Punchline du 15/05/2023

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Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.

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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, ravie de vous retrouver ce soir dans Punchline.
00:00:04 Sur CNews, 200 chefs d'entreprises étrangers réunis en ce moment même à Versailles pour le Sommet de Choose France autour d'Emmanuel Macron.
00:00:10 La stratégie d'omniprésence du président de la République va-t-elle suffire à calmer la colère des Français,
00:00:15 que ce soit sur le front de la réforme des retraites ou de la crise du pouvoir d'achat ?
00:00:18 Les annonces de baisse d'impôts pour les classes moyennes sont encore trop floues pour avoir le moindre impact sur l'opinion publique.
00:00:25 On parlera aussi de ces règlements de comptes meurtriers toujours liés au trafic de drogue.
00:00:30 Quatre morts et cinq blessés pendant le week-end.
00:00:32 Des violences qui touchent désormais les villes moyennes.
00:00:34 On va y revenir dans un instant, ce sera juste après le rappel des titres de l'actualité puisqu'il est 17h.
00:00:40 Et c'est Mathieu Devese qui est avec nous. Bonsoir Mathieu.
00:00:43 Bonsoir à tous. Emmanuel Macron annonce 13 milliards d'euros d'investissement étrangers.
00:00:52 Le chef de l'État a reçu ce matin le milliardaire Elon Musk avant de se rendre à Versailles pour l'événement Choose France.
00:00:58 La sixième édition de ce rendez-vous destiné à attirer les investissements dans le pays a réuni plus de 200 patrons étrangers.
00:01:05 Ikea va également investir en France.
00:01:07 Le géant suédois de l'ameublement promet 906 millions d'euros supplémentaires de 2023 à 2026.
00:01:13 Le groupe va ouvrir l'année prochaine un nouveau centre logistique à Toulouse et confirme une implantation similaire en 2026 à Limé.
00:01:19 C'est en région parisienne avec très probablement de nouveaux emplois à la clé.
00:01:24 Enfin en Turquie, Recep Tayyip Erdogan affrontera Kemal Kélich Daroglu au second tour de l'élection présidentielle.
00:01:30 Ce sera le 28 mai. Le dernier comptage accorde 49,5% des suffrages au chef de l'État contre 44,9% à son rival social-démocrate.
00:01:39 Merci beaucoup Mathieu Devese pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:01:42 On est en plateau avec Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1. Bonsoir Louis.
00:01:45 Bonsoir Laurence. Vous allez bien ?
00:01:46 Très bien et vous ?
00:01:47 Bonsoir Puponi, ancien député. Bonsoir mon cher François.
00:01:49 Pierre-Henri Bovis, avocat. Bonsoir maître.
00:01:51 Bonsoir.
00:01:52 Et Eric Revelle. Bonsoir mon cher Eric. Vous allez bien ?
00:01:54 Oui super merci.
00:01:55 On va parler de tous les sujets d'actualité, l'économie, l'inflation, le pouvoir d'achat.
00:01:59 J'aimerais juste qu'on commence par l'insécurité parce que ces six derniers jours, le trafic de drogue a encore fait 4 morts et 5 blessés graves, dont 3 dans notre pays très graves.
00:02:08 Des règlements de compte qui ne semblent pas s'arrêter avec Marseille, Valence, Villerupt en Meurthe et Moselle.
00:02:15 On va commencer je pense par retrouver notre envoyé spécial Olivier Madigné avec Antoine Durand qui se trouve à Valence.
00:02:21 Bonsoir à tous les deux. J'espère que vous êtes avec nous, que vous nous entendez bien.
00:02:24 Racontez-nous ce qui s'est passé à Valence.
00:02:26 Eh bien écoutez, depuis une semaine, il y a eu trois règlements de compte dans deux quartiers différents.
00:02:35 D'un côté le quartier de Font-Barlette et de l'autre le quartier du Plan.
00:02:40 Nous sommes devant ce parc et c'est ce parc qui fait la frontière, la jonction entre ces deux quartiers.
00:02:47 Alors aujourd'hui, nous avons rencontré des habitants, des habitants qui ont du mal à témoigner et qui nous parlent de terreur.
00:02:54 L'un d'eux nous disait tout à l'heure, on a l'impression que les quartiers Nord sont maintenant à Valence.
00:03:01 Donc très peu d'habitants acceptent de témoigner à visage découvert.
00:03:06 Nous avons rencontré une jeune femme, on va l'appeler Marie, elle témoigne anonymement.
00:03:12 Elle nous parle de sa vie quotidienne dans ce quartier, de la terreur, de la terreur que subit ses proches à cause d'une poignée, nous dit-elle,
00:03:23 une poignée de dealers que l'on a vu cet après-midi au pied des immeubles. Écoutez-la.
00:03:29 Pour les enfants, bien sûr, déjà pour grandir dans ces conditions, ce ne sont pas les conditions idéales.
00:03:36 Et aussi, on a toujours peur des dérives parce qu'il y a l'influence.
00:03:41 Malheureusement, il n'y a pas beaucoup d'écoles non plus ici sur la région.
00:03:47 Donc elles sont vite, on va dire, elles sont vite remplies par des élèves qui peuvent venir de ces quartiers et qui peuvent poser problème.
00:03:57 Nous avons également rencontré cet après-midi un enseignant. Cela fait 50 ans qu'il vit dans ce quartier.
00:04:05 Et aujourd'hui, nous dit-il, je veux tout faire pour essayer de déménager, mais ce n'est pas facile.
00:04:09 Économiquement, je ne peux pas me permettre de déménager, de quitter ce quartier.
00:04:14 Alors, bien sûr, il y a depuis quelques jours des renforts de CRS.
00:04:18 Le patron de la police nationale qui était ici à Valence ce week-end a assuré le maire de Valence que ces renforts resteraient sur place tant que cela sera nécessaire.
00:04:29 Mais les habitants sont plutôt sceptiques quant à l'efficacité de ces renforts de CRS présents dans ce quartier de Valence.
00:04:37 Merci beaucoup Olivier Madigny avec Antoine Durand sur place à Valence.
00:04:40 On va tout de suite enchaîner avec ce qui s'est passé à Villereuve.
00:04:43 Là, on est en Mörtemoselle, toujours en direct avec Régine Delfour et Fabrice Elsner.
00:04:47 Bonsoir Régine. Là, c'est une fusillade qui a fait plusieurs blessés graves.
00:04:51 Oui, c'est une fusillade qui a eu lieu samedi à 18h30.
00:04:57 Ça s'est passé ici.
00:04:58 Ici, il y a eu ce jeune de 17 ans qui a été tiré, qui a reçu une balle dans la tête.
00:05:06 Et puis, vous voyez un petit peu, pour vous donner un peu le contexte, le mur où vous avez les prix pour les différentes drogues qui sont vendues ici.
00:05:14 Alors, pour les habitants, en fait, ce n'était pas surprenant ce qui s'est passé.
00:05:18 Ils vivent dans cette insécurité depuis plusieurs années, presque cinq ans.
00:05:23 On est à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise et cette ville est gangrénée par la drogue.
00:05:29 Il y a aussi des effectifs de police qui sont moindres.
00:05:32 Nous avons pu discuter avec les résidents de cet immeuble qui nous disaient qu'ils étaient terrorisés.
00:05:37 Ils vivaient vraiment dans la peur.
00:05:39 Cette fusillade serait plutôt un représailles d'une action qui a eu lieu il y a quelque temps, une humiliation entre bandes.
00:05:49 Et c'est le grand frère, un frère de celui qui a été humilié, serait venu avec un fusil.
00:05:56 Il aurait tiré sur plusieurs personnes qui se trouvaient là.
00:06:00 Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que cet homme, il a 38 ans.
00:06:02 Il est connu des services de police depuis l'âge de 16 ans.
00:06:05 Il a quand même 140 mentions judiciaires à son actif.
00:06:08 Il était en prison dernièrement pour un refus d'obtempérer.
00:06:11 Il a été placé en garde à vue aujourd'hui.
00:06:13 Sa garde à vue devrait se terminer mercredi matin.
00:06:15 Merci Régine Delfour, Fabrice Selzner.
00:06:17 Merci aux envoyés spéciaux de CNews qui sont sur le terrain.
00:06:19 Je voulais vraiment commencer par ça, François Puponi, pour montrer que,
00:06:22 on parle de villes qui ne sont pas connues pour le grand banditisme,
00:06:26 ville rupte, on balance un tout petit peu plus.
00:06:28 Mais néanmoins, ça y est, ce sont les villes moyennes, voire les petites villes qui sont touchées et gangrénées.
00:06:32 Avec un double phénomène.
00:06:33 D'abord, les trafics se développent partout.
00:06:35 Les consommateurs de drogue sont partout et pas seulement dans les grandes villes,
00:06:38 y compris dans les campagnes les plus reculées, il y a des consommateurs.
00:06:41 Et puis deuxièmement, comme la police est très présente dans les grands ensembles depuis plusieurs années,
00:06:45 et que des services structurés ont été mis en place, les trafiquants se déplacent.
00:06:49 Ils vont dans des villes où il y a moins de forces de police.
00:06:51 Et là où ça va être très compliqué pour la police,
00:06:53 c'est que ce ne sont pas des territoires où la gendarmerie,
00:06:55 des territoires où ils ont l'habitude d'intervenir.
00:06:57 Donc il va falloir restructurer les forces de l'ordre sur ces territoires-là.
00:07:01 Et ce n'est pas simple.
00:07:02 – Et Maître Bovis, la question de la réponse judiciaire est pareil,
00:07:05 toujours et encore au centre des débats.
00:07:08 Parce que les policiers font leur travail, interpellent, et après, que se passe-t-il ?
00:07:12 – Et après, il ne se passe pas grand-chose.
00:07:14 Il y a un vrai axe sur lequel il faut se poser, et à mon avis qu'il faut développer,
00:07:19 c'est la lutte contre le blanchiment.
00:07:21 Vous savez que le trafic de drogue est très lucratif.
00:07:26 On porte quand même plusieurs millions d'euros chaque année.
00:07:29 Ces millions d'euros, ensuite, sont envoyés dans le circuit réel de l'économie,
00:07:33 à travers le domaine du luxe, les montres, les voitures.
00:07:38 Et les banques sont sensibilisées de plus en plus à la lutte contre le blanchiment,
00:07:42 Tracfins notamment, qui veille beaucoup à l'utilisation des fonds.
00:07:46 Mais il faut d'autant plus de vigilance pour vraiment sécuriser ce secteur-là
00:07:52 et éviter que cet argent issu de la drogue puisse servir
00:07:55 à l'acquisition de montres, de voitures de luxe, etc.
00:07:57 Après, sur la réponse pénale, il est évident qu'il y a encore beaucoup à faire.
00:08:00 Dans une expérience plus personnelle, ce matin, je reçois un courrier
00:08:05 du procureur général d'une cour d'appel, la cour d'appel de Rennes, pour ne pas la citer,
00:08:09 qui m'indique qu'une procédure va être ouverte à la suite d'un courrier
00:08:13 que j'ai envoyé en février 2021.
00:08:16 - 2021 ? - 2021.
00:08:18 - Ah oui, on est quand même quand même trois ans...
00:08:19 - Voilà la célérité de la justice.
00:08:20 C'est-à-dire qu'on a dû attendre plus de deux ans pour qu'un procureur général
00:08:24 se dise qu'une affaire devrait être soumise à la justice.
00:08:30 Voilà la réalité aujourd'hui en France.
00:08:32 - C'est imparable.
00:08:33 - Donc, si vous voulez, pour reprendre votre exemple,
00:08:35 vous disiez tout à l'heure que la police fait son travail,
00:08:37 il fait un travail évidemment exemplaire,
00:08:39 arrête un certain nombre d'individus, il fait d'ailleurs beaucoup de saisies,
00:08:43 saisies de drogue, saisies d'armes, etc.
00:08:45 Et ensuite, défère des individus devant le tribunal correctionnel,
00:08:48 et après, ça ne suit pas.
00:08:50 C'est-à-dire que les magistrats appliquent la loi,
00:08:52 donc il y a des sanctions qui sont prises, qui sont prononcées,
00:08:55 des sanctions parfois d'ailleurs même lourdes.
00:08:57 Si ce n'est pas du mandat de dépôt, on est quand même sur de la prison,
00:09:00 alors après, aménagé ou non, mais en tout cas,
00:09:01 on est sur des peines de prison qui sont prononcées,
00:09:04 mais derrière, elles ne sont pas exécutées.
00:09:06 C'est-à-dire que la chaîne pénale ne suit pas derrière.
00:09:08 Et le juge d'application des peines,
00:09:09 qui doit veiller normalement à l'exécution des peines,
00:09:11 manque de moyens, manque de moyens humains, manque de moyens matériels,
00:09:14 et c'est la raison pour laquelle vous vous retrouvez avec des individus
00:09:16 qui ont fait l'objet d'une condamnation pénale,
00:09:18 mais qui du coup récidivent, puisque dans l'intervalle,
00:09:20 avant l'exécution de la peine, ils peuvent récidiver,
00:09:22 puisqu'ils sont mis en liberté.
00:09:24 Éric Revel, cette accumulation comme ça de règlements de comptes,
00:09:27 de fusillades, sur des villes, encore une fois,
00:09:30 qu'on n'a pas l'habitude de citer,
00:09:32 c'est assez symbolique de ce qui se passe dans notre pays.
00:09:35 Oui, on le dit souvent, le trafic de drogue gangrène l'intégralité du pays,
00:09:39 les moyennes, les petites villes, etc.
00:09:41 Moi, ce qui m'a frappé dans le premier témoignage, Laurence,
00:09:43 c'est cette dame qui témoigne à visage couvert
00:09:46 et avec une voix floutée, mais qui dit,
00:09:49 et en plus, dans un quartier comme le nôtre, sans doute peut-être sensible,
00:09:52 peut-être que cette dame habite un logement social,
00:09:55 on ne peut pas déménager.
00:09:57 On n'a pas les moyens de partir ailleurs.
00:10:00 C'est-à-dire que les gens, non seulement sont victimes
00:10:02 de violences terrifiantes, parfois d'assassinats,
00:10:05 mais en plus, n'ont pas les moyens financiers
00:10:07 d'aller dans d'autres quartiers.
00:10:09 Et pourquoi je vous parle de ça ?
00:10:10 Parce que j'ai regardé dans le détail
00:10:12 un des principaux bailleurs sociaux en France
00:10:14 qui a rendu un rapport et qui dit qu'en France,
00:10:17 écoutez bien, 2,5 millions de foyers sont en attente
00:10:20 d'un logement social.
00:10:22 2,5 millions de foyers sont en attente.
00:10:25 On sait qu'il y a un effondrement de la construction de logements,
00:10:28 mais ça touche aussi et beaucoup les logements sociaux
00:10:31 à Paris, dans la métropole lilloise.
00:10:34 Donc oui, ces gens sont assignés à résidence.
00:10:36 Ils sont les témoins et leurs enfants et leurs familles
00:10:39 de violences absolument terrifiantes.
00:10:42 Et ils ne peuvent pas bouger, ils sont pris au piège.
00:10:45 Et c'est à eux aussi qu'il faudrait penser.
00:10:47 Et vous voyez, Gérald Darmanin, qui est ministre de l'Intérieur,
00:10:50 peut-être qu'au lieu de s'occuper, il en a le droit évidemment,
00:10:53 des manifestations de mouvements d'ultra-droite
00:10:56 ou d'extrême-droite, devrait se pencher sérieusement
00:10:59 sur la sécurité des Français, parce que c'est un sujet
00:11:02 qui touche tout le monde aujourd'hui.
00:11:05 Et on n'est pas dupes des écrans de fumée, peut-être que
00:11:07 le ministre de l'Intérieur dresse devant nous.
00:11:09 Alors, Louis de Raguenel, est-ce que vous faites un constat
00:11:10 aussi dur que celui d'Eric Ravel ?
00:11:11 Je suis assez d'accord avec ce que vient de dire Eric Ravel.
00:11:13 Et je trouve effectivement qu'il y a une chose qui est vraiment terrible,
00:11:16 c'est qu'à la fois, effectivement, la drogue est partout,
00:11:18 et il y a des gens qui sont complètement prisonniers
00:11:20 dans des enclaves dans lesquelles ils ne peuvent pas sortir.
00:11:22 Et souvent, d'ailleurs, c'est dur à dire, mais ils n'ont pas
00:11:26 d'autre solution que de dépendre directement ou indirectement
00:11:29 du trafic de stupéfiants, parce qu'ils sont dans des conditions
00:11:33 de grande précarité et globalement, ils n'ont quasiment aucun avenir.
00:11:36 C'est ça qui est terrible.
00:11:37 Ensuite, il faut voir le sujet, je pense, de deux manières.
00:11:40 Il y a un, le volet très macro, c'est-à-dire que jamais il n'y a eu
00:11:44 autant de quantité de masse de stupéfiants qui arrivent
00:11:48 et qui sont en circulation en France.
00:11:50 Et vraiment, tout type de drogue, partout les chemins, les bateaux,
00:11:54 les drones, les drones sous-marins maintenant,
00:11:56 les hélicoptères, absolument, dans le détroit de Gibraltar.
00:11:58 D'ailleurs, ça donne beaucoup de travail aux douaniers.
00:12:01 Et donc, vous avez ce grand problème, c'est que jamais il n'y a eu
00:12:05 autant de stupéfiants.
00:12:06 Et de l'autre côté, en fait, je pense qu'il y a un dossier
00:12:09 qui est extrêmement vaste, c'est-à-dire qu'on voit bien
00:12:11 qu'il y a un sujet aussi, ça peut paraître très éloigné de ça,
00:12:13 mais d'urbanisme.
00:12:14 C'est-à-dire que, et je pense à ce qu'avait fait, par exemple,
00:12:17 Jean-François Copé, qui est toujours maire de Meaux,
00:12:20 il avait fait raser toutes les tours de sa ville et il avait fait
00:12:23 des constructions beaucoup plus étalées.
00:12:24 Et globalement, c'était un des éléments qui permettait de lutter
00:12:27 contre les trafics de stupéfiants parce que les policiers
00:12:30 pouvaient rentrer beaucoup plus facilement un peu partout.
00:12:32 Donc, il y a un problème d'urbanisme.
00:12:33 Il y a évidemment un problème d'école.
00:12:35 - Je passerai la parole à l'ancien patron de Nantreux, après.
00:12:38 - Il y a évidemment un problème d'école, d'éducation,
00:12:41 avec, je pense, une surconcentration de population
00:12:44 qui est défavorisée et qui vit dans un environnement
00:12:46 qui ne connaît quasiment que le trafic de stupéfiants.
00:12:48 Et puis enfin, c'est aussi lié à l'urbanisme,
00:12:51 mais je pense qu'on a parqué pendant des années des gens
00:12:54 dans les mêmes endroits.
00:12:55 Et donc, en fait, ils sont complètement, pas complètement
00:12:58 asphyxiés, ils n'ont aucune possibilité de sortir.
00:13:01 - Et ils ont besoin de sécurité.
00:13:02 - C'est ça qui est terrible.
00:13:03 - Et les solutions.
00:13:05 Parce qu'en fait, on va dire la vérité d'emblée,
00:13:07 on ne mettra jamais un policier derrière chaque Français.
00:13:09 Ça n'existe pas, ça n'existera pas.
00:13:11 Ou sinon, ça voudrait dire vraiment que l'État
00:13:13 est complètement défaillant.
00:13:14 Donc, en fait, il faut trouver d'autres solutions.
00:13:16 Et moi, je pense, vous voyez, par exemple,
00:13:18 il y avait l'annonce de l'envoi d'une compagnie républicaine
00:13:21 de sécurité de manière ponctuelle.
00:13:23 Alors, le préfet dit, elle restera,
00:13:25 c'était dans le sujet tout à l'heure,
00:13:27 à Valence, elle restera autant que nécessaire.
00:13:31 Qu'est-ce que ça veut dire en français ?
00:13:33 Elle restera pas longtemps.
00:13:34 Et que font les dealers ?
00:13:35 Écoutez, ils vont se mettre au frais,
00:13:37 ils attendent un petit peu, et puis,
00:13:39 dès que les CRS repartent, ils reprennent leur activité
00:13:41 et ils sortent un peu de, si je caricature un peu,
00:13:43 de leur période de RTT.
00:13:45 Non, mais c'est ça qui est terrible.
00:13:47 Et donc, en fait, il y a une solution, après,
00:13:49 qui est policière, douanière, judiciaire.
00:13:51 Et je pense qu'en fait, il faut...
00:13:53 Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez d'unités de force mobile
00:13:55 parce qu'elles sont déployées beaucoup pour les manifestations.
