Parlons Vrai chez Bourdin avec Adama Camara, responsable de l’association SADA, Johan Jousseaume, secrétaire confédéral de la CSF (Confédération syndicale des familles) et Me Morad Falek, avocat au Barreau de Paris.
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00:00 [Musique]
00:02 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30. Jean-Jacques Bourdin.
00:07 Il est 11h03, merci d'être avec nous.
00:09 Allez, nous allons ouvrir le débat, ouvrir un débat qui est déjà ouvert dans de nombreux foyers,
00:19 qui est déjà ouvert publiquement ici ou là, à propos des responsabilités.
00:24 Demain, nous parlerons de la responsabilité des politiques après les émeutes.
00:29 Ça s'est un peu calmé, ça s'est même pas un peu, ça s'est calmé la nuit dernière,
00:34 des émeutes qui ont embrasé la France depuis 5 jours.
00:37 On est bien loin maintenant de la mort de Nahel et de la réaction à la mort de Nahel.
00:43 On est passé à une délinquance pure et dure avec ses pillages, ses saccages, ses incendies,
00:49 bâtiments publics et commerces privés.
00:52 Nous allons ouvrir le débat sur la responsabilité des parents.
00:57 Est-ce que ce sont, peut-être, en partie, ils sont peut-être pas en partie responsables, peut-être pas.
01:04 Justement, c'est le débat que nous allons ouvrir.
01:07 Est-ce un débat que l'on doit ouvrir ?
01:09 Sanctionner les mineurs impliqués et leurs parents, comment responsabiliser leurs parents ?
01:14 Ce sont des questions que je pose.
01:17 Les mineurs ont souvent le sentiment qu'il ne peut rien leur arriver juridiquement parce qu'ils sont mineurs.
01:24 Ça existe aussi. Nous allons en parler avec nos invités. Il est 11h04.
01:28 Alors, Adama Camara doit être avec nous. Il sera là au téléphone dans un premier temps parce qu'il est dans les embouteillages.
01:36 Johan Jussom, secrétaire confédéral de la Confédération syndicale des familles, est avec nous. Bonjour.
01:41 - Bonjour Jean-Jacques Bourdin. - Merci d'être avec nous.
01:43 Et puis Maître Mourad Falek, avocat au barreau de Paris, est aussi avec nous.
01:47 - Bonjour Maître. - Bonjour.
01:49 Merci d'être avec nous.
01:51 Alors, sur la responsabilité des parents, j'ai vu les réactions, là encore, des politiques, notamment du président de la République qui en a parlé,
02:00 du garde des Sceaux qui a rappelé certaines choses.
02:04 Est-ce qu'on peut ouvrir ce débat sur la responsabilité des parents ? Dites-moi.
02:10 Parce que 30% des interpellés sont des mineurs.
02:17 - Effectivement, c'est les chiffres... - Johan Jussom.
02:21 - Johan, pardon. - Johan Jussom.
02:23 Pas de problème. C'est effectivement les chiffres qui ont été recensés par la police.
02:28 Avant ça, nous, il nous semble quand même important de dire que les actes policiers sont absolument inexcusables, d'abord.
02:37 C'est la première chose.
02:39 La deuxième, c'est de dire que la réaction face à cet événement est en partie inexcusable également.
02:49 Quand on s'attaque à, effectivement, des Restos du Coeur, des Aldi, dans certains quartiers qui sont, pour certaines familles, les seuls endroits où on peut faire les courses à pas cher,
02:58 il y a une réelle problématique.
03:02 Ce qu'il faut dire, c'est que sur les quartiers, on est, si on devait prendre une métaphore, on est sur des braises.
03:08 Et à la première étincelle, il y a un feu et évidemment, ça s'embrase.
03:15 Avant ça, et avant de parler des parents, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il y a sur le quartier quand même des dispositifs qui fonctionnent.
03:24 Il y a des associations, il y a des centres sociaux, il y a des enseignants, il y a des éducateurs qui font le travail
03:32 et qui sont vraiment à pied d'œuvre pour faire vivre correctement ces territoires, parfois exclus de la République.
03:40 Et donc, c'est important de leur dire qu'ils font un travail magnifique et ils se sentent aujourd'hui découragés aussi, ces personnels-là.
03:50 Et donc, nous, on leur dit "continuez le travail" et on dit aussi "mais où sont passés les moyens ?"
03:57 Où sont passés les moyens pour ces territoires de la République ? Où sont passés...
04:02 Enfin voilà, il y a les services publics qui désertifient certains territoires politiques de la ville.
04:08 Voilà, donc ça c'est l'analyse globale.
04:11 - Voilà, l'analyse globale, les responsabilités sont multiples. Évidemment qu'elles sont multiples.
04:15 On ne va pas montrer du doigt un tel ou une telle. Les responsabilités sont multiples.
04:21 Là, je vais ouvrir le débat sur la responsabilité des parents. Où est-elle ? Est-ce qu'ils sont en partie responsables du développement ?
04:31 La société, dans son ensemble, ça ne veut rien dire la société. En même temps, ça veut tout dire.
04:37 C'est de la délinquance, bien souvent, malheureusement, depuis jeudi, c'est de la délinquance pure et dure à laquelle on assiste.
04:46 Qu'est-ce que vous en pensez Maître Mourad Falek ?
04:49 Est-ce qu'on peut ouvrir le débat sur la responsabilité des parents ? Est-ce qu'on doit l'ouvrir ?
04:53 - Oui, on doit. Je pense qu'il faut aujourd'hui tout poser sur la table, mais il faut être très très raisonnable.
04:59 Depuis cinq jours, ce que nous vivons est très particulier.
05:03 Un événement dramatique, le décès d'un jeune homme, d'un gamin de 17 ans,
05:10 est un fonctionnaire de police mis en examen et écroué pour un homicide volontaire.
05:19 C'est un meurtre, c'est rarissime. Il est, pour l'instant, mis en examen.
05:24 Et il doit bénéficier de la présomption d'innocence. Il ne faut pas rappeler les principes.
05:28 Mais c'est suffisamment rare pour rappeler que la justice a fait son travail.
05:34 Qu'on le veuille ou non, la justice a fait son travail.
05:36 Et le nombre de personnes depuis une semaine, mais de tous bords, absolument de tous bords,
05:41 qui s'évertuent à rajouter au drame des âneries, je ne trouve pas d'autres mots,
05:48 des analyses complètement hallucinantes, on arrive à des situations dramatiques.
05:53 Alors sur la responsabilité des parents, d'abord, judiciairement, il y en a une.
05:57 Il faut le rappeler, il faut rappeler la loi.
05:59 Les parents, et c'est pas nouveau, sont responsables civilement du fait de leurs enfants mineurs.
06:05 Ça veut dire que dans quelques temps, dans quelques mois,
06:09 quand les dossiers seront avancés et qu'on demandera des comptes aux parents,
06:13 ce sont des indemnisations importantes auxquelles les parents auront peut-être à faire face.
06:19 Et ça va être difficile du égard au quartier.
06:22 - Bien, oui, Maître Moradfalek, nous allons regarder la loi de près,
06:27 pour savoir exactement quelle est la responsabilité pénale des parents légale.
06:34 Il y a plusieurs articles du Code pénal, notamment l'article 227.17-17 du Code pénal,
06:41 qui précise la responsabilité des parents, mais auparavant, vous savez qu'ici,
06:46 les auditeurs sont invités à réagir et sont prioritaires.
06:50 0826, 300, 300, Samir, par exemple, qui nous appelle de Vénissieux, dans la métropole de Lyon.
06:56 Bonjour, Samir. - Bonjour, Jean-Jacques. Vous allez bien ?
06:59 - Oui, ça va, Samir. Et vous ? - Ça va, merci.
07:02 - Ça me fait plaisir de vous retrouver, Samir, dans des circonstances pas évidentes, mais ça me fait plaisir.
07:07 - C'est difficile pour tout le monde.
07:09 Moi, je voulais juste remettre les choses, comme on dit, à plat.
07:14 Là, on veut parler de la responsabilité des parents.
07:17 Ça veut dire qu'on essaye de... Comment expliquer ? Comment je pourrais dire ?
