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00:00Bienvenue dans Les Informés, l'émission de décryptage de l'information de France
00:11Info avec Renaud Delis.
00:12Bonjour Renaud.
00:13Bonjour Sadia.
00:14Et avec nous autour de la table aujourd'hui, Sylvain Courage, directeur adjoint de la
00:16rédaction du Nouvelle Ops.
00:17Bonjour Sylvain.
00:18Bonjour.
00:19Et à vos côtés, Mathieu Gallard, directeur d'études à l'Institut Ipsos qui publie
00:22« Les Etats-Unis au bord de la guerre civile ». C'est une question, pourquoi les Américains
00:26se détestent aux éditions de l'Aube avec la Fondation Jean Jaurès.
00:30Bienvenue Mathieu.
00:31Bonjour.
00:32Renaud, ça y est, c'est le D-Day, on vote aux Etats-Unis pour élire le prochain président.
00:36Eh oui, le 47e président des Etats-Unis, c'est aujourd'hui effectivement Sadia.
00:40Rappelons que le mot de ce côté américain est bien particulier.
00:42Ce n'est pas en quelque sorte le vote populaire qui compte, c'est-à-dire le vote de l'ensemble
00:46des Etats-Unis, mais l'objectif est d'atteindre la barre des 270 grands électeurs sur 538
00:52au total, lesquels, grands électeurs, sont attribués par Etat proportionnellement à
00:55la population de chaque Etat.
00:57Résultat, on sait que la grande majorité des Etats sont d'ores et déjà, sauf énorme
01:02surprise, attribuée à l'un ou l'autre des candidats, restent 7 Etats en balance,
01:077 « swing states » comme on dit, dans lesquels le scrutin s'annonce extrêmement serré
01:11et c'est la conquête de la plupart de ces Etats qui fera la différence.
01:16Les deux candidats, Kamala Harris et Donald Trump, ont jeté leur dernière force dans
01:21la bataille ces dernières heures, ils ont multiplié les meetings, notamment dans l'un
01:25de ces « swing states » essentiels, la Pennsylvanie, 19 grands électeurs, la Pennsylvanie
01:30où Kamala Harris était en meeting à Philadelphie et Donald Trump, par ordre d'apparition,
01:35était lui, à Pittsburgh.
01:36Cependant, la course n'est pas encore terminée et nous devons finir en force, ceci pourrait
01:45être l'une des élections les plus serrées de l'Histoire, la moindre voix compte.
01:51Et croyez les fake news quand ils vous disent que ce sera serré, ce n'est vraiment pas
01:59serré.
02:00En fait, je ne les ai même pas corrigés parce que c'est mieux, il faut laisser croire
02:04à tout le monde que ça va être serré comme jamais, mais que ce soit le cas ou non n'a
02:08pas d'importance, vous devez sortir voter et nous devons les submerger, tout le monde
02:13doit voter.
02:14Donald Trump qui fanfaronne un peu en quelque sorte en disant que nous allons submerger
02:20nos adversaires, dit-il, lequel Donald Trump s'est déjà préparé, a déjà incité
02:23ses partisans éventuellement à contester le scrutin si finalement c'était serré.
02:28C'est donc une élection indécise comme jamais, avec des Etats-Unis plus déchirés
02:33que jamais eux aussi, et puis évidemment un scrutin sous haute tension.
02:37Justement, avant de donner la parole à nos informés sur le plateau à Paris, on va se
02:40délocaliser pour quelques minutes à San Francisco, en Californie, où nous attend
02:44précisément Christophe Gascard, l'un des envoyés spéciaux de France Info Télé
02:48aux Etats-Unis.
02:49Bonjour Christophe.
02:53Bonjour.
02:54Ça y est, c'est la fin d'une longue campagne qui, il faut le dire, a été très violente
02:58dans une Amérique déchirée, Renaud l'a dit.
03:00Le scrutin s'annonce donc sous haute tension, Christophe ?
03:05Oui, effectivement, vous avez raison, à quelques heures de cette élection cruciale, les Etats-Unis
03:10sont, on peut le dire, sur le qui-vive pour l'un des scrutins qui sera sans nul doute
03:14l'un des plus sécurisés de l'histoire du pays.
