SMART JOB - Le cercle RH du mardi 20 juin 2023

  • l’année dernière
Mardi 20 juin 2023, SMART JOB reçoit Pascal Hache (Directeur général RH et transformation, Sia Partners) , Cécile Prioul (Cofondatrice, Ça ira encore mieux demain) et Sabeiha Bouchakour (Direction QVT Prévention Absentéisme, Diot-Siaci)
Transcript
00:00 Musique
00:02 Musique
00:04 Musique
00:06 Musique
00:08 Musique
00:10 Musique
00:12 Les salariés sont de plus en plus
00:14 absents. Le cerclérage d'aujourd'hui
00:16 est donc dédié à l'absentéisme, vous l'aurez
00:18 compris. Selon le baromètre annuel
00:20 d'AG2R, la mondiale, il est en effet
00:22 reparti à la hausse en 2022.
00:24 Parmi les principales causes,
00:26 le stress et la fatigue.
00:28 C'est une raison de réfléchir encore et toujours
00:30 au rapport au travail, au bien-être
00:32 des collaborateurs. Des questions
00:34 soulevées au moment de la crise sanitaire
00:36 mais qui ne semblent pas tout à fait
00:38 résolues. Nous en parlons
00:40 aujourd'hui avec Sabéha Bouchakour, directrice
00:42 QVT Prévention chez Dioceasi.
00:44 Bonjour. Bonjour. Avec Cécile
00:46 Prioul, PDG de Sayera, Encore Mieux Demain.
00:48 Bonjour. Bonjour. Et avec Pascal
00:50 Hache, directeur RH et Transformation
00:52 chez Sia Partners. Bonjour. Bonjour.
00:54 Pour commencer, Cécile Prioul,
00:56 est-ce qu'il y a un avant
00:58 et un après crise sanitaire
01:00 selon vous ? Est-ce que le Covid à lui
01:02 tout seul explique ces chiffres préoccupants ?
01:04 Tout d'abord, Pauline,
01:06 je vous remercie de me donner l'opportunité
01:08 de parler d'une solution
01:10 efficace sur l'absentéisme.
01:12 Et pour répondre à votre question,
01:14 nous, on a quatre ans d'existence,
01:16 donc on est arrivé pile avant.
01:18 Mais ce qu'on a
01:20 observé, c'est que cette
01:22 crise sanitaire, elle a fait rentrer
01:24 les problèmes de santé dans le monde du travail.
01:26 C'est vrai qu'avec
01:28 le confinement, les gens à risque
01:30 devaient se
01:32 faire repérer, enfin devaient
01:34 donner les motifs de leur risque
01:36 de santé et du coup c'est rentré
01:38 vraiment dans le monde de l'entreprise.
01:40 Vous êtes d'accord avec l'analyse
01:42 de Cécile Prioul ? Oui.
01:44 Il y a effectivement une prise de conscience
01:46 dans les entreprises
01:48 et puis il y a aussi des chiffres
01:50 avec une montée
01:52 spectaculaire de l'absentéisme
01:54 en 2020 et
01:56 un Covid qui est encore très présent
01:58 en 2022. Bien sûr.
02:00 On semble l'oublier parce que début
02:02 2022, c'est assez loin,
02:04 mais Omicron en fait était encore très présent.
02:06 Donc les statistiques d'absentéisme
02:08 de 2022, elles sont fortement
02:10 à la hausse par rapport à 2021
02:12 et elles sont encore fortement
02:14 impactées
02:16 par les infections Covid puisque en
02:18 2022, sur l'étude que nous
02:20 avons publiée en avril, on est vraiment
02:22 sur 43% des arrêts
02:24 qui sont encore liés au Covid.
02:26 Et encore une fois, on est aujourd'hui
02:28 en juin 2023 donc ça nous semble très
02:30 loin. On a l'impression que la crise sanitaire est derrière
02:32 nous, mais sur les statistiques récentes,
02:34 en tout cas sur celle de l'année
02:36 passée, on est encore sur un Covid très présent.
