Anne Fulda reçoit Blanche de Richemont pour son livre «Allez, courage !» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Blanche de Richemont.
00:02 Alors, vous êtes écrivain, vous avez déjà écrit une douzaine de livres.
00:05 Vous êtes aventurière, comme il est écrit au dos de votre livre,
00:09 ce qui n'est pas donné à tout le monde.
00:10 Vous avez d'ailleurs écrit des livres, notamment concernant vos voyages au Sahara,
00:14 dans le Sahara, et vous venez de publier "Allez, courage,
00:18 petit traité de l'ardeur", et c'est paru aux presses de la cité.
00:20 Alors, un livre avec ces deux notions de courage et d'ardeur
00:25 qui semblent cousines, qui ne sont pas exactement les mêmes.
00:28 D'ailleurs, vous dites que c'est votre amie Sylvain Tesson
00:31 qui vous a mis la puce à l'oreille pour vous parler.
00:34 Vous évoquiez aussi ce qu'on appelle l'ardeur.
00:37 Oui, parce qu'en fait, il m'avait dit "Mais Blanche, de quel courage tu parles ?"
00:41 Parce qu'évidemment, il y a plusieurs formes de courage.
00:44 Mais bon, il y a quand même une définition
00:47 dans le dictionnaire de la langue française.
00:50 Courage est un dérivé du mot "coeur".
00:52 Donc, courage, c'est avoir du coeur à l'ouvrage.
00:55 Donc, c'est avoir de l'ardeur.
00:57 Et donc, moi, je lui dis, mais moi, je parle du courage de la vie quotidienne,
00:59 du courage de tous les jours, pas juste le courage qui est de la bravoure,
01:02 pas juste de l'audace, pas juste de la force, mais vraiment,
01:05 d'avoir du coeur et de l'ardeur dans ce qu'on entreprend.
01:08 C'est une façon d'être au monde.
01:09 Alors, il m'a dit "Mais alors, ton livre, ce n'est pas seulement le courage,
01:12 c'est surtout l'ardeur."
01:13 Alors, du coup, il s'est levé pour célébrer et honorer ce mot.
01:17 Nous, on était tous les deux très contents.
01:18 Oui, c'est ça, c'est l'ardeur.
01:19 C'est l'ardeur.
01:20 Alors, pour écrire ce petit traité,
01:23 vous vous êtes isolée dans une petite cabane en bois, dans le Morvan.
01:26 Et d'ailleurs, c'est drôle, parce qu'à un moment, vous vous
01:29 opposez à ceux qui vous disent "bon courage", comme s'il y avait...
01:33 C'est vrai que cette expression "bon courage", elle est assez courante
01:37 dans le langage commun et souvent, elle est utilisée à mauvaise essie,
01:42 en fait, sans réelle justification, ce que vous trouvez.
01:45 Mais moi, ça m'a un peu étonnée.
01:47 Je me demande, même tout à l'heure, un vendeur a dit à un client
01:51 "bonne journée, bon courage".
01:53 Comme si c'était maintenant normal de dire "bon courage".
01:55 Mais pourquoi, en fait ?
01:56 Pourquoi tout le monde dit "bon courage" tout le temps ?
01:58 On a l'impression qu'on a tous des vies atroces et qu'il faut du courage
02:01 rien que pour vivre.
02:02 Alors oui, il faut du courage pour vivre, mais pas n'importe quelle vie.
02:05 Du courage pour vivre au-delà de soi, du courage pour vivre grand,
02:08 du courage pour avoir du coeur, pour avoir une forme de liberté,
02:13 pour être un résistant dans des temps un peu obscurs,
02:16 un peu cyniques, un peu désenchantés.
02:18 Alors oui, on peut appeler le courage tous les jours.
02:20 Mais là, c'est dit comme si "allez, c'est dur, n'est-ce pas ? C'est dur".
02:23 Ben non, réveillons la flamme au lieu d'être juste à ressasser la fange.
02:28 Oui, alors vous avez choisi, vous parlez de votre propre cas,
02:33 mais c'est vraiment, ce n'est pas le coeur du sujet, le coeur du livre.
02:36 Le coeur du livre, c'est que vous êtes intéressé à des personnalités
02:39 qui écrivez vous, vous élèvent.
02:41 Et alors, dans ces personnalités, il y a des personnalités
02:43 aussi différentes que Sylvain Tesson, qu'on vient de citer.
