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Mercredi 19 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Joséphine Bournonville (Directrice de l'impact et cofondatrice, Omie & Cie) et Benoît Le Corre (Chef des ventes, Hero France)

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00:00 On parle d'alimentation dans le débat de ce Smart Impact avec Joséphine Bournonville, bonjour.
00:11 Bonjour.
00:12 Bienvenue, vous êtes la cofondatrice d'Omi et Compagnie, à vos côtés Benoît Lecort, bonjour.
00:16 Bonjour.
00:17 Vous êtes chef des ventes de Hero France, on va commencer traditionnellement en présentant rapidement vos entreprises respectives.
00:24 Pourquoi vous avez créé Omi et Compagnie ? C'était il y a deux ans je crois.
00:27 Oui exactement, c'était il y a deux ans. C'est parti du constat que l'alimentation aujourd'hui c'est un tiers des émissions carbone dans le monde.
00:33 C'est un vrai problème à la fois en pollution carbone comme je l'ai dit mais aussi pollution chimique, dégradation des sols avec des sols qui d'ici 2050 seront incapables de fournir l'alimentation dont on a besoin.
00:44 Donc ça nous semblait urgent évidemment d'agir et on peut faire de l'alimentation une solution.
00:48 Donc l'idée d'Omi c'est d'utiliser l'alimentation comme un levier d'impact en changeant les pratiques agricoles et la façon dont on consomme.
00:54 Et alors qu'est-ce qu'on trouve ? C'est des produits d'épicerie pas ou peu transformés ?
00:57 C'est ça, c'est des produits d'épicerie que tout le monde a dans ses placards sauf qu'ils sont, chaque ingrédient est issu d'une agriculture qu'on dit régénérative,
01:06 donc qui apporte à la terre plus qu'elle n'en prélève. Et ensuite nous on apporte au client toute la transparence sur l'origine des produits,
01:13 comment ils sont faits et surtout qui gagne quoi sur chaque produit acheté.
01:16 Vous aviez participé à la création du premier éco-syndicat le printemps écologique, c'est la même cohérence ? Vous tirez le même fil d'une certaine façon ?
01:23 Exactement, c'est le même fil, c'est utiliser le collectif pour changer les choses. Donc l'alimentation, on est tous concernés, on en chouche trois fois par jour.
01:32 Et donc en fait on a le pouvoir en tant qu'individu d'avoir une action positive pour le climat.
01:37 Bonal Le Cor, le groupe Ero c'est une entreprise d'origine suisse fondée en 1886. Vous vous êtes installé en France il y a deux ans aussi, c'est ça ?
01:46 Si on présente un peu la gamme de produits, c'est quoi Ero ?
01:49 Ero c'est plusieurs business unit, on fait de la confiture, de la compote, des jus, mais pour la France principalement et essentiellement c'est la nutrition infantile.
01:57 Oui alors avec la marque Ero Solo, alimentation pour les petits enfants, c'est quoi pour vous la définition d'une alimentation saine et durable ?
02:05 Comment vous appliquez cette idée là dans les produits que vous proposez ?
02:09 Nous effectivement c'est un commitment très fort chez Ero de bien nourrir, bien se nourrir dès le plus jeune âge.
02:16 C'est pourquoi on a développé des produits sains, bio, avec des listes d'ingrédients très courtes, uniquement l'ingrédient.
02:24 On prend les meilleurs de la nature pour les proposer aux plus petits, c'est à dire sans conservateur, sans additifs, sans sel ajouté, sans sucre, sans huile de palme.
02:32 Donc vraiment profiter des bienfaits de la nature avec des engagements très forts aussi auprès de l'agriculture parce qu'on fait des fermes exclusives,
02:40 on travaille avec des fermes exclusives, partenaires pour mieux rémunérer l'agriculteur.
02:45 Avec des implantations très fortes localement, 99,9% de nos ingrédients viennent d'Europe.
02:52 Donc on travaille avec une économie locale et on veut faire profiter dès le plus jeune âge aux enfants les meilleurs bienfaits de la nature.
03:01 On y reviendra et on détaillera tout ça ensemble. Vous définissez, vous l'avez dit Joséphine Bourneville, au mieux compagnie, comme une marque régénérative.
