SMART BOURSE - L'invité de la mi-journée : Alain Guélennoc (Federal Finance Gestion)

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Mardi 20 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Alain Guélennoc (Directeur général, Federal Finance Gestion)

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00:00 [Musique]
00:09 Et nous continuons notre discussion en plateau avec Alain Guelenocq qui nous accompagne dans la deuxième partie de Smart Bourse.
00:16 Bonjour Alain Guelenocq.
00:17 Bonjour.
00:17 Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse.
00:19 Vous êtes président du directoire de Fédéral Finances et Gestion.
00:21 Alors nous avons passé effectivement quelques minutes à évoquer les différentes stratégies de banque centrale donc après cette semaine cruciale.
00:29 La semaine dernière première question que ce soit du côté de la Fed qui marque une pause, de la BCE qui reste dans son rythme.
00:36 Parlons également peut-être de la banque centrale chinoise qui elle apporte un soutien modéré mais soutient quand même à son économie.
00:44 Est-ce que c'était une surprise pour vous ces décisions de politique monétaire ?
00:49 Non ce n'était pas des surprises.
00:51 Les choses étaient quand même, il y avait une bonne communication en préambule donc ce n'était pas des surprises.
00:57 Ce que l'on peut dire néanmoins à ce stade c'est que après des mouvements de hausse rapide et très importante jamais vu, on sent qu'on approche quand même de la fin.
01:07 C'est le côté positif.
01:09 Des deux côtés que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe ?
01:12 C'est sans doute plus clair aux Etats-Unis qu'en Europe.
01:15 En Europe on voit qu'il y a des bords.
01:17 Les échanges d'hier entre Philippe Leynes qui dit on est data-dependant donc effectivement anticiper ce qui se passera à la rentrée c'est trop tôt
01:24 et Isabelle Schnabel qui dit qu'il vaut mieux en faire trop que pas assez.
01:29 On sent qu'il y a discussion au sein de la BCE et que les choses ne sont pas forcément très claires.
01:34 Néanmoins Christine Lagarde a été très claire.
01:36 Elle a indiqué que vraisemblablement en juillet la BCE ferait une nouvelle hausse des taux.
01:40 Bien sûr.
01:41 La question c'est la suite.
01:43 Et la suite effectivement, je pense qu'aujourd'hui la BCE est très préoccupée aussi par le fait qu'il y a des difficultés de financement.
01:50 On voit que le crédit bancaire ralentit tant pour les particuliers que pour les entreprises.
01:55 Et elle le voit, elle se rend compte qu'il y a un sujet.
01:59 Et en même temps l'inflation reste présente.
02:01 Bien sûr.
02:02 Donc il est obligé de maintenir une politique monétaire relativement restrictive.
02:05 On a l'impression qu'en Europe effectivement le risque principal c'est de ne pas en faire assez pour la BCE non ?
02:12 Alors oui.
02:14 C'est parce que je pense qu'ils ont en mémoire les crises précédentes avec des tensions inflationnistes.
02:19 Et ils se sont rendu compte qu'à certaines périodes la BCE n'avait pas fait, enfin les banques centrales n'avaient pas fait assez à l'époque.
02:24 Donc je pense qu'aujourd'hui certaines personnes au sein de la BCE veulent vraiment endiguer l'inflation avant de relâcher la pression.
02:31 Et ça semble assez cohérent.
02:33 Maintenant on est quand même dans un contexte où on voit que devant nous la croissance ralentit.
02:37 On voit que certaines entreprises commencent aussi à être impactées par le coût de refinancement.
02:43 Bien sûr.
02:44 Bon bref, c'est très partagé.
02:47 Mais encore une fois, il y a une chose qui est sûre, c'est que toute la hausse, l'essentiel de la hausse est derrière nous.
02:54 Là on se rend compte que dans les prochains mois ça devrait quand même commencer à minima se stabiliser.
02:59 C'est ça, ça ne veut pas dire que ça va baisser mais commencer à se stabiliser.
03:02 Donc ça nous fait rentrer quand même dans des nouveaux scénarios économiques ou en tout cas des nouveaux contextes d'investissement.
03:09 Alors un mot peut-être sur la façon dont vous voyez cette fin d'année 2023 et peut-être l'année 2024.
03:15 Comment est-ce que vous envisagez ce deuxième semestre 2023 ?
