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00:00 *Musique*
00:05 Bonjour Laurent Berger.
00:06 Bonjour.
00:07 Juste avant de parler de la réforme des retraites, on va y revenir en longueur,
00:10 un mot de ce qui se passe sur les marchés financiers.
00:12 Il y a eu la faillite d'une banque américaine,
00:14 et puis hier, dans le sillage de la deuxième banque suisse, le Crédit Suisse,
00:18 les bourses ont plongé, les banques européennes et françaises ont été entraînées.
00:21 Si le risque de défaillance touchait la BNP Paribas, la Société Générale,
00:26 est-ce que l'État devrait leur venir en aide ?
00:28 On n'en est pas là.
00:29 Clairement, on n'en est pas là.
00:31 Depuis 2008, heureusement, il y a eu un certain nombre de mécanismes de protection,
00:35 de soutien en cas de difficultés bancaires,
00:37 qui ont été faits au niveau national comme au niveau européen.
00:40 Donc on n'en est pas là, mais effectivement, il faut suivre la situation de près.
00:44 L'État doit venir au secours d'une banque, dans le contexte actuel ?
00:48 Vous savez, derrière une banque, il y a plein de choses.
00:51 Il y a des entreprises, il y a des ménages, etc.
00:54 Donc le cas est chéant.
00:55 Et encore une fois, on n'en est pas là.
00:56 Effectivement, il y aurait besoin d'un soutien.
00:59 Mais le soutien est venu en amont, d'une certaine manière,
01:02 il est venu en amont au système, à l'ensemble du système bancaire,
01:05 avec des mécanismes de soutien européen et des mécanismes de soutien nationaux.
01:09 Et la Banque Centrale Suisse qui, immédiatement, a réagi, notamment cette nuit.
01:13 Saliha Brakhlia.
01:14 Après l'accord trouvé en Stéphanie hier, l'on envergeait en commission mixte paritaire
01:17 la réforme des retraites, qui doit être soumise ce matin au Sénat,
01:20 et cet après-midi à l'Assemblée Nationale pour adoption définitive.
01:24 Emmanuel Macron a dit souhaiter un vote sur le texte.
01:27 Est-ce que vous saluez son courage de prendre ce risque ?
01:30 C'est une nécessité.
01:31 C'est une nécessité démocratique.
01:33 La démocratie, ce n'est jamais seulement du courage,
01:35 c'est une obligation qui nous est faite aux uns et aux autres.
01:38 Et on a...
01:39 - Il y a d'autres voies.
01:40 - On a...
01:41 Écoutez, on a un texte qui va changer la vie de millions de travailleurs,
01:46 qui va faire qu'ils vont travailler deux années de plus.
01:50 On a une mobilisation sans précédent contre cette réforme.
01:55 Un soutien de l'opinion aux opposants à cette réforme, jamais atteint ce niveau.
02:02 90% des actifs pensent qu'il ne faut pas cette réforme.
02:06 Plus de 70% je crois de la population.
02:09 On a une procédure parlementaire qui a été escamotée.
02:12 A l'Assemblée, ça a été très visible.
02:14 Au Sénat, il y a eu même une accélération du vote, des votes bloqués, etc.
02:19 Ce qui n'est pas l'habitude du Sénat.
02:21 Donc, pour finir, d'une certaine manière, la validation par le Parlement de ce texte,
02:26 on ne peut pas faire autrement que par le vote.
02:28 Ce serait complètement incroyable.
02:31 Ce serait, je l'ai dit, un vice démocratique de faire par le 49-3.
02:34 Donc il faut aller au vote, c'est sûr.
02:36 - Depuis quelques jours, la menace d'une dissolution refait surface.
02:39 Si la réforme est votée, mais ne passe pas, c'est du bluff pour vous ?
02:44 Ou alors c'est une vraie menace ?
02:46 - Pour le coup, j'en sais rien.
02:47 Et pour le coup, ce n'est pas mon problème.
02:50 - C'est quand même une forme de pression sur les députés.
02:52 - Mais en fait, ce que révèle la période, et pas simplement par cette menace de dissolution,
02:57 c'est quand même qu'au-delà du compromis politique qui était recherché,
03:00 on est plutôt maintenant dans le marchandage.
03:02 On a le sentiment que par le biais de pression,
03:05 mais aussi par la discussion avec les Républicains, on est dans une forme de fébrilité.
03:13 Mais la fébrilité, elle ne devrait pas être simplement
03:15 parce que c'est difficile de trouver une majorité à l'Assemblée.
03:17 La fébrilité, elle devrait être sur la situation sociale,
03:20 sur ce qu'expriment les travailleurs, sur ce qu'expriment les citoyens sur cette période,
03:23 avec, je le répète, un rejet massif.