03:11 Vous l'avez dit en deux mots, mais si on rentre dans le détail, ça veut dire quoi de l'agriculture régénérative ?
03:17 C'est une agriculture qui redonne plus qu'elle n'en prend.
03:20 Ça j'ai entendu, mais comment ça marche ?
03:22 C'est les principes de l'agroécologie. Par exemple, pas de labours, des sols couverts toute l'année, ce qui va permettre de stocker du carbone dans les sols,
03:29 qui en retour va permettre d'avoir une vie dans les sols. On ne laboure pas les sols, donc on permet à la vie de se déployer.
03:34 Quand vous dites des sols couverts toute l'année, ça veut dire quoi ?
03:37 Ça veut dire pas de labours. On ne va pas retourner le sol, ce qui a un effet délétère sur... On détruit les racines, on détruit la vie microbienne des sols.
03:44 C'est cette vie qui permet de recréer des nutriments qui ensuite vont être disponibles pour les plantes.
03:49 C'est vraiment essentiel de conserver cette vie-là.
03:53 C'est ce que permet l'agriculture régénérative qui va aussi aller sur les principes de rotation de culture.
03:58 On va mettre par exemple des légumineuses qui vont créer de l'azote dans les sols de façon naturelle,
04:03 ce qui va réduire le besoin de mettre des intrants chimiques, donc des engrais et des pesticides.
04:08 Et donc ça a un effet aussi positif sur la biodiversité. On va aussi par exemple planter des arbres, planter des haies.
04:13 Les arbres ont une capacité de stocker l'eau dans les sols. On le voit en ce moment, il y a des vrais problèmes sur la raréfaction de l'eau en France,
04:19 qui est un problème qui va continuer s'accélérant. Donc on a besoin de repenser la façon dont on produit.
04:23 Vous parliez d'accompagnement des producteurs, c'est vrai aussi dans votre cas, parce que ça prend du temps.
04:30 Comment on bascule d'une agriculture traditionnelle à une agriculture régénérative ?
04:35 Effectivement, ça peut prendre plusieurs années.
04:37 Donc c'est très important d'accompagner et de comprendre pour chaque filière agricole,
04:40 donc chaque ingrédient, quelles sont leurs problématiques et quel est le chemin pour arriver à une agriculture régénérative.
04:45 Nous, on les accompagne via des feuilles de route.
04:47 On fait d'abord un audit agroécologique pour comprendre quelle est la situation de départ
04:51 et définir ensemble le chemin de progrès qui peut prendre effectivement plusieurs années.
04:55 Je voudrais qu'on parle du contexte inflationniste en France, pas seulement en France, mais notamment en France,
05:02 et de son impact sur le marché du bio.
05:04 Il y a des arbitrages qui sont faits par une grande majorité de Français depuis plusieurs mois.
05:09 Est-ce que vous le ressentez, vous, dans vos produits ?
05:11 Nous, on ne le ressent pas spécialement. Pourquoi ?
05:14 Déjà, on est convaincu qu'on peut sortir de la logique du bas prix pour aller vers la logique de la valeur.
05:19 La condition, c'est d'avoir une transparence sur cette valeur, c'est-à-dire expliquer les prix,
05:24 expliquer les variations de prix aussi, et donner aux consommateurs l'information sur le prix que je paie,
05:31 combien va au producteur, combien va au fabricant, etc., pour qu'en fait, ils puissent comprendre.
05:35 Oui, mais quand on est à l'europrès, le fait de savoir que le producteur est mieux rémunéré ou rémunéré d'une façon juste,
05:42 est-ce que ça incite pour autant à faire un achat supplémentaire ? Vous voyez ce que je veux dire, à dépenser un peu plus.
05:47 Oui, effectivement, il y a toujours des contraintes budgétaires. Ce qui est important de comprendre,
05:50 c'est que nous, nos produits restent accessibles en termes de prix, parce qu'on travaille vraiment sur ces prix-là.
05:55 Donc, on fait en sorte qu'ils restent sur des niveaux de prix acceptables.