07:20 Je vais trouver les mots justes.
07:22 J'ai l'impression que l'État veut... Je ne dis pas que tout est de la faute de l'État.
07:26 Chacun a une part de responsabilité.
07:28 Mais il faut, si on veut faire bouger les choses, il faut reconnaître qu'il y a un problème en France
07:35 depuis plus de 40 ans avec la police et les jeunes des quartiers.
07:39 Il faut l'accepter. Il faut que l'État reconnaisse et dise oui, voilà, il y a un problème.
07:44 On va s'y attaquer.
07:46 Tant qu'ils ne reconnaîtront pas ça, tant qu'ils ne reconnaîtront pas ça,
07:49 ça n'avancera pas, Jean-Jacques.
07:52 Vous vous rendez compte ? Si on fait le bilan, je parle juste des dix dernières années,
07:56 je ne vais pas dire des 40 ans,
07:58 de tous les gens qui ont été victimes, qui ont eu des problèmes avec la police dans les quartiers...
08:03 - Samir, je comprends ce que vous dites et vous avez entièrement raison.
08:08 Il y a un vrai problème, évidemment, de dialogue entre la police et les jeunes des quartiers.
08:13 Mais ça, on pouvait le dire mercredi, on peut toujours le dire d'ailleurs,
08:19 et c'est l'un des problèmes.
08:21 Mais on a dépassé tout ça à partir de jeudi.
08:25 Je veux dire par là que, Samir, bien souvent, quand on regarde ceux qui comparaissent
08:30 dans les tribunaux aujourd'hui, dans les comparutions immédiates,
08:34 on constate que bien souvent, ce ne sont pas des jeunes du quartier qui se sont mis à pied.
08:39 Ce sont des jeunes des quartiers, mais parfois des jeunes très insérés,
08:42 des jeunes qui ont un boulot, ou qui sont étudiants, ou qui sont au lycée,
08:48 qui ont pillé, qui ont vandalisé, qui ont même incendié les opportunistes.
08:54 C'est, encore une fois, c'est la société de consommation.
08:57 Parce que je le disais, on n'a pas volé, on est allé voler.
09:00 Des Nike, on est allé voler dans des magasins de luxe,
09:03 on est allé voler chez Apple. Hein, Samir ?
09:06 - Oui, mais Jean-Jacques, j'ai une question.
09:08 Quand il y a des manifestations de gilets jaunes, ou de, je ne sais quoi, des retraites,
09:14 et qu'on attrape des mineurs en train de piller, en train de...
09:17 Est-ce qu'on dit que ce débat-là, c'est la responsabilité des parents ?
09:22 Moi, c'est ça que je bloque.
09:23 - Bien souvent, bien souvent, Samir.
09:26 Les parents, 30% des jeunes sont des mineurs.
09:31 Des jeunes arrêtés, interpellés, sont mineurs.
09:35 - Oui.
09:36 - Samir.
09:37 - Oui, mais pourquoi...
09:39 Je ne comprends pas pourquoi on déplace le débat sur les parents.
09:41 Moi, c'est ça qui me choque.
09:43 Les parents, ils font ce qu'ils peuvent.
09:44 Moi, je ne connais pas de parents.
09:45 Vous savez, j'ai grandi à Vénitieux, Jean-Jacques.
09:47 C'est difficile pour tout le monde.
09:52 Maintenant, il faut que ça cesse, tout ça.
09:58 Pour tout le monde, pour vous, pour nous, pour tout le monde.
10:00 Il faut qu'on arrive...
10:01 On est condamné à vivre ensemble.
10:02 Qu'est-ce qu'on fait ?
10:03 On continue comme ça jusqu'à 15 jours et ça dégénère et on ne contrôle plus rien ?
10:07 Ou on continue comme ça ?
10:08 - Samir, il y a plusieurs réponses.
10:11 Il y a évidemment plusieurs réponses.
10:14 Hein, Samir ? Vous serez d'accord avec moi ?
10:17 - Bien sûr qu'il y a plusieurs réponses.
10:18 - Et parmi ces réponses, il y a peut-être une manière de responsabiliser les parents d'enfants mineurs.
10:25 - Mais M. Bourdin, moi, je ne connais pas de parents qui laissent leurs enfants aller dehors
10:30 et faire de tels actes.
10:33 Moi, je n'en connais pas.
10:34 Les gens qui disent...
10:36 Après, comme on dit, il y a les opportunistes.
10:38 Mais il ne faut pas jeter l'eau propre sur les parents des banlieues.
10:41 Les parents des banlieues, ils galèrent, M..
10:44 - Oui, c'est vrai.
10:45 Non mais Samir, vous avez raison, ils galèrent.
10:47 - Ils sont confrontés à la discrimination tous les jours, à tout.
10:51 Si vous saviez les problèmes qu'il y a, je vous promets...
10:53 Et en plus, ça qui est choquant, c'est que tous ceux qui donnent leur avis, ils ne connaissent rien.
10:58 Ils ne connaissent rien, ils ne savent même pas ce qui se passe.
11:00 C'est ça qui est choquant.
11:01 On entend toujours les mêmes.
11:02 On ne donne pas la parole aux gens concernés.
11:05 C'est ça qui est choquant.
11:06 Donc moi, je dis, il faut tout mettre à plat.
11:09 Ce n'est pas que les parents, c'est tout le monde.
11:11 Il faut tout le monde se mettre autour d'une table et il faut discuter pour sortir de ça.
11:15 Parce que moi, j'ai peur que ce qui va se passer, c'est qu'on va passer à autre chose.
11:18 Voilà.
11:19 On va laisser comme ça la situation déjà...
11:21 - Bien sûr qu'on va passer à autre chose.
11:22 Mais c'est la vie dans laquelle...
11:24 C'est le monde dans lequel on vit, Samir.
11:26 Évidemment qu'on va passer à autre chose.
11:28 Mais ce n'est pas pour ça.
11:30 Ce n'est pas parce qu'on passe à autre chose qu'il faut laisser ça de côté.
11:33 Vous comprenez ce que je veux dire ?
11:34 - Mais c'est ce qui va se passer, M. Bourdin.
11:36 Vous le savez très bien.
11:37 Ça fait 40 ans que ça dure.
11:38 Ça fait 40 ans que ça dure.
11:39 C'est ce qui va se passer.
11:40 Un petit qui s'est fait tuer, encore une fois.
11:42 Et comme on dit, s'il n'y aurait pas eu les images, ce ne serait pas ces crèmes comme tous les autres.
11:47 Tout ce qui s'est passé avant.
11:49 Il faut absolument se mettre autour du table et réunir tous les partis
11:55 et discuter et faire quelque chose pour que tout le monde soit...
11:59 Personne ne soit lésé, comme on dit.
12:01 - Merci, Samir.
12:02 - Le problème, il est trop grave, M. Bourdin.
12:04 Voilà.
12:05 - Bon, ben merci, Samir, dans tous les cas.
12:07 Merci d'avoir ouvert ce débat.
12:09 On va le poursuivre dans deux minutes.
12:11 Parce qu'il faut que j'observe une petite pause.
12:13 Il est 11h15.
12:14 - Jean-Jacques Bourdin.
12:15 - Bien, nous avons...
12:16 Adama Kamara va venir nous rejoindre, responsable de l'association Sada.
12:20 Il travaille beaucoup dans les quartiers.
12:23 Joanne Joussommet est la secrétaire confédérale de la Confédération syndicale des familles
12:29 et Maître Mourad Falek, avocat au barreau de Paris.
12:31 Maître Falek, rappelons la loi, ce que dit l'article L. 227-17 du Code pénal sur la responsabilité des parents.
12:39 Je lis.
12:40 "Le fait par le père ou la mère de se soustraire, sans motif légitime, à ses obligations légales
12:46 au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité et l'éducation de son enfant mineur
12:51 est puni de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende."
12:55 C'est ce que dit la loi.
12:57 Ça veut dire que un père ou une mère peut être reconnu coupable, son enfant mineur, 13 ans, 14 ans,
13:05 entre dans un magasin, va voler de la marchandise, le père ou la mère peut être reconnu coupable.
