La confrontation avec :
Denis Digel, producteur de légumes à Sélestat
Alain Fontaine, chef propriétaire du restaurant Le Mesturet à Paris, président de l’AFMR (Association Française des Maîtres Restaurateurs)
Felix Bodoule-Sosso, Porte-parole de la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes)
Me Camille Pradel, Avocat, membre du cabinet Pradel avocats, spécialisé en droit de la santé au travail, intervient depuis plus de 30 ans pour des groupes du CAC 40 et des PME sur le sujet de la santé au travail
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##LA_CONFRONTATION-2023-06-02##
Denis Digel, producteur de légumes à Sélestat
Alain Fontaine, chef propriétaire du restaurant Le Mesturet à Paris, président de l’AFMR (Association Française des Maîtres Restaurateurs)
Felix Bodoule-Sosso, Porte-parole de la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes)
Me Camille Pradel, Avocat, membre du cabinet Pradel avocats, spécialisé en droit de la santé au travail, intervient depuis plus de 30 ans pour des groupes du CAC 40 et des PME sur le sujet de la santé au travail
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00:00 Pour ne rien manquer, abonnez-vous maintenant !
00:03 Sud Radio parlons vrai chez Bourdin 10h30 midi 30 Jean-Jacques Bourdin
00:08 pénurie de main d'oeuvre un peu partout les chiffres du chômage c'est vrai sont en baisse mais tout de même 7,2%
00:16 de chômeurs c'est quand même encore
00:18 important donc que se passe-t-il des agriculteurs doivent détruire leur récolte faute de main d'oeuvre des cafés restaurants
00:25 parfois doivent fermer
00:27 notamment dans certaines régions très touristiques des entreprises dans plusieurs secteurs refusent des contrats à cause d'un manque de main d'oeuvre
00:34 où est le problème est-ce un problème de salaire est un problème de logement de formation de conditions de travail évidemment est-ce une
00:42 dévalorisation du travail parfois une paresse collective
00:46 je ne sais pas mais nous allons débattre du sujet évidemment entre 10h et 11h sur l'antenne de Sud Radio avec plusieurs invités et des témoignages
00:55 d'ailleurs si vous voulez témoigner n'hésitez pas 0 826 300 300 pour témoigner Alain Fontaine chef propriétaire du restaurant
01:01 le mesturé à Paris président de l'association française des maîtres restaurateurs bonjour bonjour merci d'être avec nous félix
01:09 baudoul sosso qui porte parole de la fage la fédération des associations générales étudiantes
01:14 bonjour et puis maître camille pradel qui est avocat membre du cabinet pradel avocat spécialisé en droits de la santé au travail
01:21 vous intervenez depuis
01:24 des dizaines
01:25 pas dire de dizaines d'années depuis plusieurs années je vais être
01:28 depuis plusieurs années oui depuis longtemps pour des groupes du cac 40 des pme sur le sujet majeur de la santé au travail
01:36 réalisation et mise à jour du document unique d'évaluation des risques professionnels c'est ce que vous publiez chez
01:43 LexisNexis et cela bien alors nous allons parler
01:47 de ce problème de main d'oeuvre avec un témoignage pour commencer vous allez l'entendre
01:53 c'est le témoignage d'un maraîcher et nous partons pour l'alsace
01:57 célesta
01:59 célesta en alsace denis digel et producteur de légumes denis digel vous êtes avec nous bonjour
02:06 Il fait beau en alsace il fait très beau très très beau bon vous êtes maraîcher vous avez que cultivez vous
02:17 c'est un peu tous les légumes de saison qu'on peut faire en alsace au moment on est dans les salades
02:23 les radis les concombres et tomates qui commencent
02:25 plein de légumes différents une soixantaine sur l'année une soixantaine de légumes différents bon
02:29 soixantaine de légumes différents donc vous êtes un ce qu'on peut appeler un gros maraîcher hein denis digel
02:36 gros pour des petits et un petit pour des très gros d'accord
02:40 une dizaine d'hectares
02:42 vous vous êtes à peu près une dizaine d'hectares c'est ça
02:45 dizaine d'hectares bien
02:48 est-il vrai que vous avez dû l'année dernière
02:52 abandonner une partie de votre production par manque de main-d'oeuvre
02:56 est-il vrai que cette année aussi vous avez été obligé d'abandonner de ne pas récolter de ne pas ramasser
03:04 certains légumes par manque de main-d'oeuvre
03:07 oui oui c'est vrai c'est de plus en plus fréquent malheureusement
03:11 alors on avait l'habitude enfin l'habitude c'est un grand mot on avait
03:15 l'habitude oui de
03:17 détruire la marchandise qu'on vendait pas à faute de marché quand la distribution met trop la pression et qu'on est trop de produits
03:23 on détruit des fois mais là il ya une grosse demande dans les produits locaux
03:27 en Alsace on est très chauvin mais aussi une grosse demande dans les produits nationaux le Madin France elle vend en poupe
03:32 et il ya une grosse demande et puis derrière on n'arrive pas à semer et puis on met les productions en route
03:39 en hiver on a envie de faire plein de choses et donc on prend un temps commence à semer
03:43 bien faire nos plannings et puis arrive la récolte
03:47 des fois il manque de bras et ça arrive de plus en plus souvent et ça arrive de plus en plus souvent c'est arrivé cette année
03:53 c'est arrivé cette année j'ai dû laisser de l'épinard j'ai dû laisser du radis au champ
03:57 vous avez dû laisser au champ des épinards et des radis
04:02 des épinards, des radis, la semaine dernière des petits pois, faute de bras pour récolter, l'année dernière j'avais des haricots
04:09 15% de ma production je devais laisser au champ
04:13 15% de votre production au champ alors qu'on importe alors qu'on importe en France, je voudrais quand même le rappeler, on importe en France
04:21 un légume ou un fruit sur deux à moitié
04:25 la moitié c'est à dire qu'on laisse au champ des légumes qu'on produit en France et on importe de l'étranger
04:32 des légumes les mêmes oui oui tout à fait tout à fait les mêmes pas tout à fait ils sont produits dans d'autres circonstances
04:39 en environnemental et social et pas de même qualité dans tous les cas et pas de même qualité
04:44 voilà donc nous on est sur on est sur pas de l'artisanal on est très professionnel mais c'est quand même des produits de grande qualité
04:49 on y prend soin et malheureusement on en prend tellement soin que
04:53 des fois on n'arrive pas à les récolter et c'est vraiment dommage on parle de souveraineté alimentaire
04:58 parler de un légume sur deux qui est importé c'est un drame, c'est un drame pour la France c'est un drame pour les savoir-faire qui disparaissent
05:06 mais voilà donc nous notre rôle c'est de nourrir nos congénères et on a du mal.
05:11 - Alors Denis Dijel pour ramasser vos récoltes vous faites appel à qui ?
05:17 - On faisait longtemps appel à des polonais
05:21 on avait un petit filon entre guillemets si on peut appeler ça un filon de manœuvre polonaise
05:26 et cela s'est arrivé depuis quelques années et puis maintenant on fait appel à des
05:31 salariés locaux alors des salariés des petites mains, des petites mains qualifiées
05:36 il faut tout dans une exploitation agricole
05:38 il faut des gens compétents, des encadrants finalement on manque des manœuvres dans tous les rayons je veux dire un chauffeur de tracteur
05:45 c'est pas compliqué mais il faut le savoir
05:47 c'est presque introuvable
05:50 quelqu'un qui encadre une équipe c'est presque introuvable et après évidemment c'est toujours une question de moyens
05:55 on est aussi un peu entre le marteau et l'enclume
05:58 pour recruter parce qu'on nous donne pas le marché nous paye pas assez pour rémunérer
06:03 plus fort, mieux ses collaborateurs.
06:07 - Alors vous ne trouvez pas de main d'œuvre parce que vous ne pouvez pas offrir de salaire
06:11 correct parce que vous ne pouvez pas loger la main d'œuvre ou parce que la main d'œuvre ne veut pas travailler ?
06:20 - Il y a un peu de tout, il y a un peu de tout, il y a un peu tous les phénomènes
06:24 le logement c'est autre chose mais je veux dire
06:27 on a des travaux qui sont quand même durs et c'est pas non plus la mer à boire mais
06:33 pour lui il y a quand même un changement d'attitude de la part des français, des travailleurs
06:38 c'est plutôt comment dire le travail facile qui prend le dessus et les gens pensent plutôt à eux
06:46 qu'à l'effort, qu'à l'entreprise et on le paye aujourd'hui.