02:38 Pascal Hache, l'absentéisme
02:40 a longtemps été vu
02:42 houler encore largement d'ailleurs comme la responsabilité
02:44 de l'absent. Dans quelle mesure
02:46 le manager selon vous et
02:48 l'entreprise dans sa globalité a un rôle à jouer
02:50 dans la prévention ou le traitement
02:52 de l'absentéisme ? Alors le rôle,
02:54 il est majeur. Déjà, on peut commencer par
02:56 tordre le cou à la logique coercitive
02:58 qui peut être un refuge
03:00 où on se dit on va punir l'absent,
03:02 il y a une responsabilité, des logiques de
03:04 tir au flanc, on entend des mots très durs.
03:06 Les statistiques, mais ça,
03:08 BA confirmera, on est sur de l'ordre
03:10 de 2%. Donc là, on est
03:12 vraiment sur une part minime. En revanche, le rôle
03:14 du manager, il est central dans la prévention
03:16 pour jouer son rôle auprès de ses équipes.
03:18 Et ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait, il est
03:20 concerné lui-même par l'absentéisme en tant que salarié,
03:22 humain.
03:24 Je crois que l'année dernière, c'était de l'ordre
03:26 de 1 manager sur 2 qui avait été arrêté
03:28 au moins une fois. Donc une explosion,
03:30 une augmentation très forte. Et pour autant,
03:32 c'est aussi lui qu'on va attendre pour prévenir,
03:34 pour gérer la charge, les remplacements.
03:36 Donc il est aussi concerné de plein fouet.
03:38 Faire très attention à ce rôle critique
03:40 qui est carrément sous pression en fait.
03:42 C'est peut-être un des constats qu'on peut tirer
03:44 notamment des dernières études.
03:46 Et c'est là-dessus qu'il faut intervenir.
03:48 - Les chiffres l'appuient, Sabia ? - Tout à fait. Je vais vraiment
03:50 dans le sens de ce que vient de dire Pascal, parce qu'on a
03:52 vraiment, lorsqu'on a interrogé 3 000
03:54 salariés, qui répondaient
03:56 de façon totalement anonyme et confidentielle,
03:58 n'avaient aucune raison de mentir.
04:00 On a 7% d'entre eux qui déclarent avoir
04:02 été arrêtés pour d'autres motifs
04:04 que la santé. Et dans
04:06 ces salariés, on en a vraiment
04:08 une minorité qui déclare avoir été arrêtée
04:10 pour convenance personnelle ou
04:12 des congés refusés, ce qu'on peut vraiment
04:14 relier à de l'absentisme de complaisance.
04:16 Donc effectivement, 2%.
04:18 Et vraiment, j'insiste
04:20 sur ce point de vigilance,
04:22 toute l'énergie qu'on perd sur le coercitif,
04:24 on ne met pas cette énergie dans la prévention.
04:26 Et il y a vraiment un enjeu
04:28 de sortir de la
04:30 culture de la suspicion pour
04:32 entrer dans la culture de la prévention.
04:34 Et ça nous, c'est un peu, voilà, le message
04:36 qu'on veut passer. Les managers,
04:38 l'idée c'est certainement pas de leur faire porter
04:40 la responsabilité parce qu'eux-mêmes
04:42 subissent, comme on le dit,
04:44 vraiment l'absence
04:46 de la productivité, puisqu'ils sont
04:48 garants, etc., de la
04:50 performance de l'équipe. L'objectif, c'est
04:52 vraiment de les accompagner le plus possible.
04:54 - Donc, Cécile Prioul, souvent
04:56 perçue comme un déficit d'engagement,
04:58 c'est ce qu'on dit, plutôt que
05:00 la manifestation de troubles physiques
05:02 ou psychologiques.
05:04 Selon vous, quelles sont les
05:06 principales idées reçues sur l'absentéisme ?
05:08 - Alors, bah, sur
05:10 le désengagement, c'est vrai que je
05:12 suppose qu'il y a un phénomène
05:14 qui est réel. Par contre, c'est vrai que
05:16 sur les personnes que nous accompagnons
05:18 avec l'équipe, ça ira encore mieux demain,
05:20 c'est des gens qui, au contraire, sont
05:22 hyper engagés, qui veulent revenir.
05:24 - Ah oui, d'accord. - Voilà. Qui veulent vraiment
05:26 revenir au travail, mais qui ont peur,
05:28 parce qu'un salarié qui
05:30 connaît une épreuve de santé, enfin, une
05:32 absence de l'entreprise,
05:34 des fois pendant plusieurs
05:36 semaines, mois, l'entreprise,
05:38 elle a continué d'avancer. - Bien sûr. - Donc,
05:40 il y a un décalage, vraiment un fossé
05:42 qui se crée, et ils ne s'y retrouvent pas.