13:13 - Alors, ce qu'on va reconnaître en termes de culpabilité, si c'est reconnu,
13:16 c'est pas le fait que votre fils ait volé, c'est votre défaillance éducative
13:21 qui a mené à ce que l'on va s'apercevoir.
13:24 Alors, c'est pas si simple.
13:26 C'est des dossiers un peu compliqués qui commencent à être appliqués également.
13:32 Ça, c'est une réalité.
13:34 Pour le reste, ce que je disais tout à l'heure, c'est surtout, surtout, et celle-là, elle est automatique,
13:39 c'est cette responsabilité civile.
13:41 Mais on ne peut pas être condamné pénalement du fait d'autrui.
13:45 On ne peut pas être condamné pour une infraction que vous n'avez pas commise.
13:49 Donc, l'infraction, c'est pas le vol indirect, c'est la défaillance éducative.
13:55 - C'est la défaillance éducative.
13:57 - Où vraiment, vous avez compromis, mais jusqu'à moralement et jusqu'à la santé de l'enfant.
14:02 Alors, si vous permettez, je veux juste replacer, j'entendais votre auditeur tout à l'heure dire,
14:07 les gens ne savent pas de quoi ils parlent.
14:09 Je veux quand même le préciser.
14:11 J'ai grandi à Nanterre.
14:13 J'ai grandi dans ces quartiers, et j'ai même grandi dans le dernier bidonville à la naissance,
14:19 le dernier bidonville sur la ville de Nanterre, qui était le bidonville de la folie.
14:24 Et croyez-moi, les quartiers à l'époque, c'était pas plus simple qu'aujourd'hui.
14:30 C'était vraiment pas plus simple qu'aujourd'hui.
14:33 L'autre élément qui est important à rappeler, parce que dans ce bouillon de pessimisme absolu depuis une semaine,
14:41 bien évidemment que dans les quartiers, vous avez des réussites exceptionnelles.
14:44 Vous avez des réussites exceptionnelles, il y en a beaucoup.
14:47 - Oui, mais on ne les met pas suffisamment en valeur.
14:49 - On ne les met jamais en valeur, et ça c'est une vraie difficulté.
14:51 Moi, je le vois au barreau, je vois l'origine des nouveaux confrères.
14:56 - Mais ça gêne tout le monde de mettre en valeur la réussite des quartiers.
14:59 - Elle est peut-être là, la difficulté.
15:00 - Ça gêne politiquement, mais ça gêne tout le monde.
15:03 - Mais c'est une réalité.
15:05 - Ça fait plaisir d'entendre ça.
15:07 - Moi, j'étais les deux premiers soirs des émeutes, parce que j'ai connu les pères,
15:13 parce que j'ai connu... Essayer de descendre dans les quartiers,
15:16 je n'ai pas la prétention de vouloir calmer les actes des uns et des autres,
15:21 mais d'essayer de comprendre.
15:22 D'essayer de comprendre parce qu'il y a parmi ces jeunes, des gens que j'ai déjà défendus,
15:27 nous étions en audience jeudi et vendredi.
15:31 La vraie, vraie, vraie difficulté dans cette affaire-là, c'est que les temps ont changé.
15:39 Tout a changé.
15:40 - Bien sûr.
15:41 - Le poids qu'avaient nos parents, je parle parce que quand vous êtes issus,
15:47 comme je le suis, de l'immigration, mais directe,
15:51 ce que je veux dire c'est que c'est mon père et ma mère qui ont été immigrés,
15:54 il y avait un positionnement des parents où, croyez-moi,
15:57 et vous m'excuserez la trivialité du propos, vous ne bougez pas une oreille.
16:01 Non seulement vous ne bougez pas une oreille, mais l'appel au respect de la société était fondamental.
16:06 Alors, qu'est-ce qui a changé ?
16:07 - Ça s'est délité ?
16:08 - Mais totalement.
16:10 - Et pourquoi ?
16:11 - Alors le pourquoi, c'est que socialement vous avez toute une série de nouveautés.
16:16 Moi j'ai une certitude, et je parle de ça depuis plus de 30 ans maintenant,
16:22 l'école ne remplit plus sa mission, comme elle l'a fait avec nous.
16:29 Alors on a appelé ça l'ascension sociale, on appellera ça comme on veut,
16:32 moi je le dis, je le répète, j'ai eu jusqu'à aujourd'hui...
16:35 - C'est une défaillance du service public au sens large du mot.
16:40 - Oui, oui, on n'a pas seulement l'école, et puis vous avez, il faut le dire,
16:45 un véritable abandon des terrains, ça je pense qu'on est à peu près tous d'accord.
16:48 - Madame, ma camarade, vous êtes d'accord ?
16:49 - Depuis des décennies.
16:50 - Vous êtes d'accord ?
16:52 - Bonjour, déjà désolé du retard.
16:53 - Non mais arrêtez, j'aimerais dire merci d'être venu quand même.
16:56 - Non on est là quand même, merci.
16:57 - Ça c'est vraiment un plaisir.
16:58 - Maitre Faurade Fallec, vous avez entendu ce qu'a dit ?
17:01 - Oui j'ai entendu, je suis quand même un peu d'accord avec ce qu'il dit.
17:04 - Vous connaissez parfaitement tous ces quartiers.
17:06 - Oui, j'y ai grandi, j'y fréquente, et aujourd'hui je travaille aussi beaucoup
17:10 - Gare Glegonès.
17:11 - Voilà, Gare Glegonès, la sensibilisation autour des bagarres, des rixes interquartiers.
17:15 - Zen Saint-Denis.
17:16 - Donc le Val d'Oise, Gare Glegonès.
17:18 - Oui, Gare Glegonès.
17:19 - Oui, c'est pareil.
17:21 - Vous avez raison, c'est mitonnière.
17:23 - Malheureusement, moi quand j'entends, voilà, il y a la responsabilité des parents,
17:27 j'ai l'impression que tous les parents sont des missionnaires quand je l'entends.
17:30 Et moi je me demande et je me pose une question, parce que j'ai beaucoup de familles monoparentales,
17:35 même des mamans, qui sont dépassées par leurs enfants, qui n'ont pas honte de le dire des fois,
17:39 qui viennent me voir et qui viennent voir des personnes qui disent "mon fils ne m'écoute pas".
17:44 "Mon fils, quand je lui dis de ne pas sortir, mon fils sort, il peut même me bousculer, j'ai besoin d'aide."
17:51 Donc on va quand même condamner cette maman ?
17:54 Moi je pose la question.
17:56 Donc ok, on vous dit la responsabilité des parents, c'est une réalité,
18:00 mais les parents vont devoir payer l'acte de leur enfant, déjà au niveau du tribunal, au niveau de l'argent,
18:08 quand il y a de l'argent à payer.
18:11 Vous dites ça parce que j'ai vu les Républicains qui demandent la suppression des allocations familiales
18:17 pour les parents d'enfants mineurs délinquants.
18:19 Mais moi je... En fait, on propose quoi comme solution ?
18:23 C'est la question. C'est qu'on fait de la répression, de la répression, de la répression.
18:26 On sanctionne des parents, mais à quel moment on trouve des solutions pour aider ses parents ?
18:31 Parce que moi je suis désolé, ok, ce qui s'est passé c'est très grave.
18:35 Déjà, la mort du jeune Nahel c'est très grave.
18:39 Ce qui s'est passé derrière c'est très grave.
18:41 Les premières victimes de ce qui s'est passé c'est aussi nous.
18:43 Parce que moi quand je parle aux jeunes et quand on va dans les quartiers, on leur dit
18:46 "Mais les gars, ce que vous êtes en train de brûler, on en aura besoin dans 2-3 semaines."
18:50 Et dans 2-3 semaines, une fois que la pression sera redescendue,
18:52 on va tous se regarder et on va se dire "Ah bah mince, on a fait n'importe quoi."
18:57 À quel moment on sanctionne les parents quand il y a du harcèlement,
19:03 quand il y a d'autres choses qui se passent hors des quartiers ?
19:06 Moi j'ai l'impression que quand ça touche un peu les quartiers populaires,
19:10 ça tape fort, parce qu'il faut taper fort.
19:13 Et il y a aussi tous ces mots "nuisibles", "ensauvagement" et compagnie.
