Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 - Face à l'info 19h, c'est le ravi de vous retrouver ce soir. J'espère que vous avez passé un excellent week-end.
00:07 Comment va ma Charlotte ? - Très bien.
00:09 - Marc ? - Bah pourquoi je n'y irai pas ? Vous avez un doute ?
00:13 - Mathieu Bocoté, toujours bien. - Très bien !
00:16 - Et Dimitri ? - Eh ben...
00:18 - En pleine forme. Et au sommaire, on va commencer le sommaire tout de suite à Paris,
00:23 dans le très chic 7e arrondissement, un migrant a vandalisé l'église Saint-François-Xavier.
00:31 Une église qu'il avait lui-même déjà vandalisée.
00:34 De quoi ce silence face aux attaques de chrétiens au niveau local comme au niveau international est-il le nom ?
00:41 Le même silence pèse sur l'Arménie, premier royaume chrétien de la planète.
00:46 Alors que le Haut-Karabagh a été vidé de sa population sans que personne ne bouge,
00:50 rend-t-on l'Arménie coupable d'être chrétienne ? L'édito de Mathieu Bocoté.
00:56 La sécurité a largement gagné nos campagnes, drogue, délinquance, enlèvement, refus d'obtempérer.
01:02 Et c'est pour renforcer la sécurité de chaque Français qu'Emmanuel Macron a décidé de doubler la présence sur le terrain de nos policiers et de nos gendarmes.
01:11 Pour la gendarmerie, 3500 postes supplémentaires, 238 nouvelles brigades partout en France.
01:17 Les zones rurales seraient-elles le ventre mou de la sécurité en France ?
01:22 Pourquoi les villes ne sont plus les seules à être criminogènes ?
01:25 Le décryptage de Dimitri Pavlenko.
01:28 Le 2 octobre 1752 était la naissance de Henriette Campan, cette femme de chambre de Marie-Antoinette et sa confidente,
01:39 celle à qui Napoléon en 1807 confie l'intendance de la première maison d'éducation de la Légion d'honneur.
01:47 Elle s'était fait remarquer en créant en 1795 un pensionnat pour jeunes filles.
01:52 Portrait de cette grande éducatrice sous le premier empire, Marc Menand raconte.
01:58 Et puis nous allons nous arrêter ce soir pour comprendre les étapes de la vie migratoire d'une demandeur d'asile en France en ce moment.
02:05 Nous verrons comment la cour administrative d'appel de Nantes vient d'annuler le transfert de cette clandestine nigériane vers l'Italie,
02:13 pays dans lequel elle avait premièrement fait sa demande d'asile.
02:17 Pourquoi son transfert est annulé alors que la demande d'asile doit être observée dans le premier pays où elle a été réclamée ?
02:23 Comment expliquer cette situation ? Pourquoi nos tribunaux et préfectures sont-ils si surchargés par ces dossiers ?
02:29 Le décryptage de Charlotte d'Ornelas.
02:31 Et puis nous allons nous arrêter en fin d'émission sur cette déclaration de Jean-Luc Mélenchon hier.
02:36 « Notre pays est travaillé en profondeur par une absurde xénophobie à l'endroit des peuples du Maghreb et de l'Afrique, et en particulier des musulmans. »
02:45 Pourquoi Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France Insoumise, accuse-t-il la France de xénophobie ?
02:51 Pourquoi culpabiliser les Français en quoi la « créolisation » comme il l'appelle,
02:56 sera un processus rassurant et l'avenir de l'humanité ? L'édito de Mathieu Boccote.
03:02 Il a fallu prendre un peu de hauteur sur l'actualité et il est arrivé en retard.
03:06 On va faire la minute info. Allez, c'est parti !
03:09 Bonjour Christine Thierry, bonjour à tous.
03:12 Le parquet de Strasbourg d'Orénavant en charge de l'affaire dit s'attendre à des investigations de longue haleine
03:18 en ajoutant qu'aucune piste n'était à ce stade écartée ni privilégiée.
03:22 Hier, une maison dûe à mots de dire-part dans la commune de Plaine a été passée au peigne fin.
03:27 Un habitant du village dit avoir vu la jeune fille à bord d'une voiture au moment de sa disparition.
03:33 Emmanuel Macron annonce la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie mobile d'ici à 2027.
03:40 Il y aura entre une et quatre brigades par département, annonce de l'Élysée.
03:44 Le chef de l'État s'est par ailleurs prêté au jeu du contrôle routier, pris pistolet laser en main.
03:49 Il a contrôlé la vitesse d'automobilistes dont certains étaient en excès.
03:53 Ils ont été flashés par le président de la République.
03:56 Et Gérard Larcher a largement été réélu à la présidence du Sénat pour trois ans.
04:02 Le sénateur Les Républicains des Yvelines, rempli pour un cinquième mandat.
04:06 Il a obtenu 57,88% des suffrages, loin devant la liste de la majorité présidentielle à 14,91% des voix
04:16 et celle de la gauche à 13,28%.
04:20 - Merci Augustin Donatdieu, même en retard vous êtes d'une grande efficacité.
04:24 Merci pour l'info.
04:26 C'est vrai qu'on change de plateau, on se balade, c'est perdu dans les couloirs.
04:30 Merci en tout cas d'être là pour l'info.
04:32 Merci beaucoup Augustin Donatdieu.
04:34 Alors le vandalisme antichrétien, il est devenu banal en France.
04:38 Mathieu Bocoté, on va s'arrêter sur tous ces sujets.
04:41 Il est régulièrement constaté mais suscite rarement de l'indignation.
04:45 Est-il sans lien avec l'indifférence affichée par plusieurs à l'endroit de ce qui se passe contre les Arméniens ?
04:53 - En fait oui, c'est un lien assez inattendu mais que nous allons chercher à faire, je crois,
04:57 parce qu'il éclaire le rapport des Français à leur propre identité.
05:01 Alors point de départ, le vandalisme antichrétien, c'est une scène qui s'est passée tout récemment dans une église du 7ème.
05:06 Un migrant récidiviste, donc, qui avait déjà fait du vandalisme dans cette église
05:12 et quelques mois plus tard, probablement convaincu qu'il n'en avait pas assez, revient et fait du vandalisme encore.
05:20 - Et si vous permettez l'expression, on parle rarement de ces attaques dans les églises.
05:24 Elles sont régulières à Paris et nous, à chaque fois, on essaie de mettre un coup de projecteur.
05:28 - Ah ben j'y reviens parce que c'est fondamental.
05:31 Justement, ce sont des événements qui se reproduisent mais qui ne sont pas métabolisés médiatiquement.
05:35 Je reviendrai dans un instant.
05:37 Ce qui est intéressant, c'est de voir à quel point chaque fois que l'église est attaquée,
05:40 elle en fait très peu pour qu'on soit au courant.
05:43 Moi, je suis fasciné par ces prêtres, je suis fasciné par ces figures importantes du clergé
05:48 qui, dès qu'on leur tape dessus, décident, c'est la politique, vous savez, tendre l'autre joue, tendre l'autre joue.
05:53 Mais ils n'ont que des joues à tendre, ces gens-là.
05:54 J'aimerais citer, soit dit en passant, une très belle phrase qui vient d'un film consacré à Andreotti,
05:59 une figure politique italienne des années 70, je crois,
06:02 qui disait « Notre Seigneur, dans sa bonté, nous a demandé de tendre l'autre joue,
06:05 et dans sa sagesse, ne nous a donné que deux joues. »
06:08 Bon, de ce point de vue, je considère qu'une bonne partie du clergé catholique
06:11 croit avoir des joues à l'infini à tendre pour ceux qui font du vandalisme antichrétien.
06:16 Alors, en filigrane, c'est parce que le prêtre de cette paroisse ne voulait pas qu'on en fasse trop.
06:23 Donc c'est pour ça que, et je comprends aussi votre indignation, on a envie d'en parler.
06:26 Oui, oui, oui, je suis désolé, il ne peut pas maîtriser complètement l'actualité.
06:29 Le domaine des cieux lui appartient, le domaine des médias un peu moins.
06:32 Quoi qu'il en soit, ces actes sont nombreux.
06:36 Je note une chose, le profil des vandales n'est pas toujours le même.
06:39 Il faut le savoir, le profil des vandales peut varier.
06:41 Quelquefois, c'est pour des rituels vaguement sataniques,
06:44 quelquefois, ce sont des imbéciles qui veulent tout simplement piller dans une église,
06:47 d'autres fois, c'est pour humilier très clairement les codes de la France chrétienne.
06:51 Donc, toute une série de motifs s'additionnent, mais à travers cela,
06:54 il y a une trame d'actualité profonde qui s'écrit, qui est celle du vandalisme antichrétien.
06:58 Petit retour à il y a quelques ans, puis je vais retracer un peu cette trame.
07:01 À l'automne, à décembre 2021, Charlotte, sur ce plateau, nous en avait parlé.
07:05 On s'en souvient peut-être, une procession catholique avait été attaquée à Nanterre.
07:09 On est en France, à Nanterre, une procession catholique,
07:12 et des gens s'étaient jetés sur eux avec des slogans marqués sous le signe de l'islam.
07:17 Je raconte les faits tout simplement, avec cette phrase « Vous n'êtes pas chez vous ».
07:21 « Vous n'êtes pas chez vous ici ».
07:23 Autrement dit, on chassait, on disait « Désormais, vous, catholiques, lorsque vous vous exposez dans l'espace public,
07:27 en certaines parties du territoire, vous n'êtes plus les bienvenus. Ce territoire n'est plus le vôtre ».
07:32 C'est ce qu'on pourrait appeler de manière... un territoire conquis.
07:35 Ou à tout moment, un territoire où s'exerce une souveraineté,
07:37 où s'exerce des moeurs qui ne sont plus celles de la France historique.
07:40 Ça va un peu plus loin. Fin 2022, il y a une vague d'actes antichrétiens qu'on peut voir,
07:45 ça traîne dans les journaux, hein. Si on cherche l'info, on peut la trouver.