05:44 Il y a des angoisses, beaucoup de questions.
05:46 Et pour la ligne
05:48 managériale, parce que je suis d'accord avec
05:50 Sabiha et Pascal, il ne faut pas non plus
05:52 remettre un poids sur les épaules
05:54 du manager, il fait comme il peut. - Bien sûr.
05:56 - Beaucoup de gens, il n'y a pas de mauvaises intentions,
05:58 mais ils font comme ils peuvent.
06:00 Et aujourd'hui, je valide le fait
06:02 que nous aussi, dans nos accompagnements, on a
06:04 de plus en plus de managers de proximité
06:06 ou de middle management qu'on
06:08 accompagne avec leur manager
06:10 direct. Donc, ça peut être des directeurs
06:12 et moi, je trouve
06:14 qu'on ne peut que se réjouir
06:16 que de plus en plus d'entreprises
06:18 veuillent prendre soin
06:20 de leurs collaborateurs, où qu'ils
06:22 soient, parce qu'un cadre, il n'est
06:24 pas plus outillé à sa reprise du travail
06:26 qu'un salarié
06:28 comme les autres. - Bien sûr.
06:30 - Et souvent, dans le monde du soin,
06:32 le cadre, il est un petit peu
06:34 moins chouchouté. - D'accord.
06:36 - Parce qu'on considère qu'il a les capacités
06:38 pour aller chercher, comprendre sa maladie.
06:40 - Ah oui. - Et quand il revient au travail,
06:42 on considère la même chose. Il est cadre,
06:44 il doit savoir. Et
06:46 voilà. C'est pas toujours...
06:48 La main tendue, elle est pas
06:50 souvent là. - D'accord.
06:52 C'est intéressant. J'ai lu que
06:54 l'absentéisme pour
06:56 cause psychologique et l'absentéisme
06:58 de manière générale touchent davantage
07:00 les jeunes. Comment on l'explique,
07:02 Pascal H ?
07:04 - Alors, juste sur les jeunes aussi, on peut
07:06 déconstruire un cliché pour rebondir sur la
07:08 question que vous aviez posée juste avant. - Oui.
07:10 - On lit aussi souvent que les jeunes s'absentent plus
07:12 ou ont un rapport désengagé
07:14 du travail. Les études,
07:16 elles montrent davantage que
07:18 le niveau d'engagement, en fait, il est similaire. Par contre,
07:20 il y a une corrélation à faire entre le comportement
07:22 et le niveau d'engagement. - D'accord. - Les jeunes
07:24 vont se comporter différemment s'ils sont plus ou moins
07:26 engagés. En clair, absentéisme
07:28 est plus fort si on est moins engagé, si on est sans moins
07:30 engagé. Et même plus généralement,
07:32 des problématiques d'attractivité et de
07:34 fidélisation pour les entreprises qui ne les retiendront pas
07:36 si on ne travaille pas sur autre chose,
07:38 le sens, l'utilité.
07:40 Ces grands termes qui ne sont pas
07:42 juste une bonne. Là, on peut
07:44 déconstruire ce
07:46 premier cliché. Et
07:48 pour autant, là,
07:50 on voit quand même que
07:52 sur ce sujet, c'est
07:54 plus globalement la réflexion sur les leviers
07:56 d'engagement. On est dans une société où ça s'individualise
07:58 plus fort. Donc, ça invite à travailler
08:00 sur les conditions de travail, sur l'équilibre
08:02 vie professionnelle, vie personnelle,
08:04 sur la rémunération. Des sujets qui sont assez transformants,
08:06 qui font mal. - Justement, sur la rémunération,
08:08 est-ce que vous pensez que le
08:10 simple fait de donner une prime limiterait,
08:12 par exemple, l'absentéisme ? Pourrait limiter
08:14 l'absentéisme ? - Alors, il y a des
08:16 corrélations qui sont difficiles à démontrer.
08:18 Il y a des mécaniques incitatives
08:20 qui ont déjà été mises en place dans les entreprises
08:22 avec des retours plus ou
08:24 moins clairs, plus ou moins mitigés.