19:17 Donc à un moment donné on est tous citoyens français, on le dit tous, toujours.
19:21 Mais moi je propose qu'on trouve des solutions au lieu de sanctionner les parents.
19:25 Est-ce que la sanction, sanctionner des parents, c'est une solution ?
19:29 C'est la question qu'il faut se poser. Moi je vous la pose cette question.
19:32 - Bien, alors, vous avez raison, on va prendre deux auditeurs et ensuite je continuerai à vous donner la parole bien sûr.
19:40 Chantal, qui est dans les Pyrénées-Orientales, bonjour.
19:43 - Oui bonjour, monsieur Bourdin.
19:45 - Qu'est-ce que vous avez à me dire, Chantal ?
19:47 - Ah bah tout simplement que quand on met des enfants au monde, on en est responsable jusqu'à 18 ans.
19:51 Nous sommes en France. Et peu importe le niveau social et le quartier dans lequel nous habitons.
19:56 Depuis tout petit, on éduque nos enfants. Moi je suis une grand-maman.
20:00 J'éduque ma fille, ma fille éduque son fils. Je ne dis pas que c'est la panacée, mais enfin il y a quand même un sens normal.
20:07 Il y a cette fatalité maintenant, j'ai 69 ans, il y a cette fatalité que l'on dit "oui mais vous comprenez, voilà, il y a les réseaux sociaux, il n'y a pas de cacophènes".
20:15 Un gamin de 6 ans, il n'a pas besoin d'avoir un téléphone à l'école. Un gamin de 15 ans, non plus.
20:21 Mon petit-fils a 14 ans, il a son téléphone cette année, il n'a que 4 numéros dessus et il n'a pas accès à Internet ni quoi que ce soit.
20:28 Je ne dis pas que c'est le ben béni du ciel, bien au contraire. Mais il faut être responsable, tout bêtement.
20:35 - Chantal, tout le monde sera d'accord, le problème c'est que parfois, et je rejoins ce que dit Adama Camara,
20:43 parfois c'est difficile quand on a une maman seule de s'opposer à son ado, à son ado de 13 ou 14 ans. C'est vraiment très difficile.
20:54 Là, franchement, M. Bourdin, je l'a beau faillite qui m'attrape, je suis désolée M. le ministre, je suis malade,
20:58 mais là, je l'a beau faillite qui m'attrape, il y a un parmi tant d'autres, mais ce n'est pas la totalité de tous les enfants.
21:04 Donc, il ne faut pas stigmatiser non plus la maman qui va se sentir encore plus en dessous des autres,
21:09 parce qu'il y a également tout ce qui est l'entourage social, mais je dirais qui est main de la République.
21:17 Les acteurs sociaux, pas forcément ce que vous recevez nullement, mais par exemple, personnellement,
21:24 quand j'ai aidé des personnes, parce que nous faisons partie d'une association,
21:28 eh bien, j'ai trouvé devant moi un sport national qui s'appelle le balancer de patates chaudes.
21:35 C'est à celui qui s'emberra le plus le truc. Et le problème réside tout le temps et augmente de dossier en dossier.
21:42 On a jamais la même personne devant nous, il faut chaque fois raconter l'histoire.
21:46 C'est ça, c'est parti de l'inconscient collectif et de l'abandon collectif.
21:51 Merci Chantal, merci. Je vais prendre Joël.
21:54 Oui, vous vouliez dire ? Qu'est-ce que vous vouliez dire, d'abord, Camara ?
21:57 Au-delà de la maman seule, etc., il ne faut pas non plus oublier l'effet de groupe.
22:01 Parce que ce qui s'est passé au début, c'est clair que c'est par rapport au décès de Naël,
22:06 mais après, il y a aussi beaucoup de défis au niveau des réseaux sociaux.
22:09 Parce que ma ville, ici, on a brûlé la mairie, on a saccagé ce magasin.
22:13 On va faire aussi bien que le nouveau quartier voisin.
22:16 Parce qu'on sait qu'après, médiatiquement, on va parler de notre ville.
22:18 Donc ça aussi, c'est une réalité. Ça fait partie des réalités.
22:21 Les personnes qui ont pillé, il y a des vidéos qui tournent sur les réseaux sociaux,
22:25 ce ne sont pas forcément des gens des quartiers populaires.
22:27 Mais c'est ce que je disais.
22:28 C'est des personnes qui sont là, visage découvert, comme s'il n'y allait avoir aucune sanction.
22:32 Ils viennent, ils vont piquer des montres, ils vont piquer tout et n'importe quoi.
22:36 Et après, derrière, comme si ce qu'ils faisaient, ce n'était pas grave.
22:39 Donc il y a aussi une grosse éducation à faire au niveau des réseaux sociaux.
22:42 Parce que les personnes, ils filment, on a l'impression qu'ils ne vont rien avoir.
22:46 Moi, j'ai l'impression, on marche sur la tête.
22:49 Quand je parle aux jeunes, je leur dis,
22:50 "Mais vous ne vous dites pas qu'il va y avoir des conséquences dans les semaines à venir ?"
22:54 Je ne vais pas monopoliser la parole, mais bon...
22:57 - Non, non, mais là, vous avez raison, les conséquences arrivent.
23:00 - Oui, les conséquences arrivent. Elles vont arriver, ça va être terrible.
23:03 - On va parler des conséquences, oui.
23:05 - Oui, c'est important, effectivement, de ne pas globaliser,
23:09 de tout centrer sur les quartiers populaires.
23:11 Vous l'avez dit, c'est une question qui frappe tout le territoire.
23:15 Et c'est aussi important de ne pas mettre tous les jeunes dans le même panier.
23:20 Et c'est pareil pour les parents.
23:22 Nous, on a énormément de témoignages dans notre association
23:25 qui est quand même centrée sur les quartiers.
23:27 - Je rappelle que vous êtes le secrétaire confédéral de la Confédération syndicale des familles.
23:31 - Qui agit principalement aussi sur les territoires, voilà, quartiers politiques de la ville.
23:35 Et les parents respectent aussi les lois de la République.
23:39 Alors évidemment, il y a une petite minorité de jeunes
23:44 qui vont de jeunes à un tiers de mineurs.
23:49 Donc le reste sont des non-mineurs quand même.
23:51 C'est important de le dire.
23:52 C'est aussi important de dire qu'il y a, entre guillemets, plusieurs catégories de mineurs.
23:57 Puisque demander à des parents d'avoir, entre guillemets, une autorité sur un jeune qui dépasse 15 ans,
24:04 il faut quand même reconnaître que c'est compliqué.
24:06 Les portes de l'appartement ne sont pas une prison.
24:10 Et juste sur les quartiers politiques de la ville,
24:13 parce que c'est aussi ces quartiers qui sont dégradés,
24:16 il y a des moyens qui sont mis, mais c'est majoritairement des moyens sur le bâti.
24:21 Nous, ce qu'on souhaite, c'est une...
24:23 - Mais le bâti c'est important, le logement c'est important.
24:26 - Oui, mais les murs... - C'est même essentiel.
24:28 - Oui, certes, mais les murs n'ont jamais permis de...
24:31 - On est d'accord.
24:32 - Vous avez raison, mais c'est... - Il faut mettre les moyens humains, en fait.
24:34 - Oui, aussi.
24:35 - Parce que le logement c'est essentiel.
24:37 - C'est essentiel, et même, ce que vous avez aussi dit tout à l'heure, ce qui est important,
24:40 et même dans les quartiers populaires ou autres,
24:43 il y a beaucoup d'associations qui œuvrent, qui font des belles choses,
24:46 pour faire vraiment avancer les choses positivement, mais on les montre peu.
24:50 On montre la banlieue que quand ça ne va pas.
24:52 Et on parle des jeunes de la banlieue que quand ça ne va pas.
24:55 Ça fait partie d'une réalité.
24:57 On parlait de l'éducation, de l'école.
24:59 Moi, je suis désolé, j'ai une collègue à nous, son fils s'est fait exclure.
25:03 Pendant à peu près 4 mois, il n'était pas scolarisé.
25:07 Donc, si elle n'était pas derrière son enfant,
25:09 à vraiment se battre... - S'en occuper.
