Mardi 20 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Aurore Ruffier (Responsable des partenariats entreprises, Emmaüs Défi) , Timothée Boitouzet (Fondateur et PDG, Woodoo) , Johanna Mikidadi (Directrice générale, Association chiens guides d'aveugles IDF) et Antoine Guichard (Responsable RSE, Heppner)
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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises.
00:13 Un pacte positif de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:19 Et voici le sommaire.
00:21 Mon invité aujourd'hui, c'est la directrice générale de l'association Guide Chien d'aveugle en Ile-de-France, Johanna Mikidadi.
00:28 Vous verrez que l'éducation de ces chiens coûte en moyenne 25 000 euros et que les déficients visuels qui en bénéficient sont malheureusement peu nombreux, voire très peu nombreux.
00:38 Dans notre débat, on verra comment Eppner, entreprise de transport et de logistique, travaille avec l'association Emmaüs Défi pour lutter contre l'exclusion sociale et l'isolement des plus précaires.
00:49 Dans notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables, vous découvrirez Woodoo et son bois augmenté, imputrécible, plus résistant au feu et plus rigide.
01:00 Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
01:03 [Musique]
01:10 L'invité de cette émission, c'est donc Johanna Mikidadi. Bonjour.
01:13 Bonjour.
01:14 Bienvenue, heureux de vous accueillir. Vous êtes la directrice générale de l'association Guide Chien d'Aveugle en Ile-de-France.
01:19 L'association, on va la présenter pour démarrer, existe depuis combien de temps ? Qui forme combien de chiens par an ? Racontez-nous un peu.
01:28 L'association existe depuis 1975. C'est une des premières qui existe en France.
01:35 On forme, c'est assez aléatoire, en fonction des besoins que l'on a et des possibilités qui sont les nôtres. On va former une quinzaine de chiens à l'année.
01:46 C'est long, mais c'est nécessaire.
01:49 Vous allez nous expliquer ce processus. Il y a ça, mais quelles sont globalement les missions de l'association ?
01:55 La mission première de l'association, c'est de permettre l'autonomie aux personnes déficientes visuelles.
02:01 On forme des chiens pour cette mission essentiellement. On a des personnes qui ont besoin de travailler, qui ont besoin de se déplacer,
02:10 qui ont besoin d'accomplir des gestes qui pour nous sont banals. Les chiens vont les aider à se déplacer en autonomie et en sécurité.
02:21 Il y a aussi un objectif de sensibilisation du public.
02:24 Bien sûr, c'est nécessaire. Les éducateurs accomplissent des missions, ont un métier qui est méconnu du grand public.
02:33 Il faut savoir qu'il n'y a que 1% des personnes déficientes visuelles en France qui bénéficient d'un chien guide.
02:40 J'ai découvert ce chiffre en préparant l'émission et je suis un peu tombé de ma chaise. Comment c'est possible ?
02:47 La formation d'un chien guide coûte en moyenne 25 000 euros. Comment ça s'explique ?
02:59 Comment on forme un chien guide ?
03:03 On a des chiens qui proviennent d'élevage. Les chiens sont vraiment triés sur le volet.
03:08 Ce sont des races dédiées à ce métier. On ne peut pas éduquer n'importe quel chien.
03:15 On fait énormément de retours au centre. C'est un centre qui fait partie de la FFAC, la Fédération française des chiens guides d'aveugles.
03:24 Notamment le CZK qui nous donne des chiens.
03:29 C'est long. Ensuite, il faut que les chiens soient dans un environnement de bien-être.
03:39 Ils sont jusqu'à 2 mois avec leur maman.
03:46 On les récupère à l'âge de 2 mois et l'association les a en charge jusqu'à leur retraite à l'âge de 10 ans.
03:54 Les 25 000 euros globalisent.
04:00 C'est sur les 10 ans. Ce n'est pas seulement sur la formation.
04:05 Il y a une part de compréhension importante.
04:08 La formation de ces chiens et des personnes qui vont en bénéficier, parce que c'est un binôme qu'on crée, ça se fait où ?
04:17 À plusieurs endroits. Notamment à l'école.
04:21 On a une mini-ville qui nous permet d'éduquer les chiens dans un environnement plus sécure.
04:27 Il n'y a pas trop de bruit de la ville. Nous sommes en pleine campagne.
04:31 Vous êtes où ? En Seine-et-Marne.
04:34 On peut les éduquer tranquillement. On commence doucement sur la mini-ville.