06:51 Il y a deux ans nos métiers étaient dits essentiels
06:55 tout le monde voulait travailler dehors, tout le monde voulait travailler chez les paysans et aujourd'hui c'est complètement inversé.
07:00 - C'est à dire que plus personne ne veut travailler la terre ?
07:02 - On exagère en disant plus personne.
07:05 - Oui on exagère plus personne.
07:07 Mais alors Denis Dijel, quel salaire...
07:09 Par exemple je viens pour ramasser... c'est saisonnier, c'est un travail saisonnier ?
07:15 - C'est saisonnier donc moi j'ai des saisons qui sont longues parce que je fais beaucoup de légumes
07:19 différents donc j'ai des grandes saisons, moi ça part de mars jusqu'à octobre, novembre.
07:24 - Bon, mars, octobre, novembre, je viens chez vous, je dis vous m'employez, vous m'offrez quoi comme salaire ?
07:29 - C'est le SMIC plus les 10% de congés payés
07:32 parce qu'il faut des petites mains et parce qu'il faut un ou deux mois pour former les gens
07:36 et puis après aussi les heures supplémentaires.
07:39 On a le dossier indicton qui dit c'est les heures qui ramènent le salaire.
07:42 - Oui.
07:44 - Un 35 heures SMIC c'est vrai que ça ramène pas...
07:46 - Donc le SMIC plus les heures supplémentaires c'est ça ?
07:50 - Oui plus les 10% de congés payés
07:52 et si le salarié il est bon on essaie de le gratifier.
07:56 - Oui évidemment.
07:58 - Mais le problème c'est qu'il ne reste pas le salarié.
08:00 - Il ne reste pas pourquoi ? Parce qu'il trouve le métier trop difficile ?
08:04 - Trop difficile, trop exigeant, les gens n'ont plus la résistance qu'ils avaient,
08:10 résistance à l'effort qu'ils avaient, c'est dur quand on travaille en hiver il fait un peu froid,
08:16 en été il fait chaud, donc c'est sûr que c'est un peu plus compliqué mais
08:20 les gens qui travaillent dans les bureaux c'est aussi difficile,
08:24 qu'est-ce qu'il y a qu'au difficile aujourd'hui, qu'est-ce qu'il y a qu'au facile aujourd'hui.
08:28 - Merci Denis Dijel.
08:30 - Merci d'avoir mis la lumière sur ce problème et j'espère que ça va s'inverser.
08:36 - On est là pour en débattre, justement autour de la table,
08:40 qui veut réagir à ce que vient de dire Denis Dijel ?
08:44 Alain Fontaine ?
08:46 - Oui, oui, moi je l'ai écouté parce que forcément les restaurateurs
08:52 et en particulier les maîtres restaurateurs comme on fait tout maison,
08:54 on est très proche de nos agriculteurs et on connaît ce problème.
09:00 Alors ils ont plusieurs problèmes, lui il a les problèmes de ramassage effectivement
09:04 et puis ceux du sud-ouest, les volailles, c'est les problèmes de grippe aviaire.
09:08 Donc les agriculteurs sont terriblement impactés, on a l'impression qu'ils sont toujours en train de demander
09:14 mais ils ont bien raison parce qu'effectivement ils sont terriblement impactés,
09:17 et puis là vous avez les orages.
09:18 En matière effectivement, et on va le voir encore plus intensément au niveau des vendanges,
09:22 dans pas très très longtemps, les vendanges qui sont vraiment un travail de saison et très court,
09:27 on n'a pas la main d'oeuvre.
09:29 Alors, ne pas avoir la main d'oeuvre et en restauration, nous on a des problèmes aussi pour la trouver,
09:34 en particulier sur les côtes et sur toutes les villes de vacances.
09:38 - Je vais vous raconter un témoignage qu'on a eu,
09:40 d'ailleurs j'incite les auditeurs à appeler 0826 300 300, c'était il y a trois jours.
09:46 Nous étions dans l'Aude, c'était un restaurateur, quartier restaurateur,
09:51 et la saison approchant, il avait besoin évidemment de personnel.
09:55 Il est allé organiser avec Pôle Emploi, et puis je ne sais plus quelle autre association,
10:01 une rencontre avec de potentiels salariés.
10:06 Il avait 80 rendez-vous prévus à Narbonne, 8 seulement sont venus,
10:11 un seul a accepté éventuellement de venir travailler.
10:16 Je dis bien éventuellement parce qu'il est venu travailler une journée,
10:20 il est venu à l'essai et le lendemain il n'est pas revenu.
10:23 Ça vous surprend ?
10:24 - Alors non, ça ne me surprend absolument pas, parce que c'est exactement la moyenne quand on cherche.
10:28 Alors sur Paris, quand on cherche quelqu'un, on a des retours de CV d'environ 80,
10:32 on fait les rendez-vous, et sur les... on va en choisir une vingtaine,
10:37 et sur les rendez-vous, on en a trois qui se présentent,
10:40 et si on arrive à en avoir un, c'est bien le tout.
10:43 Alors, ça veut dire quoi ? Que ces métiers de service, ces métiers difficiles,
10:46 ça ne veut pas dire que... vous parliez Paris tout à l'heure,
10:49 ça ne veut pas dire que les jeunes, ou même les gens, sont devenus fainéants, pas du tout.
10:53 C'est ce qu'on appelle le fameux rapport au travail, dont tout le monde parle,
10:56 mais ne se rendent pas compte de ce que c'est.
10:58 Le rapport au travail, c'est qu'il y a une économie moderne qui s'est mise en place depuis des années.
11:02 Nous, chefs d'entreprise, pour les restaurateurs, on n'a pas vu le coup arriver,
11:07 et le Covid a bien sûr tout accéléré,
11:10 mais il fallait bien évidemment que l'environnement contractuel des étudiants, des saisonniers,
11:17 se modifie considérablement.
11:19 Parce qu'aujourd'hui, il y a une nouvelle économie qui s'est mise en place,
11:21 et bien évidemment, ils sont attirés par des choses moins dures.
11:24 Travailler le week-end, travailler le soir, ramasser des choses,
11:28 quand on vous propose quelque chose de plus facile, 35 heures,
11:33 c'est différent, les choses ont changé.
11:37 Donc il faut que pour attirer tous ces jeunes, et ces saisonniers aussi,
11:41 il va falloir un environnement contractuel qui se modifie.
11:44 - On va continuer sur le constat, ensuite nous verrons quelles sont les solutions
11:47 pour essayer de pallier ce manque de main d'oeuvre.
11:50 Mais une petite pause, je vous donne la parole,
11:53 il est 11h15 et vous êtes sur Sud Radio.
11:56 - Sud Radio parle en vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
12:02 - Il est 11h17, débat autour du manque de main d'oeuvre.
12:07 Alors, vous avez entendu, là je me tourne vers Félix Baudoul-Sosso,
12:11 vous êtes porte-parole de la Fédération des associations générales étudiantes,
12:15 comment se fait-il que des étudiants n'aillent pas répondre aux demandes de Denis Dijel ?
12:19 Je ne sais pas, pour deux mois, par exemple, l'été ?
12:22 - Déjà, merci pour votre témoignage Denis, c'était très éclairant.
12:25 Je pense qu'il y a plusieurs raisons.
12:27 Premièrement, il y a le fait que sur des périodes estivales,
12:30 il y a encore beaucoup d'étudiants, contrairement à ce qu'on pense,
12:32 qui restent sur les campus parce qu'ils ont soif des rattrapages.
12:35 Il y a certains stages aussi, par exemple, je suis étudiant en médecine,
12:38 on est toujours en stage l'été et on a des révisions pour des concours
12:40 qui vont suivre juste après la rentrée universitaire.
12:43 Il y a aussi des situations, et ça ne concerne pas une minorité d'étudiants,
12:47 qui sont des contraintes proprement pédagogiques.
12:50 Il y a ce premier point, quand même, où forcément, c'est une impossibilité,
12:54 puisqu'on a déjà, au niveau du décrochage en licence,
12:56 c'est le salarié étudiant qui est responsable du décrochage en licence,
13:00 donc on ne peut pas partir en saison deux mois,
13:02 alors qu'on a des examens soit sur la mi-août ou alors qu'on est en stage.