25:12 - À s'en occuper, pendant 4 mois, admettons, 3-4 mois, un élève, il est déscolarisé.
25:16 Il ne fait rien, il va traîner dans le quartier.
25:18 Comment on va rembobiliser un jeune,
25:20 pour qu'il retourne après à l'école, 3-4 mois après ?
25:22 Ça, ça fait partie d'une réalité.
25:24 Moi, je pense que ce qui se passe, ce qui s'est passé,
25:27 je pense que c'est un mélange de plein de choses qui se passent depuis des années.
25:32 Soit dans les quartiers populaires et ailleurs.
25:35 Et ça a explosé.
25:37 - Il est 11h31.
25:39 Allez, je vais te donner la parole à Maître Mourad Falek et puis Joël aussi.
25:43 - Bien, 11h34. J'ai vu ce qu'a déclaré le ministre de la Justice, Dupond-Moretti,
25:56 qui dit "Lorsqu'un mineur sera déféré, un document sera remis à ses parents
26:03 expliquant qu'ils peuvent être poursuivis."
26:05 Ça peut les alerter.
26:07 Pourquoi pas ?
26:09 - Pourquoi pas ? Si c'est un mode de prévention, pourquoi pas ?
26:14 D'abord, il faut le savoir, le hasard du calendrier fait qu'aujourd'hui,
26:17 il y a une journée de grève des greffiers dans les tribunaux,
26:20 pour manque de moyens.
26:22 La justice, et je ne suis pas magistrat, je ne suis pas greffier,
26:25 nous sommes tous dans le même bateau.
26:27 - Oui, mais Maître Mourad Falek, aujourd'hui, il y a présentation d'un texte
26:32 de loi améliorant la situation et prévoyant l'embauche de...
26:36 - On va voir si la grève est bien aujourd'hui, c'est qu'il y a déjà eu des éléments,
26:39 notamment cette grille...
26:41 - On verra, on verra.
26:43 - Pourquoi pas maintenant, la responsabilité des parents,
26:47 on parlait de la responsabilité pénale tout à l'heure,
26:49 c'est pas automatique, et fort heureusement,
26:51 on ne vient pas parce que le fils mineur ou la fille mineure s'est rendue coupable
26:56 d'un vol de je ne sais quoi dans ses émeutes,
27:00 qu'on va en bastiller du jour au lendemain les parents,
27:03 c'est plus compliqué que ça.
27:05 Il y a un vrai travail de fait, ça il faut le savoir.
27:07 Moi, ce qui m'amuse beaucoup, excusez-moi,
27:09 le terme est peut-être impropre, mais je l'utilise volontairement,
27:13 c'est de se rendre compte que, à chaque crise de ce type,
27:16 nos politiques, nos responsables, ont l'impression de découvrir l'eau tiède.
27:20 Qu'est-ce qui me fait dire ça ?
27:22 J'entends encore une proposition qui est une tarte à la crème depuis des années,
27:26 la suppression de l'allocation familiale aux parents,
27:28 donc on va arrêter avec ça.
27:30 On sait bien que ça marche pas, on sait bien que c'est ridicule,
27:32 on sait bien que c'est une, encore une fois,
27:35 c'est un baratin politique absolument éhonté, je le dis comme je le pense,
27:40 la réalité, la réalité c'est qu'il y a des parents qui sont en effet dépassés,
27:45 il y a des parents qui sont dépassés,
27:47 il faut savoir, alors on parlait de mineurs 30%,
27:49 il y a une particularité chez ces jeunes gens qui ont été interpellés
27:54 et qui ont comparu pour beaucoup,
27:56 c'est qu'on est des très jeunes mineurs,
27:59 il y a aussi des très jeunes mineurs,
28:01 et on m'interrogeait à l'audience vendredi,
28:04 la question essentielle et qui revenait à chaque fois posée par les magistrats,
28:07 mais pourquoi vous faites ça ?
28:09 C'est fondamental.
28:11 J'en ai défendu, vendredi on y a passé la journée avec des confrères,
28:15 la question est toujours la même et la réponse est toujours la même,
28:18 je ne sais pas, et bien il se trouve, et c'est là où il y a une vraie difficulté,
28:22 je l'ai dit et je le répète,
28:24 que cette réponse elle est non seulement sincère du jeune,
28:28 mais c'est la vérité, je ne sais pas, je ne sais pas.
28:32 - Mais il venait d'où ces jeunes, il venait d'où ces jeunes, de différents milieux ?
28:36 - Il y en a du quartier, ça s'échange, il faut le savoir,
28:38 ça s'échange aujourd'hui, c'est devenu un village,
28:40 à travers les réseaux sociaux,
28:42 et bien toi tu vas aller dans le département du Val-d'Oise,
28:45 toi tu seras en Seine-Saint-Denis,
28:47 et on a des gens qui arrivent de partout,
28:49 et en espèce de sur-enchaire...
28:51 - Avec souvent des jeunes qui sont scolarisés, qui n'ont pas de soucis ?
28:55 - On a de tout, monsieur Bourdin, absolument de tout,
28:58 des jeunes scolarisés, des jeunes qui ont un emploi,
29:03 on a de tout.
29:05 Alors, quand je dis on a le sentiment de découvrir l'eau tiède,
29:08 nous sommes sur des décennies de difficultés,
29:11 nous sommes sur des décennies de difficultés,
29:13 on n'a jamais posé, jamais posé véritablement les problèmes,
29:16 qu'on le veuille ou non,
29:18 qu'on le veuille ou non, je ne sais pas si il faut changer de république,
29:20 passer de la 5ème à la 6ème,
29:22 tout ça je m'en contreviens.
29:24 - Mais les jeunes s'en foutent, pardon, on s'en moque de ça.
29:27 - C'est organisé une vie sociale, et on n'a pas le choix.
29:30 Dernier point, et je le soulève quand même,
29:32 ça peut aussi poser une difficulté,
29:34 parce que les gens ont peur des mots,
29:36 en arrière-plan, on a ce thème,
29:40 presque honteux, qui est très difficile à manipuler,
29:43 l'immigration.
29:45 L'immigration. Tous ces jeunes, souvent, sont issus de...
29:48 On arrête avec ça. On arrête avec ça,
29:50 il y a une idée, elle est claire, elle est nette, elle plaît ou elle ne plaît pas,
29:52 ces gamins sont français, ils resteront français.
29:54 - Alors, tous les jeunes que vous avez défendus,
29:57 vous avez défendu plusieurs jeunes.
29:59 Ils viennent d'où ?
30:01 - Alors, je vais vous surprendre,
30:03 - Ils sont français, ils sont tous français.
30:05 - Ils sont tous français.
30:07 En tout cas, ceux que j'ai défendus, et ceux que j'ai vu passer,
30:09 ça va régler le problème.
30:11 Mais surtout, socialement, il n'y a pas que des gens de cités.
30:13 - Mais oui, c'est ce que je disais, mon Dieu.
30:15 - Il n'y a pas de gens de cités.
30:17 Et, ça fait 30 ans que je défends des gamins, et pas seulement,
30:19 et croyez-moi, croyez-moi,
30:21 la délinquance, c'est transversal.
30:23 C'est socialement transversal.
30:25 - Mais évidemment.
30:27 - Je défends des gamins de l'Ouest parisien, des beaux quartiers de l'Ouest parisien,
30:29 dans toutes les matières.
30:31 Quand je dis dans toutes, c'est toutes.
30:33 Ça va de l'outrage au refus de tempérer,
30:37 au trafic de stupéfiants,
30:39 et je prends un exemple tout simple,
30:41 quand vous prenez les Black Blocs,
30:43 c'est impressionnant la population que vous y trouvez.
30:45 Mais impressionnant.
30:47 - Des cadres ?
30:49 - Vous avez des cadres, vous avez des étudiants de haut niveau,
30:51 vous avez...
30:53 Donc, c'est bien la démonstration
30:55 que socialement, il y a une vraie difficulté.
30:57 Et socialement, au sens le plus large.
30:59 On peut parler des réseaux sociaux,
31:01 on peut parler de la société consommation,
31:03 qui est une catastrophe.
