Lorsqu’on place son enfant atteint d’autisme dans un foyer spécialisé, on s’attend à ce qu’il soit en sécurité, entouré et suivi, pourtant, dans certains établissements, les maltraitances sont une réalité et sont souvent minimisées.
Perçues comme vulnérables, les personnes en situation de handicap sont souvent victimes d’abus. Dans un rapport accablant concernant le foyer de Mancy, des éducateurs ont été accusés de violences envers un public de jeunes autistes. L'existence d’une chambre d’enfermement a aussi été révélée.
Comment prouver la responsabilité de la direction, comment dénoncer et surtout, comment s’assurer que les personnes responsables seront écartées définitivement de la profession ?
Laurence témoigne de son vécu au sein du foyer de Mancy.
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Graphisme miniature : Studio Amico
Perçues comme vulnérables, les personnes en situation de handicap sont souvent victimes d’abus. Dans un rapport accablant concernant le foyer de Mancy, des éducateurs ont été accusés de violences envers un public de jeunes autistes. L'existence d’une chambre d’enfermement a aussi été révélée.
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AmusantTranscription
00:00 Je suis venue parler aujourd'hui de la maltraitance sur des enfants porteurs de handicap.
00:06 Il y avait dans ce foyer une chambre d'enfermement où on enfermait les enfants.
00:09 Ils étaient accusés de coups, d'insultes, de jeter les enfants par terre, de les traîner dans le couloir.
00:15 Toutes les personnes qui ont œuvré contre ces enfants sont toujours en poste.
00:19 Ma vocation, elle est née il y a bientôt 30 ans.
00:21 Je suis tombée sur un petit jeune qui venait de foyer et qui n'arrivait pas à se reconnaître avec ses pères.
00:27 J'ai essayé de décortiquer tout ce qui n'allait pas, j'ai essayé de le faire avancer, de le faire jouer.
00:32 Et ça a plutôt bien marché.
00:34 Lui, il m'a ouvert une voie, il m'a ouvert une lumière, il m'a chamboulé.
00:38 Pour des personnes qui sont en grande difficulté,
00:40 je pense qu'il y a des moments, avoir une personne en face qui est solide,
00:44 qui a envie d'aller plus loin avec eux, de croire en eux.
00:47 Voilà, j'ai cru dans ce gamin et ça a été naturel.
00:49 Je ne me suis pas forcée, je n'avais pas envie d'y aller.
00:52 Et j'ai voulu me spécialiser.
00:53 Donc j'ai d'abord passé un premier diplôme de monitrice éducatrice.
00:57 J'ai continué mon parcours avec adolescents et jeunes adultes pendant 20 ans.
01:01 Je voulais partir dans le handicap et j'ai trouvé une structure qui accueillait des personnes
01:06 qui ont vécu très longtemps en psychiatrie, à qui on leur offrait une seconde vie, un meilleur confort.
01:12 Quelque chose d'assez diversifié qui pourrait me permettre d'avancer,
01:16 d'affronter mes craintes, d'amener mes compétences et de pouvoir rendre les gens heureux.
01:21 C'était ça.
01:22 Donc j'y suis restée 6 ans, ça a été vraiment du bonheur absolu.
01:25 Je suis tombée sur cette annonce du travail avec des enfants porteurs d'autisme.
01:29 Lors de l'entretien d'embauche, le directeur m'a dit que ce foyer était en grande difficulté en termes éducatifs.
01:36 Donc pour moi, c'était un challenge merveilleux.
01:39 J'allais me battre pour que ce foyer reste ouvert pour ces enfants.
01:42 Quand je suis arrivée dans ce foyer, ce qui m'a choqué, c'est les lieux qui n'étaient pas très jolis.
01:48 C'était un vieux bâtiment qui n'était pas décoré.
01:51 Et puis, dans la chambre des enfants, c'était dénudé, pas de déco, un lit, une armoire, une table pour certains.
01:58 Il faut réussir à ce que l'enfant soit bien à l'aise dans cette chambre.
02:02 C'est important que ces lieux soient viables, soient jolis à l'œil.
02:08 Et ce n'est pas parce qu'on est dans le handicap que ces enfants sont dénués de sentiments, dénués de voir de belles choses.
02:17 Ce qui me saute aux yeux ensuite, c'est la mentalité de l'équipe qui ne voit pas ces enfants comme moi je les vois.
02:23 Moi, je vois ces enfants en perdition, par manque de programme, par manque de tendresse, par manque d'affection.
