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Jeudi 20 avril 2023, SMART TECH reçoit Salomé Tibloux-Galas (Consultante Blockchain & Crypto-actifs, KPMG)

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Transcription
00:00 (Générique)
00:03 ---
00:05 -On va débriefer de l'actualité avec Mikim Chikli,
00:08 directrice générale de Weborama,
00:10 avec Alain Staron, président d'Artifil,
00:13 et Christian Poyot, directeur général de Micropole.
00:15 Vous êtes aussi le coprésident de la commission
00:18 "Mutation technologique et impacts sociétaux" au MEDEF.
00:21 Bonjour à tous les 3, chers commentateurs.
00:24 Et bonjour, évidemment, à Salomé Thibault-Galas,
00:28 qui fait l'actualité vraiment aujourd'hui,
00:30 puisque vous révélez une étude sur l'adoption du Web3
00:33 et des cryptos en France et en Europe,
00:35 ce qui permet d'avoir des comparaisons.
00:37 Vous êtes consultante blockchain et cryptoactifs chez KPMG.
00:41 Cette étude a été réalisée pour l'ADAN,
00:43 qui représente le secteur des cryptos en France.
00:47 Vous avez travaillé également avec Ipsos, je crois,
00:50 l'institut d'études sur la partie grand public,
00:54 et sur vos propres expertises et retours d'expérience.
00:58 Pour comprendre aussi quelles sont ces nouvelles applications
01:00 qui émergent dans le domaine professionnel.
01:03 Alors, quand on dit Web3, crypto,
01:06 déjà, qu'est-ce qu'on met derrière Web3 ?
01:08 -Web3, c'est peut-être un terme plus généraliste,
01:11 derrière lequel on met les cryptoactifs,
01:13 mais aussi tout ce qui concerne la finance décentralisée
01:17 et tous les cas d'usage qui attraient aussi aux technologies blockchain.
01:20 Donc, c'est un terme généraliste qui englobe peut-être
01:23 tous les éléments dont on va parler.
01:24 -Les NFT, par exemple, c'est le Web3 ?
01:26 -Totalement. Les NFT, on le met dans la sous-catégorie
01:29 des cryptoactifs, qui elle-même fait partie du Web3.
01:32 -Alors, je le disais dans le sommaire,
01:33 un des chiffres marquants, c'est 1 Français sur 10
01:36 qui possède actuellement ou une crypto-monnaie ou un NFT.
01:41 C'est un chiffre phénoménal,
01:42 mais quelle est la réalité derrière ce chiffre ?
01:46 -Totalement.
01:47 Le premier renseignement qu'on a vraiment de cette étude,
01:50 c'est malgré une année 2022 qui a été assez compliquée, peut-être,
01:53 pour le marché des cryptoactifs,
01:55 parce qu'on a eu une chute de la valorisation en décours.
01:57 On a des actifs comme le Bitcoin, comme l'Ether,
02:00 qui ont perdu jusqu'à 60, 70 % de leur valeur.
02:03 On a eu aussi des événements assez marquants
02:05 comme la chute de FTX.
02:06 Et on voit que malgré ça, malgré une année compliquée,
02:09 on a une adoption qui progresse,
02:11 vu qu'on était à 8 % lors de notre étude précédente.
02:14 On a 1 Français sur 10 aujourd'hui, une augmentation de 20 %.
02:18 Donc, on voit que finalement, il y a une vraie tendance de fond
02:21 à l'adoption des cryptoactifs,
02:23 qui n'est pas forcément corrélée à la valorisation des cours.
02:26 -Quand je vous pose la question de la réalité derrière,
02:28 c'est quoi ? C'est plutôt des possesseurs de Bitcoin,
02:31 principalement, qu'on retrouve derrière ce 1 Français sur 10 ?
02:35 Est-ce que ce sont les mêmes investisseurs
02:36 que ceux qui investissent déjà en bourse ?
02:40 -En effet, c'est intéressant d'aller un peu plus loin
02:42 et de s'intéresser à la sociologie.
02:44 Quel est le profil de ces nouveaux investisseurs ?