08:26 On lit aussi dans certaines entreprises que
08:28 on corrèle les primes au nombre de jours de présence.
08:30 Donc, du coup, c'est
08:32 des systèmes qui sont testés. - D'accord.
08:34 - En aucun cas, aujourd'hui, dans un marché de l'emploi
08:36 tel qu'il est, ça peut être suffisamment
08:38 attractif pour convaincre. - D'accord.
08:40 Les primes d'assiduité telles quelles,
08:42 elles ont plutôt tendance à disparaître.
08:44 Il y en a de moins en moins.
08:46 Par contre,
08:48 des rémunérations variables dans
08:50 lesquelles on intègre la performance
08:52 sociale, qui n'est pas que l'absentéisme,
08:54 mais effectivement, toutes les notations
08:56 qu'on peut avoir en termes de baromètre social, etc.
08:58 Ça, c'est une tendance assez forte. C'est-à-dire
09:00 qu'on encourage les uns et les autres à aller dans le bon sens
09:02 en matière de cohésion, de bien-être,
09:04 etc. - Bien sûr. - Donc, c'est moins
09:06 peut-être effectivement coercitif qu'une
09:08 prime d'assiduité qui vient sanctionner
09:10 aussi quelqu'un qui a
09:12 une pathologie lourde, malheureusement.
09:14 Donc là, on va plutôt encourager,
09:16 en fait, de façon un peu
09:18 collective, l'assiduité.
09:20 - Mais est-ce que vous pensez qu'il y a une égalité homme-femme
09:22 face à l'absentéisme ? - On a
09:24 des taux plus élevés
09:26 chez les femmes. On avait
09:28 d'ailleurs 6,69%
09:30 en 2022
09:32 contre 4,95%
09:34 pour les hommes.
09:36 Alors, moi, j'essaie de me battre à chaque fois
09:38 contre la stigmatisation des femmes.
09:40 La femme de
09:42 45 ans ou de plus de 45 ans,
09:44 statistiquement, elle va être
09:46 plus absente. Mais il y a
09:48 effectivement plein de raisons
09:50 qui viennent expliquer... Enfin, toutes les
09:52 absences pour enfants malades,
09:54 c'est plus souvent la femme.
09:56 La nature même de leur métier, les métiers
09:58 très féminisés sont des métiers plus
10:00 pénibles. On connaît les exemples de la santé,
10:02 on connaît les exemples de la propreté, etc.
10:04 Donc, quand on regarde la répartition
10:06 cadre/non cadre, si on
10:08 va analyser une population
10:10 de cadres, les femmes ne sont pas plus absentes
10:12 que les hommes, sur un certain niveau de responsabilité.
10:14 Quand on regarde la globalité
10:16 de la population, effectivement, par rapport
10:18 à la nature des postes qu'elles occupent,
10:20 oui, les statistiques donnent un taux d'absentéisme
10:22 plus élevé chez les femmes. - On en a déjà
10:24 un petit peu parlé, mais j'aimerais qu'on revienne
10:26 quand même assez rapidement sur la
10:28 santé mentale. Cécile Prioul, pourquoi la santé
10:30 mentale, elle prend de plus en plus de
10:32 place dans les absences des salariés,
10:34 à votre avis ?
10:36 - Déjà, elle se traite différemment
10:38 qu'un
10:40 aléa de santé
10:42 maladie chronique évolutive.
10:44 Et, j'allais dire,
10:46 nous, au niveau de la reprise,
10:48 c'est vrai qu'on voit de plus en plus
10:50 des gens qui sont arrêtés
10:52 pour épuisement professionnel,
10:54 burn-out,
10:56 la dépression
10:58 également, ou simplement
11:00 la... enfin, simplement,
11:02 vous enlevez le mot, mais la charge mentale.
11:04 - Bien sûr. - Voilà.
11:06 Et c'est vrai que, déjà,
11:08 le corps médical va ordonner
11:10 quand on est sur le chemin
11:12 de l'épuisement professionnel
11:14 ou le burn-out, va ordonner
11:16 de couper avec le monde du travail.
11:18 Donc, on s'aperçoit aussi que ça, c'est
11:20 une autre manière d'accompagner
11:22 le retour au travail.
