• il y a 2 ans
Anne Fulda reçoit Agnès Verdier-Molinié pour son livre «Où va notre argent ?»  dans #HDLivres

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Transcription
00:00 Bonjour Agnès Verdier-Moli.
00:02 Bonjour.
00:02 Alors vous êtes directrice de l'IFRAP, ce think tank libéral qui évalue les administrations et les politiques publiques.
00:11 Et vous venez de publier "Où va notre argent ?" un livre qui est paru aux éditions de l'Observatoire.
00:16 Un réquisitoire implacable et très convaincant, il faut bien dire.
00:21 Alors vous écrivez "Nous sommes le pays de la zone euro le plus dépensier, le plus taxé,
00:26 mais tous les services publics s'effondrent les uns après les autres. L'éducation, la santé, la justice,
00:31 même pour obtenir un passeport aujourd'hui cela prend des mois."
00:34 Alors pourquoi cette particularité française ?
00:37 Oui, ce que nous vivons tous est absolument incroyable.
00:40 On paye énormément d'impôts, on est les plus taxés et en face on a l'impression qu'à la fois à l'hôpital, à l'école,
00:46 dans les crèches, pour avoir un passeport, c'est de plus en plus compliqué.
00:52 Finalement on se pose la question, et c'est la question que je pose avec ce livre, mais où va l'argent ?
00:57 Qu'est-ce qu'on fait de cet argent des Français, des entreprises françaises, durement gagnées,
01:02 qui finalement est quasiment envoyée dans une sorte de trou noir dont on ne peut pas avoir d'informations,
01:11 on ne sait pas comment il est utilisé.
01:13 Et quand on pose des questions sur comment on utilise l'argent public,
01:18 souvent on se prend des portes et c'est très incroyable par rapport à ce qui se passe ailleurs en Europe
01:24 où finalement on encourage au contraire à faire des classements, à faire des comparaisons,
01:28 à challenger les gestionnaires publics, il y a des parlements qui sont hyper opérationnels là-dessus,
01:33 qui se font aider, qui évaluent chaque euro d'argent public qui est dépensé.
01:37 Et chez nous c'est quasiment un gros mot de poser la question,
01:42 alors que c'est l'article 14 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen que je mets à l'arrière du livre,
01:47 tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants
01:51 la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement et d'en suivre l'emploi.
01:57 Et alors là par exemple il y avait le classement des hôpitaux et des cliniques depuis des années dans le point.
02:02 Maintenant il n'y a plus accès aux données, on n'a plus le droit de faire des classements.
02:07 Mais sous quel prétexte ?
02:09 A sous le prétexte qu'on pourrait choisir un hôpital ou une clinique plutôt qu'un autre ?
02:13 En fonction de ses performances.
02:15 Mais attendez, c'est incroyable.
02:17 Au XXIe siècle, en France, le pays de la liberté, le pays où on taxe le plus les gens,
02:22 finalement on leur dit "ben non, circulez, il n'y a rien à voir, vous n'avez pas le droit de regarder la qualité du service public".
02:28 Et c'est ça le sujet fondamental, c'est que la qualité du service public est en train de s'effondrer,
02:32 alors qu'on n'a jamais mis autant d'argent dans le système.
02:35 Alors la question c'est effectivement où va cet argent ?
02:38 Et oui c'est la question que je pose et je réponds avec des chapitres en expliquant
02:43 que par exemple sur l'éducation, finalement l'éducation privée sous contrat
02:47 coûte beaucoup moins cher à la collectivité, même quand on compte la part payée par les parents,
02:52 c'est moins cher de 3000 euros par élève et par an pour une place en lycée.
02:57 Et finalement si on appliquait les tarifs de l'enseignement privé sur l'enseignement public,
03:02 ce serait 29 milliards d'euros d'économie par an.
03:05 Et donc je montre bien par là même que ce n'est pas les milliards qu'on met dans un service public
03:11 qui garantissent une qualité à l'arrivée, parce que tous les ministres quasiment scolarisent
03:16 leurs enfants dans le privé aujourd'hui, et ne parlons pas des députés.
03:20 Et la réalité c'est que derrière finalement on dit "non non il ne faut pas toucher à l'organisation,
03:25 il ne faut pas augmenter le nombre de places dans le privé sous contrat".
03:28 Mais pourquoi ? Sous quel prétexte ? En Seine-Saint-Denis par exemple, je le dis dans le livre,
03:32 il n'y a que 8% de places dans l'enseignement privé sous contrat.
03:35 Pourquoi on n'ouvrirait pas les vannes ? Pourquoi on ne permettrait pas plus de choix pour les parents et pour les élèves ?
03:40 Tout le monde le demande. Et au lieu de ça, on accuse le privé de non mixité.
03:45 Mais c'est incroyable quand même. Et la situation est en train de se retourner,
03:51 parce que les citoyens, et on l'a vu en toutes les études ces derniers jours,
03:55 notamment à l'occasion d'en avoir pour nos impôts qui a été lancée par Gabriel Attal,
04:00 mais les Français ne sont pas satisfaits de la qualité de leur service public.
04:04 Et ça c'est vraiment quelque chose de très nouveau, cette prise de conscience.
04:09 Alors quelles solutions ? Est-ce qu'il faut tout remettre à plat et réfléchir finalement à un nouveau modèle ?
04:13 Parce que nous avons été le fameux modèle social pendant des années,
04:16 et là effectivement on voit qu'on est à un point de non-retour, que ça bloque, ça ne marche plus.
04:20 Les solutions c'est quoi ? Tout simplement faire ce qu'ont fait les pays du nord de l'Europe notamment,
04:25 qui par exemple pour certains décident de ne pas s'endetter pour financer l'assurance maladie ou les retraites.
04:31 Pour d'autres disent "attends on met un bouclier fiscal pour ne pas payer trop d'impôts"
04:38 jusque finalement des niveaux d'impôts qui sont rédhibitoires
04:41 et qui font qu'il y a beaucoup de Français aussi qui ont quitté la France.
04:44 D'autres qui disent qu'on met le frein à l'endettement dans la Constitution, comme les Allemands.
04:48 Et je suis allée chercher dans…
04:49 – Oui vous avez donné tout de suite une liste.
04:51 – Voilà, 20 principes, parce que ces principes, ce sont les principes qui permettent justement
04:56 que chacun se sente responsable à tous les niveaux, les ministres, les députés, les élus locaux,
05:00 les directeurs d'administration, local, central, les directeurs aussi de caisse sociale,
05:05 que chacun tout d'un coup, parce qu'aujourd'hui finalement c'est l'argent public,
05:09 donc on y va, on dépense sans compter, on gaspille.
05:12 Alors que si on appliquait les principes que je propose,
05:15 ça renverserait la vapeur et on serait beaucoup plus protégé.
05:18 On n'aurait pas cette dépense publique qui va jusqu'à 58% de la richesse nationale
05:22 et ces impôts qui n'ont jamais été aussi hauts qu'en 2022
05:26 puisqu'on est au pic en termes de prélèvements obligatoires.
05:29 – Alors, je vous conseille vraiment de le lire,
05:32 parce qu'effectivement on pourrait en parler encore pendant des heures,
05:35 parce que c'est un livre avec beaucoup d'exemples, il n'y a pas qu'un constat, désolé,
05:39 il y a aussi des exemples et des pistes à suivre surtout.
05:42 Donc ça s'appelle "Où va notre argent ?", c'est aux éditions de l'Observatoire.
05:46 Merci beaucoup Agnès Ferdouz-Moulinier. – Merci, merci beaucoup.
05:49 [Musique]
05:54 [SILENCE]