13:05 - Oui, mais tout le monde, pas tout le monde.
13:07 Si vous passez, par exemple, vous venez d'obtenir votre bac,
13:11 vous allez entrer à l'université, vous avez peut-être un mois pour travailler.
13:16 - Alors, effectivement, on peut voir ça comme ça.
13:19 Enfin, pareil, j'ai travaillé en centre R.A. tout le monde.
13:22 - On l'a tous fait, à la table, on a tous travaillé l'été.
13:24 - Ce que j'observais, parce que ça fait 5-6 ans que je suis étudiant,
13:27 donc il y a 5-6 ans, j'étais en centre R.A. l'été,
13:30 et ce que j'observe, c'est qu'à l'entrée, donc après le bac,
13:32 les étudiants qui arrivent à l'université,
13:34 avec la pression aussi qu'il y a autour de parcours subs,
13:36 du fait qu'il y a beaucoup d'étudiants qui anticipent
13:37 et qui ont une anxiété sur la rentrée universitaire,
13:39 il y en a beaucoup qui bossent tout l'été,
13:40 ils vont bosser sur des cours, je pense par exemple au concours,
13:42 comme le concours médecine,
13:43 ou même sur certaines licences qui peuvent être sélectives,
13:45 ils vont se mettre à travailler dès l'été.
13:47 Donc forcément, ça fait une source de stress supplémentaire.
13:49 Après, ça n'empêche que je suppose qu'il y a...
13:51 Moi, j'ai bossé aussi, donc c'était une bonne expérience,
13:53 ça permet d'entrer aussi une première expérience dans le monde professionnel,
13:56 donc c'est tout à fait enrichissant.
13:57 Mais il y a des contraintes comme celles-ci qui rendent la chose pas faisable.
14:00 Et puis après, il y a aussi une forme de...
14:02 Bon, ça, c'est un discours qui peut être vous-en entendu,
14:03 mais un droit aux vacances.
14:04 Qui ont passé l'année à bosser aussi leur bac,
14:07 qui ont passé l'année à bosser des partiels.
14:09 Pareil, on se dit qu'étudiants en études,
14:10 on passe notre année en stage à être 40-50 heures par semaine à l'hôpital parfois.
14:13 Bon, on a peut-être aussi envie de se prendre un petit mois.
14:15 - Bon, quel est le rapport au travail ?
14:18 Quel est le... Qu'a changé, Maître Pradel ?
14:20 - Alors, moi, quand j'écoute tout ça,
14:22 je me dis que c'est pas la réglementation qui sera une solution.
14:25 - Oui.
14:26 - Que dans nos échanges, là, on se disait,
14:28 est-ce que ce serait pas aussi cultiver le goût
14:31 de travailler dès qu'on est jeune dans des initiatives de contrat saisonnier ?
14:35 Et y aller entre amis, entre potes,
14:38 et avoir cette joie de travailler ensemble.
14:41 Peut-être dès le lycée d'ailleurs, parce qu'on peut travailler dès 16 ans.
14:43 - Dès 16 ans, oui.
14:44 - Donc, ce serait possible que les métiers aillent dans les lycées
14:48 et proposent des jobs pour l'été,
14:50 et gagner comme ça de l'argent,
14:52 et partir justement en vacances en ayant un peu de sous.
14:55 - Oui.
14:56 - Oui, moi, je...
14:57 - Je sens que vous n'êtes pas tout à fait d'accord
15:00 avec cette vision.
15:03 - Non, je vois un risque assez évident de dérive.
15:05 C'est qu'on est, comme on peut avoir souvent,
15:08 dans beaucoup de métiers saisonniers,
15:10 et on l'a aussi dans le job étudiant,
15:11 c'est qu'on a une surreprésentation des étudiants ou des jeunes
15:13 qui sont issus de classes défavorisées,
15:15 qui pour pallier à des problèmes financiers,
15:17 c'est eux qui doivent bosser et qui vont supporter ce coup-là.
15:19 Si on est que sur de l'encouragement et de l'incitatif,
15:21 c'est très bien s'il y a des étudiants, des jeunes, des lycéens
15:23 qui veulent aller bosser et qui sont incités à le faire,
15:25 et qu'on l'encourage.
15:26 Encore une fois, il faut avoir de l'incitation,
15:27 et pas de la contrainte, c'est très bien.
15:28 Maintenant, le problème, c'est qu'on a aussi un système d'aide sociale,
15:30 que ce soit à l'étudiant ou parfois aussi aux jeunes,
15:32 qui n'est pas suffisant,
15:33 et donc ça peut faire un petit peu chantage à la fin.
15:35 Même si j'entends tout à fait que les pénuries de main-d'œuvre
15:38 et tous les problèmes qui ont été soulevés,
15:40 il y a une contribution aussi des jeunes à avoir,
15:42 c'est évident, j'entends tout à fait.
15:43 Mais à l'instant, ça doit se faire par une politique incitative.
15:45 Et bon, aujourd'hui, je ne saurais pas vous dire,
15:48 parce que niveau étudiant, ce qu'on observe,
15:49 c'est quand même très plus différent.
15:50 - Mais le constat, c'est qu'on a un problème de main-d'œuvre.
15:53 En France, aujourd'hui.
15:56 On a un problème de main-d'œuvre dans de très nombreux domaines.
15:58 Je regardais, je regardais,
16:01 on manque de couvreurs, couvoirs ingueurs, pharmaciens,
16:03 aide à domicile, aide ménagère, infirmiers, cadre infirmier,
16:06 puriculteurs, puricultrices, employés de libre-service,
16:10 agents hospitaliers, dans le commerce, l'industrie.
16:13 On manque de main-d'œuvre dans la construction, dans l'agriculture.
16:16 C'est énorme !
16:18 - Oui.
16:20 - Alors, moi, je pense qu'il faut vraiment distinguer les métiers
16:22 qui nécessitent un diplôme, par exemple infirmier ou couvreur,
16:25 et des métiers qui peuvent être déployés dans la saison,
16:28 par des étudiants, pour ce qui est des travaux agricoles.
16:31 - Mais est-ce que la France est devenue paresseuse ?
16:33 Je vais jusqu'au bout.
16:35 Est-ce que la France est devenue paresseuse ?
16:37 - Non, je ne pense pas.
16:38 - Allez, allons-y, disons-le !
16:40 - Non, la Fonde n'est pas devenue paresseuse.
16:42 Les gens travaillent, travaillent beaucoup,
16:44 mais ils travaillent sur des métiers différents.
16:46 Dans vos métiers, qui ne sont pas d'ailleurs tous,
16:48 il y en a, ce qui sont la plupart dans les métiers en tension,
16:52 c'est-à-dire les fameux métiers en tension,
16:54 et ils sont dedans, dans ce que vous avez cité,
16:56 c'est des métiers de service, souvent, et c'est des métiers du BTP.
16:59 Et les gens ne veulent plus faire ce métier-là.
17:01 C'est un vrai sujet.
17:02 Et on n'est pas sur un problème de salaire.
17:04 On est sur un problème...
17:06 - Quel problème, alors ?
17:07 - Le problème, c'est qu'aujourd'hui, vous avez des économies,
17:10 pas parallèles, le mot serait péjoratif,
17:12 mais une nouvelle économie qui s'est mise en place,
17:14 qui paye bien, pour moins d'efforts.
17:16 Ça veut dire que, de l'autre côté, vous avez une société de loisirs
17:19 qui s'est mise en place, à laquelle la restauration travaille,
17:22 également, et nos employés veulent profiter de cette société de loisirs.
17:26 Quand, dans un EHPAD, quand dans un hôpital,
17:29 vous dites aux gens "vous allez travailler le soir, vous allez travailler le week-end",
17:33 en particulier en restauration,
17:35 ben vous ne les avez pas.
17:36 Donc on en a moins.
17:37 Et la vérité, aujourd'hui, c'est qu'on a été étudiant...
17:40 - Mais est-ce que vous les payez bien ?
17:41 - Alors, voilà, le sujet est là.
17:43 Je crois que les choses ont changé.
17:44 Les étudiants ne sont pas les étudiants d'il y a 30 ans.
17:47 Être étudiant aujourd'hui, c'est très difficile.
17:49 Moi, je le vois sur Paris.
17:51 Il faut payer son loyer, il faut payer sa chambre d'étudiants,
17:54 il faut payer sa nourriture.
17:56 Et on a besoin d'argent, beaucoup plus qu'il y a 30 ans.