31:05 Quand culturellement, ce que vous offrez aux mineurs aujourd'hui,
31:07 je ne vais citer aucune émission,
31:09 quand la référence culturelle, ce sont les âneries
31:11 qu'on nous passe sur certaines chaînes,
31:13 excusez-moi, il y a un moment où...
31:15 - Je suis d'accord.
31:17 - Moi je reviens, et je vais passer pour un dinosaure...
31:19 - Et les influenceurs ?
31:21 - Quand vous voyez qu'on est influenceurs,
31:23 on n'aligne pas trois mots correctement,
31:25 et on gagne des millions,
31:27 quels schémas vous voulez donner ?
31:29 En plus, s'agissant des familles monoparentales,
31:31 vous avez une autre difficulté.
31:33 Je ne suis pas spécialiste de ces questions,
31:35 mais nous, nous le voyons tous les jours,
31:37 la référence à une image paternelle
31:39 disparaît de plus en plus.
31:41 Le modèle que vous avez,
31:43 alors je vais schématiser,
31:45 mais c'est une réalité.
31:47 Vous êtes gamin,
31:49 vous avez des difficultés,
31:51 on voyait, à ma génération,
31:53 le père aller au travail,
31:55 faire ce qu'il faisait le matin,
31:57 il y avait une espèce d'exemple,
31:59 d'exemplarité, qui peut-être existe
32:01 de moins en moins, je n'en sais rien.
32:03 Je ne suis pas spécialiste de ces questions.
32:05 - Adama Kamara, vous complétez ?
32:07 - Moi je pense qu'il faut réparer la jeunesse,
32:09 parce qu'avec tout ce qu'on voit
32:11 aujourd'hui sur les réseaux sociaux,
32:13 les jeunes comme même les moins jeunes,
32:15 toute notre journée, on a la tête baissée
32:17 sur notre téléphone. Et ce qu'on voit sur notre téléphone,
32:19 c'est quoi ? Soit de la violence,
32:21 soit du sexe, soit des belles voitures,
32:23 soit des influenceurs, soit tout et n'importe quoi.
32:25 Donc, comme il a pu le dire,
32:27 maintenant leur exemple, c'est qui ?
32:29 Ce qu'on voit sur les réseaux sociaux,
32:31 que ce soit sur TikTok, Instagram et autres.
32:33 Donc ils grandissent avec un idéal qui est
32:35 "je veux devenir comme cette personne".
32:37 Donc aujourd'hui, la valeur travail,
32:39 elle existe peu. Moi j'ai l'impression,
32:41 des fois quand je parle aux jeunes,
32:43 travailler, c'est devenu la honte.
32:45 C'est terrible, hein !
32:47 Et de tout milieu !
32:49 Travailler aujourd'hui, c'est devenu
32:51 "non, je veux être influenceur"
32:53 ou "je veux être footballeur"
32:55 ou "je veux être rappeur" ou "je veux être je ne sais quoi".
32:57 Parce qu'ils ont l'habitude de voir ça.
32:59 Aujourd'hui, je pense qu'il y a un gros
33:01 travail à faire, déjà sur la jeunesse
33:03 à ce niveau-là, et au niveau de la justice.
33:05 Parce que même au niveau de la justice,
33:07 les jeunes ne connaissent pas ce que c'est
33:09 la justice des mineurs. Ils ne connaissent rien.
33:11 Et pour en finir, par rapport aux parents,
33:13 les parents sont déjà sanctionnés.
33:15 Parce que quand un mineur va commettre un délit,
33:17 va aller en prison, c'est qui qui paie l'amende ?
33:19 - Hum.
33:21 - C'est l'avocat ? - Les parents.
33:23 - Les parents. Donc les parents sont déjà sanctionnés.
33:25 Donc là, de dire "on va sanctionner encore plus
33:27 les parents", je vois pas de quoi
33:29 on parle, en fait. - Oui.
33:31 - Johanne Joussome.
33:33 - Je ne suis pas sûr que c'est en rétablissant
33:35 une forme de patriarcat
33:37 ou de modèle comme ça, très ascendant,
33:39 qu'on va
33:41 réparer la jeunesse, comme on dit.
33:43 - Mais ce n'est pas du patriarcat !
33:45 - C'est l'autorité du père et la mère !
33:47 - Non mais alors, bien sûr...
33:49 - Donc on va
33:51 continuer à laisser les jeunes grandir
33:53 avec une mentalité des réseaux sociaux ?
33:55 - Je dis pas ça, je dis pas que
33:57 ce qui se passe au niveau des réseaux
33:59 sociaux, c'est bien, etc.
34:01 Je dis... Le sens
34:03 de mon propos, c'est de dire qu'il faut
34:05 donner, aujourd'hui,
34:07 des responsabilités à la jeunesse,
34:09 et lui laisser
34:11 la parole, mais par des
34:13 éléments, par des choses très encadrées.
34:15 Ça passe par quoi ? Ça passe par exemple
34:17 par des conseils municipaux de jeunes.
34:19 Demandez aux villes si elles font des conseils
34:21 municipaux de jeunes, soit elles leur donnent
34:23 aucune responsabilité, soit elles en ont peur et elles le font pas.
34:25 Donc il faut investir les jeunes
34:27 de la vie de la cité, il faut les mettre
34:29 au cœur des choses...
34:31 - C'est un peu de la théorie, non ? - Ah non, c'est pas de la théorie !
34:33 - C'est pas un conseil municipal de jeunes
34:35 qui va résoudre... - Comment on les emmène ?
34:37 - C'est un milieu... - Comment des gens les emmènent
34:39 au conseil municipal ?
34:41 Comment on les attire à les ramener là-bas ?
34:43 Moi, je pense que le plus gros problème de ce qui se passe,
34:45 de ce qu'on voit, c'est une
34:47 recherche de valorisation.
34:49 Les jeunes, ils cherchent à se valoriser.
34:51 Même là, ils se valorisent dans le mal,
34:53 ce qui se passe là, ces temps-ci.
34:55 Mais ils sont contents, parce qu'on
34:57 parle d'eux ! À quel moment on parle de ces jeunes ?
34:59 On parle jamais des jeunes.
35:01 Les jeunes, c'est soit on leur impose quelque chose,
35:03 ou soit on dit "bah, laissez-les,
35:05 c'est des jeunes qui fréquentent pas les structures, ils s'en foutent
35:07 de la politique et autres", et on leur parle pas.
35:09 À quel moment on va commencer à
35:11 parler avec ces jeunes, et on va leur donner
35:13 de la valorisation, de l'importance,
35:15 et de leur dire que la réalité, c'est pas ce qu'on voit sur les réseaux sociaux.
35:17 Aujourd'hui, quand on regarde les réseaux sociaux,
35:19 on va regarder TikTok, on va regarder la prison,
35:21 on a l'impression que la prison, c'est facile avec TikTok.
35:23 - Oui, ils n'ont plus la notion.
35:25 - On en est là ! La prison,
35:27 c'est facile parce que
35:29 on va montrer pendant une minute, parce qu'une vidéo,
35:31 en moyenne, les vidéos qui regardent les jeunes,
35:33 c'est 30 secondes, une minute, et pendant
35:35 une minute, on va nous faire croire que la prison, c'est facile.
35:37 Donc aujourd'hui, je suis à des débats avec des jeunes,
35:39 où je leur fais prendre conscience, "les gars,
35:41 la prison, c'est pas TikTok."
35:43 Donc la valorisation, je pense que c'est important,
35:45 après, il faut...
35:47 - On va prendre Joël,
35:49 et puis Jean-Étienne. Joël, bonjour.
35:51 - Bonjour, Jean-Jacques Bourdin,
35:53 je suis ravie de vous avoir.
35:55 - Moi aussi, Joël.
35:57 - On vous écoute tous les jours sur Sud Radio.
35:59 - Merci, c'est gentil, Joël. Vous êtes dans le Lot-et-Garonne, hein ?
36:01 - Je suis à Agen,
36:03 dans le Lot-et-Garonne. Je voulais
36:05 apporter un témoignage.
36:07 J'ai habité, je viens de déménager,
36:09 j'ai habité pendant 33 ans,
36:11 j'ai habité Montanou, à Agen,
36:13 c'est une cité où
36:15 il y a beaucoup de population maghrébine,
36:17 et nous n'avons jamais eu
36:19 aucun souci avec ces personnes.