07:49 En Corse, au mois de mai de cette année, il y a une série d'actes antichrétiens encore une fois.
07:54 Mais, je faisais ma recherche pour cette chronique, une chose m'a frappé,
07:57 c'est que ces faits sont toujours présentés sur le mode du fameux « fait divers »,
08:01 et il n'y a pas dans l'actualité, quand on regarde...
08:04 Il y a une actualité ukraine, il y a une actualité arménie, un peu ces temps-ci.
08:07 Il y a une actualité « comment la droite va-t-elle se suicider encore une fois ? ».
08:10 Mais, l'actualité persécution antichrétienne est absente.
08:15 C'est toujours dispersé, c'est saucissonné, c'est fragmenté,
08:19 et il faut véritablement chercher pour comprendre que ce vandalisme, il est récurrent,
08:23 il revient, et c'est quand même pas un détail.
08:25 Alors, allons plus loin. Pourquoi ?
08:27 Imaginons si demain, il y avait du vandalisme régulièrement contre des mosquées.
08:31 Imaginons si ce vandalisme était régulier,
08:33 puis on trouvait que le type qui faisait ça, c'était pas dans ce cas-là un migrant récidiviste,
08:37 mais c'était, je sais pas moi, un type vaguement associé à ce qu'il peut avoir de plus caricatural
08:42 chez ceux qu'on appelle les identitaires.
08:44 Est-ce que vous croyez que ce sera un fait divers ?
08:46 Ou est-ce qu'on aurait pas l'ensemble de la classe politique qui se mobiliserait
08:49 contre cette agression faite contre la République ?
08:51 N'oubliez jamais qu'on est dans ce pays où, lorsque des jeunes militants vont brandir des slogans
08:56 ou en fait dire des slogans pour dénoncer la violence faite aux femmes,
09:00 l'agression de certaines femmes, on considère que ce sont des propos haineux.
09:04 Donc, pourquoi ce deux poids, deux mesures qui est récurrent à la matière ?
09:08 La réponse est assez connue, il faut bien le dire, c'est que si vous êtes la bonne catégorie de victimes,
09:13 c'est-à-dire globalement des victimes issues des minorités,
09:15 alors là, on va se porter à votre défense, si vous êtes une victime issue de la majorité,
09:19 et dans ce cas-là, c'est le christianisme, c'est le catholicisme,
09:22 vous êtes un fait divers et signifiant, et n'essayez surtout pas de faire savoir qu'on vous a agressé,
09:27 parce qu'alors vous feriez le jeu de l'extrême droite.
09:29 Alors, on voulait faire, Mathieu Bocoté, un lien entre cette indifférence et l'indifférence affichée
09:34 pour l'arménie qui choque beaucoup de chrétiens et beaucoup de français.
09:37 Je dirais à peu près n'importe quel être humain vaguement civilisé.
09:41 On est devant nous, et là je pense que la formule n'est pas exagérée,
09:44 d'autant qu'elle est utilisée par les représentants arméniens,
09:46 on est devant une épuration ethnique aujourd'hui dans l'Artsakh.
09:50 On est devant une entreprise très nette. Quel est l'objectif?
09:53 Il s'agit de chasser les Arméniens de leur terre historique.
09:59 Il s'agit de les congédier, il s'agit de les arracher à leur pays.
10:02 Et n'oubliez jamais une chose, qu'est-ce qu'un nettoyage ethnique
10:05 qui peut culminer dans un, appelons ça un génocide culturel, je dis "stingue", on parle pas de massacre,
10:10 qu'est-ce que c'est? Il s'agit non seulement de chasser un peuple de chez lui,
10:14 il s'agit non seulement de l'expulser de son propre pays,
10:17 mais il s'agit d'effacer jusqu'au souvenir de sa présence en ce pays.
10:21 Et c'est ce qui se passe aujourd'hui en Artsakh, c'est ce qui se passe avec l'Azerbaïdjan
10:26 qui lance cette opération de nettoyage ethnique.
10:29 La formule, encore une fois, est celle des représentants de l'Artsakh.
10:32 Je note, soit dit en passant, pour ceux qui s'intéressent au rapport entre la France et l'Arménie,
10:36 il y a un texte magnifique qui est paru dans le Figaro de Guillaume Perrault
10:39 qui nous raconte cette histoire et qui met l'accent sur le rapport des Arméniens à leur identité.
10:44 Et je vais en lire juste un tout petit passage qui est tout à fait fascinant dans ce texte.
10:48 Je cite, c'est Perrault.
10:49 « L'Arménie, pays aux frontières changeantes aux grébés siècles et des envahisseurs,
10:53 a même longtemps disparu de la carte.
10:55 Son peuple a été disséminé en plusieurs foyers historiques,
10:58 leur identité s'est forgée autour d'une religion. »
11:01 Et là, on parle du rôle de la langue, du rôle des rituels.
11:03 Voilà un peuple qui a été, au fil de l'histoire, qui a perdu son État.
11:06 Il n'y a rien de pire pour un peuple que de perdre son État indépendant.
11:09 Mais néanmoins, ils se sont accrochés à leur identité, ils se sont accrochés à leur rythme,
11:13 ils se sont accrochés à leur identité profonde, et ils ont vécu l'expérience de la diaspora.
11:18 Mais toujours en s'accrochant à cette identité,
11:20 ils ont réussi à conserver l'idée qu'un jour, ils redeviendraient maîtres chez eux.
11:24 C'est une histoire de ce point de vue.
11:25 Et c'est un peuple martyr, c'est un peuple avec un sort presque christique.
11:28 Il y a une parenté évidente entre les Arméniens et le peuple juif.
11:32 Or, qu'est-ce qu'on voit?
11:33 Il y a une absence d'intérêt total pour ce qui se passe pour les Arméniens,
11:36 je dirais, dans le monde occidental.
11:37 Parce qu'il y a une originalité française, néanmoins, des intellectuels sont mobilisés.
11:42 Emmanuel Macron est un des seuls à s'être prononcé en disant
11:45 « c'est quand même grave ce qui se passe là »,
11:46 donc ça vaut la peine de le dire, on peut être critique envers le président de la République,
11:49 mais sur ça, il a pris la peine de dire que c'était inacceptable.
11:52 Alors que pour plusieurs, ce qui se passe en Arménie,
11:54 c'est un détail interne d'un État qui gère une question secondaire.
11:59 Je cite, soit dit en passant, l'ambassadrice de l'Azerbaïdjan en France,
12:05 qui dit « ce n'est pas un nettoyage ethnique,
12:08 vous ne pouvez pas accuser l'Azerbaïdjan sur des choses infondées, dit-elle.
12:11 C'est exceptionnel, elle dit « c'est une volonté des populations de ne pas rester,
12:16 ils n'ont pas été forcés à partir. »
12:19 Donc il y a une invasion, on vous explique que vous allez subir un sort terrible,
12:22 on vous explique que vous n'êtes plus chez vous, on vous explique que vous êtes des chiens,
12:25 mais ces gens-là quittent librement.
12:28 C'est comme une espèce d'immense moment de grand déménagement collectif
12:31 où les Arméniens de l'Artsakh décideraient finalement de quitter des terres auxquelles ils seraient indifférents.
12:36 Qu'est-ce qui se joue à travers ça?
12:38 C'est en partie le rapport, et j'y reviens, à l'identité chrétienne,
12:41 et pas seulement de la France, mais du monde occidental.
12:44 Parce que lorsqu'on voit les Arméniens, on pourrait avoir un moment de solidarité.
12:47 On est capable de solidarité, on en a eu avec l'Ukraine,
12:50 alors là on a l'Arménie.
12:52 Mais il y a une absence totale de solidarité, alors qu'il y a une charge, je dirais, métaphysique,
12:56 une charge existentielle profonde dans le destin du peuple arménien.
13:00 Mais c'est absent, pourquoi?
13:02 Parce que dans le récit de l'Ukraine, on était capable de l'associer
13:05 à la vision qu'on a aujourd'hui de ce qu'on est comme occidentaux.
13:09 Démocratie, État de droit, frontières de l'Europe, autant peut-être un jour.
13:14 Je précise, soit dit en passant, que l'Ukraine n'était pas nécessairement exemplaire sur tous ces points.
13:17 Mais on l'intégrait à cela.
13:19 L'Arménie appartient à un autre registre identitaire pour nous, c'est l'idée de la chrétienté.
13:23 C'est l'idée de la civilisation chrétienne.
13:25 C'est l'idée d'une identité chrétienne fondamentale pour l'Europe.
13:29 Or ça, ça ne nous intéresse plus, on a décidé de ne plus se voir comme telle.
13:33 Le problème, c'est que dans le cas de l'Azerbaïdjan et de la Turquie,
13:36 eux nous voient comme des chrétiens.
13:38 Et eux sont dans une logique souvent de lutte contre le christianisme pour le faire reculer.
13:43 C'est la grande revanche historique des vaincus.
13:45 Alors voyons tout cela, on pourrait dire que si nous avons oublié qui nous sommes,
13:49 le camp d'en face n'a pas oublié qui nous sommes et veut nous le rappeler à sa manière.
13:53 Et on apprend à l'instant qu'il y a eu un mort et deux blessés dans le Haut-Karabagh,
13:59 selon l'Arménie, dans un échange de tirs à la frontière,
14:02 pour montrer que tout cela continue.
14:04 Alors Mathieu Bocote, dernière question.
14:06 Qu'est-ce que l'expérience des Arméniens peut nous dire sur nous, sur la France?
14:11 Alors, c'est fondamental. On est devant un peuple dont l'expérience a une portée universelle.
14:14 Il faut le dire et il faut cesser de traiter ça comme un fait divers de l'actualité internationale lointaine.
14:19 Premièrement, c'est un peuple qui s'est cramponné à son identité lorsqu'il a perdu son état.
14:23 Un peuple qui n'oublie pas son identité et toujours capable de renaître.
14:27 S'il oublie son identité, il ne pourra pas renaître.