00:13:57 Mais ce qu'il faut, c'est asphyxier littéralement
00:13:59 ces quartiers avec de la police
00:14:01 qui est en permanence sur place
00:14:03 et qui vide tous les caves, les tours
00:14:05 qui passent partout et qui restent en permanence
00:14:07 et qui fait des filtrages en permanence.
00:14:09 Le problème, c'est que, effectivement, l'environnement...
00:14:11 Le problème, c'est l'habitat, c'est le logement ?
00:14:13 Ce que demandaient les policiers lorsqu'on refait un quartier,
00:14:15 c'est d'arrêter avec les espaces où les voitures
00:14:17 ne peuvent pas rentrer.
00:14:18 Donc, de mettre en place un système VIAIRE
00:14:20 pour que la police puisse rentrer.
00:14:21 Ça, c'est indispensable et ça fait.
00:14:23 Le problème, c'est qu'effectivement, il faudrait des policiers
00:14:25 tous les jours pour aller dans les caves vidées,
00:14:27 des dizaines et des dizaines de quartiers.
00:14:29 Et quand on voit des petites villes où il y a
00:14:31 le soir trois policiers
00:14:33 ou trois gendarmes parce qu'il y a quasiment...
00:14:35 On a un peu délaissé les zones rurales
00:14:37 pour aller dans les zones urbaines,
00:14:38 il y a des territoires qui sont abandonnés
00:14:40 un peu par les forces de l'ordre.
00:14:41 Et donc, on n'a pas les forces suffisantes
00:14:43 pour lutter efficacement et durablement
00:14:45 contre ces trafics. Et donc, c'est la vraie difficulté.
00:14:47 Les trafiquants qui le savent,
00:14:49 ils se déplacent là où il n'y a pas beaucoup de policiers et de gendarmes.
00:14:51 Surtout qu'il y a de la demande pour...
00:14:53 pour les consommateurs.
00:14:55 Donc, s'il n'y a pas un grand plan
00:14:57 de restructuration...
00:14:59 On le sait, il manque 30, 40, 50 000
00:15:01 policiers ou gendarmes en France
00:15:03 pour essayer de mailler le territoire.
00:15:05 Et on ne les a pas, même si le gouvernement
00:15:07 fait un effort important de recrutement, on n'est pas au niveau
00:15:09 de ce qu'il faudrait. Parce qu'effectivement,
00:15:11 il faut du bleu tout le temps. Et on ne peut pas
00:15:13 mettre du bleu tout le temps.
00:15:14 Un dernier mot, Maître Mobius ?
00:15:15 Après, évidemment, par l'éducation.
00:15:17 Quand on voit des gamins de 15, 16,
00:15:19 17 ans se faire tuer parce que règlement de comptes,
00:15:21 on se demande aussi ce que ces gamins font là.
00:15:23 Et lorsque ces gamins justement
00:15:25 succombent un peu à l'appel
00:15:27 de l'argent facile, on peut le comprendre aussi.
00:15:29 Ce que vous disiez tout à l'heure,
00:15:31 ils n'ont pas d'avenir. Ou du moins, on leur fait croire qu'ils n'ont pas d'avenir.
00:15:33 Donc, on se retrouve avec des gamins qui se disent
00:15:35 "Bon, moi je vois mes parents,
00:15:37 ils sont au RSA ou alors ils gagnent un SMIC,
00:15:39 ils ne gagnent peut-être pas beaucoup d'argent.
00:15:41 Moi, avec le trafic de drogue, en quelques jours,
00:15:43 je peux gagner ce que mes parents gagnent en un mois.
00:15:45 Pourquoi j'irais travailler ? Pourquoi j'irais à l'école ?
00:15:47 Ou même parfois en un an, effectivement.
00:15:49 Pour un décrocheur scolaire, par exemple,
00:15:51 il peut gagner 5000 euros par mois en faisant le chouffe.
00:15:53 Globalement, la réalité,
00:15:55 c'est qu'il y a peu de chances
00:15:57 pour qu'il gagne autant d'argent en faisant une activité légale.
00:15:59 Le problème, c'est ça. Dans ces quartiers,
00:16:01 on a beaucoup dit "Pour y arriver, il faut faire des études.
00:16:03 Faites des études, venez à l'école."
00:16:05 Mais ceux qui sont décrocheurs scolaires,
00:16:07 à qui on dit de temps en temps "Toi, t'es pas fait pour ça,
00:16:09 on te met de côté." Lui, il n'a pas beaucoup d'autres solutions.
00:16:11 On n'a pas suffisamment valorisé
00:16:13 la formation professionnelle, etc.
00:16:15 On le sait, tout ça. Et ceux qui ne font pas d'études,
00:16:17 dans ces quartiers-là,
00:16:19 il ne leur reste pas grand-chose.
00:16:21 - Non. Et lutter contre le trafic de drogue,
00:16:23 en mettant plus de force aux polices,
00:16:25 mais en ne réglant pas ce problème d'éducation,
00:16:27 ne mènera pas à grand-chose.
00:16:29 Ces gamins, du coup, iront vers la violence,
00:16:31 vers un autre type de délinquance.
00:16:33 - Et il n'y a pas non plus de fatalité, parce qu'on est dans ces quartiers-là,
00:16:35 à devenir délinquants. Et Dieu merci.
00:16:37 - Mais si on ne règle pas le sujet...
00:16:39 - Il y a de nombreux exemples de réussite.
00:16:41 - Oui, je suis d'accord avec vous, mais il y a beaucoup de gens qui sont des héros,
00:16:43 qui réussissent à s'en sortir, parce que globalement,
00:16:45 ils sont dans un environnement
00:16:47 où c'était très difficile
00:16:49 d'éviter, d'échapper à ça.
00:16:51 - On va juste avancer. Vous avez dit quelque chose,
00:16:53 Eric Ravel, qui m'a fait réagir.
00:16:55 Vous avez dit que Gérald Darmant voulait mieux faire autre chose
00:16:57 que de s'occuper des grandes bouscules d'extrême-droite.
00:16:59 - Vous voyez tous les problèmes...
00:17:01 - Travailler avec lui sur tous les cons.
00:17:03 - Bien sûr, mais ce que je veux dire, c'est que le sujet d'actualité,
00:17:05 depuis quelques jours, c'est cela, en fait.
00:17:07 Pour le ministre de l'Intérieur,
00:17:09 le sujet d'actualité au quotidien pour les gens qui habitent
00:17:11 ces cités ou dans des quartiers compliqués,
00:17:13 c'est la drogue, les attaques, les agressions,
00:17:15 les meurtres. C'est ça, leur sujet au quotidien.
00:17:17 - C'est aussi un sujet de préoccupation
00:17:19 pour Marine Tendelier, la patronne des Verts.
00:17:21 J'aimerais vous soumettre ses propos, qui a mis en cause
00:17:23 notre chaîne CNews ainsi que le journal Valeurs Actuelles.
00:17:25 Nous accusons de faire la promotion des idées
00:17:27 de l'extrême-droite. Elle accable également
00:17:29 l'ARCOM, qui est l'autorité de régulation des médias,
00:17:31 qui ne prendrait pas ses responsabilités
00:17:33 selon elle. Je crois que je vais vous faire
00:17:35 grâce des inepties de Mme Tendelier.
00:17:37 On va peut-être évoquer
00:17:39 ce qu'elle dit, parce que lorsqu'elle dit
00:17:41 que l'ARCOM ne prend pas ses responsabilités,
00:17:43 on a juste envie de le rappeler que Roch-Olivier Mestre,
00:17:45 président de l'ARCOM, a rappelé
00:17:47 en février dernier que notre chaîne
00:17:49 respectait strictement le pluralisme
00:17:51 politique. Pourquoi est-ce que Marine Tendelier
00:17:53 raconte autant
00:17:55 d'inepties, expliquant
00:17:57 qu'il y a des fonds publics qui vont
00:17:59 non seulement avoir l'acte à Valeurs Actuelles,
00:18:01 ce qui est totalement faux, mais à CNews,
00:18:03 que nous ne sommes pas équilibrés politiquement ?
00:18:05 C'est quoi, en fait, cette offensive ?
00:18:07 Peut-être d'abord Éric Revelle.
00:18:09 - Je pense que Mme Tendelier...
00:18:11 - Oui, mais alors, ce que vous avez dit est juste.
00:18:13 C'est-à-dire qu'elle aborde des sujets, visiblement,
00:18:15 où elle n'a aucune compétence. Elle devrait savoir
00:18:17 qu'un média audiovisuel est réglementé
00:18:19 en termes de temps de parole
00:18:21 par le CSA, que tous les mois
00:18:23 ou tous les quinze jours... - Ou tous les trimestres.
00:18:25 - Voilà, on rend des comptes et on montre comment
00:18:27 il y a un équilibre politique en fonction des partis
00:18:29 qui prennent la parole sur une chaîne
00:18:31 comme CNews, donc visiblement elle n'est pas compétente.
00:18:33 Qu'un journal
00:18:35 comme Valeurs Actuelles n'a pas de subvention
00:18:37 publique. - Eh oui.
00:18:39 - Ce qui me terrifie,
00:18:41 et je veux dire, en tant que
00:18:43 chroniqueur sur cette chaîne, moi je me sens
00:18:45 extrêmement attaqué,
00:18:47 ciblé, j'ai envie de dire
00:18:49 mais de quel droit
00:18:51 Mme Tendelier s'attaque à la liberté
00:18:53 d'expression de cette manière-là ? Alors,
00:18:55 mon explication, elle vaut ce qu'elle vaut,
00:18:57 mais finalement, je vais être aussi
00:18:59 cynique et aussi caricaturale
00:19:01 que Mme Tendelier. - Vous aurez du mal.
00:19:03 - Je pense que Mme Tendelier, qui est la patronne
00:19:05 d'Europe Écologie Les Verts,
00:19:07 personne ne la connaît en réalité ou pratiquement,
00:19:09 donc c'est une façon
00:19:11 de se faire remarquer. Et comme elle a
00:19:13 un exemple assez fort dans son propre parti
00:19:15 qui s'appelle Mme Rousseau,
00:19:17 qui elle, a surfé sur des tweets,
00:19:19 sur des prises de position,
00:19:21 abracadabrantesque, comme l'a dit Jacques Chirac,
00:19:23 elle se dit pourquoi pas, il y a une voie pour se faire connaître
00:19:25 et reconnaître, allons-y. Mais franchement,
00:19:27 jeter en peinture dans un pays comme le nôtre
00:19:29 des médias, mais
00:19:31 pardon, de la part de quelqu'un de gauche,
00:19:33 qui doit
00:19:35 défendre la liberté d'expression
00:19:37 matin, midi et soir. C'est juste
00:19:39 scandaleux et je trouve ça extrêmement diffamatoire
00:19:41 pour les gens
00:19:43 à qui vous faites l'honneur
00:19:45 d'extraditer sur vos plateaux. - Oui, et plutôt pour les gens
00:19:47 qui nous regardent aussi. François Puponi, vous vous sentez
00:19:49 d'extrême droite ? - La gauche totalitaire,
00:19:51 c'est l'exemple. C'est-à-dire qu'ils n'acceptent
00:19:53 aucune contradiction. - Et ils ne viennent pas
00:19:55 sur nos plateaux débattre. - Ils ne viennent pas sur nos plateaux,
00:19:57 ils considèrent que de toute façon, on ne doit pas venir ici,
00:19:59 on doit interdire cette chaîne, parce qu'ils ne sont pas dans leur
00:20:01 même logique de pensée et leur logique idéologique.
00:20:03 C'est très diffamant vis-à-vis
00:20:05 de nous. En tout cas, moi, quand elle me traite de quelqu'un
00:20:07 d'ultra droite ou d'extrême droite,
00:20:09 voilà, quoi.
00:20:11 - Je vous confirme.
00:20:13 - J'ai toujours été de gauche,
00:20:15 j'ai le droit de dire ce que je pense, je suis invité,
00:20:17 je témoigne sur ce qui se passe avec
00:20:19 mon parcours politique.
00:20:21 Voilà, elle n'a pas le droit de nous insulter.
00:20:23 Mais c'est la nupèce d'aujourd'hui.
00:20:25 - C'est la nupèce d'aujourd'hui. Louis Dragnel.
00:20:27 - Moi, ce qui me frappe, c'est... - T'as eu le bon goût de travailler aussi
00:20:29 à ValorActuel. - Exactement, j'assume totalement.
00:20:31 - Double casquette.
00:20:33 - Non mais c'est des critiques que je connais un petit peu.
00:20:35 En fait, ce qu'elle essaye de faire, c'est de montrer qu'elle est dans
00:20:37 le camp du bien, qui a un camp du mal.
00:20:39 Donc, on est dans la caricature totale.
00:20:41 Moi, je rappelle simplement que Europe Écologie Les Verts,
00:20:43 c'est peut-être LE parti
00:20:45 qui n'a jamais été extrêmement clair
00:20:47 sur, par exemple, son action à Notre-Dame-des-Landes.
00:20:49 Sivince, Burr,
00:20:51 souvenez-vous de Saint-Sauline ?
00:20:53 Qu'ont fait les écologistes ?
00:20:55 C'est eux qui y révélaient dans les positions des policiers et des gendarmes
00:20:57 au moment de la manifestation. C'est eux
00:20:59 qui, parfois, donnaient des consignes
00:21:01 pour essayer de mettre en défaut, en échec,
00:21:03 le dispositif des policiers
00:21:05 et des gendarmes. Donc, je trouve que
00:21:07 c'est assez mal placé de sa part,
00:21:09 déjà, de critiquer de cette manière-là
00:21:11 des médias. Et puis,
00:21:13 enfin, la dernière chose, c'est que nous, on fait
00:21:15 de l'information. Globalement,
00:21:17 il y a le respect du pluralisme. On l'a vu,
00:21:19 et ce n'est pas des mots, c'est-à-dire que c'est réel
00:21:21 au moment de la manifestation ou de la contestation
00:21:23 sociale sur la réforme des retraites.
00:21:25 Je crois que tous les points de vue ont pu s'exprimer.
00:21:27 Réellement. Et ensuite, je pense,
00:21:29 et c'est peut-être le dernier élément, c'est qu'elle est dans
00:21:31 le déni total du réel.
00:21:33 Et c'est la raison pour laquelle elle pense que
00:21:35 nous sommes tous dans le camp du mal.
00:21:37 Parce que, simplement, on met le doigt sur
00:21:39 des problèmes qui ne sont pas uniquement
00:21:41 l'écologie. On va mettre le doigt
00:21:43 sur... On vient de parler du problème
00:21:45 du fléau de trafic de stupéfiants. On va parler
00:21:47 du problème de l'immigration à contrôler,
00:21:49 du problème des violences de manière
00:21:51 générale qui augmente dans la société.
00:21:53 Et donc, en fait, si vous voulez, est-ce qu'il y a un
00:21:55 dialogue possible avec quelqu'un qui ferme
00:21:57 les yeux en permanence sur ces sujets ?
00:21:59 Et qui ne voit que le prisme
00:22:01 de l'écologie... - Et de l'idéologie.
00:22:03 - De l'idéologie, exactement. - Évidemment.
00:22:05 - Ou c'est l'homme qui est au service de l'écologie
00:22:07 et pas l'écologie qui est au service de l'homme.
00:22:09 - Je voulais ajouter, sans me souvenir, peut-être que ma mémoire
00:22:11 me fait défaut, que Mme Tondoli était présente
00:22:13 à Seine-Solide lors de
00:22:15 cette manifestation, si je me souviens bien.
00:22:17 - A vérifier. - Il faudrait que je vérifie.
00:22:19 Alors, vérifions, parce que, vous voyez, vous avez des députés
00:22:21 de la République qui vont montrer du doigt
00:22:23 des médias en les traitant de tous les noms,
00:22:25 mais eux, ça ne les dérange pas d'enfreindre les règles de la République
00:22:27 quand une manifestation, par exemple,
00:22:29 n'est pas autorisée. On peut se demander
00:22:31 ce qu'un député de gauche
00:22:33 ou de droite de la République, en l'occurrence de gauche,
00:22:35 fait sur place, vous voyez.
00:22:37 Moi, je n'ai pas l'impression que dans les propos que l'on tient
00:22:39 ici, sur ce plateau
00:22:41 ou sur CNews, on enfreigne les lois
00:22:43 de la République. - On était bien à Seine-Solide. - Vous seriez
00:22:45 attaqué assez vite. - Mais bien sûr, mais bien sûr.
00:22:47 Vous avez des députés de gauche qui enfreignent
00:22:49 les lois de la République, qui vont sur une manifestation
00:22:51 qui va être violente, qui est interdite par le préfet,
00:22:53 et là, ça passe crème, comme disait John.
00:22:55 - C'est la liberté. - C'est la liberté. Eh bien, nous
00:22:57 revendiquons la liberté d'expression aussi.
00:22:59 - Maître Bovis. - Non, mais surtout, ce qui est
00:23:01 quand même marrant dans cette histoire, c'est que qui est Marine Tondoli ?
00:23:03 Moi, j'ai découvert qui était Marine Tondoli à l'occasion
00:23:05 de cette polémique. - C'est peut-être de but, hein.
00:23:07 - Non, mais ce qui est quand même
00:23:09 incroyable, c'est que ces gens-là
00:23:11 considèrent qu'il faut aller
00:23:13 dans le buzz et aller,
00:23:15 si vous voulez, dans la bêtise la plus crasse
00:23:17 pour se faire remarquer, se faire connaître.
00:23:19 C'est quand même regrettable,
00:23:21 et c'est pas la politique qu'on aime, en tout cas, du moins, c'est pas la politique
00:23:23 qu'aiment les Français, je pense. C'est d'ailleurs se faire remarquer
00:23:25 en essayant de faire du buzz, en essayant d'ailleurs
00:23:27 de s'exprimer sur des sujets qu'on ne connaît pas,
00:23:29 en disant que des journaux qui ne bénéficient pas
00:23:31 de subventions publiques en bénéficient.
00:23:33 Et d'ailleurs, ce qui est assez quand même
00:23:35 frappant, c'est que Europe au colis gévaire,
00:23:37 je me souviens très bien de cette tentative d'interview
00:23:39 par CNews, avait
00:23:41 explicitement refusé de venir sur un plateau
00:23:43 de CNews, puisque soi-disant, CNews ne respectait
00:23:45 pas le pluralisme. - Ce qui est faux, actuellement.
00:23:47 Désolé. - Voilà, si vous voulez se plaindre un peu
00:23:49 des conséquences, alors qu'en année... - Allez, on avance.
00:23:51 - ... la cause. - Il y a fait trop de temps pour ce sujet-là.
00:23:53 - Il y a eu trop de temps. - Non, mais c'était bien de mettre les pendules
00:23:55 à l'heure et l'église au centre du village.
00:23:57 Un tout petit mot sur ce qui s'est
00:23:59 passé ce week-end, mais alors là, sur les stades de
00:24:01 football, la lutte contre l'homophobie,
00:24:03 il y avait une journée mondiale de lutte contre
00:24:05 l'homophobie, et certains joueurs de
00:24:07 Toulouse, Nantes et Guingamp, refusaient de porter
00:24:09 les maillots aux couleurs arc-en-ciel. On fait un petit point avec Sarah Fenzary,
00:24:11 puis on va voir ce que vous en pensez ensuite.
00:24:13 C'est une nouvelle polémique qui touche la Ligue 1.
00:24:17 Dans le cadre de la journée mondiale
00:24:19 de lutte contre l'homophobie, certains
00:24:21 footballeurs, notamment Toulousain et Nantais,
00:24:23 ont refusé de porter les maillots
00:24:25 floqués arc-en-ciel. Dans un
00:24:27 communiqué, le club toulousain a
00:24:29 confirmé que des joueurs avaient été écartés
00:24:31 pour le match contre Nantes, après
00:24:33 avoir exprimé leur désaccord.
00:24:35 - Le communiqué du club reflète aussi
00:24:37 ma pensée. Il y a eu
00:24:39 des discussions faites avec les joueurs,
00:24:41 puis une décision
00:24:43 de prise. - Face à la polémique,
00:24:45 le Toulousain, Zakaria Aboukla,
00:24:47 l'un des joueurs écartés, s'est justifié
00:24:49 via les réseaux sociaux. - Le respect
00:24:51 est une valeur que j'estime beaucoup.
00:24:53 Il s'étend aux autres, mais il englobe aussi le respect
00:24:55 de mes propres croyances. C'est pourquoi
00:24:57 je ne pense pas être la personne la plus apte
00:24:59 à participer à cette campagne.