05:58 Et l'autre élément à prendre en compte, c'est que quand on est sur l'agriculture régénérative,
06:01 on va diminuer le besoin en intrants chimiques qui sont basés sur la pétrochimie et qui sont très liés au prix de l'énergie.
06:07 Et donc, on réduit aussi les coûts opérationnels de l'exploitation,
06:10 ce qui permet à la fin d'avoir des produits qui sont compétitifs en termes de prix
06:14 et qui sont meilleurs pour la santé et meilleurs pour l'environnement.
06:16 Alors, Benoît Lecord, dans la liste des objets ou des aliments sur lesquels les Français font des arbitrages,
06:24 il n'y a pas forcément, je crois, l'alimentation des tout-petits.
06:27 J'ai vu que c'était l'hygiène en premier, notamment les produits d'hygiène.
06:30 Est-ce que vous voyez quand même un arbitrage ? Vous parliez du côté local par rapport au côté bio.
06:37 Est-ce que dans les attitudes des consommateurs de vos produits, vous sentez cet arbitrage en ce moment ?
06:43 Il y a deux choses. Effectivement, le bio, en général, il y a des arbitrages qui sont faits.
06:48 Sur la nutrition infantile, on voit également que le consommateur se réfugie plutôt vers des produits à valeur faciale plus faible qu'hier.
06:56 Mais c'est vrai également que le consommateur est prêt à se priver pour nourrir,
07:02 pour donner le meilleur de l'alimentation à leurs enfants parce que c'est très important.
07:06 Donc, ils se privent sur d'autres postes, notamment l'hygiène.
07:10 Après, Ero a trouvé une solution pour permettre de proposer des produits de qualité à faible coût facial puisqu'on est vendu à l'unité.
07:20 Ça veut dire que le consommateur peut mixer dans ses produits un repas salé sucré et un repas salé pour le même prix qu'un format par deux, par trois, par quatre.
07:29 Vous parliez de la provenance européenne de vos produits.
07:33 On est dans du circuit court ou demi-court, si on veut quand même rentrer un peu dans le détail de la définition.
07:41 Mais là aussi, est-ce que dans les arbitrages ou dans les choix de vos consommateurs, il y a cette dimension ?
07:49 On l'a vu il y a quelques mois, notamment juste au sortir de la crise Covid,
07:53 qu'il y avait des consommateurs qui disaient "avant, je prenais du bio, mais finalement, je vais plutôt favoriser le circuit court
07:59 parce que c'est déjà un geste environnemental qui a un impact positif". Est-ce que vous ressentez ça ?
08:05 Oui, tout à fait. On le voit. Après, nous, on a l'avantage de proposer les deux.
08:10 Donc c'est bio et circuit court. Mais effectivement, on voit que le consommateur, ses comportements changent.
08:18 On est dans un monde qui change beaucoup aujourd'hui, qui fait un peu peur pour le consommateur.
08:22 Et il y a des valeurs refuge, comme le local et comme le bio. Et nous, on coche les deux cases.
08:28 Joséphine Bourneville, il y a une levée de fonds de 15 millions d'euros qui a été annoncée par Omni et compagnie.
08:34 Vous voulez faire quoi ? Développer ces filières régénératives dont on parlait ?
08:39 Parce qu'il y en a certaines qui existent aujourd'hui, d'autres à créer. C'est un peu ça l'idée ?
08:42 Exactement. C'est le premier élément pour cette levée de fonds.
08:46 Ça va être de continuer notre effort de développement de filières régénératives.
08:50 On en a 260 aujourd'hui.
08:52 260 ? Et on a encore beaucoup à créer ?
08:55 Oui, parce que chaque ingrédient va demander un effort pour sourcer de la bonne filière jusqu'au produit final.
09:01 Et donc, c'est continuer à développer une gamme de produits pour couvrir tous les besoins d'un ménage français dans son alimentation quotidienne.
09:08 Le deuxième, c'est évidemment de nous faire connaître et de faire connaître l'agriculture régénérative au plus grand nombre.
09:13 Si on prend des exemples de futures ou de nouvelles filières régénératives que vous avez en tête,
09:18 des produits sur lesquels vous vous êtes dit "Allez, ok, on y va, on met le paquet".