14:29 C'était aussi une leçon des Polonais en d'autres temps.
14:31 C'est un peuple qui, soit dit en passant, n'a jamais idéalisé la condition diasporique.
14:34 Comme ça, quelquefois, les intellectuels rêvent à ça aujourd'hui.
14:36 C'est formidable de disperser partout. Non, non.
14:38 Avoir un état, il n'y a rien de plus précieux.
14:40 Et aujourd'hui, les Arméniens perdent un lieu qui était un lieu où s'était constitué historiquement leur existence nationale.
14:45 Et à travers ce dernier point qui me semble important, la notion de terre ancestrale pour ce peuple.
14:49 Il a une terre ancestrale, il en est chassé.
14:51 Et l'ennemi, l'Azerbaïdjan, dans mes circonstances, pour les Arméniens,
14:54 veut arracher jusqu'au souvenir de ce peuple.
14:56 Alors, je vous fais le point de retour au départ de cette chronique.
14:59 Lorsqu'un peuple devient indifférent au saccage de ses églises,
15:01 lorsqu'un peuple devient indifférent au saccage de ses coutumes,
15:03 lorsqu'un peuple devient indifférent au fait qu'on puisse tout simplement chercher à l'humilier.
15:07 Parce qu'il existe un inconscient collectif.
15:10 Et quand on décide de piétiner les églises, de détruire des objets religieux,
15:13 ce n'est pas simplement une volonté de vandalisme,
15:15 c'est qu'il s'agit d'une volonté d'humilier ce pays,
15:18 en s'en prenant à l'histoire d'identité profonde, même si lui-même l'a oublié.
15:21 Merci Mathieu Bocote pour votre regard sur ce qui se passe en Nord-Arménie,
15:25 et aussi dans les rues, dans les églises de Paris.
15:28 Charlotte Dernier-Nassau va changer ce soir, je vais vous donner la parole avant Dimitri,
15:31 parce que les gens vont me dire "oui mais je suis amoureux de Charlotte,
15:34 mais en plus elle parle tard, il faut qu'elle parle tout de suite,
15:37 plein de messages d'amour, mais on veut entendre Charlotte, on veut entendre Charlotte".
15:40 Mais arrêtez, il n'y en a pas que pour Charlotte, les garçons sont là quand même.
15:44 Je vais vous donner la parole.
15:48 Est-ce que vous voulez peut-être réagir,
15:49 quelqu'un peut réagir peut-être à la chronique de Mathieu Bocote,
15:52 sur cette église à la fois vandalisée à Paris, encore une fois par un récidiviste,
15:57 et puis le lien avec l'Arménie, le silence coupable ?
16:01 Tout le papier, comme toujours, est passionnant,
16:03 mais ce qui est essentiel, c'est la perception qu'ont les Arabes,
16:09 et je dirais le monde entier, par rapport à ce que nous sommes.
16:12 C'est-à-dire que nous on se veut républicain,
16:14 mais eux, ils n'ont pas du tout cette vision, la fameuse laïcité, la république,
16:20 ils nous voient comme des chrétiens, nous sommes des chrétiens,
16:23 et donc il y a une bataille culturelle.
16:25 Ça, on le néglige complètement, mais c'est essentiel.
16:29 Merci beaucoup Marc Meunier, revenez quand vous voulez.
16:33 Après Charlotte.
16:35 Charlotte, on va s'intéresser à un dossier qui en dit long.
16:39 Je me rappelle l'autre jour, vous avez parlé des services administratifs
16:44 qui sont emborbés par 40% de dossiers sur les étrangers.
16:49 Et là, on va prendre l'illustration d'un dossier qui occupe bien
16:57 la cour administrative d'appel de Nantes.
17:00 Cette décision, Nantes interpelle, parce qu'elle vient de rendre un jugement
17:05 pour annuler le transfert d'une clandestine nigériane vers l'Italie,
17:11 pays dans lequel elle avait premièrement fait sa demande d'asile.
17:15 Comment expliquer cette situation ?
17:18 Racontez-nous tout le parcours de cette femme,
17:20 c'est très intéressant de se plonger sur ce parcours.
17:22 Oui, parce qu'en fait, c'est vrai, c'est exactement ce que vous venez de décrire.
17:25 On se dit, c'est bizarre, puisqu'on nous explique toute la journée
17:27 que la procédure du blanc, la fameuse, vous entrez dans un pays,
17:30 vous faites votre demande d'asile, et donc c'est dans ce pays-là qu'elle est traitée.
17:33 Donc là, on se dit, si c'est l'Italie, pourquoi est-ce que le transfert
17:36 vers l'Italie de cette personne ?
17:38 Parce que sur le très peu d'OQTF qui sont respectés en France,
17:42 il y a parfois des gens qui ne sont pas renvoyés dans leur pays d'origine,
17:44 mais dans le pays par lequel ils sont entrés en Europe,
17:46 donc ils sont toujours en Europe, malgré tout.
17:48 Donc là, on peine à comprendre cette décision,
17:51 et là, on découvre, et c'est exactement ce que vous disiez,
17:53 on découvre avec le parcours, et pour essayer de comprendre
17:56 comment on en arrive à cette décision, exactement ce qui surcharge
17:59 à la fois nos préfectures et nos tribunaux, notamment administratifs,
18:02 qui sont débordés par le contentieux des étrangers.
18:06 Alors, sur les étapes de la vie migratoire, on va dire,
18:08 de cette femme nigérienne, qui est un bon exemple,
18:11 ce n'est pas un cas, c'est un exemple de ce qui se passe assez régulièrement.
18:15 Elle arrive clandestinement en Italie, cette femme.
18:18 - On va revoir Alain Carton, la vue de tout à l'heure.
18:20 - Elle fait une demande d'asile en Italie.
18:23 Ensuite, elle se rend en France, puisque vous savez que la règle
18:26 en Europe, c'est la libre circulation, et la rétention est interdite
18:30 pendant qu'on examine votre demande d'asile.
18:32 Tant que vous êtes demandeur d'asile, donc que le dossier est en cours
18:35 d'examen, vous avez le droit à la libre circulation.
18:38 Donc, elle arrive en France. Il y a un arrêté qui est pris
18:41 en janvier dernier par le préfet du Ménéloire, qui décide de son transfert
18:45 aux autorités italiennes, par le biais de cette procédure Dublin.
18:49 Elle conteste cet arrêté devant un tribunal administratif,
18:52 puisque la décision est administrative.
18:54 Le tribunal administratif de Nantes rejette sa demande.
18:57 Là, on est en avril de l'année dernière, en disant non,
19:00 vous allez être transférée en Italie.
19:02 Elle fait un recours devant le tribunal administratif d'appel.
19:05 Tous ces recours sont suspensifs, donc pendant ce temps-là,
19:08 elle évolue en France, elle vit en France.
19:10 Et ça, c'est en mai dernier, et c'est la décision dont nous parlons,
19:13 donc c'est au fil de toutes ces décisions.
19:17 Et la requérante, à ce moment-là, elle demande au tribunal d'appel
19:20 d'examiner... Je vous fais la liste, parce que franchement,
19:23 il faut le lire, l'entendre pour le croire.
19:25 Elle fait la liste. Elle demande l'annulation de l'arrêté,
19:28 l'annulation du jugement de la cour d'appel.
19:30 Elle demande d'imposer une astreinte de 100 euros par jour
19:33 pour le retard au préfet, pour lui délivrer une attestation
19:36 de demande d'asile en France, c'est-à-dire changer ça,
19:39 et si le préfet ne le fait pas, 100 euros par jour d'amende.
19:42 Et ensuite, elle demande un nouvel examen de sa situation
19:45 dans un délai de 48 heures, à partir de la décision de justice.
19:48 Tout ça lui est permis par la loi. C'est pas elle qui a eu l'idée
19:51 de faire toutes ces demandes-là. Évidemment, c'est probablement
19:53 son conseil juridique, mais donc la loi permet tout ça,
19:56 et en prime, cerise sur le gâteau, de verser 3 000 euros à son avocat,
20:00 tout en sachant que cette femme est prise en charge totalement
20:02 par l'aide juridictionnelle. C'est-à-dire que c'est pas elle
20:04 qui débourse de l'argent pour aller devant le tribunal.
20:06 L'aide juridictionnelle, en l'occurrence, est totale
20:10 pour cette femme au moment où elle fait appel.
20:12 - Bien informée et bien conseillée.
20:14 - Bien informée et bien conseillée, exactement.
20:16 - Non mais c'est vrai. - Et alors, pourquoi est-ce qu'elle fait
20:18 cette demande devant le tribunal d'appel ? Elle explique que
20:20 le magistrat et le préfet ont oublié de considérer le risque
20:25 pris par un retour ricochet, ce qu'on appelle en droit
20:28 le retour ricochet au Nigeria. Donc le fait qu'elle aille en Italie,
20:31 elle pourrait être envoyée au Nigeria. Donc là, la justice dit
20:34 "oui, mais là, les traités européens disent que c'est pas une raison
20:36 pour ne pas vous renvoyer en Italie". Mais elle soulève autre chose,
20:39 elle dit "les autorités italiennes n'ont pas été informées
20:41 de la naissance de son deuxième enfant en France".
20:44 Et là, vous comprenez que la naissance d'un enfant,
20:46 c'est compliqué ensuite pour expulser une personne.
20:49 Et la troisième chose, la décision contreviendrait
20:52 à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme
20:54 et des libertés fondamentales. Donc c'est les trois choses
20:57 qu'elles exposent. Bon, après, il y a quelques arguties
20:59 juridiques extrêmement pénibles, encore plus pénibles, j'ai envie de dire.
21:02 Je me suis passée un peu vite dessus. Le préfet avait rejeté
21:06 cette demande à nouveau avant l'appel. Une fois qu'elle a bénéficié
21:09 de l'aide juridictionnelle, elle finit devant le tribunal,
21:13 la cour d'appel, par emporter sa longue bataille
21:16 contre l'État français et en appel, le tribunal décide
21:21 de casser l'arrêté préfectoral et d'annuler la décision de justice
21:24 de première instance.
