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Les invités de Lionel Rosso débattent de l'actualité dans #180minutesInfoWE le samedi et le dimanche

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00:00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans 180 minutes info week-end sur CNews avec une lourde actualité encore aujourd'hui à décrypter avec nos invités qui sont déjà sur le plateau.
00:00:10 Laurent Zamiekowski, bonjour, merci de nous avoir rejoints, porte-parole de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public.
00:00:16 On va évidemment évoquer l'actualité terroriste, il faut le dire, avec ce professeur qui a été tué hier dans ce lycée à Arras.
00:00:23 On l'évoquera avec vous. L'actualité également sur le plan politique avec Elodie Huchard du service politique de CNews. Bonjour, merci de nous rejoindre.
00:00:31 Et puis Israël avec une attaque que l'on dit depuis plusieurs heures imminente sur Gaza qui ne s'est pas encore produite, mais c'est vrai que l'armée israélienne se prépare notamment pour des combats au sol.
00:00:42 Le général Clermont est avec nous, merci de nous avoir rejoints. Et pour l'évoquer, effectivement aussi avec nous, Jean-Baptiste Noé.
00:00:49 Soyez le bienvenu sur le plateau. Donc double actualité, mais une actualité très dense, très forte en effet.
00:00:54 Après la mort notamment à Arras de Dominique Bernard, ce professeur de français qui a été tué.
00:00:59 Trois personnes qui ont été blessées également par cet individu armé d'un couteau hier au lycée Gambetta d'Arras dans le Pas-de-Calais.
00:01:06 L'auteur présumé défait un fichier S de résine russe tchétchène qui a été interpellé.
00:01:12 Onze personnes dont la saillant et sa fratrie ont été placées en garde à vue aujourd'hui dans le cadre de l'enquête.
00:01:18 La France est placée en alerte attentat et trois ans quasiment jour pour jour après la mort de Samuel Paty.
00:01:24 Dans quelques instants, Gabriel Attal doit s'exprimer à la Sorbonne à Paris dans le cadre du prix Samuel Paty.
00:01:29 Mais on va revenir effectivement sur ces événements d'hier avec ce professeur assassiné à Arras, l'effet 24 heures après avec Célia Gruyère.
00:01:40 C'est une journée un peu particulière. Au lendemain de l'attentat au collège d'Arras, les cours ont été annulés.
00:01:47 Seules des enseignants rentrent dans l'établissement, habituellement ouverts le samedi.
00:01:52 Très touchés, certains s'y sont recueillis.
00:01:55 J'ai besoin de montrer notre soutien. J'ai besoin au nom de notre profession.
00:02:04 C'est extrêmement important de lui rendre hommage. Et comme Samuel Paty, c'est un membre de notre famille qu'on n'oubliera jamais.
00:02:12 Et qui nous marquera de toute façon.
00:02:16 L'émotion est grande. Des élèves encore sous le choc sont également venus rendre hommage à l'enseignant tué.
00:02:21 C'est bien au lieu de tout fermer, c'est mieux de laisser ouvert, que tout le monde puisse venir et faire le deuil.
00:02:30 Je n'ai même pas eu le temps de le remercier ou de lui dire au revoir. Et pour moi, venir ici, ça symbolise ça.
00:02:37 Je ne veux plus ça pour mes soeurs, pour mes petits frères, pour les autres élèves, pour nous en fait.
00:02:47 Le ministre de l'éducation nationale, Gabriel Attal, est arrivé à Arras ce matin pour échanger avec des professeurs et des élèves.
00:02:54 Un moment d'union et de recueillement sera organisé lundi dans les écoles.
00:02:59 Et vous le voyez également cette dernière information, 11 personnes qui ont été placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête.
00:03:06 Il s'agit donc d'un acte terroriste en effet, mais c'est évidemment le corps enseignant, l'éducation nationale, toute la France, tout un pays qui est sous le choc aujourd'hui.
00:03:16 Et en effet, il y a une forme d'inquiétude, voire de peur, d'angoisse qui s'est installée, Laurent Zamekowski, dans l'esprit de tout ce périmètre du monde de l'enseignement.
00:03:27 Forcément, vous atteignez l'école, vous atteignez le cœur d'une nation, les familles, l'avenir, nos enfants, les enseignants, tout ce qui fait la force et la beauté de notre pays.
00:03:40 Donc forcément, nous, si nous n'étions pas là, on a peur parce qu'on pensait avoir nos enfants en sécurité dans l'école.
00:03:48 Et malheureusement, non.
00:03:50 Mais de l'autre côté, il ne faut pas pour autant céder aussi à la panique et la terreur parce que ça serait donner aussi quelque part une victoire à ce genre de procédés.
00:03:59 Il faut qu'on soit tous solidaires pour pouvoir dépasser et affronter ça ensemble.
00:04:05 La prise de parole de Gabriel Attal dans quelques instants sera connectée aussi avec nos envoyés spéciaux, nos équipes à Arras, puisque le lycée où a eu lieu le crime hier et l'attentat à Rouvère,
00:04:16 aujourd'hui avec des personnes qui sont encore sous le choc, avez-vous le sentiment, Laurent Zamekowski, tout de même, que les lycées, les professeurs, les enseignants,
00:04:24 vont devenir des cibles privilégiées désormais du terrorisme ou de la violence, comme pouvaient l'être les policiers, notamment, qui sont des symboles de la République ?
00:04:33 J'espère pas. En tout cas, malheureusement, déjà, deux enseignants l'ont payé de leur vie.
00:04:37 Et, effectivement, il y a une angoisse du côté des enseignants aujourd'hui par rapport à cette situation.
00:04:42 Je veux dire, se faire assassiner simplement parce que vous êtes enseignant, que vous êtes là, justement, pour permettre d'élever les élèves, de donner, de les porter, c'est complètement hallucinant.
00:04:57 Le lycée Gambetta, donc, qui a rouvert ses portes aujourd'hui, les élèves, le corps enseignant, toute une ville sous le choc.
00:05:03 On retrouve Audrey Héberteau avec Sacha Robin pour les images, pour faire le point sur cette situation, ce que vous avez pu observer, effectivement, aujourd'hui.
00:05:12 Oui, alors, depuis ce matin, on se trouve devant ce lycée Gambetta où l'émotion est forcément très vive.
00:05:21 C'est vraiment très compliqué. Les gens viennent déposer des fleurs.
00:05:25 Ils sont venus par centaines, même, je peux dire, par milliers déposer ces fleurs que vous voyez, qui sont de plus en plus nombreuses.
00:05:33 Une seconde table a été ajoutée tellement les gens ressentent ce besoin de venir se recueillir ici devant ce lycée Gambetta.
00:05:45 Tout le monde nous explique que, voilà, jamais ils n'auraient imaginé qu'une telle chose puisse se passer dans cette petite ville si calme.
00:05:51 C'est ce qu'ils nous disent, cette petite ville d'Arras. Donc, oui, une émotion très forte, très vive.
00:05:57 Et puis, les gens nous disent évidemment qu'ils vivent maintenant dans l'angoisse, dans la terreur.
00:06:02 Des mères de famille nous disent qu'elles n'ont aucune envie que leurs enfants retournent à l'école, surtout dès lundi.
00:06:09 Donc, trois jours après ce drame, on a rencontré deux jeunes filles qui connaissaient en fait le frère de l'assaillant.
00:06:16 Et vous allez entendre ce qu'elles nous disent sur le profil du frère. C'est assez terrible. Je vous laisse les écouter.
00:06:24 Elle nous l'a raconté hier, mais il était très radicaliste.
00:06:28 C'est ça, il venait en cours avec son Coran, il lisait le Coran.
00:06:31 Et quand, par exemple, il y avait des pièces de théâtre, enfin c'était quoi une pièce de théâtre ? Ils étaient nus et ils ne voulaient pas regarder.
00:06:36 Oui, oui, oui.
00:06:38 Ils disaient "Oui, vous ne devez pas vous habiller comme ça".
00:06:40 Ils avaient l'air des fêtes, limite, agressées par lui en disant qu'il fallait qu'elles se reprennent.
00:06:46 Voilà, et ces jeunes filles qui nous ont demandé vraiment d'être à visage masqué, par peur de représailles,
00:06:54 parce que tout le monde se connaît ici, dans cette ville d'Arras.
00:06:59 Donc voilà, beaucoup d'incompréhension, beaucoup de peur, beaucoup de tristesse.
00:07:03 Les gens sont vraiment en larmes depuis ce matin et ça va continuer tout au long de la journée.
00:07:08 Une cellule psychologique a d'ailleurs été ouverte, donc des gens viennent également pour cela,
00:07:13 pour pouvoir être accompagnés dans cette douleur et ce terrible drame.
00:07:19 Audrey Berthoud en direct d'Arras, en effet, avec Sacha Robin pour les images.
00:07:24 Le président Macron hier s'est exprimé également et a lancé un mouvement, ou un sentiment en tout cas, d'union nationale
00:07:30 pour que le peuple français reste uni et résiste évidemment au terrorisme, à toute forme de terrorisme.
00:07:36 Et là en l'occurrence au terrorisme islamiste.
00:07:39 Est-ce que vous pensez que véritablement tout le monde peut se rassembler derrière cet appel,
00:07:45 qui évidemment est frappé du coin du bon sens, mais quand on est face à ce drame, face à ce choc,
00:07:50 cela paraît tout de même assez difficile.
00:07:54 C'est ce qu'on espère, je veux dire, on est beaucoup plus forts ensemble et lorsqu'on fait bloc,
00:07:58 plutôt que de s'éparpiller et de partir dans tous les sens.
00:08:02 Et je voyais aussi qu'effectivement les parents ont peur de mettre leurs enfants à l'école,
00:08:06 mais de l'autre côté aussi, l'école est fondamentale.
00:08:10 C'est ce qui nous permet aussi de construire la société de demain, de permettre d'avoir un avenir à nos enfants.
00:08:15 Donc ils ont besoin d'aller à l'école.
00:08:18 Et quelque part aujourd'hui, on voit que toutes les mesures qui ont été mises en place pour sécuriser les établissements,
00:08:23 donc je pense que raisonnablement, les écoles, nos enfants vont pouvoir y retourner.
00:08:29 De toute façon, on ne va pas laisser la terreur s'installer et être esclave de la terreur.
00:08:34 Jean-Baptiste Nouvel, quelle est votre vision de cette situation ?
00:08:37 Parce que d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre, d'actes terroristes à d'autres,
00:08:43 encore il y a des liens qui sont préétablis.
00:08:46 Je pense évidemment à la situation au Proche-Orient, en Israël,
00:08:49 mais aujourd'hui, ce terroriste hier a répondu à un appel, qui était un appel de djihad.
00:08:55 Oui, moi j'analyse sous l'angle de l'analyse du terrorisme.
00:08:58 Le terrorisme, c'est une méthode de communication.