03:25 - Ce serait le moment de retourner aux urnes, là, en France ?
03:28 - J'ai envie de me pencher sur la question pour être franc.
03:29 Tout simplement parce que…
03:31 - Vous parlez beaucoup de colère sociale.
03:33 - Oui, vous savez, mais imaginons, on va faire un peu de politique fiction,
03:39 puisque vous me parlez de possible dissolution.
03:41 Imaginons, le texte passe.
03:44 Il y a un jour d'après, le jour d'après, c'est quoi ?
03:46 Des millions de travailleurs qui se sont levés pour dire non, on n'en veut pas.
03:50 Ceux, particulièrement des professions les plus difficiles,
03:52 qu'on avait applaudies pendant le confinement, etc., se sont levés.
03:56 Demain, ils vont se réveiller en disant, on doit notre pénibilité, etc.
03:59 On en fait fi et on continue de travailler.
04:01 Le risque démocratique, il est là.
04:03 Parce que vous ne croyez pas qu'il n'y aura pas une dette sociale
04:06 qui va être créée par cette réforme, si elle est votée ?
04:08 - Vous avez peur de ce qui va se passer si la réforme est adoptée ?
04:10 - Si la réforme est adoptée, la colère et la contestation de cette réforme
04:15 ne cesseront pas au sens individuel et même collectif des choses.
04:19 - Qu'est-ce que ça veut dire, la contestation ne cesseront pas ?
04:21 - Mais on a l'impression, quand on écoute aujourd'hui,
04:24 y compris certains au gouvernement, que ce qui va se passer,
04:27 c'est la séquence, elle finit ce soir,
04:30 puis on commence la semaine prochaine une nouvelle séquence.
04:32 On va parler peut-être du travail tout à l'heure, etc.
04:35 Non mais, ce n'est pas comme ça qu'on vit.
04:37 - Oui, mais ça veut dire quoi ?
04:38 Que la mobilisation va continuer même si la réforme est adoptée ?
04:40 - Non, ça veut dire que la dette sociale,
04:43 c'est-à-dire ce sentiment pour les travailleurs et travailleuses
04:45 que le quoi qu'il en coûte, c'est désormais eux qui l'ont payé,
04:49 et bien ce ressentiment va continuer d'exister.
04:51 Et le fait que cette réforme est injuste,
04:54 ce sentiment que cette réforme est injuste, il va perdurer.
04:59 Et là, évidemment, puisque c'était le début de la question du retour à l'urne,
05:05 c'est au profit de qui ?
05:06 On a quand même une période où on a ressenti un peu de mépris.
05:10 Je ne parle pas des organisations syndicales, je parle des travailleurs.
05:13 Ils ont eu le sentiment qu'ils devaient travailler deux ans de plus,
05:16 et on leur a expliqué qu'en fait, c'était plutôt pour des questions budgétaires.
05:19 La preuve, même la voie qui est utilisée pour porter ce texte,
05:22 c'est un projet de voie de finances.
05:23 - À vous entendre…
05:24 - Donc, ça va perdurer.
05:26 Donc, il y aura une forme de dette sociale, il y aura problème…
05:29 - Quel que soit l'issue, puisque vous dites qu'il soit voté le texte,
05:31 qu'il ne soit pas voté, les 49.3 ou pas.
05:34 - Non, écoutez, j'ai toujours été très clair.
05:36 Il y a deux questions, enfin, il y a même trois questions dans tout ça.
05:41 Il y a la question de la légalité, il y a la question de ce que ça créera derrière.
05:45 Sur la légalité, toutes les procédures parlementaires dont vous parlez, elles sont légales.
05:49 Voilà. Bon, sauf que le 49.3, je suis désolé de le dire, personne ne l'a élu.
05:53 Ce qu'on a élu, c'est des députés pour nous représenter.
05:56 Donc, ça comporte un vice démocratique sur un texte aussi important.
06:00 Je vous ai dit qu'il est…
06:02 Il souffre d'un problème de légitimité, de vice démocratique, bien sûr.
06:06 Pour une…
06:07 Il faut bien se mettre dans la situation que ce qu'a recherché le gouvernement
06:10 depuis le début, c'est un compromis politique.
06:12 Et qu'on voit jusqu'à hier soir, jusqu'à ce matin,
06:14 que ce compromis politique, il est compliqué à construire.
06:16 Même sur une réforme qui, finalement, ce n'est pas moi qui le dis,
06:19 c'est M. Retailleau et davantage celle des Républicains que celle de la majorité.
