectives professionnelles.
00:08:02 Donc je pense que quand on réfléchit aux congés parentaux, il faut le réfléchir à la suédoise, pour que ce soit équitablement réparti entre père et mère,
00:08:12 pour que ce ne soit pas simplement un sujet féminin, sinon l'enfer est souvent pas bête de nos intentions,
00:08:17 et ça peut se transformer en trappe à inactivité ou à faible employabilité pour des femmes au parcours plus fragile.
00:08:27 Merci Astrid Richard. Le mot "discrimination" a été prononcé.
00:08:31 Quelle est votre réaction à ce mot ? Est-ce qu'il y a de la discrimination chez AXA ?
00:08:35 Comment est-ce que ça se passe chez vous en matière d'écart de salaire ?
00:08:37 Est-ce qu'il y a une conscience réelle des écarts salariaux entre mes femmes ?
00:08:41 Effectivement, il y a cette conscience.
00:08:48 Tout d'abord, je voudrais juste dire que je suis ici à cette tribune pour porter la voix du terrain, quelque part,
00:08:55 puisque je suis responsable d'un réseau de distribution d'AXA France, un des quatre réseaux de distribution d'AXA France.
00:09:00 Ce réseau AXA France et patrimoine est un réseau qui travaille essentiellement sur tout ce qui est protection sociale des indépendants,
00:09:06 des chefs d'entreprise, des professions libérales, et également tout ce qui va toucher la protection financière des clients,
00:09:13 à travers la retraite, à travers l'épargne.
00:09:16 Et je voudrais saluer, juste parce qu'elles sont dans la salle, les agents généraux femmes qui représentent notre réseau,
00:09:23 et qui sont d'ailleurs des personnes très utiles pour le groupe AXA, pour justement comprendre véritablement les attentes des clients et surtout des clientes.
00:09:32 Par rapport à ça, par rapport à votre question, on a chez AXA France, on partage ce constat global que vous avez fait sur les écarts qui existent,
00:09:41 notamment les 16% au titre des salariés privés.
00:09:44 Et on a depuis 2006, donc depuis de nombreuses années, toute une politique autour de cette action pour, je dirais,
00:09:53 gommer les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes au sein d'AXA France.
00:09:58 On a, à titre d'exemple, investi depuis 2006 jusqu'en 2021, quasiment 10 millions d'euros pour gommer ces inégalités.
00:10:08 Et ceci, bien sûr, vient en complément de ce que nous avons habituellement autour des augmentations, qu'elles soient générales mais également individuelles.
00:10:16 Donc on a depuis 2006 signé un accord d'entreprise avec nos partenaires sociaux pour justement travailler ce sujet et réduire au maximum ces inégalités.
00:10:27 2021-2023, c'est 2 millions d'euros supplémentaires qui ont été mis pour, là aussi, réduire ces inégalités et faire en sorte que chez AXA France,
00:10:37 on travaille tout de suite, dès le recrutement de nos collaborateurs, sur cette mixité et sur la réduction de ces inégalités.
00:10:46 Donc l'égalité de recrutement, c'est une voie de résorption du problème, selon vous ?
00:10:50 Alors, pour nous, c'est effectivement une voie de résorption, de résorption, je vais y arriver, de ce problème.
00:10:57 C'est quelque chose que nous poussons énormément, notamment sur nos réseaux de distribution, dans un premier temps,
00:11:03 puisqu'aujourd'hui, quand on regarde nos réseaux de distribution, l'assurance est un métier qui a un peu l'apanage des hommes.
00:11:09 C'est un métier qui est très masculin, depuis de nombreuses années, pour des raisons historiques, pour des raisons d'appétence,
00:11:16 et nous travaillons depuis maintenant plusieurs années sur la féminisation de nos différents réseaux de distribution.
00:11:21 Aujourd'hui, nous avons dans nos réseaux de distribution environ 30% de femmes, donc on veut aller beaucoup plus loin,
00:11:28 et on a une ambition sur 2023 d'arriver sur l'ensemble de nos réseaux de distribution et sur les recrutements que nous faisons,
00:11:33 et bien aller chercher la parité, l'amidicité, avec 50% de femmes qui seront recrutées dans ces métiers.
00:11:38 Et je développerai peut-être après, mais pourquoi on veut le faire ?
00:11:42 Astrid.
00:11:43 Oui, non mais, ce que fait AXA, c'est le problème du micro à l'Assemblée nationale, non, ce que fait AXA est tout à fait remarquable.
00:11:53 Parce que c'est une des premières entreprises à avoir mis la question de l'égalité professionnelle au cœur du dialogue social.
00:12:00 Donc c'est des choses que d'ailleurs des grandes entreprises peuvent se permettre, ce qui est plus compliqué pour les PME,
00:12:05 et ça passe vraiment par l'étude du parcours de vie en fait, du recrutement à l'évolution professionnelle.
00:12:11 En 2010, il y avait 55% des femmes qui avaient, quand vous regardez les gens qui ont fait des études supérieures, c'est 55% des femmes.
00:12:19 7 ans après, en termes de managers, elles ne sont que 40% des managers.
00:12:23 Donc il y a un sujet aussi sur le parcours professionnel.
00:12:25 Donc c'est le recrutement, c'est le parcours professionnel, et il est absolument essentiel aussi d'avoir ces questions au cœur des négociations annuelles.
00:12:33 Parce qu'il y a besoin aussi de rattrapage quand les personnes partent en congé maternité.
00:12:40 Comment est-ce qu'on fait pour leur appliquer l'augmentation générale ?
00:12:43 Comment est-ce qu'on fait pour ne pas simplement proratiser leur bonus sur le temps de présence de l'année, mais pour que ce soit des choses qui soient annuellement ?
00:12:51 C'est des choses très concrètes, mais qui fait que si elles ne sont pas prises en compte, ce sont des espèces de différences, de retards incrémentaux,
00:13:00 et qu'on retrouve à la fin d'une carrière qui se cristallise au moment du départ de la retraite,
00:13:05 et qui fait qu'on a encore aujourd'hui, hors pension de réversion, 40% de différentiel de pension entre femmes et hommes.
00:13:12 Donc c'est vraiment exemplaire, et je pense qu'il faut vraiment que les grandes entreprises,
00:13:16 il y en a d'autres à Schneider Electric, mais s'emparent de ce sujet au cœur du dialogue social.
00:13:21 On va parler des retraites évidemment dans un deuxième temps. Je voudrais saluer Elisabeth Richard qui nous a rejoint. Bonjour.
00:13:26 Je vous donne la parole juste après. D'abord, Titio Lecoq, vous avez écrit, vous, un livre sur le couple et l'argent,
00:13:32 dont le sous-titre est "Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes".
00:13:35 On parle d'écart de salaire. Est-ce que le seul écart de salaire justifie la richesse des hommes contre celle des femmes ?
00:13:43 Ou il y a un processus plus global ?
00:13:45 Non, parce qu'il y a ce qu'on appelle l'écart de patrimoine qui va en s'aggravant en France entre les hommes et les femmes.
00:13:51 Et le patrimoine, ce n'est évidemment pas le revenu, donc on est sur autre chose.
00:13:54 Mais pour rebondir sur les congés maternité-paternité, effectivement, je pense qu'à un moment, dans l'équation, on a tendance à oublier les hommes.
00:14:04 Et alors, on est d'accord, les congés maternité ne sont vraiment pas suffisamment, et parentaux en général, ne sont pas suffisamment indemnisés.
00:14:11 Je pense que le jour où on passera à un congé paternité long et obligatoire, il y aura une revalorisation.
00:14:17 Parce que quand on passe par les hommes, il y a une revalorisation financière qui se fait.
00:14:21 Et donc, je pense qu'effectivement, on est sur, je suis d'accord sur le modèle suédois, où il faut que ce soit partagé entre le père, la mère, les deux parents,
00:14:29 et que ce soit revalorisé, et de manière générale, et ça fait un lien aussi avec la table ronde précédente,
00:14:35 moi, en travaillant sur le sujet, je me suis rendu compte que, grosso modo, on fonctionne dans nos familles comme on fonctionne dans l'entreprise.
00:14:43 C'est-à-dire que, quand j'ai demandé à Michèle Perrault, mais pourquoi, pourquoi les femmes, pourquoi on a moins d'argent, pourquoi il y a cette injustice ?
00:14:50 Elle était très claire sur le pourquoi, elle était très simple.
00:14:52 Elle m'a dit "mais parce que la féminité, c'est le don", je voulais comment ça, et elle m'a dit "mais parce qu'on construit la féminité sur l'idée de don, les femmes,
00:15:00 elles donnent la vie, elles donnent leur lait, ensuite elles donnent leur temps, elles s'occupent, etc.
00:15:05 On considère que c'est leur fonction biologique, que donc ça ne vaut rien sur le marché du travail.
00:15:10 Une qualité féminine ne vaut rien parce qu'on considère qu'elle est biologique, alors qu'une qualité masculine, ça s'appelle une compétence,
00:15:17 et c'est un savoir-faire qu'il a valeureusement acquis.
00:15:20 Elle m'a expliqué ça très simplement, et effectivement, moi c'est beaucoup sur le couple et la famille dans le livre,
00:15:26 mais dans la famille, les femmes vont être dans la prise en charge, dans le soin, etc.
00:15:30 Et c'était dit tout à l'heure.
00:15:32 Le care, que vous dites dans votre livre.
00:15:34 Le care, ça va être la même chose au niveau des métiers.
00:15:37 Moi je fais de manière vraiment très très large, il y a effectivement tout ce qui est le soin,
00:15:41 mais en fait même dans une entreprise où il y aura autant d'hommes que de femmes,
00:15:44 les femmes on va les retrouver à la communication, à l'événementiel, aux ressources humaines et aux juridiques.
00:15:49 Et les hommes, on les trouve majoritairement aux postes plus stratégiques et décisionnels, qui sont aussi les postes les mieux payés.