00:09:00 Et le but, c'est de faire parler.
00:09:02 Regardez Samuel Paty, par exemple, trois ans après, on en parle encore.
00:09:06 Donc le terrorisme a toujours cherché des cibles, des cibles importantes,
00:09:09 qui sont vecteurs d'émotion, vecteurs de symboles extrêmement puissants.
00:09:14 Et l'école, effectivement, en est un. Le professeur en est un.
00:09:17 Donc la cible n'est pas du tout choisie par hasard.
00:09:19 Il n'a pas tué un boulanger, il n'a pas tué quelqu'un d'autre.
00:09:21 Il a vraiment ciblé quelque chose qui, symboliquement, touche tout le monde.
00:09:25 Tout de là, tout simplement, du l'établissement d'Harass.
00:09:28 Ça, c'est un élément qui est important.
00:09:30 Et voir également que l'action terroriste n'est jamais isolée.
00:09:33 Là, on a onze gardes à vue.
00:09:35 Donc l'enquête dira quelle est la chaîne de ces personnes.
00:09:39 Mais des loups solitaires, ça n'existe pas.
00:09:42 On a toujours des personnes, par exemple, Samuel Paty,
00:09:44 qui étaient en communication avec un Syrien et avec des Tchétchènes.
00:09:48 Donc ça va être très important pour l'enquête de voir quelle est cette chaîne de communication
00:09:52 et comment cette personne qui a commis ce meurtre hier s'insère dans une chaîne globale.
00:09:58 Apparemment, avec ses proches, sa famille, son frère,
00:10:01 notamment son frère aîné qui était déjà en prison pour ne pas avoir dénoncé le projet
00:10:06 d'un attentat contre l'Elysée, notamment, et contre des policiers.
00:10:09 Puis son autre plus jeune frère, lui, a été interpellé près d'un établissement hier.
00:10:14 Donc il y avait peut-être d'autres projets en effet.
00:10:16 Il y a juste une indication, Laurent Zamekowski, qui heurte un peu et qui pose question.
00:10:21 C'est que ce terroriste aurait été à la recherche d'un professeur d'histoire-géographie hier.
00:10:27 C'est-à-dire quand il a croisé du personnel dans l'établissement,
00:10:30 il dit "est-ce que vous êtes professeur d'histoire-géo ?"
00:10:33 Apparemment, il y a un lien prégnant avec Samuel Paty, qui était professeur d'histoire-géo.
00:10:39 La victime hier était un professeur de français.
00:10:42 Effectivement, à ce qu'on entend dans les témoignages, le procédé, la date, trois ans après.
00:10:48 Ce qu'on remarque aussi, c'est qu'ils ont attendu qu'on prenne un peu plus de recul
00:10:55 et que les dispositifs soient peut-être un peu moins forts pour ne frapper de nouveau.
00:11:00 Est-ce que c'est quelque chose qui est coordonné ou est-ce que c'est une initiative plus localisée ?
00:11:06 On n'en sait rien.
00:11:07 On espère justement que la justice va pouvoir vite progresser pour neutraliser ce réseau
00:11:13 et rassurer l'ensemble de la communauté éducative.
00:11:16 C'est bien ça l'essentiel aujourd'hui.
00:11:18 Mohamed M, le principal suspect de l'attaque, était suivi par la DGSI.
00:11:22 Il était fiché S depuis 11 jours.
00:11:24 Cet assaillant présumé Dominique Bernard aurait dû être expulsé du territoire français en 2014
00:11:28 quand lui et sa famille avaient fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français.
00:11:33 Les détails avec Juliette Sada.
00:11:35 Il vivait en France depuis l'âge de 5 ans.
00:11:39 Mohamed M, 20 ans, possède la nationalité russe et des origines tchétchènes.
00:11:44 Connu des services de sécurité intérieure pour sa radicalité islamiste,
00:11:48 il était fiché S et placé sous surveillance par la DGSI.
00:11:52 Ce jeudi, il avait été contrôlé par des agents sans qu'aucune infraction ne puisse lui être reprochée.
00:11:58 24 heures plus tard, ce vendredi, il s'introduit au sein du lycée Gambetta d'Arras
00:12:02 et assassine un enseignant à coups de couteau.
00:12:05 Dans la foulée, son frère de 17 ans est arrêté devant un autre établissement scolaire.
00:12:09 À l'été 2019, un troisième frère fait aussi parler de lui.
00:12:14 Et un de ses frères, de deux ans son aîné, dont il est proche,
00:12:19 avait été condamné en avril 2023 par la Cour d'assises de Paris
00:12:24 pour association de malfaiteurs terroristes criminels et non dénonciation de crime.
00:12:30 Ce même frère avait à nouveau été condamné en juin dernier
00:12:38 pour apologie du terrorisme par le tribunal d'Arras.
00:12:42 Il est à ce jour détenu.
00:12:45 Mohamed M avait déposé une demande d'asile à ses 18 ans,
00:12:48 demande refusée par l'OFPRA, puis en appel par la Cour nationale du droit d'asile.
00:12:53 L'homme n'est par ailleurs pas expulsable du territoire français,
00:12:57 étant arrivé en France avant l'âge de 13 ans.
00:13:00 Que vous inspire le parcours et le profil de cet homme, Jean-Baptiste Noé ?
00:13:06 Ça fait beaucoup de failles ou beaucoup d'erreurs.
00:13:11 Ça pose pas mal de problèmes.
00:13:13 Parce qu'on est dans une famille qui apparemment est dans un contexte
00:13:17 de terrorisme ambiant assez important avec ce frère condamné.
00:13:21 On voit qu'il y a eu plusieurs failles sur les expulsions,
00:13:24 sur fichés S sous écoute téléphonique, mais ça n'a pas empêché le passage à l'acte.
00:13:29 Il faudra aussi, pendant l'enquête, voir à quel moment il y a eu des dysfonctionnements.
00:13:34 Pas simplement hier ou au cours des jours précédents,
00:13:38 mais aussi sur une chaîne plus longue de plusieurs années.
00:13:41 En tout cas, c'est tout un système qui est à revoir.
00:13:44 Ça prendra du temps et malheureusement, ça confirme aussi les craintes
00:13:49 qu'on a depuis plusieurs années sur pas mal de failles au niveau de la justice,
00:13:53 au niveau de la police, au niveau également de la sécurité intérieure.
00:13:56 Et de la législation aussi peut-être, puisqu'il n'était pas expulsable.
00:13:59 On y reviendra un petit peu plus tard, bien que sous le coup de cet OQTF avec sa famille.
00:14:05 Nous sommes, la France en tout cas est placée en alerte attentat.
00:14:08 Général Clermont, c'est le niveau le plus haut dans le cadre du plan Vigipirate.
00:14:13 Qu'est-ce que cela veut dire concrètement pour les établissements, pour la population,
00:14:16 pour que l'on comprenne ? Est-ce que l'on va voir dans les rues,
00:14:19 comme ça a été le cas par le passé, de plus en plus de militaires
00:14:22 en train de patrouiller pour assurer la surveillance et la sécurité ?
00:14:25 On peut peut-être rappeler ce que c'est Vigipirate.
00:14:27 Volontiers, bien sûr.
00:14:28 C'est important et c'est un peu compliqué.
00:14:31 L'urgence attentat, c'est le niveau le plus élevé d'un plan qui s'appelle Vigipirate,
00:14:34 qui est un plan qui est très ancien, qui remonte aux années 60-70,
00:14:37 et qui au fil des années, au fil des attentats, au fil des risques, a grossi et s'est structuré.
00:14:41 Donc dans Vigipirate, ça ne concerne pas que les armées,
00:14:43 ça concerne le ministère de l'Intérieur surtout, police, gendarmerie,
00:14:46 mais également les douanes, Bercy, la sécurité civile.
00:14:49 C'est un dispositif qui permet de mettre la France en tension
00:14:52 dans la perspective d'un attentat terroriste ou d'un événement majeur.
00:14:55 Et là, on parle d'un attentat terroriste.
00:14:57 Les armées participent à Vigipirate depuis le début,
00:14:59 mais surtout depuis les années 90, où il y a eu les premiers attentats en France.
00:15:02 La rue Saint-Michel, vous vous souvenez, les affaires des Algériens.
00:15:05 Et à partir de 2015, il y a eu un événement majeur, qui était l'attentat de Charlie Hebdo.
00:15:09 Et avec Charlie Hebdo, en janvier 2015, Vigipirate pour les armées est devenu sentinelle.
00:15:14 Et là, le volume a augmenté.
00:15:16 On est monté à 7000 hommes, plus 3000 hommes en réserve.
00:15:19 Donc c'est le format qui est réactif aujourd'hui.
00:15:22 C'est 7000 soldats qui vont être redéployés sur le terrain.
00:15:24 On était descendu un peu en dessous de 7000.
00:15:26 On a enremis 7000. Il reste toujours 3000 soldats en réserve
00:15:29 qui peuvent être engagés aux ordres du président de la République.
00:15:31 N'y avait-il pas l'état d'urgence en 2015 ?
00:15:33 C'est-à-dire un état d'urgence global après les attentats ?
00:15:36 Je ne sais pas si c'était la même catégorie.
00:15:38 Est-ce que c'est le même niveau ?
00:15:40 Aujourd'hui, on a plus que trois niveaux.
00:15:42 Ce qui est certain, c'est qu'urgence-attentat, ça veut dire ce que ça veut dire.
00:15:44 Bien sûr.
00:15:45 C'est soit urgence, il y a eu un attentat,
00:15:46 soit urgence, il va y avoir un attentat.
00:15:48 Sur ce point, je vais préciser quelque chose d'important.
00:15:50 C'est que le ministre de l'Intérieur a fait le lien entre l'attentat du professeur
00:15:54 qui a eu lieu hier et la guerre en Israël.
00:15:58 Et le fait qu'il y a un lien entre les deux.
00:16:00 Et souvenez-vous, c'est ce...
00:16:02 En fait, si on relie les deux, il faut partir du principe
00:16:05 que cette urgence-attentat va durer pendant tout le temps de la guerre en Israël.
00:16:09 Pendant tout le temps de la guerre en Israël, le risque va monter
00:16:11 parce que ça va générer de la tension, des inquiétudes,
00:16:15 des mouvements dans les banlieues, des gens qui peuvent passer à l'acte,
00:16:19 comme on l'a vu.
00:16:21 Donc voilà, c'est pour ça que le risque est majeur.
00:16:23 Donc que font les forces armées ?
00:16:25 Les forces armées font une mission de police parce que c'est une mission de présence,
00:16:28 c'est une mission d'interception.
00:16:30 Elles ont déjà, des militaires ont déjà arrêté des terroristes en action
00:16:32 au Louvre en 2018, sur les reports de Nice un peu avant.
00:16:36 Donc ils ont pu intercepter des terroristes qui allaient passer à l'acte.