03:17À l'heure où je vous parle, il fait encore nuit aux Etats-Unis, il est ici minuit à
03:21San Francisco et un peu plus de 3h du matin à New York et donc dans quelques heures,
03:25les Américains s'apprêtent à voter dans un climat, je vous assure, d'inquiétude,
03:30mais surtout sous haute surveillance avec en mémoire, bien évidemment, ce qui s'est
03:34passé le 6 janvier 2021.
03:36Ici, tout le monde m'en parle, la plupart des Américains que j'ai rencontrés redoutent
03:40que de tels événements puissent à nouveau se reproduire.
03:44Alors ici en Californie, bastion démocrate, l'inquiétude se focalise surtout sur les
03:49résultats dans les swing states, vous venez d'en parler, notamment 7 états pivots et
03:53les craintes se concentrent surtout sur les électeurs trumpistes qui pourraient effectivement,
03:58en cas de défaite, ne pas accepter le résultat des urnes, raison pour laquelle dans plusieurs
04:03villes des Etats-Unis et particulièrement à Washington, la sécurité a été renforcée
04:08ces dernières heures, les autorités ont mis en place à tous les niveaux plusieurs
04:13mesures exceptionnelles pour renforcer à la fois la sécurité physique du personnel
04:18électoral qui seront dans les bureaux de vote, mais aussi pour sécuriser les bulletins
04:22de vote eux-mêmes.
04:23Sachez également que selon le Pentagone, il y a au moins 17 états qui ont placé plusieurs
04:29centaines de soldats en état d'alerte et la garde nationale est bien évidemment mobilisée.
04:34Un scrutin sous haute tension, Christophe, parce qu'on a tous en tête ce qui s'était
04:37passé au Capitole, l'invasion du Capitole par les partisans de Donald Trump il y a
04:43quatre ans.
04:44Vous êtes en Californie, ce n'est pas pour rien, Christophe, vous êtes en Californie
04:47à San Francisco parce que c'est le fief de Kamala Harris.
04:50Oui, exactement, vous avez raison, Kamala Harris a construit sa carrière dans l'état
04:57qu'il a vu naître et particulièrement dans la baie de San Francisco, là où je me trouve,
05:01c'est là où nous sommes allés d'ailleurs justement ce matin avec Samuel Guibou, nous
05:06étions ce matin devant la petite maison où elle a passé son enfance, c'est une maison
05:10vraiment modeste, une maison jaune située à Auckland, juste à côté de Berkeley, de
05:15l'université et c'est ici qu'elle a grandi jusqu'à ses 12 ans, d'ailleurs sur le réseau
05:19social X, Kamala Harris a dévoilé ce matin des photos d'elle depuis son plus jeune âge
05:25devant cette petite maison jaune en expliquant qu'elle n'oublie pas d'où elle vient et
05:29qu'elle ne cessera jamais de se battre pour les familles de la classe moyenne.
05:33Vu de France, effectivement, c'est de la communication politique, ça l'est aussi
05:37aux Etats-Unis, mais cela a son importance quand même pour rappeler qu'elle vient, Kamala
05:42Harris, d'une classe moyenne, qu'elle a monté les échelons jusqu'à devenir procureure
05:46de Californie, jusqu'à la vice-présidence et puis candidate à la présidentielle aujourd'hui
05:52et par contraste, contrairement à Donald Trump, elle n'est pas née dans une famille
05:56très riche de New York.
05:58Sa mère, on le rappelle, était indienne, elle est issue de l'immigration et avec sa
06:01soeur Maya, c'est dans cet état qu'elle a appris les valeurs de respect, de tolérance
06:06et surtout, j'allais dire, d'intégration et ce n'est pas un hasard si ces photos de
06:10son enfance, de cette maison, sont toujours dans ses clips de campagne et qu'elles ressortent
06:14justement encore quelques heures avant le vote.
06:16C'est pour mobiliser justement cet électorat pauvre ou de la classe moyenne qui parfois
06:20a du mal à se mobiliser ou en tout cas ne se déplace pas forcément pour voter.
06:24Le storytelling de la candidate démocrate Kamala Harris qui ne lâche rien jusqu'au
06:29bout, on l'a entendu ce matin sur France Info, Donald Trump pareil, qui ne lâche
06:33rien jusqu'à la dernière minute, ils étaient en meeting ce matin heure française, parce
06:38que les sondages s'annoncent très très très serrés, Christophe, il faut le dire.