00:25:01 - Du côté de Nantes, et selon nos
00:25:03 informations, l'attaquant Mostafa Mohamed
00:25:05 aurait décidé de ne pas quitter l'hôtel
00:25:07 pour rejoindre le stade, après avoir appris
00:25:09 ce dimanche qu'il devait porter ce maillot.
00:25:11 L'an dernier,
00:25:13 Idrissa Ghanagey, alors milieu de terrain du PSG,
00:25:15 avait déjà été fortement soupçonnée
00:25:17 d'avoir déclaré forfait
00:25:19 pour ne pas arborer ce flocage.
00:25:21 - Nantes a décidé de se sanctionner financièrement.
00:25:25 Qu'est-ce qui est en jeu,
00:25:27 la France aux Péponniers ?
00:25:29 - Il est choquant
00:25:31 que des joueurs de football
00:25:33 refusent de lutter contre l'homophobie.
00:25:35 L'homophobie, c'est un délit.
00:25:37 Ça veut dire qu'il cautionne l'homophobie.
00:25:41 Ça, c'est le premier sujet.
00:25:43 Ce n'est pas normal, c'est pas acceptable.
00:25:45 D'où la sanction en fait par Nantes.
00:25:47 Éventuellement, on verra ce que fera Toulouse.
00:25:49 Il y a aussi les cas à Toulouse ou à Guingamp.
00:25:51 Donc, leur position n'est pas acceptable.
00:25:53 La vraie question aussi,
00:25:55 mais elle concerne la Ligue nationale de football,
00:25:57 c'est est-ce que la Ligue nationale de football
00:25:59 doit "faire de la politique" ?
00:26:01 Est-ce qu'elle doit arborer des symboles ?
00:26:03 C'est un autre débat.
00:26:05 Mais le débat est posé aussi par les clubs
00:26:07 en disant, il y a des clubs qui disent
00:26:09 "vous mêlez la politique au football".
00:26:11 Mais sur le premier sujet,
00:26:13 c'est pas acceptable.
00:26:15 Même le communiquer du joueur,
00:26:17 il aurait mieux fait de s'abstenir
00:26:19 parce que ça veut dire que,
00:26:21 de par sa culture, son origine,
00:26:23 il ne peut pas lutter contre l'homophobie.
00:26:25 Il y a quelque chose qui pose un vrai sujet.
00:26:27 - Louis Dragnel, rapidement.
00:26:29 - Je suis d'accord avec le premier point de François Pivoni.
00:26:31 C'est pas parce que vous ne portez pas
00:26:33 un slogan ou un logo à votre bras
00:26:37 que vous êtes homophobe.
00:26:39 Vous avez le droit aussi de vouloir
00:26:41 simplement pratiquer votre sport.
00:26:43 Ça ne veut pas forcément dire, de facto,
00:26:45 que vous ne soutenez pas
00:26:47 la lutte contre la discrimination.
00:26:49 - Oui, c'est communiqué.
00:26:51 - Donc, honnêtement,
00:26:53 je peux comprendre certains sportifs
00:26:55 qui n'ont pas envie de porter des slogans politiques.
00:26:57 Mais ça ne veut pas dire, de la même manière,
00:26:59 qu'il y a des gens qui n'ont peut-être pas envie
00:27:01 de porter un truc sur le racisme.
00:27:03 Ça ne veut pas forcément dire qu'ils sont racistes.
00:27:05 - Ça n'encourage pas à l'écrire pendant les matchs ?
00:27:07 - Je ne pense pas que ce soit un brassard.
00:27:09 - Raciste homophobe pendant les matchs.
00:27:11 - En revanche, il y a des questions
00:27:13 d'éducation pour éveiller...
00:27:15 - C'est des exemples pour les jeunes, justement.
00:27:17 - Mais je ne pense pas que ça change tout.
00:27:19 - Et enfin, la dernière chose.
00:27:21 C'est peut-être là où on est d'accord
00:27:23 avec François Pivoni.
00:27:25 Il y a une politisation du sport,
00:27:27 une moralisation du sport de plus en plus,
00:27:29 où on demande à des joueurs de se positionner
00:27:31 sur des sujets qui sont quand même très loin
00:27:33 juste du football.
00:27:35 - Maître Movist, rapidement.
00:27:37 - Je suis d'accord. Ce n'est pas parce que des sportifs
00:27:39 refusent d'aborder certains signes
00:27:41 qu'ils cautionnent de telle chose ou de telle chose.
00:27:43 Et effectivement, il y a une politisation du sport
00:27:45 qui met assez mal à l'aise depuis quelques temps.
00:27:47 Justement, lorsque des sportifs refusent
00:27:49 de s'associer à tel mouvement,
00:27:51 ils sont tout de suite considérés comme homophobes,
00:27:53 comme une étiquette qui n'est pas forcément la leur.
00:27:55 Maintenant, en revanche,
00:27:57 ce qui est critiquable, c'est la communication
00:27:59 qui est faite autour de cette journée.
00:28:01 C'est peut-être ce qui est le plus dérangeant.
00:28:03 Si des sportifs, du moins,
00:28:05 ce qu'on dit de joueurs, mais c'est leur métier,
00:28:07 n'avaient pas envie de porter tel ou tel signe
00:28:09 justement parce qu'ils n'ont pas
00:28:11 en termes de valeur, mais plus parce qu'ils n'ont pas
00:28:13 envie d'être un étendard politique,
00:28:15 il n'aurait peut-être pas fallu non plus
00:28:17 communiquer et en faire tout un drame
00:28:19 là-dessus. Tant que le club, si vous voulez,
00:28:21 se positionne, évidemment, pour sensibiliser,
00:28:23 pour rappeler toutes les valeurs,
00:28:25 les valeurs du sport, d'inclusion, etc.,
00:28:27 on n'allait pas s'attarder,
00:28:29 je pense, sur les personnalités du foot.
00:28:31 - Eric, le dernier mot d'après.
00:28:33 - Oui, je partage l'idée que l'obligation
00:28:35 me gêne aussi. L'obligation
00:28:37 de porter un maillot me gêne,
00:28:39 même si évidemment la lutte contre
00:28:41 l'homophobie
00:28:43 est une évidence.
00:28:45 Maintenant, ce que met en avant
00:28:47 ce joueur dans son communiqué,
00:28:49 c'est par rapport à ses croyances,
00:28:51 il dit par rapport à mes croyances. Alors, vous voyez,
00:28:53 ça pose un problème plus large. Et si on met le doigt
00:28:55 dans l'engrenage des croyances,
00:28:57 ce qui, à mon avis, est une erreur,
00:28:59 alors on va rapidement se poser la question
00:29:01 d'un débat qui a eu lieu dans le football,
00:29:03 qui est la rupture du jeûne
00:29:05 concernant le ramadan. Pourquoi
00:29:07 je dis ça ? Parce que quelqu'un qui ne mange pas
00:29:09 suffisamment n'est pas apte
00:29:11 physiquement à jouer un match, on peut le comprendre,
00:29:13 il peut faire un malaise sur le terrain,
00:29:15 mais ça veut dire que dans ces cas-là,
00:29:17 cette croyance-là
00:29:19 va être, pour la ligue
00:29:21 de football professionnelle,
00:29:23 va devoir le prendre en compte
00:29:25 un jour pour,
00:29:27 peut-être pour mettre
00:29:29 en place,
00:29:31 le fait que des joueurs
00:29:33 ne jouent pas à certaines périodes
00:29:35 pour respecter les croyances.
00:29:37 Donc, si on met le doigt dans cet engrenage-là,
00:29:39 je pense qu'on n'est plus dans le sport,
00:29:41 on est dans la politique et la religion.
00:29:43 Petite pause, on se retrouve dans un instant dans Punchline,
00:29:45 sur CNews, on parlera
00:29:47 d'économie, d'industrialisation, des chefs d'entreprises
00:29:49 étrangers sont en ce moment autour d'Emmanuel Macron à Versailles.
00:29:51 A tout de suite.
00:29:53 17h32, on se retrouve en direct dans Punchline
00:29:57 sur CNews, tout de suite le rappel des titres
00:29:59 de l'actualité avec Mathieu Devese.
00:30:01 L'Assemblée se penche sur la prévention des incendies
00:30:09 avant un été à haut risque, les députés
00:30:11 examinent à partir d'aujourd'hui une série de mesures
00:30:13 pour mieux prévenir les feux de forêt.
00:30:15 Le texte a déjà été adopté en première lecture
00:30:17 par le Sénat, la Chambre haute
00:30:19 a notamment renforcé les obligations légales
00:30:21 de débroussaillement pour les propriétaires
00:30:23 de terrains proches de forêt.
00:30:25 Et dans ce contexte, le département des Pyrénées-Orientales
00:30:27 a été placé aujourd'hui en risque très sévère
00:30:29 d'incendie, la préfecture précise
00:30:31 qu'un dispositif préventif type
00:30:33 estival est d'ores et déjà mis en place.
00:30:35 Un hélicoptère bombardier d'eau
00:30:37 et plusieurs groupes d'intervention ont été déployés.
00:30:39 Enfin, jugé pour viol,
00:30:41 Tariq Ramadan se dit victime d'un piège.
00:30:43 L'islamologue suisse est jugé à partir d'aujourd'hui
00:30:45 pour la première fois à Genève
00:30:47 pour viol et contraintes sexuelles.
00:30:49 Tariq Ramadan dit vouloir se battre
00:30:51 contre le mensonge et la manipulation.
00:30:53 Il risque entre 2 et 10 ans de prison.
00:30:55 Le jugement est attendu le 24 mai.
00:30:57 - Merci Mathieu Devespe, on se rappelle
00:30:59 des titres de l'actualité, on accueille Catherine Ney,
00:31:01 journaliste à Europe 1. Bonsoir Catherine.
00:31:03 - Bonsoir, oui, oui, ravie aussi.
00:31:05 - On va parler d'Emmanuel Macron, puisqu'il se trouve
00:31:07 en ce moment même à Versailles, avec
00:31:09 des chefs d'entreprises étrangers
00:31:11 qui veulent investir dans notre pays.
00:31:13 Alors, on a tenu les manifestants à bonne distance,
00:31:15 d'abord, il y en avait assez peu, très peu de casserolette,
00:31:17 donc on ne les entend pas, en tout cas au château de Versailles.
00:31:19 On va rejoindre Yoann Uzay,
00:31:21 notre envoyé spécial sur place, avec Léomar Choguet.
00:31:23 Bonsoir Yoann.
00:31:25 Alors, beaucoup de chefs d'Etat,
00:31:27 de chefs d'entreprise, pardon,
00:31:29 beaucoup d'investissements promis, on parle de 13 milliards,
00:31:31 beaucoup d'emplois à la clé.
00:31:33 Qu'est-ce qui va ressortir de cette grande réunion ?
00:31:37 - Bonsoir Laurence, oui, effectivement, ce sont
00:31:39 200 grands chefs d'entreprise, de multinationales,
00:31:41 qui sont présents ici à Versailles,
00:31:43 aux côtés du chef de l'Etat,
00:31:45 qui tiendra un grand dîner ici, ce soir,
00:31:47 au sein du château de Versailles.
00:31:49 Les chiffres, vous en avez rappelé un important,
00:31:51 13 milliards d'euros d'investissements,
00:31:53 8000 emplois à la clé
00:31:55 dans 28 grands projets pour la France
00:31:57 qui seront donc amenés à avoir le jour
00:31:59 dans les prochaines années. Le plus grand,
00:32:01 il a d'ailleurs été dévoilé par Emmanuel Macron
00:32:03 en personne vendredi dernier à Dunkerque,
00:32:05 une gigantesque usine,
00:32:07 5 milliards d'euros pour développer
00:32:09 les batteries électriques.
00:32:11 Elon Musk a fait une déclaration importante,
00:32:13 il y a quelques minutes, il est venu devant les journalistes
00:32:15 nous dire qu'il envisageait
00:32:17 des investissements significatifs dans notre pays,
00:32:19 dans l'entourage du président de la République,
00:32:21 qu'on veut y voir le fait que la France
00:32:23 est de plus en plus attractive.
00:32:25 Emmanuel Macron qui se réjouit
00:32:27 de ces annonces et qui tente dans le même coup
00:32:29 de tourner la page de la réforme des retraites,
00:32:31 mais surtout de masquer le bruit
00:32:33 des casserolades, 200 manifestants tenus
00:32:35 à bonne distance du château de Versailles,
00:32:37 Emmanuel Macron qui multiplie
00:32:39 les déplacements sur le terrain mais aussi
00:32:41 les interventions dans la presse, il s'exprimera
00:32:43 à nouveau ce soir pour masquer
00:32:45 donc, je vous le disais, le bruit de ces manifestants,
00:32:47 le chef de l'État qui veut montrer
00:32:49 qu'il va de l'avant et qu'il continue
00:32:51 à développer la France. Merci,
00:32:53 Nuzay avec Léomar Cheguay à Versailles. Catherine,
00:32:55 est-ce que la stratégie
00:32:57 d'omniprésence du président de la République
00:32:59 est un écran de fumée
00:33:01 pour masquer encore une fois la colère des Français ?
00:33:03 Est-ce que vous la comprenez, cette stratégie ?
00:33:05 On la comprend, en tout cas, c'est son choix,
00:33:07 celui d'un homme jeune
00:33:09 qui a de l'énergie
00:33:11 et qui pense
00:33:13 que...
00:33:15 et bien qui pense que il est...
00:33:17 C'est le contraire de la stratégie
00:33:19 que Pilan...
00:33:21 Jacques Pilan. Jacques Pilan qui était le gourou
00:33:23 de François Mitterrand
00:33:25 puis de Jacques Chirac, leur avait
00:33:27 dit "pour bien réussir,
00:33:29 il faut que la parole compte,
00:33:31 ce qui est rare et cher, donc il faut qu'elle soit rare".
00:33:33 Mais ça allait très bien à Jacques Chirac
00:33:35 parce que en 2002,
00:33:37 il était déjà un homme un peu fatigué
00:33:39 et encore mieux à François Mitterrand qui venait d'être élu,
00:33:41 ne pas trop parler, s'économiser,
00:33:43 ça allait bien. Tandis que là,
00:33:45 on voit bien qu'il veut
00:33:47 réparer sa non-campagne,
00:33:49 qu'il a quelque chose à se faire pardonner des Français
00:33:51 et donc il parle,
00:33:53 d'ailleurs il a toujours beaucoup parlé,
00:33:55 c'est un peu un robinet qui s'ouvre et qui ne s'arrête pas,
00:33:57 donc avec Emmanuel Macron,
00:33:59 au commencement était le Verbe
00:34:01 et le Verbe était Dieu,
00:34:03 le problème est ce qu'il va se faire cher ?
00:34:05 Et le Verbe s'est fait cher, on ne sait pas comment,
00:34:07 c'est-à-dire qu'il fait des réponses, des promesses,
00:34:09 il n'y a pas une semaine
00:34:11 où il n'y a pas une grande interview,
00:34:13 la semaine dernière c'était dans "Challenge",
00:34:15 plus vite, plus fort, industrialisé,
00:34:17 c'est vrai qu'il connaît les sujets par cœur,
00:34:19 ce qui se passe sur le terrain, combien de relocalisations,
00:34:21 combien de créations d'entreprises,
00:34:23 ça veut dire qu'il suit les dossiers.
00:34:25 Mais on a l'impression qu'il est le seul homme orchestre
00:34:27 de tout le gouvernement,
00:34:29 là il vient de donner une interview fleuve à l'opinion,
00:34:31 qu'il faut lire une plume à la main,
00:34:33 il y a plein de choses, et puis on oublie,
00:34:35 on y revient en arrière,
00:34:37 c'est tellement dense, en tous les cas, c'est moi, moi, moi.
00:34:39 Et puis ce soir il s'exprimera pour dire
00:34:41 les 13 milliards...
00:34:43 - Bien sûr, à force,
00:34:45 chaque interview chasse l'autre,
00:34:47 et au fond la parole ne reste pas.
00:34:49 - Et comme on disait que trop d'impôts tuent d'impôts,
00:34:51 est-ce que trop de paroles ne tuent pas la parole ?
00:34:53 - Je ne sais pas comment parler,
00:34:55 mais je crois que c'est d'abord un tempérament,
00:34:57 assez égotiste...
00:34:59 - Et une forme de campagne électorale
00:35:01 qu'il n'a pas voulu faire, qu'il a refusé de faire
00:35:03 au moment de l'élection présidentielle.
00:35:05 - Qu'il n'a pas faite pour des raisons obscures,
00:35:07 qu'on ne sait pas très bien,
00:35:09 je crois qu'il était très accaparé par la présidence
00:35:11 de l'Union européenne, qu'il le prenait beaucoup,
00:35:13 qu'il... quand même, être président
00:35:15 de l'Union européenne
00:35:17 au moment où une guerre arrive,
00:35:19 où il faut parler à ses homologues tous les jours,
00:35:21 c'est quelque chose de très accaparant.
00:35:23 - Là, on parle quand même business, Héré Crevel, à Versailles.
00:35:25 On parle investissement, on parle contrat,
00:35:27 on parle usine,
00:35:29 Elon Musk nous promet des investissements significatifs,
00:35:31 ce n'est pas très clair,
00:35:33 mais ça va plutôt dans le bon sens ou pas ?
00:35:35 - Oui, moi je trouve que ça va dans le bon sens.
00:35:37 Voir 13 milliards d'euros pour
00:35:39 une annonce de 8 000 emplois,
00:35:41 c'est une bonne chose, dans des secteurs
00:35:43 très innovants, mais pas que, parce que sur les images,
00:35:45 vous l'avez peut-être remarqué, le président de la République
00:35:47 serre la main
00:35:49 en l'enlaçant de Lachmi Mittal,
00:35:51 qui est le patron de Mittal Arcelor,
00:35:53 ce groupe
00:35:55 dans l'acier, vous voyez,
00:35:57 on n'est pas dans le digital,
00:35:59 qui avait racheté le groupe français
00:36:01 Arcelor. D'ailleurs,
00:36:03 je note au passage que le nombre de groupes
00:36:05 français qui ont disparu depuis
00:36:07 10 ans, depuis 15 ans,
00:36:09 sont absolument gigantesques.
00:36:11 Pechine n'existe plus,
00:36:13 Arcelor n'existe plus,
00:36:15 Alcatel n'existe plus, toutes ces
00:36:17 marques qui faisaient la gloire
00:36:19 de l'industrie française ont été rachetées
00:36:21 justement par des groupes étrangers. Donc oui,
00:36:23 c'est une bonne nouvelle, 13 milliards et 8 000 emplois.
00:36:25 Mais ce que je voudrais dire quand même, c'est qu'il y a
00:36:27 forcément un volet communication,
00:36:29 et c'est lequel ? C'est de dire
00:36:31 qu'en réalité, tous ces grands chefs d'entreprise,
00:36:33 Elon Musk en tête,
00:36:35 M. Lachmi Mittal qu'on voit sur ces
00:36:37 images ensuite, en fait,
00:36:39 ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous voyez,
00:36:41 le président de la République vous donne la démonstration
00:36:43 que sa politique est bonne
00:36:45 puisqu'il y a des investisseurs étrangers
00:36:47 qui viennent en masse
00:36:49 dans notre pays en dépit des grèves,
00:36:51 en dépit des RTT,
00:36:53 en dépit des casseroles.
00:36:55 Donc c'est ça aussi qu'il veut démontrer. Mais la réalité,
00:36:57 c'est qu'il y a beaucoup plus d'entreprises,
00:36:59 heureusement françaises,
00:37:01 qui continuent quand même d'investir en France, même si les
00:37:03 grands groupes le font moins français,
00:37:05 que d'entreprises étrangères. Mais oui,
00:37:07 la nouvelle est bonne, mais cette dimension
00:37:09 de communication est évidente. C'est-à-dire
00:37:11 qu'en dépit de tout ce que les Français voient
00:37:13 se dérouler sous leurs yeux, eh bien,
00:37:15 Français, n'ayez pas peur, ma politique
00:37:17 est la bonne puisque tous ces chefs d'entreprise,
00:37:19 ces grands du monde, viennent à Versailles
00:37:21 pour mettre de l'argent dans notre pays.
00:37:23 François Pipponi, je vous ai vu réagir. Pourquoi ?
00:37:25 Je pense qu'il y a eu un trou d'air entre
00:37:27 la présidentielle aujourd'hui, il y a eu un an
00:37:29 où le président n'était plus là.
00:37:31 Il n'a pas fait campagne pour les législatives, du tout.
00:37:33 Il ne s'est pas occupé
00:37:35 du problème des retraites pendant que la
00:37:37 Première Ministre essayait de sortir le texte.
00:37:39 Et là, on sent que, je ne sais pas,
00:37:41 il ressort.