04:39 Comme les chiots sont dans des familles d'accueil jusqu'à leur 8-10 mois, petit à petit, l'éducateur va aller à la rencontre des familles dans des endroits spécifiques.
04:49 Pour leur apprendre à vivre en société.
04:53 Se comporter dans un centre commercial, dans une rue, dans un marché.
04:57 Essayer de détecter quelles peuvent être les craintes de ces chiens.
05:02 Ce sont des êtres vivants. Ils vont avoir des craintes, des appréhensions.
05:06 L'éducateur est là pour identifier ces problématiques.
05:12 Mais qui pourraient le devenir si c'était identifié trop tard.
05:16 Le contact avec la personne déficiente visuelle qui va récupérer ce chien guide, il se fait quand ?
05:24 Et quelle part de formation commune ?
05:26 Il se fait plus tôt maintenant.
05:29 On se rend compte que plus on le fait tôt, mieux c'est.
05:32 On va faire des essais.
05:36 Pour créer un binôme, il faut une allure commune.
05:39 Si le chien est plus rapide que la personne, il peut y avoir des problèmes.
05:43 Il faut aussi une entente émotionnelle.
05:47 Une personne qui va avoir besoin d'un chien très affectueux aura besoin de ce retour là.
05:55 Une fois qu'on a fait quelques essais, au domicile ou en ville,
06:02 on peut déjà voir certaines choses qui vont se dessiner.
06:06 Parfois on le voit, il y a une espèce de match qui se fait.
06:10 Soit au cours d'un essai, soit on peut réitérer un peu.
06:14 Quand le chien rentre en éducation, il a une dizaine de mois,
06:19 on commence déjà petit à petit à le mettre dans cet environnement là.
06:22 - Vous nous l'aviez dit, il y a seulement 1% de déficients visuels qui en bénéficient.
06:26 Est-ce que vous bénéficiez d'aide publique, de l'Etat, des collectivités locales ?
06:34 - Pas du tout. Zéro. Rien.
06:37 - On peut faire ça. - On ne vit que de dons, de lègue.
06:42 On essaie d'aller vers les entreprises, de les sensibiliser, notamment au handicap.
06:49 J'insiste beaucoup sur le handicap au travail, parce que ce sont des personnes employables.
06:54 On dit déficients visuels pas parce qu'aveugle est un gros mot,
06:58 mais parce que la grande majorité des personnes qui bénéficient d'un chien guide
07:01 sont déficientes visuelles, ne sont pas forcément aveugles à 100%.
07:04 Ça fait moins peur quand je le dis aux entreprises.
07:07 Ce sont des personnes très employables, qui ont beaucoup de compétences,
07:11 et qui, juste avec le fait d'avoir un chien guide, pourront sublimer leur carrière professionnelle.
07:18 - On a parlé de sensibilisation dans les écoles. Vous en faites aussi en entreprise ?
07:25 - Oui. On essaye de plus en plus. On était beaucoup présents sur les salons professionnels.
07:29 Aujourd'hui, on essaie d'être très présents auprès des entreprises.
07:32 D'ailleurs, on va vous le proposer aussi, si vous voulez une sensibilisation.
07:36 C'est important à plusieurs niveaux.
07:39 Déjà pour sensibiliser au handicap visuel, parce qu'on ne sait pas toujours bien se le représenter.
07:44 Et puis pour se faire connaître.
07:46 - Et donc vous cherchez, on peut dire les choses clairement, à lancer des appels aux dons ?
07:50 - Tout à fait.
07:51 - Voilà, pour que l'association continue. C'est quoi l'adresse du site ?
07:57 - Vous tapez "chien guide d'aveugles", à Île-de-France, et vous nous trouvez.
08:02 - J'ai plein de questions de curieux, mais quand même, une dernière question sur les dons.
08:09 Parce qu'on est en pleine période d'inflation, malheureusement ça dure.
08:12 Est-ce que vous le ressentez ? Est-ce qu'il y a des Français qui voudraient bien être généreux, mais qui ne peuvent plus l'être ?
08:17 - Oui, ça a été un petit peu plus compliqué l'année dernière.
08:21 Malgré tout, on a quand même tiré un peu notre épingle du jeu, parce qu'on essaye d'être sur plusieurs versants.
08:26 On ne demande pas forcément aux personnes des dons faramineux,
08:30 mais ce qu'on essaye de transformer aujourd'hui, c'est des petits dons ponctuels, du prélèvement automatique.