18:00 Être étudiant il y a 30 ans, c'était pas facile,
18:03 mais c'était, je dirais, c'était heureux.
18:05 Voilà.
18:06 Aujourd'hui, c'est quand même plus délicat.
18:08 Et, évidemment, les étudiants demandent quand même
18:12 des salaires convenables.
18:14 Alors, j'entendais le SMIC tout à l'heure,
18:16 mais je pense que le SMIC, il va falloir qu'on soit clair,
18:19 n'est pas suffisant pour des étudiants
18:22 qui doivent travailler toute l'année avec cet argent.
18:26 C'est-à-dire que, souvent, ils font leurs études
18:28 et ils vont travailler cet été pour vivre pratiquement 6 ou 7 mois.
18:31 - Bon, là, on a vu le problème des étudiants,
18:33 mais au-delà, au-delà, il y a aussi le problème,
18:37 et vous l'avez dit, et tous les témoignages le disent,
18:39 de celles et ceux qui ne veulent plus exercer de métiers difficiles,
18:43 de métiers pénibles.
18:45 C'est vrai, Maître Pradel ?
18:47 - Alors, il y a...
18:49 - La restauration le week-end,
18:51 la restauration, on a des horaires qui sont difficiles.
18:54 Dans les champs, c'est difficile,
18:56 parce que les conditions ne sont pas toujours très bonnes.
18:59 Enfin, il y a d'autres exemples.
19:01 - Ce qu'il faut se dire, c'est que, même dans un cabinet d'évocation...
19:03 - Un couvreur est sur les toits !
19:05 - Le jeune qui prend un job difficile,
19:08 sur son CV, c'est excellent.
19:10 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, dans les métiers du tertiaire,
19:13 quand vous avez un jeune qui montre que, tous les étés,
19:16 il a été capable de s'investir dans des boulots difficiles,
19:19 je peux dire que, derrière, l'employeur, il n'hésite pas à l'embaucher.
19:21 Donc, on pourrait dire ça aux jeunes, c'est un plus énorme.
19:24 - Mais il n'y a pas de paresse collective, on est bien d'accord.
19:26 Il n'y a pas des loges de la paresse.
19:28 Non, parce que, quand même, quand je vois,
19:30 parfois, une volonté de décroissance,
19:34 ou parfois, une volonté de travailler 4 jours par semaine au lieu de 5,
19:42 il y a parfois une volonté de réduire le temps de travail.
19:46 - Parce que vous appelez "pareil", c'est peut-être juste, comme ça a été dit précédemment,
19:48 un changement de rapport avec le travail.
19:50 - Non, je dis "pareil" par provocation, par enterrement.
19:52 - Mais il y a une petite citation, sur la jeunesse, que je voudrais lire.
19:56 - Allez-y, allez-y !
19:57 "Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur.
19:59 Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux.
20:01 Ceux d'aujourd'hui ne seront pas capables de maintenir notre culture."
20:05 - Qui dit ça ?
20:06 - Eh bien, écoutez, c'est une poterie de Babylone qui date de -300 avant Jésus-Christ.
20:09 Donc, c'est un discours qui n'est pas neuf, quand même.
20:11 Une fois sur la jeunesse, sur la paresse collective.
20:13 Comme c'était dit, je partage complètement l'analyse sur le fait que c'est un changement de rapport au travail.
20:16 Et j'appuierai, parce qu'il y a aussi ce que vous avez évoqué vis-à-vis des jeunes avocats,
20:20 chez les jeunes médecins, on observe aussi qu'il y a un volume horaire qui est différent.
20:24 En général, ils ont tendance à travailler plus collectivement,
20:26 et à avoir des volumes horaires un peu inférieurs,
20:28 ou plus ou moins.
20:30 - Donc, l'une des solutions, et nous allons passer aux solutions,
20:32 parce que les solutions, ça m'intéresse beaucoup, le constat, on l'a fait tous,
20:37 on a une pénurie de main d'oeuvre.
20:39 Mais l'une des solutions, c'est le travail collectif, si j'ai bien compris.
20:42 - Oui.
20:43 - Le travail, hein ?
20:44 - Valorisation, donner du sens, et que les gens aient le goût de l'effort, en effet, en groupe.
20:50 Parce que ça rend heureux de travailler avec des collègues,
20:54 et même très jeunes, des 18 ans, réaliser qu'on peut émpocher ensemble.
20:57 - Oui, mais par exemple, dans un restaurant, il y a un travail collectif !
21:00 - Ah bah, j'imagine, Alain Fontaine...
21:02 - Oui, oui, on a toujours eu un travail collectif, ça c'est clair.
21:04 Et les équipes de restauration, en principe, dans le temps, mais ça se fait toujours, sortent après.
21:09 Il y avait un sort d'art de vivre dans la restauration, qui existe moins.
21:14 Mais c'est vrai que faire des saisons dans les restaurants, c'était quelque chose d'important.
21:19 Les étudiants faisaient des saisons dans les restaurants.
21:21 Ils le font plus aujourd'hui, pourquoi ?
21:23 Parce que, je vous dis, ils sont attirés par d'autres activités.
21:26 Mais en même temps, si vous voulez, ça coûte très cher.
21:29 Je voyais sur certaines régions, sur la côte ouest,
21:33 vous avez des patrons qui sont maintenant obligés de loger les étudiants, les saisonniers, chez eux.
21:38 Pourquoi ? Parce que les saisonniers ne veulent pas venir, il faut payer un loyer.
21:43 Or, sur ces villes de plage... - Gros problème de logement !
21:46 - Mais bien sûr, c'est le logement ! - Bien sûr !
21:48 - En Angleterre, je me rappelle quand j'étais étudiant, on avait ce qu'on appelle des "staff house".
21:52 On était une vingtaine là-dedans, et ça ne nous coûtait rien,
21:54 parce que ça appartenait aux entreprises du coin.
21:56 Il faut recréer des immeubles où les employés peuvent déco dans des petites villes, des villages de vacances,
22:04 où ils peuvent se loger gratuitement.
22:06 - Oui, et puis on va parler aussi du personnel qui vient de l'étranger.
22:10 Parce que là aussi, il faut loger aussi le personnel qui vient de l'étranger.
22:17 J'ai vu que dans le sud-ouest, par exemple, il y a des agriculteurs, des arboriculteurs,
22:22 qui avaient acheté des mobilhommes pour loger.
22:26 Parce qu'on ne peut pas construire !
22:28 Parce qu'on ne peut pas construire, c'est pas si facile !
22:30 - C'est pas constructible. - Et non, c'est pas constructible.
22:32 Alors le mobilhome, c'est une des solutions.
22:35 Il y en a d'autres, vous les témoignez. 0800 26 300 300. Il est 11h28.
22:40 - Sud Radio Parlons Vrai, chez Bourdin. 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
22:47 - La pénurie de main-d'oeuvre chez les saisonniers, mais dans de nombreux métiers.
22:51 - En tension, dit en tension.
22:53 Alors, si j'ai bien compris autour de la table,
22:55 c'est pas du tout une question de paresse, de fainéantise des Français,
22:58 qui voudraient moins travailler qu'avant.
23:00 On est bien d'accord. Vous êtes d'accord ?
23:03 - Je pense qu'il y a un rapport, un seuil à la douleur, qui s'est nécessairement abaissé.
23:09 Moi, c'est un constat que je vois dans les dossiers.
23:11 - C'est-à-dire que les Français sont plus paresseux qu'avant ?
23:13 - Non, je ne dis pas ça. Je dis simplement que...
23:15 - Ah bon, d'accord. C'est ce que vous voulez.
23:17 - C'est ce que vous pensez.
23:18 - C'est un critère du confort. On constate tous qu'il y a une prise en considération de tout cela,
23:25 y compris d'ailleurs sur le travail de nuit, le travail de week-end.
23:28 Donc, on le voit tous. Mais de là à dire "paresse", je ne pense pas.
23:32 Je pense qu'il suffirait de motiver les gens pour que tout de suite, ça change.
23:37 - Pour que tout de suite, vous pensez ?
23:38 - Je pense. Et ça pourrait jouer dès le lycée pour moi.
23:41 - Vous pensez qu'en motivant, ça va changer, Alain Fontaine ?
23:44 Que vos rendez-vous seront plein de monde ?
23:51 Que vous trouverez sans aucun problème quelqu'un pour venir travailler avec vous ?
