SMART JOB - Bien dans son job du mardi 20 juin 2023

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Mardi 20 juin 2023, SMART JOB reçoit Cécile Pierrat Schiever (Co-fondatrice et Présidente, Kodiko, réfugiés et salariés en entreprise)
Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:08 Message.
00:09 -Bis mardi.
00:10 -Aujourd'hui, nous sommes le mardi 20 juin,
00:13 et c'est aujourd'hui la journée mondiale des réfugiés,
00:16 l'occasion de revenir dans cette émission
00:18 sur l'accès à l'emploi de cette population.
00:21 En 2022, en France, pour vous donner une idée,
00:24 c'est 139 000 premières demandes d'asile
00:26 qui ont été enregistrées.
00:28 Mais comment les réfugiés trouvent-ils un emploi ?
00:31 Dans quel secteur ? Quelles difficultés rencontrent-ils ?
00:34 Les entreprises aussi.
00:35 Comment aider leur processus de recrutement ?
00:38 Nous allons poser ces questions à notre invitée,
00:41 Cécile-Pierre Achiveur, cofondatrice et présidente de CODICO,
00:44 une asso spécialiste de l'insertion professionnelle
00:47 des réfugiés en France. Bonjour. -Bonjour.
00:50 -Cécile-Pierre Achiveur, qui sont les personnes réfugiées
00:53 dont nous fêtons la journée aujourd'hui ?
00:56 -Les personnes réfugiées sont des personnes
00:59 qui sont persécutées dans leur pays
01:02 et qui, pour des raisons diverses,
01:04 des raisons de religion,
01:07 des raisons d'appartenance à une ethnie
01:09 qui est persécutée,
01:11 des raisons de droit, en fait,
01:13 enfin, qu'elles ont des convictions politiques
01:16 qui sont susceptibles de les mettre en danger.
01:20 -D'accord. -Et du coup,
01:22 comme elles sont persécutées,
01:24 pour se mettre en sécurité,
01:26 elles ont quasiment l'obligation de quitter leur pays
01:29 et de demander refuge dans un pays tiers.
01:32 -On a noté ce que je disais en introduction,
01:35 139 000 premières demandes d'asile en 2022.
01:38 Vous savez combien il y a de réfugiés au global en France
01:42 et peut-être dans le monde ? -Ce qui est important
01:44 de comprendre, c'est qu'il y a 139 000 demandes d'asile,
01:48 mais toutes ces personnes n'obtiendront pas l'asile.
01:51 Il y a environ 40 % uniquement des personnes
01:54 qui obtiendront l'asile.
01:55 Aujourd'hui, en 2023,
01:57 on a environ 550 000 personnes réfugiées.
02:00 -Dans le monde ? -Statutaire en France.
02:03 Non, pas dans le monde. Quand on parle du monde,
02:05 c'est 34 millions de personnes réfugiées
02:08 dans le monde.
02:10 Donc, voilà, 550 000.
02:12 On a souvent l'impression qu'on est envahis
02:15 par les réfugiés, mais non, ça ne représente pas
02:18 1 % de la population française.
02:20 C'est important de comprendre et de relativiser.
02:23 -A l'échelle française,
02:24 combien sont en emploi aujourd'hui des réfugiés ?
02:27 -Je ne sais pas, je n'ai pas le chiffre
02:29 sur ces 550 000 personnes en emploi.
02:32 Par contre, ce que je peux vous dire,
02:34 c'est qu'une personne sur deux est en inactivité
02:38 ou au chômage trois ans après l'arrivée,
02:41 après l'obtention du statut,
02:43 ce qui est considérable, ce qui montre
02:45 combien c'est difficile pour une personne
02:47 d'accéder à l'emploi. C'est vraiment
02:50 un facteur très discriminant
02:52 et qui, en fait, implique que l'intégration
02:54 n'est pas si bonne.
02:56 -Comment on fait pour favoriser l'emploi
02:58 pour ces personnes-là, à France ?
03:02 -C'est un peu notre activité. -Dites-moi.
03:04 -Donc, je rebondis là-dessus.
03:06 En fait, ces personnes, elles sont...
03:09 Une fois qu'elles ont ce statut,
03:11 elles tombent dans le droit commun,
03:13 c'est-à-dire qu'elles ont le droit de travailler
03:16 comme tous citoyens français,
03:18 comme vous et moi. Par contre, c'est théorique.
03:21 Il y a des handicaps, des obstacles
03:23 qui font que, finalement, ça va être très compliqué
03:26 pour elles d'arriver à l'emploi.
03:28 Ces obstacles, en fait, ils s'articulent
03:30 autour de plusieurs choses.
03:32 Il y a la langue, évidemment, avant tout.
03:35 Il y a le fait que les diplômes qu'elles possèdent...
03:38 -Il n'y a pas forcément d'équivalence ?
03:40 -Il n'y a pas forcément d'équivalence,
03:42 ils ne sont pas reconnus.
03:44 On sait combien le diplôme est important en France.
03:47 Elles n'ont pas de réseau.
03:49 Elles sont discriminantes.
03:51 Elles ont aussi, par leur parcours,
03:53 des trous dans les CV importants.
03:55 Souvent, elles manquent de confiance.
03:57 Elles ne connaissent pas les codes du marché du travail.
04:00 Comment on fait pour retrouver un emploi en France ?
04:03 Imaginez, demain, vous arrivez en Chine,
04:06 il faut trouver du travail du jour au lendemain.
04:09 -C'est le rôle de Codico ? -C'est le rôle de Codico.
04:12 C'est de leur transmettre ces codes.
04:14 On a un dispositif qui est assez agile
04:16 et qui a fait ses preuves depuis 7 ans.