36:21 C'est un quartier où il y a eu
36:23 des voitures, enfin, des chariots brûlés
36:25 ces derniers temps, mais toutes les personnes
36:27 qui y habitent, nous n'avons jamais eu de souci avec
36:29 ces gens-là. Voilà. Donc,
36:31 je voulais dire surtout que les dames maghrébines
36:33 s'occupent comme les Françaises,
36:35 merveilleusement, de leurs enfants.
36:37 Et je crois que jusqu'à l'âge
36:39 de 12 ou 14 ans,
36:41 elles les maîtrisent, mais après,
36:43 quand ils attrapent 14 ou 15 ans,
36:45 là, elles ne les maîtrisent plus.
36:47 Et comme les papas français,
36:49 c'est le rôle des papas français
36:51 de faire le... de... de...
36:53 de prendre le relais. Et souvent,
36:55 je pense qu'il y a une éducation
36:57 au niveau de ces populations
36:59 qui étaient là-même chez nous,
37:01 il y a quelques années, et...
37:03 - Qui a changé ?
37:05 - Qui n'a pas suffisamment changé, justement.
37:07 Je vais raconter une petite histoire...
37:09 - Alors, qu'est-ce que vous vouliez dire ?
37:11 Le rôle des pères, là, vous les soulignez.
37:13 Alors, qu'est-ce que vous voulez dire à propos du rôle des pères, Joël ?
37:16 - Alors, je vais vous expliquer en deux mots.
37:18 Je m'en étais pas rendu compte sur place,
37:20 mais l'année dernière, nous avons eu
37:22 la réunion des voisins des quartiers.
37:24 Il y avait des dames, et il n'y avait pas les messieurs.
37:27 Les messieurs ne sont pas venus.
37:29 Or, ce sont des populations qui ont l'habitude
37:31 de faire les choses, de fêter les choses,
37:33 les hommes d'un côté, les femmes de l'autre.
37:35 Et ça, c'est un réel problème.
37:37 Et quand on a demandé pourquoi les messieurs ne venaient pas,
37:40 on n'a pas trop compris pourquoi,
37:42 mais au bout d'un petit moment,
37:44 les messieurs, quelqu'un est arrivé,
37:46 et dans l'affaire de 20 minutes,
37:48 toutes les dames ont été parties.
37:50 - Hum. - Voilà.
37:52 - Donc, Joël, vous voulez dire que les pères,
37:54 malheureusement, ont démissionné,
37:56 enfin, ou de moins, ne remplissent pas
37:58 leur rôle, et le rôle, peut-être,
38:00 qu'ils remplissaient auparavant ?
38:02 - Alors, je ne sais pas.
38:04 Il ne s'agit pas de société patriarcale.
38:07 Peut-être que le patriarcat, pardonnez-moi,
38:09 mais à une époque, ça a été utile, aussi.
38:12 Le rôle du père est aussi très important.
38:15 - J'aimerais clarifier après.
38:17 - Le rôle du père, il est important.
38:19 Moi, j'ai une maman que j'accompagne,
38:21 parce qu'aujourd'hui, je fais de l'accompagnement d'eux.
38:23 - Mais c'est vrai, quand il s'agit d'aller parler de...
38:25 - Non, mais c'est une réalité.
38:27 Il y a une maman qui m'a dit, "Adama, père,
38:29 veut dire repère." - Oui.
38:31 - Donc, à partir du moment où, on va se dire la vérité,
38:34 c'est vrai qu'il y a beaucoup de papas qui sont absents.
38:36 - Mais oui.
38:38 - Le pourquoi du comment, je ne suis pas là pour les accabler,
38:40 mais il y a des pères qui sont absents.
38:42 Donc, forcément, un jeune qui n'a pas
38:44 l'exemple à la maison, va chercher un exemple dehors.
38:47 Son exemple dehors, ça va être peut-être
38:49 le grand du quartier, etc.
38:51 Et de là, aussi, avec l'effet de groupe,
38:54 l'influence des jeunes, parce que
38:56 les jeunes, ils ont deux comportements.
38:58 Il y a le comportement à la maison,
39:00 et le comportement dehors. Et ça, il ne faut pas négliger.
39:02 Parce que, dehors,
39:04 avec l'effet de groupe et tout ce qui va avec,
39:07 le jeune n'aura pas le même comportement
39:09 que face à sa mère ou à son père à la maison.
39:11 Ça aussi, c'est une réalité.
39:13 Donc, moi, je pense que
39:15 il vaut mieux chercher à trouver des solutions,
39:17 au lieu des sanctions, pour ma part.
39:19 - Vous vouliez réagir.
39:21 Oui, après, je fais la pub. Promis.
39:23 Allez.
39:25 - Oui, je veux juste dire que
39:27 aujourd'hui, on est dans une société
39:29 où il y a 40% de familles...
39:32 - Monoparentales ?
39:34 - Non, alors, recomposées, monoparentales.
39:37 Et il y a plein de formes de parentalité.
39:40 Les modèles traditionnels
39:42 ont bougé, et de façon exponentielle.
39:46 Et donc, il faut aussi trouver,
39:48 inventer des solutions
39:50 avec cette réalité-là.
39:52 Je ne suis pas sûr, d'ailleurs, que les jeunes
39:54 qui font des bêtises
39:56 dans les rues, etc.,
39:58 sont que des enfants sans père.
40:00 Je ne crois pas.
40:02 - Non, c'est pas ce qu'on a dit.
40:04 - On n'a pas dit "sans père".
40:06 On a dit "sans repère".
40:08 Mais, bien sûr,
40:10 qu'il faut redonner...
40:12 - Mais, dans les écoles,
40:14 organiser les rencontres
40:16 entre les enseignants
40:18 et les parents,
40:20 et vous verrez qu'il n'y a jamais de père.
40:22 Très peu de père.
40:24 À part dans les écoles,
40:26 il y a des quartiers un peu huppés.
40:28 - Les pères doivent reprendre leur place.
40:30 Ça, c'est une évidence.
40:32 - C'est une réalité.
40:34 - Ils ont un certain nombre
40:36 à déserter.
40:38 Ils doivent reprendre leur place.
40:40 C'est évident.
40:42 - Parce que, des fois, on compte
40:44 même plus sur le grand du quartier
40:46 que sur le père.
40:48 - Oui.
40:50 - Il est 11h52.
40:52 Très vite,
40:54 Jean-Étienne, qui est à Maison-Lafitte,
40:56 dans les Yvelines.
40:58 Bonjour, Jean-Étienne.
41:00 - Bonjour à tous.
41:02 - Qu'est-ce qu'il faut faire ?
41:04 Vous supprimez toutes les aides sociales ?
41:06 - Je suis enseignant.
41:08 Déjà, par rapport à ce que j'ai entendu,
41:10 je me permets quand même...
41:12 Quel moment, parce que ça boue à l'intérieur.
41:14 Je me permets quand même
41:16 de le préciser.
41:18 Quand j'ai des réunions,
41:20 j'ai été enseignant à samedi.
41:22 Je suis en Cité.
41:24 Je ne vais pas me justifier,
41:26 mais pour que vous ayez un peu une idée.
41:28 Moi, je suis désolé.
41:30 Je vois aussi des pères qui sont complètement dépassés,
41:32 etc., et des mères qui me répondent
41:34 qu'ils n'en ont strictement rien à faire.
41:36 Donc, je vais être très concret.
41:38 D'ailleurs, j'en profite pour dire
41:40 vive parents vigilants.
41:42 Je ne sais pas si vous connaissez,
41:44 mais c'est quelque chose
41:46 dont les personnes devraient se concentrer
41:48 un peu.
41:50 C'est quelque chose
41:52 de très important que vous pouvez trouver partout.
41:54 Et ça, j'insiste.
41:56 Et j'en profite aussi pour, après,
41:58 je vous dirai très vite ce que je...
42:00 - Très vite, Jean-Etienne.
42:02 - Je suis, d'ailleurs,
42:06 comme reconquête,
42:08 à fond pour le soutien des forces de l'ordre.
42:10 Voilà. Bien.