00:15:55 Même quand on prend l'éducation nationale, massivement féminisée,
00:15:59 alors effectivement en maternelle, il n'y a quasiment que des femmes, en élémentaire il y a toujours beaucoup de femmes,
00:16:06 et en fait plus on monte, et si on prend les classes préparatoires, c'est là l'échelon où les hommes deviennent majoritaires dans le professorat.
00:16:12 Donc il y a toujours ce cheminement, et je me dis en fait, il faudrait aussi, je trouve ça super de dire,
00:16:18 il faut que les femmes fassent des carrières d'informaticienne, d'ingénieure, etc. c'est super.
00:16:22 À un moment, il faudra aussi dire, les garçons, s'occuper des autres, c'est pas un défaut, c'est aussi une qualité,
00:16:29 essayer de valoriser ce qui est considéré comme des qualités féminines, et tout ce qui est du soin,
00:16:34 et d'essayer de les pousser aussi là-dedans.
00:16:36 Et je pense que les deux doivent fonctionner ensemble, d'où cette idée effectivement de congé pas leur enfant.
00:16:41 (Applaudissements)
00:16:44 Merci, merci Titou. Je donne la parole à Elisabeth Richard, peut-être une réaction à ce qui vient d'être dit, évidemment, par Titou.
00:16:51 Vous, vous êtes aussi très engagée sur ce sujet de l'égalité salariale au sein d'ENGIE,
00:16:57 donc quel est votre regard sur le sujet, et est-ce que tout doit venir des entreprises,
00:17:01 ou les femmes elles-mêmes doivent être proactives ?
00:17:04 Racontez-nous un petit peu comment ça se passe au sein même d'ENGIE, entreprise dirigée par une femme aujourd'hui.
00:17:09 Il y a beaucoup de questions dans ma question.
00:17:12 Tout d'abord, je voulais vous présenter mes excuses pour ce retard, j'étais coincée dans le métro,
00:17:16 et je ne pouvais rien faire, donc je suis vraiment désolée.
00:17:20 Alors, en fait, on le dit toujours, on ne progresse que si on mesure.
00:17:27 Donc, à partir du moment où on a mis en place un certain nombre de lois ou d'index,
00:17:32 et notamment l'index EGA Pro, l'index Pénicaud, on a vu si on avait des écarts salariaux ou pas.
00:17:38 Effectivement, on a bien vu qu'au niveau des maternités, c'est là que ça se creusait.
00:17:44 Nous, on le savait, nous femmes, auparavant on le savait, et dans les réseaux, dans les collectifs,
00:17:49 on savait que l'écart salarial se creusait au moment des maternités.
00:17:55 Mais on n'avait pas véritablement la "preuve" tangible.
00:18:00 Là, on mesure. Et en fait, beaucoup de dirigeants, de manière très sincère, disaient "en fait, nous, on n'avait pas vu ça,
00:18:06 on ne le savait pas. Les dirigeants, ils ont besoin de voir des chiffres.
00:18:10 Alors, il faut chiffrer, il faut mesurer pour savoir où on en est."
00:18:13 Et à partir de là, on a pu mettre en place, et on commence, puisque ça fait peu de temps,
00:18:19 ça fait trois ans que l'index est en place, il y a des enveloppes de rattrapage dans les entreprises.
00:18:24 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en fait, et là on va reparler un peu de sexisme et d'inégalité ou de discrimination,
00:18:32 c'est qu'en fait, l'augmentation salariale, elle se fait au niveau de l'entreprise, avec les partenaires sociaux,
00:18:39 mais aussi, elle se fait au niveau du manager.
00:18:42 Et donc, chacun fait sa petite loi quand on est un manager d'une entité.
00:18:46 On a beau dire "moi, je veux que vous augmentiez les femmes dans l'entreprise",
00:18:50 le manager se dit "bah, elle n'a pas fait 100% de son temps cette année, moi j'ai mon collaborateur, il m'a super bien aidé,
00:18:57 voilà, donc lui il va avoir 5%, elle, elle va en avoir 2".
00:19:00 Et c'est ça qui s'est passé.
00:19:03 À partir du moment où vous mettez un index, et que vous mesurez, et que la direction générale dit "ah non, mais moi,
00:19:08 cette note ne me va pas, donc je veux que toutes les entités se mettent en ordre de marche", là c'est autre chose.
00:19:13 Et le petit manager de proximité ne pourra plus mettre en place cette forme de "discrimination".
00:19:19 Parce que beaucoup de managers pensent que le fait que vous soyez absente,
00:19:23 ne vous autorise pas à avoir une augmentation de salaire, alors que c'est la loi.
00:19:28 Mais la loi n'était pas appliquée.
00:19:31 Donc voilà, on a juste, grâce à cet index, remis un peu l'église au milieu du village, si je peux me permettre.
00:19:37 Merci beaucoup, je reviens vers vous Audrey, on a beaucoup parlé, enfin on a un peu parlé, effleuré les exemples à l'étranger,
00:19:43 on parlait de la Suède tout à l'heure, quels sont les exemples selon vous,
00:19:46 desquels on pourrait davantage s'inspirer finalement, ou même faire un coup de sécollé, pour aller plus vite ?
00:19:51 Alors il y en a plusieurs, mais je rebondis juste rapidement sur ce qu'Elisabeth vient de dire.
00:19:55 En effet, ce qui ne se mesure pas, n'existe pas.
00:19:58 Et on voit bien l'énorme progression qu'on a fait en effet avec cet index, et puis aussi avec les quotas.
00:20:03 Ça c'est absolument indéniable.
00:20:05 Maintenant, il y a aussi un vrai sujet sur les rôles modèles.
00:20:07 Là on a la chance d'avoir une table ronde avec deux entreprises qui sont assez remarquables justement sur le sujet de l'égalité femmes-hommes.
00:20:13 AXA, bravo, moi j'ai beaucoup travaillé avec vous quand j'étais à la tête du Women's Forum.
00:20:18 La question c'est, est-ce que le prochain Thomas Burble, c'est-à-dire le président actuel d'AXA, sera une femme ?
00:20:24 Honnêtement, je ne suis pas sûre que la société soit prête pour ça.
00:20:27 Angie, directrice générale, qui est une femme, très bien.
00:20:31 Mais est-ce qu'elle est PDG ? Non. Le président c'est un homme.
00:20:35 Donc est-ce qu'on n'a pas aussi vraiment intérêt à forcer les entreprises à ériger comme ça des rôles modèles ?
00:20:42 Parce que c'est difficile quand on est une jeune femme de vouloir tendre à devenir quelque chose qu'on ne sait pas pouvoir exister.
00:20:47 Voilà. Donc ça c'est un premier point.
00:20:50 Ça c'est dit.
00:20:51 Ensuite sur le sujet des exemples à l'étranger, en réalité aucun pays au monde ne peut se targuer d'avoir mis en place vraiment un système égalitaire complet,
00:21:02 que ce soit sur l'égalité des salaires, sur la gestion des carrières féminines ou encore sur l'accès à la retraite.
00:21:07 Maintenant la bonne nouvelle, c'est qu'il y a des pays qui sont plus vertueux que d'autres.
00:21:11 Et c'est évidemment les pays du Nord, que ce soit le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège.
00:21:17 Eh bien chacun s'emploie.
00:21:20 Et en fait c'est intéressant parce que la recette du succès c'est toujours la même.
00:21:24 C'est un engagement très fort des pouvoirs publics et du gouvernement justement à assurer un emploi continu à temps plein pour les femmes
00:21:32 et un partage équitable autour des tâches de la parentalité.
00:21:37 Alors on a parlé de l'exemple suédois avec ce congé parental qui est très bien rémunéré et qui est très long.
00:21:43 La Norvège, ça fait écho à ce que vous disiez Titou, c'est imposer 14 semaines de congé après la naissance, autant aux femmes qu'aux hommes.
00:21:57 Et dans l'ensemble de ces pays, ce qui différencie aussi beaucoup les choses, c'est qu'il y a beaucoup de subventions qui sont apportées,
00:22:06 notamment pour la garde et aussi aux activités périscolaires.
00:22:11 Parce qu'on sait que les familles françaises ne sont pas du tout accompagnées sur ces sujets-là.
00:22:17 Et le résultat c'est quoi ? C'est que les économies de ces pays sont beaucoup plus prospères, qu'il y a beaucoup plus de gains de productivité
00:22:25 et le plus important peut-être, c'est que ces sociétés sont plus confiantes, plus heureuses et il y a une démocratie qui se porte aussi beaucoup mieux.
00:22:34 Une petite réaction. Astrid et puis je me tourne vers Titou après.
00:22:40 Ma mère est norvégienne, donc je connais bien les pays scandinaves.
00:22:45 Ils ont aussi leur sujet, il y a un différentiel quand même entre 10 et 15% de rémunération.
00:22:51 Il y avait un article dans Le Monde qui était hyper intéressant, qui montrait qu'il y avait en termes de pensions de retraite en Suède,
00:22:56 je ne sais pas pour la Norvège, des différentiels allant jusqu'à 40%, ce qui m'a beaucoup surpris.
00:23:01 Donc ça veut dire qu'il y a des choses aussi qui se cristallisent sur les parcours de carrière.
00:23:06 Et en fait, ces pays-là, ils englobent la question de l'égalité femmes-hommes de manière générale.
00:23:13 C'est le sujet pas simplement du travail, mais de l'éducation, de la santé, de la participation aussi au système politique.
00:23:20 Donc c'est vraiment une appréhension globale du sujet et pas simplement sur la question du travail qui fait que c'est vraiment un projet de société.
00:23:29 Merci beaucoup. Avant de passer au sujet des retraites, je me tourne vers vous, Titou,
00:23:33 parce que dans votre enquête, vous avez bien mis en exergue la création et la façon dont se creusent ces inégalités de salaire.
00:23:41 Je voudrais qu'on revienne là-dessus. Comment est-ce qu'elles se creusent et pourquoi les fonctions assumées par les femmes sont finalement moins bien payées ?
00:23:48 Elles sont moins bien payées parce que, c'est ce que je disais, on les a biologisées.
00:23:53 On a considéré que c'était naturel chez les femmes de s'occuper des autres, etc. Donc ça ne valait pas grand-chose.