03:20 Alors plusieurs choses.
03:21 La première chose quand même, si on part de la base, on a aujourd'hui des placements monétaires qui offrent des rendements de 3,50, 3,75, sans doute 4% bientôt.
03:29 Donc c'est quand même confortable pour les investisseurs institutionnels et même pour les particuliers.
03:33 On a des placements d'attente qui sont bien rémunérés.
03:36 L'inflation est élevée mais on a aujourd'hui retrouvé du rendement.
03:39 Donc ça, ça offre une sécurité, une liquidité qu'on n'avait pas vue depuis des années.
03:43 C'est inédit pour beaucoup de personnes.
03:47 Et notamment à court terme.
03:48 Et notamment à court terme, c'est formidable.
03:50 Bon, ça c'est la première chose.
03:51 La deuxième chose, effectivement, on a des rendements obligataires qui ont repris aussi les couleurs.
03:56 Les taux des emprunts d'Etat sont plutôt élevés, très agréables pour investir.
04:01 Et on a des spread de crédits qui se sont tendus.
04:04 Notamment sur le secteur bancaire où on a eu la pollution de l'affaire Credit Suisse,
04:08 la pollution des fayettes des banques américaines qui s'est étendue aussi sur les banques européennes.
04:13 Et de façon sans doute un peu excessive.
04:15 Donc là on retrouve réellement de la valeur, des bons niveaux d'investissement.
04:19 Et donc c'est aussi, on va dire, une aubaine je trouve pour certains investisseurs.
04:23 Bon, a contrario, on a peut-être certains segments de marché,
04:26 je pense notamment à certaines entreprises du haut rendement où il faut être relativement prudent.
04:30 Parce qu'il y a des primes de risque.
04:32 Mais face aux murs de date qu'on voit se profiler au ralentissement économique,
04:36 est-ce que cette prime de risque sera suffisante pour amortir les risques de défaut ?
04:40 Ça c'est toute la question.
04:42 Et notre point de vue c'est qu'il faut plutôt être prudent et très sélectif sur ce secteur-là.
04:46 Donc attention tout de même, effectivement, quand on veut faire de l'investissement obligataire.
04:50 Là on parle de l'investissement grade, on parle même pas du I.I.L. pour le coup.
04:53 Plutôt, on privilégiera l'investissement grade au haut rendement actuellement.
04:57 Parce que l'investissement grade est bien rémunéré.
05:00 Alors que le haut rendement, là pour le coup, il faut vraiment être très très sélectif.
05:04 Il y a un mur de date devant nous, on sait très bien que 2024 et 2025 seront des années difficiles.
05:09 Et donc je pense qu'il faut vraiment être prudent sur ce secteur-là.
05:12 Donc la première stratégie, c'est une stratégie obligataire aujourd'hui ?
05:16 Ça passe devant les actions ?
05:18 Alors, c'est toute la question.
05:20 Les actions, il y a du facteur de soutien sur le marché des actions.
05:24 Le premier facteur de soutien, c'est que les entreprises sortent de la crise avec des bilans assainis,
05:30 des marges qui ont été restaurées.
05:32 Et devant elles, elles ont quand même des capacités à dégager des profits.
05:37 Elles ont restauré un certain pricing power,
05:39 alors qu'il va se limiter vraisemblablement avec les hausses salariales que pointe d'ailleurs la BCE.
05:45 Mais néanmoins, elles ont restauré une certaine compétitivité.
05:48 On reste aussi en phase de transition.
05:50 Et beaucoup d'entreprises tirent partie de ces transitions pour mettre en place,
05:55 créer de nouveaux produits, de nouveaux services, etc.
05:58 qui sont généralement plutôt bien rémunérés.
06:00 Donc elles retrouvent aussi des capacités pour celles qui savent se positionner.
06:03 Et puis le dernier point qui est important, c'est que la BCE a retrouvé des marges de manœuvre.
06:08 Le marché actions, il en tient compte.
06:10 C'est-à-dire qu'on se dit aujourd'hui qu'il y a le parachute de la BCE,
06:13 alors qu'il ne va pas s'ouvrir immédiatement, évidemment.
06:16 Bien sûr, il a plutôt tendance à se fermer, mais oui.
06:18 Mais ça explique une partie de la résistance du marché actions.