08:34 Mensuellement, pour nous, déjà c'est énorme.
08:37 Parce qu'il faut savoir aussi qu'on a le plus gros de nos dons en période de Noël.
08:41 Donc on passe les trois quarts de l'année à se demander ce qui va nous tomber.
08:46 - Si ça va être une année qui va nous permettre de former 5, 10 ou 15 chiens dans les mois qui suivent.
08:53 Donc comme prévu, question curieuse, vous avez déjà répondu.
08:57 Je voulais savoir pendant combien d'années ils étaient opérationnels ?
09:00 De 10 ans ? À 10 ans ils prennent leur retraite ?
09:02 - Bien mérité.
09:03 - Vous l'avez évoqué, on a vu quelques photos. Il y a des races plus adaptées.
09:06 On a vu des photos de Labrador ou de Golden Retriever, c'est vrai que c'est ceux qu'on croise le plus souvent.
09:11 Pourquoi ?
09:12 - Parce que ce sont les chiens les plus sociables.
09:15 C'est surtout les mieux perçus par le grand public.
09:19 Parce qu'on forme aussi des bergers allemands.
09:21 Il faut le savoir qu'ils sont d'excellents chiens guides.
09:24 Mais ce n'est pas tout à fait la même connotation.
09:26 - Ils ont encore une mauvaise image ces chiens-là.
09:28 C'est marrant.
09:29 - Oui, tout à fait.
09:30 - Ça date d'il y a plusieurs décennies.
09:33 Ça date de la seconde guerre mondiale cette histoire.
09:35 - Malheureusement, c'est resté.
09:36 - Oui, d'accord.
09:37 Alors que ce sont des chiens hyper adaptés pour devenir guides.
09:40 - Ils sont tout aussi câlins et affectueux qu'un Labrador.
09:43 Ça, il n'y a pas photo.
09:45 - Il y a des races qui, au contraire, ne sont pas du tout adaptées ?
09:49 Et alors si oui, pourquoi ?
09:51 - Alors, moi, je pense qu'on a des éducateurs à l'école.
09:55 Je pense qu'ils pourraient faire même des chats guides.
09:57 Mais ce serait compliqué.
09:59 Oui, des éducateurs qui sont absolument exceptionnels.
10:04 Il faut s'adapter à l'animal.
10:05 L'animal est très intelligent.
10:06 Il peut comprendre plein de choses.
10:07 Le chien, lui, il arrive à comprendre 50 ordres sans aucun problème.
10:10 On va dire que c'est déjà long.
10:13 On essaye de remettre le chien au maximum à ses 2 ans.
10:16 Si on allait sur d'autres races, ce serait encore plus long.
10:19 - Merci beaucoup, Johanna Mikadi, d'être venue nous présenter l'association Guide Chien d'Avogues.
10:25 Donc, vous tapez chien-guide-guide-Ile-de-France.fr.
10:30 Et vous êtes sur le bon site.
10:32 Merci encore.
10:33 On passe à notre débat logistique et engagement sociétal au programme.
10:37 Le débat de ce Smart Impact.
10:46 Je vous présente tout de suite mes invités.
10:48 Antoine Guichard, bonjour, bienvenue.
10:50 Vous êtes responsable RSE chez Eppner.
10:53 À vos côtés, Aurore Ruffier, bonjour.
10:55 Et bienvenue à vous aussi, responsable des partenariats d'entreprise d'Emmaüs, d'Effy Eppner.
11:00 On va commencer par présenter cette entreprise de transport et logistique, une TI familiale.
11:06 J'ai lu, bientôt centenaire, c'est ça ?
11:08 - Oui, bientôt centenaire.
11:09 C'est la quatrième génération aujourd'hui, présidée par Jean-Thomas Schmitt.
11:12 Nous sommes spécialistes de transport, des échanges internationaux au départ et à destination de la France.
11:18 Aujourd'hui, Eppner, c'est 3600 collaborateurs.
11:21 Près de 63 millions de colis sont livrés dans le monde.
11:25 Et puis, on a passé la barre symbolique du milliard d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière.
11:29 Avec tout ça aussi, quelque chose qui nous motive, c'est notre raison d'être aussi.
11:33 On s'est doté d'une raison d'être il y a maintenant deux ans,
11:35 qui est encourager l'esprit d'entreprise auprès de toutes nos parties prenantes sur l'ensemble de nos territoires où nous sommes actifs.