11:24 Et voilà, il faut vraiment
11:26 une méthode. Et puis,
11:28 relier le manager.
11:30 Parce que, pour moi,
11:32 c'est le binôme gagnant pour que la
11:34 reprise, elle, soit réussie.
11:36 - On va en parler, évidemment, du retour
11:38 au travail après des semaines,
11:40 des mois d'absence, juste avant.
11:42 Il y a aussi, dans les
11:44 éléments qui reviennent, les salariés
11:46 mettent en avant le stress.
11:48 Alors, deux questions,
11:50 SABA. Pourquoi le stress
11:52 crée-t-il de l'absence ? Et surtout, est-ce qu'un
11:54 travail sans stress, c'est possible ?
11:56 - Alors, on a 62% des
11:58 salariés qui déclarent que leur métier
12:00 a un effet négatif
12:02 sur leur santé mentale.
12:04 - D'accord. - On parle beaucoup de situations
12:06 de dépuisement professionnel,
12:08 de burn-out, qui, évidemment,
12:10 concernent une population beaucoup plus réduite.
12:12 Mais on a quand même 62%
12:14 des salariés qui déclarent
12:16 qu'il y a un effet négatif. Donc, la santé mentale,
12:18 c'est, effectivement,
12:20 un vrai sujet. Maintenant, effectivement,
12:22 on sait tous qu'il y a une part
12:24 de stress qui est nécessaire
12:26 pour notre instant survie,
12:28 pour l'adrénaline, pour plein de choses.
12:30 Ça nous permet à
12:32 tous de nous protéger.
12:34 Mais il y a un niveau de stress
12:36 qui, à un moment donné, devient insurmontable.
12:38 Et d'ailleurs, quand on demande aux salariés,
12:40 ils parlent beaucoup
12:42 de charges de travail. Et quand on leur demande
12:44 de citer les causes principales
12:46 de surcharge de travail,
12:48 ils citent
12:50 à 63%
12:52 des sous-effectifs, des objectifs trop élevés.
12:54 Donc, c'est très concret, en réalité.
12:56 C'est-à-dire, à un moment donné, si on est
12:58 quatre pour faire le métier de huit personnes,
13:00 il y a une situation de stress qui est
13:02 extrême, en fait. Donc, on n'est plus sur le stress
13:04 acceptable ou normal dans le cadre du travail.
13:06 Il y a un niveau de stress
13:08 à partir duquel ça devient très compliqué
13:10 et là où c'est un impact qui mène
13:12 le collaborateur à l'arrêt de travail.
13:14 - Vous êtes d'accord avec cette analyse, Pascal H ?
13:16 Sur le stress ? - Alors, sur le stress,
13:18 oui, surtout sur la situation qui vient d'être décrite.
13:20 Il faut prendre un petit pas de côté.
13:22 Il y a un millefeuille
13:24 d'absences, au fond. Il y a les absences qu'on peut prévoir,
13:26 les congés paternité-maternité,
13:28 les congés tout court.
13:30 Donc, ça, c'est la vie courante.
13:32 Il y a ceux qu'on ne peut pas prévoir
13:34 et qui font l'objet de la discussion sur l'absentéisme.
13:36 Et après, il y a les chaises vides.
13:38 Les entreprises ont besoin d'un certain nombre de postes
13:40 pour fonctionner. Et aujourd'hui,
13:42 on est dans une situation où il y a des chaises
13:44 qui restent vides parce qu'on a un marché de l'emploi sous tension.
13:46 - Oui, donc des problèmes de recrutement plutôt à ce moment-là.
13:48 - Exactement. Donc là, on en vient
13:50 dans l'industrie des carnets de commandes
13:52 très remplis, dans la restauration,
13:54 des gens à servir et pas assez de monde.
13:56 Et donc ça, évidemment, c'est un phénomène qui
13:58 autant entretient l'absentéisme, qui génère du stress,
14:00 qui génère des maladies.
14:02 - Mais du coup, quelles sont les conséquences et les répercussions
14:04 de ce phénomène sur le climat de l'entreprise,
14:06 au final, Pascal Hache ?
14:08 - Alors forcément, elles sont fortes, elles sont mauvaises.
14:10 À la fois, on a des impacts
14:12 directs et indirects qui sont très forts.