06:42Oui, on est quasiment à du 50-50 et c'est toute la difficulté, ce n'est pas la première
06:50élection américaine que je couvre pour France Info et avec le temps, sachez que j'ai appris
06:54personnellement à être très prudent concernant ces sondages, d'une part parce que ce n'est
06:58pas le même système électoral qu'en France, Renaud Delis le disait tout à l'heure, d'autres
07:03parts parce que le vote trumpiste peut être surestimé, c'était d'ailleurs le cas il
07:07y a deux ans, je m'en souviens, j'étais à l'époque en Floride et je suivais la campagne
07:11de Trump pour les mid-termes, pour ses élections de mi-mandat et Donald Trump à l'époque
07:16espérait une vague rouge, une vague républicaine, eh bien elle n'a pas eu lieu et il n'a pas
07:20eu les deux chambres, à l'inverse, le vote démocrate est peut-être, j'allais dire,
07:24moins bruyant, plus silencieux, donc je dirais qu'il faut être très prudent et analyser
07:28de près ce qui va se passer, pour ma part, eh bien je me préserverai de tout pronostic
07:33si vous le voulez bien, tant l'Amérique est profondément divisée avec un système
07:36électoral tellement complexe que les meilleurs sondeurs peuvent bien évidemment se tromper.
07:40– Effectivement, on va éviter les pronostics, merci beaucoup Christophe Gascard, envoyé
07:44spécial de France Info Télé, merci, vous étiez en direct de Californie, précisément
07:49à San Francisco, chez un spécialiste des sondages sur mon plateau à Paris, Mathieu
07:55Gascard, vous entendiez la difficulté pour les sondeurs, effectivement, de sonder les
08:00électeurs américains.
08:01– La difficulté, elle vient surtout du fait que finalement on a deux blocs qui sont égaux
08:06en termes de poids électoral, qui sont mobilisés dans des niveaux assez similaires et avec
08:12un pourcentage d'indécis qui est extrêmement réduit aujourd'hui, à la toute fin de la
08:17campagne, mais qui en fait a été extrêmement réduit pendant toute la campagne, ces deux
08:19blocs, ils existent, donc à partir de là, c'est vrai que quand tous les sondages donnent
08:23à un ou deux points près du 50-50 entre les deux candidats, les sondages ne peuvent
08:27pas, par nature, vous permettre de dire qui va l'emporter ou même qui est le favori.
08:32Il y a quatre ans, sur ce même plateau, au même moment, j'aurais pu vous dire que
08:36Joe Biden était quand même assez clairement le favori, même si voilà, il fallait rester
08:39prudent, il n'était pas impossible que Donald Trump l'emporte encore, parce que
08:43le système américain est effectivement particulièrement complexe, mais là, véritablement, c'est
08:48une indécision totale.
08:49– Mais à partir de ces sondages, il y a quand même deux stratégies qui se dessinent,
08:53Kamala Harris, elle le disait tout à l'heure en meeting, c'est très serré, accrochez-vous,
08:57allez voter, c'est ce qu'elle disait à ses partisans, Sylvain Courage, de l'autre
09:00côté, Donald Trump, lui, il dit, non, non, c'est des fake news, allez-y, on va gagner.
09:05– Oui, alors il dit que ce sont des sondages qui sont des fake news, de toute façon, toute
09:08l'information est fake, toute l'information est fausse, quand on écoute les discours
09:12de Trump, il vend une vérité alternative, et la vérité alternative, c'est qu'il
09:16est très en avance sur Kamala Harris et qu'il va l'emporter sans coup faire rire, donc
09:20il commence par dire ça, mais il finit quand même par appeler à la mobilisation, parce
09:23qu'il sait très bien que ça va se jouer à quelques milliers de voix, dans un certain
09:27nombre d'états clés, et que personne ne sait dire quel sera le résultat.
09:30– On va continuer d'évoquer ce D-Day américain, l'heure du choix pour les Américains, pour
09:34décider qui va s'installer dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, mais d'abord,
09:39c'est le Fil-Info à 9h15, Maureen Souliard.
09:42– Jusqu'à 2300 emplois menacés chez Auchan, la multinationale de grande distribution est
09:47en difficulté financière depuis plusieurs années déjà, la CFDT dénonce les errances
09:53stratégiques du groupe qui ont généré, selon elle, des centaines de millions d'euros
09:57de dépenses, voire de pertes, un plan social est annoncé ce matin.