11:41 Et donc, voilà, c'est aujourd'hui une fierté d'être là pour parler de Eppner.
11:46 - Avec des actions environnementales pour baisser le bilan carbone, on en dira un mot.
11:50 Et puis, évidemment, un engagement sociétal.
11:52 C'est pour ça que vous êtes là.
11:53 Tous les deux, Aurore Ruffier, je veux bien que vous nous redisiez, on en a déjà parlé,
11:57 mais quelle est la mission d'Emmaüs Défis au sein de l'association, au sein de ce mouvement qui est devenu Emmaüs,
12:03 l'association créée par l'API ?
12:05 - Emmaüs Défis, c'était une volonté en 2007 d'aller plus loin sur les causes de l'exclusion qu'a toujours combattue Emmaüs
12:13 en pouvant justement aller inventer de nouvelles façons de contrer les problématiques dont on était témoins depuis longtemps
12:22 dans notre combat contre la pauvreté, pour le logement, etc.
12:26 Et parmi ces innovations sociales, l'une d'entre elles, c'est la Banque solidaire de l'équipement.
12:31 C'est sur ce programme-là qu'on s'est retrouvés avec Eppner.
12:36 - Alors, c'est quoi ?
12:37 - La Banque solidaire de l'équipement, c'est un dispositif qui aide les personnes qui n'en ont pas les moyens à équiper leur logement.
12:45 Notre action repose sur la collecte d'équipements de la maison invendus auprès d'entreprises
12:51 dans une démarche d'anti-gaspillage solidaire.
12:54 Et puis, elle va générer deux choses.
12:56 D'une part, on va lutter contre la précarité matérielle qui cause du mal-logement
13:00 et on va également créer de l'emploi en insertion.
13:03 - Et on va y revenir évidemment en détail.
13:05 Eppner qui a décidé de soutenir Emmaüs des filles.
13:09 Alors, grâce à quoi ? Quelles actions ? Quel engagement ?
13:12 - En fait, c'est un partenariat qui commence à dater de 2017.
13:15 C'est un de nos actionnaires qui avait pris contact avec Emmaüs, M. Christophe Schmitt.
13:19 Et on a commencé vraiment à s'engager dans la démarche en 2019.
13:23 On a participé à l'opération qui s'appelle Super Noël.
13:26 On a collecté des jouets auprès de nos collaborateurs en Ile-de-France
13:29 et on a commencé à collecter deux palettes de jouets qu'on a amenés à Emmaüs.
13:34 Et maintenant, le partenariat a grandi.
13:36 C'est aujourd'hui près de 180 palettes qu'on distribue à titre gracieux
13:40 ou à petit prix, prix solidaire, on va dire, pour l'association.
13:44 - Pas seulement des jouets ?
13:45 - Non, pas seulement des jouets.
13:46 C'est-à-dire qu'il y a des besoins de transport, de mobilier, etc.
13:49 Nous sommes là pour leur apporter un soutien logistique,
13:53 mais aussi un soutien financier, parce qu'il y a des dons financiers qui se font.
13:57 Et on a également aussi engagé, depuis cette année, le mécénat de compétences.
14:02 C'est-à-dire qu'on a des collaborateurs qui vont donner du temps en tant que bénévoles.
14:06 À l'instant même où je vous parle, on a des collaborateurs qui sont chez Emmaüs
14:10 pour participer à des actions, à la journée qu'on appelle Canapé,
14:13 pour donner du temps à participer à des actions de manutention et de logistique
14:17 dans les entrepôts d'Emmaüs.
14:18 - J'imagine que c'est sur la base du volontariat.
14:20 Il y a combien de collaborateurs d'Eppner qui participent finalement ?
14:26 - C'est la première année qu'on lance, donc c'est un peu un test pour nous en Ile-de-France.
14:30 Ça va faire à peu près 30 collaborateurs qui vont participer sur trois journées.
14:34 - Pour l'instant, c'est seulement en Ile-de-France ?
14:35 - Pour le moment, oui.
14:36 En fait, dans tout ce qui est actions RSA, c'est la politique des petits pas.
14:40 Il faut tester, voir si ça marche.
14:41 L'idée ensuite, c'est qu'on développe ça au niveau national.
14:44 Il y a Emmaüs aussi dans la région Nord, dans la région de Toulouse, dans la région de Lyon.
14:49 On voudrait aussi déployer ça plus tard.