00:37:43 Et on retrouve
00:37:45 Emmanuel Macron qu'on a connu durant le premier
00:37:47 quinquennat, c'est-à-dire quelqu'un d'actif, d'hyperactif.
00:37:49 Le coup qu'il réalise là à Versailles
00:37:51 est plutôt intelligent. C'est-à-dire faire venir
00:37:53 200 chefs d'entreprise qui vont, a priori,
00:37:55 on verra les chiffres derrière, investir 13 milliards,
00:37:57 créer 8 000 emplois. Il y a le monde
00:37:59 économique qui est à Paris. Il a reçu
00:38:01 Zénatski hier soir. Voilà, un
00:38:03 président hyperactif qui s'occupe des sujets
00:38:05 de la France et du monde. On ne l'avait pas
00:38:07 vu faire ça pendant un an et je pense que
00:38:09 il en fait peut-être un peu trop
00:38:11 sur un temps court.
00:38:13 Mais en tout cas, il a envie de redevenir
00:38:15 le président Macron qu'on a connu dans le
00:38:17 premier quinquennat. - Il aime bien Versailles aussi, Catherine Ney.
00:38:19 Il aime beaucoup aller à Versailles.
00:38:21 Il aime beaucoup cet endroit. - Il aime beaucoup Versailles
00:38:23 mais ceux qui y sont reçus aiment beaucoup Versailles.
00:38:25 Quand même, c'est une marque de...
00:38:27 C'est un cadre exceptionnel, d'une beauté.
00:38:29 On montre que la France,
00:38:31 la France culturellement, rayonne
00:38:33 et quand même,
00:38:37 vous avez vu François Mitterrand,
00:38:39 pour épater tous les grands de ce monde, avait fait la
00:38:41 première fois son grand sommet à Versailles.
00:38:43 D'ailleurs, c'était formidable de voir dans cette galerie, dans les
00:38:45 glaces, des ministres communistes, tout ça.
00:38:47 C'était assez extraordinaire. Donc, c'est vrai
00:38:49 que ça fait plaisir aux étrangers
00:38:51 de venir à Versailles parce que d'abord,
00:38:53 ça prouve qu'on les reçoit parfaitement,
00:38:55 qu'on compte sur eux et qu'on leur montre
00:38:57 que la France, c'est quelque chose
00:38:59 qui rayonne et qu'ils feront...
00:39:01 et qu'ils aideront la France à rayonner
00:39:03 avec leurs investissements. En fait, tout ça est
00:39:05 un grand symbole. - Louis Dragnel,
00:39:07 là, on n'est pas seulement dans
00:39:09 la communication, on est quand même aussi dans le business.
00:39:11 Le logiciel
00:39:13 d'Emmanuel Macron. - Emmanuel
00:39:15 Macron essaie de renouer, effectivement,
00:39:17 et essaie de rassurer aussi une partie de son électorat
00:39:19 par rapport, effectivement, à une
00:39:21 crainte qui pouvait exister. Vous savez, dans les milieux
00:39:23 libéraux, il y a beaucoup de gens qui reprochent à Emmanuel Macron
00:39:25 le quoi qu'il en coûte de cette beaucoup
00:39:27 concentrée sur un peu les aides
00:39:29 sociales, les aides à la consommation
00:39:31 et beaucoup moins sur la question des entreprises.
00:39:33 Et donc, effectivement, voilà, là,
00:39:35 pour le coup, on revient aux fondamentaux du macronisme,
00:39:37 en tout cas sur la partie économique. Mais je rejoins
00:39:39 ce que disait Catherine Ney. Ce qui est
00:39:41 intéressant, c'est qu'En fait, Emmanuel Macron commence
00:39:43 tout juste sa campagne présidentielle. Il y a eu
00:39:45 un rendez-vous complètement manqué.
00:39:47 Et donc, il veut montrer, en fait, que chaque jour,
00:39:49 chaque journée qui passe, chaque événement,
00:39:51 est une fête. Enfin, chaque moment est exceptionnel,
00:39:53 inédit. Mais non, mais je vous assure...
00:39:55 - Pour les Français, c'est pas tous les jours la fête, en fait. C'est ça qui est terrible.
00:39:57 - Mais Emmanuel Macron, en tout cas,
00:39:59 c'est comme ça qu'il conceptualise les choses.
00:40:01 Si vous voulez, le protocole, quand on reçoit les 25
00:40:03 pages de protocole pour savoir comment
00:40:05 ça fonctionne à Versailles, on sait
00:40:07 que tout est validé par lui. Il n'y a aucun
00:40:09 détail qui est laissé au hasard. Et puis,
00:40:11 tout est une fête aussi par rapport à
00:40:13 son calendrier à lui. C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:40:15 c'est Tchouz France. Hier soir, il dînait
00:40:17 avec Wlodomir Zelensky. Demain soir,
00:40:19 il est à un sommet en Islande
00:40:21 à Reykjavik,
00:40:23 pardon, j'avais du mal à le prononcer.
00:40:25 Ce soir, il est au journal télévisé
00:40:27 de Téléfranc. - Oui, d'une chaîne nationale.
00:40:29 - Et il sera à la fin de la semaine
00:40:31 au Japon. - Et puis en
00:40:33 Mongolie. - Et puis en Mongolie, effectivement.
00:40:35 C'est un peu comme les histoires de Martine. Vous voyez, c'est Martine
00:40:37 à la plage, Martine va faire du ski.
00:40:39 Et donc, je caricature
00:40:41 un peu. Mais du coup, il y a cette
00:40:43 volonté de montrer qu'il est omniprésent,
00:40:45 qu'il est sur tous les sujets. Mais du coup,
00:40:47 la difficulté, même si moi je salue
00:40:49 ce qui est aujourd'hui, mais globalement, c'est très
00:40:51 positif d'attirer
00:40:53 13 milliards d'euros d'investissement,
00:40:55 8 000 créations d'emplois. Enfin, globalement,
00:40:57 on ne va pas cracher dans la soupe.
00:40:59 Mais il y a un risque, c'est de brouiller un peu les pistes.
00:41:01 C'est-à-dire qu'on sort, on est encore
00:41:03 dans une crise sociale qui est quand même très profonde.
00:41:05 - On va écouter les manifestants. - Les Français
00:41:07 sont encore dans la crise sociale. Emmanuel Macron,
00:41:09 lui, veut en sortir. Et manifestement, dans sa tête,
00:41:11 c'est complètement du passé. - C'est fini.
00:41:13 - Sauf que du coup, on a du mal,
00:41:15 je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont du mal à comprendre ce que
00:41:17 Emmanuel Macron envoie comme signal.
00:41:19 Quel est le cap ? On ne sait toujours pas. - On est d'accord.
00:41:21 - Est-ce qu'il a une majorité pour gouverner ? Enfin, non.
00:41:23 - La réponse est non. Elisabeth Born,
00:41:25 on sait qu'il la soutient du bout des doigts.
00:41:27 - Des lèvres. - Mais elle n'est pas là.
00:41:29 - Ça me gênait un peu de dire ça. - Elle n'est pas là.
00:41:31 Là, il est toujours seul. Je veux dire, ça, c'est quand même
00:41:33 une réunion de prestige, avec des gens
00:41:35 qui sont assez contents d'être ensemble,
00:41:37 qui proposent des choses. Mais c'est un
00:41:39 homme seul qui les reçoit, avec Fast,
00:41:41 qui parle. D'abord, il a une ductilité intellectuelle
00:41:43 qui est séduisante. Il a un pouvoir
00:41:45 charismatique assez fort.
00:41:47 D'ailleurs, il est en train d'essayer de renouveler,
00:41:49 de réessayer
00:41:51 de voir si son pouvoir de séduction
00:41:53 qui s'était fait mousser, ça marche.
00:41:55 Apparemment, sur ses
00:41:57 chefs d'entreprise, sur ses investisseurs,
00:41:59 apparemment, ça marche. Donc, il a
00:42:01 besoin de revoir
00:42:03 dans le regard de l'autre
00:42:05 un peu de lumière, un peu d'attention,
00:42:07 parce que c'est pas le bon peuple
00:42:09 qui lui renvoie une image agréable.
00:42:11 Donc, qu'il dise "Regardez, vous me critiquez,
00:42:13 mais moi, je fais aussi des choses pour vous,
00:42:15 si je vous emmène des...
00:42:17 - Des emplois. - Des emplois, voilà.
00:42:19 Donc, il veut montrer que... Alors, c'est vrai
00:42:21 qu'en plus, ce qui est terrible
00:42:23 pour lui, c'est que
00:42:25 aujourd'hui, qui a envie
00:42:27 de le suivre, étant donné que dans
00:42:29 quatre ans, il ne se représentera pas.
00:42:31 C'est pas un chef dont on se dit "On s'accroche
00:42:33 à son char parce qu'il nous emmènera soit à la victoire,
00:42:35 soit à la défaite". Et c'est ça aussi
00:42:37 le grand dilemme de quelqu'un qui
00:42:39 veut travailler jusqu'à la dernière minute.
00:42:41 Il l'a dit, mais est-ce qu'il
00:42:43 trouvera une majorité ? Il dit "C'est pas important,
00:42:45 on peut voter à droite, on peut voter à gauche".
00:42:47 Mais il veut montrer qu'en tous les cas,
00:42:49 jusqu'au bout, il restera au pouvoir. Il essaiera de faire
00:42:51 quelque chose pour la France et peut-être se faire aimer
00:42:53 et peut-être à nouveau se faire considérer, alors
00:42:55 qu'il est si bas dans les sondages. Mais on voit, c'est quelque chose,
00:42:57 c'est une action qu'il mène seul.
00:42:59 Il ne demande pas à ses ministres de l'accompagner.
00:43:01 C'est une espèce de challenge.
00:43:03 C'est comme s'il recommençait 2017
00:43:05 en disant "Regardez, je suis quand même
00:43:07 assez formidable". - C'est les douze travaux de Macron.
00:43:09 Un petit mot de Pierre. - La communication
00:43:11 serait intéressante si la communication
00:43:13 autour du Régalien suivrait également
00:43:15 on parlait de l'investissement
00:43:17 de 13 milliards, donc à chaque fois on annonce
00:43:19 des sommes considérables. Cet argent-là
00:43:21 ne va pas directement dans la poche des Français.
00:43:23 Ça ne résout pas non plus directement le problème
00:43:25 de ceux qu'on évoquait tout à l'heure, qui habitent en HLM,
00:43:27 qui voient le trafic de drogue tous les jours se dérouler
00:43:29 sous leurs yeux, etc. Donc en fait, si vous voulez,
00:43:31 on a une double image. On a cette image d'Emmanuel Macron
00:43:33 qui effectivement reçoit des entreprises. C'est bien,
00:43:35 on ne va pas le critiquer. On le critique beaucoup,
00:43:37 on ne va pas non plus le critiquer pour ça. C'est quand même
00:43:39 une très bonne chose. Mais on a l'impression
00:43:41 qu'effectivement il est seul. Il est seul
00:43:43 dans le bateau. Et on se demande où sont les autres ministres
00:43:45 qui justement s'occupent
00:43:47 du quotidien des Français.
00:43:49 En attendant, les Français, eux, n'oublient pas la réforme des retraites.
00:43:51 Les manifestants qui étaient tenus
00:43:53 à bonne distance du château de Versailles,
00:43:55 le ras-le-bol est général parmi eux.
00:43:57 Tant que ce projet
00:43:59 n'est pas retiré,
00:44:01 moi je serai là. Je serai jusqu'au bout,
00:44:03 dans le combat
00:44:05 et conforme
00:44:07 aux valeurs qui sont les miennes.
00:44:09 On ne veut pas ni de sa retraite
00:44:11 ni de tout
00:44:13 ce qu'il ne fait pas d'ailleurs.
00:44:15 Je suis aussi là pour l'inaction climatique.
00:44:17 Très en colère.
00:44:19 C'est indigne.
00:44:21 1000 milliards de dettes supplémentaires en 6 ans,
00:44:23 ça ne suffit pas ?
00:44:25 Un tiers de la dette qui a été faite sur ses 2 mandats,
00:44:27 enfin son mandat plus un an, ça ne suffit pas ?
00:44:29 Quand est-ce que les Français vont comprendre
00:44:31 à quel point on nous prend pour des cons
00:44:33 et à quel point le pays est en train d'être dégradé ?
00:44:35 On va bientôt finir au banc des nations.
00:44:37 C'est radical.
00:44:39 Vous avez parlé de la dette,
00:44:41 Eric Rebelle.
00:44:43 Ce n'est pas 1000 milliards, mais peu importe.
00:44:45 La dette a beaucoup cru sous Emmanuel Macron,
00:44:47 mais il y a eu aussi le "quoi qu'il en coûte"
00:44:49 qu'il fallait financer.
00:44:51 Là, c'est le 6e sommet
00:44:53 "Choose France".
00:44:55 C'est mieux avec l'anglais.
00:44:57 Moi je trouve que,
00:44:59 quand même, il faut le dire,
00:45:01 il y a un aspect très positif,
00:45:03 c'est que très longtemps, les présidents de la République
00:45:05 sous la 5e s'occupaient de politique,
00:45:07 s'occupaient des affaires étrangères
00:45:09 ou de questions militaires,
00:45:11 mais ne mettaient pas trop les mains
00:45:13 dans la graisse économique.
00:45:15 C'était un sujet qui n'était pas très valorisant.
00:45:17 Pas noble pour eux.
00:45:19 Je trouve que c'est une bonne chose,
00:45:21 mais ce n'est pas le premier à le faire.
00:45:23 Jacques Chirac l'a beaucoup fait aussi en son temps,
00:45:25 où il engrangeait des contrats, etc.
00:45:27 Ce qu'il faut aussi voir,
00:45:29 et vous allez voir que ce n'est pas si simple que ça,
00:45:31 oui, 13 milliards, c'est magnifique,
00:45:33 8000 emplois, c'est 8000 emplois de plus,
00:45:35 et si on additionne les emplois indirects, ce sera plus,
00:45:37 mais il y a aussi toutes les subventions
00:45:39 que l'État français verse aux entreprises étrangères
00:45:41 qui viennent s'installer en France,
00:45:43 et malheureusement,
00:45:45 je ne dis pas que ce sera le cas, mais j'attire l'attention,
00:45:47 malheureusement, parfois,
00:45:49 une fois que les subventions sont asséchées,
00:45:51 ces groupes délocalisent et vont s'impanter ailleurs.
00:45:53 Donc c'est un sujet...
00:45:55 Ça, c'est vu souvent.
00:45:57 Et d'ailleurs, je regardais dans le détail,
00:45:59 on a beaucoup entendu cet investissement
00:46:01 taïwanais à Dunkerque,
00:46:03 dans cette magnifique et grande...
00:46:05 Oui, le président s'est rendu, il a fait un appel.
00:46:07 Voilà, le président s'est rendu pour lancer le coup d'envoi
00:46:09 de la construction de ces batteries électriques.
00:46:11 Mais en fait, bon, alors, ils vont investir 5 milliards,
00:46:13 mais il y a un milliard d'euros de subventions publiques quand même.
00:46:15 D'accord.
00:46:17 Non, mais c'est important de le dire.
00:46:19 Alors tant mieux si on crée des emplois,
00:46:21 et notamment ce qui est formidable dans les emplois
00:46:23 qui sont annoncés et dans les investissements,
00:46:25 c'est que ça va toucher des villes de moins de 20 000 habitants,
00:46:27 et ça, ce sont des bassins d'emplois intéressants
00:46:29 au moment où les territoires ont besoin
00:46:31 d'avoir une activité économique
00:46:33 pour éviter tous les sujets dont on parle.
00:46:35 C'est une façon de redynamiser
00:46:37 ces villes moyennes.
00:46:39 Donc c'est une bonne chose,
00:46:41 mais ce que j'aimerais bien avoir,
00:46:43 c'est la liste globale des subventions publiques
00:46:45 accordées à ces entreprises qui viennent s'installer.
00:46:47 Sur chaque entreprise étrangère,
00:46:49 les subventions. Catherine Ney ?
00:46:51 Oui, c'est vrai qu'ils reprennent le flambeau
00:46:53 de l'industrialisation,
00:46:55 parce qu'il en avait assez peu parlé
00:46:57 durant son premier quinquennat,
00:46:59 mais c'est aussi un sujet
00:47:01 que les autres présidents ont assez peu développé.
00:47:03 Parce que Jacques Chirac,
00:47:05 lui, il a parlé, il a voulu lancer un plan
00:47:07 de désindustrialisation
00:47:09 en 2004 seulement.
00:47:11 Il avait fait venir tout un tas de patrons
00:47:13 en disant "qu'est-ce qu'il faudrait faire ?"
00:47:15 Et il s'intéressait à cette réindustrialisation
00:47:17 de la France. Et moi, j'avais été étonnée
00:47:19 que celui qui se présentait
00:47:21 comme le fils spirituel
00:47:23 de Georges Pompidou, dont c'était l'unique idée,
00:47:25 c'est-à-dire que le président Pompidou
00:47:27 pensait que la France, si elle voulait
00:47:29 continuer à rayonner,
00:47:31 à lancer son message universel au monde entier,
00:47:33 il fallait qu'elle soit une grande puissance économique.
00:47:35 Et il disait donc l'industrialisation
00:47:37 de la France était son obsession.
00:47:39 Donc ça marchait très bien en couple
00:47:41 avec le général de Gaulle, qui planait
00:47:43 sur d'autres sommets. Et il
00:47:45 ne pensait qu'à ça. Et
00:47:47 personne après lui n'a vraiment repris
00:47:49 cette idée-là.
00:47:51 En tous les cas, Giscard un peu,
00:47:53 mais pas trop. Et
00:47:55 très peu Jacques Chirac.
00:47:57 - Est-ce que ça peut permettre à Emmanuel Macron
00:47:59 de surmonter la crise liée
00:48:01 à la réforme des retraites ?
00:48:03 Est-ce que, effectivement, c'est à grands coups
00:48:05 d'annonces, de réunions, de sommets internationaux,
00:48:07 de rencontres avec les grandes semaines,
00:48:09 que la pilule va passer pour les Français ?
00:48:11 Est-ce que c'est aussi facile que ça, Catherine ?
00:48:13 - Il faudra des résultats.
00:48:15 Les Français...
00:48:17 En ce moment, la France reste un tapis
00:48:19 de colère, de malheur.
00:48:21 Et tant que l'inflation fera
00:48:23 que les fins de mois
00:48:25 sont difficiles, et ça peut durer longtemps,
00:48:27 tout ce qu'on pourra faire...
00:48:29 Toutes ces choses qui sont
00:48:31 annoncées ne verront d'effet sur
00:48:33 l'emploi que... - 5 à 10 ans.
00:48:35 - Oui, dans 4 ans, dans 5 ans.
00:48:37 Peut-être même après
00:48:39 la fin de son quinquennat.
00:48:41 C'est très difficile, mais il faut quand même...
00:48:43 S'il y arrive, enfin, s'il...
00:48:45 Si des entreprises étrangères s'installent
00:48:47 durablement, on le mettra à son crédit,
00:48:49 mais trop tard. - Trop tard, oui.
00:48:51 - Bien sûr que ça peut lui rendre service,
00:48:53 de faire tout ça, parce qu'il démontre que c'est un président actif.
00:48:55 Et comme Catherine l'a dit à juste titre,
00:48:57 il est convaincu depuis toujours
00:48:59 qu'il a une capacité de conviction
00:49:01 qui est très forte.
00:49:03 Ce qui lui a manqué pendant un an, c'est qu'il ne le faisait plus.
00:49:05 Donc il dit "je vais recommencer". Ce que j'ai fait
00:49:07 depuis des années, depuis toujours, je vais le faire.
00:49:09 Et ça va marcher. Par contre, effectivement,
00:49:11 ça a un inconvénient.
00:49:13 Ça l'isole complètement. Ça donne le sentiment qu'il est seul
00:49:15 et qu'il n'a pas de gouvernement.
00:49:17 Ce qui est terrible sur les... Voilà.
00:49:19 - Il y a un moment où le problème... - Il a besoin de deux ministres.
00:49:21 - Oui, mais... - On ne le voit pas là, mais oui.
00:49:23 - Mais c'est lui, bien sûr.
00:49:25 - On ne voit que lui.
00:49:27 - Je pense qu'effectivement, il y a un moment où il aura...
00:49:29 S'il réussit son pari, c'est-à-dire d'ici le 14 juillet,
00:49:31 reconquérir un peu
00:49:33 les Français. Alors certains Français, on voit bien
00:49:35 que c'est de la classe moyenne qui vont être intéressés par ce qui se passe là.
00:49:37 Un président qui développe,
00:49:39 qui fait venir des entreprises, qui crée de l'emploi, ça parle.