00:23:59 Mais sur les pistes, un peu. Je ne vais pas poser une question piège du tout, mais plus je travaille sur tous ces sujets,
00:24:09 ça fait dix ans que j'ai fait les féminicides, j'ai fait plein de sujets différents sur l'inégalité femmes-hommes,
00:24:14 et plus je me rends compte qu'il faut que ce soit pensé évidemment de manière globale.
00:24:19 Et on est d'accord sur l'idée que c'est un autre modèle de société et on n'y est pas du tout.
00:24:23 Et donc ce qu'il faudrait au niveau d'un gouvernement, c'est qu'à chaque décision, mais vraiment systématiquement,
00:24:28 la question de l'angle femmes-hommes soit abordée. Ce qui n'est pas le cas, et un exemple très simple,
00:24:32 a été la réforme du lycée qui a été une catastrophe pour les filles dans les filières scientifiques.
00:24:38 Et je pense que là, il faut quand même qu'on fasse ce qu'on appelle un retour d'expérience, qu'on se dise "ok, comment ça se fait ?".
00:24:44 On fait une réforme de l'éducation nationale, résultat, il n'y a plus de filles en mathématiques.
00:24:50 Mais parce qu'on n'y a pas pensé, parce que quand ça a été fait, la réforme, on ne s'est pas dit effectivement
00:24:55 qu'est-ce que ça va donner concrètement entre les filles et les garçons.
00:24:58 Et ça, on va le payer pendant les 20 années suivantes, parce que là, c'est toute une génération qui va se retrouver
00:25:03 à avoir que des garçons en maths. Et donc on a un énorme recul. Alors ça veut dire plusieurs choses.
00:25:09 Ça veut dire qu'en fait, on peut avancer, mais on peut reculer aussi très très vite. Il suffit d'une réforme mal pensée,
00:25:14 pas pensée sous cet angle-là, et tout ce qu'on a fait pendant 20 ans, on le perd brusquement.
00:25:19 Et donc là, c'est ce qui s'est passé. Et donc comment est-ce qu'on fait pour que chaque ministère se dise
00:25:24 "oui, je fais une réforme de retraite, qu'est-ce que ça donne pour toutes les femmes, toutes les conditions de femmes ?
00:25:29 Je fais une réforme de l'école, qu'est-ce que ça donne pour les filles ?" Enfin voilà.
00:25:32 Et ce point-là, je trouve qu'on est quand même toujours trop... Alors bon, là, il y a des hommes,
00:25:37 il y a des femmes, il y a des hommes, il y a des femmes, et il y a des hommes, et il y a des hommes.
00:25:41 Alors les problèmes de femmes ne sont pas des problèmes de femmes, et on n'arrive pas à en sortir.
00:25:46 On est toujours sur notre petit truc. Donc si vous savez pourquoi ils n'ont pas pensé aux filles en maths,
00:25:53 c'est bien l'explication. C'est peut-être une réponse.
00:25:56 Bon, c'est pas le sujet, c'est pas le sujet.
00:25:58 C'est sur l'orientation professionnelle, c'est le sujet.
00:26:00 Non mais on est en train de reconnaître l'erreur. Ils sont en train de reconnaître l'erreur.
00:26:03 Ah oui, oui, ils l'ont complètement... Ah bah oui, elles les chiffraient.
00:26:05 Donc l'erreur soit reconnue.
00:26:06 Bah du moment où ça a été chiffré, oui, enfin, quand il n'y a plus de filles, il n'y a plus de filles.
00:26:09 Enfin, on ne peut pas, voilà. Mais il aurait fallu que ce soit réfléchi en amont.
00:26:13 Bien sûr. Alors les autres thèmes de cette table ronde, ce sont la prévoyance...
00:26:17 [inaudible]
00:26:26 Non mais c'est vrai, quand on a abandonné les maths, c'est compliqué après de...
00:26:31 Pas simple, pas simple. Anyway, le thème c'est donc prévoyance et retraite aussi, et non pas les maths en terminal.
00:26:39 Pourquoi salaire, retraite et prévoyance, Astrid Panossian, sont-ils si intimement liés ?
00:26:45 Et j'ai envie de vous dire, pourquoi est-ce que ça crée un cercle, non pas vertueux, mais pernicieux justement ?
00:26:52 La retraite, et c'est aussi pour ça qu'il y a cette anxiété parmi nos concitoyens,
00:26:57 c'est que la retraite, elle cristallise toute une carrière en fait.
00:27:01 Elle cristallise même toute une vie. Est-ce qu'on a commencé plus ou moins tôt ? Quel type de métier on a eu ?
00:27:07 Est-ce qu'on a eu des carrières rectilignes ou pas ? Est-ce qu'on a dû s'arrêter parce qu'on a eu des naissances ?
00:27:12 Parce qu'on a eu des accidents de vie ? Vous parliez de les dents familiales où les femmes sont en première ligne.
00:27:16 Notre historique de rémunération, bien entendu. Donc c'est un moment où se cristallise finalement une vie à la fois très singulière,
00:27:24 mais également une société qui est encore marquée par des inégalités fortes entre hommes et femmes.
00:27:29 On va parler de la retraite, mais moi j'aimerais bien qu'on parle de la prévoyance aussi.
00:27:33 J'ai un spécialiste à côté parce que moi je me suis beaucoup intéressée au métier du lien,
00:27:37 donc à toutes ces femmes, parce que c'est quand même à 95% des femmes qui vont s'occuper de personnes vulnérables.
00:27:43 Et il y a encore aujourd'hui des conventions collectives qui prévoient que les prévoyances, les mutuelles de prévoyance, soient facultatives.
00:27:51 Et donc vous avez notamment pour des femmes qui se déplacent à domicile pour s'occuper des personnes âgées,
00:27:56 elles n'ont pas de prévoyance collective. Quand elles sont en accident du travail, en invalidité, c'est juste à couverture de la sécurité sociale.
00:28:04 Donc c'est des vies de labeur, je le pense, de labeur difficiles, avec une mauvaise couverture professionnelle,
00:28:14 et ce sont encore les femmes qui en sont les premières victimes, parce que ce sont des métiers extrêmement féminisés.
00:28:20 Je reviens sur la retraite, le grand âge, la dépendance, c'est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur.
00:28:25 Depuis 6 mois, vous avez fait beaucoup de déplacements sur le terrain. Je voudrais que vous nous racontiez concrètement ce que vous observez sur le terrain dans les EHPAD.
00:28:32 D'abord, il n'y a pas que les EHPAD, il y a aussi le soin à domicile. Je pense qu'il faut le dire.
00:28:39 C'est des professionnels de santé, ça aussi on ne le sait peut-être pas, mais qui adorent leur métier.
00:28:45 Et ce qu'ils ont choisi d'être dans le lien pour les personnes âgées, c'est qu'à une très vaste majorité, ils l'ont choisi et ils aiment.
00:28:54 Et on ne peut pas demander à des gens qui ont une vocation, qui aiment ce qu'ils font, de tirer trop sur la corde.
00:29:00 Parce qu'à un moment donné, que ce soit au niveau de la rémunération, que ce soit au niveau des freins non monétaires,
00:29:05 le transport, la garde d'enfants, la vie de galère, c'est souvent des femmes en plus qui élèvent seules leurs enfants,
00:29:11 la prévoyance, on en a parlé, ça devient de plus en plus difficile. Donc il y a un sujet, d'abord, ça c'est pour les professionnels.
00:29:18 Ensuite, sur les EHPAD, moi ce que j'ai pu voir, parce que je me déplace effectivement aussi hors de ma circonscription,
00:29:23 c'est l'effort qui est fait par les professionnels, par les familles, d'en faire des lieux de vie et pas simplement des lieux d'hébergement et des lieux de soins.
00:29:35 Alors il y a eu, et Victor Castaner a eu tellement raison de mettre les pieds dans le plat sur des maltraitances et des systèmes qui doivent être jugés et punis,
00:29:48 qui était le système Orpea, ça a libéré la parole aussi sur la situation de nos aînés.
00:29:54 Et pour qu'on sorte un peu du choc, de l'émotion, ça fait depuis 20 ans qu'on a de l'émotion autour du grand âge, ça a commencé par la canicule,
00:30:01 ensuite il y a eu le premier vague du Covid, maintenant on a le bouquin de Castaner.
00:30:04 Il faut maintenant passer par l'action et c'est aussi pour ça avec Priska et avec Priska Thévenot et d'autres députés de la majorité,
00:30:11 je pense à des femmes comme Annie Vidal, comme Monique Iborra et des oppositions aussi, qu'on va se battre pour qu'on ait d'abord cette proposition de loi,
00:30:20 mais aussi un vrai projet de loi autour du grand âge. On le doit à nos aînés, ça dit beaucoup d'une société, ça dit beaucoup de nous-mêmes,
00:30:27 la manière dont on parle et dont on s'adresse à nos plus vulnérables.
00:30:30 Richard Châtelet, qu'est-ce que vous constatez chez AXA en matière de retraite ? Quels sont vos moyens d'action ?
00:30:35 Et est-ce que, on a déjà parlé du recrutement ensemble, le recrutement de femmes dans ces fonctions, c'est une option qui porte ses fruits selon vous ?
00:30:44 Alors nous ce qu'on remarque sur le terrain en fait grâce au maillage de notre territoire, grâce aux agents généraux, aux conseillers que nous avons sur le terrain,
00:30:54 France entière, c'est véritablement qu'il y a une différence entre les hommes et les femmes sur ce sujet de prévoyance et de retraite.
00:31:01 Mais avant de répondre peut-être que sur la prévoyance, ce qu'on remarque effectivement c'est qu'il y a une sensibilité féminine au sujet de la prévoyance,
00:31:08 ce qui n'est pas tout à fait la même chose sur la partie épargne financière. Et sur la prévoyance, ce qu'on remarque, et je vous rejoins complètement Astrid,
00:31:15 c'est qu'on a tellement en France de régimes sociaux différents, qui apportent des garanties différentes, voire pas de garantie,
00:31:24 qu'il y a un défaut d'information, de compréhension des impacts à terme que peuvent procurer ces différents régimes sociaux.