14:51 Pour nous, c'est aussi important, parce que les collaborateurs aujourd'hui
14:54 sont en quête de sens et ils veulent vraiment participer à ces actions de solidarité.
14:59 C'est vrai qu'aujourd'hui, on dit qu'un 50% des collaborateurs ne souhaitent pas travailler
15:04 pour un employeur qui n'a pas d'engagement fort socialement et environnementalement.
15:08 Il faut aussi que l'entreprise soit là pour répondre à ce besoin.
15:11 Nous aussi, ça nous intéresse pour nous engager, pour contribuer à une société plus durable.
15:15 - D'accord. Qu'est-ce que ça vous apporte, Aurore Ruffier ?
15:17 Ce partenariat-là, ensuite, on parlera plus généralement des entreprises,
15:20 mais là, concrètement, puisqu'on voit bien qu'il y a une sorte de montée en puissance,
15:24 c'est vous qui définissez vos besoins, qui les faites passer à votre interlocuteur chez Eppner ?
15:33 - Oui. Il y a une belle écoute dans notre partenariat.
15:37 Globalement, aujourd'hui, quand on est confronté à un problème,
15:40 on sait qu'on peut solliciter nos partenaires et ils n'auront pas forcément la solution,
15:45 mais Eppner va toujours chercher au moins à regarder si, en interne,
15:49 il y a quelque chose qui peut nous aider.
15:52 Ce qui est précieux, en fait, dans notre partenariat, c'est qu'on ne s'en rend pas forcément compte,
15:57 mais derrière un fonctionnement associatif comme celui, en particulier, de la Banque solidaire d'équipement,
16:01 il y a énormément de logistique, du stockage, du transport.
16:04 Et donc, avoir des professionnels de ces métiers-là derrière nous,
16:08 c'est très important pour pouvoir mettre en place nos actions.
16:10 - Ça représente, tiens, quelle quantité de... Je ne sais pas,
16:13 parce qu'on est sur de l'équipement de la maison, c'est ça ?
16:15 - Tout à fait.
16:16 - Du petit électroménager, du mobilier, etc.
16:19 Ça représente quelle quantité d'objets à stocker, à transporter ?
16:24 - On va être sur 2 500 palettes à peu près par an aujourd'hui,
16:29 sachant que c'est 2 500 palettes, donc c'est autant, comme vous le disiez,
16:32 de litreries, de mobilier, de petits équipements de cuisine, de salle de bain, etc.,
16:36 qui vont bénéficier à 5 000 personnes aujourd'hui par an.
16:40 Depuis la création de la Banque solidaire d'équipement, c'est 28 000 personnes au total qui ont été accompagnées.
16:45 - Avec des objets qu'il faut parfois réparer, est-ce que ça fait partie de la mission des MaïsD ?
16:49 - C'est une bonne question. Non. Dans le principe vraiment de la Banque solidaire de l'équipement,
16:54 l'idée était de permettre aux personnes qui ont connu la rue ou les hébergements temporaires
16:59 et qui enfin accèdent au graal d'un logement de pouvoir s'équiper le plus dignement possible.
17:05 Et donc c'est pour ça qu'on a été chercher les entreprises sur leurs invendus, leurs fins de série,
17:09 peut-être des petits défauts qualité ou des emballages abîmés,
17:12 mais en tout cas des produits qui étaient encore neufs.
17:15 C'était le but de pousser plus loin une tradition ancienne au sein des Maïs, qui est celle des dépannages solidaires.
17:21 - Est-ce que la loi vous aide ? Parce qu'on sait maintenant que de plus en plus de secteurs,
17:25 les entreprises ne peuvent pas détruire leurs invendus. Donc vous êtes une sorte de débouché naturel ? Est-ce qu'on peut dire ça ?
17:33 - En vérité, c'est peut-être plus compliqué que ça. - C'est plus compliqué que ça.
17:37 - Oui, effectivement. Quand on s'est lancé, le gaspillage était massif.
17:42 Et donc un de nos objectifs, c'était de réduire ça, de le détourner pour le bien commun, on va dire.
17:49 Et aujourd'hui, du coup, avec la loi AJEC, il y a quand même eu une incitation pour les entreprises à s'organiser
17:54 autour de ces produits qui n'étaient pas valorisés. Et donc on va au contraire davantage les intégrer.
18:03 On les suit mieux, donc on va essayer peut-être de les revendre.
18:07 - Oui, il y a des entreprises qui créent leurs propres sites de seconde main, etc.