21:26 Alors justement, pourquoi son transfert est annulé
21:30 alors que les règlements prévoient que la demande d'asile
21:33 ne soit observée que dans le premier pays où elle a été réclamée,
21:38 en l'occurrence l'Italie ?
21:40 Eh bien parce que dans n'importe quel règlement, vous savez,
21:42 vous avez des petites astérisques, il y en a aussi dans ceux
21:45 de l'Union européenne. Alors on a le règlement, là en l'occurrence,
21:48 c'est le règlement de 2013 qui régit cette fameuse procédure
21:51 Dublin. Alors la première chose, c'est que toute demande
21:54 doit être examinée. Vous savez, c'est la fameuse question,
21:56 vous n'avez pas le droit de refouler. Une fois que quelqu'un veut
21:59 arriver dans son pays de destination qui se trouve en Europe,
22:02 il doit pouvoir faire examiner sa demande d'asile dans le pays
22:05 de destination. Donc vous ne pouvez plus le refouler.
22:08 Donc toute demande doit être examinée, mais précise le règlement,
22:11 par un seul État membre, quand même, pour éviter qu'il y ait
22:13 des demandes d'asile qui soient faites dans 15 pays,
22:15 pour espérer en avoir une. Et voilà l'article précisément.
22:18 Lorsqu'il est impossible de transférer un demandeur
22:21 vers l'État membre initialement désigné comme responsable,
22:24 parce qu'il y a de sérieuses raisons de croire qu'il existe
22:27 dans cet État membre, là on parle de l'Italie, dans le cas qui nous occupe,
22:30 des défaillances systémiques dans la procédure d'asile
22:33 et les conditions d'accueil des demandeurs, qui entraînent
22:36 un risque de traitement inhumain ou dégradant.
22:39 Les mots ont leur poids, quand même. Donc s'il y a
22:42 un risque de mauvaise prise en charge en Italie,
22:45 c'est ça qu'on comprend, un risque de traitement inhumain ou dégradant,
22:48 alors là vous avez le devoir de reprendre
22:51 l'examen de la demande d'asile en France
22:54 et de ne pas la renvoyer en Italie. Et on se dit
22:57 "mais l'Italie a la même convention que Genève que nous,
23:00 donc ils examinent les demandes d'asile de la même manière".
23:03 Et là le préfet nous dit "moi, en novembre dernier, j'ai prévenu l'Italie",
23:06 parce qu'il faut qu'il lui demande l'avis quand même,
23:09 il demande à l'Italie, l'Italie accepte la demande et il prend sa décision
23:12 un mois plus tard en janvier de la renvoyer en Italie.
23:15 Mais entre-temps, entre-temps l'Italie a édité
23:18 une circulaire, le ministère de l'Intérieur italien
23:21 a édité une circulaire et là on apprend, la circulaire demande
23:24 tout simplement aux Etats membres de suspendre
23:27 les transferts pour des raisons liées à l'indisponibilité
23:30 des installations d'accueil. Donc on comprend
23:33 que le ministre de l'Intérieur italien a dit "écoutez,
23:36 on suspend Dublin parce que nous on n'a plus de place, plus personne n'a de place
23:39 pour faire simple, mais nous on n'a plus de place, donc eux ils éditent
23:42 une circulaire, ils sont les seuls à le faire et donc vous
23:45 suspendez Dublin, vous ne pouvez pas le renvoyer, c'est là où on dit
23:48 puisqu'il n'y a plus de place dans les installations d'accueil,
23:51 elles risquent un traitement inhumain ou dégradant en Italie
23:54 et donc là le tribunal décide 1) que toutes les décisions
23:57 sont annulées, 2) que le préfet doit immédiatement
24:00 reprendre la demande d'asile en France
24:03 et 3) que l'Etat doit verser 1000 euros à l'avocat
24:06 de la requérante parce que c'est lui qui a été condamné.
24:09 Mais vous comprenez que c'est par le biais d'un texte,
24:12 c'est encore pire que simplement un juge qui aurait pris une décision
24:15 très politique ou une jurisprudence à son goût.
24:18 Non, ce sont les textes qui permettent ça et notons par ailleurs
24:21 que, en l'occurrence, la décision qui empêche
24:24 de renvoyer un clandestin à une demandeuse d'asile
24:27 parce que là en l'occurrence elle a fait une demande d'asile,
24:30 une demandeuse d'asile en Italie, c'est une décision nationale.
24:33 On nous explique depuis 3 semaines qu'il n'y a rien qui marche
24:36 sur la échelle d'un pays et que la seule réponse est européenne.
24:39 On comprend que quand ils arrivent en Italie, la France et l'Allemagne
24:42 disent "surtout, nous on n'en veut pas, vous les laissez en Italie".
24:45 Quand l'Italie envoie quelques-uns sortir, elle bloque immédiatement
24:48 en disant "surtout, vous les gardez, vous ne pouvez plus les renvoyer chez nous".
24:51 Résultat, les seules décisions qui sont "efficaces"
24:54 qui obligent notre tribunal à garder cette femme,
24:57 c'est une décision nationale. Je ferme la parenthèse.
25:00 Alors justement, Charlotte Dornelas, la Cour de justice de l'Union européenne
25:03 n'a-t-elle pas condamné la France pour cela la semaine dernière ?
25:06 Oui, vous vous souvenez, Gérald Darmanin nous avait dit avec l'arrivée
25:09 de ces personnes à Lompéduza, il avait dit "il y a une chose qui est sûre,
25:12 c'est qu'il n'y a pas une de ces personnes qui rentrera en France".
25:15 Et la Cour de justice de l'Union européenne a été saisie par le Conseil d'Etat
25:18 qui avait lui-même été saisi par des associations de défense des migrants.
25:21 Donc il pose la question à la Cour de justice de l'Union européenne
25:24 "est-ce qu'on peut refouler à la frontière franco-italienne ?"
25:27 Et la Cour de justice de l'Union européenne répond "non".
25:30 Tout simplement. Donc on comprend une chose par cette nouvelle décision
25:34 de la Cour de justice, c'est qu'il est désormais impossible
25:37 avec les instances européennes telles qu'elles sont
25:40 et la complicité du juge européen, il est impossible de défendre
25:44 une frontière extérieure et impossible désormais de défendre
25:47 une frontière intérieure. On le sait. La Cour de justice enjoint la France
25:51 en réponse à Gérald Darmanin de "respecter les normes et procédures
25:55 communes prévues par la directive retour".
25:59 Et vous voulez qu'on fasse une petite pause peut-être ?
26:02 Oui, je suis tellement subjuguée par votre explication que j'ai oublié la pub.
26:06 Ah bon ?
26:07 Pardon, pardon, on marque une pause et on revient tout de suite, excusez-moi.
26:11 Retour sur le plateau de Face à l'info, l'émission est tellement passionnante
26:18 que j'en perds mes classiques. Retour donc avec vous, Charlotte Dornelas
26:22 et on disait qu'il est impossible finalement de protéger nos frontières extérieures
26:28 et impossible de protéger nos frontières intérieures.
26:31 Vous prenez un exemple justement d'une Nigériane pour en venir à cette conclusion.
26:36 C'est ça, et la Cour de justice de l'Union Européenne, qui a répondu à Gérald Darmanin
26:40 qui disait "ceux qui sont en Italie aujourd'hui ne viendront jamais en France",
26:43 elle a répondu, et je vous citais la phrase, alors elle demande à la France
26:47 de "respecter les normes et procédures communes prévues par la directive retour".
26:52 Donc cette directive retour qui permet d'envoyer dans le premier pays.
26:55 Et que dit-elle, cette procédure ? Eh bien elle a été adoptée en 2008
26:59 et elle prévoit tout simplement que tout ressortissant étranger en situation irrégulière
27:04 doit pouvoir bénéficier d'un délai pour quitter volontairement le territoire.
27:10 Donc ce que nous explique la Cour de justice de l'Union Européenne,
27:13 c'est que vous pouvez proposer à quelqu'un qui arrive de manière clandestine de l'Italie
27:18 où il est rentré également clandestinement, vous pouvez lui proposer volontairement
27:22 de quitter le pays avant d'envisager éventuellement un retour forcé,
27:26 mais comme vous ne pouvez pas le placer en rétention puisque la libre circulation est la norme,
27:31 vous l'avez évidemment perdu entre temps, on connaît cette histoire par cœur.
27:34 Donc si je résume, il est interdit par le biais des instances européennes
27:37 et des textes européens et de la manière dont le juge européen les lit.
27:40 Il est interdit de refouler aux frontières extérieures, vous savez ça, on en a beaucoup parlé.
27:44 Le bateau par exemple qui arrive, mais les personnes qui arrivent,
27:47 vous devez d'abord examiner leur demande d'asile à l'intérieur de votre pays
27:51 avant de les refaire partir, c'est le refus du push-back ou du refoulement.
27:55 Donc les frontières extérieures, vous ne pouvez pas.
27:57 Vous avez interdiction de refouler désormais par ce biais-là aux frontières intérieures
28:02 puisque vous pouvez signifier à la personne que volontairement elle peut partir en premier lieu.
28:06 Vous avez interdiction de la rétention, je le disais, pendant l'examen de la demande d'asile,
28:10 donc la libre circulation est la règle.
28:12 Donc quiconque a mis le pied dans un pays européen peut se retrouver où il veut
28:17 dans les pays membres de l'espace Schengen et ensuite s'il est débouté de son droit d'asile,
28:23 on retombe sur l'histoire que l'on connaît désormais par cœur dans cette émission,
28:27 des OQTF qui sont rarement respectés.
28:30 Merci beaucoup pour cette analyse, Charlotte Dornelas.
28:34 Une petite question subsidière peut-être pour vous taquiner un peu.
28:37 Quelle solution par rapport à ça ?
28:39 Lorsque vous parlez par exemple de la force des lois nationales ou des décisions nationales,
28:44 faut-il une des décisions plus fortes au niveau national ou bien sortir de l'Union européenne, selon vous ?