10:01Faut-il un parquet national dédié à la lutte contre la criminalité organisée ? Le ministre
10:05de la Justice affirme sur France Info qu'il y est favorable à un projet de son prédécesseur
10:10pour faire face au trafic de drogue et au blanchiment d'argent.
10:14Ils tentent de faire pencher la balance de leur côté, Donald Trump et Kamala Harris
10:18ont mené leur tout dernier meeting de campagne pendant la nuit, les Américains votent aujourd'hui
10:23pour choisir leur président ou leur présidente.
10:25Harris rappelle que chaque voix compte quand Trump estime être le rempart contre le déclin
10:31et la décadence.
10:32Près d'une semaine après le début des intempéries en Espagne, dans la région de
10:36Valence, les opérations de recherche se poursuivent, les secours craignent de retrouver des corps
10:41dans les parkings souterrains, le bilan humain est déjà très lourd avec 217 morts.
11:11Il faut bien comprendre que ce scrutin, y compris dans l'histoire électorale américaine,
11:15est bien particulier parce qu'il illustre un fossé, un gouffre qui s'est creusé entre
11:22deux Amériques, deux Amériques qui effectivement se détestent en tout cas, y compris à travers
11:26leurs candidats respectifs, ce qui n'était pas le cas précédemment.
11:30C'est-à-dire que là on a un Donald Trump dont les excès, les outrances, la radicalisation,
11:35effectivement les insultes, en particulier à l'endroit de son adversaire Kamala Harris
11:39ou aussi des ennemis de l'intérieur, dit-il, ceux qui rongeraient la démocratie américaine
11:44de l'intérieur, l'establishment, les médias, les élites, etc., tous ceux qui répandraient
11:50ces fake news et seraient prêts à lui voler l'élection, on connaît ce refrain.
11:52De l'autre côté Kamala Harris qui a carrément repris en fin de campagne le terme de fasciste
11:56accolé par l'ancien chef de cabinet à Donald Trump, tout ça, ça illustre donc un pays
12:01divisé, déchiré comme jamais, ça se traduit par une carte électorale plus justement creusée
12:09que jamais, entre des États du centre des États-Unis ou du sud qui semblent d'ores
12:13et déjà acquis aux républicains et à l'inverse effectivement la côte ouest et la côte
12:17est plus que jamais acquis aux démocrates, et donc par une campagne qui s'est faite
12:21de façon extrêmement violente avec des rebondissements évidemment, le retrait de Joe Biden, les
12:26tentatives d'attentats contre Donald Trump, qui illustrent le fait que ce scrutin est
12:31un tournant décisif pour la démocratie américaine et me semble-t-il aussi pour une raison qui
12:35est liée précisément, vous le rappeliez, à l'événement du 6 janvier 2021, c'est-à-dire
12:40que l'invasion du Capitole et puis qui a été précédée par de nombreuses prises
12:44de position de Donald Trump, y compris d'ailleurs quelques minutes avant cette invasion, c'est
12:48la première fois qu'on ait vu un candidat et en l'occurrence le président sortant, ne
12:52plus reconnaître la règle commune, la règle démocratique commune qui fait que lorsqu'un
12:56candidat perd une élection dans une démocratie, normalement il s'incline devant son vainqueur.
13:01Pour la première fois, Donald Trump ne l'a pas fait ce jour-là et ça, ça a profondément
13:06je pense bouleversé, changé les règles et le mode de fonctionnement de cette démocratie
13:12américaine qui jusque-là passait pour exemplaire au regard de sa très longue histoire.
13:16Justement, est-ce qu'il y a un danger pour cette démocratie américaine ? Vous-même,
13:20Mathieu Gallard, dans votre livre, vous posez la question d'une guerre civile parce que
13:24ces Américains se détestent.
13:26Alors la guerre civile, on n'en est pas encore là mais en tout cas ce qu'on voit effectivement
13:29et ça a été très bien dit, c'est qu'on a deux blocs qui ont des visions du pays fondamentalement
13:33différentes et qui n'ont quasiment plus aucune valeur commune, aucune aspiration commune
13:37comme ça pouvait être le cas encore sous Ronald Reagan, sous Bill Clinton et on arrive
13:43à ce que certains spécialistes arrivent, la polarisation affective, c'est-à-dire que
13:46vous considérez que les électeurs de l'autre parti ne sont pas seulement des adversaires
13:51politiques, ce sont vraiment des ennemis qui fondamentalement sont malhonnêtes, sont
13:55idiots, sont malveillants dans leurs objectifs vis-à-vis de ce que doit être les Etats-Unis.