00:49:41 - Il va annoncer des baisses d'impôts aussi pour les classes moyennes.
00:49:43 - On voit bien à qui il s'adresse. - C'est pas encore exactement...
00:49:45 - Mais le problème, c'est qu'il y a un moment où il faudra
00:49:47 un gouvernement et un Premier ministre ou une Première ministre
00:49:49 qui incarnent un peu aussi ces politiques.
00:49:51 - Alors, oui. Eric ?
00:49:53 - Juste sur ce que vous disiez, donc c'est l'interview
00:49:55 à l'Opinion où le président de la République annonce
00:49:57 une baisse d'impôts sur les classes moyennes.
00:49:59 Alors moi, j'ai été un peu surpris,
00:50:01 eu égard à l'état de nos finances publiques.
00:50:03 Bon, très bien, continuez à baisser les impôts.
00:50:05 Mais surtout, dans la trajectoire budgétaire
00:50:07 que la France a envoyée à Bruxelles, comme on le fait
00:50:09 comme n'importe quel pays, chaque année
00:50:11 à Bruxelles, pour lui montrer qu'on est vertueux
00:50:13 sur les cinq prochaines années,
00:50:15 ce qu'on n'est jamais, en fait, il est prévu
00:50:17 d'augmenter les impôts, le chiffre de
00:50:19 8 milliards est présent dans la trajectoire budgétaire
00:50:21 que la France envoie à Bruxelles.
00:50:23 Alors, si on continue
00:50:25 à baisser les impôts de production, comme le dit
00:50:27 le président de la République dans l'Opinion, si on baisse
00:50:29 les impôts des classes moyennes
00:50:31 avec l'état de nos finances publiques, je voudrais savoir
00:50:33 est-ce qu'on envoie une copie
00:50:35 qui est fallacieuse à Bruxelles,
00:50:37 c'est-à-dire qu'on leur dit qu'on veut augmenter les impôts
00:50:39 mais en fait on va continuer à les diminuer,
00:50:41 là il y a quelque chose qui se télescope
00:50:43 et qui mériterait un éclaircissement.
00:50:45 C'est flou ?
00:50:47 C'est un loup.
00:50:49 Un dernier mot, Louis.
00:50:51 Je ne dis pas que c'est le premier, je dis ça.
00:50:53 Tous les présidents ont plutôt menti,
00:50:55 on vous fait des surévaluations, des sous-évaluations.
00:50:57 Oui, je pense qu'il y a une forme
00:50:59 d'insincérité, on peut le dire différemment.
00:51:01 Donc on va augmenter les impôts, alors ?
00:51:03 On verra, mais
00:51:05 en tout cas, ce qui est envoyé à Bruxelles,
00:51:07 je fais la même analyse que la vôtre.
00:51:09 Je pense que ce n'est pas fidèle à ce qu'Emmanuel Macron veut faire.
00:51:11 Parfois l'astuce, c'est de baisser les impôts
00:51:13 pour en créer d'autres.
00:51:15 Oui, c'est vrai.
00:51:17 La création d'impôts, c'est bien supérieur à la réduction d'impôts.
00:51:19 Très très vite compte, et il ne pardonne pas.
00:51:21 Merci, on fait une petite pause.
00:51:23 On se retrouve dans un instant dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:51:25 On reviendra sur ce sommet chose France.
00:51:27 On reviendra aussi sur la situation en termes de sécurité
00:51:29 dans notre pays avec ces nouvelles fusillades
00:51:31 liées au règlement de compte
00:51:33 du trafic de drogue.
00:51:35 [Musique]
00:51:37 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:51:39 Bienvenue dans Punchline ce soir sur CNews
00:51:41 et sur Europe 1.
00:51:43 200 chefs d'entreprises étrangers autour d'Emmanuel Macron
00:51:45 en ce moment même à Versailles pour le sommet
00:51:47 chose France. A quoi servent réellement
00:51:49 ces grandes réunions où l'on nous promet
00:51:51 13 milliards d'euros d'investissement et 8000
00:51:53 emplois directs ? On verra cela.
00:51:55 Encore un week-end sanglant sur le front
00:51:57 du trafic de drogue à Valence,
00:51:59 à Villerupte dans l'Est et à Marseille.
00:52:01 4 morts et 5 blessés.
00:52:03 Une violence qui semble incontrôlable.
00:52:05 Et puis la guerre des préférages dans le secteur alimentaire
00:52:07 sur fond d'explosion de l'inflation.
00:52:09 Le gouvernement a-t-il les moyens de
00:52:11 tordre le bras aux grandes firmes industrielles
00:52:13 qui n'ont pas rogné sur leurs marges ?
00:52:15 Les professionnels de la grande distribution les montrent du doigt.
00:52:17 On verra aussi si le trimestre
00:52:19 anti-inflation a aussi bien
00:52:21 fonctionné que cela dans les rayons Thierry Cotillard.
00:52:23 Le président du groupement des Mousquetaires
00:52:25 sera notre invité à 18h30.
00:52:27 Ce sera juste après le rappel des titres
00:52:29 de l'actualité de 18h.
00:52:31 [Musique]
00:52:33 [Musique]
00:52:35 [Musique]
00:52:37 [Musique]
00:52:39 [Musique]
00:52:41 [Musique]
00:52:43 Il est 18h, bienvenue si vous nous rejoignez à l'instant
00:52:45 sur Europe 1 et sur CNews. Emmanuel Macron
00:52:47 a donc reçu à l'Élysée le patron de Twitter
00:52:49 et Tesla, Elon Musk.
00:52:51 Ils se sont ensuite rendus au château de Versailles
00:52:53 aux côtés de 200 dirigeants de multinationales
00:52:55 étrangères pour la 6e édition
00:52:57 du Sommet de Choose France.
00:52:59 C'est l'édition record pendant laquelle
00:53:01 13 milliards d'euros d'investissement
00:53:03 ont d'ores et déjà été annoncés.
00:53:05 Après Rome, Berlin
00:53:07 et Paris, Volodymyr Zelensky a terminé
00:53:09 sa tournée européenne aujourd'hui à Londres.
00:53:11 Le président ukrainien s'est
00:53:13 entretenu avec le Premier ministre britannique
00:53:15 Richie Souna qui a promis la livraison prochaine
00:53:17 de centaines de missiles antiaériens
00:53:19 et de drones d'attaque à Kiev.
00:53:21 Au même moment, la Russie assure avoir
00:53:23 intercepté deux avions de l'OTAN,
00:53:25 français et allemand, au-dessus
00:53:27 de la mer Baltique.
00:53:29 Le département des Pyrénées-Orientales, placé
00:53:31 aujourd'hui en risque très sévère d'incendie,
00:53:33 la préfecture précise qu'un dispositif
00:53:35 préventif type estival est d'ores et déjà
00:53:37 mis en place. Un hélicoptère
00:53:39 bombardier d'eau et plusieurs groupes d'intervention
00:53:41 ont été déployés.
00:53:43 Enfin, le joueur Mostafa Mohamed a été
00:53:45 sanctionné par l'AFC Nantes, une sanction financière
00:53:47 mais pas sportive. Hier, lors du match
00:53:49 contre Toulouse, l'attaquant égyptien avait refusé
00:53:51 de porter le maillot arc-en-ciel
00:53:53 en soutien aux communautés LGBT.
00:53:55 Un refus jugé nul
00:53:57 et anachronique pour le porte-parole
00:53:59 du gouvernement Olivier Véran.
00:54:01 Voilà pour les grandes lignes de l'actualité.
00:54:03 18h01 et une poignée de secondes,
00:54:05 on se retrouve sur le plateau de Punchline,
00:54:07 sur CNews et Europe 1, avec Louis Doregnel,
00:54:09 chef du service politique d'Europe 1. Bonsoir Louis.
00:54:11 - Bonsoir Laurence. - On accueille une policière, Linda Kebab.
00:54:13 Bonsoir Linda. - Bonsoir. - Délégée nationale
00:54:15 unité SGP. Catherine Ney
00:54:17 nous fait le plaisir d'être là. Bonsoir.
00:54:19 Editorialiste, journaliste à Europe 1.
00:54:21 Eric Revelle, journaliste. Bonsoir à tous.
00:54:23 On va commencer, si vous le permettez,
00:54:25 avant de parler de politique, qui est votre passion, Catherine Ney,
00:54:27 par parler de l'insécurité,
00:54:29 qui est un véritable fléau qui gangrène notre pays.
00:54:31 Ces six derniers jours, le trafic de drogue
00:54:33 a fait quatre morts et cinq blessés, dont trois graves
00:54:35 dans notre pays.
00:54:37 Des règlements de comptes qui touchent désormais les villes moyennes.
00:54:39 Je vous parlais de Marseille, mais il y a aussi Valence,
00:54:41 ville rupte en Meurthe-et-Moselle.
00:54:43 Explication de Maxime Lavandier
00:54:45 et on en débat ensuite.
00:54:47 En moins d'une semaine,
00:54:49 quatre personnes ont perdu la vie
00:54:51 dans différents règlements de comptes
00:54:53 sur fonds de trafic de stupéfiants.
00:54:55 À Marseille, mercredi dernier,
00:54:57 une mère de famille a été tuée lors d'un affrontement
00:54:59 entre deux gangs.
00:55:01 De nombreux coups de feu ont également été échangés
00:55:03 dans la petite ville de Villerupte en Meurthe-et-Moselle,
00:55:05 faisant cinq blessés.
00:55:07 Enfin à Valence, plusieurs fusillades ont eu lieu
00:55:09 ces derniers jours. Trois morts sont à déplorer.
00:55:11 Au total, cinq fusillades en moins d'une semaine,
00:55:13 avec la particularité de toucher des villes moyennes,
00:55:15 comme l'explique le maire de Valence,
00:55:17 Nicolas Daragon.
00:55:19 - C'est aussi ce que j'ai décrit
00:55:21 aux ministres de l'Intérieur et à la Première ministre
00:55:23 il y a deux ou trois ans,
00:55:25 en leur écrivant régulièrement pour leur dire
00:55:27 "Attention, nous sommes dans une ville de taille moyenne,
00:55:29 on peut maîtriser la délinquance à condition d'y mettre les moyens".
00:55:31 Ça n'est pas le cas.
00:55:33 Peut-être qu'il y a une prise de conscience en ce moment.
00:55:35 C'est ce que j'espère. J'espère que l'État va enfin se rendre compte
00:55:37 que les élus locaux connaissent bien leur territoire
00:55:39 et que quand on appelle leur attention,
00:55:41 ça n'est pas juste pour le plaisir d'écrire.
00:55:43 - Pour revenir au calme dans la Drôme,
00:55:45 la CRS 8, unité spécialisée dans le maintien de l'ordre,
00:55:47 a été dépêchée sur place.
00:55:49 - Voilà, pour le constat, l'Inna Kebab,
00:55:51 une compagnie CRS dépêchée sur place,
00:55:53 ça veut dire qu'elle ne va rester que quelques jours
00:55:55 et après elle va repartir et le trafic va reprendre comme d'habitude.
00:55:57 Mais là, il y a des fusillades et des blessés,
00:55:59 des morts dans des villes qui sont
00:56:01 a priori pas des villes connues pour leur grande violence.
00:56:03 Qu'est-ce qui se passe en fait ?
00:56:05 - Alors à Valence comme à Villerupe,
00:56:07 on parle de "villes moyennes qui ne connaîtraient pas la délinquance",
00:56:09 en réalité ce sont des villes qui connaissent la délinquance.
00:56:11 Comme l'a dit le maire,
00:56:13 en effet elles pourraient être maîtrisées mais elles ne le sont pas.
00:56:15 Il faut savoir qu'à Valence, ça fait déjà une dizaine d'années,
00:56:17 peut-être même avant d'autres grandes agglomérations,
00:56:19 que la ville a cédé au trafic de cocaïne et d'héroïne.
00:56:21 Ça fait déjà plus de dix ans qu'à Valence ça existe.
00:56:23 Pourquoi ? Parce que géographiquement,
00:56:25 la ville se trouve quand même un petit peu
00:56:27 à la croisée des chemins dans le sud du pays
00:56:29 et donc du coup il y a une facilité d'accès
00:56:31 à la ville par des trafiquants
00:56:33 qui vont ensuite rayonner, voire en France,
00:56:35 mais également dans les pays limitrophes.
00:56:37 Et puis on a aussi une politique
00:56:39 qui a été menée, vous savez,
00:56:41 le service public s'est démantèlement progressif
00:56:43 avec une mutualisation des moyens,
00:56:45 et particulièrement à Valence, où le quartier Fontbarnet,
00:56:47 qui a été touché, frappé par les règlements de comptes,
00:56:49 s'est vu fermer son poste de police
00:56:51 il y a une dizaine d'années environ.
00:56:53 Ce qui veut dire que l'État, progressivement,
00:56:55 a retiré ses billes de ces quartiers
00:56:57 qui avaient besoin d'une présence forte de l'État
00:56:59 et progressivement ce sont les trafiquants qui ont mis la main dessus.
00:57:01 Il y a encore un ou deux mois, on en parle très peu,
00:57:03 il faut savoir que la médiathèque de ce quartier
00:57:05 très populaire a dû fermer ses portes
00:57:07 parce qu'il y a la pression des trafiquants de stupes
00:57:10 qui impunément, par dizaine,
00:57:12 mettaient la pression sur les agents chargés de la médiathèque
00:57:15 et notamment empêchait aussi les personnes de pouvoir y accéder.
00:57:18 Villerupe c'est la même chose.
00:57:20 C'est une ville qui connaît des difficultés.
00:57:22 J'ai eu l'occasion plusieurs fois de me rendre sur le département
00:57:24 pour aller au contact des collègues et qui nous disent
00:57:26 "mais parce que nous ne sommes pas à Paris, en fait, on ne parle pas de nous".
00:57:28 Mais le trafic de stupes, il existe.
00:57:30 Et qui dit trafic de stupes, dit règlement de comptes.
00:57:32 On a l'impression, Louis de Ragnel, que malgré les efforts des policiers,
00:57:35 rien ne se passe et que les voyous s'entretuent
00:57:38 faisant des victimes collatérales, évidemment,
00:57:40 dans la population civile.
00:57:42 Absolument. En fait, il y a aussi un problème macro,
00:57:44 si on peut parler comme ça, qui est un problème de la masse.
00:57:46 C'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu autant de quantités
00:57:48 de produits stupéfiants
00:57:50 qui entrent sur le territoire français.
00:57:53 Et donc, c'est tout type de produits stupéfiants.
00:57:55 Ça va vraiment du haut du spectre avec tous les produits chimiques
00:57:58 dont fait partie la cocaïne, à l'herbe, la résine de cannabis.
00:58:02 Et donc, vous avez cette quantité qui est phénoménale
00:58:06 et qui brasse des quantités d'argent énormes.
00:58:08 Ça se compte en milliards d'euros.
00:58:11 Il faut quand même mesurer ce que c'est.
00:58:13 C'est-à-dire qu'il y a une vraie industrie de la drogue
00:58:16 en France et plus largement en Europe.
00:58:18 Et c'est vrai que l'État, entre guillemets, avec ses petits bras,
00:58:20 n'a pas les mêmes moyens que les trafiquants en face.
00:58:23 Donc, la police, les douanes et les armées
00:58:25 font globalement des importantes saisies,
00:58:28 font des interpellations, essayent de démanteler des réseaux.
00:58:31 Mais c'est extrêmement compliqué face à la sophistication
00:58:34 des gens qu'ils ont en face d'eux.
00:58:37 Et puis, la conséquence directe, du coup,
00:58:39 c'est que tout le pays est abreuvé de produits stupéfiants.
00:58:43 Aujourd'hui, c'est comme que pour vous faire livrer une pizza,
00:58:45 vous pouvez habiter n'importe où sur le territoire français.
00:58:48 Vous pouvez vous faire livrer par la poste en colissimo
00:58:50 des produits stupéfiants, de la même manière
00:58:52 que vous pouvez vous faire livrer des armes de manière détachée.
00:58:55 Et tout ça se passe, évidemment...
00:58:57 La police ne peut pas contrôler 100% des colis.
00:58:59 C'est vraiment accessible à tout le monde, Louis ?
00:59:01 Ça paraît assez hallucinant ce que vous dites.
00:59:03 Il y a eu des livres qui ont été écrits
00:59:05 sur l'ubérisation des trafics de stupéfiants.
00:59:08 Donc vous avez le problème macro,
00:59:10 qui est effectivement la quantité, les masses d'argent.
00:59:13 De l'autre côté, vous avez l'État, les policiers à qui on fixe.
00:59:16 Tout est prioritaire, en fait.
00:59:17 Il y a les violences intrafamiliales, il y a les manifestations.
00:59:20 Je parle sous votre contrôle, tout est prioritaire.
00:59:22 Et donc, à la fin, il n'y a que 24 heures dans une journée
00:59:26 et on ne mettra pas un policier derrière chaque habitant.
00:59:29 Et ensuite, il y a quand même un autre...
00:59:31 C'est peut-être la dernière partie du problème.
00:59:33 Il y a des problèmes, on en parlait tout à l'heure,
00:59:35 d'urbanisation de certaines villes
00:59:37 où il y a une surconcentration liée notamment à l'architecture,
00:59:40 avec des tours, qui fait que vous avez à peu près
00:59:43 le même type de population qui se retrouve au même endroit.
00:59:46 Avec la police, il y a le plus grand mal, globalement,
00:59:48 à rentrer parce que ça nécessite énormément de moyens,
00:59:50 parce qu'il y a des caves, parce qu'il y a énormément d'étages,
00:59:53 parce que tous les ascenseurs sont bloqués,
00:59:55 parce que vous avez une concentration de misère.
00:59:57 Et ensuite, il y a évidemment le problème de l'éducation, de l'école.
01:00:00 Le problème de ces enclaves où personne ne...
01:00:03 Ce qui est terrible, c'est qu'il y a une forme de fatalité.
01:00:05 Vous vous grandissez dans certains endroits comme ça.
01:00:08 Il faut être un héros pour échapper au trafic de stupéfiants.
01:00:11 Quand on vous propose de gagner 5000 euros par mois
01:00:14 en faisant le chouffe, et de l'autre côté,
01:00:16 d'aller jusqu'au bac et d'espérer après gagner 1250 euros par mois.
01:00:19 Vous voyez, le problème est assez complexe.
01:00:22 Mais derrière tout ça, je pense qu'il faut avoir du courage politique.
01:00:27 Les conséquences politiques, si vraiment le gouvernement voulait s'attaquer au problème,
01:00:32 seraient tellement terribles, socialement et en matière d'ordre public,
01:00:36 que c'est la raison pour laquelle il ne le fait pas.
01:00:38 L'activisme de Gérald Darmanin, Catherine Ney,
01:00:41 on a l'impression qu'il ne se traduit pas sur le terrain,
01:00:44 malgré les efforts des policiers.
01:00:46 D'abord, moi je crois que c'est très très difficile,
01:00:48 parce que c'est un problème maintenant qui le dépasse un peu,
01:00:51 et qui nous le dépasse tous.
01:00:52 Parce que s'il y a ce trafic dans des villes moyennes et tout ça,
01:00:56 c'est qu'il y a des consommateurs.
01:00:57 Ce qui veut dire que le nombre des consommateurs est en expansion.
01:01:01 Et après, on s'étonne, et des enfants, des adolescents qui se droguent,
01:01:06 des jeunes qui se droguent, mais même des gens dans le travail.
01:01:09 Ça crée, ça modifie le caractère, et ça alimente l'ambiance,
01:01:16 parce que l'ambiance de colère et de violence qu'il y a dans le pays.
01:01:21 Et il y a beaucoup d'accidents, tous ces jeunes en moto,
01:01:26 c'est quelque chose, c'est surtout, s'il y a de la drogue,
01:01:31 c'est qu'il y a des consommateurs, et de plus en plus.
01:01:33 Alors là, que peut faire l'État ?
01:01:34 Comment on contrôle ça ?
01:01:36 Est-ce que les parents sont vigilants ?
01:01:37 Qui est vigilant, même dans les lieux de travail ?
01:01:41 Et puis s'il y a autant de morts, c'est bien aussi que les armes
01:01:45 circulent énormément.
01:01:47 - L'Inna Kebab, il y a un climat vraiment délétère pour vous ?
01:01:50 - Oui, il y a un climat délétère.
01:01:51 Vous disiez au début de propos que l'INCRS avait été envoyée
01:01:54 pour quelques jours, mais en réalité, ça ne réglera pas le problème.
01:01:56 Vous parlez aussi de la suractivité du ministre.
01:01:58 En fait, le trafic de stups, c'est un travail au long cours.