02:30 J'ai plus l'impression d'être dans un camp militaire que dans un foyer de vie.
02:34 Une équipe qui veut que ces enfants leur obéissent au doigt et à l'œil.
02:38 C'était, t'arrives, tu vas prendre ta douche ou t'arrives, tu vas goûter, tu vas t'asseoir, tu te poses là.
02:43 Non, tu ne fais pas ci, tu ne fais pas ça. Et puis, j'utilise du chantage.
02:47 Si tu ne me donnes pas ta veste, tu n'auras pas ton chocolat.
02:50 C'est aussi l'intention de donner beaucoup de médicaments aux enfants.
02:54 Normalement, un enfant atteint d'autisme, s'il n'y a pas d'autres pathologies, il n'y a pas de médicaments.
03:00 Quand un enfant autiste arrive dans le foyer, c'est la première fois qu'il est là.
03:03 Donc, il a peur, il doit vivre avec des gens qu'il n'a jamais vécu.
03:07 Il va se déshabiller devant des gens qu'il n'a jamais vus.
03:10 Il est obligé de manger avec des gens qu'il n'aime pas.
03:12 Et on lui demande en plus d'être calme.
03:14 Donc ça, ce n'est pas jouable, ce n'est pas possible.
03:16 Donc souvent, on aide cet enfant à se poser avec un petit traitement
03:20 qui va lui permettre au fur et à mesure d'être à l'aise, d'être bien, de prendre ses repères.
03:26 Et là, finalement, dès que l'enfant crie, dès que l'enfant n'est pas en accord,
03:31 ou comme il y a la communication pour certains, c'est la communication non verbale,
03:36 il n'arrive pas à s'exprimer.
03:38 Donc, il y a des moments où l'enfant a craqué, où l'enfant a tapé.
03:41 Et là, on lui donne un traitement plus fort.
03:43 Donc moi, avant de donner un médicament,
03:46 j'ai besoin de comprendre ce qui se passe avec cet enfant.
03:49 Pourquoi il a réagi comme ça ?
03:51 Et moi, j'ai besoin de chercher sur toute sa journée, ce qu'il s'est passé.
03:54 Peut-être qu'il a eu une mauvaise journée à l'école.
03:56 Peut-être qu'il s'est fait taper.
03:57 Peut-être qu'il a passé une très mauvaise nuit et qu'il est très fatigué.
04:01 Et je pense qu'il faut d'abord chercher les causes
04:03 avant de donner directement un médicament.
04:06 Donc j'appelle mon directeur, je lui fais part de mes premières observations.
04:10 Et il m'explique qu'en effet, il faut arrêter ces hospitalisations.
04:13 Il faut arrêter ce gavage de médicaments.
04:15 C'est important.
04:16 Là, je prends conscience qu'il y a quelque chose qui ne va pas,
04:19 qu'il faut revoir les projets de chaque enfant
04:23 et qu'on puisse déterminer les axes de travail.
04:25 Et là, je suis entrée en conflit avec l'équipe assez rapidement
04:29 parce que je n'étais pas en accord avec ce qu'ils pensaient des enfants,
04:33 parce qu'il y avait dans ce foyer une chambre d'enfermement
04:36 où on enfermait les enfants.
04:37 C'est un lieu où une pièce qui est capitonnée,
04:41 où l'enfant ou l'adulte qui est mis dans cette chambre,
04:45 c'est suite à une grosse crise.
04:46 Et l'objectif, c'est de l'apaiser.
04:49 C'est un sujet très controversé, cette chambre.
04:52 Dans certains endroits, c'est autorisé,
04:54 mais en France, c'est fortement déconseillé,
04:58 voire aboli dans certaines structures.
05:00 Je suis contre cette chambre d'enfermement
05:02 parce que je ne pense pas que ça apaise l'enfant d'être enfermé.
05:05 Pour moi, on n'apporte pas de solution à une personne.
05:08 On n'est pas en hôpital psychiatrique.
05:10 Là, on est dans un foyer de vie.
05:11 On est chez les enfants.
05:12 Donc, je me suis attiré la foudre de l'équipe
05:15 et on est rentré en guerre, entre guillemets.
05:17 Ce foyer a été ouvert avec cinq ou six éducateurs
05:21 qui espéraient certainement
05:23 qu'ils avaient déjà travaillé dans d'autres foyers.
05:24 Et dans ces autres foyers, c'était des enfants plutôt calmes.