06:22 Donc, il y a un problème de légitimité.
06:25 Si il y a un vote, ça n'en souffre pas de la même manière.
06:29 Ça n'en souffre pas.
06:30 Puis après, il y a un problème d'ambiance.
06:33 Les gens, vous n'allez pas tout d'un coup leur faire effacer leur mémoire vive
06:36 et puis dire, ben voilà, tant pis, sur les retraites, vous avez travaillé deux ans.
06:40 Il restera un sentiment de malaise dans le monde du travail.
06:43 – Est-ce que, clairement, la CFDT appelle à la continuité de la mobilisation ?
06:46 – On a réussi à faire dans cette mobilisation extrêmement digne,
06:48 c'est-à-dire les préoccupations du monde du travail,
06:51 qui sont celles sur la retraite, mais qui, en fait,
06:52 étaient une mobilisation sur le travail qui s'est opéré ces derniers temps.
06:56 Et on continuera à porter cette voie-là.
06:58 Comment on le fera ? – Mais dans la…
06:59 – Hors de la réalité, si cette loi, elle passe,
07:03 alors qu'on est là, qu'on est les représentants du salarié.
07:06 Le cortège des personnes du nettoyage et des serviciaires,
07:12 c'est le plus nombreux au sein de la CFDT.
07:14 Des gens qui disent, mais comment on va faire ?
07:17 – Laurent Berger, vous restez avec nous, secrétaire général de la CFDT.
07:20 C'est le Fil info à 8h41, Maureen Suiniard.
07:22 [Musique]
07:23 – Ce serait un vice démocratique de ne pas aller au vote pour cette réforme des retraites.
07:27 C'est ce qu'affirme sur France Info Laurent Berger, le patron de la CFDT.
07:31 Pour le moment, l'exécutif dit ne pas vouloir de 49.3.
07:35 Si on va au vote, je suis persuadée qu'on aura une majorité.
07:38 Il n'y a pas une voix de notre groupe qui manquera.
07:41 À sûr de son côté, Aurore Berger, la présidente du groupe Renaissance,
07:45 la majorité à l'Assemblée nationale.
07:47 Les députés doivent se prononcer à 15h, cet après-midi,
07:50 après les sénateurs qui ont rendez-vous dans 20 minutes.
07:53 L'Assemblée qui a retoqué hier la suppression de l'IRSN
07:56 voulue par Emmanuel Macron.
07:58 Le président voulait mettre cet institut d'expertise
08:01 sous la tutelle du gendarme du nucléaire.
08:03 L'opposition craignait une perte d'indépendance.
08:06 La Russie dit vouloir récupérer le drone américain
08:08 tombé en mer Noire au sud de l'Ukraine.
08:10 Washington affirme qu'il a été touché par des avions de chasse russes,
08:14 ce que dément Moscou.
08:15 La Russie réagira proportionnellement à de futures provocations américaines,
08:19 dit encore la Russie.
08:21 [Musique]
08:24 – France Info
08:26 Le 8/30 France Info, Salia Brakia, Laurence Emechal.
08:30 – Toujours avec Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
08:32 On parlait de cette colère sociale, la dette sociale,
08:36 comme vous l'appelez.
08:36 Un des symboles de ce mouvement, c'est celui des éboueurs,
08:39 avec ses 8 000 tonnes de déchets désormais amoncelés à Paris.
08:43 Voici que le préfet de police de Paris, après avoir demandé,
08:46 après échange avec la mairie de Paris qui a refusé,
08:49 va réquisitionner des éboueurs.
08:51 Ça vous met dans quel état ?
08:53 – D'abord, ça m'amène une réflexion, c'est que pendant le confinement,
08:56 notamment le premier, on ne savait pas s'ils allaient travailler,
08:59 ramasser les déchets des uns et des autres,
09:01 s'ils ne savaient pas si ça allait les faire mourir, être malades, etc.
09:04 On n'a pas eu besoin de les réquisitionner.
09:06 Ils ont été là, à leur poste.
09:07 Ils ont ramassé le déchet, des Parisiens comme des autres,
09:10 les déchets qui étaient un peu plus nombreux
09:12 parce qu'on était confinés chez nous.
09:14 Et donc, aujourd'hui, ils réagissent au fait
09:16 qu'ils ne veulent pas être deux ans de plus derrière le camion
09:19 à faire un travail pénible, que chacun reconnaît pénible,
09:22 pénible physiquement, pénible aussi psychologiquement,
09:25 notamment à Paris, avec beaucoup de pression pour ne pas bloquer, etc.
09:30 Et donc, ma première réflexion, c'est que ce n'est pas digne.