18:11 Donc finalement, c'est très intéressant ce que vous me dites. Ça a un tout petit peu tari votre flux, c'est ce que je comprends bien.
18:18 Je dis un tout petit peu, peut-être que c'est plus que ça, d'ailleurs.
18:20 - En même temps, c'est le reflet d'une belle évolution sociétale, parce qu'il y a du coup la limitation du gaspillage.
18:25 Et puis de l'autre, ça montre aussi que la consommation a changé.
18:29 Ça devient acceptable, et pour un consommateur, mais aussi pour l'entreprise, de vendre quelque chose qui va être dégradé, mais à un plus petit prix.
18:35 Mais effectivement, pour les associations, ça réduit effectivement le gisement de dons.
18:40 - Oui. Antoine Guichard, je voudrais qu'on parle aussi des actions environnementales d'Epner,
18:45 parce que quand on est un groupe de logistique, j'imagine, je ne vais pas faire votre audite, mais vous avez dû le faire,
18:52 c'est les transports, c'est vos camions qui pèsent le plus lourd dans votre bilan carbone, ça semble logique.
18:57 - Oui, oui, c'est quasiment 80% de notre bilan carbone, c'est la route, 97% c'est le transport.
19:04 Donc c'est vraiment un enjeu, l'enjeu climat-énergie pour le secteur du transport, c'est vraiment ce qu'il y a de plus important en termes environnementaux.
19:12 Là, ça fait 4 ans qu'on fait notre bilan carbone, et là, il y a des premières progressions qui sont palpables,
19:18 c'est qu'on commence à diminuer notre scope 1 et scope 2.
19:22 - Vos émissions directes.
19:24 - Vos émissions directes, celles de notre flotte, et puis celles qui sont liées à nos bâtiments également,
19:28 parce qu'on a mis en place un mix énergétique au sein du groupe, et on a aussi dédié une direction de la transition énergétique,
19:35 qui pilote ça de façon très engageante, et on a aussi une responsabilité vis-à-vis de nos sous-traitants,
19:42 parce que là, scope 3 aussi, c'est des émissions en direct, donc on a aussi mis en place un pacte de transition énergétique
19:48 pour embarquer l'ensemble de nos sous-traitants dans cette transition énergétique,
19:52 qui ne dépend pas uniquement des transporteurs, mais qui dépend aussi des constructeurs, qui dépend aussi des collectivités.
19:58 Donc c'est un ensemble de la chaîne de valeur qui nous permettra de décarboner notre activité.
20:04 - Alors je reprends le début, c'est-à-dire votre flotte de camions, ça se fait petit à petit, on ne va pas remplacer,
20:11 je ne sais pas combien de camions vous avez en France.
20:13 - C'est 270 aujourd'hui.
20:15 - On ne va pas tous les remplacer pour les passer, je ne sais pas d'ailleurs, à quoi ? À l'hydrogène ?
20:19 C'est quoi la solution technique la plus efficace pour vous ?
20:23 - Alors il n'y a pas de solution technique la plus efficace.
20:25 Ce qu'on s'aperçoit, c'est vraiment le mix énergétique qui est vraiment la solution.
20:29 Aujourd'hui, en fonction du lieu où vous êtes implanté, il y a parfois des énergies qui sont disponibles, d'autres pas.
20:36 Donc il faut qu'on s'adapte, qu'on soit agile en fonction des territoires où nous sommes implantés.
20:40 Il y a aussi des contextes géopolitiques qui font qu'à un moment, par exemple le gaz, c'était assez compliqué.
20:46 Donc il faut s'adapter, il faut être agile.
20:48 On a du gaz, on a du biocarburant, du XTL, on fait des tests aussi avec l'électrique.
20:53 L'hydrogène, on a rejoint une coalition il n'y a pas si longtemps que ça.
20:57 Donc voilà, on teste et puis on avance et on progresse et surtout on réduit.
21:01 - Et dans vos entrepôts également, parce que ça aussi, ça participe du bilan carbone d'une entreprise.
21:06 Vous en avez beaucoup, les entrepôts ?
21:08 - Alors c'est près d'une centaine de sites aujourd'hui, EPNER.
21:11 Donc oui, on a mis en place aussi tout un plan de sobriété énergétique.
21:15 Et donc pareil, il y a aussi des gains qui sont palpables aujourd'hui.
21:19 C'est quasiment moins de 14% de consommation d'énergie en moins par rapport à l'année dernière.