00:16:39 Mais évidemment, ils sont là pour surveiller les points sensibles,
00:16:41 pour rassurer les Français, pour prévenir l'action terroriste,
00:16:44 en complément, je le dis bien, en complément de la police nationale,
00:16:47 de gendarmerie et des forces de sécurité.
00:16:49 Ce n'est pas vraiment leur mission de faire des missions de police,
00:16:51 mais compte tenu de la situation, c'est normal que les forces armées françaises soient engagées.
00:16:55 Pourquoi ont-ils descendu en dessous de 7 000 ?
00:16:57 C'est une bonne question.
00:16:58 C'est parce qu'en fait, c'est extrêmement lourd pour les armées.
00:17:00 On a des armées au format très réduit.
00:17:02 Nos armées, c'est 210 000 soldats tout complets.
00:17:05 Et ces soldats, ils ne sont pas là pour faire des missions de police,
00:17:08 ils sont là pour faire des opérations extérieures.
00:17:10 Et en opérations extérieures actuellement, depuis des années,
00:17:12 il y a déjà 30 000 militaires engagés sur une vingtaine d'opérations de taille différente.
00:17:16 Donc c'est cette lourdeur qui fait qu'on est obligé de réguler
00:17:18 le nombre de soldats qu'on va déposer sur le terrain.
00:17:21 Mais aujourd'hui, urgence attentat, la priorité, c'est de remettre des militaires sur le terrain
00:17:26 pour aider les forces de police à contrer une attaque terroriste.
00:17:29 Quelle est la différence, général Clermont, pour bien comprendre que celles et ceux
00:17:32 qui nous regardent comprennent la différence entre Vigipirate et Sentinelle ?
00:17:37 Sentinelle est une opération de Vigipirate, c'est ça ?
00:17:39 Vigipirate, c'est une opération de l'État français qui mobilise tous les services
00:17:43 de manière à se préparer à un attentat, comme par exemple la police va multiplier ses rondes,
00:17:48 les hôpitaux seront prêts, la sécurité civile sera prête à intervenir.
00:17:51 Ça fait partie des mesures Vigipirate.
00:17:53 On va protéger des points sensibles sur lesquels on avait relâché l'attention.
00:17:57 Et à l'intérieur, les militaires participent et ont baptisé l'opération militaire Sentinelle.
00:18:01 Sentinelle, c'est à l'intérieur de Vigipirate.
00:18:04 D'ailleurs, sur les véhicules qu'on voit passer dans Paris,
00:18:07 vous voyez les petits véhicules avec les militaires, il y a marqué Vigipirate dessus.
00:18:10 C'est la participation des militaires à Vigipirate.
00:18:14 Donc les deux, l'un est dans l'autre.
00:18:16 Il faut bien comprendre qu'en tout cas, peut-être un point important que les Français comprennent bien,
00:18:21 c'est que Sentinelle, dans Vigipirate, c'est structuré, c'est organisé.
00:18:26 Les armées françaises sont prêtes à remplir cette mission, même si elle est coûteuse.
00:18:31 Et je pense qu'il est normal qu'aujourd'hui, compte tenu du contexte,
00:18:34 elle va devenir prioritaire pour les armées.
00:18:36 Dans ce cadre-là, la France est placée en alerte attentat.
00:18:39 C'est le plus haut niveau du plan Vigipirate.
00:18:41 Ça a été démontré et très bien expliqué par le général Clermont.
00:18:44 Et dans ce cadre, le musée du Louvre à Paris a fermé ses portes aujourd'hui.
00:18:48 On va vous retrouver, Solène Boulan.
00:18:50 Vous êtes sur place pour nous expliquer ce qui s'est déroulé
00:18:54 dans le cadre de cette opération de sécurité.
00:18:57 Le plus grand musée du monde, l'un des plus grands en tout cas,
00:19:00 est fermé au public aujourd'hui.
00:19:02 Oui, alors c'est le musée lui-même qui a communiqué sur les réseaux sociaux vers midi.
00:19:09 Et puis une porte-parole a précisé la situation à l'AFP.
00:19:12 Je cite "Le Louvre a reçu un message écrit faisant état d'un risque
00:19:16 pour le musée et pour ses visiteurs.
00:19:19 Et nous avons donc choisi de l'évacuer et de le fermer pour la journée,
00:19:23 le temps de procéder aux vérifications indispensables.
00:19:26 Sur plusieurs vidéos, effectivement, que nous avons constatées sur les réseaux sociaux,
00:19:31 on voit que les visiteurs ont été vite pressés vers la sortie.
00:19:35 Certains couraient, emportés par un mouvement de foule qui montrait une certaine panique.
00:19:40 Ici, en tout cas, un vaste périmètre de sécurité a été mis en place.
00:19:43 Vous le voyez derrière moi, la place du carousel qui mène au musée est inaccessible.
00:19:49 Et puis de l'autre côté, c'est une partie de la rue Drivoli
00:19:52 qui a été bloquée par les forces de l'ordre.
00:19:55 Le musée qui accueille donc près de 30 000 visiteurs par jour reste fermé ce samedi.
00:20:01 Des vérifications sont en cours, des démineurs vont inspecter entièrement le site.
00:20:06 Cet événement intervient alors que le passage en alerte urgence attentat.
00:20:10 Le niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate a été décidé hier soir.
00:20:15 Et puis, vous le disiez, 7000 soldats de la force Sentinelle vont donc être déployés sur le territoire.
00:20:21 - Solenne Boulan en direct du musée et du Louvre avec Alice Chabot pour les images.
00:20:26 Gabriel Attal dans quelques instants, dans le cadre, hasard du calendrier,
00:20:30 dans le cadre du prix Samuel Paty aujourd'hui à la Sorbonne.
00:20:34 On va l'entendre dans quelques instants en effet.
00:20:36 Mais il y a beaucoup de choses qui sont mises en place.
00:20:38 En effet, d'un point de vue sécuritaire avec le plan Vigipirate,
00:20:41 avec cette alerte attentat, la France placée sous alerte attentat.
00:20:44 Mais aussi très rapidement le ministre de l'Éducation,
00:20:47 Laurent Zamekowski, qui a décidé que dès lundi, il y aurait 1000 personnels de prévention.
00:20:52 Qu'il y aurait un accompagnement en tout cas, autant que faire se peut,
00:20:56 pour tous les établissements en France, sachant qu'on ne peut pas mettre un policier
00:21:00 ou des policiers devant chaque établissement scolaire, quel qu'il soit, sur tout l'ensemble du pays.
00:21:05 - Les 1000 personnels qui seront déployés, c'est louable.
00:21:08 Mais sur 60 000 établissements, ça ne va pas faire grand-chose.
00:21:11 Donc, c'est mieux que rien.
00:21:13 Je pense qu'il va falloir surtout renforcer de manière pérenne
00:21:18 les effectifs de surveillance des établissements.
00:21:20 Et ça, c'est une demande qu'on a depuis longtemps.
00:21:22 Et récemment, d'ailleurs, encore dans le cadre de la lutte contre le harcèlement,
00:21:26 notamment le nombre d'assistants d'éducation,
00:21:28 qui est très insuffisant aujourd'hui, à environ 1 par 100 élèves.
00:21:32 Donc, vous imaginez bien que, lorsqu'il faut surveiller les entrées et sorties des élèves,
00:21:37 c'est très compliqué.
00:21:38 C'est d'ailleurs comme ça que l'individu a pu s'introduire.
00:21:42 Et aujourd'hui, si on arrive à augmenter ce nombre d'effectifs d'assistants d'éducation,
00:21:47 on pourra bien sûr mieux gérer les flux d'entrées et sorties.
00:21:51 Ça sera aussi dissuasif, parce que les adultes présents, c'est plus dissuasif.
00:21:56 Et également aussi repérer d'autres situations au sein de l'établissement.
00:21:59 - Mais pas se substituer à la police ou intervenir,
00:22:01 comme l'ont fait certains membres de ce lycée d'Arras,
00:22:04 très courageusement, effectivement, avec ces images que l'on voit,
00:22:08 qu'on a floutées, évidemment, en se défendant avec une chaise,
00:22:11 évidemment, dans la cour de l'établissement.
00:22:13 Mais le rôle de ce personnel-là, de ces personnels-là,
00:22:16 ce n'est pas celui-là du tout.
00:22:18 - Bien évidemment, mais de toute façon, il ne faut pas non plus partir d'une psychose sécuritaire
00:22:22 et transformer les écoles en grosses.
00:22:24 - Pourtant, elle est là, la psychose sécuritaire, pardonnez-moi.
00:22:26 - Mais de l'autre côté, c'est vrai que plus vous avez une présence d'adultes,
00:22:29 et aussi pour ne serait-ce que maîtriser, quand vous êtes quelques-uns,
00:22:31 arrivé sur quelqu'un, ce n'est pas la même chose que si vous arrivez, par exemple, à 20 ou 30.
00:22:35 Vous voyez ce que je veux dire ? Il y a aussi ça, quand même.
00:22:37 Il y a un côté dissuasif et aussi, ça permet de repérer plus facilement.
00:22:43 Vous voyez bien le flux qu'il y a d'élèves lorsqu'ils rentrent et qu'ils sortent.
00:22:47 C'est très difficile à juguler.
00:22:49 Et justement, plus il y a de personnel qui est là pour pouvoir aussi repérer, voir les choses.
00:22:54 Et c'est ça qui est important.
00:22:55 C'est ce qu'on demande.
00:22:56 Ça ne résoudra pas tous les problèmes et ça ne se substitue absolument pas aux questions de vigie pirate.
00:23:01 Ça ne se substitue pas non plus à la police, mais ça permettra en tout cas d'aider un peu plus que ces 1000 personnes déployées.
00:23:09 Général Clamant, comment pourrait-on améliorer la sécurité des établissements scolaires ?
00:23:13 Voilà une bonne question.
00:23:14 Alors là, on va arriver à un point qui est un peu embêtant, qui est même très délicat.
00:23:17 C'est le fait que toutes les entreprises demandent à des entreprises de sécurité,
00:23:22 à des entreprises des protections pour le filtrage, pour les salariés.
00:23:25 Ce qui fait qu'aujourd'hui, on a une pénurie d'entreprises de sécurité.
00:23:28 C'est-à-dire qu'on n'est pas capable de trouver suffisamment d'agents de sécurité
00:23:31 qui vont compléter les forces de police pour faire la mission de sécurité,
00:23:35 comme on le voit à l'entrée des supermarchés chez pas mal d'entreprises.
00:23:39 La preuve en est que pour les Jeux olympiques, qui sont pendant pas très longtemps,
00:23:42 on n'est pas au moyen de trouver les milliers, les dizaines de milliers d'agents de sécurité dont on a besoin.
00:23:49 Donc on va demander à nouveau à l'armée de fournir 18 000 hommes, 18 000 soldats,
00:23:53 pendant toute la durée des Jeux olympiques pour assurer une partie de la sécurité des Jeux olympiques.