23:55 - Ça revient tout à fait à ce que disait l'agriculteur tout à l'heure.
23:58 Il y a un moment donné où vous avez un plafond, vous ne pouvez pas payer plus les gens.
24:02 S'ils les payent à ce prix-là, c'est parce qu'ils ne pouvaient pas aller plus loin.
24:05 Dans la restauration, c'est pareil. On augmente les salaires,
24:07 et je vous assure qu'on les augmente de plus en plus.
24:09 Mais on ne peut pas aller plus loin.
24:11 Donc il va falloir à un moment donné qu'on nous aide, qu'on incite ces jobs d'été.
24:16 Il faudrait payer moins de charges sur les jobs étudiants,
24:19 pour qu'on puisse les payer plus. Il ne s'agit pas de les garder dans notre poche.
24:22 - Baisser les charges sur les travaux saisonniers ou les travaux étudiants.
24:26 - C'est évident qu'il faut baisser les charges.
24:27 Les étudiants, ils ont besoin d'argent. Je vous l'ai dit tout à l'heure,
24:30 être étudiant aujourd'hui, c'est beaucoup moins facile qu'avant.
24:32 Et donc il faut payer plus.
24:33 Payer un étudiant au SMIC, ça ne va pas aller.
24:35 Il faut le payer plus cher. Mais nous, on ne peut plus la restauration.
24:38 Donc il faut absolument qu'on soit incité sur ces jobs saisonniers.
24:42 - Une incitation.
24:43 - Une incitation sur les charges sociales.
24:45 - Ça c'est une première solution.
24:47 - Les managers aussi, il faut les inciter à bénéficier de formations,
24:52 par exemple communication non violente,
24:54 pour motiver les équipes. L'idée de sens du travail est essentielle.
24:58 Si demain le rôle du manager est central,
25:01 et s'il arrive à fédérer les gens,
25:04 ils pourront même revenir l'année suivante.
25:06 - Alors oui, vous le représentant des étudiants,
25:10 dites-moi un peu.
25:12 - Sur les cotisations, on a déjà eu le sujet.
25:14 C'est déjà quelque chose qui a été proposé.
25:16 Il y a quand même le sujet de savoir si sur les caisses de retraite,
25:19 et maladies, ça continue d'ouvrir des droits,
25:22 puisqu'on a quand même beaucoup d'emplois saisonniers,
25:24 qui n'ouvrent pas nécessairement des droits à la retraite, malheureusement.
25:26 Et c'est une erreur, effectivement.
25:28 Et le problème, c'est que sur ces cotisations, si elles sont exonérées,
25:30 qu'où est d'après du statut et que ça pourrait changer ?
25:32 Sur la communication non violente,
25:34 alors ça effectivement, c'est quelque chose aussi qui a été identifié
25:36 sur le sens au travail,
25:38 on va dire un peu l'ambiance, je l'avais dit tout à l'heure,
25:40 que ça se fasse un peu plus dans la convivialité, etc.
25:42 Et c'est beaucoup de choses qui sont remontées.
25:43 Après, ça concerne principalement les chaînes de restauration, etc.
25:45 Enfin, plutôt les grandes chaînes,
25:47 souvent ce qu'il y a au travail.
25:48 - Oui, mais attendez, pour généraliser,
25:50 on ne va pas mettre en accusation la restauration,
25:52 ni l'hôtellerie, pas plus qu'un autre métier,
25:54 mais moi j'entends sans arrêt,
25:56 j'entends sans arrêt, mais vous aussi,
25:58 des petits patrons de PME, de TPE, des commerçants,
26:02 sans dire, ils ne veulent pas travailler.
26:04 Les jeunes, ou les moins jeunes, ne veulent pas travailler.
26:07 Les Français ne veulent pas travailler.
26:09 Dès qu'on leur propose du boulot,
26:11 ils viennent une journée, puis après ils disent non.
26:13 Moi j'entends ça sans arrêt, vous entendez ça, non ?
26:15 - Oui, ça réflécit un peu sans plus.
26:17 - C'est sans cesse.
26:19 - Il faut qu'on s'adapte.
26:21 Il faut que nous, les anciens,
26:23 ou les chefs d'entreprise jeunes, ou les anciens,
26:25 moi ça fait 48 ans que je suis dans le métier,
26:27 j'ai vu changer effectivement les choses,
26:29 mais il faut à un moment donné qu'on arrête de constater
26:31 ce que font les jeunes hauts saisonniers.
26:33 Il faut que nous, patrons, nous n'en fions en question,
26:35 qu'on ait des éléments, et vous avez raison de le dire,
26:37 M. Camille Pradel, des éléments de langage différents,
26:40 parce qu'on ne va pas au travail comme on va au combat.
26:42 - Que vous présentiez l'activité que vous offrez différemment.
26:46 - Oui, qu'elle soit plus ludique,
26:48 plus gratifiante également,
26:50 mais on travaillera toujours de nuit.
26:53 - Un couvreur, il faut l'éliminer des couvures.
26:56 - Il faut éliminer les couvures.
26:57 - Avec les risques, en courant.
26:59 - Et revenir à l'idée de sens, les fondamentaux,
27:02 c'est-à-dire qu'on offre de la joie
27:04 quand on offre un bon repas à quelqu'un,
27:06 un moment de fête, donc il y a tout ça.
27:08 Un couvreur, c'est hyper utile pour qu'une maison soit étanche,
27:10 soit à l'abri de la pluie,
27:12 c'est toute l'idée je pense de sens de travail
27:14 qui derrière permet aux gens de s'impliquer.
27:16 - Alors Cécile veut témoigner, Cécile est à Angoulême.
27:18 Bonjour Cécile.
27:20 - Oui bonjour.
27:21 - Bonjour, vous avez deux enfants qui ont quel âge Cécile ?
27:24 - Alors maintenant 23 et 29 ans,
27:26 deux garçons,
27:28 et je les ai élevés un peu toutes seules,
27:31 mais je les ai encouragées au travail,
27:33 je suis issue d'une famille d'entrepreneurs,
27:35 moi-même je suis indépendante,
27:37 néanmoins je me rends compte de la maltraitance
27:40 de certains employeurs,
27:43 et de la difficulté,
27:45 moi j'ai été obligée de payer les hébergements,
27:47 parce que je souhaitais absolument
27:49 que mes enfants lorsqu'ils faisaient leurs études
27:51 ils travaillent, pendant l'été,
27:53 et je devais payer leurs logements.
27:56 - Oui.
27:58 - Donc en fait, ils avaient un salaire,
28:01 ils étaient logés en plus dans des conditions
28:03 vraiment très insalubres à mon avis,
28:06 et en fait les employeurs
28:08 prennent de l'argent sur l'hébergement,
28:11 et les payent beaucoup moins.
28:13 - C'était, peut-être que ça a changé un peu Cécile, non ?
28:16 - J'espère bien, mais...
28:18 - Non Alain Fontaine n'en est pas certain.
28:20 - Ça n'a pas tellement changé,
28:23 mais ils travaillent tous les deux aujourd'hui,
28:25 enfin il y en a un qui est en Master 2,
28:28 mais qui est en alternance, donc il travaille,
28:30 et l'autre qui est dans l'immobilier, il travaille,
28:34 en fait, moi pourtant,
28:36 bon j'ai une entreprise,
28:38 j'essaie de payer les gens,
28:42 et correctement, et les respecter, tout à fait,
28:45 et sincèrement, c'est pas vraiment le cas.
28:48 Mon fils qui travaille dans l'immobilier
28:50 depuis trois ans maintenant, c'est sa passion,
28:53 et bien en fait, il doit payer ses frais, ses déplacements,
28:57 il fait un chiffre d'affaires qui est génial,
29:01 et en fait, non, ça va jamais, quoi.
29:03 Et je trouve qu'ils travaillent beaucoup,
29:06 ils y arrivent,
29:08 mais ils gagnent toujours 1200 euros par mois,
29:12 et je trouve ça triste.
29:14 - Ah oui, non mais ça oui.
29:15 - Ils payent tous leurs frais...
29:17 - 1200 euros, plus, j'imagine,
29:19 qu'ils touchent un pourcentage
29:21 lorsqu'ils réalisent une vente, ou lorsqu'ils...