05:29 Et les premiers enfants qui sont arrivés dans ce foyer,
05:32 puisqu'ils sont arrivés au fur et à mesure,
05:34 étaient assez rmuants, assez durs de compréhension.
05:38 Mais il fallait plus de temps,
05:39 il fallait plus de patience,
05:40 il fallait plus de courage,
05:42 il fallait se battre pour réussir.
05:43 Et cette équipe a pris le pouvoir sur ce foyer
05:47 et ils ont décidé d'en faire leur château
05:50 et de faire obéir les enfants.
05:52 Donc, ces enfants étaient souvent fermés,
05:53 étaient souvent attachés, étaient souvent médiqués.
05:56 Et ils ont vu que ça fonctionnait comme ça.
05:58 Donc, ce pouvoir, ils ont continué à l'installer
06:00 et toute personne arrivant, soit elle rentrait dans ce cercle,
06:03 soit elle s'en allait.
06:04 Nombre de remplaçants n'ont jamais voulu témoigner
06:07 de ce qu'ils avaient vu, parce que peur.
06:09 Peur de ne plus jamais être repris, peur de représailles.
06:12 Et un jour, avant que j'arrive,
06:14 il y a un courrier qui a été donné à l'ancien directeur
06:17 où quelques remplaçants ont dénoncé des maltraitances,
06:21 de grosses maltraitances.
06:22 Prévation de nourriture,
06:24 prévation de liens familiaux,
06:26 prévation de jeux,
06:27 prévation de tout ce qui pourrait faire plaisir à un enfant.
06:30 Et donc, j'ai été obligé de foncer
06:32 pour le bien-être de ces enfants.
06:34 Je ne l'ai pas fait dans l'objectif
06:35 d'être une directrice autoritaire,
06:37 je l'ai fait dans l'objectif
06:39 que ces enfants puissent avoir rapidement un bien-être.
06:41 Je n'étais pas toute seule,
06:42 mon directeur était là,
06:45 la directrice générale était également très présente.
06:47 Et puis, fin janvier,
06:49 donc après avoir fermé la chambre,
06:51 arrêté les hospitalisations
06:53 et essayé de diminuer les traitements,
06:55 il y a eu une première lettre anonyme à mon égard,
06:58 où on se plaignait de moi,
06:59 où j'avais des propos sexistes,
07:01 des propos grossiers en réunion,
07:03 je les insultais.
07:05 Donc, j'ai été très surprise quand j'ai lu cette lettre.
07:07 Comment on peut atteindre
07:09 à l'être humain de cette manière-là ?
07:11 Je ne suis pas surprise,
07:12 mais pourquoi ?
07:13 Je ne comprends pas.
07:14 Donc, comme cette première lettre
07:16 n'a pas abouti,
07:17 en tous les cas, sur ce qu'ils espéraient,
07:19 ils ont mis dans la boucle les syndicats.
07:21 Et là, les syndicats,
07:23 je ne les ai jamais rencontrés,
07:24 ils ne m'ont jamais appelé
07:26 pour me demander ce qu'il se passait.
07:27 Ils ont pris partie tout de suite de cette équipe
07:30 et donc, je suis devenue la bête noire
07:32 de ce syndicat-là.
07:33 On arrive au mois de février,
07:35 j'ai redemandé à ce que chaque personne
07:37 soit formée en autisme.
07:39 J'ai demandé à deux personnes
07:41 qui connaissaient très bien la structure,
07:43 formées à l'autisme,
07:44 de revenir sur le terrain
07:46 pour observer, pour guider.
07:48 Et pourtant, il y a des choses
07:49 qui ne se faisaient toujours pas.
07:51 Et en parallèle de mon combat au quotidien,
07:55 la directrice générale m'informe
07:56 qu'elle est en train de faire une enquête
07:58 sur des maltraitances
07:59 qui ont eu lieu antérieurement.
08:00 Elle a des témoignages
08:01 qui sont très, très forts
08:02 et elle va continuer l'enquête.
08:04 Et là, je dis, mais il faut que l'équipe,
08:08 elle parte.
08:08 Ça, ce n'est pas possible.
08:10 Elle ne veut pas s'investir avec ses enfants.
08:12 Eh bien, il faut qu'elle parte,
08:13 qu'elle soit ailleurs, il faut qu'elle parte.
08:14 Et on arrive à fin mars,
08:16 un remplaçant m'appelle en me disant
08:18 on a un gros souci.
08:20 On a telle jeune fille qui ne va pas bien,
08:22 qui titube.