09:21 Par exemple, nous c'est la filière avoine sur laquelle on a mis un peu de temps et qu'on a identifié aujourd'hui une production locale avec une transformation locale.
09:28 Parce qu'en fait, ce qu'il faut avoir en tête, c'est la production et aussi la transformation.
09:32 En fait, en France, on a perdu quelques industries depuis un certain nombre d'années qui ont été délocalisées.
09:36 Et donc, nous, on travaille aussi à réindustrialiser, par exemple, notamment la transformation de légumes.
09:41 On manque d'industries de transformation de légumes en France, de découpage de légumes.
09:45 Donc, c'est important aussi, en tant que marque alimentaire, de comprendre ces enjeux-là et d'aider à la reconstitution de ces filières complètes.
09:51 C'est-à-dire que vous avez identifié certaines absurdités. C'est-à-dire qu'on va produire des légumes en France, les envoyer à l'autre bout de l'Europe, pour les couper et les faire revenir.
09:59 Exactement. On voit beaucoup d'aberrations comme ça.
10:01 Et ça, ça prend combien de temps ? Parce qu'on le voit, il y a une volonté politique de réindustrialisation, etc.
10:06 Sauf que ça ne se fait pas d'un claquement de doigts, évidemment.
10:08 Oui, absolument. Alors nous, on a développé des filières, on a déjà développé 260 produits en deux ans.
10:13 Et après, il y a effectivement certaines filières sur lesquelles on travaille depuis deux ans.
10:16 On n'a pas encore identifié la bonne production, le bon transformateur. Donc, on continue.
10:20 Et évidemment, il faut mettre beaucoup d'efforts là-dessus.
10:23 Alors, j'ai vu que parmi les fonds qui rentraient au capital de mes compagnies, il y avait le fonds 2050.
10:29 Il faut peut-être expliquer sa spécificité et le rôle qu'il va jouer.
10:33 Oui. 2050, c'est un fonds effectivement assez original, dont la mission, c'est justement d'investir dans des entreprises qui vont avoir un impact positif écosystémique.
10:42 Donc, qui prennent vraiment en compte l'environnement, l'humain, la planète, économie sociale planète.
10:50 Et basé sur des études, enfin sur des valeurs scientifiques, sur des études scientifiques.
10:55 Oui, exactement. C'est partir déjà des rapports du GIEC, des limites planétaires.
11:00 Aujourd'hui, on a dépassé 6 sur les 9 limites planétaires.
11:03 Donc, c'est les entreprises qui vont prendre en compte ces limites planétaires, l'impact sur le vivant,
11:09 et trouver des modèles économiques qui répondent à ces problématiques.
11:12 Un dernier mot, Benoît Lecors, sur l'éducation au goût, le vrai goût des aliments.
11:16 Ça, c'est aussi le rôle d'une marque comme Aerosolo.
11:19 Tout à fait. Comme on prend les ingrédients purs dans nos produits, qu'on les transforme, un peu comme on le fait à la maison,
11:28 on veut, nous, comme mission Aero, donner le meilleur de la nature aux enfants, leur faire goûter, diversifier les goûts,
11:36 leur faire approcher le plus près possible des textures également.
11:40 On sait que bien se nourrir, pour la santé, c'est très important, c'est le premier médicament.
11:46 C'est aussi un éveil, c'est une culture, et c'est les enfants, aujourd'hui, qui seront les adultes de demain.
11:51 Donc, on commence à créer une chaîne de valeur.
11:54 Et pour rebondir ce que disait ma collègue de Xiaomi, on a, nous, en tant qu'industrie agroalimentaire, une mission.
12:02 C'est de nourrir, forcément, de sensibiliser, et aussi dans un monde qui change, avec de l'écologie très importante,
12:08 de faire peser une finesse sur l'agriculture pour faire changer les modes de fonctionnement.
12:13 Et c'est pour ça que Aerosolo, aussi, pour la France, est membre de Nourrir Demain, qui est un think tank sur la réflexion
12:19 de comment, justement, on va fournir la bonne alimentation pour demain.
12:24 Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
12:27 C'est l'heure de Smart Ideas, les mobilités douces au programme.

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