02:47 Donc, sur Bitcoin, totalement,
02:48 on est avec un Bitcoin qui garde sa position de leader,
02:52 avec l'Ether juste derrière, mais on est à 64 % aujourd'hui
02:55 des détenteurs de cryptoactifs qui détiennent du Bitcoin.
02:59 Ensuite, il y a d'autres événements
03:00 qui sont intéressants d'aller regarder.
03:01 Il y a peut-être 4 points que je trouve intéressants d'évoquer ici.
03:05 Le 1er, c'est qu'il y a une surreprésentation des hommes.
03:07 Ca, c'était déjà le cas l'année dernière,
03:09 donc c'est peut-être pas un apprentissage,
03:11 qui est un peu moins le cas sur les intentionnistes, d'ailleurs.
03:14 Le 2e point particulièrement intéressant,
03:17 c'est qu'on a une vraie tendance générationnelle,
03:19 puisqu'on a 17 % aujourd'hui des 18-35 ans
03:22 qui possèdent des cryptoactifs, contre 12 % l'année dernière.
03:25 -Très intéressant, ça.
03:26 -C'est hyper intéressant, puisqu'on voit que finalement...
03:28 -Parce que là, ça se différencie du coup
03:30 du profil de l'investisseur classique, j'imagine.
03:32 -Totalement. -Plus jeune, en tout cas.
03:34 -C'est plus jeune que l'investisseur classique,
03:36 en tout cas, en action.
03:38 -Mais si c'est sur des NFT pour des jeux ?
03:40 -Euh... -Ca peut être un biais explicatif.
03:43 -Pour le coup, on n'est plus sur une adoption
03:45 des cryptoactifs en général.
03:47 Les crypto-monnaies, c'est aussi plus jeune.
03:49 En tout cas, on voit que cette progression dont on parlait,
03:51 elle est vraiment impulsée, poussée par les jeunes générations.
03:55 Donc ça, c'est hyper important de l'avoir en tête.
03:57 -Et ça reste quand même fortement masculin,
03:59 même chez les plus jeunes ?
04:01 -Malheureusement, on n'a pas cette granularité encore sur l'âge,
04:05 mais en effet, c'est très intéressant de l'avoir.
04:07 -Est-ce que ce sont des investisseurs quand même plus prudents ?
04:10 Vous avez rappelé les événements.
04:13 FTX, c'est pas juste une chute, c'est aussi...
04:15 D'un seul coup, on s'aperçoit que c'est un monde
04:18 dans lequel on peut aussi se faire arnaquer.
04:21 Donc j'imagine que ça rend plus prudent aussi.
04:25 -Plus prudent ?
04:26 -La régulation n'est pas tout à fait finalisée.
04:29 -Oui.
04:30 C'est pas évident de dire s'ils sont plus prudents cette année
04:33 ou l'année dernière, justement,
04:35 parce qu'on a un profil qui est un peu différent.
04:37 On parlait des actions tout à l'heure.
04:39 Ce qui est hyper intéressant aussi, c'est de voir que, finalement,
04:42 les profils de détenteurs de cryptoactifs
04:45 sont les mêmes personnes qui détiennent des actions.
04:47 Puisqu'on a 78 % des gens qui détiennent des cryptoactifs
04:51 qui détiennent aussi des actions,
04:53 alors qu'il y a 37 %, il me semble, de la population globale
04:56 qui détient des actions.
04:58 Donc on voit que ça peut être un outil de diversification.
05:01 À l'inverse que les gens qui sont averses au risque
05:03 en termes d'investissement le sont sur les deux types d'actifs.
05:07 Et sur la prudence, en effet, aujourd'hui,
05:09 on a moins de 10 % de l'épargne globale en général
05:13 qui est dédiée à l'investissement en cryptoactifs.
05:15 C'est 13 % pour les actions.
05:17 Donc, en effet, on voit qu'il y a une certaine prudence
05:19 dans le montant de l'investissement.
05:21 -Alors, Alain parlait des NFT.
05:23 Sur les NFT, ça se passe comment ?
05:25 Parce qu'il y a eu l'emballement, la folie des NFT
05:28 avec des valorisations incroyables.
05:30 Tout ça, ça s'est vraiment calmé.
05:32 Les IA génératifs sont passés par là.
05:34 On en parle beaucoup moins.