14:14 Alors ça coûte beaucoup.
14:16 Il y a des batailles de chiffres sur le sujet.
14:18 Plus de 4% de la masse salariale.
14:20 Sur le climat social de l'entreprise, ça pèse,
14:22 ça rajoute, ça continue
14:24 de conforter le climat. Sur l'efficacité,
14:26 la productivité, la capacité
14:28 à délivrer un service de qualité.
14:30 C'est aussi nouveau dans les études qu'on lit récemment.
14:32 La qualité de service aussi, elle est
14:34 considérée comme impactée directement par ce phénomène.
14:36 Donc là,
14:38 la somme complète, en tout cas, ça pousse,
14:40 alors pas au fatalisme, surtout, mais à l'action.
14:42 Ça fait des années qu'il y a des observatoires
14:44 qui poussent, qui proposent des actions.
14:46 Il faut à la fois faire un mélange de recettes fondamentales
14:48 qui existent déjà, et s'appuyer
14:50 sur un écosystème absolument formidable
14:52 de partenaires, de créations,
14:54 de nouveautés, même s'il n'y a pas
14:56 de recettes miracle,
14:58 on en est assez convaincus ici, c'est plutôt
15:00 la combinaison
15:02 qui peut donner un résultat, en tout cas,
15:04 qui doit en donner. Il y a urgence à agir.
15:06 - Donc, agir, de quoi
15:08 manquent les entreprises
15:10 pour être davantage
15:12 volontaires ? Cécile Prioul,
15:14 dans leur stratégie de prévention des risques,
15:16 de quoi elles manquent, ces entreprises ?
15:18 - Ben, ils manquent,
15:20 je pense que,
15:22 comme je vous disais, il n'y a pas de mauvaises intentions,
15:24 mais il y a, je ne sais pas faire,
15:26 et puis de la maladresse,
15:28 de la maladresse
15:30 dans la communication
15:32 quand un salarié
15:34 peut revenir ou est absent,
15:36 parce qu'il y a souvent des signes
15:38 avant-coureurs, et puis,
15:40 après aussi, quand la reprise, elle n'a pas
15:42 été réussie, moi, je pense que quand
15:44 on peut observer, c'est que
15:46 quand il y a de la rechute d'absence,
15:48 c'est que la personne, elle n'est pas revenue
15:50 bien à son poste, et ça,
15:52 aujourd'hui,
15:54 ben voilà, je pense qu'on est tous autour de la table
15:56 de se dire, il faut regarder ça, parce que ça,
15:58 cet absentéisme perlé,
16:00 c'est le fléau de l'absentéisme
16:02 pour les entreprises, parce que c'est
16:04 des organisateurs, c'est des petits arrêts
16:06 qui ne se prévoient pas, qui
16:08 sont souvent, ben donc, soudains
16:10 et courts, mais ça désorganise
16:12 et surtout, ça étiquette
16:14 la personne, le salarié, comme
16:16 quelqu'un de non fiable, et on peut
16:18 en arriver dans des cercles vicieux
16:20 d'absentéisme, parce que les présents,
16:22 ils en ont marre, d'être présents.
16:24 - Vous parliez
16:26 tout à l'heure de réaccueillir,
16:28 après l'arrêt de travail, il faut réaccueillir
16:30 le salarié en entreprise, comment
16:32 on organise une réintégration de ce
16:34 salarié qui a été absent, deux jours,
16:36 deux semaines, deux mois, deux ans, comment
16:38 ça se passe, Cécile Prioul ? - Eh ben, le retour au travail,
16:40 ça se travaille,
16:42 vraiment, vraiment, et
16:44 voilà, et vraiment, si j'ai un message à dire,
16:46 c'est celui-ci, c'est que ça se prépare,
16:48 et ça se prépare des deux côtés.
16:50 Le salarié, lui,
16:52 il a vécu son
16:54 combat pour aller mieux,
16:56 pour vivre avec une santé,
16:58 et il a été abîmé.
17:00 - Il ne revient pas pareil que quand il est parti,
17:02 le salarié. - Je suis entièrement d'accord avec vous.
17:04 C'est une autre personne, et c'est ça.