29:23 - Bah écoutez, moi j'ai travaillé dans l'immobilier pendant 7 ans,
29:27 lorsque je faisais du chiffre d'affaires,
29:29 j'avais 25% de la commission,
29:32 et en plus on me payait des frais,
29:33 donc ça c'était il y a 10 ans,
29:35 et eux, ils n'ont rien,
29:36 ils n'ont aucun frais de déplacement,
29:38 et lui, ça fait un an et demi qu'il travaille,
29:40 il a fait 200 000 euros de chiffre d'affaires,
29:42 et il est toujours à 1200 euros par mois.
29:45 Je trouve ça terrible.
29:46 - Oui, non mais ça, vous avez raison de trouver ça terrible,
29:48 et vous n'êtes pas la première à me dire ça,
29:50 il y a un vrai problème dans l'immobilier,
29:52 effectivement, où il y a une forme...
29:54 "Exploitation", je vais peut-être un peu loin
29:57 lorsque j'utilise ce mot, mais tout de même,
29:59 dans le monde de l'immobilier,
30:01 j'ai plusieurs exemples qui montrent bien
30:04 qu'on ne paie pas très bien ceux qui y travaillent.
30:08 Merci beaucoup Cécile,
30:10 je suis sûr que je vais faire réagir ça, c'est certain,
30:14 en disant cela, mais tant mieux,
30:15 tant mieux, on est là pour ça,
30:17 0,826, 300, 300,
30:18 donc, bon, si j'ai bien compris,
30:20 problème de salaire, on est bien d'accord,
30:22 problème de logement, on est bien d'accord,
30:24 motivation, vous dites "la solution c'est une motivation",
30:28 il faut motiver et donner le cadre,
30:31 les cadres nécessaires à ceux qui veulent travailler,
30:37 Maître Prandel, c'est ça,
30:39 qu'est-ce qu'on peut faire encore ?
30:40 Il y a aussi, peut-être baisser les charges,
30:42 c'est ce que vous demandiez, Alain Fontaine,
30:44 par exemple pour les travailleurs saisonniers,
30:47 et puis les étrangers,
30:49 parce que si on manque de main-d'oeuvre,
30:51 dans certains secteurs,
30:53 il faut bien qu'il y ait des hommes et des femmes
30:55 qui travaillent dans ces secteurs-là,
30:57 donc s'ils viennent de l'étranger, pourquoi pas ?
31:01 Qu'est-ce que vous en pensez, Maître Prandel ?
31:03 De toute façon, la loi le permet,
31:04 donc il n'y a aucune difficulté avec ça,
31:06 et c'est assez classique d'embaucher,
31:07 comme le disait votre premier témoignage,
31:09 des personnes venant par exemple de Pologne,
31:11 pour aider sur les...
31:13 Ou du Maroc,
31:15 ou du Maroc dans le Sud-Ouest,
31:17 bien souvent pour travailler dans les champs,
31:19 avec un problème,
31:21 c'est qu'on ne peut pas les garder plus de six mois,
31:23 les Marocains,
31:25 qui viennent, Marocains ou Tunisiens,
31:27 ou Algériens, ou je ne sais,
31:29 ou d'ailleurs, on ne peut pas les garder plus de six mois.
31:31 Et d'ailleurs, les maraîchers,
31:33 ou les arboriculteurs, demandent
31:35 à ce que ce soit prolongé, ce délai.
31:37 Même si après, le cadre souple du contrat saisonnier,
31:40 il ne pourra pas être étendu au maximum,
31:42 puisque vous savez que
31:44 on favorise le contrat saisonnier,
31:46 en permettant notamment
31:48 de ne pas répondre aux conditions exactes
31:50 du CDD,
31:52 et si on faisait un contrat saisonnier de 12 mois,
31:54 à ce moment-là, il faut le dire,
31:56 et c'est le code du travail qu'on abaisse.
31:58 - Faisons des contrats saisonniers pour les gens
32:00 qui sont en France et qui sont en souffrance administrative.
32:02 Il va y avoir la loi immigration,
32:04 sur laquelle tout le monde a parlé,
32:06 et dans cette loi immigration, il y avait un NNAA,
32:08 sur les gens qui sont en souffrance administrative
32:10 et qui voudraient travailler.
32:12 - Les métiers en tension !
32:14 - Des contrats de 6 mois,
32:16 pour qu'ils puissent effectivement aider
32:18 tel agriculteur, tel restaurateur.
32:20 - Mais vous avez des politiques
32:22 qui vont vous répondre, c'est un appel
32:24 d'air à l'immigration,
32:26 à l'immigration irrégulière.
32:28 - Oui, mais quand on dit qu'on fait
32:30 rentrer des étrangers pour travailler
32:32 chez nous, combien repartiront
32:34 vraiment dans leur pays ?
32:36 L'appel d'air, il est là.
32:38 Il faut mieux travailler avec des gens qui sont déjà sur notre sol,
32:40 pour 5-6 mois.
32:42 Entourons la chose, pour un premier pas,
32:44 il faudra aller plus loin.
32:46 Mais ce qu'on ne sait pas, c'est que vous avez des gens
32:48 dans nos établissements, dans beaucoup
32:50 d'entreprises, qui sont en souffrance administrative,
32:52 qui travaillent déjà, donc, bordel.
32:54 - Vous voulez dire, par là, que vous avez
32:56 des étrangers qui travaillent dans vos entreprises
32:58 et qui ne sont pas déclarés ?
33:00 - Qui sont... - Alors...
33:02 - Qui sont pas déclarés, pardon.
33:04 - Qui sont déclarés. Alors, c'est ça qui est terrible,
33:06 c'est que tout à l'heure... - Qui n'ont pas de papier,
33:08 et qui sont déclarés. - Qui n'ont pas de papier, mais qui travaillent,
33:10 qui ont leur feuille de paie, qui payent des...
33:12 - Oui. - ...leurs prévoyances,
33:14 qui payent leur tâte et qui payent des impôts.
33:16 C'est incroyable. Mais qui payent des impôts,
33:18 eh bien, ces gens-là... - Alors, attendez,
33:20 attendez, je m'arrête, parce qu'il a été dit
33:22 tout et le contraire de tout.
33:24 Alors, je voudrais que les choses soient claires.
33:26 Un quelqu'un,
33:28 qui est en France,
33:30 clandestin, en quelque sorte, qui n'a pas
33:32 de papier. - Oui, pas de papier, c'est clandestin.
33:34 - Qui est clandestin ? - C'est un clandestin
33:36 qui travaille dans une de vos entreprises,
33:38 chez un restaurateur,
33:40 je parle pas de chez vous, mais...
33:42 qui travaille chez un restaurateur,
33:44 qui est donc payé, puisqu'il travaille,
33:46 c'est normal. - Bien sûr.
33:48 Et à travail égal, salaire égal,
33:50 qu'on soit clairs. - Travail égal, salaire égal,
33:52 il est payé comme un Français
33:54 qui est là. - Tout à fait. - Alors, il est payé,
33:56 vous le déclarez. - Feuille de paie.
33:58 - Feuille de paie. Il paie
34:00 des cotisations.
34:02 - Oui, et des impôts. - Et il n'a pas de papier.
34:04 - Il n'a pas de papier. - Et il est clandestin.
34:06 - C'est ce que j'appelle, moi,
34:08 la souffrance administrative. - Alors, comment peut-on
34:10 ne pas régulariser ces personnes-là ?
34:12 - Alors, c'est le problème... - Moi, je pose
34:14 la question ! - C'est la fameuse
34:16 loi immigration dont on a parlé,
34:18 et je vais juste
34:20 finir là-dessus.
34:22 Le seul sujet qu'on a, c'est qu'en plus,
34:24 ces gens-là, qui sont en souffrance administrative,
34:26 dans les établissements, vraiment à la porte de nos établissements,
34:28 que je rappelle, on a formé pour la plupart dans nos écoles,
34:30 on a dépensé de l'argent pour les former dans les écoles
34:32 hôtelières et autres, et dans les écoles de premiers.
34:34 - Mais ils sont clandestins, ils ont été formés dans nos écoles.
34:36 - Parce qu'ils sont majeurs, ils deviennent clandestins. - Eh oui, c'est vrai.
34:38 - Eh oui, parce qu'ils sont majeurs, ils deviennent clandestins.
34:40 - Sauf qu'ils peuvent demander à la nationalité française.
34:42 Il y a des sous-conditions. - Et non, maintenant,
34:44 regardez, la loi immigration, ça reste très compliqué.