01:02:00 C'est un travail de proximité, c'est un travail de connaissance du terrain.
01:02:03 Ce n'est pas un travail médiatique, ce n'est pas un travail de one-shot
01:02:05 et de coup public.
01:02:06 Et ça, malheureusement, on en manque dans la police, on est débordés.
01:02:09 On parle du cas de Valence, c'est une petite ville,
01:02:11 alors imaginez les grandes villes.
01:02:12 Moi, je parle au nom de mes collègues de Valence qui disent
01:02:14 qu'ils n'ont plus les moyens, ils sont débordés.
01:02:16 Parfois, ils n'ont même pas le temps d'aller sur la voie publique.
01:02:18 Ils vont au contact, ils tentent de faire d'île de la police de proximité
01:02:21 pour aller collecter du renseignement dans la lutte contre le stup.
01:02:23 Parfois, ils se font caillasser.
01:02:24 On parle de Valence, on ne parle pas du 93.
01:02:26 J'ai un collègue qui était primo-intervenant,
01:02:28 Christophe, sur la personne qui est décédée samedi dans le règlement de compte.
01:02:31 C'est notre secrétaire départemental, unité AGP, police sur place,
01:02:34 qui fait également de la voie publique.
01:02:36 Et il me dit, en fait, c'est choquant parce qu'en fait,
01:02:38 progressivement, il a vu la ville se dégrader,
01:02:40 alors même que les sonnettes d'alarme ont été tirées,
01:02:42 notamment par notre organisation syndicale.
01:02:44 On a mutualisé, soi-disant, des moyens, alors qu'en réalité, on les a juste fermés.
01:02:48 Et puis, il y a aussi une photographie à prendre.
01:02:50 C'est-à-dire qu'on a là une fratrie qui a été visiblement décimée
01:02:53 dans le cadre du règlement de compte.
01:02:55 Mais quel a été le travail des institutions en amont pour empêcher ça ?
01:02:58 À Villerue, l'auteur du "Ile de la fusillade", sachez, madame Ferrari,
01:03:02 qu'il est connu 120 fois.
01:03:04 Il a 120 mentions au traitement des antécédents judiciaires de la police,
01:03:09 notamment des violences, du trafic de stupéfiants, de l'usage d'armes.
01:03:13 Il y a évidemment du contrôle du délit routier,
01:03:15 mais on va dire que c'est le moins pire,
01:03:17 quoiqu'il y ait du refus de tempérer et de la conduite sous alcoolémie.
01:03:20 Et donc, ce gars-là, il a 120 mentions.
01:03:22 Et il s'offre encore la liberté, en étant libre,
01:03:25 de pouvoir tirer sur des personnes dans le cadre d'un règlement de compte.
01:03:28 Alors, petite pause, on se retrouve dans un instant.
01:03:30 Je passerai la parole à Eric Reval, puisque vous ne l'avez pas eu.
01:03:32 Il aura évoqué ce fléau des règlements de compte liés au trafic de drogue.
01:03:35 À tout de suite.
01:03:36 Dampenstein sur CNews et sur Europe 1.
01:03:38 18h15, on se retrouve en direct dans Dampenstein sur CNews et sur Europe 1.
01:03:43 Toujours avec nous, de Ragnel, d'Europe 1, Linda Kebab,
01:03:46 policière Catherine Ney, évidemment d'Europe 1,
01:03:49 Eric Reval, journaliste.
01:03:50 On continue à parler des règlements de compte liés au trafic de stupéfiants.
01:03:54 Je vous propose d'écouter un témoignage extrêmement édifiant
01:03:56 d'un jeune qui habite à Valence.
01:03:58 Valence, où il y a eu, évidemment, des règlements de compte.
01:04:01 Trois hommes blessés.
01:04:03 Écoutez ce qu'il dit.
01:04:04 Il s'appelle Antoine, c'est un nom d'emprunt.
01:04:06 Il explique que c'est absolument intenable de vivre dans ces quartiers.
01:04:09 Ça commence à être un point quotidien, parce qu'on entend des tortures,
01:04:13 des séquestrations, des meurtres.
01:04:16 On entend plein de choses.
01:04:18 Le souci, c'est qu'eux, ils vont tuer des gens qu'ils ont sur leur liste, on va dire.
01:04:23 Ils ont telle personne, telle personne, ils vont tuer telle personne.
01:04:25 C'est pour le paraître.
01:04:27 C'est pour montrer sa force, pour aussi les trafics de drogue,
01:04:31 pour un peu de tout en fait.
01:04:33 C'est pour montrer qui est le plus fort.
01:04:35 C'est assez bête en plus, on est des quartiers, on doit s'unir.
01:04:37 Avec ces homicides, est-ce que tu as changé ton quotidien ?
01:04:40 Bah oui, du coup, même ma famille, on veut déménager.
01:04:43 En fait, le souci, c'est qu'on ne peut pas sortir.
01:04:45 C'est qu'à partir de 17h, 18h, on ne peut pas sortir.
01:04:48 Il m'est déjà arrivé des trucs en fait.
01:04:50 En rentrant tard, il y a des personnes qui sont passées à côté de moi, armées,
01:04:53 qui voulaient me tirer dessus.
01:04:54 Je me suis déjà fait braquer.
01:04:55 Comme les soirs pour rentrer, comme je finis tard le travail,
01:04:58 ils bloquent parfois les routes.
01:05:00 Ils bloquent les routes avec les barrières des travaux.
01:05:03 Ils sont habillés tout en noir, ils regardent c'est qui, ils nous laissent passer.
01:05:06 Voilà, c'est vraiment une dégradation comme Marseille, comme Grenoble, comme Lyon.
01:05:09 C'est ça, ça commence à être assez chaud pour une petite ville.
01:05:12 Parce qu'on est quand même des petits quartiers.
01:05:14 Et pour un petit quartier que ça se passe comme ça,
01:05:16 c'est assez compliqué, assez chaud.
01:05:19 Voilà, pour ce témoignage recueilli par Célia Barrette et Antoine Durand.
01:05:22 On se croit à Réveil, on se croit à Ailleurs comme France et à Valence.
01:05:25 À partir de 17, 18 heures, c'est compliqué de rentrer chez soi.
01:05:28 Donc, on a peur.
01:05:30 C'est compliqué.
01:05:31 Il faut savoir qu'à Valence comme ailleurs,
01:05:33 à Valence comme ailleurs, on parle quand même d'une ville supposée être sans histoire.
01:05:37 Les découvertes d'armes longues par des collègues, c'est courant.
01:05:41 Les collègues m'ont dit aujourd'hui, ils nous arrivent de trouver des armes d'épaule.
01:05:44 On a l'impression que c'est un marché courant, même dans notre ville.
01:05:47 Et en fait, ce qui est dramatique, là, on entend ce jeune homme qui nous dit
01:05:50 que finalement, leur vie, elle est impactée par le trafic de stup,
01:05:53 par les criminels, par les délinquants.
01:05:54 Mais qui sont les seuls qui affrontent et qui confrontent ces délinquants ?
01:05:58 C'est les policiers.
01:05:59 C'est la seule représentation de l'État.
01:06:01 Et même là-dedans, on ne leur donne pas les moyens d'arriver jusqu'au bout de leur mission.
01:06:04 En réalité, c'est un échec total de notre société.
01:06:06 Parce que quand une ville comme celle-ci...
01:06:08 Dans une ville comme celle-ci, vous avez un habitant qui vous dit
01:06:10 qu'à 17h, 18h, il faut rentrer chez soi.
01:06:12 Mais en fait, il faut penser aussi à tous ces salariés,
01:06:15 ces employés du service public ou du service à la personne
01:06:17 qui refusent aussi d'aller dans ces quartiers.
01:06:19 Je pense à des agents EDF, des médecins,
01:06:21 des personnes du paramédical qui refusent aussi d'aller dans ces quartiers
01:06:24 parce qu'elles ont peur, parce qu'elles craignent pour leur vie,
01:06:26 parce qu'elles sont attaquées, parce qu'elles gênent le trafic de stup
01:06:29 par leur passage dans les hauts d'immeubles.
01:06:31 Les seuls qui y vont, ce sont aujourd'hui les policiers.
01:06:33 Moi, j'en appelle juste à une chose, c'est qu'on a souvent des gens en politique
01:06:36 qui prétendent représenter les quartiers populaires,
01:06:39 mais qui n'ont jamais un mot contre les trafiquants de stup.
01:06:42 Il faut savoir que c'est à peu près une centaine de morts par an.
01:06:44 Le trafic de stup, les règlements de comptes, et jamais un mot.
01:06:47 Donc j'en appelle particulièrement à tous ces politiciens,
01:06:49 je ne veux pas amalgamer des partis complets,
01:06:51 mais je ne veux même pas les citer, ça ne vaut même pas le coup,
01:06:54 mais qui passent leur temps à taper sur la police.
01:06:58 La police, c'est la seule institution.
01:07:00 Et les policiers, ce sont les seuls salariés
01:07:02 qui vont encore à la confrontation avec ces trafiquants de stup.
01:07:05 Parce que là, aujourd'hui, on a un jeune homme qui nous parle
01:07:07 de ces règlements de comptes entre individus,
01:07:09 mais ce n'est pas qu'entre individus, il y a aussi des balles perdues.
01:07:12 Il y a des gens qui sont tués, qui sont blessés dans le cadre de ces règlements de comptes.
01:07:15 Et puis dans l'absolu, qui a envie de vivre dans un appartement
01:07:18 et entendre des coups de feu en bas de chez soi ?
01:07:20 C'est impossible de vivre dans ces conditions.
01:07:22 Ou des bruits de torture, comme il disait, des raptes, des tortures.
01:07:24 Bien sûr, c'est effroyable.
01:07:25 On collecte, nous, des témoignages dans le cadre des procédures
01:07:27 après ce type d'événement, avec des habitants qui sont complètement effrayés,
01:07:30 même si les personnes savent qu'elles ne sont pas directement vies.
01:07:33 Elles disent "mais c'est effrayant, je ne suis pas tranquille
01:07:35 dans mon propre quartier où je suis née, où j'ai grandi",
01:07:38 alors qu'en réalité, c'est juste un échec total de notre société
01:07:41 qui a juste abandonné ses quartiers.
01:07:43 À la demande de quoi ? Je ne sais pas. En tout cas, l'échec est là.
01:07:46 Éric Reuel, c'est aussi un problème d'économie parallèle,
01:07:49 parce que là, on est face à des millions d'euros
01:07:52 qui sont brassés dans ces endroits.
01:07:53 Oui, c'est un trafic qui rapporte beaucoup d'argent,
01:07:56 notamment à ceux qui sont à l'origine de ces trafics,
01:07:59 mais à toute la chaîne également.
01:08:00 Mais je voulais revenir sur le témoignage
01:08:02 qui est intéressant, qu'on a entendu.
01:08:04 En fait, ces gens, dans ces quartiers, ou dans d'autres,
01:08:08 mais parlons de celui-ci,
01:08:10 ils sont un peu assignés à résidence, en réalité.
01:08:12 Parce que souvent, ils n'ont pas les moyens, eux, financièrement,
01:08:15 de déménager.
01:08:17 Ils sont pris au piège d'un habitat social.
01:08:21 Ils ne peuvent pas, pour des raisons x ou y, quitter ce quartier.
01:08:24 Donc, en fait, eux, ils subissent de plein fouet
01:08:26 ce que vous avez appelé, à juste titre, l'échec de notre société.
01:08:29 C'est-à-dire qu'eux, ils sont pris au piège.
01:08:31 Et ce chiffre qui m'a frappé, je le donne,
01:08:34 c'est que non seulement ces populations fragiles
01:08:36 n'ont pas d'autre choix que d'habiter là où les trafiquants
01:08:39 sèment la terreur,
01:08:40 mais en plus, on a un effondrement total,
01:08:42 dans notre pays, depuis plusieurs années,
01:08:44 de l'habitat social.
01:08:45 Il y a 2,5 millions de foyers français
01:08:49 qui sont sur les listes d'attente
01:08:50 pour obtenir des habitats sociaux,
01:08:53 des logements sociaux, des HLM.
01:08:55 Donc, ça veut dire que, non seulement, ces gens ne peuvent pas partir,
01:08:58 mais qu'en plus, il y a des gens qui ne savent plus
01:09:00 où, aujourd'hui, ils peuvent habiter.
01:09:02 Et c'est peut-être une crise sociale
01:09:04 qui est en train de monter.
01:09:06 Et puis, un autre point aussi, si vous le permettez,
01:09:08 c'est que, dans un pays où on paye tant d'impôts,
01:09:11 on paye tant d'impôts,
01:09:12 avoir le sentiment, comme vous l'avez dit,
01:09:14 que les services publics reculent partout.
01:09:17 La sécurité, la poste,
01:09:20 tous ces services qui faisaient aussi la gloire de la France.
01:09:24 Mais il y a de quoi comprendre l'exaspération
01:09:27 dans laquelle je m'inclus, des Français.
01:09:29 On paye de plus en plus d'impôts,
01:09:30 et tous les services publics, l'hôpital et autres,
01:09:32 sont en recul.
01:09:33 Et dans des territoires comme ceux-là,
01:09:35 on a l'impression que ceux-là payent encore plus fort
01:09:37 le recul des services publics,
01:09:38 alors que ce sont les citoyens comme les autres
01:09:40 qui payent leurs impôts.
01:09:41 - Catherine Ney, on a le sentiment de l'impuissance de l'État
01:09:43 qui nous saute aux yeux dans ces villes.
01:09:44 - Oui, oui, le président parlait du pognon de dingue
01:09:48 qu'ils ont déversé, je veux dire, en aide sociale et autres.
01:09:51 Et c'est vrai que, depuis quelques années,
01:09:54 tout ce qui est services publics, c'est d'élite,
01:09:56 c'est tout ce qui crée ce malaise
01:09:58 et qui fait qu'aujourd'hui, il y a les casserolades,
01:10:00 il y a tout ça, il y a ce malaise,
01:10:01 parce qu'on a l'impression que l'État est impuissant,
01:10:04 que tout se délite,
01:10:05 que dans les villes moyennes, il y a de plus en plus de drogue,
01:10:07 que la drogue enchande des comportements violents.
01:10:10 Et c'est un peu la peur qui gagne.
01:10:13 Et les gens cherchent un peu des réserves d'Indiens,
01:10:17 être dans des petits villages tranquilles.
01:10:19 Et c'est souvent dans ces petits villages
01:10:21 qu'on leur annonce qu'on arriver peut-être des migrants
01:10:24 comme ça, en attendant.
01:10:26 Et ça, c'est quelque chose qui les rend fou,
01:10:28 parce que c'est la peur qui gagne un peu partout.
01:10:31 - Luédon Regnell,
01:10:32 chef du service politique d'Europe 1,
01:10:33 sur cette question de l'insécurité,
01:10:35 avec l'impuissance de l'État,
01:10:38 malgré les efforts des policiers,
01:10:39 et sur le décalage qui paraît flagrant
01:10:42 entre ce que vivent les Français au quotidien
01:10:44 et ce que nos dirigeants nous vendent tous les jours.
01:10:46 - Ce qui est vrai, ce qui est très frappant,
01:10:48 c'est que quand vous voyez des membres du gouvernement
01:10:51 qui vous expliquent "mais on a déversé tant d'argent,
01:10:53 mais on a fait ci, on a fait cela,
01:10:54 on a augmenté, on a créé France Relance,
01:10:57 on augmente la fonction publique,
01:10:59 maintenant c'est l'État près de chez vous,
01:11:02 partout, dans toutes les sous-préfectures",
01:11:04 et en fait il y a un décalage de perception
01:11:06 qui est abyssal entre ce que disent
01:11:09 les membres du gouvernement
01:11:10 et de l'autre côté les Français.
01:11:12 Vous savez, ça rejoint, c'est l'éternel débat
01:11:15 sur le fameux sentiment d'insécurité,
01:11:18 avec tout le monde à un avis très précis sur le sujet,
01:11:21 mais en fait ce décalage se voit vraiment,
01:11:24 je trouve, à tous les niveaux,
01:11:25 et c'est ça qui est assez terrible.
01:11:27 C'est-à-dire que quand vous allez par exemple
01:11:28 avec des gens qui sont vraiment très investis
01:11:30 auprès du président de la République,
01:11:31 eux ils vous disent que tout va bien,
01:11:32 que le président va bien,
01:11:33 que les indicateurs sont au vert,
01:11:35 regardez, le président attire des investissements étrangers,
01:11:39 jamais la France n'a attiré autant d'investissements étrangers,
01:11:42 et de l'autre côté, vous écoutez ça
01:11:44 et puis vous revenez chez vous,
01:11:45 vous regardez un peu autour de vous,
01:11:46 et globalement, c'est absolument pas
01:11:48 la manière avec laquelle les Français perçoivent tout ça.
01:11:51 Et en fait ça, vous pouvez le décliner vraiment,
01:11:53 absolument sur tous les sujets.
01:11:54 Et donc vous avez, toutes les réussites de la France
01:11:57 dont on nous parle,
01:11:58 les Français ont beaucoup beaucoup de mal à le voir,
01:12:01 voire même ils voient pas des réussites,
01:12:03 ils voient beaucoup d'échecs,
01:12:04 c'est un peu ce que disait Catherine,
01:12:05 ils voient surtout l'État qui n'a plus d'autorité,
01:12:09 ils voient l'effondrement,
01:12:10 le recul des services publics,
01:12:11 dont parlait Éric Revelle,
01:12:13 avec, je sais pas, par exemple, les fermetures de postes,
01:12:16 des petites antennes de services publics près de chez eux,
01:12:19 et donc voilà, je pense que le malaise vient de là.
01:12:22 Un tout petit mot, Éric parlait de l'immigration,
01:12:25 le président Macron a donné une interview,
01:12:27 on en parlait il y a quelques instants avec Catherine Ney,
01:12:29 il est très très loquace,
01:12:32 le président on l'entend parler à peu près tous les jours, n'est-ce pas ?
01:12:35 Il a parlé de l'immigration,
01:12:36 il a dit qu'il ne souhaitait pas faire un référendum sur l'immigration, Catherine Ney.
01:12:40 Est-ce que c'est une erreur ?
01:12:42 Les Français le souhaitent,
01:12:43 quelles questions pourrait-on leur poser ?
01:12:44 Oui, bonne question,
01:12:45 quelles questions ?
01:12:46 Est-ce que vous êtes pour ou contre et comment ?
01:12:48 Non mais c'est très difficile.
01:12:49 Est-ce qu'il faut des quotas ?
01:12:50 C'est impossible pour lui ?
01:12:51 Oui, oui, oui, en tous les cas,
01:12:52 il entend que la loi soit présentée en Conseil des ministres au mois de juillet,
01:12:58 mais pour les parlementaires, il y en a changé,
01:13:01 parce que la discussion ne viendra pas avant l'automne.
01:13:03 Donc là, il fait un peu de communication pour dire,
01:13:05 on ne vous oublie pas, on va traiter le problème,
01:13:07 et puis rien n'est réglé,
01:13:08 parce qu'entre la majorité,
01:13:11 l'absence de majorité,
01:13:13 le camp macroniste et les LR,
01:13:15 il y a deux positions qui sont presque irréconciliables,
01:13:19 et on ne voit pas comment Mme Borne, malgré le talent qu'elle a pour essayer d'acrobate,
01:13:26 aura du mal à trouver...
01:13:28 Linda Kepab, les policiers ont besoin de ce texte de loi sur l'immigration
01:13:32 pour pouvoir agir ou pas ?
01:13:33 Ils en ont besoin, parce qu'aujourd'hui,
01:13:37 on a une problématique dans la gestion,
01:13:40 en tout cas les missions qui sont celles des policiers,
01:13:43 avec des centres de rétention administrative qui sont débordés,
01:13:45 vous savez, on a dû changer, à la demande du ministre,
01:13:48 les profils des personnes qui sont dans l'écran,
01:13:50 autrefois c'était des personnes qui étaient interpellées très banalement,
01:13:54 et donc qui se retrouvaient dans ces écrans en attente d'être expulsées,
01:13:57 quand elles l'étaient.
01:13:58 Aujourd'hui, on a des profils très délinquants, criminels,
01:14:01 on a des individus qui sont tous en fin de peine,
01:14:04 et qui sont en attente d'expulsion.
01:14:06 Et donc du coup, aujourd'hui, on a une surcharge de travail
01:14:08 avec des collègues qui sont vraiment débordés sur la voie publique,
01:14:10 on vit où on remplit un tonneau de Danaï,
01:14:13 en réalité on ne sait même plus trop ce qu'on fait,
01:14:15 et oui c'est un projet de loi qui peut être important pour nous,
01:14:17 pourquoi ? Parce qu'il nous permettra de réguler un petit peu plus,
01:14:19 parce qu'il y a notamment ce sujet-là,
01:14:21 parce que la question va être surtout des questions administratives,
01:14:25 de gestion administrative, notamment la limitation des recours, etc.