02:46 Lucien-Jean-Baptiste, Amaurie de Haute-Cloche, Etienne Klein,
02:49 Nico, c'est puis une sœur ermite aussi.
02:51 En quoi cette sœur ermite, qui vit donc hors du monde,
02:56 dans des conditions très difficiles, représente le courage à vos yeux ?
03:03 Pour moi, j'ouvre mon livre sur cette sœur.
03:06 Pour moi, elle est un exemple de courage immense,
03:08 parce que cette femme, elle a eu l'appel de Dieu, de l'ermitage.
03:12 Donc elle vit dans la montagne, toute seule, dans une petite cabane
03:16 et elle dort dans une grotte depuis presque 30 ans.
03:20 Elle a 65 ans quand vous l'avez vue.
03:21 Voilà. Et elle dit, si ce matin, je me réveille et que je ne me lève pas
03:28 et que je n'ai pas envie et que je reste juste cloîtrée là,
03:31 contre moi-même, dans le froid, dans la solitude, tout le monde s'en fout.
03:35 Personne ne va s'en rendre compte.
03:37 Et elle se dit, mais je me lève quand même et je retrouve la foi
03:40 et je vais allumer cette bougie dans ma petite chapelle et je vais allumer le feu.
03:44 En fait, elle a le courage de vivre au-delà d'elle-même
03:46 pour rien d'autre que pour le mystère, sans aucune rentabilité,
03:50 sans aucun accord, sans aucun regard qui l'encourage.
03:54 Elle va juste chercher le courage au cœur d'elle-même,
03:56 dans son mystère, dans sa foi, sans personne,
04:00 dans une solitude absolue qui, pour elle, est une solitude habitée.
04:03 Moi, je pense souvent à elle quand je trouve que la vie est difficile
04:05 et je me dis, allez, relève-toi, pense à celle et ceux
04:08 qui savent se relever tout seul, par eux-mêmes.
04:11 Alors, la question qui en découle, c'est,
04:12 est-ce qu'obligatoirement sont liées à cette notion de courage,
04:15 les notions aussi de sacrifice et de sacré ?
04:19 Alors, sacrifice, c'est un mot qui n'est pas vraiment à la mode,
04:22 mais c'est un mot magnifique parce qu'à la base,
04:26 sacrifice, c'est rendre sacré.
04:29 Alors, il n'est pas question de se sacrifier, mais d'une certaine manière,
04:33 on sacrifie tous quelque chose un peu de soi,
04:35 si on veut se donner à plus haut que soi.
04:38 Une mère, elle se sacrifie un peu pour ses enfants,
04:41 à plein d'endroits, à plein de moments.
04:43 Quand on sacrifie toujours quelque chose de soi,
04:45 on abandonne quelque chose de soi, on meurt un petit peu à soi,
04:48 sur nos certitudes, nos convictions, nos zones de confort.
04:53 On va plus haut.
04:54 Alors, oui, on sacrifie quelque chose et c'est magnifique
04:56 parce que finalement, comme ça, on s'épure.
04:59 - Il est sacré ? - Comment ?
05:00 - Il est sacré ? Il y a le sacré ?
05:02 - Oui. - Il est sacré et on terminera là-dessus ?
05:04 - Oui, bien sûr.
05:05 Alors, qu'est-ce que ça veut dire, rendre sacré ?
05:06 Rendre sacré, c'est mettre un petit peu de divin,
05:09 mettre un petit peu de mystère, mettre quelque chose un peu plus haut,
05:11 donner une autre dimension à ce qu'on fait.
05:14 J'ai la sensation que dès qu'on s'élève,
05:16 dès qu'on se voue à plus grand que soi,
05:18 dès qu'on se donne à plus grand que soi,
05:20 on ouvre un peu cette autre dimension.
05:23 Mais quel que soit le lieu, quel que soit l'endroit
05:25 ou quelles que soient les raisons pour lesquelles on se donne.
05:27 - En tout cas, merci, Blanche de Richemont.
05:30 Je vous conseille vraiment ce livre revigorant
05:33 que vous pouvez offrir notamment aux jeunes dont vous déplorez,
05:36 à propos desquels vous déplorez,
05:37 qu'ils soient trop souvent collés à leur écran de téléphone
05:40 plutôt que d'être mues par courage et ardeur.
05:43 Donc ça s'appelle "Allez courage, petit traité de l'ardeur".
05:46 Et c'est paru aux presses de la Cité.
05:47 Merci beaucoup. - Merci beaucoup.
05:49 [Musique]
05:52 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]