14:00Et donc ça explique à la fois la stratégie des deux candidats, la stratégie elle est
14:05très claire, elle vise à mobiliser sa base électorale, elle ne vise pas au contraire
14:09dans une stratégie assez classique à se modérer durant la campagne pour essayer d'attirer
14:14les indécis, tout simplement parce que les indécis, il n'y en a pas et ça explique
14:17aussi pourquoi on a une campagne dans laquelle en fait tous les événements et même des
14:21événements extrêmement importants, la condamnation judiciaire de Donald Trump, sa tentative
14:25d'assassinat, le retrait de Joe Biden en faveur de Kamala Harris, tout ça ne fait
14:29quasiment pas bouger les sondages, on a deux blocs qui sont vraiment totalement figés.
14:32Il y a quand même la question du vote des femmes, Sylvain Courage, qui pourrait faire
14:37la différence en particulier sur la question de l'avortement, on connaît les positions
14:40de Donald Trump.
14:41Oui, le vote des femmes est très important, elles sont légèrement plus nombreuses que
14:44les hommes et puis c'est vrai que la manière dont Trump a nommé ses magistrats à la cour
14:52suprême qui ont fini par mettre à bas l'édifice juridique qui permettait aux femmes de disposer
14:58de leur corps librement, ça a été un choc énorme et Kamala Harris s'est refait une
15:04réputation politique sur ce sujet, elle a écumé le pays, elle est devenue l'incarnation
15:09des droits des femmes et donc ça c'est très puissant et c'est vrai qu'il y a un vote
15:15qui est très genré, les hommes penchent beaucoup plus pour Trump et les femmes pour Kamala
15:19Harris.
15:20Mais je rebondis sur ce que vous disiez à l'instant, c'est vrai que c'est très irrationnel
15:23en fait, c'est deux versions du rêve américain, il ne faut pas chercher de la rationalité
15:27dans la campagne, on le voit d'ailleurs, enfin Trump a un comportement totalement irrationnel
15:31parce qu'il se tire quand même des balles dans le pied, mais c'est vraiment deux versions
15:34du rêve américain, le rêve individualiste, une bible infusée, un peu les valeurs du
15:39sud du côté de Trump et puis un modèle américain corrigé par l'état Providence
15:45pour Kamala Harris, corrigé par les droits civiques, corrigé par toutes les innovations
15:49depuis la deuxième guerre mondiale donc c'est vraiment deux visions du pays et on ne comprend
15:53rien à la campagne si on ne sait pas que derrière il y a toutes ces valeurs.
15:55Je pense qu'il faut juste ajouter un point, c'est-à-dire qu'il y a effectivement des
15:58comportements de Donald Trump qui interrogent à fortiori ici de ce côté-ci de l'Atlantique
16:03mais même aux Etats-Unis bien sûr, des comportements qu'on peut qualifier d'irrationnels
16:06comme vous le disiez à l'instant, mais il faut bien comprendre aussi qu'il y a des
16:08ressorts du vote Trump qui eux sont rationnels, c'est-à-dire qu'il y a dans les ressorts
16:13des électeurs Trumpistes des grandes craintes, une grande crainte identitaire essentiellement
16:17c'est ça le sujet me semble-t-il qui est le principal moteur du vote Trumpiste et on
16:21sait qu'il fait une grande partie de sa campagne sur l'immigration, on se souvient lors de
16:25son passage à la Maison Blanche de tout ce qu'il avait fait autour de la question du
16:28mur à construire entre le Mexique et les Etats-Unis, il y a l'immigration et puis
16:33il y a l'inflation aussi.
16:34On sait que le bilan global de Joe Biden est plutôt positif, le bilan économique en particulier,
16:39la croissance, les créations d'emplois, etc., mais il y a un problème qui est celui
16:43de l'inflation et il joue sur ce registre-là, c'est-à-dire qu'on sait très bien que dans
16:47les motivations des électeurs Trumpistes, on voit aussi il y a ceux qui sont fascinés
16:51et qui adorent leur champion entre guillemets, mais il y a ceux aussi qui mettent de côté
16:56le style, les outrances et qui disent, oui mais le problème ce n'est même pas que ce
16:59personnage soit effectivement assez profacontable, c'est qu'il y a un vrai sujet identitaire,
17:03une vraie peur de l'immigration d'une part et puis la question de l'inflation de l'autre part.