42:12 Moi, ma proposition...
42:14 - En fait, tout le monde est pour le soutien des forces de l'ordre.
42:16 - Pardon ?
42:18 - Tout le monde est pour le soutien des forces de l'ordre.
42:20 - J'espère bien.
42:22 - Alors, allez-y.
42:24 - Je vous donne, donc, ma...
42:26 - Mais très vite, Jean-Etienne.
42:28 Allez-y, parce qu'on perd du temps.
42:30 - Je viens d'entendre Gérard Darmanin qui, encore...
42:32 - Mais ne faites pas de politique.
42:34 Qu'est-ce que, Jean-Etienne, vous dites ?
42:36 - Ce que je voulais vous dire, c'est que je suis pour,
42:38 effectivement, que, comme vous venez si bien de le dire,
42:40 M. Bourdin,
42:42 la solution la plus radicale
42:44 avec tout ce qui se passe en ce moment,
42:46 et qui va prendre quelques temps pour s'adresser aux quartiers,
42:48 et être ferme avec les voyous, comme vient de le dire ce cher Darmanin,
42:50 c'est de couper les aides
42:52 à toutes ces familles
42:54 qui sont dépassées,
42:56 comme je peux le voir,
42:58 et je peux vous dire que...
43:00 - Elles seront moins dépassées, Jean-Etienne.
43:02 Vous leur coupez les aides, elles seront moins dépassées ?
43:04 - Euh... Leur couper tout.
43:06 Voilà.
43:08 - Même de respirer.
43:10 - C'est-à-dire que vous en faites quoi, quoi ? Vous les mettez à la rue ?
43:12 - Mais, M. Bourdin,
43:14 ne soyons pas dans la caricature.
43:16 - Mais c'est pas la caricature, c'est la réalité des choses.
43:18 - On les empêche de respirer aussi.
43:20 - M. Bourdin,
43:22 vous voyez bien en ce moment
43:24 tout le bazar et tout ça.
43:26 La seule solution pour l'instant, et la plus rapide,
43:28 et peut-être pour vous la plus radicale,
43:30 mais je suis désolé, c'est parce que j'ai pas
43:32 beaucoup de temps pour parler avec vous,
43:34 mais ça serait de couper les aides,
43:36 et je peux vous dire que les parents réagiraient
43:38 selon moi beaucoup plus...
43:40 - Vous croyez, vous croyez,
43:42 sans vouloir ouvrir
43:44 la moindre polémique avec vous,
43:46 mais Jean-Etienne, est-ce que vous pensez
43:48 que si on enlève tous les moyens de subsistance
43:50 à des familles, ça empêchera
43:52 à des gamins de 14 à 15 ans de ne pas
43:54 aller voler une chaussure Nike ?
43:56 Je vous pose la question.
43:58 - Vous allez voir les parents s'ils vont pas avoir
44:00 un espèce de...
44:02 - Parce que vous croyez que le gamin
44:04 qui a 15 ans, il va écouter ses parents ?
44:06 - Bien sûr que oui,
44:08 il écoutera ses parents, M. Bourdin.
44:10 - Alors rien n'est fait, rien n'est fait,
44:12 arrêtons de se voiler la face,
44:14 arrêtons... vos invités vont encore
44:16 dire des faits de l'appalissage,
44:18 je pense, mais arrêtons de se voiler la face,
44:20 voilà ce que j'avais envie de dire.
44:22 - Bon, mais vous avez raison de le dire,
44:24 parce que vous n'êtes pas le seul à penser ça.
44:26 - Il y en a beaucoup qui pensent comme ça.
44:28 - Jean-Etienne n'est pas le seul à penser ça.
44:30 Il ne faut jamais jeter
44:32 l'opprobre sur ces propos-là.
44:34 Ces propos sont à écouter.
44:36 - Il a le droit.
44:38 - Il a le droit de se faire entendre,
44:40 de se dire autour de ce qui vient d'être dit.
44:42 Quelle réponse apportez-vous ?
44:44 - Une fois qu'on aura tout coupé,
44:46 si le jeûne continue, on fait quoi ?
44:48 - Ben oui, non mais...
44:50 - Parce qu'on pense que c'est la menace ultime,
44:52 celle-là. On va couper les aides,
44:54 on va couper les allocations,
44:56 à croire qu'il n'y a que les personnes
44:58 des quartiers populaires qui touchent les allocations,
45:00 donc ça va leur faire du mal,
45:02 et derrière, il y aura
45:04 un regain de quelque chose,
45:06 et donc le parent va redevenir parent,
45:08 limite. Et on parle des parents dépassés,
45:10 en fait. Donc, qu'on lui coupe
45:12 les allocs ou pas, il est dépassé.
45:14 Donc même s'il vient face à son enfant,
45:16 "Ben on m'a coupé les allocs",
45:18 l'enfant va dire que de base, il ne le calcule pas.
45:20 - Oui, moi je pense
45:22 que ce type
45:24 d'idées, qui sont, je le répète,
45:26 des tartes à la crème et qui
45:28 ne servent absolument à rien,
45:30 d'abord, on prétend
45:32 à travers ça, amener
45:34 aussi de l'autorité aux parents, comme si
45:36 le fait de couper d'un mois sur l'autre, du jour au lendemain,
45:38 un revenu,
45:40 ça va
45:42 déclencher une espèce d'autorité que les parents n'ont
45:44 jamais eue. En réalité,
45:46 on va plonger ces gens dans la
45:48 précarité, dans une vraie précarité.
45:50 On oublie quand même que ces gens-là, pour vivre,
45:52 ce n'est pas
45:54 même le revenu moyen.
45:56 Là, ça, ça pose un vrai
45:58 souci. On parlait aussi des forces
46:00 de l'ordre,
46:02 de soutien aux forces de l'ordre. Moi, je rappelle quand même,
46:04 il y a quelques années,
46:06 un ancien président de la République
46:08 a, dans des conditions
46:10 humiliantes et lors
46:12 d'une diffusion
46:14 à la télé, expliqué
46:16 que la police de proximité, ça ne servait plus à rien.
46:18 - Oui, c'est vrai.
46:20 Je ne veux pas faire de politique. - Non, je ne fais pas de politique.
46:22 Je dis simplement que ces forces de l'ordre,
46:24 sachez-le, les forces de l'ordre, nous sommes avec
46:26 eux tous les jours aussi. Tout le monde
46:28 ne soutient pas ce qui s'est passé.
46:30 Tout le monde n'est pas dans tel syndicat
46:32 qui appelle à la répression absolue.
46:34 Le vrai, vrai, vrai
46:36 souci, c'est de renouer
46:38 tous ces liens-là. On parlait des pairs tout à l'heure.
46:40 Les pairs avaient des liens avec la police à l'époque.
46:42 Ce qui n'existe malheureusement
46:44 un peu moins. - C'est vrai. Un mot. Terminé.
46:46 Très vite. 30 secondes, Johan.
46:48 - Très vite, on est en train de tomber dans un piège.
46:50 C'est de laisser penser que les jeunes
46:52 défaillants, entre guillemets,
46:54 ce sont les jeunes dont les
46:56 parents touchent les allocs. Ça, c'est grave.
46:58 Laisser penser que si on coupe les allocs
47:00 et qu'ils vont s'arrêter, c'est encore
47:02 plus grave parce que ça ne fera que
47:04 s'aggraver. Je suis d'accord pour parler
47:06 de la police de proximité. Il faut
47:08 aussi réinjecter des fonds
47:10 dans les quartiers, sur les territoires,
47:12 sur les associations,
47:14 qui font aujourd'hui, on les finance
47:16 plus que par projet.
47:18 Il faut du fonctionnement. Il faut un fonctionnement
47:20 global où on remet aussi
47:22 la police dans une relation
47:24 de proximité avec les habitants.
47:26 Toutes les strates,
47:28 que ce soit également
47:30 au niveau des écoles, au niveau des centres sociaux,
47:32 etc. J'ai tellement de choses à dire.
47:34 - Merci. On pourrait
47:36 faire 5 heures d'émission, je vous le dis
47:38 tout de suite avec les auditeurs. Merci à tous
47:40 les trois d'être venus nous voir.