09:33 Ce n'est pas digne de faire ça à ces travailleurs-là.
09:37 Premièrement, malgré les désagréments que ça procure à tout le monde.
09:40 Mais je demande de regarder qui ils sont
09:42 et quels services ils ont rendu à la société
09:44 dans les périodes qu'on a traversées ces dernières années.
09:46 Et deuxième point, c'est que je ne sais pas comment il va faire,
09:48 le préfet de police, pour le coup.
09:49 - Il a un listing d'agents, normalement fourni par la police de Paris à sa demande.
09:54 - Il faut à peu près 3 000, d'après ce qu'on sait, personnes qui soient...
09:58 - Il ne va pas les trouver.
10:00 - Je ne sais pas comment il va faire, en tout cas.
10:02 Et donc, c'est très dangereux dans la parole publique
10:07 d'annoncer qu'on va faire un truc et d'avoir des difficultés à le réaliser.
10:11 - Ce n'est pas demain la veille que les poubelles vont disparaître ?
10:13 - Je n'en sais rien. Si, il y a une façon de le faire,
10:15 c'est que cette réforme ne passe pas.
10:17 - C'est à l'ébranclir.
10:17 Marine Le Pen s'engage à revenir sur les 64 ans en 2027, si elle arrive au pouvoir.
10:23 Qu'est-ce que vous en dites ?
10:24 - Je dis que depuis le début, le Rassemblement national et Mme Le Pen,
10:27 ils sont en embuscade.
10:29 On ne les entend pas parler parce qu'ils n'ont pas grand-chose à dire
10:31 sur le travail et sur les retraites, parce qu'ils n'ont pas...
10:35 - Ils s'opposent à cette réforme.
10:37 - Oui, ils s'opposent à cette réforme, mais ce n'est pas la question sociale.
10:40 Chacun le sait, qui anime le Rassemblement national.
10:43 C'est la question identitaire, c'est la question nationale,
10:49 au sens repli sur soi, etc.
10:50 C'est ce que je continue de croire et ce que je croirai toujours.
10:52 Et donc là, ils sont en embuscade.
10:54 Et que le ressentiment dont je parlais tout à l'heure,
10:56 la dette sociale dont je parlais tout à l'heure, qui va s'opérer avec cette réforme,
10:59 le sentiment de mépris, etc., malheureusement, il va être exploité.
11:03 Il va être exploité par les populistes et particulièrement par l'extrême droite.
11:08 - Pourquoi ça vous fait peur ?
11:09 - Mais bien sûr que ça me fait peur.
11:11 Depuis le début, ça me fait peur.
11:12 Depuis le début, on dit ça.
11:13 Depuis le début, on dit, dans une société comme la nôtre,
11:16 qui est traversée de beaucoup de défis, etc.,
11:18 si on ne co-construit pas,
11:20 s'il n'y a pas du compromis social qui se construit avec les corps intermédiaires,
11:23 les organisations syndicales en l'occurrence sur ce sujet des retraites,
11:26 eh bien, on laisse la place à Mme Le Pen.
11:31 Et donc, c'est ça qui est dangereux.
11:32 C'est-à-dire que cette dette sociale, ce ressentiment dont je parle,
11:36 malheureusement, il peut trouver une manifestation dans le vote.
11:40 Et ça, il faut l'éviter à tout prix.
11:41 Je participerai à l'éviter.
11:43 Je ne crois pas avoir eu la main qui tremble, ni la CFDT,
11:47 entre les deux tours de la dernière présidentielle.
11:50 Mais un an après, force est de constater que, quelque part,
11:53 on la remet en selle en n'écoutant pas le monde du travail.
11:56 - Justement, est-ce que vous êtes en train de le regretter,
11:58 votre vote pour évanouir Macron ?
12:00 - Entre les deux tours, au deuxième tour de la présidentielle,
12:02 le fait d'avoir appelé, pas du tout.
12:04 - Malgré ce qu'il se passe, là.
12:05 - Vous savez, je vais vous dire un truc très clair.
12:08 Je suis contre la réforme des retraites.
12:11 Je crois avoir montré ma détermination.
12:12 Contre les 64 ans, comme contre les 65 ans.
12:14 - Vous dites, Marine Le Pen, ce serait pire.
12:16 - Ah ben, ce serait pire, d'abord, socialement, j'en suis persuadé.
12:19 Mais surtout, ce serait pire politiquement, démocratiquement.
12:22 Enfin, ce serait pire en termes de droits fondamentaux,
12:26 de liberté publique, de discrimination, etc.
12:28 Donc, il ne faut pas déconner.
12:30 Mais c'est justement cette responsabilité-là, pour vous dire les choses.