05:36 Est-ce que la croissance des NFT en pâtit ?
05:39 Est-ce qu'elle continue ?
05:40 -En effet, sur les NFT, on voit que même si parfois on dit
05:42 que la hype est redescendue,
05:44 ce qui est le cas en termes de volume,
05:47 malgré ça, l'adoption continue de progresser
05:49 vu qu'on a quand même doublé
05:50 et on est passé de 2 à 4 % d'adoption des NFT par les Français,
05:55 donc ce qui est là aussi assez conséquent.
05:58 Et on le verra tout à l'heure,
05:59 ce qui rentre aussi en corrélation
06:03 avec les différentes applications
06:05 qui commencent à être développées
06:06 dans plusieurs secteurs de l'économie.
06:08 -Alors, passons, justement...
06:09 -Les maisons du luxe investissent beaucoup dans tout ce qui est NFT.
06:12 C'est du CRM, en fait, de tous les clients,
06:14 en leur proposant des solutions exclusives.
06:17 -Oui, disons qu'ils sont en avance, en pointe,
06:19 mais on ne sait pas aujourd'hui quel est le niveau d'implication...
06:22 -Non, mais on commence à trouver des sujets intéressants.
06:25 En tout cas, le luxe trouve des sujets intéressants.
06:28 -Alors, venons-en, justement, aux applications business,
06:30 donc du côté des entreprises.
06:32 Qu'est-ce que vous avez constaté dans cette étude
06:34 par rapport à l'année dernière ?
06:36 -On n'a pas fait la même étude qu'en l'année dernière
06:38 parce que l'année dernière, l'objectif était plus
06:40 de pouvoir donner des éléments de marché
06:43 sur les différentes boîtes plus cryptonatives.
06:47 Qu'est-ce que ça représentait en termes de nombre d'emplois,
06:49 en termes de levée de fonds ?
06:51 Aujourd'hui, pendant cette étude, on est plus allé voir
06:54 quelles étaient les applications du Web3, des cryptoactifs
06:58 dans les secteurs plus traditionnels.
07:01 -Donc le luxe en fait partie des secteurs que vous avez étudiés ?
07:04 -Le luxe, en fait, totalement en partie.
07:06 On a développé quatre secteurs
07:07 qui étaient peut-être les plus riches en termes d'applications,
07:10 que sont la finance, le luxe, la culture et l'énergie.
07:13 Et on parlait juste avant de cette progression de l'adoption,
07:16 en plus impulsée par les jeunes générations.
07:18 On voit que tout ça montre qu'il y a un réel marché
07:21 des cryptoactifs aujourd'hui.
07:23 Donc il y a des entreprises qui cherchent à se positionner,
07:25 qui cherchent à adresser cette nouvelle demande,
07:27 d'autant plus du fait qu'elle soit chez les jeunes.
07:31 Et c'est le cas, par exemple, on peut le voir avec le luxe,
07:35 où en effet, les NFT leur permettent d'avoir une nouvelle donnée
07:38 et aussi de répondre aux nouvelles exigences des clients
07:41 qui cherchent à avoir des expériences plus digitalisées,
07:44 plus immersives.
07:45 -Il y a des entreprises qui y vont, d'autres qui y sortent.
07:49 Sur ces quatre secteurs en particulier,
07:51 lesquels sont aujourd'hui restés vraiment en pointe
07:54 dans le domaine des NFT ?
07:56 -Euh...
07:57 On est peut-être sur les NFT davantage, la culture et le luxe.
08:01 Après, sur les applications en général des cryptoactifs,
08:05 je dirais que ces quatre secteurs-là sont en pointe,
08:08 puisqu'on voit de plus en plus de cas d'usage naître.
08:10 -Pouvez-vous nous citer des cas d'usage intéressants ?
08:14 Moi, j'avais en tête, dans l'énergie,
08:16 je crois que c'était du côté de Enedis,
08:19 où ils utilisaient le NFT comme un outil de négociation de l'énergie.
08:23 -Euh...
08:24 On n'a pas développé cet élément-là.
08:27 Je sais que dans l'énergie, on utilise pas mal les NFT,
08:31 peut-être pour représenter des certificats d'énergie verte,
08:35 pour assurer la traçabilité des énergies renouvelables.