34:46 Eh bien, ces gens-là, comme ils sont en souffrance administrative,
34:48 ils ne vont pas sur les côtes pour travailler,
34:50 ils ne peuvent pas,
34:52 s'il vous plaît, leur poste, ils ne peuvent pas grimper
34:54 dans l'escalier social ou l'ascension sociale
34:56 et être remplacés par d'autres. Donc, il y a un blocage
34:58 à un moment donné, ça concerne plusieurs
35:00 dizaines de milliers d'emplois, il y a un blocage,
35:02 ils ne peuvent pas partir de là où ils sont,
35:04 ils ne peuvent pas aller travailler. Et donc, vous avez
35:06 un blocage, parce qu'ils pourraient très bien aller sur les côtes,
35:08 aller ravitailler,
35:10 aller aider. - Bien sûr.
35:12 - Et bien, ça, ils ne peuvent pas le faire, ou aller chez notre ami
35:14 agriculteur, tout à l'heure. - Bien sûr, évidemment.
35:16 11h44, on va en parler,
35:18 parce que c'est un débat
35:20 qui est ouvert,
35:22 11h44, à tout de suite. - Sud Radio Parle au Vrai
35:24 chez Bourdin, 10h30,
35:26 midi 30, Jean-Jacques Bourdin. - Bien, je vois
35:28 que vous intervenez nombreux, Yanis,
35:30 nous allons prendre Yanis, qui est à Besançon,
35:32 dans le Doubs. Bonjour Yanis. - Bonjour.
35:34 - Bon, vous êtes jeune et vaillant,
35:36 vous avez 25 ans, vous, Yanis. - Exactement.
35:38 - Et vous êtes
35:40 chauffeur routier.
35:42 - Exactement.
35:44 - Vous avez commencé à travailler à quel âge ?
35:46 - Alors, j'ai commencé à travailler
35:48 à 16 ans. - Oui.
35:50 - Et j'ai travaillé un peu dans tout,
35:52 job d'été,
35:54 service, planche,
35:56 préparateur de commandes, mécanique.
35:58 - Oui. - Et puis
36:00 à la fin, je me suis
36:02 mis dans... - Spécialisé, formé,
36:04 spécialisé ? - Formé, spécialisé,
36:06 dans, voilà,
36:08 chauffeur poids l'eau. - Bon.
36:10 Vous dites quoi, alors Yanis ? Vous dites
36:12 quand on veut, on peut ?
36:14 - Bien sûr, bien sûr, quand on veut, on peut,
36:16 après, bon,
36:18 il y a aussi, même s'il y a un peu de
36:20 pénibilité, un peu de
36:22 stress, un peu d'administratif,
36:24 tout ça qui stresse, mais
36:26 sinon, oui.
36:28 - Ben oui. - Et je voulais dire que
36:30 il y avait des choses qui sont vraies aussi,
36:32 concernant les étrangers.
36:34 J'ai écouté ce matin à la radio,
36:36 ils disaient en Allemagne qu'ils naturalisaient
36:38 plus de
36:40 600 000 étrangers. - Oui.
36:42 - Parce qu'aussi, ils sont...
36:44 - Proches. - Exact.
36:46 - Et les étrangers qualifiés,
36:48 ils ont naturalisé plus de 600 000
36:50 cette année.
36:52 - Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
36:54 - Ben, quand il y a besoin de main-d'oeuvre,
36:56 je pense qu'il faut
36:58 accélérer les choses, quoi, il faut pas...
37:00 - Oui.
37:02 - Parce que moi,
37:04 je suis arrivé en France
37:06 à 14 ans. - Mieux vaut un étranger,
37:08 pardon, je vais être, alors là, encore
37:10 plus dur, mieux vaut un étranger qui travaille,
37:12 qui est régularisé, équipé,
37:14 ses cotisations, qu'un étranger qui devient délinquant.
37:16 - Ah, ça c'est sûr,
37:18 mais la plupart du temps,
37:20 c'est pas les étrangers
37:22 le plus souvent qui deviennent délinquants,
37:24 il y a aussi des gens qui sont nés sur le sol.
37:26 - Je suis d'accord, Yanis,
37:28 mais je dis ça, je dis ça volontairement,
37:30 encore pas en provocation, mais...
37:32 Parce que certains ont peur
37:34 de la régularisation,
37:36 mais pardon, quand il y a...
37:38 quand on a besoin de personnel,
37:40 ben, si on n'a pas d'autre solution,
37:42 eh ben, on en passe par là, hein, Yanis ?
37:44 - Oui, et puis on a...
37:46 Je pense que sur question des étrangers,
37:48 on a trop stigmatisé,
37:50 on est trop resté sur étranger
37:52 égal délinquant,
37:54 égal... Et pourtant, moi, je suis un étranger,
37:56 et j'ai travaillé
37:58 à partir de 16 ans.
38:00 - Vous avez, aujourd'hui, Yanis,
38:02 vous avez la nationalité française ?
38:04 - Ma maman, elle a la nationalité française,
38:06 mes soeurs, elles sont nées
38:08 sur le sol français, et moi,
38:10 je suis arrivé à 14 ans, et j'ai pas encore
38:12 la nationalité. - Donc, vous travaillez
38:14 alors que vous êtes étranger ?
38:16 - Bien sûr, oui. - Bon.
38:18 Vous avez
38:20 une carte de séjour,
38:22 vous avez... - Oui, oui, quand même.
38:24 J'ai fait mes études, j'ai ma maman ici,
38:26 j'ai... - Bon, d'accord.
38:28 - Mais c'était quand même compliqué,
38:30 parce que c'est tout un dossier, c'est tout un...
38:32 Voilà. - Bon.
38:34 Merci, Yanis, merci. Eric
38:36 est encore avec nous, aussi.
38:38 Il vit dans le Tarn. Bonjour, Eric.
38:40 - Bonjour, l'équipe. - Bonjour.
38:42 - Bonjour, tout le monde. - Merci.
38:44 Vous êtes chef d'entreprise, Eric, qu'est-ce que vous vouliez dire ?
38:46 - Dans la restauration,
38:48 je voulais dire, on se creuse la tête pour les
38:50 solutions. Dans un pays
38:52 qui produit une loi par problème,
38:54 la solution, elle existe, déjà. - Allez-y.
38:56 - Dans le code du travail, ça s'appelle l'intermittence.
38:58 - Oui. - Si on fait rentrer
39:00 les saisonniers dans le statut d'intermittent,
39:02 ça leur permet, quand ils arrêtent la saison,
39:04 s'ils ont fait assez de... Alors, dans le spectacle,
39:06 c'est des dates. Mais enfin, s'ils ont travaillé assez longtemps
39:08 sur la saison, ils peuvent être
39:10 rémunérés entre deux saisons,
39:12 ils peuvent être donc rémunérés pendant qu'ils font leurs études.
39:14 Enfin, il y a plein de choses à creuser
39:16 sur le statut d'intermittent qu'on peut ouvrir
39:18 avec des cotisations payées,
39:20 sans parler de baisse de charges, etc.
39:22 Il y a des charges dans l'intermittence,
39:24 aussi. Et, deuxième point,
39:26 je dirais, Belon avant, on avait 20 ans d'avance
39:28 quand il parlait du revenu minimum.
39:30 Quand on écoute le jeune étudiant et quand
39:32 on écoute les divers témoignages, on se rend
39:34 compte que, et quand un employeur va
39:36 faire un CDI, plus personne ne veut signer de CDI,
39:38 on se rend compte que l'intermittence
39:40 et le revenu minimum, c'est peut-être, effectivement,
39:42 la solution sous 10 ans
39:44 pour que les gens soient payés et travaillent...
39:46 - Le seul problème, Éric, c'est
39:48 qu'on peut, peut-être,
39:50 un effet d'aubaine et certains employeurs
39:52 peuvent en profiter, non, Éric ? - Mais, toi,
39:54 que d'effet d'aubaine, actuellement, il n'y en a pas ?
39:56 - Oui, aussi. Ah ben, ça, vous avez raison, il y en a.
39:58 Mais c'est une très
40:00 bonne idée, non, Déric, maître Pradel ?
40:02 - En tout cas, le contrat de saisonnier,
40:04 déjà, il permet de cotiser
40:06 à l'assurance chômage.
40:08 Donc, là, j'imagine, Éric, que vous souhaitez surtout
40:10 renforcer ces droits, c'est ça, et
40:12 écourter la période pendant laquelle
40:14 le minimum, il faut travailler pour
40:16 bénéficier des droits au chômage, c'est ça ?