08:23 Je ne comprends pas pourquoi.
08:24 Je ne sais pas ce qui se passe.
08:25 Je réfléchis assez vite.
08:27 J'étais en voiture, j'allais arriver au travail.
08:28 Je fais appeler sa pédiatre,
08:30 appeler sa maman, demander l'heure
08:32 s'il y a déjà eu quelque chose.
08:33 L'ambulance est arrivée,
08:34 elle est partie à l'hôpital avec la responsable.
08:36 Et deux heures plus tard,
08:37 la responsable m'appelle.
08:39 Elle a été empoisonnée.
08:40 Le médecin nous informe
08:42 qu'elle a eu du Temesta,
08:43 chose qu'elle n'a pas dans son traitement d'habitude.
08:46 Le Temesta est un médicament
08:48 qui est là pour apaiser.
08:50 Il dépend comment votre corps réagit
08:52 face à ce type d'anxiolithique,
08:55 d'antidépresseurs.
08:56 En tous les cas, c'est un médicament
08:58 qui ne se vend pas sans ordonnance,
09:01 qui ne se donne pas,
09:02 ne se distribue pas comme des petits pains.
09:04 Ce n'est pas un doliprane.
09:05 Donc là, je prends une claque,
09:07 je prends un coup de poing,
09:08 je prends un coup de massue,
09:10 je prends tout ce que vous voulez,
09:10 je suis par terre.
09:11 Je suis par terre parce que je ne comprends pas comment...
09:13 Donc je me dis,
09:14 non, c'est une erreur de médicament,
09:15 ce n'est pas possible.
09:16 Donc je monte vite,
09:17 je regarde les médicaments qu'elle a eu la veille
09:19 parce que tout est noté.
09:20 Je vais tout regarder, rien.
09:21 Il n'y a pas d'erreur de médicament.
09:22 Je n'ai pas été prévenue d'une erreur de médicament.
09:25 Donc j'appelle la directrice générale
09:26 et je l'informe.
09:27 Le médecin pense qu'elle a eu une poignée de Temesta.
09:30 La directrice générale est complètement abasourdie.
09:34 Elle appelle la police
09:35 et fait une déclaration auprès de la police.
09:37 Donc là, il y a toute une enquête
09:38 qui est toujours en cours actuellement.
09:40 Moi, je suis en route à me demander ce qu'il se passe,
09:43 pourquoi on en vient à empoisonner cette jeune fille.
09:45 Et je refais un film.
09:47 L'hôpital m'a contactée
09:48 pour me présenter le profil de cette jeune fille
09:51 en me disant que ça faisait quelques mois
09:52 qu'elle était hospitalisée chez eux
09:54 et qu'elle avait besoin d'un foyer.
09:56 On avait une place qui s'était libérée.
09:58 Et quand j'ai parlé de cette jeune fille à l'équipe,
10:01 j'ai eu un non.
10:03 On m'a dit non, non, non, non,
10:05 il ne faut pas qu'on l'accueille.
10:06 On la connaît parce qu'elle allait à l'école en bas.
10:09 Elle est trop violente.
10:10 Ça va être trop compliqué sur notre groupe.
10:12 Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.
10:13 Et je leur dis, mais en même temps,
10:15 on est un foyer d'accueil.
10:16 On est un foyer de vie.
10:17 On doit accueillir des enfants qui sont en difficulté.
10:21 Donc cette jeune fille est arrivée chez nous après Noël
10:24 et personne n'en voulait de cette jeune fille.
10:26 Donc quand j'ai refait le film de cette histoire,
10:29 je ne pouvais que penser que c'était volontaire.
10:32 De toute façon, une poignée de Temesta,
10:33 ça ne peut pas être involontaire.
10:35 Pour moi, la volonté de donner une poignée de Temesta,
10:37 c'était que cette jeune fille dorme toute la journée,
10:40 qu'on puisse avoir la paix,
10:41 qu'on puisse passer à autre chose.
10:42 Entre temps, la directrice envoie son rapport
10:45 sur les maltraitances à sa chef,
10:47 sachant que c'était des personnes qui étaient toujours en poste
10:50 et qui étaient susceptibles de continuer à maltraiter,
10:53 d'une manière ou d'une autre, ces enfants.
10:54 Dans ce rapport, qui faisait 12 pages,
10:57 ils étaient accusés par des témoignages
10:59 de privation de nourriture, de coups,
11:02 de ne pas soigner en termes d'hygiène certains enfants,
11:05 d'insultes, de jeter les enfants par terre,
11:08 de les traîner dans le couloir.