12:33 Moi, le lendemain du deuxième tour, j'avais fait une tribune dans Le Monde.
12:36 J'avais dit, maintenant, là, il faut tenir compte de ce qui s'est passé.
12:39 Et je parlais même des retraites en disant, ne reculez pas à l'âge légal.
12:41 Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.
12:43 Essayons de co-construire.
12:44 - C'était dans le programme d'Emmanuel Macron.
12:45 - Essayons de co-construire.
12:47 De passer des compromis sociaux qui auraient été compliqués.
12:50 Si on avait fait une loi, emploi, travail, retraite, etc.
12:54 où on avait discuté, y compris les conditions de travail,
12:57 de la façon dont les éboueurs, mais aussi les personnes dans les toyages,
13:00 les ouvriers de l'agroalimentaire, etc. vivaient leur travail.
13:03 Et qu'on essayait de vraiment faire améliorer les conditions de travail.
13:06 On aurait pu trouver des compromis.
13:07 Ce n'est pas ce qui a été fait.
13:09 - Mais du coup, c'est définitivement cassé avec Emmanuel Macron entre vous ?
13:13 - Mais je ne sais pas ce que ça veut dire en fait.
13:15 - Est-ce que vous allez discuter avec lui des autres ?
13:17 - Mais ce n'est pas lui avec qui on discute depuis longtemps maintenant.
13:20 C'est avec les ministres.
13:21 Vous savez, j'ai toujours dit que la représentante nationale d'une organisation syndicale,
13:27 c'est comme un représentant du personnel dans une entreprise.
13:29 On peut se friter avec son employeur.
13:33 - Mais ce n'est pas toujours facile de se remettre autour de la table, justement.
13:36 - Oui, mais c'est nécessaire quand on a une boussole.
13:38 C'est la défense des travailleurs et des travailleuses.
13:40 - Donc c'est une question de responsabilité.
13:42 - C'est une question de responsabilité.
13:43 Pas d'appétence à le faire.
13:45 Mais je le dis, on n'ira pas discuter dans n'importe quelle condition.
13:50 On ne peut pas rouvrir des concertations à foison sans savoir ce qu'est la finalité.
13:54 - Il y a la loi travail, la loi travailler mieux qui arrive là dans quelques semaines.
13:57 - Il y a deux sujets sur la loi travail.
14:00 D'abord, ce sera quoi les objets dont on peut discuter ?
14:03 Ça ne peut pas être simplement des mots et des slogans.
14:04 Est-ce qu'on va discuter de l'organisation du travail ?
14:07 Est-ce qu'on va discuter du temps de travail ?
14:08 Et puis nous, on exigera qu'il y ait une forme d'accord de méthode.
14:14 Ça sert à quoi une concertation ?
14:15 Ça se conclut comment ?
14:16 Est-ce que ça se conclut…
14:18 Est-ce que ça consiste à écouter ce que dit le gouvernement ?
14:21 Comme par exemple sur le report de l'âge.
14:23 Et puis à apporter des arguments qui ne sont même pas pris en considération.
14:26 - Vous voulez des garanties ?
14:27 - Oui, bien sûr, je veux des garanties sur la méthode.
14:29 - Est-ce qu'il faudra pour cette loi travail, loi travailler mieux,
14:31 vous parliez du temps de travail, est-ce qu'il faudra toucher aux 35 heures ?
14:35 - Non, il ne faut pas toucher aux 35 heures.
14:37 De toute façon, dans une entreprise, aujourd'hui,
14:40 depuis l'instauration des 35 heures,
14:42 je crois qu'il y a toutes les possibilités par accord d'entreprise.
14:44 Il faudra toucher à la façon dont s'organise le travail dans les entreprises,
14:48 pour qu'il y ait davantage d'obligations de négociations annuelles,
14:51 négociations obligatoires sur l'organisation du travail dans l'entreprise.
14:54 Il faudra regarder comment on crée du dialogue professionnel
14:57 pour que les travailleurs et travailleuses,
14:58 ils aient le droit d'exprimer ce qu'ils vivent au travail
15:00 et de peser sur les choix qui sont faits.
15:02 Il faudra parler de la gouvernance de l'entreprise,
15:04 il faudra parler de la rémunération
15:06 et du partage des richesses en entreprise.
15:07 C'est ça, si on veut parler du travail, ce qu'il faut faire.
15:09 - Le gouvernement met une proposition sur la table
15:11 et dit même s'inspirer de la CFDT,
15:14 en ce qui concerne le compte épargne-temps universel
15:16 pour permettre aux salariés d'aménager leur temps de travail
15:18 tout au long de leur carrière,
15:20 grâce à leurs jours de congés ou RTT accumulés
15:22 qui n'ont pas été pris.