04:18 On peut les mettre en lien avec les entreprises
04:21 en demandant à des salariés volontaires
04:23 de pouvoir s'engager et d'accompagner
04:26 individuellement une personne réfugiée
04:28 pendant 5 mois, tout simplement pour leur permettre
04:31 de réaliser leur projet professionnel.
04:34 Donc, leur transmettre pendant 5 mois
04:36 tous ces petits codes,
04:38 déjà de leur permettre de progresser en français,
04:41 d'avoir les outils de la recherche d'emploi,
04:43 de pouvoir postuler à deux, en fait, à des offres,
04:46 de simuler des entretiens...
04:48 -C'est un peu comme un mentor ? -Exactement.
04:51 C'est du mentorat. De manière complémentaire,
04:53 on a tout un accompagnement collectif
04:56 où on va adresser des problématiques de fond
04:58 comme l'apprentissage du français,
05:00 on a des cours de français, des équipes de coach
05:03 qui interviennent pour reprendre confiance
05:06 et cadrer le projet.
05:07 Notre grosse spécificité, c'est que nous,
05:10 on souhaite que la personne réalise un projet choisi.
05:13 C'est-à-dire qu'on n'est pas dans une dynamique
05:16 où on va aller systématiquement vers les métiers en tension.
05:19 On ne va pas amener un médecin à devenir chauffeur de taxi.
05:22 -Il y a besoin dans ce secteur de recruter.
05:25 -On veut que la personne se réalise,
05:27 parce qu'on part du principe que si la personne se réalise,
05:31 c'est une valeur pour la France, une valeur pour nos entreprises,
05:34 et du coup, elle va pouvoir aussi s'intégrer sur le long terme.
05:38 Elle va pouvoir se réaliser professionnellement.
05:41 -Est-ce que vous pensez que quand un réfugié arrive
05:44 dans une entreprise, les autres collaborateurs
05:46 ont besoin d'être sensibilisés, de préparer l'arrivée
05:49 de cette nouvelle recrue ? -Bien sûr.
05:52 -Comment on fait ? -Une personne réfugiée,
05:54 c'est un profil atypique, d'une culture différente,
05:57 c'est un profil qui n'a pas les codes de l'entreprise française.
06:01 Donc, la mettre dans une entreprise,
06:05 dans des équipes qui ne sont pas...
06:07 -Sensibilisées. -Sensibilisées à la thématique
06:10 de l'asile, qui ne connaissent pas ses parcours,
06:13 le profil, la façon de fonctionner de ces personnes,
06:16 ça peut amener, effectivement, des difficultés dans une équipe,
06:19 alors qu'on sait combien une équipe diverse
06:22 est une équipe, en fait, qui, si on se donne les moyens,
06:25 peut être complètement productive, enrichie,
06:28 parce que ça interpelle, en fait,
06:30 des façons de penser différentes,
06:32 ça apporte de l'innovation.
06:34 Donc, c'est vraiment un message important,
06:37 c'est-à-dire que quand on accueille un réfugié,
06:40 c'est quelque chose de gagnant,
06:42 il faut se donner les moyens de bien l'intégrer,
06:44 de bien l'accueillir dans l'entreprise,
06:47 que ça soit du côté des accompagnateurs,
06:49 des managers, mais aussi que ça soit du côté
06:52 de la personne réfugiée, par exemple,
06:54 mettre des cours de français à disposition de la personne
06:57 pour qu'elle puisse progresser plus rapidement,
07:00 lui permettre de s'approprier les codes,
07:02 d'avoir peut-être un menteur, même, en entreprise,
07:05 qui lui permette de s'approprier les codes.
07:08 Ca, c'est quelque chose de très important.
07:11 -Il y a la barrière de la langue,
07:12 qui est une grosse difficulté, j'imagine,
07:15 pour ces réfugiés, mais il y a aussi une autre difficulté.
07:18 J'aimerais qu'on y revienne rapidement.
07:20 L'administratif, est-ce que vous,
07:22 vous accompagnez les réfugiés dans leur démarche administrative
07:26 pour trouver un emploi et pour, même après,
07:29 tout ce qu'il faut faire ?
07:30 -On arrive un peu plus en aval,
07:32 c'est-à-dire qu'on n'est pas dans tout ce qui est
07:35 procédure de demande d'asile.
07:37 En quelques mots, une procédure de demande d'asile
07:40 dure plusieurs mois. La personne va passer à l'OFFRA,
07:43 l'Office français des réfugiés et des apatrices,
07:46 où elle va devoir défendre le fait
07:48 qu'elle a le droit de bénéficier de l'asile.
07:51 Elle passe devant un officier de l'OFFRA.
07:53 Toutes ces démarches administratives
07:55 qui sont assez fastidieuses, où il faut remplir des dossiers,
07:59 qui demandent l'accompagnement aussi...
08:01 -C'est un organisme spécialisé.
08:03 -C'est des associations dédiées,
08:05 qui sont sur l'accompagnement social, administratif.
08:08 Nous, on est plus en aval. Les personnes ont obtenu
08:11 leur statut, et du coup, statutairement,
08:13 elles ont le droit de travailler.
08:15 -Et là, vous intervenez. -C'est là que le bas blesse.
08:18 On se dit que c'est la fin du parcours du combattant,
08:21 mais non, il n'est pas du tout terminé.
08:24 Il va falloir trouver du travail.
08:26 -Merci beaucoup, Cécile Pierre-Alschiver,
08:28 cofondatrice et présidente de CODICO,
08:31 je rappelle, une asso spécialiste
08:33 de l'insertion professionnelle des réfugiés en France.
08:36 répondu à toutes ces questions. Et tout de suite c'est les entreprises s'engagent dans SmartJob.

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