40:18 - La dernière réforme du chômage,
40:20 justement, elle a rendu le
40:22 travail saisonnier beaucoup moins intéressant puisqu'il faut
40:24 travailler beaucoup plus longtemps pour ouvrir des droits au chômage.
40:26 Et donc, c'est pour ça,
40:28 aussi, que les gens ne trouvent plus à procréter des saisonniers.
40:30 C'est parce que
40:32 l'indemnisation au chômage a changé.
40:34 Donc, moi, je veux bien qu'on change
40:36 l'indemnisation au chômage, il n'y a pas de soucis avec ça,
40:38 pour moi, effectivement. Mais,
40:40 puisqu'il existe ces statuts-là, il faut regarder
40:42 s'il n'y a pas possible... - Alors, comme il y a des
40:44 intermittents du spectacle, pourquoi n'y aurait-il
40:46 pas des intermittents de la restauration,
40:48 des intermittents de... Non, mais c'est vrai !
40:50 - Alors, c'est la Cour des comptes qui va s'étouffer, par contre.
40:52 - Oui, ben, peut-être, mais... Bon, merci, Éric.
40:54 Merci.
40:56 Qu'est-ce que vous voulez dire, quelque chose ?
40:58 - Sur le job étudiant, il y a deux éléments intéressants.
41:00 Sur le job étudiant,
41:02 on pense que ce n'est pas une solution pour réduire la précarité.
41:04 Par contre, s'il y a à côté
41:06 une aide sociale suffisante et que les étudiants peuvent,
41:08 et les jeunes le faire, en toute connaissance de cause,
41:10 parce qu'ils ont envie de développer des compétences professionnelles,
41:12 ils ont envie de passer une saison ensemble, alors là,
41:14 c'est quelque chose qui est tout à fait dans le sens de ce qu'on raconte.
41:16 Et sur l'ouverture
41:18 des droits au chômage, aussi, ça nous paraît
41:20 quand même quelque chose d'assez logique
41:22 et d'assez sensé, puisque là,
41:24 sur les contrats, bon, je n'ai pas une connaissance parfaite,
41:26 moins que vous, je suppose, sur la question,
41:28 mais ce qui est évoqué, là, sur l'intermédiaire,
41:30 c'est le fait que ça n'ouvre pas les droits au chômage, effectivement,
41:32 c'est aussi un gros frein pour ça. Et je viens revenir sur un truc.
41:34 - On va aller essayer. - On va faire un débat.
41:36 Puisqu'on a aussi, sur la profession, on a parlé tout à l'heure
41:38 du fait qu'il y avait des problèmes
41:40 sur les diplômés, donc sur les diplomations,
41:42 les métiers diplômés, les métiers pas forcément diplômés qualifiés.
41:44 Sur les diplômés, pour revenir sur la santé,
41:46 le métier d'infirmier, actuellement, est peu attractif, au plein de raisons.
41:48 A la fois parce que la formation, il y a des soucis dans la formation,
41:50 on peut être attractif, qui est sous-payé.
41:52 En stage, ils sont payés, ils sont rémunérés 80 à 1,20€,
41:54 80 centimes à 1,20€ par heure,
41:56 ce qui est quand même rien du tout.
41:58 Et aussi, on a beaucoup de souffrance dans la formation
42:00 à cause d'un mauvais encadrement, etc.
42:02 Et c'est pareil ensuite, puisque le métier, quand même,
42:04 on l'a vu pendant la crise Covid, ça a été l'héros pendant quelque temps,
42:06 et ensuite, très vite, on est retombé un peu business as usual,
42:08 et on a des situations de souffrance à l'hôpital
42:10 qui ne rendent pas du tout le métier attractif.
42:12 Je trouve que c'est un très bon exemple,
42:14 la profession d'infirmier pour les métiers plutôt diplômés,
42:16 sur le fait qu'à la fois la formation et l'exercice professionnel
42:18 ne rendent pas du tout la profession attractive.
42:20 Et ce n'est pas une question de paresse.
42:22 Les jeunes ne sont pas paresseux,
42:24 les professionnels et les infirmiers, on ne peut pas dire qu'ils sont paresseux,
42:26 simplement c'est une question de dignité dans le travail.
42:28 - Oui, à tel point qu'aujourd'hui,
42:30 on constate qu'il y a même de nombreux étudiants
42:32 infirmiers et infirmières
42:34 qui ne vont pas jusqu'au bout de leurs études,
42:36 et là aussi, c'est parce que le système
42:38 ne les considère pas assez.
42:40 Il y a effectivement, là,
42:42 dans le domaine de la santé,
42:44 beaucoup de travail à faire.
42:46 L'alternance marche bien, hein ?
42:48 - Oui, l'alternance marche très bien,
42:50 mais je reviens à ce qui vient d'être dit.
42:52 Effectivement, nous l'alternance marche,
42:54 je le dis tant bien, avec une progression
42:56 de l'apprentissage considérable, ça n'a jamais été aussi fort.
42:58 - Oui, tant mieux, tant mieux !
43:00 - On sait que 60%
43:02 des apprentis qu'on forme aujourd'hui
43:04 quitteront la profession au bout de 3 ans.
43:06 Et quand vous prenez
43:08 la formation des lycées,
43:10 des lycées hôteliers,
43:12 plus celle des apprentis, on arrive à 50%.
43:14 Donc ça veut dire que c'est vraiment
43:16 un problème d'attractivité du métier,
43:18 non pas de ce qu'ils proposent,
43:20 parce qu'ils ont envie de faire de l'alternance,
43:22 ils ont envie de faire des études,
43:24 mais quand ils rentrent dans le monde professionnel, dans la vraie vie,
43:26 là, ça pose un vrai problème.
43:28 Donc oui, l'apprentissage a complètement changé la chose,
43:30 et là, il faut dire bravo à tous ceux qui ont fait le job,
43:32 pour que l'apprentissage soit
43:34 plus fort, même qu'en Allemagne.
43:36 On est en train de dépasser les allemands qui étaient pourtant
43:38 les rois de l'apprentissage. Et pour autant,
43:40 comme pour les infirmiers, ils quittent.
43:42 Ils quittent au bout de 3 ans.
43:44 Donc on a un problème d'attractivité de certains métiers.
43:46 Infirmiers, EHPAD, restauration...
43:48 Donc il faut que ce rapport au travail
43:50 se modifie, et que tout
43:52 ce qui a été dit tout à l'heure, il faut qu'on change
43:54 notre façon de parler,
43:56 notre façon de présenter nos entreprises,
43:58 et que les gens soient beaucoup plus heureux de venir travailler,
44:00 même le week-end et même le soir.
44:02 Comment on fait ? - Bien, merci à tous les 3.
44:04 Merci d'être venus nous voir.
44:06 Nous ne résoudrons pas.
44:08 Là, on n'a rien résolu,
44:12 mais on a posé,
44:14 on a fait des constats,
44:16 et avancé des solutions.
44:18 C'est notre rôle. Et puis merci
44:20 à toutes celles et ceux... Je sais que vous étiez
44:22 très nombreux à vouloir témoigner aujourd'hui.
44:24 0,826, 300, 300,
44:26 ça ne m'étonne pas, parce que c'est un sujet majeur
44:28 de notre économie et du quotidien
44:30 des uns et des autres. 11h56,
44:32 merci d'être avec nous. Allez, nous allons passer
44:34 à toute autre chose. Je vous invite
44:36 à rester avec nous. Pourquoi ? Parce que nous allons
44:38 parler entre midi et midi et demi d'un sujet
44:40 qui va vous passionner, j'en suis sûr,
44:42 l'exploitation des ressources spatiales.
44:44 Ressources infinies,
44:46 sur les planètes, les astéroïdes,
44:48 richesses qui pourraient pallier l'épuisement
44:50 des ressources terrestres. Les enjeux, évidemment,
44:52 sont politique, juridique, économique et stratégique.
44:54 La course est lancée entre les
44:56 Etats-Unis et la Chine. Où en est l'Europe ?
44:58 Peut-on s'approprier les ressources
45:00 spatiales ? Nous serons avec Christine Lavarde,
45:02 co-auteur du rapport rendu par le
45:04 CNA sur le sujet. Christine Lavarde
45:06 qui est notre invitée, entre midi et
45:08 midi, 11h56.