21:24 Donc on a en plus des référents énergie dans nos agences.
21:29 Et puis on a des outils de pilotage qui nous permettent de suivre en direct les consommations énergétiques,
21:34 de façon à les contrôler, à les maîtriser et derrière aussi, dans le but bien entendu de réduire au maximum nos actions.
21:40 Mais ça prend du temps.
21:41 - Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
21:45 On passe à notre rubrique Startup tout de suite. C'est parti.
21:47 Smart Ideas avec Timothée Boitouzet. Bonjour.
21:57 - Bonjour Thomas.
21:58 - Bienvenue, heureux de vous retrouver.
21:59 On avait déjà présenté Woudou ensemble.
22:02 Vous êtes le fondateur de cette entreprise.
22:04 Mais alors il faut tout nous dire et nous redire.
22:06 Votre idée, c'est de transformer le bois, de créer un bois augmenté.
22:10 Expliquez-nous.
22:11 - Tout à fait. Alors vous connaissez les principes de la gastronomie moléculaire.
22:14 Nous, on fait la même chose avec les matériaux.
22:16 C'est-à-dire qu'on vient extraire des molécules et on vient les remplacer par autre chose pour complètement modifier les propriétés du bois.
22:23 Donc on le transforme en verre, en cuir, en acier.
22:27 Et ça, ça adresse différentes industries pour justement participer à les décarboner.
22:31 - Alors quelles sont, j'imagine que la réponse est multiple, mais quelles sont les qualités de ce bois augmenté ?
22:35 C'est-à-dire que comme vous le rendez plus quoi en fait ? Plus résistant ?
22:41 - Ça dépend du secteur d'activité.
22:43 Donc on a trois typologies de matériaux.
22:46 On a un bois consérent transparent pour faire des interfaces tactiles pour remplacer le verre dans les intérieurs automobiles.
22:52 Ça, c'est une empreinte carbone qui est 7 fois inférieure au verre.
22:55 Donc ça a un vrai intérêt.
22:57 Un bois extrêmement souple pour venir justement apporter un complément d'offre au cuir traditionnel.
23:04 Celui-ci, il est une empreinte carbone 30 fois inférieure au cuir.
23:07 Et un bois qu'on rend extrêmement rigide comme de l'acier, pour vocation de l'amener dans la construction pour remplacer les métaux.
23:14 Et lui, il est une empreinte carbone 229 fois inférieure à l'aluminium.
23:18 - Ok. Donc on voit immédiatement le gain et les possibilités que ça représente différents secteurs.
23:25 Mais je voudrais revenir à l'origine. Est-ce qu'il y a des essences privilégiées ?
23:30 À partir de quel bois vous créez ces nouveaux matériaux ?
23:33 - Très intéressant. Alors merci beaucoup.
23:36 Justement, dans la forêt française, il y a plus de 300 essences de bois différentes.
23:41 Si on demande à vos téléspectateurs de nous citer peut-être 10 essences de bois, là, après, ça va être difficile.
23:48 Donc en général, on connaît les bois nobles.
23:50 On connaît le chêne, le freine, le marronnier, etc.
23:53 Mais il y a essentiellement du bois déprécié.
23:57 Par exemple, le peuplier, le charme, le tremble, le pin maritime.
24:01 Ça, c'est des essences de bois qui sont fragiles, poreuses et où il y a très peu d'applicatifs sur les marchés.
24:06 Donc c'est les bois dépréciés qu'on vise en particulier, puisque grâce à notre technologie, on vient les renforcer.
24:13 C'est aussi les arbres qui ont la croissance la plus rapide, qui stockent le plus de carbone.
24:17 Et aussi, il faut savoir que le réchauffement climatique a un impact très important sur la forêt.
24:21 Il y a un tiers des essences d'arbres mondiales qui sont menacées par le réchauffement climatique.
24:25 Et on peut aussi utiliser des bois dépérissants et des bois morts avec notre procédé.
24:32 – Oui, donc c'est très intéressant ce que vous venez de dire.
24:35 C'est-à-dire que vous n'êtes pas concurrencé l'économie du bois.
24:39 C'est-à-dire que c'est même presque les coproduits du bois que vous pouvez récupérer et retravailler.
24:44 Ça, c'est très intéressant.
24:46 Woodoo, fondée en 2017, vous en êtes où de son développement aujourd'hui ?
24:50 – Alors, on s'est bien développé.