00:23:56 Donc la question de trouver non seulement les forces de police suffisantes,
00:23:59 dont le nombre est finalement assez compté par rapport à la population.
00:24:02 Grosso modo, on doit être à 250 000 policiers et gendarmes pour un pays de 68 millions d'habitants.
00:24:07 Mais on aura du mal à trouver des agents de sécurité pour faire ce travail indispensable de filtrage, d'interception.
00:24:12 Pour une raison aussi importante, c'est que, je m'arrête là, c'est qu'en général,
00:24:17 leur CV est étudié par les services de sécurité.
00:24:21 Et là, on se rend compte qu'il y en a beaucoup dont le CV n'est pas acceptable pour qu'ils exercent le rôle d'agent de sécurité,
00:24:26 qui n'est pas un métier recherché par les BAC +5 en France.
00:24:29 C'est-à-dire qu'ils ne sont pas des spécialistes de la sécurité, c'est ça ?
00:24:31 Non, ça veut dire qu'ils ont des profils qui ne correspondent pas à ce qu'on attend d'un agent de sécurité.
00:24:34 Mais des profils qui pourraient être dangereux ?
00:24:38 Des profils dont on est d'assim qu'ils pourraient être...
00:24:40 Connus des services de police, peut-être ?
00:24:41 Ils n'amènent pas les garanties suffisantes pour faire ce travail de tri, de sécurité,
00:24:45 de filtrage à l'entrée des entreprises ou à l'entrée des écoles.
00:24:48 Un manque de fiabilité, en effet.
00:24:49 Inadapté, tout simplement.
00:24:50 Oui, voilà. Inadapté, en effet.
00:24:52 Quel regard vous portez sur les images qu'on a vues,
00:24:55 et surtout ces personnels de l'établissement, l'Onsan-Mékovski,
00:24:58 qui ont tenté de défendre leur lycée ?
00:25:01 Les élèves, ils ont sans doute...
00:25:02 C'est d'ailleurs le professeur qui est mort, et on rappelle qu'il y a aussi trois blessés qui sont bien atteints,
00:25:07 ont sans doute sauvé la vie de nombreuses personnes en intervenant courageusement de la manière dont cela a été fait.
00:25:13 Ils ont été absolument admirables.
00:25:15 Les parents, aujourd'hui, on est tous d'une éternelle reconnaissance.
00:25:19 Et on pense très fort à la famille de Dominique Bernard,
00:25:24 qui a sacrifié sa vie pour l'école, pour nos enfants,
00:25:27 et les trois autres qui sont actuellement blessés,
00:25:30 certains encore dans des situations graves.
00:25:32 Donc forcément, on voit comment ils se sont interposés, ce qu'ils ont fait.
00:25:36 Et heureusement qu'ils sont là, et quelque part c'est rassurant aussi de savoir
00:25:41 à quel point ces personnels sont investis,
00:25:44 à quel point on peut réellement compter sur eux.
00:25:47 On leur confie ce qu'il y a de plus cher pour nous, nos enfants,
00:25:51 et ils ont été complètement à la hauteur.
00:25:53 Même si aujourd'hui on manque de personnel,
00:25:55 ceux qui sont là, ils ont fait ce qu'il fallait, bien au-delà même,
00:25:58 et on ne peut que saluer, les remercier, vraiment du fond du cœur.
00:26:02 Jean-Baptiste Noé, il n'y a pas de solution miracle pour protéger encore plus nos enfants,
00:26:07 et notamment les établissements scolaires,
00:26:09 parce que vous parliez tout à l'heure de psychose,
00:26:12 malheureusement avec la situation, est-ce que l'on vit depuis plusieurs semaines,
00:26:15 et notamment depuis cette semaine, entre Israël, le Hamas,
00:26:18 et hier cet attentat horrible à Arras,
00:26:22 la psychose s'installe chez les parents d'élèves, chez les jeunes aussi.
00:26:26 Comment expliquer à des élèves, des enfants, des collégiens,
00:26:30 ce qu'il s'est produit, et que cela peut se reproduire ?
00:26:33 Il n'y a pas de solution miracle ?
00:26:35 Non, alors il n'y a pas de solution miracle quand il y a une personne
00:26:37 qui veut rentrer dans un établissement et qui veut attaquer,
00:26:40 il peut toujours y avoir des failles.
00:26:42 En revanche, on voit sur le meurtre d'hier, comme celui de Samuel Paty,
00:26:45 qu'il y a eu beaucoup de failles en amont,
00:26:47 c'est-à-dire des failles de l'administration scolaire par exemple,
00:26:50 Samuel Paty avait fait quelques alertes au niveau du rectorat,
00:26:54 il y a eu des failles aussi, par exemple, sur cette personne qui a été mise sur écoute,
00:26:58 donc c'est à ce niveau-là qu'il faut travailler, c'est en amont,
00:27:00 protéger effectivement les écoles, mais aussi travailler en amont,
00:27:03 parce que ces gens qui ont commis ces meurtres ne sortent pas du chapeau,
00:27:06 ils ne sortent pas de nulle part, ce sont des gens qui auraient pu être identifiés
00:27:10 et qui étaient dans un réseau qui était identifiable.
00:27:13 Ils l'ont été d'ailleurs, puisque l'assaillant a été entendu,
00:27:19 non pas interpellé, mais entendu la veille de l'attentat par la police,
00:27:23 il n'avait rien à lui reprocher, ça a d'ailleurs peut-être précipité
00:27:26 dans sa tête l'envie d'en découdre, de commettre des actes.
00:27:30 C'est possible, mais en tout cas, il va falloir,
00:27:32 et ça, ça va être le rôle de l'enquête, de voir qu'est-ce qui s'est passé,
00:27:35 pourquoi est-ce que la mise sur écoute n'a pas pu déceler le fait
00:27:38 qu'il y aurait eu cette attaque, et si c'est le cas, pourquoi est-ce qu'il n'a pas été
00:27:41 arrêté peut-être de manière préventive pour être surveillé.
00:27:45 En tout cas, il y a là une partie importante de l'enquête
00:27:47 qui va devoir montrer ces éléments, et c'est là-dessus qu'on peut fonder une sécurité.
00:27:51 Parce que les services de police travaillent bien,
00:27:53 Gérald Darmanin l'a dit hier, le ministre de l'Intérieur,
00:27:56 il y a beaucoup d'attentats qui ont été déjoués,
00:27:58 cette semaine il y en a un à Limay, je crois, dans les Yvelines,
00:28:02 qui aurait dû être perpétré, et heureusement les services de sécurité
00:28:05 ont pu intervenir, sauf que parfois il y a des trous dans la raquette,
00:28:08 les policiers peuvent être partout.
00:28:09 - C'est le problème des attentats, c'est qu'on retient ce qui a eu lieu,
00:28:12 et effectivement on ne parle pas de ce qui n'a pas eu lieu, de ce qui a échoué.
00:28:15 Donc il y a aussi un côté dramatique, parce qu'effectivement,
00:28:18 depuis Salmél Paty, il n'y a rien eu, ça fait trois ans qu'il n'y a rien eu, heureusement.
00:28:23 Donc le terrorisme tue peu, un enfant a plus de risques d'être renversé
00:28:28 par une voiture que d'être tué par un terroriste.
00:28:31 Mais effectivement, la charge symbolique, la charge émotionnelle,
00:28:34 fait qu'on en parle beaucoup, et fait qu'on voit surtout les actes
00:28:37 qui ont été commis, et qu'on ne voit pas par la force des choses ce qui a été empêché.
00:28:40 - Oui, parce qu'il vaut mieux ne pas communiquer aussi sur les attentats
00:28:43 qui sont nombreux, ou les tentatives, les projets d'attentats qui sont nombreux.
00:28:47 - C'est vrai, je pense qu'il y a beaucoup de réserve au fait de communiquer
00:28:50 sur le fait qu'il y en a beaucoup en préparation.
00:28:52 - C'est ça. - Et il y en a beaucoup qui sont déjoués.
00:28:54 Et ça c'est un signal qui est difficilement...
00:28:56 C'était pas un bon signal pour les Français, c'est pas de nature à les rassurer.
00:29:00 Mais je pense qu'effectivement, nos services de renseignement sont efficaces.
00:29:03 Mais on l'a bien vu avec l'attentat d'hier,
00:29:07 même quelqu'un qui est extrêmement surveillé, il passe à l'acte,
00:29:11 et il n'y a pas grand chose à faire pour l'en empêcher.
00:29:13 Donc je pense aussi, mais là aussi, c'est là où on voit dans la stratégie
00:29:18 de communication des Israéliens sur ce qui se passe actuellement auprès du Hamas,
00:29:23 il y a une communication totale des Israéliens sur la situation de Tsar.
00:29:26 Tout ce qu'ils peuvent dire, qu'il ne met pas en danger les opérations, ils le disent.
00:29:30 Je pense que si on considère que maintenant on a changé de statut,
00:29:32 on est passé dans un statut dans lequel on se rend compte que les attentats
00:29:36 peuvent devenir le quotidien de tous les jours, là aussi il faut se poser la question
00:29:39 de quelle est la bonne communication vis-à-vis des Français.
00:29:41 Les Français, on doit leur dire la réalité de ce qui se passe.
00:29:43 - Oui, Gérald Darmanin l'a dit hier, s'est adressé aux Français,
00:29:46 notamment en disant "soyez prudents".
00:29:48 Il peut se passer beaucoup de choses que l'on ne maîtrise pas, malheureusement.
00:29:52 Dans quelques instants, nous serons directs, je le disais, de la Sorbonne,
00:29:55 avec Gabriel Attal, avec la Première ministre aussi,
00:29:58 qui interviendra plutôt au milieu d'après-midi, dans le cadre de ce prix Samuel Paty,
00:30:04 Élodie Huchard.
00:30:05 Que doit annoncer Gabriel Attal ?
00:30:07 Il l'a déjà communiqué hier soir, il a déjà annoncé beaucoup de choses,
00:30:10 mais dans ce discours hautement symbolique aussi, à la Sorbonne
00:30:13 et dans le cadre du prix Samuel Paty, que peut dire le ministre d'Éducation ?
00:30:17 - Maintenant on le sait parce que le mail qu'il envoyait à la communauté éducative a fuité.
00:30:20 Donc de manière très concrète, c'est comment va s'organiser la journée de lundi
00:30:23 pour les hommages, avec deux temps différents.
00:30:25 D'abord un temps banalisé le matin dans les établissements scolaires, jusqu'à 10h.
00:30:29 Un temps qui doit permettre un temps d'échange avec les professeurs, les élèves,
00:30:33 pour évoquer à la fois ce qui s'est passé et que les professeurs puissent répondre
00:30:37 aux questions des élèves, à 14h01 de silence, qui sera respecté dans tous les établissements scolaires,
00:30:42 adapté en fonction de l'âge.