15:24 Là, vous dites "oui, je m'assois à table et je discute".
15:27 Il n'y a pas de problème ?
15:27 - D'abord, juste, il s'inspire beaucoup de ce qu'on dit,
15:32 mais il ne lise pas exactement nos documents jusqu'au bout.
15:35 Ce qui fait qu'un mot, ça ne fait pas un accord.
15:39 - C'est-à-dire ?
15:40 - Sur le compte épargne-temps universel, je vous donne un exemple.
15:42 Nous, on dit, ce n'est pas simplement avec les jours de congés ou avec le RTT,
15:46 c'est qu'il faut abonder,
15:47 pour ne pas qu'on en fasse un objet qui soit simplement un objet pour des cadres,
15:51 il faut abonder ce compte épargne-temps avec 5 jours par an
15:56 qui permet d'abonder par l'entreprise.
16:00 - Ce seraient des jours bonus pour les salariés ?
16:03 - Oui, bien sûr.
16:04 Mais vous savez, il y a d'autres sujets qui vont se poser.
16:06 Et donc, ça, ça veut dire que si la discussion s'opère comme ça,
16:08 et qu'on nous écoute, si on nous ferme la porte tout de suite,
16:10 qu'on nous dit "on va faire un compte épargne-temps universel"
16:12 qui, à la fin, sera finalement utilisé seulement par les cadres
16:15 qui ont des jours RTT et les autres qui n'en ont pas, ça ne marchera pas.
16:18 Est-ce qu'on peut poser sur la table le fait que 70% des salariés de ce pays
16:22 ne travaillent pas en télétravail, ne peuvent pas travailler en télétravail ?
16:26 Pourquoi on n'incite pas des négociations d'entreprise,
16:30 une contrainte sur les employeurs en disant "négociez l'organisation du travail
16:33 par exemple pour certains de ces salariés sur 4 jours, s'il y a volontariat".
16:36 Oui, c'est ce sujet-là de fond qu'il faut aller.
16:39 Ça ne va pas être… nous, on ne va pas vouloir faire de la philosophie sur le travail,
16:42 c'est très intéressant comme exercice, mais ça ne suffit pas.
16:44 Et puis, il va falloir qu'on s'en préoccupe d'une catégorie particulière,
16:47 enfin, deux catégories particulières des salariés.
16:49 C'est tous ces travailleurs du back-office, comme on dit,
16:52 ou ces travailleurs de la deuxième ligne qui ont réémergé.
16:55 Ils ont été émergés à deux moments, ils ont émergé au moment du confinement,
16:57 se dire "ouah, ils sont essentiels, on ne peut pas faire sans eux".
17:00 Et ils réémergent là en disant "eh, c'est nous qui allons payer la réforme de la retraite,
17:04 c'est nous qui allons travailler deux ans de plus".
17:06 Et ceux-là, il est hors de question de les refaire passer derrière le rideau
17:09 en disant "bon écoutez, on vous verra plus tard
17:11 et on va faire des choses un peu cosmétiques par ailleurs".
17:13 Non, donc ça va être, vous avez compris, très exigeant.
17:17 Mais d'ici là, il ne faut pas voter cette réforme de la retraite,
17:20 ça sera plus serein pour discuter du travail.
17:21 – Laurent Berger de la CFDT, vous restez avec nous 8h51,
17:24 c'est le Fil info avec Maureen Suignard.
17:25 [Générique]
17:27 – Les sénateurs réunis dans 10 minutes
17:29 pour se prononcer sur la réforme des retraites.
17:31 Le compromis trouvé hier en commission mixte paritaire,
17:34 ce sera ensuite aux députés de voter ou non le texte.
17:37 À 15h, vote encore très incertain à l'heure actuelle.
17:41 En attendant, la mobilisation contre le texte se poursuit à la SNCF.
17:45 2 TGV sur 3 en circulation, 3 intercités sur 5 et la moitié des TER en moyenne.
17:51 À Paris, le préfet de police décide de réquisitionner des éboueurs
17:54 pour évacuer les déchets qui s'amassent dans les rues de la capitale.
17:58 La maire de Paris, Anne Hidalgo, a refusé de le faire.
18:01 Le crédit suisse peut emprunter l'équivalent de 50 milliards d'euros
18:05 à la banque centrale de son pays.
18:06 La deuxième banque suisse perd de l'argent depuis des années
18:09 et son titre a chuté hier, mais il repart largement à la hausse ce matin.
18:14 Le contexte est tendu avec la crainte d'une contagion au reste du secteur.
18:18 C'est une liste très attendue que dévoile Didier Deschamps à 14h,
18:21 celle des bleus pour le début des qualifications pour l'Euro de football 2024,
18:26 la première depuis la finale perdue en Coupe du Monde.
18:28 On est toujours avec Laurent Berger, le patron de la CFDT.
18:40 L'INSEE prévoit un reflux de l'inflation dans les mois à venir,
18:43 sauf pour l'alimentation où les prix ont bondi de 15% en moyenne.
18:46 Pour y faire face, le gouvernement a demandé à la grande distribution
18:48 de proposer les prix les plus bas possible sur une sélection d'une centaine de produits.
18:53 Ça a commencé hier et ça doit durer pendant trois mois.
18:56 Vous dites bravo au gouvernement d'avoir mis la pression sur les distributeurs ?
18:59 La pression sur les distributeurs, c'est une bonne chose en général,
19:02 y compris pour la façon dont ils traitent leurs fournisseurs d'ailleurs.
19:05 Mais vous savez, sur la question de l'inflation, vous l'avez dit, c'est l'alimentation qui pèse.
19:10 L'alimentation, c'est dans les ménages modestes,
19:12 ce sur quoi on rogne quand on a les charges fixes du logement, du transport, etc.
19:17 Et donc, ça ne suffira pas, cette pression sur les distributeurs.
19:23 Ce qu'il faut aussi, c'est regarder d'abord les produits qui vont faire l'objet.
19:27 Oui, parce que ce n'est pas parce qu'on est pauvre qu'on doit bouffer de la merde.
19:30 Excusez-moi de le dire comme ça.
19:32 Et donc, il faut aussi agir sur les revenus.
19:34 Donc, il y a une question salariale qui se pose.
19:36 On est en pleine négociation salariale.
19:37 Dans beaucoup d'entreprises, il y a parfois des accords,
19:39 parfois des désaccords et des conflits salariaux.
19:42 Il faut agir aussi sur des aides ciblées aux ménages les plus modestes.
19:46 – Il y a un chèque alimentaire,
19:47 il y a une expérimentation qui va ouvrir dans les départements.
19:49 – Oui, mais je crois que c'est nécessaire.
19:51 Mais avec des choses ciblées, vous savez,
19:53 on a vécu sur l'année 2022 des aides aux ménages, on ne va pas le nier,
19:58 mais qui ont été, qui ont parfois arrosé le sable, excusez-moi de vous le dire.
20:02 C'est le cas de l'aide au carburant, par exemple.
20:04 Dès le début, on avait dit, il faut aider les travailleurs
20:06 qui se déplacent avec leur véhicule prioritairement.
20:08 Et c'est ceux-là qui doivent avoir l'aide,
20:10 ce n'est pas faut partir en week-end.
20:11 – Mais ça c'est le chèque, justement, le dernier chèque carburant, c'est ça ?
20:14 Mais le problème c'est qu'il y a des millions de Français
20:16 qui ne l'ont même pas réclamé.
20:17 – Oui, mais parce que c'est compliqué tout ça.
20:19 Parce que, vous savez, c'est compliqué de boucler les fins de mois,
20:22 quand vous avez du mal à boucler les fins de mois,
20:24 d'aller chercher les choses qui existent.
20:26 Et donc, il faut rendre les choses simples et les faire connaître.
20:30 Et puis, il faut impliquer, je crois qu'il y a aussi une question,
20:33 enfin, on ne va pas se raconter l'histoire.
20:35 Ce gouvernement, il se pose des limites
20:38 qu'il met dans le corner à certains moments.
20:40 Ces limites, c'est comment on fait contribuer les très hauts revenus
20:43 à un peu plus de solidarité dans cette période extrêmement difficile.
20:46 Ce serait le moment, là.
20:47 Ce serait le moment, parce qu'on pourrait parler des jeunes et des étudiants
20:50 qui plongent pour une part dans la précarité.
20:52 On pourrait parler des ménages les plus modestes
20:54 et des personnes qui s'enfoncent dans la très grande pauvreté.
20:56 Donc, il faut essayer de le faire pour pouvoir s'alimenter correctement.
21:03 Mais ça ne suffira pas.
21:04 Il y a quand même une vraie question du partage de la valeur créée dans l'entreprise
21:07 qui se pose avec les salaires, avec son salariat.
21:10 Et puis, il y a une question aussi du soutien de la puissance publique
21:14 aux ménages les plus modestes.
21:15 – Il faut mettre la pression aussi sur les sociétés d'autoroutes.
21:18 Vous avez peut-être lu cette interview du patron de Vinci Autoroutes
21:20 dans le Parisien Aujourd'hui en France, hier.