24:52 Depuis, on a aussi clôturé notre premier tour de financement récemment de 31 millions de dollars
24:58 dans un mix dilutif/non dilutif avec un fonds très connu américain qui s'appelle Lower Carbon Capital.
25:04 Voilà. Aujourd'hui, on est 40 personnes.
25:07 On a 3 sites de production industrielle dans la région Grand Est à Troyes.
25:12 Le siège de la société est à Paris.
25:14 On a 50 brevets. On a généré plus de 100 millions de dollars de pipeline commercial.
25:18 On est en train de consciencieusement exécuter sur nos différentes verticales
25:22 pour vraiment accélérer notre développement.
25:25 – Ça veut dire que vous avez livré les premiers produits ou vous n'en êtes pas encore là ?
25:30 – On a signé des contrats.
25:31 Les produits n'ont pas encore touché le consommateur final
25:34 parce qu'il y a des temps de maturation technologique et de cycles de vente qui sont assez longs.
25:37 Mais vous devriez voir des choses sur le marché dès l'année prochaine.
25:40 – D'accord. La stratégie, donc vous avez eu le levier de fonds annoncé de 31 millions de dollars.
25:46 La stratégie c'est quoi ? C'est d'accélérer justement la maturation technologique
25:51 ou alors ça vous considérez que vous y êtes ?
25:53 C'est un développement commercial ? C'est quoi la stratégie associée à cette levée de fonds ?
25:56 – La stratégie c'est que ces 3 verticales, elles s'enrichissent l'une l'autre
26:00 où on commence à partir d'industrie, du luxe à haute valeur ajoutée, petit volume
26:04 et on se déploie progressivement sur des marchés de plus en plus profonds,
26:07 de plus en plus complexes, comme par exemple le secteur du bâtiment.
26:12 Le secteur du bâtiment c'est extrêmement carboné,
26:15 donc c'est vraiment celui-ci qu'on vise à la fin de notre cycle.
26:19 Donc cette levée de fonds, elle nous permet d'accélérer sur ces premières verticales qui sont matures
26:24 et aussi de faire émerger la verticale bâtiment qu'avant cette levée de fonds,
26:29 on n'avait pas eu l'occasion de lancer parce qu'il fallait des capitaux importants.
26:33 – D'accord, quand vous dites faire émerger, ça veut dire quoi ?
26:36 Ça veut dire passer à l'échelle sur la technologie qui va vous permettre
26:40 de transformer le bois à destination du bâtiment, c'est ça ?
26:42 – Exactement.
26:43 – D'accord, bien compris.
26:44 C'est combien d'années de recherche et développement, l'Aventure Woudou en fait ?
26:48 – Alors l'Aventure Woudou, elle a commencé il y a un petit peu plus de 5 ans,
26:52 mais moi je travaille sur cette technologie depuis plus longtemps que ça.
26:57 À l'origine je suis architecte, j'ai eu l'occasion de travailler
27:00 dans des agences internationales très connues
27:02 et ensuite je me suis dit que ça n'avait pas de sens
27:06 que les plus grands monuments qu'on construit aujourd'hui
27:11 soient finalement construits avec des matériaux
27:14 qui ont été inventés par des civilisations maintenant disparues.
27:16 Le béton s'est inventé par les Romains, le verre s'est inventé par les Égyptiens
27:20 et ça ne permet pas de dépasser justement cette contrainte du réchauffement climatique
27:24 qu'on a et qui est visible sur l'écosystème.
27:26 Donc j'ai arrêté l'architecture dans ces agences célèbres,
27:28 je suis allé à Harvard et au MIT pour développer du coup mes connaissances
27:33 en biologie, chimie et aussi sciences des matériaux.
27:37 Et donc j'ai fait émerger cette technologie qu'ensuite j'ai ramenée en France,
27:42 j'ai breveté et j'ai fondé l'entreprise là-dessus.
27:45 Voilà et on est avec une entreprise française, vous le portez sur votre chemise.
27:52 Merci beaucoup Timothée Boitouzet d'être venu nous présenter une nouvelle fois.
27:56 Boudou, on vous souhaite le meilleur pour les mois et les années à venir.
27:59 Voilà c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:02 Je voudrais remercier Louise Perrin à la production et à la programmation,
28:06 assistée de Marie Billard, Romain Luc le réalisateur
28:10 et Alexis Oustabasidis au son.
28:14 Plus ça va, plus je prononce ton nom de mieux en bien.
28:16 Allez, belle journée.
28:18 [Musique]