11:09 Alors on était sur toute maltraitance physique et psychologique.
11:13 On se réunit et on se dit,
11:14 ben non, il faut qu'on évince cette équipe.
11:17 Suite au dépôt de ce dossier de la responsable
11:20 de mon ancienne directrice générale,
11:22 on déplace certaines personnes.
11:23 On ne peut pas déplacer tout le monde
11:25 parce que ce n'est pas possible.
11:26 Donc moi, j'embauche entre temps de nouvelles personnes.
11:30 Je les informe de ce qu'il se passe.
11:31 Les personnes que j'ai embauchées,
11:33 j'ai perdu deux collaborateurs qui n'ont pas voulu rester
11:35 parce que c'était trop violent pour eux.
11:37 Après ça, je me suis posé la question de me dire,
11:40 ben il faut que moi, je continue ce combat.
11:42 Et je ne lâche pas l'affaire.
11:44 Je tiens, je fais des heures de fou.
11:46 Et puis ce fameux rapport, il ne donne rien.
11:48 La seule chose qu'il donne, c'est qu'on va faire un audit
11:51 et on va voir un petit peu ce qu'il se passe.
11:53 Quand j'ai été informé de cet audit,
11:55 j'étais très heureuse parce qu'un audit,
11:56 c'est très important dans une structure.
11:58 Donc je trouve ça très chouette, mais quand il est honnête.
12:01 Début septembre, ça va beaucoup mieux pour les enfants.
12:04 On sent qu'ils sont apaisés.
12:06 Et je suis convoqué par ma directrice générale,
12:10 qui m'a toujours soutenu et qui me soutient encore,
12:12 qui me dit, il faut que je te fasse le retour de l'audit.
12:15 Donc je dis, ah super, avec plaisir.
12:18 Donc je veux vraiment en jouer,
12:19 sachant qu'on avait parlé de la fin de mon CDD.
12:22 Et le verdict tombe, on met fin à mon CDD.
12:25 Et je ne comprends pas.
12:26 Donc je lui pose la question, je dis, mais pourquoi ?
12:28 Et elle me dit, je suis désolée.
12:30 J'en suis désolée.
12:31 Voilà, et elle ne dit rien d'autre.
12:33 Elle n'était pas toute seule, elle ne dit rien d'autre.
12:35 Je pars en pleurant, parce que là, mes nerfs lâchent.
12:37 Le syndicat en gagne.
12:38 C'est ma première pensée que l'audit a été dirigé,
12:42 que j'ai fait du bon travail pendant une année
12:46 et je suis jetée.
12:48 Je n'arrive pas à comprendre.
12:49 J'ai la rage, je suis en colère, je ne comprends pas.
12:51 La directrice générale m'envoie un message en me disant,
12:54 je serai là quand tu seras prête.
12:56 Mais je lui en voulais tellement que je n'étais pas prête.
12:59 J'ai compris après, mais pas tout de suite.
13:00 Donc septembre est passé et au mois d'octobre,
13:03 un premier article passe dans un journal sur ce foyer
13:06 en expliquant que j'étais mauvaise,
13:08 que j'avais maltraité les collaborateurs.
13:11 Quand j'ai lu ça, je me suis écroulée.
13:13 J'ai dit, ce n'est pas possible.
13:14 Non, non, non, ce n'est pas possible.
13:16 Et puis, voilà, décembre arrive.
13:18 Je ne trouvais toujours pas du travail en Suisse
13:20 parce que j'étais blacklistée, je pense.
13:22 Je revois un autre article
13:24 où on parle de la suspension de mon ancienne directrice générale.
13:28 Au mois de février, un nouvel article est sorti sur le foyer.
13:31 Des documents ont été divulgués de personnes anonymes
13:34 sur les matrices de ce foyer.
13:36 Donc là, ça a commencé à être tendu.
13:38 Pas pour moi, mais j'étais assez contente
13:40 que cet article sorte et que, enfin,
13:43 se dévoile la vérité,
13:46 et pas la vérité d'autres personnes,
13:48 mais la vraie vérité.
13:49 La journaliste qui a écrit au mois d'octobre cet article contre moi,
13:52 elle a dit, voilà, au mois d'octobre, j'ai fait un article,
13:54 mais finalement, je me suis trompée
13:56 et je regrette d'avoir écrit cet article.