00:30:43 Pour les plus jeunes enfants, ça peut être une formule un petit peu différente.
00:30:46 Et dans ce mail, évidemment, le ministre de l'Éducation
00:30:49 adresse toutes ses pensées à la communauté éducative.
00:30:52 Il explique que l'école a été attaquée car elle représente l'émancipation.
00:30:56 Elle a été attaquée, dit-il, pour l'idéal qu'elle a de former des citoyens libres et égaux,
00:31:00 parce que c'est l'institution qui permet aux autres de tenir
00:31:02 et parce qu'il estime que la force viendra aussi de notre unité, de notre fidélité à nos valeurs.
00:31:07 Et donc on a d'abord le discours, effectivement, de Gabriel Attal,
00:31:10 et aux alentours, normalement, de 16h10, sauf retard, le discours de la Première ministre,
00:31:14 qui devrait tenir le même type de discours, c'est-à-dire forcément soutien aux enseignants
00:31:19 et volonté de montrer un État solide et uni contre le terrorisme.
00:31:23 Il y aura un moment d'union et de recueillement, c'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Éducation,
00:31:27 Gabriel Attal, lundi.
00:31:29 Alors, évidemment, c'est la moindre des choses,
00:31:31 mais ensuite, il faut des mesures qui vont rassurer les Français.
00:31:36 Déjà, il y a aussi, il faut pouvoir accompagner, il faut, effectivement, il va y avoir...
00:31:41 Il faut le temps du deuil.
00:31:42 Exactement.
00:31:43 Puis après, il y a toute une partie où, justement, il va falloir avoir des explications,
00:31:46 il va falloir rassurer pour mettre et accompagner un petit peu.
00:31:50 Parce que déjà, tous les élèves qui ont vécu ça, les enseignants,
00:31:55 ceux qui ont vu encore plus, vont avoir besoin d'être suivis.
00:31:58 Et au-delà de ça, il faut vraiment pouvoir donner le sentiment qu'il y a un suivi
00:32:05 et qu'on puisse continuer à accompagner et à faire comprendre
00:32:09 que, justement, cette solidarité nationale, elle est fondamentale
00:32:12 pour pouvoir résister à cette situation où l'école est attaquée, la nation est attaquée.
00:32:18 Et c'est tous ensemble, dans un élément de solidarité, comme dit le ministre,
00:32:22 qu'on arrivera à faire front et à passer au travers de ça.
00:32:24 Est-ce que cela suffira à faire disparaître, sans doute, cette appréhension,
00:32:28 cette boule au ventre, courant certains enseignants, lundi,
00:32:31 courant certains élèves, lundi, courant certains parents d'élèves, aussi, lundi,
00:32:35 en accompagnant leurs enfants à l'école ?
00:32:37 Bien sûr que non.
00:32:38 Forcément, on va avoir la boule au ventre,
00:32:40 mais en même temps, il faut aussi que la vie continue.
00:32:44 On ne peut pas se tairer, on ne va pas arrêter d'enseigner à nos enfants,
00:32:49 on ne va pas arrêter de vivre, sinon, quelque part, ils ont gagné.
00:32:54 Et ça n'a plus de sens.
00:32:55 Au contraire, on doit être là, même si ça fait peur, bien évidemment.
00:32:58 On a tous peur.
00:32:59 Et pas seulement dans le simple monde, à l'école,
00:33:02 mais comme l'a dit le ministre de l'Intérieur, il faut être prudent.
00:33:05 Oui, il faut être prudent, mais je crois qu'aussi,
00:33:07 si on s'entraide tous les uns les autres et qu'on est tous vigilants
00:33:10 et qu'on arrive à chacun être les yeux de l'autre,
00:33:14 peut-être que là, justement, ensemble, on sera très forts
00:33:17 et on arrivera à passer au travers de tout ça
00:33:19 et plus se laisser tordre le bras comme ça par les terroristes.
00:33:23 Avez-vous l'impression, Laurent Zamekowski,
00:33:25 que Dominique Bernard va, à l'image et à son corps défendant,
00:33:29 à l'image de Samuel Paty, devenir un symbole ?
00:33:32 Il est déjà un symbole.
00:33:33 Il est déjà un symbole.
00:33:34 Bien sûr.
00:33:35 Déjà pour sa bravoure, malheureusement, son sacrifice
00:33:40 et aussi la situation.
00:33:43 Et je veux dire, il faut donner un sens à sa mort.
00:33:48 Il faut que ça permette justement de créer cet élan national
00:33:52 de solidarité sur lequel on va faire front, grâce à lui.
00:33:57 Il va devenir notre inspiration pour passer au travers de tout ça.
00:34:02 Et se servir de cet acte de bravoure pour rebondir
00:34:06 et essayer de lutter, de repousser le terrorisme,
00:34:10 toute forme de terrorisme.
00:34:12 Il y a une forme du non-national, généralement,
00:34:14 qui peut se créer fondamentalement autour de cette image.
00:34:18 Et ce sacrifice, disons-le, on ne va peut-être pas prononcer le mot de martyr,
00:34:22 c'est pas la bonne sémantique, mais en tout cas, on n'en est pas loin.
00:34:25 Bien sûr, c'est un martyr.
00:34:26 C'est un martyr qui a été massacré
00:34:29 parce qu'il représentait quelque chose qui est détesté
00:34:32 de ceux qui sont en guerre contre nous.
00:34:34 Donc la question de l'union nationale est essentielle.
00:34:36 Je pense qu'il faut que les Français prennent conscience
00:34:38 que c'est tous ensemble, en prenant conscience réellement
00:34:40 de la gravité de la situation, c'est-à-dire faire face au danger.
00:34:44 C'est pour ça que je pense qu'on est un stade où il faut faire face au danger
00:34:47 et s'organiser pour dire "ils sont en guerre contre nous,
00:34:49 il faut qu'on se défende, il ne faut pas qu'on soit passifs".
00:34:51 Et les armes qu'ils utilisent, elles sont multiplées et variées.
00:34:54 C'est une guerre très compliquée à mener,
00:34:57 mais il faut s'assurer que chacun de nous doit la mener.
00:34:59 Chaque Français est concerné par ce qui se passe en ce moment dans ce pays.
00:35:02 Et autant, vous savez, j'ai beaucoup commenté la guerre en Ukraine.
00:35:04 Ça m'a bien occupé, y compris sur les questions du nucléaire,
00:35:07 où tout le monde s'affolait.
00:35:08 Moi, je n'étais pas inquiet sur la question du nucléaire.
00:35:10 Je suis beaucoup plus inquiet sur ce qui se passe,
00:35:12 sur les conséquences de ce qui se passe en Israël,
00:35:14 sur notre sécurité, qu'évidemment sur ce qui se passait en Ukraine,
00:35:18 sur notre sécurité.
00:35:19 Ça n'a rien à voir.
00:35:20 Je viens tout à l'heure quand on parlait de la guerre en Israël,
00:35:23 mais il y a un risque d'embrasement,
00:35:25 pas simplement en France, très préoccupant.
00:35:28 Il peut y avoir un effet mimétique.
00:35:29 Il y a eu, c'est vrai, des agressions, des violences antisémites
00:35:33 dans les jours qui ont suivi ce qui s'est passé en Israël samedi dernier.
00:35:37 Et là aussi, l'acte terroriste d'hier incombe,
00:35:42 finalement, directement ou indirectement à ce qui s'est produit là-bas.
00:35:46 Le ministre d'Intérieur, le Roli, l'a déclaré.
00:35:49 Donc, il y a des éléments.
00:35:50 Il y a des éléments de l'enquête qui montrent qu'il y a un lien
00:35:52 entre ce qui s'est passé en Israël et ce qui se passe en Israël
00:35:55 et l'attentat d'hier.
00:35:56 Est-ce que vous faites le lien, vous aussi,
00:35:58 entre ce qui se passe en Israël aujourd'hui
00:36:00 et ce qui se passe sur notre sol ?
00:36:01 Tout à fait.
00:36:02 Ce qui est intéressant, c'est que les attentats meurtriers
00:36:04 qui ont eu lieu en France depuis les années 1990
00:36:06 sont tous des attentats qui ont des liens avec les événements extérieurs.
00:36:10 Les Corses, les Bretons ont fait des attentats.
00:36:13 Ils ont été rarement meurtriers, sauf exception,
00:36:16 mais c'était des problèmes intérieurs.
00:36:17 En revanche, 1990, le GIA s'est lié à l'Algérie,
00:36:20 comme la prise d'otages de l'avion d'Air France,
00:36:23 l'attentat d'hier et Samuel Paty également.
00:36:28 Enfin, pas l'Algérie, mais Syrie et Proche-Orient.
00:36:31 Donc, ce sont à chaque fois des problèmes extérieurs
00:36:33 qui resurgissent sur la sécurité intérieure.
00:36:36 Ce qui rend aussi leur règlement beaucoup plus difficile,
00:36:39 parce que la France n'a que très peu de mainmise
00:36:44 sur ce qui peut se passer en Israël, en Syrie ou ailleurs.
00:36:47 Donc, on est confronté à des convulsions mondiales
00:36:50 qui, effectivement, ont des répercussions sur le territoire national.
00:36:53 La France est-elle une cible privilégiée parmi les autres pays,
00:36:56 notamment les pays occidentaux, en lien avec ce qui se déroule en Israël ?
00:37:00 Je vous ouvrirai en disant que ce n'est pas la France,
00:37:02 mais ce sont les Français.
00:37:03 C'est-à-dire que ce sont les Français sur le territoire national
00:37:05 et les Français à l'extérieur.
00:37:07 Dimanche, vous avez deux touristes israéliens
00:37:09 qui ont été abattus par un policier à Alexandrie.
00:37:12 Donc, le touriste est une cible privilégiée du terroriste,
00:37:15 parce que, comme il est dans un pays étranger,
00:37:17 il est moins en sécurité.
00:37:19 Et il vous permet de commettre facilement un attentat à l'étranger
00:37:23 en déstabilisant deux pays,
00:37:25 c'est-à-dire à la fois le pays où il y a l'attentat
00:37:27 et le pays de la citoyenneté des touristes qui ont été tués.
00:37:30 Donc, c'est vrai que le touriste français,
00:37:32 sans vouloir créer de psychose, que ce soit,
00:37:34 mais le français à l'extérieur et notamment dans les pays maghreb ou musulmans,
00:37:40 sont des cibles.
00:37:42 C'est le français qui est une cible.
00:37:43 Pourquoi le français, principalement ?
00:37:45 Alors, pourquoi le français ?
00:37:46 D'abord parce que la France mène des opérations militaires à l'extérieur.
00:37:50 Donc, Sahel, elle a été présente au Liban,
00:37:52 elle est intervenue aussi en Syrie,
00:37:54 pas militairement, mais diplomatiquement.