28:50 On se pose par exemple la question de si la circulaire du ministère de l'Intérieur, par exemple de l'Italie,
28:55 pourquoi tous les ministres de l'Intérieur qui expliquent à leur population qu'ils sont en train de lutter
28:59 ne prennent pas exactement la même circulaire ?
29:01 Ce qui déjà poserait un véritable problème à la Commission européenne
29:04 qui bloque très clairement sur cette question et qui refuse de faire évoluer les textes.
29:08 Et par ailleurs, je crois que la seule réponse européenne qui serait audible aujourd'hui
29:12 à la fois par les peuples et par un certain nombre de leurs représentants,
29:15 c'est que la majorité l'emporte sur cette question.
29:17 Parce que je rappelle quand même que la majorité des ministres de l'Intérieur européens
29:22 demande à la Commission précisément d'autoriser, une fois qu'on a porté secours par exemple à un bateau,
29:28 d'autoriser à le raccompagner au pays d'origine.
29:31 Ou alors on décide qu'on accueillera tous les gens qui désirent venir.
29:35 Et là, ça risque d'être un petit peu compliqué quand même.
29:38 Merci Charlotte pour votre regard.
29:39 Dans un instant, on parlera avec Mathieu Bocoté de cette phrase de Jean-Luc Mélenchon.
29:44 Il dit que notre pays est travaillé en profondeur par une absurde xénophobie à l'endroit des peuples.
29:51 Alors là, il parle de la créolisation.
29:52 Je ne sais pas, moi je me sens créole.
29:54 Je ne sais pas, moi je me sens créole.
29:56 Pourquoi ça vous fait sourire du début ?
29:57 Pas du tout.
29:58 Non mais je me sens créole.
29:59 Dans mon sang, il y a de l'Indien, il y a du Vietnamien, il y a du blanc de Bretagne,
30:02 il y a de l'Africain du Congo, Brazza, il y a un peu de tout.
30:05 Mais pourtant, je suis noire.
30:06 Vous voyez ce que je veux dire ?
30:07 Non mais, est-ce que la créolisation c'est l'avenir de l'humanité ?
30:10 On en parlera dans un instant.
30:12 Dimitri, la sécurité dans les zones rurales.
30:15 J'ai vu un formidable documentaire sur YouFrance 5.
30:17 C'est rare.
30:18 Je l'ai vu également.
30:19 Sur la drogue qui s'installe justement dans les campagnes.
30:22 Je vais en parler si vous le voulez bien.
30:24 Ah oui ? Ah ben très bien.
30:25 On va parler d'Emmanuel Macron qui a installé 238 implantations, brigades de gendarmerie
30:32 pour faire face à la délinquance dans nos campagnes.
30:35 Notre page histoire avec notre maître raconté, Marc Menand,
30:39 puisque le 2 octobre 1752, c'était la naissance de Henriette Campan.
30:44 Alors cette femme magnifique, on va revoir sa photo,
30:47 et la première femme de chambre de Marie-Antoinette, sa confidente,
30:50 elle est connue pour ça.
30:51 Mais c'est celle à qui Napoléon, en 1807, confie l'intendance
30:55 de la première maison d'éducation de la Légion d'honneur.
30:57 Pourquoi ? Parce qu'en 1795, elle avait créé un pensionnat de jeunes filles
31:02 qui avait, si vous permettez l'expression, cartonné.
31:04 [Rires]
31:06 Mais déjà, quel parcours jusqu'à cette date de 1795 ?
31:12 Alors c'est une femme étonnante et qui nous rappelle que dans l'aristocratie,
31:17 dans les milieux bien installés, il y avait ce bouillonnement des lumières,
31:23 cet appel de la philosophie, un désir d'une nouvelle société,
31:29 et puis la fascination forcément pour Rousseau.
31:33 Et elle est la fille d'un commis aux affaires étrangères,
31:37 donc on a vraiment les moyens, et ce père, imprégné par cette idée
31:42 d'une jeunesse qui doit s'ouvrir à la connaissance,
31:46 qui doit être portée par le désir d'une ambition intellectuelle,
31:52 fait que sa fille ait le bénéfice des meilleurs professeurs.
31:59 Alors elle parlera anglais, elle parlera italien,
32:02 elle connaîtra les mathématiques, le français, bien évidemment,
32:05 ce sera une excellente musicienne, et puis alors le chant, mais il n'y a pas que ça.
32:11 Il a pensé que l'une des bonnes situations serait sans doute de paraître un jour à la cour.
32:18 Et que fait-on à la cour ? On aime lire, il y a la fascination pour les livres,
32:23 mais quand on dit "le roi lit" ou "la reine lit", en réalité, il y a un intermédiaire.
32:29 Le roi ou la reine ne prend pas le livre dans ses mains,
32:33 il y a un lecteur ou une lectrice.
32:36 - Comme pour certains journalistes.
32:38 (rires)
32:40 - Non mais c'est vrai !
32:41 - Là ça va plus loin que ça !
32:43 (rires)
32:46 - Ok, je sors.
32:47 - Et donc, lorsqu'elle a 15 ans, elle est engagée, de par les relations,
32:55 pour être la préceptrice des filles de Louis XV.
33:00 Ces pètes, oh les épouvantables, les infréquentables,
33:03 des caractériels qui cassent les pieds à leur père, mais pas qu'à leur père.
33:08 Et ces infernales-là se retrouvent sur le charme de cette jeune fille,
33:12 qui est d'une élégance, d'une beauté, d'une vivacité d'esprit,
33:16 et elle arrive à les rendre presque aimables.
33:20 Il faut dire qu'elle leur donne quelques petites notions d'italien,
33:23 des notions d'anglais.
33:25 Elle les ravit à la harpe, et puis elle chante pour elles.
33:30 Et quand Louis XV pense que le jeune Louis XVI a besoin de convoler
33:36 et qu'il choisit Marie-Antoinette, lorsque celle-ci se présente à Compiègne,
33:43 eh bien elle hérite d'Henriette comme dame d'honneur.
33:48 C'est Henriette qui sera celle qui l'accompagnera pour découvrir
33:53 les mœurs ô combien titilleuses de la cour à Versailles.
33:58 Parce qu'on a l'impression que chez les Autrichiens,
34:01 il y a un côté priscien, c'est l'ordre, c'est l'ordre.
34:03 Non, non, quand vous êtes à la cour de Vienne, il y a une sorte de laxisme,
34:07 et Marie-Antoinette s'est habituée à vivre selon ses fantaisies.
34:10 C'est une petite capricieuse, une légère, si je puis dire.
34:14 Elle va, elle vient quand il y a quelque chose qui la chagrine, paf,
34:18 elle se détourne et personne ne lui dit rien.
34:20 Et là, il va falloir qu'elle apprenne tout ça.
34:22 Et c'est grâce à Henriette.
34:25 Et à la mort de Louis XV, elle est carrément nommée dame, femme de chambre.
34:33 Alors, femme de chambre, ce n'est pas celle qui s'occupe du lit, non, non, non, non.
34:36 C'est celle qui continue à être dans l'intimité de la reine.
34:41 Et quelle intimité ! Alors déjà, le matin, au réveil, elle veille au bain.
34:46 C'est presque une première à la cour en France.
34:50 Une femme qui sera potentiellement reine, qui prend un bain tous les jours.
34:55 On n'a jamais vu ça !
34:56 Alors, elle prend le bain néanmoins, en mitouflée, dans une sorte de robe.
35:01 Ensuite, elle sort, il y a deux aides de bain qui se placent de chaque côté,
35:06 car pudique, il ne faut pas qu'on voit le moindre petit tétot.
35:09 Et Madame Campan, elle veille à ce qu'elle ait son petit café, éventuellement,
35:17 lorsqu'elle est dans son bain, son petit pain viennois, son chocolat.
35:21 Et ensuite, elle s'occupe de tout ce qui concerne l'intimité de la reine,
35:26 ses rendez-vous, et également sa cagnotte.
35:31 C'est-à-dire qu'elle veille sur les dépenses de la reine.
35:35 Il y en a beaucoup, parce que dans ce système où on se laisse aller à toutes les fantaisies,
35:40 il y a le jeu, il y a tout ça, mais elle, elle essaie de régler,
35:43 de lui dire "Attention, là, vous avez dépassé ci, vous avez dépassé ça",
35:46 ce qui fait qu'elle sera mêlée à la fameuse affaire des colliers,
35:50 où on sait aujourd'hui que la reine n'était pas du tout responsable,
35:53 et où Henriette se retrouve menacée, si je puis dire, au moment de la naissance des enfants.
36:00 Et bien toujours avec Marie-Antoinette qui veut être une véritable bourgeoise.
36:05 Veillez, Joseph le petit, alors il y a eu Marie-Thérèse, sa fille,
36:10 et puis après Joseph le dauphin, pauvre petit bonhomme,
36:14 il croit mal, il a des problèmes de colonne vertébrale,
36:18 on est obligé de le placer dans un corset, il est là dans les souffrances les plus totales,
36:24 et puis il y a le petit dernier, alors on lit tout ça dans les mémoires de Madame Campin.
36:28 Alors vous allez me dire "mais on oublie l'éducation et les créations de l'institution".
36:32 Pas du tout ! C'est-à-dire que malheureusement, tout cela va être fauché par la Révolution.
36:38 Et elle, quand la reine se retrouve au temple, elle a l'interdiction de la suivre,
36:44 elle est obligée de se carapater dans la vallée de Chevreuse, dans un château,
36:48 elle remonte de temps en temps à Paris déguisée plus ou moins en soldat pour veiller aux affaires,
36:53 et elle entretient des relations épistolaires avec la reine.
36:56 Et en 1795, elle crée une institution pour les jeunes filles,
37:01 que les jeunes filles puissent connaître cette émancipation par la connaissance.