06:21 Bon, ça c'est donc les points positifs.
06:23 Sur les points négatifs, le dernier point positif, c'est que techniquement,
06:26 si on regarde, on fait une analyse Chartiste, c'est plutôt pas mal en ce moment.
06:29 On est en train de tester des résistances.
06:32 Mais ça pourrait ouvrir dans certains segments du marché des capacités à continuer le mouvement aussi.
06:38 Oui, avec une consolidation qu'on attend notamment sur les marchés américains,
06:41 qui tardent à venir pour l'instant.
06:43 Qui n'arrive pas, au contraire.
06:44 Même on regarde le Nasdaq et les valeurs technologiques,
06:46 elles ont à nouveau connu une très belle embellie.
06:48 Donc ça, c'est les facteurs positifs.
06:50 Facteur négatif, effectivement, le principal facteur négatif, c'est la valorisation du marché.
06:56 Alors la valorisation dans l'absolu, elle n'est pas calamiteuse.
06:59 On est sur des multiples qui sont totalement justifiés.
07:02 Par contre, quand on regarde les primes de risque,
07:04 effectivement, relatif au marché obligataire,
07:07 on a sans doute des primes de risque dans le contexte actuel
07:09 qui sont, on va dire, relativement légères,
07:12 en tout cas insuffisantes pour concurrencer de façon forte le marché obligataire.
07:17 Donc ça, c'est pour nous le facteur principal.
07:20 Ces primes de risque, elles sont dépendantes, après tout, aussi des profits
07:23 qui nous ont plutôt surpris sur les derniers mois.
07:26 Donc si, effectivement, dans les mois prochains, on a un ralentissement des profits,
07:29 à ce moment-là, ce sera une mauvaise nouvelle pour les actions.
07:33 Et c'est là qu'on pourrait avoir une petite consolidation.
07:35 Donc les actifs risqués comme les actions font face à une concurrence,
07:39 effectivement, de plus en plus accrue d'investissement obligataire,
07:42 mais la concurrence reste rude entre les deux, dans le contexte actuel.
07:46 Tout à fait. Et puis surtout, on a un rééquilibrage de l'offre et la demande de capitaux
07:50 sur le marché obligataire, le marché du crédit globalement, de la demande.
07:53 Et face à ça, une offre qui est quand même moins forte,
07:55 puisque les banques centrales interviennent moins.
07:58 Les gros investisseurs institutionnels sont en position,
08:01 j'allais dire attentiste, non pas tout à fait quand même,
08:03 mais plus sélective dans leurs investissements.
08:06 Ils sont vigilants sur la liquidité de leurs investissements
08:09 et donc, du coup, ça crée un équilibre offre-demande qui est nouveau
08:13 et sans doute un peu plus compliqué pour le marché obligataire.
08:17 Tout cela en lien tout de même avec, effectivement, des stratégies de hausse de taux
08:21 et de resserrement de bilan des banques centrales.
08:24 Si on arrive effectivement vers un début de palier,
08:28 que ce soit au niveau de la Fed ou de la BCE,
08:32 est-ce qu'on ne va pas retrouver une certaine normalisation de marché
08:36 et peut-être qui serait plus bénéfique aux actions qu'aux obligations ?
08:39 Oui, c'est une possibilité.
08:42 Ce n'est pas la seule.
08:44 On est en pleine période d'incertitude.
08:46 Mais dans ce contexte, on va privilégier les valeurs de qualité.
08:50 Je pense que les valeurs technologiques, on l'a vu,
08:52 elles n'ont pas fini leur rallye.
08:54 C'est les valeurs qui vont créer de la valeur,
08:56 justement avec tous les mouvements auxquels on assiste,
08:59 l'intelligence artificielle, etc.
09:01 Les valeurs technologiques en tirent le profit.
09:04 Les bancaires, finalement, ont souffert beaucoup.
09:07 On voit que la crise des banques régionales américaines,
09:09 ça commence à s'estomper.
09:11 Ses effets sont aujourd'hui beaucoup plus dilués.
09:14 Globalement, les bancaires retrouvent des couleurs.
09:17 Et puis, il y a des secteurs en pleine révolution,
09:19 je pense aux secteurs automobiles, notamment,
09:22 qui retrouvent là aussi pas mal d'allant
09:24 et en plus qui sont valorisés très faiblement.