00:31:32 Et donc chez AXA, on a un travail extrêmement important sur faire prendre conscience aux différentes personnes en fonction de leur statut,
00:31:42 en fonction de leur couverture sociale, comment les impacts vont pouvoir se mettre en œuvre si jamais vous êtes face à un décès, face à un arrêt de travail, face à une invalidité.
00:31:51 Parce que les conséquences peuvent être terribles, vous parliez de précarité tout à l'heure, on a des clientes qui peuvent se retrouver en véritable précarité financière
00:31:59 si jamais elles se retrouvent face à ces aléas de la vie. Donc il y a un gros travail à faire d'information, de pédagogie, de compréhension de nos régimes obligatoires,
00:32:08 qui sont tous différents et très méconnus en fait par les Français. Ça c'est le premier point. Ensuite sur la partie de la retraite,
00:32:15 alors ce qu'on remarque c'est que quand on parle et qu'on échange avec nos agents féminins, féminines, c'est qu'elles nous disent quoi ?
00:32:23 Nos clientes en fait sont très réservées par rapport à la matière financière. Soit parce qu'elles se sentent, un, pas légitimes.
00:32:32 Donc il y a un sujet de légitimité sur les questions d'argent. Deux, elles n'ont pas la compétence. L'une d'entre elles me citait un exemple,
00:32:43 c'est que vous aviez une de ses clientes qui gagnait trois fois plus que son époux, c'est l'époux qui gère la matière financière.
00:32:49 Donc elle laisse quelque part le terrain de jeu aux hommes. Et trois, ce sont des personnes qui ne savent pas véritablement et ne connaissent pas
00:32:59 les possibilités qu'ils s'offrent à elles pour justement construire un patrimoine financier. Donc ce que nous disent nos agents,
00:33:08 c'est être face à une population féminine, ça permet de libérer la parole déjà. Ça permet à nos clientes d'oser parler de ces sujets là où généralement
00:33:16 elles n'osent pas le faire. Ça permet aussi véritablement de travailler avec elles sur un chemin de vie, un chemin de construction patrimoniale
00:33:25 qui est nécessaire pour les femmes parce qu'elles peuvent se retrouver encore une fois face à des aléas de vie comme une séparation, un divorce,
00:33:32 qui a des impacts forts sur le patrimoine mais également sur la retraite, notamment en parlant de réversion. Et tout ceci, c'est par le conseil,
00:33:41 par la proximité que nos agents arrivent à expliquer à ces clientes tout ce qui s'offre à elles. Et je pense qu'il y a vraiment une prise de conscience
00:33:50 à réaliser auprès des femmes pour qu'elles se disent "on est capable d'eux, on a la compétence parce qu'on est aussi capable de s'informer
00:34:00 et on est aussi capable de comprendre les choses de manière à construire soi-même son patrimoine". Il y avait sur la table ronde précédente
00:34:07 l'exemple entre les courses et l'achat de la voiture. C'est typiquement ça. C'est vraiment ça. C'est que les femmes...
00:34:14 C'est la théorie des peaux de yaourt de Titus. Exactement. Alors est-ce qu'on la rappelle cette théorie des peaux de yaourt ? Ou alors elle est universelle
00:34:20 et tout le monde la connaît ? Ah d'accord. Ok. Pardon, je vous ai coupé du coup. Oui, vous m'avez coupé mais c'est pas grave.
00:34:32 Alors Elisabeth, Richard, un mot justement sur "on est capable d'eux", ce que disait Richard à l'instant. Est-ce que vous le constatez vous ?
00:34:39 Est-ce que vous avez votre regard sur le sujet ? Est-ce que vous le constatez au sein d'ENGIE ? Puis en préparant cette conférence toutes les deux,
00:34:45 vous me parliez de ce sujet éminemment important qui est celui des seniors également. Est-ce que la réforme des retraites, c'est un moteur de transformation
00:34:53 pour faire bouger les choses pour les seniors et les femmes ? Ben écoutez, on va essayer de regarder le verre à moitié plein.
00:35:02 Et en fait, moi j'aimerais qu'on fasse exploser cette double discrimination femmes seniors.
00:35:12 Ça fait un moment que je travaille dessus, que je vois bien qu'il y a un sujet. Il y a 18 mois, je soutiens pas mal l'entrepreneuriat au féminin.
00:35:20 Donc quand il y a des lancements, des levées de fonds, il faut y aller, on est là, etc. Et là, je vois une ancienne CFO de chez nous,
00:35:27 qui a 55 ans. Je lui dis "Qu'est-ce que tu fais là ?" Elle me dit "J'ai participé, j'ai du temps, mes enfants sont grands, le week-end et tout,
00:35:39 j'aide cette start-up, c'est une start-up de filles, je les ai aidées, on a monté le business plan, on a levé tant de milliers d'euros,
00:35:48 enfin centaines de milliers d'euros, on était quasi au million." "C'est bien." Elle me dit "Oui, moi je vaux plus grand-chose dans l'entreprise,
00:35:56 je suis dans un placard, donc je donne mon temps." Je me suis dit "Il y a un petit problème." Et puis j'ai vu ça avec d'autres femmes qui s'engageaient
00:36:03 dans des associations, pas du groupe, d'autres groupes. Et là je me suis dit "Il y a un sujet." C'est-à-dire qu'on a des femmes qui ont du talent,
00:36:09 qui ont de l'expérience, qui ont du temps, et qui veulent en faire bénéficier, et nous on n'est pas capables de quoi ? De leur redonner un rôle ?
00:36:19 Donc ce dont on s'aperçoit dans les groupes, c'est que passé une cinquantaine d'années, si vous n'êtes pas dans les codires de business unit,
00:36:26 je vous parle pas du top, des business unit, on vous oublie, vous n'êtes plus visible, vous repassez dans la case invisibilité.
00:36:33 Donc moi ce que j'ai fait, c'est que j'ai fait un pilote, voilà, avec le réseau des femmes, j'ai pris douze femmes du groupe,
00:36:40 qui avaient entre 48 et 55 ans, plutôt de très bon niveau, mais on savait pas de quel côté la tartine allait tomber dans les deux prochaines années.
00:36:49 Pardon, hein. Je suis, voilà. Parce qu'il faut se dire les choses, la ménopause arrive, et là, il y a un décrochage. Vraiment, c'est là.
00:37:04 Et donc on a, quand vous allez chez Sephora, je dis Sephora ou autre chose, on s'en fout, vous avez des poudres, vous savez, des poudres, du blush,
00:37:13 et un jour j'y vais, je dis, j'aimerais bien un blush, mais qu'est-ce que c'est ? Ah non, non, c'est pas un blush, c'est un lighter.
00:37:19 Je dis, ah bon, mais qu'est-ce que c'est le lighter ? Le lighter, c'est pour vous mettre sous la lumière. Ah, je me suis dit, c'est bon ça.
00:37:27 Donc j'ai repris ce terme, le lighter, et j'ai appelé le programme Lighter, pour les femmes de plus de 50 ans, chez Engie.
00:37:34 Et en fait, c'est quoi ? C'est du marketing de soi, c'est redonner confiance, c'est retravailler un tout petit peu son look,
00:37:45 parce que quand on perd confiance, on cesse un tout petit peu d'aller. C'est pas grave, mais c'est important de dire, il faut remonter sur la scène,
00:37:53 il faut reprendre, take the stage, il faut reprendre la parole, il faut vous marketer. J'ai quand même eu trois managers qui sont venus me voir en disant,
00:38:01 mais qu'est-ce que tu leur as fait ? Et j'ai quand même une des femmes qui m'a dit, mon mari a cru que j'avais un amant.
00:38:08 Et là, je me suis dit, on n'a pas gagné la guerre, mais on a gagné une belle bataille. Ce que je veux dire, donc voilà.
00:38:14 Donc là, on a fait 12 femmes, 6 d'entre elles ont, de par elles-mêmes, toutes seules, évolué dans l'entreprise.
00:38:21 Donc ça veut dire que c'est possible. Les 6 autres, non, mais leur carrière est entre leurs mains, elle n'est pas entre les miennes.
00:38:28 Après, on va voir si le groupe va l'implémenter, le regarde sérieusement, parce que c'est un sujet.
00:38:35 Je pense que le sujet aujourd'hui, c'est de dire aux femmes, et enfin avec surtout le sujet des retraites qui arrive,
00:38:40 on a des femmes de grands talents qui ont du temps à donner et qui veulent continuer à travailler.
00:38:46 Donc c'est pas à 57 ans. En fait, les femmes aujourd'hui, elles ont quoi ? À 57 ans, elles ont peur de perdre leur job.
00:38:51 Donc c'est leur dire, non, en fait, on a un bon bout de chemin à faire avec vous et vous avez des super compétences.
00:38:56 Et surtout, la transmission dans le management pour les jeunes, parce que ça se fait pas comme ça.
00:39:00 Alors là, on était sur le sujet des seniors. Merci beaucoup, Élisabeth Richard. Est-ce que tout au long de leur vie,
00:39:05 les femmes, Titou, travaillent suffisamment leur avenir ? Est-ce qu'elles mobilisent leur argent ?
00:39:11 Mais là, on n'est pas dans les seniors. À partir du moment où elles commencent à travailler, est-ce qu'elles mobilisent leur argent pour leur avenir ?
00:39:17 Est-ce que c'est un sujet pour elles ?
00:39:19 Alors là, on arrive au pot de yaourt. Non, mais c'est là où, effectivement, je pense qu'il y a une vraie question d'éducation financière.
00:39:29 Voilà, ça, c'est un truc de base. En fait, en France, on est très, très mauvaise en éducation financière.
00:39:35 Et pourtant, il y a de plus en plus de blogs, de sites qui se créent sur le sujet. Vous êtes d'accord ?
00:39:39 Alors, c'est le signe que le sujet est en train d'émerger, et notamment à destination des femmes.
00:39:44 On se rend compte que, oui, elles sont dans des situations de plus grande précarité. Donc, plus on est précaires, plus on a besoin de savoir comment fonctionne le système
00:39:53 pour pouvoir défendre ses intérêts. Donc, effectivement, c'est en train de monter, mais c'est en train de monter au niveau très individuel.
00:39:58 Donc, effectivement, il y a Oseille et compagnie, il y a Plancach, voilà. Il y a plein de médias qui se montent d'éducation financière à destination des femmes.
00:40:05 Et qui vulgarisent énormément.
00:40:07 Et c'est super, et c'est vraiment formidable. Et on voit que les jeunes femmes ont une vraie appétence pour ça.
00:40:12 Elles sont quand même déjà dans une démarche de "ok, comment je fais ?" Elles ne pensent peut-être pas déjà à la prévoyance et à la retraite,
00:40:19 mais elles sont quand même sur un truc "mon égalité économique salariale, elle est importante, comment je me fais du patrimoine, comment j'investis ?"
00:40:25 Elles sont beaucoup à se poser la question. Donc, il y a une vraie question d'éducation financière à faire, mais qu'on devrait faire au plus grand nombre.
00:40:32 Parce que, pour l'instant, l'éducation financière, grosso modo, on n'en a pas à l'école. Elle dépend, en fait, du milieu familial.
00:40:39 C'est, voilà, moi j'ai beaucoup répété...
00:40:42 Et encore, ça peut être un sujet un peu tabou au sein du milieu familial.
00:40:44 C'est en général les parents qui expliquent "ton job d'été, non, ça c'est le brut et ça c'est le net, c'est pas le même chiffre, on va t'expliquer pourquoi,
00:40:51 c'est pas l'école qui nous l'apprend, comment ça fonctionne la TVA, comment ça fonctionne plein de choses."
00:40:55 Et ça, on a, évidemment, plus on est dans un milieu aisé, plus on a des connaissances économiques, plus on va en bénéficier.
00:41:03 Donc les privilégiés ont une connaissance économique supplémentaire. Et dans des milieux plus populaires, on ne sait pas ça.
00:41:10 Et moi, je l'ai vu très bien. J'ai une amie qui sait hyper bien négocier ses salaires, c'est mon amie la mieux payée, elle a fait une carrière de dingue.
00:41:18 Mais un jour, elle m'a parlé de son notaire de famille. Et je lui ai dit "ah bah oui, mais en fait, tu as un notaire de famille,
00:41:24 tu es quand même baigné dans un truc où il y avait aussi un rapport à l'argent qui était plus simple, et des connaissances, et des vraies compétences."
00:41:31 Donc il y a quelque chose, effectivement, là-dessus, il faut qu'on apprenne aux femmes comment ça fonctionne, juste simplement.
00:41:37 Et après, quels sont leurs moyens d'action à titre, mais tout ça étant à titre individuel.
00:41:41 Je vous redonne la parole, Richard, parce que vous, chez AXA, vous misez justement sur l'éducation, la pédagogie financière, et ça, c'est assez récent.
00:41:53 C'est assez récent, oui et non, puisque ça fait quand même plusieurs années maintenant qu'on a entamé et mis en place des actions assez fortes auprès des Français et des Françaises,
00:42:03 pour expliquer tout ça. Et je rejoins complètement Titio sur le déficit de connaissances financières des Français.
00:42:10 Quand on se compare par rapport aux Anglo-Saxons, par exemple, ils ont une connaissance beaucoup plus importante que nous.
00:42:15 Donc on a un travail, à mon avis, sociétal, pour justement éduquer les Français et les Françaises sur ce point-là.
00:42:21 Chez AXA, quand on fait le constat, on voit quoi ? On a un écart salarial homme-femme qui est environ de 16%, c'est ce que nous dit l'INSEE.
00:42:29 On a, en 2018, une femme qui déclare en moyenne 24% de revenus de moins qu'un homme.
00:42:37 Tout ça fait que ça a des impacts, encore une fois, à la fois sur la couverture sociale, pour certains, et également sur les retraites futures.
00:42:45 Et donc, tout ça, les femmes, par rapport à tout ce que je viens de vous dire juste avant, elles ont tendance à délaisser cette gestion financière.
00:42:52 Et c'est pour ça que, depuis 2016 maintenant, on a engagé avec nos réseaux de distribution, en termes d'actions, par exemple.
00:43:01 Un exemple, c'est ce qu'on appelle les rencontres pour elles. Ce sont des rencontres qu'on fait auprès d'une population féminine,
00:43:07 pour justement donner des basiques de gestion financière. Et ça participe, quelque part, à la pédagogie, à l'éducation financière.
00:43:14 Et tout ceci est réalisé par nos réseaux de distribution. Et c'est là aussi où notre maillage de territoire est extrêmement utile, par rapport à ça.
00:43:21 Et, quelque part, AXA France, à travers cette prise de parole, ces animations, participe, quelque part, à une œuvre sociétale,
00:43:30 qui est l'éducation financière des Français et des Françaises. Donc ça, c'est un exemple.
00:43:34 On a également aussi mis en œuvre un certain nombre de garanties au sein de nos contrats, pour justement aider les personnes qui peuvent être en difficulté financière.
00:43:42 À titre d'exemple, on offre tous les ans à 1 000 Françaises et Françaises clients d'AXA, une rente éducation, pour des personnes qui gagnent moins de 2 000 euros bruts par mois,
00:43:54 pour justement protéger la famille. Et que, si jamais une problématique arrivait, les enfants soient protégés.
00:44:00 Et ça aussi, ça participe concrètement à l'éducation, à la fois en prévoyance, à la fois financière, des Français et des Françaises.
00:44:08 Parce que, bien entendu, les personnes qui en sont récipiendaires, en parlent. Et, quelque part, ça irrigue sur ces sujets-là.
00:44:15 Donc, il y a un gros travail, moi j'insiste beaucoup là-dessus, c'est qu'on a un gros travail sociétal, d'information, de communication, d'explication,
00:44:23 auprès des Français et des Françaises. Parce qu'aujourd'hui, certes, les pouvoirs publics peuvent aider. On parlait du grand âge tout à l'heure, et notamment de la dépendance.
00:44:31 Mais, je pense qu'il y a une prise de conscience collective qui doit être faite par les Français, pour se dire, voilà, c'est quoi mon avenir ?
00:44:38 Et comment je me protège au maximum, pour justement ne pas me retrouver en précarité, que ce soit à l'âge de la retraite, que ce soit en état de dépendance,
00:44:45 et que ce soit face aux aléas de la vie.
00:44:47 Le temps file, mais je voudrais qu'on prenne le temps de s'arrêter quelques minutes sur la réforme proprement dite.
00:44:52 Il se murmure que les femmes sont les plus, les grandes invisibles de cette réforme. Audrey Tcherkoff, quel est votre regard sur le sujet ?
00:44:58 Elles ont été invisibilisées par la réforme ou pas ?
00:45:01 Alors, à mon sens, le problème, c'est pas forcément que les femmes sont les grandes invisibles de cette réforme, mais surtout les grandes perdantes.
00:45:08 Alors, ça a été dit tout à l'heure, en termes de rétribution sur les pensions, une fois qu'on est à la retraite, il y a un différentiel entre les femmes et les hommes de 40%.
00:45:17 Donc ça, c'est absolument colossal, évidemment. C'est dû au carrière H.C. dont je vous parlais en préambule.
00:45:22 Et quand cette réforme a l'antérine, l'augmentation du nombre de trimestres pour l'ouverture des droits à la retraite, puisqu'on passe de 167 à 172,
00:45:30 eh bien, elle fait quoi, cette réforme ? Elle vient renforcer les inégalités.
00:45:34 Alors, si on se concentre sur les deux projets majeurs du gouvernement au sein de cette réforme, on a d'un côté la retraite minimale.
00:45:41 Évidemment que c'est un beau projet. Donc c'est 1 200 euros. Bon, sauf qu'il y a un sujet entre le brut et le net, mais toujours est-il que le projet est plutôt intéressant.
00:45:49 Maintenant, cette revalorisation, elle concerne qui ? Les gens qui ont des carrières pleines et qui ont cotisé tout leur trimestre.
00:45:57 En 2021, 30% des femmes étaient à temps partiel. Donc là, on a un vrai trou dans la raquette.
00:46:03 La deuxième mesure, enfin l'autre proposition en tout cas du gouvernement, c'est d'inclure le congé parental dans le dispositif de calcul.
00:46:12 Mais encore une fois, ça ne concerne que les carrières longues. Donc ça ne touche que 3 000 femmes en France. 3 000.
00:46:20 Donc c'est évidemment absolument rien. Pourquoi ? Parce qu'en réalité, il y a peu de femmes en France qui ont commencé à travailler avant 20 ans
00:46:26 et qui ont cotisé pendant 43 années durant. Voilà. Donc ce projet de réforme, s'il vous plaît, il passe évidemment complètement à côté de cette vulnérabilité
00:46:36 des femmes dans notre système sur le fait qu'elles sont moins présentes que les hommes sur le marché de l'emploi.
00:46:44 Et les femmes, elles n'ont pas des carrières linéaires. Donc comme je vous le disais, principalement parce qu'elles rendent des services d'utilité sociale,
00:46:51 mais ça, ça arrive à tous les âges de la vie, dans tous les secteurs, peu importe le travail qu'on en occupe.
00:46:58 On accepte des temps partiels. On accepte aussi des emplois qui sont moins bien payés pour assumer nos responsabilités familiales et sociétales.
00:47:05 Et je vous donne un exemple que j'ai trouvé assez parlant. L'ancienne patronne de l'AERATP, quand Catherine Guiward décide de quitter son poste,
00:47:15 elle est à la tête d'un fleuron français. Elle décide de quitter son poste pour s'occuper de ses parents vieillissants.
00:47:21 Pas trop d'équivalent masculin, en tout cas qui se soit officialisé sur le sujet. Donc les discussions qui vont arriver au Parlement,
00:47:29 elles sont absolument essentielles pour vraiment encourager les pouvoirs publics à prendre ces déséquilibres dans les carrières des femmes comparées à celles des hommes.
00:47:38 Merci beaucoup Astrid Panossian. Une réaction. Et une deuxième question. On l'a dit, vous êtes très souvent sur le terrain.
00:47:48 Comment cette réforme, selon vous, est-ce qu'elle arrive à corriger certains dysfonctionnements que vous observez sur le terrain ?
00:47:54 Donc il y a deux questions en une. Oui, merci beaucoup. On a parlé en préambule de ces inégalités, que ce soit sur les métiers les moins payés,
00:48:05 la structure temps partiel qui est un comble essentiellement aux femmes aujourd'hui dans notre pays. Moi je pense, en préambule de tout ça,
00:48:13 c'est qu'on ne peut pas demander à une réforme des retraites de corriger a posteriori des vrais dysfonctionnements du marché du travail,
00:48:20 ce qui concerne l'égalité professionnelle ou la place des seniors. Et donc je pense que s'il y a au moins un mérite, c'est aussi de placer au cœur de ces discussions
00:48:29 ces deux sujets. Et j'ai envie de dire aussi un troisième sujet qui sont finalement le vécu du travail et les conditions de travail,
00:48:36 autour de la pénibilité, autour de cette relation très subjective, à la fois intime et collective, qui est le travail,
00:48:44 et dans une relation qui a beaucoup changé ces 30 dernières années. Donc il ne faut pas trop demander à une réforme des retraites de corriger a posteriori,
00:48:51 mais ça ne veut pas dire... Donc on peut corriger certaines choses, et je vais y revenir, mais ça veut dire aussi qu'il faut maintenant s'appliquer sans tarder
00:48:59 à avoir une bataille de tous les instants sur la place des seniors sur le marché du travail, parce que ça fait depuis 50 ans qu'on indique le chemin de sortie
00:49:07 à travers les systèmes de pré-retraite, ça date de Raymond Barre. Moi j'avais 5 ans à l'époque. Voilà, depuis 50 ans, on dit aux seniors que le chemin de la sortie,
00:49:17 c'est maintenant. Donc, et même chose pour les femmes. Donc ça c'est un premier sujet. Deuxième sujet, sur les femmes. Moi j'entends ce que dit Madame,
00:49:28 et moi j'ai vraiment envie aussi de compter sur le débat parlementaire pour pouvoir enrichir la question des congés parentaux. Ce que je vois,
00:49:39 c'est qu'il y a déjà des améliorations sur la question des congés parentaux dans les carrières longues, c'est déjà ça, maintenant il faut regarder la question
00:49:45 des congés parentaux dans les carrières plus classiques, et qui nous concernent toutes, mesdames. Il y a le sujet de l'aidance familiale, qui est mieux pris en compte aussi,
00:49:53 là on sait que sur les 11 millions d'aidants familiaux, c'est très largement des femmes qui sont en première ligne. Et sur la question des 1200 euros bruts,
00:50:03 c'est-à-dire, moi j'aime pas trop me focaliser sur les 1200 euros, je préfère me focaliser sur 85% net du SMIC, donc ça tourne autour de 1150 euros,
00:50:14 ça concerne quand même 1,8 million de bénéficiaires, dont 60% vont être des femmes. Donc je pense qu'on doit être plus nuancé sur cette réforme,
00:50:27 c'est pas la grande avancée du siècle en ce qui concerne les femmes, je pense qu'il faut le dire, parce que les femmes le voient bien, mais je pense qu'il y a quand même
00:50:34 de réelles avancées sur des choses qui n'allaient pas, qui doivent être enrichies sur le débat parlementaire, je pense aux congés parentaux pour les carrières plus classiques,
00:50:42 et surtout y aller sans tarder, là, sur un plan de bataille, égalité professionnelle et travail des seniors. Sinon, on va se retrouver avec les mêmes sujets de discussion
00:50:51 dans 10-15 ans, quand il faudra encore revoir la question des retraites.
00:50:55 Elisabeth Richer, je vous donne la parole, on arrive presque au temps de questions réponses. Je voudrais avoir votre regard sur le sujet de la réforme des retraites.
00:51:03 Et vous me le disiez en préparant cette conférence, vous, vous observez qu'il y a un nouveau regard sur les sujets financiers, sur les femmes, est-ce que vous iriez jusqu'à dire
00:51:11 qu'on est face à un renversement de situation, donc très positif ?
00:51:15 Oui, alors c'était un sujet très grave puisque c'était les violences faites aux femmes et c'était le Grenelle des violences qui avait été lancé par Marlène Schiappa,
00:51:23 et moi j'ai fait partie en tant qu'entreprise d'un groupe de travail, du groupe de travail du ministère du Travail avec Muriel Pénicaud.
00:51:30 J'étais la seule autour de la table et tous les sujets étaient autour des violences faites aux femmes, de ce qu'on pouvait faire, comment on pouvait accompagner, etc. au niveau des entreprises.
00:51:39 Et puis il se trouve que dans les entreprises, et AXA c'est la même chose que nous, on a le plan d'épargne d'entreprise.
00:51:46 Donc vous, vous placez de l'argent sur le plan d'épargne de l'entreprise et au bout de 5 ans vous pouvez le débloquer, au bout de 10 ans, etc.
00:51:57 Il se trouve que vous ne pouvez débloquer cet argent que, globalement pour des bonnes nouvelles, vous vous mariez, vous avez un bébé, vous déménagez, vous achetez, ok.
00:52:09 Ou vous quittez l'entreprise. Et donc en fait on s'était aperçu que dans les entreprises, beaucoup de femmes quittaient l'entreprise pour pouvoir débloquer leur épargne salariale
00:52:19 parce qu'elles étaient victimes de violences et qu'il fallait qu'elles prennent leurs gosses sous le bras et qu'elles débloquent cet argent,
00:52:24 qui sont souvent des sommes importantes, puisque petit à petit elles ont mis de côté, et elles ne pouvaient pas faire autrement.
00:52:30 Et donc on a réussi grâce à ça, avec l'AMF, avec les banques, les groupes bancaires, etc.
00:52:36 Maintenant, toute violence avérée, et c'est le cas, toute violence avérée, une femme peut débloquer son épargne salariale.
00:52:43 Ça ne se sait pas, mais c'est une réalité. Et pour moi ça c'est une vraie, c'est une petite pierre, mais c'est hyper important.
00:52:49 Oui, la démarche est longue, je sais. Mais de toute manière, tous les déblocages financiers sont des démarches longues.
00:52:59 Je pense que M. Tchéaxa dira la même chose. C'est toujours très administratif. Mais ça se fait. Et si ça ne se fait pas, vous nous dites.
00:53:05 Ah, dites-le moi alors, ça m'intéresse.
00:53:08 Merci beaucoup à tous les cinq. Avant de prendre les questions de la salle, est-ce que chacun d'entre vous,
00:53:22 chacune d'entre vous peut nous donner une ou deux propositions phares qui permettraient de transformer, d'améliorer les choses
00:53:29 en matière de retraite, de prévoyance ou d'égalité de salaire ?
00:53:34 Moi, c'est quelque chose que je voulais mettre en place, que j'ai appris en fait dans d'autres pays où est Unibail,
00:53:42 l'ancienne entreprise où je travaillais. On était aux Etats-Unis et dans pas mal de pays européens.
00:53:47 Et dans certains États américains, il est interdit, d'abord les CV n'ont pas d'âge, ça c'est un premier point, et la interdiction.
00:53:57 Et deuxième chose, il est interdit pour un recruteur de demander à une personne son salaire actuel.
00:54:01 Parce que c'est vrai qu'on va aussi positionner le salaire en fonction du précédent.
00:54:11 Et donc on continue à cumuler les retards et les retards incrémentaux qu'on retrouve en fin de carrière.
00:54:17 Donc ça, je trouve que ce sont deux choses intéressantes qui, au-delà des pratiques des entreprises,
00:54:24 vaudraient la peine d'être regardées par nos collègues.
00:54:28 Titou ?
00:54:30 Alors moi, je dis beaucoup à titre complètement individuel que les hommes qui me disent "mais qu'est-ce qu'on peut faire pour l'égalité ?"
00:54:36 C'est donner vos salaires à vos collègues femmes, dites-leur combien vous gagnez,
00:54:40 combien vous avez sur la fiche de paye, combien vous avez eu de primes, etc.
00:54:43 En fait, il y a vraiment aussi une question de transparence.
00:54:46 C'est difficile dans une entreprise quand on ne sait pas combien gagnent les autres de se dire "est-ce que je suis sous, surpayée, comment je me situe ?"
00:54:53 En fait, pour se situer, il faut avoir accès aux salaires des gens autour de soi.
00:54:57 Donc les hommes peuvent faire ça. Soyez transparents sur vos rémunérations.
00:55:02 Alors, moi, j'en reviens peut-être à mon sujet de prédilection, qui est le congé parental.
00:55:08 Parce que c'est vrai que je ne sais pas quand est-ce que, dans la société française, on s'est dit à un moment donné
00:55:12 qu'avoir des enfants, c'était un problème, alors que c'est probablement la chose la plus merveilleuse
00:55:16 qui puisse arriver autant à une femme qu'à un homme.
00:55:19 Donc, on peut revaloriser ce congé parental, l'élargir aussi.
00:55:24 Et puis, aussi, le sujet quand même sur les inégalités de salaire.
00:55:29 C'est interdit en France de ne pas donner le même salaire à travail égal et à temps égal.
00:55:34 Donc, simplement, s'assurer que la loi soit appliquée.
00:55:38 Alors, moi, je dirais, je vais faire un jeu de mots, "baby blues, menopause, même combat".
00:55:45 On a mis un accent particulier sur les retours de congés maternités dans les entreprises
00:55:50 et faire bien attention qu'elles ne décrochent pas.
00:55:53 Je ne veux pas que les femmes seniors en menopause décrochent aussi.
00:55:58 Je pense que là, il y a un vrai sujet.
00:56:00 Astrid, tu l'as dit, je suis complètement d'accord avec toi.
00:56:03 De toute manière, que ça passe ou ça ne passe pas, les femmes seniors sont discriminées en entreprise partout.
00:56:11 Elles ont peur de quitter et on le voit.
00:56:15 Donc, il faut absolument qu'on mette le curseur là-dessus et ça sera formidable pour la société.
00:56:23 Richard ?
00:56:26 Deux axes, et je vais reprendre un peu mon leitmotiv du jour.
00:56:31 C'est travailler encore plus sur la pédagogie, être encore plus présent auprès des Français et des Françaises.
00:56:37 Le deuxième axe, c'est de travailler chez AXA, France, dans notre rôle d'assureur,
00:56:42 sur tout ce qui est services associés à nos garanties, à nos contrats.
00:56:47 On en a fait déjà un certain nombre, que ce soit le travail autour de la téléconsultation qu'on a lancé il y a plusieurs années.
00:56:54 Là, on est en train de travailler sur un service Angel qui va permettre à chaque Français de pouvoir avoir,
00:56:58 je dirais dans son smartphone, l'ensemble des documents administratifs de santé au niveau sanitaire,
00:57:05 de retrouver les meilleurs spécialistes qui existent en France si vous êtes atteint d'une certaine pathologie, etc.
00:57:11 Donc, c'est beaucoup de travailler sur les services associés à nos garanties pour aider, encore une fois,
00:57:15 les Français et les Françaises dans leur quotidien.
00:57:18 Merci beaucoup. Merci à tous les cinq. Je crois qu'on peut vous applaudir chaleureusement.
00:57:24 Et on a le temps de prendre quelques petites questions de la salle, donc n'hésitez pas à vous manifester.
00:57:33 Bien sûr, avec plaisir. Voilà, un petit micro.
00:57:40 Je me permets très rapidement. Merci beaucoup. Oui, Prisca Tévenot.
00:57:43 Je travaille effectivement avec Astrid en commission des affaires sociales et aussi au sein de la délégation aux droits des femmes.
00:57:49 C'est une justice sur laquelle on travaille énormément. Le sujet de la famille, bien évidemment,
00:57:53 mais pas parce que les femmes sont de simples utérus, mais parce qu'elles sont en général en charge du sujet familial
00:57:59 et que ça a des conséquences sur leur travail, sur leur métier et sur leur vie en général.
00:58:04 Moi, ce que je voulais déjà dire en préambule, et ça ne va pas vous échapper, je fais partie de la majorité présidentielle.
00:58:09 Donc, je dis ma religion politique. Comme ça, je ne choque personne.
00:58:13 Mais je crois que l'enjeu que nous avons aujourd'hui avec tout ce que vous venez de souligner sur les difficultés du marché du travail aujourd'hui,
00:58:19 dont les premières victimes sont énormément les femmes, c'est qu'on préserve notre système de solidarité par répartition.
00:58:26 Parce que le pire qui puisse nous arriver, c'est que nous comptons sur un système de financement par capitalisation.
00:58:31 Là, vous pouvez vous y imaginer à quel point nos femmes ne seront plus dans des difficultés d'inégalité, mais de grande précarité.
00:58:39 Et ça, je pense qu'il faut l'avoir. Sur le sujet du congé parental, pour être très honnête, tout de suite, on s'est dit "mais c'est pas possible".
00:58:45 Parce qu'on travaille aussi, on est en train d'avancer, on écoute vos retours et bien évidemment, on a toutes et tous intérêt
00:58:52 à ce que cette réforme n'oublie personne et ne crée pas plus de difficultés qu'il y en a déjà.
00:58:56 Moi, de ce que j'ai compris, j'ai un peu demandé etc. c'est que ça concernait toutes les femmes.
00:59:01 Bien évidemment, ça aura un effet beaucoup plus incitatif et important sur les femmes quand il y a des carrières longues,
00:59:06 mais ce congé parental concernera toutes les femmes jusqu'à 4 trimestres d'éducation.
00:59:10 Avec la réserve bien évidemment qu'avait dit Astrid Panossian juste avant, c'est que ça ne doit pas devenir des trappes à inactivité
00:59:16 qui reviendraient à dire tout ce que vous venez de dire par ailleurs.
00:59:19 Et de manière générale, je le dis de façon très claire, le sujet que nous avons sur cet enjeu-là,
00:59:25 c'est vraiment de venir aider, soutenir les femmes, les publics, les plus précaires aujourd'hui,
00:59:31 qui comme vous l'avez dit, je crois que c'était vous Madame tout à l'heure, les pas avancent très vite, mais on recule d'autant plus vite souvent.
00:59:38 Merci beaucoup.
00:59:44 Une réaction, une question de Madame. Oui, vous pouvez prendre ce micro.
00:59:49 Pour appuyer le point de vue d'une part d'Elisabeth Richard sur l'importance de saisir du sujet des femmes seniors,
01:00:02 et plus largement du sujet des seniors, mais indiquer également qu'ils ne se limitent pas au secteur privé.
01:00:07 Il existe aussi dans les fonctions publiques, dans les entreprises publiques,
01:00:11 parce que la marginalisation des seniors, c'est un phénomène général, c'est un phénomène sociétal.
01:00:16 Ça veut dire que les nominations de jeunes sont beaucoup plus fréquentes que les nominations de seniors,
01:00:21 y compris dans des endroits où on pourrait penser que l'égalité est davantage respectée.
01:00:25 Donc ne pas oublier que la placardisation, c'est partout.
01:00:28 Deuxième sujet, les longues carrières et les cotisations.
01:00:31 Pourquoi est-ce qu'on n'avait pas pensé à prendre en compte les cotisations à VPF ?
01:00:37 C'est un sujet un peu technique. Dans les longues carrières, tout simplement,
01:00:41 parce qu'on raisonnait en 2003, et j'étais un peu dans le sujet à ce moment-là, sur des périodes cotisées.
01:00:47 C'était également des périodes cotisées, mais il y a eu de longs débats là-dessus.
01:00:51 Donc ce qui a éliminé les femmes des longues carrières, et qui a fait qu'elles ont été peu bénéficiaires de la mesure,
01:00:57 c'est qu'elles ont beaucoup de périodes assimilées.
01:00:59 Les périodes assimilées, c'est quoi ? C'est les avantages familiaux, c'est les passages en invalidité,
01:01:05 c'est les pré-retraites quand il y en avait. Et forcément, comme elles en avaient davantage,
01:01:10 et davantage de périodes de chômage, elles n'ont pas des carrières complètes au sens cotisé.
01:01:16 Elles bénéficient de ce qu'on appelle le fonds de solidarité vieillesse,
01:01:19 c'est-à-dire qu'on cotise à leur place quand elles sont dans des situations de fragilité.
01:01:23 Et c'est ça qui fonde une partie des inégalités hommes-femmes, à la fois pour le niveau des retraites,
01:01:29 le nombre de trimestres, et tout le raisonnement qu'on a fait tout à l'heure.
01:01:33 Troisième plan, il faut être justement à ce sujet particulièrement vigilant sur les avantages familiaux,
01:01:40 c'est parce que c'est ce qui permet aux femmes de combler leur retard.
01:01:44 Avantages familiaux, je parle des trimestres donnés en fonction du nombre d'enfants qu'elles ont eus,
01:01:50 donc les 8 trimestres avant 2010 et après, la possibilité du partage avec l'époux.
01:01:55 C'est ça qui leur sert de rattrapage pour des carrières qui ont été hachées,
01:01:59 pour des carrières qui ont été incomplètes.
01:02:01 Donc j'ai vraiment un point de vigilance à vous donner, ne touchez pas à ça,
01:02:04 vous mettriez les femmes dans une situation extrêmement difficile.
01:02:07 Je fais partie des gens qui en 2003 ont plaidé pour qu'on maintienne à tout prix,
01:02:11 à un moment où ils étaient remis en cause sur le versant fonction publique par une jurisprudence européenne,
01:02:17 il fallait le garder. Donc attention à ce sujet-là. Merci.
01:02:21 Merci beaucoup.
01:02:29 Nathalie Galland, je suis agent général AXA.
01:02:32 Je voulais partager avec vous une information qui me semble importante.
01:02:36 Quand on a éliminé le temps partiel et les différentes causes qui expliquent la différence de salaire
01:02:42 entre les hommes et les femmes, on arrive à 5%.
01:02:45 Donc on peut considérer que c'est très peu, et en même temps c'est beaucoup,
01:02:49 puisque c'est ce que mettent mes clientes mensuellement pour préparer leur retraite.
01:02:54 Donc c'est extrêmement symbolique, et je pense qu'on a un devoir d'information et d'explication par rapport à ça
01:03:00 pour les alerter sur le fait que si elles allaient négocier ces 5%,
01:03:04 elles pourraient mettre de l'argent de côté pour leur retraite, dès leur plus jeune âge.
01:03:09 Et ça change tout.
01:03:11 Merci beaucoup à tous les cinq. Il est 12h10, on a parfaitement géré notre temps imparti.
01:03:23 Et je vais vous laisser la parole Valérie pour la conclusion.
01:03:26 Merci beaucoup. Je tiens vraiment à remercier l'intégralité des intervenants qui sont intervenus sur les deux tables rondes.
01:03:34 Je voudrais remercier l'intégralité des députés qui ont assisté à cette table ronde.
01:03:39 Ne partez pas tout de suite, on va maintenant faire la conclusion.
01:03:42 J'ai retenu certains éléments, donc Elisabeth, il y a le "lighter".
01:03:47 Et je crois qu'aujourd'hui, ce qu'on a essayé de mettre en avant, c'est justement mettre en lumière
01:03:53 tous les dysfonctionnements qui existent pendant toute la carrière des femmes,
01:03:57 que c'est avant même la carrière, pendant l'éducation, ça commence à l'éducation, ça commence dans la famille,
01:04:03 et qui expliquent ces différences de salaire, de revenus et également de retraite.
01:04:08 Alors peut-être que cette réforme de la retraite, elle ne pourra pas tout résoudre,
01:04:12 mais en revanche, comme l'a dit Astrid Panossian tout à l'heure, c'est peut-être l'occasion aujourd'hui
01:04:17 d'avoir une accélération pour apporter des réponses concrètes tout au long de la vie des femmes et des hommes
01:04:24 pour limiter ces inégalités entre les uns et les autres.
01:04:28 Alors oui, peut-être que cette réforme n'apportera pas toutes les solutions,
01:04:32 mais c'est le moment, mesdames et messieurs les députés, d'accélérer les prises de conscience,
01:04:37 d'accélérer les actions en entreprise, en politique, pour faire en sorte qu'il y ait tout au long de la vie
01:04:43 des moins d'inégalités qui, effectivement, se répercutent aujourd'hui au moment de la retraite.
01:04:50 Alors pour faire cette conclusion, je vais appeler un député, député et qui est également porte-parole du groupe,
01:04:58 qui va faire cette conclusion. Alors j'ai un petit message personnel.
01:05:02 Tout à l'heure, j'ai donné un premier petit message personnel, puisque je dis qu'à 59 ans,
01:05:06 eh bien moi je n'importais pas que mon expérience, mais ma passion et mon énergie également.
01:05:11 Mais c'est aussi un grand moment d'émotion pour moi aujourd'hui, parce que le brillant député
01:05:17 qui va faire cette conclusion aujourd'hui est un jeune homme que je connais depuis qu'il est très jeune
01:05:22 et qui, dès l'âge de 15 ans, rêvait de faire de la politique. Il avait sa cheville au corps.
01:05:28 Il a été mon stagiaire, le plus brillant de mes stagiaires. Il a ensuite travaillé avec moi.
01:05:35 Et tout au long de ces années, j'ai pu mesurer sa passion, son engagement, sa volonté d'impacter positivement le pays.
01:05:44 Et quand il a été élu député il y a quelques mois, j'étais vraiment très heureuse pour lui,
01:05:50 parce que très souvent, on parle des députés de leur pouvoir, de leur salaire.
01:05:55 Moi j'aimerais parler de leur passion, de leur engagement, et c'est aussi un sacerdoce.
01:06:00 Et voilà, tous les députés qui sont intervenus aujourd'hui, Astrid qui est ma députée d'ailleurs,
01:06:05 je n'ai pas pu voter pour Benjamin parce qu'il n'était pas mon député,
01:06:08 eh bien c'est aussi cet engagement que j'aimerais vraiment partager avec vous.
01:06:13 Et Benjamin, je te donne la parole et je voudrais te dire que je suis très fière de toi. Voilà.
01:06:17 (Applaudissements)
01:06:22 Merci énormément Valérie. Je devrais m'arrêter là.
01:06:27 Non, écoutez, je vous ai beaucoup entendu parler aujourd'hui de mentoring,
01:06:32 d'avoir des rôles modèles pour les femmes entre elles dans les entreprises ou en politique.
01:06:39 Mais je peux vous dire quelque chose, c'est aussi utile pour les hommes d'avoir des mentors et des rôles modèles femmes.
01:06:46 Et moi, j'ai eu cette chance avec Valérie qui a été mon mentor dès le plus jeune âge dans d'autres activités.
01:06:54 On est resté amis toutes ces années. Donc vraiment, merci Valérie.
01:06:59 Bravo pour ton énergie, pour ton courage, pour ton leadership sur cette cause comme sur tant d'autres.
01:07:05 En politique ou ailleurs, moi, j'admire beaucoup les gens qui s'engagent
01:07:09 et qui le font avec toute leur énergie et toute leur passion.
01:07:12 Et Valérie, tu es vraiment un exemple extraordinaire de cela.
01:07:15 Donc, merci encore et puis merci à vous toutes et à vous tous pour votre engagement,
01:07:21 pour la cause de l'égalité entre les femmes et les hommes.
01:07:26 Vous savez que c'est une cause, vous avez entendu Marlène Schiappa, Aurore Berger, Astrid Pannosian, Priska Thévenot et d'autres.
01:07:33 C'est une cause qui est au cœur de notre famille politique.
01:07:37 C'est une grande cause du quinquennat pour le président de la République.
01:07:40 On a la chance d'avoir des personnalités extraordinaires aujourd'hui qui dirigent notre mouvement,
01:07:46 de la première ministre à la présidente de l'Assemblée nationale, en passant bien sûr par la présidente de notre groupe.
01:07:53 On peut, on doit aller plus loin, mais je pense déjà qu'avoir ces modèles-là en politique, c'est extrêmement nécessaire.
01:08:02 Je dirais un autre mot sur votre think tank, qui a maintenant cinq ans, je crois,
01:08:07 qui tous les ans fait énormément de propositions, d'événements, de livres blancs.
01:08:12 Moi, je suis élu depuis six mois, mais je viens du monde des think tanks.
01:08:15 J'ai passé sept ans aux États-Unis dans le monde des think tanks.
01:08:18 Je crois que la société civile a un rôle fondamental à jouer sur ce sujet comme sur tant d'autres.
01:08:23 Et poussez-nous, forcez-nous à être audacieux, à faire sauter des tabous.
01:08:28 Quand on pense, je vous ai entendu parler tout à l'heure par exemple de quotas dans les entreprises.
01:08:33 Moi, je me rappelle très bien, j'étais étudiant, des débats sur la parité en politique,
01:08:39 et puis après des quotas sur les conseils d'administration.
01:08:43 Ça paraissait impossible. Au contraire, on a vu l'impact considérable que ça a eu,
01:08:49 par exemple sur la classe politique et sur les entreprises.
01:08:52 Allons plus loin, allons plus loin et forcez-nous à aller plus loin.
01:08:56 Si vous avez cette liberté dans un think tank de casser des codes, de pousser le politique
01:09:04 qui bien souvent est trop frileux, trop conservateur, trop prudent, allez-y et poussez-nous.
01:09:09 Et je crois vraiment que les think tanks ont un rôle à jouer.
01:09:11 Je vous donnerai juste une anecdote par exemple.
01:09:13 Quand j'étais aux États-Unis, on avait décidé, un peu dans la lancée du mouvement #MeToo,
01:09:19 de forcer dans l'organisation où j'étais, d'interdire d'avoir des panels avec uniquement des hommes.
01:09:26 On appelait ça des manholes aux États-Unis.
01:09:29 Donc on avait l'interdiction, nous, on avait signé un document RH,
01:09:33 d'organiser des manholes ou de participer même à des manholes, que ce soit à la télévision,
01:09:38 que ce soit dans d'autres organisations.
01:09:42 Mais en quelques mois à peine, l'impact que ça a eu pour transformer le rapport qu'on avait à cela,
01:09:51 pour transformer et pour faire d'ailleurs, je dirais même au-delà de l'égalité entre les hommes et les femmes,
01:09:56 pour forcer aussi à faire émerger des nouveaux profils, des profils plus jeunes bien souvent d'ailleurs, parmi les experts.
01:10:01 Donc il y a énormément de choses, même au-delà de la question législative, et j'en dirai un mot,
01:10:06 qu'on peut faire et sur lesquelles la société civile vraiment peut être moteur.
01:10:11 Donc poussez-nous.
01:10:13 Je sais que vous avez beaucoup parlé aujourd'hui de la question du pouvoir d'achat et de l'inflation.
01:10:17 Notre majorité a agi là-dessus, mais c'est toujours un énorme sujet d'inquiétude.
01:10:22 Je dirais le premier sujet d'inquiétude, je pense aujourd'hui, au quotidien, pour les femmes et les hommes.
01:10:26 Et évidemment les femmes sont plus frappées que les hommes,
01:10:29 ne serait-ce que parce qu'elles sont frappées aussi de discrimination salariale, vous en avez parlé.
01:10:33 Je crois qu'il faut qu'on soit extrêmement vigilant là-dessus,
01:10:36 et qu'on pousse aussi les entreprises à prendre leurs responsabilités.
01:10:39 Vous avez parlé de la question des retraites, et j'ai entendu certaines questions,
01:10:43 certaines mises en garde aussi, et croyez-moi, nous serons vigilants dans le débat
01:10:48 que nous allons avoir en hémicycle sur tous ces sujets.
01:10:52 C'est une réforme qui intègre tout de même de nouveaux droits,
01:10:57 que ce soit la question prise en compte des congés parentaux,
01:11:01 ou du temps qui y sont passés pour soigner un proche,
01:11:03 on sait que ça touche de façon disproportionnée les femmes,
01:11:06 dans le calcul des carrières longues ou de la retraite minimale.
01:11:10 Plus de femmes que d'hommes, à peu près 60% auront accès à la question de la retraite minimale,
01:11:19 la pension minimale à 1 200 euros, 85% du SMIC, mais nous pouvons aller plus loin,
01:11:24 à la fois dans le débat qui va arriver, mais aussi dans les débats que nous aurons dans les prochains mois.
01:11:30 Vraiment, je veux vous inviter à travailler en partenariat avec nous,
01:11:35 c'est un partenariat qui doit être exigeant, bien sûr,
01:11:38 un partenariat où vous devez nous pousser à être plus courageux et plus audacieux,
01:11:42 mais nous avons besoin de vous, nous avons besoin de vos propositions,
01:11:44 nous avons besoin de votre audace, et merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui,
01:11:49 et merci Valérie, et merci Marie-Claire.
01:11:51 (Applaudissements)
01:11:58 Merci Benjamin, toujours à la hauteur de ce que j'attendais de toi, en tout cas bravo,
01:12:03 et je vous donne rendez-vous, en tout cas déjà dans Marie-Claire,
01:12:06 où vous pourrez très bientôt, dans le prochain Marie-Claire, lire les comptes rendus de nos échanges,
01:12:11 vous pourrez également retrouver l'intégralité de nos débats sur le site de Marie-Claire,
01:12:17 si vous avez des amis autour de vous qui n'ont pas pu assister,
01:12:20 elles pourront désormais le visionner sur le site de Marie-Claire,
01:12:24 et rendez-vous pour le prochain événement sur comment aider les femmes à s'emparer des métiers d'avenir.
01:12:29 Merci à tous, et merci encore à tous les députés présents.
01:12:32 (Applaudissements)
01:12:36 (...)

Recommandations