00:37:56 Donc, c'est pour les interventions de la France à l'extérieur.
00:37:59 C'est aussi pour ce que la France représente en tant que puissance mondiale.
00:38:03 Je dirais que, d'une certaine manière,
00:38:04 c'est un petit peu un hommage aussi à la France
00:38:06 et reconnaître que la France a un rôle important sur la scène mondiale.
00:38:10 Il y a peu d'attentats en Suisse ou dans des pays qui ont un rôle international moindre.
00:38:15 Donc, c'est une forme d'hommage.
00:38:16 C'est un hommage dont on se passerait.
00:38:18 Mais c'est aussi pour ça.
00:38:19 C'est pour ce que représente la France,
00:38:21 pour ce qu'elle fait également au niveau mondial
00:38:23 et aussi, il faudra bien le dire,
00:38:26 pour la présence d'une communauté issue de l'immigration
00:38:30 qui est en nombre aussi et qui est très émotive
00:38:33 sur les sujets de questions internationales.
00:38:35 On va en parler avec Elodie Huchard d'ailleurs
00:38:37 parce qu'il y a eu beaucoup de réactions politiques autour de l'immigration.
00:38:40 Le fait que Chechen et sa famille, sous OQTF,
00:38:43 malgré tout, soient encore sur le territoire
00:38:45 et qu'ils n'étaient pas expulsables.
00:38:47 Mais juste pour rester sûr,
00:38:48 la France, générale clairement,
00:38:50 cible privilégiée d'attentats parmi les pays occidentaux
00:38:53 en répercussion à ce qui se passe en Israël.
00:38:56 Est-ce dû notamment à la politique étrangère
00:38:59 qui est menée ou qui a été menée ces dernières années
00:39:01 par le gouvernement français ?
00:39:02 Bien sûr, on en a la preuve directe avec le Bataclan.
00:39:04 Le Bataclan, c'était des combattants qui étaient formés en Irak
00:39:07 et qui sont venus porter le terrorisme en France
00:39:11 en réponse à l'engagement de la France dans le Levant.
00:39:14 C'était un lien direct.
00:39:16 La France assume ses responsabilités en matière de lutte
00:39:19 contre les États islamiques divers et variés.
00:39:21 On en a l'exemple actuellement avec le Sahel.
00:39:24 Il ne faut quand même pas oublier que le Sahel,
00:39:26 ce qui se passe au Sahel,
00:39:28 ce sont des groupes terroristes qui,
00:39:31 quel que soit leur nom,
00:39:32 et même s'ils se combattent les uns les autres,
00:39:34 ont le même objectif,
00:39:35 c'est d'installer un État islamique, un califat,
00:39:38 partout où ils sont,
00:39:39 que ce soit au Niger ou au Burkina Faso,
00:39:41 et que ça fasse l'Assad.
00:39:42 Et la France, c'est vrai, s'est opposée à ça.
00:39:44 Et parce qu'on s'oppose à ça dans notre politique,
00:39:47 dans notre stratégie militaire,
00:39:48 on devient une cible et il n'y a pas beaucoup de pays
00:39:50 qui s'opposent à ça.
00:39:51 En Afrique, en tout cas, on était un petit peu seuls.
00:39:54 Moi, je suis très fier de ce qu'ont fait les forces françaises en Afrique
00:39:57 et je suis très triste de la façon dont elles quittent l'Afrique.
00:40:00 Mais oui, nous sommes une cible privilégiée pour ça.
00:40:03 En direct de la Sorbonne à Paris, Gabriel Attal,
00:40:05 le ministre de l'Éducation.
00:40:07 Mesdames et messieurs les rectrices et les recteurs,
00:40:10 mesdames et messieurs les directrices et les directeurs,
00:40:13 Madame la Présidente du Conseil des Sages de la laïcité,
00:40:17 Madame la Présidente de l'Association des professeurs d'Histoire-Géographie,
00:40:21 Monsieur le Président du jury,
00:40:23 Mesdames et messieurs les professeurs,
00:40:26 chers élèves,
00:40:27 Mesdames, messieurs.
00:40:29 Le 16 octobre 2020,
00:40:32 aux abords du collège du Bois d'Aulne,
00:40:36 un professeur est assassiné.
00:40:39 La barbarie, le choc, l'union, tout sauf l'oubli.
00:40:47 Ce 16 octobre 2020, on a tué Samuel Paty.
00:40:52 Ce 16 octobre 2020, on a tué un professeur.
00:40:58 Ce 16 octobre 2020, c'est la barbarie du terrorisme islamiste
00:41:04 et la lâcheté sans nom d'esprit malade qui ont assassiné Samuel Paty.
00:41:09 Il y a trois ans, l'obscurantisme a tenté d'éteindre la lumière, les lumières.
00:41:15 Un père, un fils, un ami, un professeur est mort.
00:41:21 Depuis ce jour, un martyr de la République est né dans nos cœurs
00:41:26 et dans nos consciences.
00:41:28 Aujourd'hui, c'est la flamme de son souvenir que nous sommes venus raviver.
00:41:33 Ce que nous faisons aujourd'hui, au fond,
00:41:36 c'est apporter une nouvelle pierre à l'édifice de sa mémoire.
00:41:40 Aux enfants présents aujourd'hui, je veux donc vous dire merci et bravo.
00:41:47 Ce que vous avez fait en participant, puis en remportant ce prix, Samuel Paty,
00:41:52 c'est dire une chose simple.
00:41:54 L'école est plus forte que tout.
00:41:57 Vous, les élèves, vous êtes plus forts que tout.
00:42:00 Vos professeurs sont plus forts que tout eux aussi.
00:42:04 Chers élèves, je dois vous dire combien je vous admire.
00:42:08 Avec vos professeurs, vous avez travaillé, beaucoup travaillé,
00:42:13 pour remettre vos travaux et pour participer au prix Samuel Paty.
00:42:17 Parce que vous savez combien ce moment est un moment important.
00:42:22 Parce que vous savez combien ce prix est un prix important.
00:42:26 Je veux dès maintenant remercier la présidente de l'association des professeurs d'histoire-géographie
00:42:31 et le président du jury pour leur investissement sans faille pour faire vivre ce prix.
00:42:36 Vous êtes notre exemple.
00:42:39 Ce moment de souvenir, ce moment d'émotion,
00:42:42 et ce moment de fierté, nous vous le devons.
00:42:45 Nos élèves vous le doivent.
00:42:47 Car c'est aussi vous, les élèves, que nous célébrons aujourd'hui votre travail,
00:42:51 votre talent, votre imagination.
00:42:55 Avant d'évoquer plus en détail votre travail,
00:42:58 je veux vous adresser à vous, élèves, un message très personnel.
00:43:02 Je veux vous dire que sans vous, qui êtes nos élèves, l'école n'est rien.
00:43:07 Que si l'école existe, ce n'est que pour vous.
00:43:11 Si l'école existe, c'est d'abord pour vous permettre d'être curieux, d'être engagé,
00:43:16 vous permettre aussi d'apprendre et de découvrir.
00:43:19 Parce que comme l'a dit Léon Blum,
00:43:21 c'est dans la jeunesse que la pensée et l'action s'aiguillent pour le reste de l'existence.
00:43:26 Si l'école existe, c'est pour faire de vous des citoyens.
00:43:30 Dans quelques années, vous aurez le droit de vote,
00:43:33 vous pourrez vous exprimer, donner votre avis, participer à la vie de notre pays, la France.
00:43:38 C'est aussi pour vous permettre de vous émanciper.
00:43:42 Vous émanciper, c'est-à-dire devenir libre, vraiment libre, pleinement libre.
00:43:48 Chers élèves, l'école n'existe que pour vous rendre libres.
00:43:52 Je parle de citoyenneté, d'émancipation, de liberté,
00:43:56 précisément parce que ces trois valeurs sont au cœur du prix Samuel Paty 2023.
00:44:02 Le thème qui a été retenu, cela a été dit il y a un instant,
00:44:05 ce sont les infox, les fausses nouvelles, les fake news,
00:44:09 qui sont justement au croisement de toutes ces valeurs.
00:44:12 Libres, nous devons tous l'être.
00:44:15 Mais la liberté elle-même fait surgir des questions.
00:44:18 Peut-on être libre jusqu'à mentir pour propager le complot, le mensonge ou la haine ?
00:44:24 Peut-on être libre jusqu'à propager des fausses informations ?
00:44:28 Tout votre travail apporte une réponse claire, c'est non.
00:44:33 Non, car le complotisme, l'obscurantisme, la haine ou le mensonge
00:44:38 sont contraires à l'idée même de liberté.
00:44:41 Voilà un premier enseignement fort que vous nous donnez par votre travail,
00:44:45 à nous les adultes, dans le cadre de ce prix.
00:44:48 Autre question, comment peut-on lutter contre ces forces du mal,
00:44:52 contre ceux qui veulent ce mal et qui le propagent ?
00:44:55 Comment peut-on lutter contre la manipulation des esprits et des consciences,
00:44:59 contre les fausses informations, contre le mensonge, contre la haine ?
00:45:02 Là aussi, c'est vous qui nous apportez la plus ferme des réponses.
00:45:08 C'est grâce à l'école que nous parviendrons à bâtir le rempart
00:45:11 contre ces forces du mal et du néant.
00:45:14 Je veux donc, au nom de tous les adultes présents ici,
00:45:18 dans ce grand amphithéâtre de la Sorbonne,
00:45:20 au nom de tous les professeurs de France et au nom de tout notre pays,
00:45:24 vous dire un immense merci et un très grand bravo.
00:45:28 Merci et bravo à la classe de 4ème de Madame Avar du Collège Jacques-Yves Cousteau
00:45:33 à Breuil-le-Vert pour votre vidéo.
00:45:35 Merci et bravo à la classe de 4ème de Madame Bréhoret du Collège Camille Claudel à La Streine
00:45:41 pour votre vidéo aussi.
00:45:43 Merci et bravo à la classe de 4ème de Madame Nodin du Collège de Foncarade à Montpellier
00:45:48 pour votre podcast.
00:45:50 Pour le lycée, nous allons célébrer tout à l'heure trois classes
00:45:52 qui remportent cette année le prix Samuel Paty.
00:45:55 La classe de Terminal de M. Gagnère du lycée international Jeanne d'Arc pour sa bande dessinée.
00:46:00 La classe de 1ère HGGSP de Mme Thomas du lycée Charlotte-Périan à Bénèches pour son jeu.
00:46:07 Et enfin, la classe de 2nde professionnelle Métier de la relation client de Mme Lebescon
00:46:11 au lycée Edmer-Bouchardon de Chaumont pour son jeu vidéo.
00:46:15 Ce jour, c'est votre jour.
00:46:18 Ce moment, c'est votre moment.
00:46:21 Vous vous êtes engagés, vous avez travaillé.