09:27 Et pour finir, l'industrie, au sens large,
09:30 l'industrie est un secteur qui va plutôt pas mal,
09:33 sur lequel on a vraiment des belles valeurs à trouver.
09:37 - C'est vrai que quand on se souvient de l'engouement récent
09:41 pour l'intelligence artificielle, on peut se dire
09:43 "Bon, effectivement, il y a eu cet engouement,
09:44 il y a eu une sorte de petite bulle,
09:45 ou alors peut-être pas, mais en tout cas,
09:46 il y a eu cet engouement, mais quel sera le prochain engouement
09:49 qui fera en sorte que dix valeurs tireront la cote ? "
09:53 Non, ce que vous nous dites, c'est qu'il y a quand même
09:54 aussi des fondamentaux industriels.
09:57 - Je pense qu'il faut bien distinguer l'engouement
10:00 qui a été fait, par exemple, sur le Métaverse,
10:02 qui est un engouement ponctuel,
10:04 de l'engouement qui est fait sur l'intelligence artificielle.
10:06 L'intelligence artificielle, c'est un impact
10:08 beaucoup plus important et qu'on voit de façon
10:11 très pratique, très pragmatique, aujourd'hui,
10:13 au sein des entreprises.
10:14 Tous les secteurs sont impactés.
10:16 Donc, je crois vraiment que là, on a, encore une fois,
10:20 plus de création de valeur immédiate, de productivité
10:24 qu'avec des effets de mode simples.
10:27 C'est plus que ça.
10:28 - Un mot peut-être géographique, également.
10:31 On a beaucoup parlé de la Chine dans la première partie
10:33 de cette émission.
10:34 C'est un sujet que beaucoup d'investisseurs regardent
10:36 de près, aujourd'hui, avec cette croissance
10:39 qui reste tout à fait correcte en Chine,
10:41 mais moins qu'attendue.
10:42 Est-ce que ça reste une thématique d'investissement,
10:44 aujourd'hui, ou on regarde ça avec un peu plus de prudence ?
10:46 - On est prudent sur la Chine, pour les raisons
10:48 évoquées précédemment, le secteur immobilier,
10:50 notamment, sur lequel on a une attention.
10:52 Il n'en demeure pas moins qu'on regarde ça
10:55 très attentivement, parce qu'il y aura certainement
10:57 des plans de relance plus massifs, plus importants
11:00 que ce qui est fait actuellement.
11:01 - D'accord. Tout n'a pas été fait, encore.
11:03 - Tout n'a pas été fait.
11:04 Tant la Banque centrale que le gouvernement
11:06 vont venir en appui de l'économie chinoise.
11:08 Ça, c'est fondamental.
11:10 Mais, près de la Chine, il y a un autre pays
11:12 qui, actuellement, vit un véritable retour.
11:15 Un véritable retour, c'est le Japon.
11:16 - Bien sûr.
11:17 - Le marché japonais.
11:18 - Avec une politique monétaire très accommodante,
11:19 pour le coup.
11:20 - Avec, pour le coup, une politique monétaire accommodante.
11:22 On est sortis de la déflation qui caractérisait
11:24 le Japon depuis plusieurs années.
11:26 Les entreprises japonaises ont bien tiré parti
11:28 de la reprise de l'économie mondiale,
11:31 et notamment de l'Asie du Sud-Est,
11:32 qui, globalement, se porte bien.
11:34 Donc, globalement, là, il y a véritablement
11:36 un marché qui, nous semble, aujourd'hui,
11:38 un des meilleurs marchés pour investir.
11:40 Très clairement. Voilà.
11:42 - Merci beaucoup, Alain Guelenoc,
11:43 d'être venu sur le plateau de SmartBourse.
11:45 Je rappelle que vous êtes président du directoire
11:46 de Fédéral Finances-Gestion.
11:48 Merci beaucoup.
11:49 - Merci.
11:50 - Merci à vous, également, de nous avoir suivis.
11:51 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver
11:52 l'émission SmartBourse en replay sur bsmart.fr,
11:54 mais aussi en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
11:57 Et je vous donne rendez-vous en direct sur Bsmart
11:59 à 17h pour la grande édition de SmartBourse.
12:02 ♪ ♪ ♪

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