01:14:28 Mais en réalité, le vrai problème, en tout cas,
01:14:30 que nous on rencontre depuis environ une dizaine d'années,
01:14:32 c'est la dépénalisation du fait d'être en situation irrégulière dans le pays.
01:14:35 Autrefois, c'était un délit,
01:14:37 vous interpellez une personne dans cette situation,
01:14:39 et donc vous pouvez avoir un traitement coercitif de cette personne.
01:14:41 Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, c'est une situation administrative.
01:14:44 Et je pense en effet que ça a eu des conséquences dramatiques
01:14:46 sur notre manière de gérer les choses,
01:14:48 parce qu'en fait, finalement, on est complètement démunis et inefficaces,
01:14:51 avec la multité de recours, il y a une douzaine de recours possibles aujourd'hui,
01:14:54 et en fait, on travaille pour rien.
01:14:55 En fait, dans la police, souvent, on travaille pour rien.
01:14:57 Dans la lutte contre le stup, on travaille un petit peu pour rien.
01:14:59 Dans ce type de situation, on travaille également pour rien.
01:15:01 Il y a quelques thématiques pour lesquelles on arrive encore à avoir du résultat,
01:15:04 c'est la lutte notamment contre le terrorisme,
01:15:06 mais dans le reste, on travaille un petit peu pour rien, et particulièrement ça.
01:15:08 Je profite d'être encore là, juste quelques secondes.
01:15:10 On a un collègue qui a été victime d'une tentative d'homicide volontaire,
01:15:13 vous savez, lors de la manifestation du 1er mai, Nasser,
01:15:16 il a subi une tentative d'homicide volontaire par immolation.
01:15:19 - Cocktail Molotov. - Cocktail Molotov.
01:15:20 Il a brûlé, il a été brûlé au second degré.
01:15:22 Il est traumatisé, choqué, et heureusement, aujourd'hui,
01:15:24 il a au moins la possibilité de se reposer auprès des siens,
01:15:26 mais on aurait aimé éviter cela.
01:15:28 Je vais vous expliquer quelque chose, en fait,
01:15:30 qui nous, nous affecte en tant que représentants du personnel.
01:15:32 Il y a quelques années, il y a un président de la République
01:15:34 qui, en faisant un geste à responsabiliser l'ensemble des personnes
01:15:38 qui occuperaient sa fonction, c'est un homme, un président de la République,
01:15:41 qui s'est rendu au chevet d'une personne qui...
01:15:44 - François Hollande au chevet de Théo. - C'est ça.
01:15:46 Pour recontextualiser, cette personne avait été interpellée
01:15:48 dans le cadre d'un trafic de stupéfiants.
01:15:50 Elle avait empêché l'intervention des policiers
01:15:52 en assénant un coup de poing à un des collègues,
01:15:54 et du coup, les collègues, en voulant l'interpeller,
01:15:56 il y a eu des blessures, ça, c'est la justice qui se prononcera sur leur nature,
01:15:59 mais néanmoins, on a un président, à l'époque,
01:16:01 qui s'est rendu au chevet de la personne, sans aucun élément de procédure,
01:16:04 abandonnant complètement les policiers, et notamment la présomption d'innocence
01:16:07 pour laquelle autant, combien de personnes sont très attachées,
01:16:10 sauf quand ça concerne les flics, et donc, du coup,
01:16:13 on a eu ce président de la République qui est allé au chevet,
01:16:15 et qui a craché, on va dire les choses, au visage de l'ensemble des flics.
01:16:17 Et là, vous demandez quoi, Emmanuel Macron ?
01:16:19 Notre collègue Nasser n'a même pas reçu un appel.
01:16:21 Tentative d'homicide volontaire par un fonctionnaire
01:16:23 qui protégeait les institutions, qui encadrait une manifestation,
01:16:26 une manifestation à laquelle j'étais, puisque c'était contre la réforme des retraites,
01:16:29 une manifestation qui a lieu parce qu'aujourd'hui,
01:16:32 on demande aux policiers de régler les problèmes économiques et sociaux de ce pays.
01:16:35 Eh bien, ce collègue n'a pas eu un seul appel de l'Élysée.
01:16:38 Et je trouve que c'est quand même dramatique qu'un policier
01:16:41 qui manque d'être tué par le feu parce qu'il protégeait les institutions,
01:16:45 n'ait pas un seul appel de ces mêmes institutions.
01:16:48 Donc, je trouve ça assez dramatique.
01:16:49 Le préfet a fait son travail.
01:16:51 En revanche, je pense qu'on aurait pu aller jusqu'à l'Élysée
01:16:53 à partir du moment où il y en a un, il y a quelques années,
01:16:55 qui a endossé le rôle d'aller au chevet de personnes
01:16:57 sans connaître des éléments procéduraux.
01:16:59 Ce serait bien que les suivants aussi aillent au chevet des policiers qui sont blessés.
01:17:01 C'est un geste que les policiers apprécieraient, évidemment.
01:17:03 Je vais vous dire honnêtement, je pense que notre collègue Nasser, il s'en fout.
01:17:06 Aujourd'hui, il a juste envie d'être soigné,
01:17:07 de sortir du traumatisme qui est le sien et de se voir mourir par le feu.
01:17:11 Mais en fait, c'est important, c'est une symbolique, oui.
01:17:13 C'est une symbolique, c'est de dire "on vous a pas oublié".
01:17:15 Parce qu'en fait, on en a parlé le 1er mai, mais depuis, on n'en parle plus.
01:17:18 Parce que les policiers, vous savez, sont pudiques.
01:17:20 Vous savez très bien, les journalistes ont beaucoup de mal à collecter
01:17:22 les témoignages de policiers qui sont blessés, très pudiques.
01:17:24 Ils s'étalent pas, ils font pas les drama queens dans les médias
01:17:26 à parler de leurs blessures, contrairement à d'autres qui n'ont rien
01:17:28 et qui font semblant d'être victimes.
01:17:29 - Quels témoignages ? Qu'ils viennent témoigner ?
01:17:31 - Vous savez, il y a la pression d'administration qui leur impose
01:17:35 une forme de devoir de réserve qui est en réalité une interprétation
01:17:38 très administrative des choses.
01:17:40 Parce que le devoir de réserve, en réalité, je le dis à mes collègues,
01:17:42 n'empêche pas de témoigner de ses blessures.
01:17:44 Le devoir de réserve, c'est des contraintes, notamment de probité,
01:17:47 de bonne tenue et de loyauté vis-à-vis de l'institution.
01:17:50 Mais au-delà de ça, si on n'en parle pas, et si j'en parle pas aujourd'hui,
01:17:53 on va l'oublier. Et je tiens à ce qu'on ne l'oublie pas.
01:17:56 - Mais on ne l'oublie pas, sur scène, vous êtes sûrement à peine,
01:17:58 Catherine Ney, c'est vrai qu'on a l'impression d'un décalage
01:18:01 et que là, d'aller au chevet de ce policier, ça paraît tellement évident,
01:18:04 mais il faut que les policiers le quémentent.
01:18:06 - Oui, ils ont besoin d'un soutien.
01:18:09 Je veux dire, ils font un travail très, très ingrat.
01:18:11 C'est vrai que les manifestants, enfin certains viennent pour casser du flic,
01:18:17 ça on le sait, et du flic, non ?
01:18:20 Et donc, il y a souvent des blessés, il y a plus de blessés du côté
01:18:23 des forces de l'ordre que des manifestants.
01:18:25 Et je veux dire, c'est vrai qu'il y a sûrement un manque
01:18:29 et quelque chose qui n'est pas normal que l'État soit aussi peu...
01:18:34 ait aussi peu de dégâts vis-à-vis de ceux qui sont...
01:18:37 - Et aussi peu présent, de ceux qui sont blessés.
01:18:39 Merci pour ce coup de gueule, Linda Kebab.
01:18:41 - Merci à vous.
01:18:42 - Votre message sera entendu à les 18h30, passé de quelques secondes,
01:18:46 lors du Rappel des titres de l'actualité avec Mathieu Devez sur Europe Insight News.
01:18:50 - Elon Musk envisage des investissements significatifs en France.
01:18:58 Le milliardaire américain s'est exprimé en marge du sommet Choose France
01:19:02 au château de Versailles.
01:19:03 C'était la sixième édition de ce rendez-vous destiné à attirer
01:19:06 les investissements étrangers dans le pays.
01:19:08 Et cette année, un investissement record de 13 milliards d'euros a été annoncé.
01:19:13 Les soignants non vaccinés contre le Covid-19 peuvent reprendre leur travail
01:19:17 à partir d'aujourd'hui.
01:19:18 Ils avaient été suspendus il y a plus d'un an et demi.
01:19:20 Le décret qui suspend l'obligation vaccinale a été publié hier au journal officiel.
01:19:25 Et le 30 mars, la Haute Autorité de Santé avait préconisé de lever cette contrainte.
01:19:29 Au total, plus de 3 000 soignants suspendus seraient concernés.
01:19:33 Enfin, en Turquie, Recep Tayyip Erdogan affrontera Kemal Kiliç Daroglu
01:19:37 au second tour de l'élection présidentielle.
01:19:39 Ce sera le 28 mai.
01:19:40 Au pouvoir depuis 20 ans, le président de 69 ans a obtenu un score plus important
01:19:44 qu'anticipé, mais insuffisant pour l'emporter dès le premier tour, 49,5% contre 45%
01:19:51 pour son rival social-démocrate.
01:19:53 Merci beaucoup Mathieu Dewez pour ce rappel des titres de l'actualité.
01:19:56 Une petite pause, il est 18h32, on se retrouve dans Punchline sur CNews
01:19:59 pour évoquer le pouvoir d'achat, l'inflation.
01:20:02 Est-ce que le trimestre anti-inflation a été efficace ?
01:20:05 Est-ce que les industriels doivent faire plus d'efforts ?
01:20:07 On en parle avec Thierry Cotillard qui est notre invité.
01:20:10 Il est le président du groupement Les Mousquetaires.
01:20:12 A tout de suite dans Punchline.
01:20:13 18h37, on est en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:20:20 On accueille Thierry Cotillard.
01:20:21 Bonsoir.
01:20:22 - Bonsoir.
01:20:23 - Président du groupement Les Mousquetaires.
01:20:24 On est ravis de vous accueillir.
01:20:25 On est avec lui de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1,
01:20:27 Eric Revelle, journaliste.
01:20:28 On va évidemment parler du pouvoir d'achat des Français,
01:20:31 préoccupation numéro 1 de tous les ménages.
01:20:33 On va évoquer le trimestre anti-inflation.
01:20:35 On va parler des industriels à qui le gouvernement essaie de tordre le bras.
01:20:39 Est-ce qu'ils vont réussir ? Ce n'est pas sûr.
01:20:41 En tout cas, le bras de fer est engagé.
01:20:43 On fait le point avec Micaël Dos Santos et je vous passe la parole juste après.
01:20:46 Deux jours avant leur rendez-vous au ministère de l'Economie,
01:20:49 les industriels de l'agroalimentaire sont sous pression.
01:20:52 Bruno Le Maire et les grands distributeurs exigent un effort de leur part.
01:20:55 Michel-Edouard Leclerc en fait partie.
01:20:57 Il faut qu'on fasse profiter les consommateurs français le plus rapidement possible
01:21:01 et en urgence de la baisse des marchés de gros.
01:21:04 Et là, les industriels résistent.
01:21:06 Là, il les reçoit pour leur dire, si vous ne le faites pas,
01:21:09 c'est vous qui allez porter la responsabilité de cette inflation.
01:21:12 Donc, je pense qu'il va essayer de les y obliger.
01:21:15 Selon le patron des centres Leclerc, si les industriels n'acceptent pas,
01:21:19 l'inflation aujourd'hui à 16% dans l'alimentaire pourrait continuer de grimper.
01:21:23 Nous, distributeurs, quelles que soient les enseignes que vous recevez,
01:21:26 on se parle entre nous, là.
01:21:28 On appréhende de ça parce que ça se passe dans nos magasins.
01:21:31 Et oui, on pense 18, peut-être 20.
01:21:34 La semaine dernière, Bruno Le Maire s'était aligné sur la position des distributeurs.
01:21:38 Le ministre de l'Economie avait fait monter la pression sur les industriels
01:21:42 pour qu'ils acceptent de négocier une réduction de leurs marges
01:21:45 et donc une baisse de leurs prix.
01:21:47 Soit ces multinationales qui ont des marges importantes font un effort,
01:21:50 et tant mieux, et tout le monde participera à la solidarité nationale,
01:21:54 soit elles ne le font pas.
01:21:56 Et dans ce cas-là, je garde toutes les options sur la table.
01:21:58 Des options synonymes de sanctions, y compris fiscales.
01:22:01 Parmi elles, récupérer les marges que Bercy pourrait considérer comme excessives.
01:22:05 Alors, M. Cotillard, on a entendu votre collègue de chez Leclerc,
01:22:09 vous, c'est les mousquetaires, vous vous parlez et vous confirmez le chiffre,
01:22:12 18 à 20% d'inflation sur l'alimentation ?
01:22:14 On va les confirmer, c'était 8 l'année dernière,
01:22:17 et l'augmentation des tarifs est à 9 pour 2023.
01:22:20 Donc les 17, 18 sont effectivement tout à fait réalistes.
01:22:24 Au moment où je vous parle, on est à 16,
01:22:26 on considère que dans le mois qui vient, il y aura encore un ou deux points d'inflation pour les Français.
01:22:30 Ça représente quoi, de manière très concrète, pour les Français ?
01:22:33 Bah écoutez, 17% sur une dépense moyenne de 5 000 euros,
01:22:37 on va frôler les 1 000 euros de dépenses alimentaires en plus,
01:22:40 versus un historique dit il y a 18 mois.
01:22:42 Donc vous comprenez que lorsque plusieurs millions de Français sont à l'euro près,
01:22:46 100 euros de dépenses alimentaires par mois en plus,
01:22:49 met vraiment en difficulté bon nombre de nos consommateurs.
01:22:53 Donc c'est un vrai sujet.
01:22:54 C'est insoutenable ? C'est-à-dire que pour ces ménages-là, c'est impossible ?
01:22:57 Ils ne peuvent plus se nourrir correctement ?
01:22:59 En fait, on a la lecture du marché,
01:23:01 on voit comment les comportements des consommateurs évoluent,
01:23:04 et donc il y a moins d'articles achetés,
01:23:07 et puis surtout il y a une dévalorisation de l'achat,
01:23:10 c'est-à-dire on a beaucoup moins d'achats en produits frais,
01:23:12 le poisson, la viande, moins de marques nationales,
01:23:15 on va sur les premiers prix, sur la MDD.
01:23:18 Donc c'est tout ce qu'on ne voulait pas,
01:23:19 puisque depuis des années, les distributeurs ont appris le combat du mieux manger,
01:23:23 et on l'a apporté au plus grand nombre,
01:23:24 et ce sujet d'inflation remet en cause un peu tout ça.
01:23:27 Alors est-ce que, comme Michel-Edouard Leclerc, vous dites
01:23:29 c'est aux industriels de faire le geste maintenant,
01:23:31 c'est à eux de baisser leurs marges,
01:23:33 parce qu'il y a des prix de gros qui sont en train de baisser,
01:23:35 et eux ne répercutent pas ça ?
01:23:36 Vous voulez une nouvelle session de négociation, c'est bien ça ?
01:23:39 On veut absolument une nouvelle session de négociation,
01:23:41 parce que la réalité, c'est que le marché s'est retourné.
01:23:44 Michel-Edouard l'a dit ce matin, je confirme les chiffres,
01:23:47 on a des matières premières qui ont baissé,
01:23:50 le blé est beaucoup moins cher qu'il y a un an,
01:23:52 de l'ordre de 5 à 30%, selon qu'il soit dur ou tendre,
01:23:56 le frais de maritime a baissé de 80%, même l'électricité est moins chère.
01:23:59 Donc oui, on veut une réciprocité, parce que rappelez-vous l'année dernière,
01:24:03 en mars, on avait négocié une inflation à 3%,
01:24:05 le gouvernement nous a dit "non, non, il y a une crise énergétique,
01:24:08 il faut accepter de renégocier",
01:24:10 5 points se sont rajoutés en 4 rendez-vous,
01:24:12 on est arrivé à 8 points d'inflation,
01:24:14 donc ce qu'on dit c'est chemin inverse,
01:24:16 aujourd'hui il y a des baisses de matières premières,
01:24:18 il y a des baisses en termes de coût de production,
01:24:20 donc il faut répercuter.
01:24:21 - Alors juste un mot, et puis je passerai la parole à Eric Grevel et Louis de Hanel,
01:24:24 mais les industriels disent "oui, nous on a acheté nos produits il y a 6 mois,
01:24:27 donc il y a 6 mois ils étaient très hauts,
01:24:28 donc on ne peut pas répercuter la baisse tout de suite".
01:24:30 - Alors, moi je me mets à la place du consommateur,
01:24:32 c'est incompréhensible, c'est-à-dire que l'industriel vous dit "je ne peux rien faire",
01:24:35 nous les distributeurs on dit "on peut faire quelque chose",
01:24:37 c'est un peu toujours le sujet du poker menteur,
01:24:40 moi l'éclairage que je ne vais vous apporter ce soir,
01:24:43 c'est qu'on est industriel,
01:24:45 on a un marché netto, on a 56 usines qui produisent nos marques propres.
01:24:49 La réalité c'est que moi les pizzas qui sortent de nos outils de production,
01:24:53 c'est 5% moins cher à la production qu'il y a quelques mois.
01:24:56 La confiture c'est 3,1% et le pan de mie c'est 2%.
01:25:00 Donc en ayant l'outil de production, je vous confirme qu'on est capable de vendre,
01:25:05 de produire moins cher et donc de vendre moins cher,
01:25:07 donc aujourd'hui vous l'avez compris,
01:25:09 aucun industriel n'a intérêt à venir baisser ses bénéfices ou ses résultats
01:25:13 en octroyant des baisses aux distributeurs,
01:25:15 donc seul un cadre contraignant du gouvernement permettra la renégociation.
01:25:19 Alors Éric Revelle, un cadre contraignant du gouvernement ?
01:25:21 Oui, d'ailleurs Bruno Le Maire évoque plusieurs pistes dont la contrainte absolue,
01:25:25 mais vous avez tout à fait raison,
01:25:27 j'allais vous le dire, en fait le consommateur il est totalement perdu,
01:25:31 il entend les distributeurs en disant "c'est pas moi, c'est l'industriel",
01:25:34 les industriels qui disent "mais moi je ne peux pas faire grand chose",
01:25:37 demander aux distributeurs de regarder un peu leur marge.
01:25:40 La vérité c'est que beaucoup d'experts pensent que l'inflation va continuer de progresser
01:25:44 au moins jusqu'à septembre-octobre, septembre-octobre c'est bon.
01:25:48 Il y a eu différentes mesures qui ont été mises en place par le gouvernement,
01:25:51 bon il y a eu l'arrêt du fameux panier anti-inflation,
01:25:55 Mme Grégoire est passée à autre chose rapidement,
01:25:57 mais sur le trimestre anti-inflation,
01:26:00 est-ce que vous considérez vous, aujourd'hui,
01:26:02 et de combien est-ce que c'est une bonne chose,
01:26:05 est-ce que ça a fonctionné et de combien les prix ont réellement baissé,
01:26:07 parce que là aussi, pardonnez-moi, le consommateur est perdu,
01:26:10 il entend le gouvernement qui dit "pas du tout",
01:26:12 les organisations, les associations de consommateurs disent "ça a fonctionné"
01:26:15 et à quel niveau ?
01:26:16 La réponse de Thierry Cotillard, démoscotaire.
01:26:18 C'est d'autant plus important de revenir sur le sujet,
01:26:20 qu'il y a une polémique depuis ce matin,
01:26:22 où tout le monde s'oppose sur les chiffres.
01:26:24 La réalité c'est que nous on a fait le choix de 500 produits,
01:26:27 et ces 500 produits ont baissé de 8%.
01:26:29 Donc comme on avait eu 9%, en gros,
01:26:31 on a réussi à serrer nos marges pour contenir l'inflation de cette année.
01:26:35 Ce que ça provoque, c'est un succès commercial.
01:26:37 C'est 33% de progression sur ces 500 références.
01:26:40 Et donc si je devais résumer,
01:26:42 7 clients sur 10 qui viennent chez Intermarché Onéto,
01:26:45 achètent ces produits anti-inflation,
01:26:47 et ça représente un produit sur 5.