17:06 C'est une autre personne, mais, on les
17:08 voit souvent avec de la faiblesse,
17:10 il y a de la vulnérabilité au départ,
17:12 mais s'il est bien réaccueilli,
17:14 c'est un sacré levier dans une équipe,
17:16 ça a un levier managérial,
17:18 parce que c'est une personne qui sait prendre du recul,
17:20 c'est souvent une personne
17:22 qui se connaît beaucoup mieux
17:24 dans ses limites,
17:26 tout ça, et donc
17:28 qui est vraiment,
17:30 si l'accompagnement,
17:32 le retour au travail est bien travaillé,
17:34 c'est quelqu'un qui va se
17:36 rengager et qui va rendre à l'entreprise
17:38 l'effort qui a été fait.
17:40 Et le manager, lui aussi, il est seul,
17:42 parce qu'il n'en parle pas entre pères,
17:44 on voit le manque de temps,
17:46 enfin moi, j'admire
17:48 tous ces managers,
17:50 parce qu'ils ont des missions de plus en plus
17:52 compliquées, et
17:54 on leur demande de plus en plus, parce que,
17:56 comme vous disiez, depuis le Covid, les salariés
17:58 ont changé, ont besoin d'autre chose,
18:00 donc il faut qu'ils savent s'adapter.
18:02 Donc, vraiment,
18:04 c'est le bénhomme gagnant, et puis moi,
18:06 je prône la bienveillance
18:08 en disant que la bienveillance, elle est rentable.
18:10 - Et c'est la clé, peut-être, aussi ?
18:12 - Oui, comprendre, en fait,
18:14 le vécu de chacun, le vécu du manager,
18:16 avec cette absence, comment il a
18:18 réorganisé son équilibre, et puis,
18:20 quand la personne revient, ça va être encore
18:22 une désorganisation, mais il
18:24 va l'accepter parce que
18:26 c'est prévu. Voilà,
18:28 il faut soutenir le manager et préparer
18:30 le salarié absent. - J'aimerais
18:32 qu'on termine très, très rapidement,
18:34 Sabéa Bouchacour, est-ce que vous pensez
18:36 que la semaine de 4 jours pourrait
18:38 atténuer un petit peu l'absentéisme des salariés ?
18:40 - Alors, les avis sont partagés,
18:42 et nous, on interroge beaucoup
18:44 de salariés et d'employeurs,
18:46 puisque tout le monde en parle, de la semaine des 4 jours,
18:48 on en a parlé comme d'une compensation
18:50 pour les métiers qui n'étaient pas télétravaillables,
18:52 on en parle comme d'une solution qui permet
18:54 un meilleur équilibre vie privée-vie pro.
18:56 Ce que nous disent les premiers retours,
18:58 c'est que lorsqu'on sonde les collaborateurs
19:00 en entreprise, ils ne souhaitent pas
19:02 tous passer sur 4 jours si l'amplitude
19:04 d'horaire par jour est plus importante,
19:06 c'est-à-dire que... - Ah oui, il faut compenser
19:08 ce jour non travaillé, il faut bien...
19:10 - Travailler un jour de moins, oui, travailler plus longtemps
19:12 sur 4 jours, pas forcément. - D'accord.
19:14 - Donc, pareil sur les statuts cadres,
19:16 si la charge de travail n'est pas réduite
19:18 à l'échelle de l'équipe, tout le monde n'est pas prêt
19:20 à avoir des journées plus importantes.
19:22 Donc, on en parle beaucoup, mais
19:24 nous, on nuance quand même le propos
19:26 sur le fait que ça ne semble pas être une fin
19:28 en soi, et
19:30 c'est vraiment une réflexion globale sur
19:32 la charge de travail,
19:34 sur la répartition du travail,
19:36 que les 4 jours en tant que tels.
19:38 - Merci beaucoup, Sabéa Bouchacourt, directrice
19:40 QVT Prévention chez DioCiasi.
19:42 Merci Pascal Hache,
19:44 directeur RH Transformation
19:46 chez CiaPartners, et merci Cécile
19:48 Prioul, PDG de Caïra, Encore Mieux Demain.
19:50 Merci à tous les 3 d'avoir répondu à toutes ces questions.
19:52 Et tout de suite, comme chaque jour,
19:54 on finit cette émission avec Fenêtre sur l'emploi.
19:56 sur l'emploi.

Recommandée