37:07 Elle émerveille tout le monde et elle aura dans son établissement les sœurs de Napoléon,
37:12 la petite Caroline, la petite Pauline, il y aura également la famille de Beauharnais,
37:19 et c'est comme ça qu'elle sera dans l'intimité de Napoléon,
37:23 et qu'en 1805, après Austerlitz, il dit "Mais ceux qui sont morts pour moi, pour la France,
37:29 il faut que leurs enfants orphelins aient une institution",
37:33 il lui demande de s'occuper de cette institution qui deviendra celle de la Légion,
37:40 qui existe encore aujourd'hui.
37:42 - Merci Marc.
37:43 - Il leur disait...
37:44 - Non mais ne rajoutez pas non plus, on a fini.
37:46 - Non, non, il leur avait dit "faites des mères et pas des raisonneuses",
37:51 et elle en a fait des raisonneuses, c'est là où il est extraordinaire.
37:54 - C'est vrai, jolie phrase.
37:55 Merci beaucoup Marc Monant pour cette page d'histoire sur Henriette Campan.
38:00 Dimitri, retour en France, retour en 2023,
38:05 il fallait bien la présence du président de la République lui-même pour marquer le coup, Dimitri Pavlenko.
38:09 Emmanuel Macron a annoncé cet après-midi la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie,
38:15 il s'agit de remettre du bleu un peu dans tout le pays,
38:18 en particulier dans les campagnes où la demande de sécurité est de plus en plus forte.
38:25 Ce n'est pas que l'apanage des villes.
38:27 - Exactement.
38:28 D'abord on va regarder peut-être le geste politique,
38:30 je ne sais pas si on a la carte des fameuses brigades...
38:32 - On a tout, regardez.
38:34 - Donc vous voyez, les points bleus, brigades mobiles, et points rouges, brigades fixes,
38:38 je vais vous expliquer la différence entre les deux,
38:39 mais vous voyez dans tous les départements,
38:41 vous avez encore des petites dents creuses, ça elle est là dans des grands départements,
38:45 mais qui, a priori, les zones où vous ne voyez pas de points,
38:47 c'est les zones qui sont correctement pourvues.
38:50 Mais tous ces points correspondent à des endroits où il y avait une demande de sécurité,
38:54 à savoir que ces brigades, beaucoup, ce sont des projets qui ont été émis par les collectivités locales,
38:58 par les villes, par les agglomérations, les communautés de communes,
39:01 pour dire "il nous manque des gendarmes, il nous faut des gendarmes".
39:04 Alors d'abord le geste politique d'Emmanuel Macron,
39:07 je vous l'avais dit, ce n'est pas anecdotique que le président lui-même aille faire cette annonce,
39:11 il l'a fait à Tonnins, c'est dans le Lot-et-Garonne,
39:13 Gérald Darmanin aurait très bien pu la faire lui-même,
39:15 non, non, c'est le président de la République, pourquoi ?
39:17 Parce que, évidemment, les Français l'attendent,
39:19 vous savez qu'il est considéré, Emmanuel Macron, comme léger
39:21 sur ses questions régaliennes et sur ses questions de sécurité.
39:24 Ça lui est régulièrement reproché dans les enquêtes d'opinion,
39:27 dans l'image du président qu'il a, c'est "il est fort en économie,
39:30 mais la sécurité, visiblement, ça ne l'intéresse pas trop".
39:33 - Mais c'est vrai que c'est intéressant de voir pourquoi il s'intéresse à la sécurité maintenant.
39:36 - Alors, voilà, sachant que cette promesse de remettre du bleu dans les territoires,
39:41 la formule, il la prononce il y a deux ans de cela,
39:45 au début du Beauvau de la sécurité, il y a deux ans,
39:47 est-ce que nous aurions continué à attendre un petit peu plus longtemps
39:51 ces nouvelles brigades s'il n'y avait pas eu les émeutes au début de l'été ?
39:54 Je pense qu'on peut se poser vraiment la question, parce que le bilan,
39:57 rappelez-vous, Charlotte l'avait fait, des émeutes,
39:59 le profil de cette émeute 2023, c'était quoi ?
40:02 Plus de 500 communes, beaucoup plus que les émeutes de 2005,
40:06 et beaucoup de petites communes, beaucoup de petites villes, etc.,
40:11 voire des émeutes qui venaient carrément, qui habitaient dans des zones rurales,
40:16 dans des zones de campagne ou périurbaines.
40:18 Voilà, donc dans des zones gendarmerie, vous savez, il y a les zones police,
40:22 les grandes villes et les zones gendarmerie.
40:24 La zone gendarmerie, c'est 95% du territoire, c'est 51% de la population,
40:29 et ce sont 100 000 gendarmes quand vous avez en face 150 000 policiers.
40:33 150 000 policiers pour 5% du territoire et la moitié de la population,
40:37 et 100 000 gendarmes pour 95% du territoire.
40:41 Donc vous voyez cette espèce de grand vide dans lequel évoluent aujourd'hui nos gendarmes.
40:44 Et donc, après les émeutes, intéressant, le Parlement vote des crédits extraordinaires
40:49 pour reconstruire ce qui a été brûlé. Formidable.
40:53 Mais la réponse sécuritaire, elle était où ?
40:56 Et bien voilà, elle arrive. C'est notamment ces fameuses brigades,
41:00 donc 238. Alors il y a eu, je pense de la part d'Emmanuel Macron,
41:04 la volonté de faire un effet un peu "waouh", parce qu'initialement,
41:07 ça devait être 200 brigades. On en a donc 38 de plus.
41:11 Et venant de lui, le président des villes, c'est un geste,
41:14 ça signifie qu'il a changé, peut-être qu'il a compris certaines choses.
41:17 Président des villes qui est à cœur de valoriser son bilan pour les territoires.
41:20 Vous voyez, notez qu'il parle lui des territoires, c'est le mot...
41:23 Alors territoire, c'est intéressant ce terme parce qu'il y a une espèce de neutralité
41:27 dans le mot "territoire". On dirait qu'il y a quelque chose peut-être,
41:30 en dessous, une petite condescendance, mais qu'on cherche à masquer.
41:33 Si on disait la province, là, la condescendance nous sauterait au visage,
41:36 ce serait mal vu. Mais on ne dit pas non plus les régions.
41:38 Les régions, vous voyez, c'est presque déjà leur conseiller un peu d'autonomie,
41:40 comme à la Corse, vous voyez, d'une certaine manière.
41:42 Donc il y a ce mot de "territoire" qui est un peu neutre, mais qui montre que...
41:45 Je ne sais pas, moi je détecte une sorte de malaise vis-à-vis, en fait,
41:50 de la logique territoriale, quand on parle de ce mot de "territoire".
41:54 Alors pour revenir à nos gendarmes, donc une brigade dans l'armée,
41:57 c'est 7 à 8 000 hommes. En gendarmerie, c'est moins.
42:00 C'est 6 à 40 hommes, ou femmes, enfin en tout cas, civils et militaires.
42:05 Une brigade, c'est des civils et des militaires, surtout des militaires.
42:08 Bon, ce sera plutôt 6 que 40, en l'occurrence, dans ces nouvelles brigades.
42:12 Ça représente, a priori, autour de 2 000 postes, 2 144 postes.
42:17 Je crois que c'est le chiffre qui a été avancé.
42:19 Bon, les élus locaux, ils vont vous dire "c'est très bien, tout ça, c'est bien,
42:22 c'est pas le brigade dont on les attendait, mais est-ce que ça va pas remplacer
42:25 les 500 brigades et 7 000 gendarmes dont les postes ont été supprimés
42:30 à l'époque du quinquennat de Nicolas Sarkozy ?
42:32 On n'a toujours pas rattrapé, si vous voulez, ces postes qui ont été supprimés.
42:35 Donc on est en train de remonter, mais on n'a même pas retrouvé le niveau
42:39 qu'on avait, si vous voulez, en 2007.
42:41 Et puis, tant que je vous l'ai dit, vous l'avez vu, il y a des brigades fixes.
42:45 Donc ces brigades fixes, elles sont logées dans du dur, des gendarmeries.
42:48 Et puis vous avez des brigades mobiles. Qu'est-ce que c'est une brigade mobile ?
42:51 C'est un camion, en fait, c'est un camion itinérant.
42:53 La caravane de la sécurité est dans votre village aujourd'hui.
42:56 Vous savez, c'est le village où il y a le four magique qui vient en camion.
42:58 Et bien, vous aurez les gendarmes qui viendront en camion,
43:00 voir si vous n'avez pas une plainte à déposer, etc.
43:03 Et tout ça, alors ces brigades mobiles, en l'occurrence, ce sont des brigades
43:06 éphémères parce qu'elles sont programmées jusqu'en 2027, soit la fin du quinquennat
43:10 actuel. Donc vous voyez, ça relativise un petit peu la portée des annonces du jour.
43:14 Et c'est intéressant parce qu'Emmanuel Macron est en train de s'exprimer
43:17 sur France 3, il déclare par exemple "je n'ai jamais raisonné comme ça" sur votre sujet.
43:22 Et encore moins en tant que président, c'est une façon d'être aux côtés
43:25 justement de nos concitoyens qui veulent le droit de vivre tranquille.
43:31 Et ça, ça n'a pas de couleur politique.
43:33 Alors, et on continue, c'est malgré tout une bonne nouvelle quand même, Dimitri,
43:37 pour les zones rurales qui ne sont plus épargnées par la délinquance.
43:40 C'est ça, on le voit tous les jours, on en parle tous les jours.
43:42 Ah ben ça, c'est le cœur de notre sujet.
43:43 C'est une belle prise de conscience.
43:44 Mais bien sûr, parce qu'on vit encore un peu sur ce mythe, vous savez,
43:47 que le crime serait un produit exclusif de la ville.
43:50 La ville produit le crime. C'est une grande idée au 19e siècle.
43:53 Vous lisez les romans de Génesu, on parle de ça, c'est dans Balzac aussi.
43:57 C'est un motif littéraire qui est assez puissant.
43:59 La ville, ce cloac impur, cet endroit de débauche, de corruption,
44:04 et enfin vous avez la campagne, c'est la nature, c'est la pureté, etc.