17:06Donc les Américains vont décider de leur avenir aujourd'hui, mais un vote, un choix
17:10qui aura une incidence sur la France, l'Europe, le monde entier ?
17:14Effectivement, le monde retient son souffle en attendant le verdict de ce scrutin indécis.
17:19Quelles seront les conséquences de ce scrutin, vous le disiez, pour la France, pour l'Europe,
17:24pour le monde au regard de l'identité du futur locataire de la Maison-Blanche ?
17:27Nombre d'équilibres géopolitiques pourraient être bouleversés.
17:30Voici ce qu'en disait hier soir chez nos confrères de BFM TV l'ancien président de la République,
17:35François Hollande.
17:36Jamais une élection présidentielle américaine n'aura eu autant de conséquences
17:42ou pourrait avoir autant de conséquences sur la France, sur l'Europe et sur le monde.
17:47Là, avec Trump, ce n'est pas simplement la répétition de ce que nous avons connu
17:51dans le premier mandat, si tant est qu'il y ait un deuxième mandat.
17:54Là, il y aurait une augmentation immédiate des droits de douane,
17:58donc un protectionnisme comme jamais on l'a connu,
18:01dont les Européens, pas simplement les Chinois, seraient les victimes.
18:04Deuxième conséquence, la guerre en Ukraine, elle s'arrêtera sans doute si Trump gagne,
18:10mais au bénéfice de Poutine.
18:11Poutine aura gagné.
18:13Et si Poutine gagne, il ne s'arrêtera pas, il ira un peu plus loin.
18:17Les craintes de François Hollande, l'ancien président de la République française,
18:20ils ont raison, les Européens, de s'inquiéter d'une possible victoire de Donald Trump.
18:24Oui, ils s'inquiètent majoritairement d'une victoire de Trump,
18:26et le président François Hollande a connu un petit peu Trump et pas mal Poutine,
18:29donc il sait très bien ce qui est en jeu.
18:31Mais il y a aussi un argument différent qui consiste à penser qu'en cas de victoire de Trump,
18:38l'Europe sera ressoudée, parce qu'aujourd'hui, il y a un grand problème de motivation,
18:43notamment de fonctionnement du tandem franco-allemand, et on sait que...
18:46Ça va resserrer les liens.
18:48Ça resserre les liens, donc effectivement, il y a des risques d'isolationnisme américain,
18:52de droite-douane, de politique de Trump vis-à-vis de Poutine,
18:57qui concerne la guerre en Ukraine et aussi le conflit israélo-palestinien,
19:02et puis il y a l'effet indirect de cohésion que ça peut créer en Europe.
19:07Sur la relation de la France avec les États-Unis,
19:11on a déjà connu le Trump président des États-Unis,
19:15quel est l'état des relations par exemple avec Emmanuel Macron ?
19:18Alors avec Emmanuel Macron, on sait que pendant le premier mandat de Donald Trump,
19:21ça ne s'est pas très bien passé.
19:22Effectivement, Emmanuel Macron, il a toujours un peu cette stratégie
19:25d'essayer de tisser une relation personnelle avec les dirigeants importants du monde.
19:30C'était notamment le cas avec Donald Trump, ça a été le cas avec Vladimir Poutine.
19:33Dans les deux cas, ça ne s'est pas très bien fini.
19:36Le danger supplémentaire, c'est que Donald Trump,
19:38quand il est arrivé au pouvoir à la Maison-Blanche en janvier 2017,
19:41il est arrivé, c'était pour lui un peu une divine surprise.
19:44On sait très bien que dans son équipe, dans son camp, on ne s'y attendait pas,
19:46on pensait qu'il allait être battu.
19:47Et donc il n'y avait pas vraiment de plan très clair,
19:50que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan international.
19:53Là, s'il est réélu, en revanche derrière lui,
19:55il aura véritablement une équipe beaucoup plus soudée,
19:57qui aura un objectif beaucoup plus clair, beaucoup plus idéologique.