00:46:25 Et maintenant, c'est à nous de vous célébrer.
00:46:28 Mais, je le dis sans détour, en recevant ce prix,
00:46:32 vous recevez aussi cet après-midi un devoir.
00:46:35 Celui de faire vivre toujours et partout la cause pour laquelle vous avez tant travaillé.
00:46:41 Celui de faire vivre toujours et partout la mémoire de celui qui a donné son nom
00:46:46 au prix que vous allez recevoir dans quelques instants.
00:46:50 En recevant ce prix, vous devenez les frères et les sœurs de mémoire de Samuel Paty,
00:46:56 qui est devenu, il y a 3 ans, en mourant pour l'école,
00:46:59 le professeur de tout un pays et de toute une nation, la nation française.
00:47:04 Il est devenu notre professeur à tous.
00:47:06 Et depuis ce 16 octobre 2020, nous l'aimons tous comme un élève aime son professeur.
00:47:11 Nous l'aimons parce que nous savons sa passion pour les grands auteurs du 19ème siècle,
00:47:15 tout autant que pour les groupes de rock.
00:47:17 Nous l'aimons parce qu'il était curieux de tout,
00:47:20 de cultures étrangères, de la langue arabe, curieux de l'autre.
00:47:23 Nous l'aimons parce qu'il incarnait tellement bien cette exigence émancipatrice de l'école,
00:47:28 parce qu'il croyait dans ses élèves et dans leur intelligence,
00:47:31 parce qu'il ne cédait rien, ni à la facilité, ni à la fatalité.
00:47:36 Nous l'aimons parce qu'au nom de la liberté d'expression,
00:47:39 tout autant qu'au nom de la pédagogie sur les événements du monde,
00:47:42 il a montré des caricatures en classe, sans jugement ni leçon de morale.
00:47:46 Nous l'aimons parce qu'il était libre.
00:47:48 Nous l'aimons parce qu'il était professeur.
00:47:51 Nous l'aimons parce qu'il est mort pour notre école.
00:47:54 Chers élèves, mesdames et messieurs les professeurs,
00:47:58 en tant que ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse,
00:48:01 mais aussi comme citoyen, je suis très fier de vous,
00:48:04 et à travers vous très fier de nos élèves, de nos professeurs et de notre école.
00:48:08 Je suis fier de vous et je suis aussi très ému par votre présence,
00:48:12 cet après-midi, à la Sorbonne, temple laïque des Lumières et du Savoie.
00:48:18 D'abord parce que ce lieu incarne tout ce qu'est l'école à la française.
00:48:22 L'universalisme des savoirs, l'intemporalité de notre humanisme,
00:48:27 l'héritage de notre culture et de notre place à nul autre pareil dans le monde.
00:48:33 Nous ne sommes pas un pays comme les autres.
00:48:35 Nous sommes la France.
00:48:37 Ce pays dont on dit qu'il a inventé les droits de l'homme,
00:48:39 ce pays de l'abolition des privilèges,
00:48:41 ce pays de l'école pour tous, laïque, gratuite et mixte,
00:48:45 ce pays des grands auteurs, des grands artistes, des grands professeurs,
00:48:49 ce pays de la démocratisation des savoirs, ce pays des Lumières,
00:48:53 ce pays où jamais nous n'accepterons que l'on puisse mourir d'enseignés.
00:48:58 Je l'ai dit en introduction de mon propos,
00:49:01 il y a trois ans le terrorisme islamiste et l'obscurantisme
00:49:05 ont tenté d'éteindre la lumière, nos lumières.
00:49:08 Mais l'école n'a rien cédé.
00:49:10 Nos professeurs n'ont rien cédé.
00:49:13 En reprenant le chemin des cours et en perpétuant la promesse de leur mission,
00:49:17 nos professeurs ont poursuivi la révolte symbolique et pacifique
00:49:20 des grands esprits qui font le pari de l'intelligence.
00:49:23 Car notre école est plus forte que tous les obscurantismes.
00:49:27 Nous sommes plus forts qu'eux.
00:49:29 Et je le dis avec d'autant plus de force que nous sommes encore une fois en deuil.
00:49:34 Il y a tout juste 24 heures, on a encore assassiné un professeur.
00:49:40 Il y a tout juste 24 heures, on a encore voulu éteindre nos lumières.
00:49:46 J'étais ce matin à nouveau au lycée d'Arras où exerçait Dominique Bernard.
00:49:52 J'y ai vu une communauté éducative traumatisée par ce qui s'est passé hier,
00:50:03 par la barbarie, par la violence.
00:50:07 J'y ai vu des élèves, j'y ai vu des professeurs qui étaient là
00:50:17 et qui, dans l'adversité, dans le choc, dans le traumatisme,
00:50:25 se demandaient déjà comment regarder de l'avant et comment avancer face au mal, face à la haine.
00:50:32 Non, les islamismes, non, les terroristes, non, les fous de Dieu n'ont pas éteint la lumière.
00:50:41 Mais oui, nous avons été touchés.
00:50:43 Il y a 24 heures, le cœur de tout un pays s'est arrêté de battre
00:50:48 au moment où nous apprenions la mort sauvage de Dominique Bernard.
00:50:52 Tout de suite, nous avons pensé à Samuel Paty, évidemment.
00:50:57 Je sais le choc immense que l'attentat terroriste d'hier a suscité chez nos enseignants.
00:51:04 Encore une fois, on s'en prend à l'un des leurs.
00:51:08 Je sais combien chaque professeur, dans les tréfonds de son âme et de sa conscience,
00:51:14 s'est immédiatement posé cette question.
00:51:17 Et si ça avait été moi ?
00:51:19 Je partage tout de ce choc, tout de cette émotion, tout de cette douleur.
00:51:25 Je partage l'appréhension de devoir revenir devant les élèves lundi matin,
00:51:30 de devoir à nouveau tenter d'aborder l'inexplicable,
00:51:33 à nouveau parler de l'horreur, à nouveau parler de terrorisme,
00:51:37 à nouveau parler d'un professeur mort.
00:51:40 Je partage cette appréhension parce que je la comprends.
00:51:43 J'ai reçu dès hier soir les organisations syndicales
00:51:46 qui représentent tous ceux qui font battre le cœur de notre école.
00:51:51 Comme je m'y étais engagé auprès d'eux, j'ai décidé que nous permettrons
00:51:57 à tous les enseignants personnels de direction et personnels techniques et administratifs
00:52:02 de nos établissements du second degré, dès lundi matin à 8h, de se retrouver.
00:52:11 Se retrouver entre eux pour un temps d'échange à la fois humain et pédagogique.
00:52:17 J'ai ressenti cette attente immense de la part de nos enseignants,
00:52:21 de la part des personnels de l'éducation nationale,
00:52:24 de pouvoir se retrouver entre eux, de pouvoir échanger entre eux,
00:52:29 de pouvoir préparer entre eux le retour des élèves.
00:52:34 Je le dis, c'est aussi un enjeu pour ce qui est le cœur même de leur vocation, la transmission.
00:52:41 Nos professeurs ne cherchent qu'une seule chose, transmettre.
00:52:46 Ils ne cherchent qu'une seule chose, transmettre dans les meilleures conditions possibles.
00:52:51 Face à cette barbarie, face à cette désolation,
00:52:55 pour transmettre le mieux possible en direction de nos élèves,
00:52:58 pour pouvoir aborder ce qui s'est passé avec eux,
00:53:01 évidemment qu'ils ont besoin de ce temps pour se retrouver et pour le préparer ensemble.
00:53:07 Ces professeurs portent le deuil de l'assassinat de Dominique Bernard.
00:53:12 C'est sur leurs épaules que pèse le poids de l'exigence absolue que je fixe à notre École.
00:53:18 Ne rien céder, ne pas renoncer, continuer à faire vivre sa promesse.
00:53:22 Notre nation ne peut pas se contenter de mots de sympathie ou de témoignages de soutien pour nos professeurs.
00:53:27 Notre nation doit montrer en acte qu'elle est toute entière derrière nos professeurs.
00:53:31 Ceux-là même qui permettent à notre nation de rester unie,
00:53:35 à nos enfants de construire leur propre destin,
00:53:38 à notre École de tenir et d'exister.
00:53:41 Je souhaite donc que lundi soit une journée de solidarité pour nos professeurs.
00:53:45 Une journée de solidarité pour nos professeurs, c'est bien ce que nous leur devons.
00:53:50 Lundi matin, je l'ai dit, tous les membres de la communauté éducative, des collèges et lycées,
00:53:55 se retrouveront ainsi à 8h pour leur permettre de se retrouver et préparer la reprise des cours.
00:54:00 Ils en ont besoin, nous avons le devoir d'être à leurs côtés et de leur permettre d'avoir ce temps entre eux, ce temps pour eux.
00:54:06 Encore une fois, parce qu'hier c'est l'un d'eux qui est tombé pour l'École,
00:54:10 et parce que le cœur de leur vocation, encore une fois, c'est de transmettre,
00:54:14 et pour cela, de travailler ensemble.
00:54:17 Lundi matin, les cours aux collèges et aux lycées commenceront donc à 10h.
00:54:21 Je sais les difficultés qui peuvent être liées à ce choix pour un certain nombre de familles.
00:54:27 C'est la raison pour laquelle j'ai échangé, notamment avec la présidente de l'Association des Régions de France,
00:54:32 compétente pour les transports scolaires, avec les organisations syndicales,
00:54:36 avec les associations de parents d'élèves, pour trouver la meilleure solution possible.
00:54:41 Les cours commenceront à 10h pour les élèves.
00:54:46 Il y a des élèves qui dépendent des transports scolaires.
00:54:50 Pour les élèves qui dépendent des transports scolaires et dont les familles ou l'entourage ne pourront organiser leur venue dans l'établissement un peu plus tard,
00:54:58 nous assurerons les transports scolaires à l'heure prévue,
00:55:01 et il y aura un accueil minimal, temporaire, dans l'établissement, en lien avec les collectivités locales que je remercie,
00:55:08 qui permettra de les accueillir, tout en laissant au personnel le temps d'échanger et de se retrouver entre eux.
00:55:15 Je veux remercier par avance toutes celles et ceux qui se mobiliseront pour organiser ce temps qui est, je le dis, absolument essentiel pour notre école,
00:55:25 pour les professeurs, mais aussi, encore une fois, pour nos élèves.
00:55:28 Je veux aussi m'adresser à tous les Français. Lundi matin, soyons tous derrière notre école.
00:55:34 Je suis absolument convaincu que les entreprises de France, dont les salariés sont parents d'élèves au collège,
00:55:43 et qui devront s'adapter pour amener leurs enfants un peu plus tard dans leur établissement,
00:55:49 sauront être tolérants avec ces salariés qui arriveront un peu plus tard au travail.
00:55:54 La nation fait bloc derrière nos enseignants. Elle est consciente du besoin qui est le vôtre de vous retrouver ensemble pour préparer au mieux le retour de nos élèves.