13:58 Parce qu'avec toutes les preuves qu'on nous a apportées,
14:00 finalement, ce n'est pas eux qui ont été maltraités,
14:03 mais bien eux qui ont été maltraitants.
14:05 Donc, ça m'a vraiment fait du bien qu'elle puisse reconnaître ça.
14:08 Il y a une enquête des députés qui a été ouverte au mois d'avril.
14:12 Donc, une troisième enquête où j'ai été entendue
14:14 pendant un certain temps,
14:16 où plusieurs personnes ont été entendues.
14:18 Et ce retour de commission des députés
14:20 doit avoir lieu prochainement.
14:22 Mais on n'a pas de date de retour.
14:24 Donc là, aujourd'hui, on est fin novembre
14:26 et il ne se passe toujours rien.
14:27 Ce que j'attends, c'est un rétablissement de la vérité.
14:30 J'ai besoin qu'on rétablisse les personnes qui ont été souillées.
14:33 J'ai besoin qu'on rétablisse la vérité
14:36 et qu'on puisse dire à ces personnes maltraitantes
14:39 qui sont toujours en poste,
14:40 alors certes pas dans ce foyer, mais ailleurs,
14:42 de réfléchir sur leurs actes.
14:44 À partir du moment où on dérape,
14:45 on doit se dire stop,
14:47 on doit aller en parler tout de suite,
14:48 prendre du recul,
14:49 peut-être démissionner,
14:50 changer de métier.
14:51 C'est facile de maltraiter quelqu'un.
14:53 On peut vite entrer dans la maltraitance,
14:55 juste par les mots.
14:56 Et si on n'est pas dans la capacité de prendre ce recul,
14:59 on devient un maltraitant et ça me révolte.
15:01 Je suis triste parce qu'on a entre nos mains
15:04 des vies qui sont déjà en grande difficulté
15:07 et en plus on leur fait du mal.
15:08 C'est insupportable.
15:09 Ces personnes-là n'ont pas été sanctionnées.
15:11 Toutes les personnes qui ont œuvré dans le sens de ces enfants
15:14 ont toutes été sanctionnées.
15:15 Toutes les personnes qui ont œuvré contre ces enfants
15:18 sont toujours en poste.
15:19 Personne ne bouge, personne ne réagit.
15:21 Ça doit passer sous silence, mais je ne sais pas pourquoi.
15:24 Je ne sais pas pourquoi la politique
15:26 entre dans cette danse du médico-social.
15:28 On a peu de moyens,
15:29 on doit s'occuper de personnes,
15:33 mais on ne s'occupe pas de nous.
15:34 C'est toujours une bataille.
15:35 On attend de cinq ans, il n'y a pas d'argent pour se former,
15:37 il n'y a pas d'argent pour payer.
15:39 On sous-paye tout le monde alors qu'on fait des horaires de dingue.
15:42 On accepte de s'occuper de personnes qui en ont le plus besoin
15:45 parce qu'on aime ça, parce qu'on a envie,
15:47 mais souvent au détriment de nos familles aussi.
15:50 Je ne sais pas ce qu'il faut pour qu'il y ait une réaction
15:53 de la part des politiques, de je ne sais qui,
15:57 quand on voit le scandale des EHPAD.
16:00 Peut-être qu'on ne réfléchit pas assez.
16:02 Aujourd'hui, ce qui me pousse à continuer ce combat,
16:05 c'est que ma flamme ne s'éteindra jamais.
16:07 Je pense qu'elle s'éteindra quand je m'éteindrai.
16:10 Je veux continuer à travailler avec des personnes
16:14 qui ont besoin de moi.
16:15 Je n'ai pas envie de lâcher l'affaire.
16:17 Rien ne me plaît, aucun métier ne me plaît.
16:19 Le seul métier qui me plaît, c'est celui que je fais
16:21 et auquel je suis attaché depuis bientôt 30 ans
16:24 et je ne voudrais jamais lâcher pour rien au monde.
16:26 En 30 ans de carrière, j'ai rencontré des gens merveilleux
16:29 qui ont fait un travail fabuleux,
16:31 qui continuent à faire un travail fabuleux.
16:33 Et je sais que je rencontrerai encore des personnes fabuleuses.
16:36 Pour moi, c'est un incident de parcours, ces personnes-là,
16:40 qui ne m'empêcheront pas d'avancer,
16:42 qui ne m'empêcheront pas de continuer à aller à rencontre de l'autre.
16:46 [Générique]