08:39 On a aussi beaucoup de cas d'usage qui naissent dans l'énergie,
08:43 pour réutiliser de l'énergie,
08:46 par exemple, issue de l'extraction de pétrole,
08:48 et l'utiliser pour le minage.
08:50 La plupart des cas d'usage qu'on voit dans l'énergie
08:54 sont souvent corrélés aux infrastructures blockchain,
08:58 aux infrastructures utilisées pour sécuriser les réseaux blockchain.
09:02 Un autre cas d'usage, par exemple, qu'on voit beaucoup,
09:05 qui a été implémenté au Texas,
09:07 et sur lequel travaille Sesterce, une entreprise française
09:11 qui était notamment partenaire de l'étude,
09:14 c'est le fait de pouvoir rééquilibrer des réseaux ENR
09:17 grâce justement à des mineurs,
09:19 qui sont en capacité d'allumer et d'éteindre
09:21 la puissance de calcul qui capte
09:24 quand le réseau a besoin d'être équilibré dans un sens...
09:27 -Là, on n'est pas dans la hype,
09:29 on est vraiment dans des cas d'usage...
09:31 -Concrets. -Très utiles.
09:32 -Et d'infrastructures...
09:34 -Très rapidement, parce qu'on arrive à la fin du temps
09:37 qu'on avait ensemble,
09:38 la comparaison avec l'Europe.
09:40 On dit souvent que l'écosystème français est vraiment très vivace,
09:45 porte très haut les standards des cryptos.
09:48 Qu'en est-il ? Qu'est-ce qui le ressort de l'étude ?
09:50 -En effet, cette année, on a eu la chance
09:52 de pouvoir aller interroger d'autres pays européens,
09:55 aussi en partenariat avec Ipso, ce qui n'était pas le cas l'année dernière.
09:59 On est allés interroger les Pays-Bas, le Royaume-Uni,
10:02 l'Allemagne et l'Italie,
10:03 pour voir en perspective les chiffres de la France
10:06 par rapport à ces pays-là.
10:07 On voit qu'il y a de l'adoption en France,
10:10 mais qu'il y a encore plus d'adoption dans ces pays européens,
10:13 même que la France est un tout petit peu en retard par rapport à eux.
10:16 -C'est pas l'image qu'on en a, c'est intéressant.
10:19 -Non. Surtout qu'en France, en termes de réglementation...
10:22 -On est fort en marketing, je croyais pas.
10:25 -On a assez en avance en France sur la réglementation.
10:28 -On est toujours en avance en réglementation.
10:31 -On est les premiers à avoir un vrai cadre réglementaire
10:34 avec la loi Pacte, l'enregistrement PSAN.
10:36 On a des acteurs internationaux comme Circle,
10:39 qui commencent à s'installer en France.
10:41 On se rend compte qu'on reste assez attractifs
10:43 sur les cryptoactifs.
10:45 Il y a d'autres raisons qui peuvent l'expliquer,
10:48 des raisons économiques, l'inflation n'est pas la même,
10:51 des raisons culturelles,
10:52 peut-être que l'aversion au risque n'est pas la même.
10:55 On voit que chez les Français qui n'investissent pas en crypto...
10:59 -La taxation. -La taxation, la fiscalité
11:01 n'est pas la même.
11:02 En Allemagne, par exemple... -Peut-être.
11:04 -On investit pas. -C'est une bonne idée.
11:07 -Et d'ailleurs, sur les raisons de non-investissement...
11:10 -C'est sur le niveau d'adoption.
11:12 En matière de développement d'applications
11:15 sur les secteurs que vous avez étudiés,
11:17 vous avez constaté des différences ?
11:19 -On n'a pas eu la chance, cette année,
11:21 d'aller élargir ces cartographies.
11:23 -Ce sera l'objectif l'année prochaine.
11:25 -Il faudrait faire une étude complémentaire là-dessus.
11:29 -Très bien. Merci beaucoup, Salomé Thibloo-Galas, de KPMG,
11:33 de nous avoir apporté ces enseignements
11:35 sur le niveau d'adoption des cryptos et du Web3 en France et en Europe.
11:39 C'est parti pour la suite du débrief.

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