21:22 Il annonce que les tarifs de péage augmenteront l'an prochain.
21:25 Ils ont déjà augmenté de 75% au début du mois de février.
21:30 Ça vous choque ?
21:31 Lui, il dit, c'est normal.
21:32 Après tout, on paye énormément d'impôts.
21:34 On ne peut pas payer plus.
21:35 – Non, au bout d'un moment, ça devient…
21:37 – Il dit qu'il n'y a pas de super profit.
21:39 – Non, mais il faut sortir de cette idée de super profit
21:43 parce que ça voudrait dire qu'on fait des profits supplémentaires, etc.
21:45 C'est la question…
21:46 – Ce qu'il dit, c'est les profits qu'on a maintenant,
21:47 c'est parce qu'on a fait des investissements énormes
21:50 sur le réseau autoroutier en France.
21:51 – Oui, mais de fait, il y a un réseau autoroutier d'ailleurs
21:53 qui fonctionne plutôt bien en France, mais par rapport à d'autres pays.
21:55 Mais le sujet qui va être posé, ce n'est pas que chacun va se regarder le nombril.
22:00 C'est comment chacun doit contribuer au bien commun et notamment l'entreprise.
22:03 Et qu'aujourd'hui, regardez cette réforme des retraites.
22:06 Il est demandé quoi aux entreprises ?
22:07 Rien, rien, même sur les seniors, on va leur dire
22:10 "Allez, on va vous filer une petite aide supplémentaire dans un CDI senior
22:13 pour que vous embauchiez les seniors".
22:14 – Exonérée d'impôts sur la première année.
22:15 – Il va y avoir un effet d'Aubaine, il va rien avoir d'autre,
22:18 on connaît ça par cœur.
22:19 Ça a déjà existé, ça n'a jamais marché.
22:21 Donc oui, c'est choquant, je crois, cette logique de ne pas regarder
22:27 que les choses ont besoin un peu d'être élargies
22:29 et pas simplement entreprise par entreprise.
22:30 Mais de toute façon, sur la taxation du capital au même niveau,
22:33 l'imposition du capital au même niveau que les revenus du travail,
22:37 c'est une voie nécessaire, absolument nécessaire.
22:39 – Laurent Berger, on l'a dit tout à l'heure,
22:41 vous allez vous rassembler avec l'intersyndical tout à l'heure
22:43 sous le miette de l'Assemblée nationale.
22:46 Jour important, vous allez leur dire quoi aux députés ?
22:48 – On va lancer un appel un peu solennel, très respectueux,
22:51 en disant "Vous êtes élus des citoyens, regardez dans vos circonscriptions
22:55 ce monde du travail, qui est le monde du travail normal,
22:58 de gens qui se lèvent tous les matins pour aller bosser
23:00 et qui le font avec engagement.
23:03 C'est ceux-là qui disent qu'ils ne veulent pas de cette réforme des retraites.
23:06 Vous ne pouvez pas voter une loi contre le monde du travail,
23:11 qui concerne le monde du travail contre le monde du travail.
23:13 Donc en responsabilité, vous n'êtes pas représentant d'un parti,
23:16 vous êtes représentant des citoyens qui vous ont élus dans vos circonscriptions.
23:19 Votez en âme et conscience.
23:20 Mais regardez ce qu'il y a dans ce texte.
23:22 Ce texte, c'est deux ans de plus pour nombre de travailleurs,
23:27 et particulièrement ceux qui sont les plus impactés.
23:30 Pensez aussi à l'avenir du monde du travail,
23:33 mais à l'avenir de notre démocratie.
23:34 Je crois que nous vivons un moment social extrêmement important,
23:37 mais aussi un moment politique et démocratique très important.
23:40 Et vous avez une responsabilité, elle n'est pas collective,
23:43 elle est individuelle aussi.
23:44 Elle est individuelle, par votre vote,
23:46 vous avez la chance de représenter les citoyens dans cette assemblée nationale.
23:50 Pensez à demain, pensez pas simplement aux arrangements
23:53 ou aux pressions que vous avez subies pour voter ce texte.
23:56 Ne le votez pas parce qu'il est néfaste pour le monde du travail.
23:59 Il y a une autre réforme des retraites qui est possible.
24:01 On s'y engagera, mais pas à partir de celle-là.
24:04 Voilà le message de Laurent Berger donc aux députés
24:07 qui voteront ou pas cet après-midi la réforme des retraites.
24:10 Merci beaucoup secrétaire général de la CFDT,
24:12 invité du 830 France Info. Bonne journée.
24:14 Merci.

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