01:26:49 Donc ça a trouvé son public, c'est un succès,
01:26:51 et donc c'est tout à fait légitime que le gouvernement dise "essayez de le reconduire".
01:26:55 Donc là, on est dans une situation où les enseignes sont en train de faire leurs calculs,
01:26:59 nous on avait dit "ça va coûter quelques dizaines de millions d'euros",
01:27:02 la réalité c'est qu'après 3 mois, ça a coûté plus de 100 millions d'euros pour un réseau comme le nôtre.
01:27:06 100 millions d'euros.
01:27:07 100 millions d'euros.
01:27:08 Sur 3 mois.
01:27:09 De redistribution de pouvoir d'achat sur 3 mois.
01:27:11 Donc au moment où je vous parle, puisque la question est posée,
01:27:13 est-ce qu'on continue ou pas ?
01:27:14 Est-ce que vous continuez ? Voilà, je vous la pose.
01:27:16 La réponse c'est "on va le faire, ça c'est sûr, sur ce qu'on maîtrise".
01:27:19 Donc on a nos abattoirs, on a nos bateaux,
01:27:21 donc sur ce qui est viande, poisson, sur ce qu'on produit, on va le faire.
01:27:24 Et pas 3 mois, on va le faire jusqu'à la fin de l'année.
01:27:27 Là où on se pose la question, et on y met un petit peu la condition,
01:27:30 c'est qu'on considère que certains industriels,
01:27:32 et je mets à part les PME, je mets à part les produits laitiers qu'a évoqués le gouvernement,
01:27:37 pour se dire "c'est pas nocible".
01:27:38 Mais il y a des multinationales qui ont de la marge, je dirais, sous le coude.
01:27:42 Par exemple ?
01:27:43 Les laissiviers, par exemple...
01:27:46 Coca ?
01:27:47 Ouais, les fournisseurs de pâtes, quand le blé diminue,
01:27:50 on ne comprend pas pourquoi on a encore eu des augmentations et on ne répercute pas.
01:27:54 Donc nous, notre enjeu, ça va être d'obtenir, on espère, des renégociations,
01:27:58 qui permettront de continuer à baisser les prix, comme on l'a fait depuis le début de l'année.
01:28:03 Et tant qu'on n'a pas cette certitude, les équipes attendent, recalibrent le plan.
01:28:07 Mais je dirais, on a encore un mois pour le savoir,
01:28:09 puisque le plan anti-inflation s'arrête le 15 juin.
01:28:11 Ça veut dire que les prix des produits que vous évoquez, des marques, des multinationales,
01:28:15 seront très chers, resteront dans vos linéaires,
01:28:17 mais seront beaucoup plus chers que vos marques distributeurs, on est d'accord ?
01:28:20 Oui, et je dirais, le juge de peine en tout ça,
01:28:23 c'est le consommateur, et la part de marché de la MDD en France,
01:28:26 elle a pris 1,5 point.
01:28:27 La MDD, c'est la marque de distributeurs ?
01:28:28 La marque de distributeurs, elle a pris 1,5 point.
01:28:30 Donc c'est bien la preuve, pas que chez Intermarché,
01:28:32 c'est la même chose chez Carrefour, chez EW,
01:28:34 que le consommateur n'est pas dupe,
01:28:36 aujourd'hui avec des écarts de prix qui sont de 30% ou 40% sur certaines références,
01:28:40 il va vers la marque de distributeurs.
01:28:42 Louis Dragnet, il a une question.
01:28:43 Il y a un débat qui émerge depuis quelques jours, même quelques semaines,
01:28:46 c'est le débat autour des profiteurs de crise.
01:28:48 Comment est-ce que vous, vous percevez ça, quand on vous reproche,
01:28:52 entre guillemets, de profiter de la crise ?
01:28:54 Et puis le deuxième élément, c'est est-ce que réellement vous profitez de la crise ?
01:28:57 Il y a plein de chiffres qu'on entend, et je suis d'accord avec vous,
01:29:00 on est souvent noyé sous les chiffres.
01:29:02 Est-ce que vraiment votre marge a augmenté depuis le début de la crise ?
01:29:05 Alors nous, la marge en taux, elle a baissé,
01:29:07 puisqu'en fait, à se mettre, à gommer l'inflation sur 500 produits, ça a baissé.
01:29:12 C'est toujours désagréable d'être accusé, de profiter évidemment de l'aubaine de la crise.
01:29:17 Nous, en fait, on a la lecture que probablement, entre le fret maritime,
01:29:22 les gens qui achètent la matière première agricole pour spéculer,
01:29:25 il y a eu une aubaine pour restaurer de la marge.
01:29:27 Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que nous, on a l'intime conviction
01:29:31 que ce combat d'avoir les premiers prix ou d'avoir le juste prix, ça nous fera gagner.
01:29:37 Donc, la crise est finalement une opportunité pour créer l'écart de compétitivité aussi entre distributeurs.
01:29:45 C'est-à-dire que, ce n'est pas moi qui le dis,
01:29:47 c'est les relevés qui sont faits à la concurrence montrent des écarts de 25%.
01:29:50 Donc, le simple fait de choisir une enseigne versus une autre, ça crée 25%.
01:29:55 Donc, il n'y a plus de sujet d'inflation, puisque d'une enseigne à l'autre, on peut gommer l'inflation.
01:29:59 Donc, le consommateur est en train de le réaliser.
01:30:01 Et sur les dernières parts de marché, il y a des enseignes,
01:30:04 et fort heureusement, Intermarché en fait partie.
01:30:06 Leclerc est dans ce trio gagnant, tire le marché, les consommateurs viennent chez nous.
01:30:11 Nous, on a eu 300 000 nouveaux consommateurs.
01:30:13 On a eu 1,5 million de clients fidèles.
01:30:15 On a 300 000 nouveaux chez Intermarché depuis 4 mois.
01:30:17 Donc, c'est un pari de baisser les prix, mais ça paye quand le consommateur s'en rend compte.
01:30:21 Juste pour revenir sur le trimestre en triinflation,
01:30:23 Bruno Le Maire a expliqué que l'étude de l'UFC Que Choisir,
01:30:27 qui disait qu'au fond, le trimestre n'avait pas marché, était malhonnête.
01:30:30 Est-ce que, pour vous, vous pensez aussi que cette étude de l'UFC Que Choisir,
01:30:34 qui est connue pour ses compétences, a été malhonnête ?
01:30:37 C'est-à-dire qu'il a fonctionné ce trimestre ?
01:30:39 Alors, je ne sais pas, je ne la qualifierais pas de malhonnête,
01:30:42 mais je pense que c'est un peu comme si on avait un système de calcul
01:30:44 où la méthode est tronquée et les résultats sont faux.
01:30:48 C'est-à-dire, relever les prix après qu'on les ait baissés,
01:30:51 vous n'allez pas constater beaucoup de baisse.
01:30:53 Donc, quand le relevé, il fait le 23 et qu'on a baissé les prix le 15,
01:30:56 je comprends leur conclusion, mais leur conclusion est fausse.
01:30:59 J'ai les chiffres ici, ligne à ligne, je peux vous dire qu'il y a des produits.
01:31:03 Mon vinaigre, il était...
01:31:04 Notre vinaigre chez Les Mousquetaires était à 69 centimes, il est passé à 41.
01:31:07 Et j'en ai une liste comme ça de 500.
01:31:09 Et donc, nous, on sait ce que ça a coûté.
01:31:11 Ce que je vous annonce ce soir sont les vrais pour Intermarché.
01:31:13 - L'inflation, jusqu'à quand vous la voyez ?
01:31:15 Éric Ravel nous disait septembre, octobre.
01:31:18 - Oui, majorité de l'exemple, dix septembre.
01:31:20 - Qu'est-ce que vous prévoyez ?
01:31:21 - Je partage parce qu'en fait, chacun a sa stratégie de répercussion.
01:31:24 On sait que Leclerc freine au maximum.
01:31:26 Nous, on va essayer de tenir aussi, mais je vous le dis,
01:31:30 la lecture, c'est que c'est sûr en juin, ce sera encore un peu plus d'inflation.
01:31:34 Au plus tard, en septembre, en tout cas pour ce qui est des produits alimentaires,
01:31:37 ça va se calmer.
01:31:38 Et chose importante à intégrer, c'est que les produits de rentrée scolaire,
01:31:41 qui pèsent dans la dépense, dans le cartable,
01:31:44 l'inflation sera beaucoup moins importante.
01:31:46 Donc, mécaniquement, ça va aider à juguler un peu cette inflation,
01:31:50 puisque le papier n'a pas eu cette spéculation.
01:31:54 On va avoir un 3% sur les 6% l'année dernière.
01:31:56 Donc, quand on est à 9, c'est la moitié de l'inflation alimentaire.
01:31:59 Donc, c'est plutôt une bonne nouvelle pour les ménages français.
01:32:01 - On a parlé, Thierry Cotillard, vous qui êtes le président du groupe "Les Mosquetaires",
01:32:04 des changements de comportement des consommateurs.
01:32:06 Vous travaillez évidemment à la Caisse.
01:32:08 Est-ce que les vols ont augmenté réellement ou pas ?
01:32:11 - Alors, il y a deux choses.
01:32:13 Il n'y a pas vraiment de statistiques consolidées.
01:32:15 Surtout chez nous, on est des indépendants.
01:32:17 Sur ce sujet, personne n'ose dire le chiffre,
01:32:19 parce que ce serait, je dirais,
01:32:23 catastropher une situation qui ne l'est peut-être pas.
01:32:25 La réalité, c'est que pendant longtemps,
01:32:27 on a eu des vols qui étaient sur le non alimentaire.
01:32:29 Et c'était des vols organisés pour revendre les lames de rasoir, par exemple.
01:32:33 Vous aviez des mafias entières qui étaient organisées pour vous voler des lames de rasoir,
01:32:38 qui étaient vendues, bien évidemment, sous le manteau ensuite.
01:32:41 Là, ce qu'on voit, c'est que le vol porte maintenant sur des produits alimentaires.
01:32:45 Donc, ça pose un sujet de fond qui est effectivement cette précarité de la société française.
01:32:51 - Vous avez mis des insectecteurs, par exemple, sur la viande ?
01:32:53 Des antivols sur la viande ?
01:32:55 - Alors, moi, je mets ma casquette d'exploitant de supermarché.
01:32:58 Dans mon supermarché, j'ai eu, oui, sur un rayon,
01:33:00 où je m'étais aperçu qu'on avait eu du vol,
01:33:02 la viande en l'occurrence, on a mis quelques antivols.
01:33:05 Donc, c'est regrettable.
01:33:07 Après, ce qu'on a l'habitude de faire, c'est de gérer avec diplomatie et avec tact le vol,
01:33:14 parce que, pour le coup, ce ne sont pas des gens qui passent de passage.
01:33:18 - Ce sont des clients de société, comme. Ce que ça dit l'évolution de la société.
01:33:21 C'est-à-dire qu'avant, on vole des lames, parce que ce qui coûte cher, c'est la lame,
01:33:24 c'est pas le rasoir.
01:33:27 Mais là, les gens ne peuvent plus manger, donc vol pour manger.
01:33:30 - Oui, c'est symptomatique, effectivement, d'une précarité qui peut être présente pour certains Français.
01:33:37 Donc, bien sûr, on ne peut être qu'attristé de la situation.
01:33:40 - Oui, Dr Agnel ?
01:33:41 - Et justement, toujours un peu sur ce sujet, est-ce qu'il y a des clients,
01:33:44 parce qu'on vous avait évoqué les clients qui venaient chez vous depuis le début de l'inflation,
01:33:48 est-ce qu'il y a des clients que vous avez perdus et qui ne vont pas dans la concurrence
01:33:51 et dont on peut imaginer qu'ils sont tombés dans la précarité, la grande précarité ?
01:33:55 - Perdus, non, parce qu'on est dans le cas inverse.
01:33:58 On a, pour le coup, dans notre enseigne, recruté des consommateurs
01:34:01 qui désertent des enseignes qui, je dirais, déconnent
01:34:04 et sont loin de la préoccupation du pouvoir d'achat.
01:34:07 Vous savez, un prix, il est constitué par deux choses.
01:34:10 La négociation, on en parle, ça fait l'objet justement de tous ces plateaux télé,
01:34:13 mais il y a aussi la constitution du nombre de charges qu'on peut avoir
01:34:17 dans la distribution des produits.
01:34:19 Et des groupes qui n'ont pas été prudents sur leur niveau de charge,
01:34:21 aujourd'hui, sont totalement dépositionnés.
01:34:24 Donc, sur certaines villes, vous avez, comme je vous le disais,
01:34:27 quand il y a 20 à 25% d'écart, nous, on a cette chance d'être mieux placés
01:34:30 et donc de recruter des consommateurs.
01:34:32 Mais en tout cas, le Français ne se trompe pas.
01:34:34 Aujourd'hui, il est prêt à se déplacer, prendre sa voiture
01:34:36 et faire 3-4 enseignes pour trouver les bonnes affaires.
01:34:38 - Et comparer les prix sur toutes les enseignes. - Exactement.
01:34:40 - Tiret Cotillard, Des Mousquetaires, est-ce que vous croyez
01:34:42 que le gouvernement est capable de faire plier les industriels ou pas ?
01:34:45 - Écoutez, nous, la réalité, c'est qu'on a envoyé plus de 200 courriers
01:34:48 aux plus grandes multinationales, zéro retour.
01:34:51 - Zéro retour ? - Zéro retour.
01:34:53 - Vous demandiez quoi, non ? - On évoquait le contexte.
01:34:56 On disait, quand ça a augmenté, vous êtes venus à la table des négociations.
01:35:00 Maintenant que ça baisse, l'invitation est dans l'autre sens.
01:35:03 Venez en discuter.
01:35:05 Fin de nos retours, donc, 3 options.
01:35:07 On l'a évoqué avec Bruno Le Maire la semaine dernière.
01:35:10 C'est une taxe. Très bien, mais en fait, la taxe ne va pas directement
01:35:15 permettre de faire baisser les prix dans nos rayons.
01:35:18 Donc, on a dit, ce n'est pas forcément l'option que nous,
01:35:20 distributeurs, on préfère. Le décret, ce serait la chose idéale.
01:35:24 Peut-il le faire, va-t-il le faire ? Choix politique.
01:35:27 - Pour les contraintes ? - Pour les contraintes.
01:35:29 Et on lui dit, ne traînez pas, parce que si on veut que ça se voit en septembre,
01:35:32 on a toujours 2-3 rendez-vous de négo, donc il faut que dans 15 jours,
01:35:35 ce soit voté, pour qu'on y aille en juin.
01:35:37 Et dernière chose, je pense que ce serait la plus raisonnable,
01:35:40 donc j'ai espoir que mercredi, les industriels l'entendent, c'est une charte.
01:35:43 La charte qu'on a signée l'année dernière n'était pas une contrainte législative,
01:35:47 c'était un bon vouloir de toutes les parties.
01:35:49 Distributeurs, gouvernement et industriels.
01:35:51 J'ai bon espoir qu'on soit entendu, surtout que le poids de Bruno Le Maire
01:35:55 soit plus puissant que notre simple courrier, et que la charte soit signée rapidement.
01:35:59 - Mais vous leur parlez aux industriels, évidemment, vous avez des contacts quotidiens avec eux.
01:36:02 Ils perçoivent un tout petit peu la musique de fond de ce qui se passe dans notre pays, ou pas ?
01:36:06 - Ils perçoivent la réalité, pour échanger avec des dirigeants de grandes entreprises ou PME,
01:36:11 c'est de considérer, ça peut s'entendre, mais il faut trouver le juste milieu,
01:36:15 que la nourriture n'avait pas son juste prix depuis X années de déflation, dont acte.
01:36:22 Mais en fait, ça a été l'occasion, en une année ou en deux années,
01:36:26 de restaurer 15 ans de négociation, à 8-9% c'était raisonnable,
01:36:31 lorsqu'on a eu des tarifs à 20 ou 30%, c'était du grand n'importe quoi.
01:36:35 Donc j'espère que la raison reviendra vite,
01:36:38 parce que c'est le consommateur qui va sanctionner tout ça par des volumes qui vont baisser.
01:36:41 - Tu as encore une question qui concerne la loi EGalim,
01:36:44 et la protection de la marge des producteurs.
01:36:46 On sait que nos paysans, nos agriculteurs sont vraiment à la gorge.
01:36:49 Est-ce que vous voulez vraiment vous asseoir sur cette marge-là ?
01:36:53 Le patron de la FNSEA dit "attention, la grande distribution veut mettre fin à cette loi EGalim".
01:36:59 Le ministre de l'Agriculture aussi a embrayé en disant "c'est pas normal,
01:37:03 il faut protéger les agriculteurs et les producteurs".
01:37:05 - Il y a plusieurs écoles au sein des distributeurs.
01:37:07 Moi j'ai toujours fait partie de l'école, alors je suis fils d'agriculteur,
01:37:10 c'est plus facile probablement à assumer.
01:37:12 - Les gens de famille devraient être animés.
01:37:14 - Oui, mais c'est intéressant, et justement ça permet de trouver une position responsable.
01:37:17 Moi j'ai toujours pensé qu'il fallait recréer de la marge,
01:37:20 et surtout la redistribuer mieux, donc j'étais plutôt sponsor de cette loi EGalim.
01:37:24 Et aujourd'hui je crois que l'intérêt de De Crozaï, qui a été tant décrié,
01:37:28 sur notamment les promotions qu'on plafonne, et moi j'étais farouchement opposé à ça,
01:37:32 par contre on a reconduit le dispositif EGalim qui protège le revenu du monde agricole.
01:37:37 Quand je suis allé au sein de l'agriculture, j'ai trouvé ça plus apaisé,
01:37:40 parce qu'il y a eu une réalité, c'est-à-dire dans nos négociations,
01:37:43 l'augmentation de ce qu'on appelle les MPA, matière première agricole, est sanctuarisée,
01:37:47 donc ça normalement protège aujourd'hui l'agriculteur,
01:37:50 ce qu'il ne faudrait pas dans cette période de négociation,
01:37:52 et on l'a redit à Bruno Le Maire, c'est "protégeons les secteurs agricoles qui sont en danger".
01:37:56 Le lait par exemple, il ne faut pas y toucher.
01:37:59 Donc un lactalis, qui est pourtant un géant mondial en termes de multinational,
01:38:04 ne sera pas invité à la table des négociations,
01:38:06 et on considère que si la négociation aboutissait,
01:38:08 il y aurait un risque que ça soit une conséquence sur le revenu agricole, ce qu'on ne veut pas.
01:38:12 En revanche, sur les promotions, vous demandez toujours de pouvoir faire mieux sur les promotions.
01:38:16 Bien sûr, parce qu'on a une concurrence déloyale en France,
01:38:18 c'est-à-dire que le shampoing de certaines très grandes marques,
01:38:21 il est à 70% de remise dans une ancienne qui est arrivée,
01:38:24 qui a 800 ou 900 magasins sur nos parkings, et on ne trouve pas ça juste.
01:38:28 Donc on insiste lourdement auprès du gouvernement pour qu'à un moment,
01:38:31 cette loi est incompréhensible, à un moment où il y a un sujet de pouvoir d'achat,
01:38:34 pourquoi nous limiter à faire des shampoings en remise importante
01:38:37 quand certains concurrents qui viennent de l'Europe se permettent de le faire sur nos territoires ?
01:38:42 On a moins le record, le produit qui a le plus augmenté sur ces six derniers mois,
01:38:45 c'est quoi ? C'est la nourriture pour animaux ?
01:38:47 Ça a des conséquences jusqu'à la SPA ?
01:38:49 Oui, il y a ça, la réalité en termes de matière première, c'est le sucre,
01:38:55 le sucre pour un problème d'appro, le sucre parce que c'est une industrie
01:38:58 qui consomme beaucoup d'électricité.
01:39:00 Donc ça c'est une réalité, mais on sait aussi, comme on l'a dit,
01:39:04 qu'il y avait des matières premières qui avaient baissé,
01:39:06 c'est pour ça qu'on voudrait renégocier.
01:39:07 Merci beaucoup Thierry Cotillard, président du groupe Montlais Mousquetaire,
01:39:10 d'être venu ce soir sur Europe 1 et sur CNews
01:39:12 pour nous parler de cette grande préoccupation des Français sur le pouvoir d'achat.
01:39:15 Merci à vous, chers amis auditeurs et téléspectateurs.
01:39:18 Dans un instant sur CNews, Christine Kelly, et Europe 1 soir sur Europe 1.
01:39:21 Bonne soirée sur nos deux antennes, à demain.
01:39:23 [Musique]