20:00Et ça risque d'être encore nettement plus compliqué que lors du premier mandat,
20:04s'il est réélu, pour ce qui est effectivement des relations franco-américaines
20:08entre l'Europe et les États-Unis.
20:10Alors les Européens qui s'inquiètent d'une victoire de Donald Trump,
20:12mais sur le fond, Renaud Delis, est-ce qu'il y a une vraie différence
20:16dans la politique étrangère entre Kamala Harris et Donald Trump ?
20:19Là aussi, je pense qu'il faut, comme souvent, distinguer la forme et le fond.
20:23C'est-à-dire que sur la forme, il y a une différence évidente.
20:25Il y a un ton extrêmement belliqueux,
20:27emporté de Donald Trump sur un certain nombre de dossiers internationaux.
20:31La façon dont il parle de la Chine, par exemple, est extrêmement virulente.
20:40Mais sur le fond, il y a aussi des continuités entre les deux.
20:42Il y a une continuité de la diplomatie américaine aussi,
20:44quel que soit le Qatar de la Maison-Blanche.
20:46Sur le fond, là où il y a sans aucun doute une vraie différence,
20:48et on comprend que le président ukrainien Zelensky vote très clairement Kamala Harris,
20:52il avait le droit de vote, c'est que je pense que la soumission à Vladimir Poutine
20:55et le démantèlement au profit du Kremlin d'une partie de l'Ukraine,
20:58ça serait une conséquence d'une élection de Donald Trump,
21:01qui a annoncé qu'il ferait la paix en 24 heures avec Vladimir Poutine.
21:04Donc, sous-entendu, il s'entendrait pour que...
21:08Et puis évidemment, on sait que l'aide militaire, l'aide financière des États-Unis,
21:11a priori, se tarirait assez rapidement.
21:13La conséquence serait immédiate.
21:14Sur la question des droits de douane, par exemple, à l'endroit de la Chine,
21:16il y a une politique très protectionniste, effectivement, mise en avant par Donald Trump,
21:20qui peut avoir des conséquences économiques assez lourdes.
21:22Mais en même temps, les démocrates américains, eux aussi,
21:26peu ou prou, parfois, se rallient à certaines mesures de nature protectionniste.
21:31Et puis surtout, c'est sur la question de l'isolationnisme
21:34et du retrait, en quelque sorte, des Américains des affaires du monde,
21:37notamment des zones de conflit.
21:40Là, ce n'est pas Donald Trump, lors de son passage à Maison Blanche,
21:42qui avait enclenché ce mouvement, c'était Barack Obama.
21:44Et d'ailleurs, François Hollande, qu'on écoutait tout à l'heure,
21:46est bien placé pour le savoir, puisqu'il avait été lâché par Barack Obama
21:50sur la Syrie, au moment où Barack Obama avait fixé des lignes rouges
21:54que lui-même, finalement, n'avait pas respectées,
21:55au moment où il s'agissait d'intervenir, de bombarder la Syrie.
21:57Donc, il y a une continuité de la diplomatie américaine
22:00tendant vers une forme d'isolationnisme,
22:03qui irait peut-être encore plus loin, plus fort avec Donald Trump,
22:07mais qui n'est pas lié uniquement à l'identité de ce personnage.
22:10– Le scrutin se déroule aujourd'hui aux Etats-Unis,
22:12on le disait tout à l'heure, notre envoyé spécial, que c'était la nuit,
22:16donc voilà, c'est dans quelques heures que ça va se dérouler,
22:19donc notre prochaine nuit à nous, en France, va être très longue,
22:22vous allez boire du café, beaucoup, beaucoup de café, préparez-vous !
22:25Merci à vous, Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Obs,
22:29votre magazine qui propose cette semaine une enquête sur l'influent Bernard Arnault,
22:34enquête sur l'homme le plus puissant de France,
22:36c'est ce que vous écrivez, c'est à lire dans le Nouvelle Obs, merci à vous.
22:39Mathieu Gallard, directeur d'études à l'Institut Ipsos,
22:43votre livre, les Etats-Unis au bord de la guerre civile,
22:46point d'interrogation, pourquoi les Américains se détestent,
22:49ça parait aux éditions de l'Obs avec la fondation Jean Jaurès,
22:53merci à vous Mathieu Gallard d'être passé dans les informés ce matin,
22:55merci Renaud, les informés du soir, c'est à partir de 20h,
22:59avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudeau.