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Sandra Regol, députée du Bas-Rhin, vice-présidente du groupe Écologiste-Nupes à l'Assemblée nationale, était samedi 25 février l’invitée du 8h30 franceinfo.

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00:00 - Sandra Regol, vous êtes fille de vignerons. Pendant dix jours, les politiques vont défiler au Salon de l'agriculture. À quoi ça sert ?
00:08 - C'est une bonne question. C'est vrai qu'on aimerait qu'ils soient plus souvent au chevet des paysans parce qu'aujourd'hui, la paysannerie, l'agriculture, c'est le plus grand plan social de France.
00:20 On était à 20-30% de la population active à la fin des années 50. Aujourd'hui, on est en dessous de 2% de la population active et avec des inégalités sociales terribles.
00:31 C'est-à-dire qu'on a, je crois, quasiment un quart des paysans qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, pendant que d'autres vivent très bien.
00:40 Le Salon de l'agriculture, c'est la belle vitrine. C'est celle et ceux qui arrivent à bien s'en sortir. C'est l'excellence. C'est ce qui est très, très beau.
00:48 Mais à côté de ça, il y a une réalité qui est que les pouvoirs publics ne font pas grand-chose pour l'ensemble des paysans. Et ça, c'est un problème.
00:54 - Emmanuel Macron vit passer 14 heures. Vous en pensez quoi ?
00:58 - Il y a un petit concours entre hommes politiques de celui qui passera le plus longtemps. Je ne sais pas si c'est ce qui qualifie la meilleure façon de travailler pour les paysans.
01:09 En tout cas, ça a l'air d'être un grand concours entre présidents et représentants politiques au fil des années. Moi, je préférerais que leur concours, ce soit d'assister les paysans dans les transitions nécessaires aujourd'hui.
01:20 On est en pleine sécheresse historique, une sécheresse en plein hiver. Et donc, on doit repenser l'agriculture, parce que l'agriculture aujourd'hui n'est pas celle d'hier et ne sera pas celle de demain.
01:30 Et si on n'agit pas, ça va devenir dramatique pour les personnes concernées.
01:33 - Mais quand même, la patronne de votre parti, Marine Tendelier, va aller au Salon de l'agriculture.
01:37 - Oui, moi aussi, probablement. D'ailleurs, j'encourage beaucoup de gens à y aller.
01:40 C'est très agréable, le Salon de l'agriculture. C'est l'occasion d'explorer nos terroirs d'un point de vue gustatif et de soutenir aussi celles et ceux qui les font vivre.
01:51 - La relation entre les écolos et les agriculteurs, elle est souvent compliquée. Voilà ce que disait Christiane Lambert, la présidente de la FDSEA, le principal syndicat agricole. C'était hier chez nos confrères de BFM.
02:05 - Pour manger des produits français, pour maintenir cette souveraineté alimentaire, il faut accepter d'avoir des élevages qui se construisent et qui se modernisent,
02:12 des réserves d'eau qui permettent d'irriguer, des prétuits phytosanitaires pour traiter les plantes et qu'on n'épanoue des interdictions là où les autres pays peuvent les utiliser.
02:20 L'agriculture française dévisse. Elle n'est pas en expansion, elle est en régression.
02:24 - Phytosanitaires, réserves d'eau, tout ça, vous vous battez contre. Les écologistes et le monde agricole sont deux mondes irréconciliables.
02:33 - Alors, si les écologistes ont un problème avec un monde agricole, c'est certainement pas celui des paysans, certainement pas celui des agricultrices et des agriculteurs,
02:42 mais très certainement celui de l'industrie agricole qui n'est pas du tout la même chose. Et donc peut-être, la FNSEA est une des grandes représentantes, fort heureusement.
02:52 - Mais dans le contraire, sur le terrain... - Toutes les personnes qui sont dans la FNSEA ne sont pas dans ce domaine-là. Mais si vous me laissez juste le terminer...
02:57 - Énormément d'agriculteurs sont dans ce modèle aujourd'hui, ont investi, sont dans ce modèle, sont tenus par beaucoup d'investissements. Donc ils sont dans cette réalité.
03:02 - Ceux qui vivent le mieux des aides publiques sont effectivement dans ce modèle industriel, oui.
03:07 - Mais c'est beaucoup d'agriculteurs en France. - Alors, c'est beaucoup d'argent, mais c'est pas beaucoup de personnes.
03:12 En revanche, les personnes qui essayent de travailler en plaisir, c'est-à-dire d'avoir du plaisir dans leur activité,
03:19 ce qu'on avait montré sur la chaîne France Info TV il y a quelques instants, des gens qui respectent la nature, qui essayent de respecter leurs élevages,
03:26 qui essayent de faire mieux que ce qui est ailleurs, eh bien ces personnes-là ne sont pas aidées.
03:32 C'est-à-dire que le grand problème aujourd'hui, c'est que la France, le gouvernement d'Emmanuel Macron, a choisi de financer très largement,
03:38 c'est-à-dire de mettre sous perfusion l'industrie agricole au détriment des agriculteurs et des paysans.
03:44 Et ça, c'est pas normal, parce que c'est nous qui le payons, c'est notre alimentation qui en souffre.
03:49 Et juste, je finis là-dessus, ça veut dire qu'on jette 20% de ce qu'on produit et qu'on exporte une grande partie de ce qu'on produit,
03:56 parce que ce n'est pas fait pour nous nourrir, c'est fait pour exporter, pour nourrir des animaux, pour nourrir autre chose.
04:02 Et pendant ce temps, on fait venir en gros 50% de nos fruits et légumes. Est-ce que tout ça est bien normal ? Je pense que non.
04:10 Et d'ailleurs, le bilan que fait la FNSEA est très juste, ses politiques publiques conduisent l'agriculture à sa perte, et c'est pour ça qu'on est contre.
04:18 Mais à partir de quel moment vous jugez par exemple qu'un éleveur ne respecte pas son élevage ?
04:24 Vous avez employé cette expression. À partir de quelle taille d'exploitation, à partir de quelle pratique cela vous gêne ?
04:30 Je parle d'un agriculteur qui n'est pas en bio, par exemple, qui produit lui-même son fourrage, les céréales pour nourrir son élevage, une centaine de vaches, par exemple.
04:37 Vous l'avez bien défini.
04:39 Lui, c'est un agriculteur qui ne respecte pas ses bêtes, par exemple ?
04:42 Pas du tout. Alors moi, je ne délivre pas des bons et des mauvais points, ce n'est pas mon rôle.
04:46 Il y a des gens qui travaillent et qui font les choses bien. En revanche, le problème, c'est le système dans lequel ils s'inscrivent.
04:51 Vous aviez tout à l'heure un agriculteur qui n'est pas du tout en bio, qui témoignait, qui est une star des réseaux sociaux,
04:57 qui n'est pas vraiment fan des écolos ni de ce que je raconte, et pourtant je vais vous en dire du bien, parce que ce qu'il dit est très réel.
05:03 Il dit les produits chimiques qu'on est contraints d'utiliser, parce qu'on n'a plus d'autres choix aujourd'hui, après 50 ans.
05:08 Parce qu'il les trouve très utiles parfois aussi, ce n'est pas que de la contrainte.
05:11 Parce qu'il n'a pas le choix, ça fait 50 ans qu'on a appauvri nos terres, 50 ans qu'on a laissé nos capacités, nos savoir-faire locaux tomber en désuétude.
05:20 Alors oui, aujourd'hui, sa seule possibilité, c'est d'utiliser ces produits phytosanitaires, et il le dit très bien, c'est extrêmement cher.
05:26 On a développé une dépendance aux industries pétrochimiques qui, aujourd'hui, contraint les agriculteurs à des dépenses permanentes.
05:35 Ça, on est en capacité de le casser aujourd'hui, si on accompagne ces agriculteurs.
05:39 Et il le dit très bien, le bio c'est bien, autre chose c'est bien aussi, mais ce qui compte, c'est comment est-ce qu'on accompagne tout ça pour nourrir bien la population française.

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