44:07 D'ailleurs, c'est très intéressant cette idée-là, qui perdure jusqu'à nos jours,
44:10 parce que sous l'Ancien Régime, c'était le contraire.
44:12 La sécurité, c'était dans la ville, parce qu'on pouvait fermer les portes le soir.
44:16 Et le danger, il venait de la campagne, justement.
44:18 Bref. Alors, donc je vous l'ai dit, les chiffres, le problème qu'on avait en gendarmerie,
44:22 en zone de gendarmerie, c'était l'étalement.
44:25 100 000 gendarmes pour 95 % du territoire, c'est vrai que ça faisait pas beaucoup.
44:29 Et on a en sécurité toujours cette image de la ville densément peuplée,
44:34 avec des policiers qui manqueraient de moyens face à une délinquance toujours plus puissante.
44:38 Et en face, des gendarmes qui évolueraient dans des zones un peu vides et surtout très tranquilles.
44:44 C'est pas vrai. Les zones de gendarmerie, aujourd'hui, c'est 70 % d'espaces urbains ou périurbains.
44:50 Alors c'est vrai que statistiquement, Gérald Darmanin, souvent, qui est attaqué,
44:54 à qui l'on dit "attention, regardez la criminalité, la délinquance monte dans les campagnes".
44:57 Et il dit souvent "oui, mais regardez, c'est vrai que les crimes et les délits, c'est surtout dans les grandes villes".
45:01 Ça n'est pas faux. Statistiquement, on va le voir, ça n'est pas faux.
45:04 Mais en revanche, dans les petites villes, les villes moyennes, les campagnes, il y a une tendance au rattrapage.
45:10 On rattrape les grandes villes sur plusieurs catégories, si vous voulez, de la délinquance.
45:14 C'est lamentable. C'est grave, quand même.
45:16 Oui, bien sûr. Et surtout que c'est minoré, si vous voulez, ce phénomène de délinquantisation des espaces ruraux.
45:24 Justement, il se trouve que le ministère de l'Intérieur vient de publier son bilan statistique annuel de l'insécurité de la délinquance.
45:29 Alors, je ne vous ai pas tout mis parce qu'il y a énormément de détails, mais j'ai pris quelques exemples parlant.
45:33 Regardez les vols violents avec armes. Vous allez voir s'afficher.
45:37 Vous avez 10 fois plus de chances d'être victime, dans une grande ville comme Paris ou Lyon, de vols violents avec une arme, de vous faire braquer.
45:45 10 fois plus de chances que ça vous arrive dans une grande ville que dans une commune rurale.
45:49 Et même, vous avez encore plus de chances, plus de 20 fois plus de chances, si ils sont dans une ville entre 100 000 et 200 000 habitants.
45:54 On va voir maintenant les vols violents sans armes.
45:59 Là, c'est pareil. Vous allez voir vols violents sans armes.
46:03 En moyenne en France, vous avez 0,9 habitants sur 1000 qui connaissent ça dans l'année.
46:07 Dans une très grande ville, c'est 1,3 habitants sur 1000.
46:12 Dans une commune rurale, vous voyez, c'est anecdotique, c'est 1 sur 10 000.
46:15 Ça vous arrive beaucoup moins souvent. Vous voyez, là, il y a des écarts très importants entre les petites villes et les grandes villes.
46:19 On ne peut pas dire qu'il y a une criminalité. On ne va pas vous faire braquer dans un petit village.
46:23 Par contre, voyons les coups et blessures volontaires par habitant.
46:26 Là, vous allez voir, c'est intéressant. En moyenne nationale, d'ailleurs, sachez qu'on est en progression sur les deux dernières années.
46:31 Des progressions à deux chiffres. Plus 15 % de coups et blessures volontaires en 2022 par rapport à 2021.
46:37 On était déjà plus 12 % sur 2021 par rapport à 2020.
46:41 Là, entre les communes rurales et les très grandes villes, coups et blessures volontaires, l'écart n'est plus que de 1 à 3.
46:48 C'est-à-dire que vous avez 5 habitants d'une grande ville sur 1000 qui va connaître des coups et blessures dans l'année.
46:53 Dans un petit village, ce sera 2 sur 1000. Vous voyez, l'écart n'est pas si important que ça.
46:58 Et vous allez sur d'autres catégories de délinquance. La violence intrafamiliale.
47:02 Le cinquième département qui a connu les plus fortes progressions de violence intrafamiliale en 2020, c'est le Cantal.
47:07 Vous voyez, on est vraiment dans la diagonale du vide dans le Cantal.
47:10 Et vous prenez les escroqueries en ligne ou encore, et là, surtout, c'est ce dont il faut parler, l'usage et tout ce qui est infractions liées aux stupéfiants, les ILS, dans le langage policier.
47:20 Alors là, évidemment, on va voir que ça change complètement le profil délinquant et le niveau de délinquance des campagnes.
47:27 C'est le phénomène majeur de notre époque. Si vous voulez, la délinquance, il y a quelques années dans les campagnes, on était dans les niveaux des années 60.
47:34 Et depuis quelques années, vous avez un rattrapage. C'est-à-dire que ce que les grandes villes ont connu, cette montée en puissance, cette poussée délinquante
47:41 qui a duré une cinquantaine d'années dans les grandes villes, vous l'avez en quelques années seulement dans nos campagnes.
47:47 Ça commence à se voir, vraiment. – Et Emmanuel Macron dit à l'instant, et pourquoi ça bouge justement au niveau de la drogue,
47:52 parce qu'on vient déranger les trafics dans toutes ces villes. On agit, on pilonne tous ces points de deal, on ne les laisse pas au repos.
47:59 Donc il explique l'arrivée dans les campagnes. Et par rapport aussi à ce que vous disiez tout à l'heure à la délinquance de façon générale,
48:05 Emmanuel Macron déclare, durant les 20 dernières années, on a fermé plusieurs centaines de brigades. Qu'est-ce qui s'est passé ?
48:11 Beaucoup de nos compatriotes qui vivent dans les petits villages disent, on ne voit plus nos gendarmes.
48:15 C'est ce que vous soulignez tout à l'heure. Et il dit que parfois ce n'est pas qu'un sentiment d'insécurité, il y a de l'insécurité,
48:21 parce qu'il n'y a pas assez de présence. Ce sont les mots d'Emmanuel Macron ce soir.
48:26 Dernière question. – Le réel c'est quand on se cogne, disait Jacques Lacan.
48:30 – Dernière question. Comment expliquer justement tous ces phénomènes ?
48:34 – Cette poussée délinquante dans nos campagnes. – Cette poussée délinquante dans nos campagnes.
48:37 – Alors, d'abord vous avez l'étalement urbain. Le fait que la force du marché immobilier, vous savez qu'il y a une puissante force d'éviction
48:44 et que toutes les classes modestes, les classes moyennes de plus en plus, toujours plus loin des centres-villes,
48:49 exportent les logiques et les comportements des grandes villes à la campagne.
48:53 Et puis, on l'a dit, il y a des dynamiques propres au trafic de stupéfiants.
48:57 Justement, vous avez évoqué le documentaire de Frédéric Bloquin, notre confrère spécialiste de…
49:04 – Oui, c'est la drogue. – La drogue est dans le pré, ça s'appelle son film.
49:07 Il donne l'exemple du centre Val-de-Loire.
49:09 Centre Val-de-Loire, vous voyez, c'est sud-ouest de la région parisienne. Vous avez Dreux au nord, vous avez Vierzon au sud,
49:15 vous avez Orléans à peu près, ben voilà.
49:17 C'était des villes qui connaissaient très très peu le trafic de drogue il y a quelques années.
49:20 Aujourd'hui, ce sont des villes qui sont complètement gangrénées.
49:23 Pourquoi ? Parce que des petites villes comme ça, d'abord ce sont des centres logistiques.
49:27 C'est-à-dire que c'est facile d'y cacher la drogue, de la faire transiter.
49:30 Et on a eu l'exemple du quartier Pissevin à Nîmes.
49:32 On sait que c'est une antenne des trafiquants marseillais aujourd'hui, Nîmes.
49:35 Cette logique-là, vous la retrouvez dans de nombreuses villes aujourd'hui, de nombreuses villes moyennes et dans toutes les campagnes alentours.
49:41 Vous savez aussi que dans ces grands marchés de drogue que sont les grandes villes, les grandes agglomérations,
49:46 prenons la région parisienne ou Marseille, ce sont des marchés qui sont aujourd'hui totalement saturés.
49:51 Si vous avez des guerres de territoire meurtrières, des gens qui se font rafaler, pourquoi ?
49:56 C'est parce que vous avez trop de dealers. Et où est-ce qu'ils vont trouver de nouveaux marchés ?
49:59 Ils vont dans ces quartiers-là où aujourd'hui, la coke, la cocaïne, le cannabis sont en train de remplacer l'alcool.
50:07 Il n'y a pas d'inflation sur la cocaïne. Son prix a plutôt tendance même aujourd'hui à baisser.
50:10 Et on sait qu'aujourd'hui, vous avez des professions, les marins-pêcheurs, les agriculteurs sont les nouveaux consommateurs de cocaïne.
50:16 Pourquoi ? Parce que ça les aide aussi dans le travail et la campagne.
50:19 C'est idéal pour aller cacher la drogue, quand pendant ce temps-là, vous avez des policiers qui viennent pilonner les points de deal,
50:25 comme c'est la politique du ministre de l'Intérieur.
50:27 Donc les trafics aujourd'hui prospèrent dans cette diagonale du vide.
50:31 Un dernier exemple aussi d'une délinquance qu'on a voulu ne pas voir pendant des années, ça a été le djihadisme.
50:36 Tous les grands attentats qui ont frappé l'Europe ces dix dernières années, ils ont été préparés dans des zones rurales aujourd'hui.
50:42 Et on a manqué de le voir. Je vous donnerai un exemple, c'est le fameux Émir blanc d'Artigathe, près de Toulouse.
50:48 Toute la filière toulousaine, Mohamed Merah et compagnie, sont passées par ce petit village de l'Ariège,
50:53 où vivait cet homme dans une discrétion absolue, et sans que vraiment les gendarmes ne viennent le déranger pendant des années.
51:00 Merci beaucoup Dimitri pour votre regard.
51:03 Peut-être un petit tour de table rapide avant de parler de Jean-Luc Mélenchon, qui accuse un peu la France de xénophobie,
51:08 sur ce que vient de déclarer Emmanuel Macron, qui dit justement qu'on lui demande est-ce que c'est un sentiment d'insécurité,
51:14 justement pour rebondir sur cette insécurité en zone rurale.
51:17 Et il déclare parfois pas qu'un sentiment, il y a de l'insécurité, parce qu'il n'y a pas assez de présence.
51:23 Oui mais il y a surtout également cette violence qui n'est pas liée spécialement aux délinquants.
51:29 Il y a de plus en plus d'agressivité entre les citoyens.
51:33 Les gens pour un rien, par ses molles expressions, se foutent sur la gueule.
51:37 Il y a quelque chose de sinistre dans cet échange entre les individus aujourd'hui dans notre pays.
51:44 Je me demande si pour le président de la République, affirmer que c'est pas seulement un sentiment d'insécurité,
51:49 mais une réalité d'insécurité, croit-il faire une provocation ?
51:52 Je me demande si pour lui, il croit qu'il vient d'aller assez loin. Je me pose la question.
51:55 Mais ça fait du bien quand même d'entendre le chef de l'État reconnaître le réel ?
51:58 Oui, de dire que ce qui est, oui ça fait toujours du bien.
52:01 Mais simplement sur l'insécurité, on a quand même des chiffres, c'est quand même assez renseigné.
52:07 Depuis des années, on sait qu'il y a une augmentation notamment des coûts et blessures sur les personnes,
52:11 que ça s'étend sur tout le territoire. Il n'y a absolument aucun débat là-dessus,
52:14 si ce n'est par des gens malhonnêtes idéologiquement, vraiment.
52:17 C'est-à-dire que cette question du sentiment, et ensuite plus vous avez d'actes violents faits aux personnes,
52:23 plus en effet, c'est pas une question de sentiment d'insécurité,
52:26 plus en effet vous adaptez votre comportement aux actes violents que d'autres ont pu subir.
52:30 Même si vous, vous ne les avez pas subis, mais parce qu'ils existent bien autour de vous.
52:34 Il n'y a pas besoin d'avoir été soi-même victime d'une agression dans la rue pour s'adapter quand 15 personnes l'ont été.
52:40 Merci beaucoup.
52:42 Alors, Mathieu Bocoté, Jean-Luc Mélenchon a lancé hier une vive accusation contre les Français,
52:50 en affirmant que "notre pays est travaillé en profondeur par une absurde xénophobie à l'endroit des peuples du Maghreb et de l'Afrique,
52:59 et en particulier des musulmans", et c'est sur cette déclaration que vous aviez envie de terminer.
53:03 Oui, d'ailleurs je vais la reprendre parce qu'elle est exceptionnelle, c'est du grand art.
53:06 "Notre pays est travaillé en profondeur par une absurde xénophobie à l'endroit des peuples du Maghreb et de l'Afrique, et en particulier des musulmans".
53:13 Donc c'est une accusation de Jean-Luc Mélenchon à l'endroit des Français.
53:18 Il nous dit d'ailleurs que ce n'est pas une xénophobie de surface, c'est une xénophobie qui travaille en profondeur le peuple français.
53:24 Donc au fond de lui-même, le peuple français serait corrompu par des sentiments aussi odieux,
53:30 je dirais de Jean-Luc Mélenchon qu'il n'a pas une grande estime pour le peuple français lorsqu'il parle ainsi.
53:34 Par ailleurs, il nous dit qu'on est capable d'accueillir. C'est quoi sa preuve par contraste?
53:39 Il dit "Regardez les Ukrainiens, ça fonctionne très bien quand ce sont les Ukrainiens, alors pourquoi ça ne fonctionne pas avec les autres?"
53:45 On pourrait lui répondre poliment qu'on était devant des réfugiés, devant un pays, lui, véritablement en guerre,
53:50 qui ne débarquait pas de manière avec un récit officiel rédigé par des passeurs à Lampedusa.
53:55 On pourrait lui répondre ça, par exemple.
53:57 On pourrait aussi noter que le propre du réfugié c'est de vouloir retourner chez lui quand la guerre est terminée.
54:01 Je ne suis pas certain qu'on pourrait dire cela à des migrants de Lampedusa.
54:04 Cela dit, je constate donc que pour Jean-Luc Mélenchon, ne pas vouloir que la France devienne un pays africain ou un pays musulman,
54:11 ce serait de la xénophobie. Un pays qui veut demeurer lui-même, dans les circonstances, la France,
54:17 qui veut demeurer "française" culturellement, c'est une marque de xénophobie.
54:22 Voilà le regard que porte Jean-Luc Mélenchon sur son propre peuple.
54:25 Est-ce qu'il a raison ou pas selon vous?
54:27 Jean-Luc Mélenchon a cherché à rassurer les Français en disant qu'entre l'universalisme et les différences,
54:32 il y a un moyen terme, ce qu'il appelle la créolisation.
54:36 Est-ce qu'il a profité pour préciser justement le sens de ce mot?
54:39 C'était passionnant à ce moment-là.
54:40 C'est passionnant parce que chez Mélenchon, il nous dit qu'il y a une différence.
54:43 Vous savez, il y a l'universel, c'est loin, c'est l'individu désincarné, et il y a les différences.
54:47 Et il y a un entre-deux.
54:48 Il y avait un entre-deux, on appelait ça jusqu'à tout récemment la nation.
54:51 La nation était l'intermédiaire, la médiation qui permettait de participer à l'humanité.
54:56 Jean-Luc Mélenchon dit non, non, non, c'est plus ça.
54:58 La créolisation sera cette médiation.
55:00 Et il donne un exemple, c'est assez fascinant, c'est l'anglais.
55:03 Il dit regardez, on se créolise, l'anglais nous pénètre de toutes parts.
55:06 Et moi qui croyais Jean-Luc Mélenchon plutôt sceptique à l'endroit des Américains,
55:10 je constate que l'impérialisme américain qui américanise mentalement les Français et les Européens,
55:15 il l'accueille positivement puisque ça sert sa thèse de la créolisation.
55:19 C'est original quand même.
55:21 Par ailleurs, lui qui est si français, si je peux me permettre,
55:23 Jean-Luc Mélenchon est inimaginable partout ailleurs dans le monde.
55:25 On est devant une figure très particulière de la gauche révolutionnaire, incandescente et rhétorique.
55:30 Ça n'existe pas ailleurs.
55:32 Jean-Luc Mélenchon souhaite la disparition des conditions de sa propre possibilité.
55:36 Je précise toutefois que Jean-Luc Mélenchon nous a fait deux derniers commentaires qui sont intéressants.
55:40 Mais un, c'est plus ancien, je me permets de le citer, il a déjà donné une autre idée,
55:43 une autre idée, une autre définition de la créolisation.
55:46 C'est en 2020. Je cite.
55:48 Les États-Unis, que vous avez sous les yeux, pas sûr que dans 100 ans ils soient encore là.
55:53 Parce que la moitié du territoire a été pris de force au Mexique,
55:56 que la population hispanophone va devenir majoritaire,
55:59 et que si elle est majoritaire, elle amènera avec elle une culture, une grammaire, une science, une technique,
56:05 la poésie des lettres, une langue porte plus qu'un échange.
56:08 Donc il nous explique, Jean-Luc Mélenchon, que lorsqu'une population change,
56:12 le pays change d'identité et qu'une culture est remplacée par une autre.
56:17 Je ne sais pas de quelle manière nommer ce concept.
56:19 Lui, il appelle ça la créolisation.
56:21 C'est intéressant, il reconnaît l'existence de la chose.
56:23 Mais Jean-Luc Mélenchon veut nous rassurer.
56:25 Parce qu'il nous dit, vous savez, la créolisation c'est le destin de l'humanité.
56:28 Et il dit, ça c'est formidable, c'est l'argument auquel je ne m'attendais pas.
56:31 C'est comme le Joker, la carte miracle.
56:33 Il nous dit, quand il s'agit d'aller dans l'espace,
56:35 parce qu'on est dans l'époque où on va conquérir l'espace, on va conquérir l'univers,
56:39 le multivers peut-être, les nouvelles planètes.
56:42 Il nous dit, quand on va conquérir l'espace, l'humanité entre dans un nouvel âge
56:46 et dans la conquête de l'univers.
56:48 Quand il s'agit d'aller dans l'espace, tout le monde est créole, nous dit Jean-Luc Mélenchon.
56:53 Quand il s'agit d'aller dans l'espace, tout le monde est créole.
56:56 Voilà qui est rassurant.
56:58 Donc nous pouvons sacrifier nos maisons, nos peuples, nos pays, nos cultures, nos langues.
57:03 Parce que lorsque nous allons enfin conquérir un satellite de Jupiter,
57:07 ou un satellite de Mars, ou pourquoi pas Mars directement,
57:10 nous serons tous créoles quand nous créerons la première colonie humaine quelque part dans l'univers.
57:15 C'est formidable comme projet politique.
57:17 - Merci Mathieu Beaucotter pour votre regard sur ces propos de Jean-Luc Mélenchon.
57:22 Merci Dimitri, merci.
57:23 Ça va ça, on vous a pas trop gêné de changer de nom ?
57:25 - Pas du tout. - Dimitri non plus.
57:26 - Formidable.
57:27 - Marc, ça va ?
57:28 - Oui, tout va bien.
57:29 - Allez, tout de suite, Pascal Praud et ses invités.
57:32 Excellente suite de programme Science&News.
57:33 Merci à tous.
57:34 - Merci. - Merci à vous.
57:35 Merci.
57:36 Merci.