00:56:03 J'espère donc, et je crois profondément, que les employeurs de France qui le peuvent se joindront à cet effort de solidarité pour nos professeurs,
00:56:10 en permettant à ces collaborateurs d'arriver un peu plus tard lorsqu'ils doivent amener leurs enfants au collège.
00:56:17 Je demande à tout notre pays de montrer que nous tenons unis dans un élan de solidarité pour notre école.
00:56:23 Notre nation entière porte le deuil de l'assassinat terroriste de Dominique Bernard,
00:56:28 comme elle porte et portera éternellement le deuil de l'assassinat de Samuel Paty.
00:56:34 Mais le poids de ce deuil est plus lourd encore pour nos professeurs. Soyons à leurs côtés.
00:56:39 Lundi, en cette journée de solidarité pour nos professeurs, une minute de silence aura lieu dans toutes les écoles,
00:56:45 tous les établissements scolaires et tous les rectorats de France à 14h.
00:56:50 Voilà la réponse immédiate de la nation pour nos professeurs.
00:56:55 Mais mesdames et messieurs, je le dis avec force, évidemment les mots ne suffisent pas.
00:57:00 Évidemment, nous ne nous contenterons pas de dire l'émotion, le deuil, le choc.
00:57:06 Nous ne nous contenterons pas de désigner l'ennemi. Il a frappé il y a trois ans.
00:57:10 Il a frappé hier, il frappe à visage découvert. C'est le terrorisme islamiste.
00:57:14 Je l'ai dit hier, notre devoir est évidemment de continuer à dépasser les mots pour être dans l'action.
00:57:21 À quoi bon dire « plus jamais ça » si la réponse que nous apportons ne permet pas de garantir cette promesse ?
00:57:26 À quoi bon répéter les mêmes mots si nos concitoyens ont le sentiment qu'ils ne sont pas suivis des faits ?
00:57:31 Les mots finissent toujours par s'envoler, seuls les actes eux restent et demeurent.
00:57:37 Donc notre devoir immédiat, difficile, c'est de continuer à agir.
00:57:44 Nous avons le devoir de continuer à agir.
00:57:48 Nous avons en réalité aujourd'hui un triple devoir.
00:57:51 Le devoir de se souvenir, le devoir de transmettre, le devoir de protéger.
00:57:57 Le devoir de se souvenir, d'abord, nous le remplissons aujourd'hui alors que nous sommes réunis dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne
00:58:04 pour célébrer la mémoire de Samuel Paty et faire vivre son héritage.
00:58:08 Le devoir de se souvenir, nous le remplirons lundi matin avec cette journée de solidarité avec nos professeurs
00:58:14 et avec le silence que l'école respectera partout en France à 14h.
00:58:18 Le devoir de se souvenir, c'est ce que nous faisons alors que la nation toute entière s'apprête à s'incliner devant la dépouille
00:58:25 et devant le souvenir de nos professeurs morts pour notre école.
00:58:29 Le devoir de transmettre, ensuite, il nous occupe aujourd'hui et il s'imposera à nous dès lundi.
00:58:35 Aujourd'hui, en célébrant la mémoire de Samuel Paty, c'est son héritage intellectuel, c'est le leg de sa vie que nous nous remémorons.
00:58:43 En nous retrouvant chaque année pour ce prix, nous sommes à la hauteur de ce devoir de transmission
00:58:47 qui fut à la fois le moteur de sa vie et le leg de sa mort.
00:58:51 Et je veux remercier très sincèrement à nouveau les organisateurs de ce prix.
00:58:55 Mais ce devoir de transmission, il n'est pas lié à un seul professeur ou même à deux.
00:59:00 Ce devoir de transmission, c'est la promesse impérative de l'école, sans laquelle plus rien n'est valable.
00:59:06 Ni l'existence d'une école, ni l'existence d'une nation.
00:59:09 Ce devoir de transmission, nous allons tout faire pour le remplir ensemble, dès lundi matin, grâce à nos professeurs.
00:59:16 Le devoir de protéger, enfin, c'est sans doute celui qui rend possible tous les autres.
00:59:21 Le verbe protéger fait partie de ces mots si souvent employés que son sens s'évapore parfois
00:59:27 dans la répétition abusive de la promesse qu'il emporte.
00:59:30 Protéger, cela veut dire abriter, garantir.
00:59:34 Pour transmettre, il faut protéger.
00:59:37 Voilà aussi l'une des promesses de l'école.
00:59:39 Être un abri, garantir la sérénité, bref, être un asile inviolable.
00:59:45 Forcer de constater, malheureusement, que cela continue parfois à ne pas être le cas.
00:59:52 Alors maintenant que le sang a coulé, que les mots se sont exprimés,
00:59:57 se pose inévitablement l'une des questions à la fois si simple et pourtant si vertigineuse.
01:00:01 Que faire ? Que faire ?
01:00:03 Ma conviction profonde, c'est que nous devons continuer à mieux protéger notre école.
01:00:08 Mieux la protéger des influences qui n'y sont pas les bienvenues.
01:00:12 Le corollaire de cette question, c'est le sujet de la laïcité.
01:00:15 Nous avons, je crois, avancé de manière importante en cette rentrée.
01:00:20 Mais nous ne sommes pas au bout du chemin.
01:00:22 Et nous continuerons à agir sans relâche pour que cette laïcité,
01:00:25 sans laquelle l'école à la française n'est plus ce qu'elle doit toujours être,
01:00:29 continue à être défendue et protégée.
01:00:33 Nous devons aussi mieux protéger la sécurité de ceux qui font l'école.
01:00:37 La sécurité physique de nos professeurs et de nos élèves d'abord.
01:00:41 Je l'ai dit dès hier soir, nous avons renforcé avec le ministre de l'Intérieur
01:00:45 la sécurité de nos établissements.
01:00:47 Je remercie les forces de sécurité intérieure, les militaires de Sentinelles
01:00:51 qui sont déployés pour protéger nos établissements.
01:00:53 J'ai annoncé également le déploiement de nos personnels de sécurité,
01:00:58 nos équipes mobiles de sécurité des rectorats au sein des établissements.
01:01:01 Mais je veux aller plus loin et je réunirai donc l'ensemble des associations d'élus
01:01:05 dans les prochains jours pour aborder cette question.
01:01:07 Vous le savez, les infrastructures de nos écoles et nos établissements
01:01:11 sont la responsabilité des collectivités locales,
01:01:13 mais je n'ignore rien de l'attente de nos concitoyens en la matière.
01:01:16 Elles sont très engagées, les collectivités locales.
01:01:18 L'éducation nationale ne se défaussera pas et nous avancerons.
01:01:22 Retour en direct sur le plateau de 180 minutes info week-end.
01:01:26 Sur l'antenne de CNews et toujours dans le cadre de cet attentat terroriste
01:01:29 qui a coûté la vie à un professeur, Dominique Bernard, à Arras, dans le Pas-de-Calais.
01:01:33 Trois personnes blessées également.
01:01:35 Nous sommes avec Gabriel Cluzel, Jonathan Cixous, le général Bruno Clermont et Ludiv Char.
01:01:39 Et Harold Eman, puisqu'on parlera d'Israël et de la situation au Proche-Orient dans quelques instants.
01:01:43 Mais on reste sur le cadre de cet attentat sur le sol français
01:01:47 et le discours de Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation, il y a quelques instants.
01:01:50 Vous l'avez suivi en direct sur notre antenne à la Sorbonne.
01:01:53 Il l'a dit, on va le commenter ensemble.
01:01:56 Pour l'instant, l'école n'a rien laissé passer face au terrorisme.
01:02:00 Il y a trois ans, le terrorisme islamiste et l'obscurantisme
01:02:04 ont tenté d'éteindre la lumière, nos lumières.
01:02:07 Mais l'école n'a rien cédé.
01:02:09 Nos professeurs n'ont rien cédé.
01:02:12 En reprenant le chemin des cours et en perpétuant la promesse de leur mission,
01:02:16 nos professeurs ont poursuivi la révolte symbolique et pacifique des grands esprits
01:02:20 qui font le pari de l'intelligence.
01:02:22 Car notre école est plus forte que tous les obscurantismes.
01:02:26 Nous sommes plus forts qu'eux.
01:02:28 Et je le dis avec d'autant plus de force que nous sommes encore une fois en deuil.
01:02:33 Il y a tout juste 24 heures, on a encore assassiné un professeur.
01:02:39 Il y a tout juste 24 heures, on a encore voulu éteindre nos lumières.
01:02:45 L'école ne se laissera pas terroriser.
01:02:48 Il y a beaucoup de sémantiques, Gabriel Cluzel.
01:02:50 Le discours, il faut le dire, était tout de même assez émouvant.
01:02:54 Les mots choisis, mais est-ce que tous les mots ont été prononcés
01:02:57 dans le discours de Gabriel Attal, selon vous ?
01:02:59 Alors, il a quand même parlé de terrorisme islamiste.
01:03:02 J'avoue que je l'attendais un peu au tournant, si j'ose dire,
01:03:06 parce que ce gouvernement fait souvent des circonlocutions,
01:03:10 des périphrases pour éviter ce mot d'islamisme.
01:03:14 Là, il l'a parlé, donc il faut le saluer, de terrorisme islamiste.
01:03:20 Donc, de fait, c'était un discours émouvant,
01:03:23 parce que les circonstances sont émouvantes, il faut bien le dire.
01:03:27 Maintenant, dire que l'école n'a rien cédé,
01:03:30 ça me fait un peu le même effet qu'Emmanuel Macron
01:03:33 quand il dit "nous sommes tous unis et debout".
01:03:35 Ce n'est pas vrai, l'école n'a rien cédé, il suffit d'interroger les professeurs.
01:03:38 Certains s'auto-censurent, contournent le problème
01:03:43 en évitant d'aborder certains sujets.
01:03:45 Il y a des témoignages fleuris.
01:03:47 Nous, journalistes, avons tous eu des contacts avec des professeurs d'histoire,
01:03:51 et on sait bien qu'ils s'auto-censurent.
01:03:53 Donc, dire que l'école n'a rien cédé, ce n'est pas vrai,
01:03:57 de la même façon que quand Emmanuel Macron dit "nous sommes tous unis et debout".
01:04:00 Non, nous sommes une société fracturée,
01:04:02 et c'est rien de le dire avec des islamistes qui pratiquent l'entrisme.
01:04:07 Et "debout", eh bien, non, nous ne sommes pas debout.
01:04:10 La même scène, trois ans après, se reproduit.
01:04:13 C'est que nous avons finalement ployé d'une certaine façon.
01:04:18 Les prophéties un peu auto-réalisatrices, ces incantations,
01:04:21 je crois que c'est... Je comprends, ça fait plaisir sur le coup à entendre,
01:04:25 mais est-ce que c'est vrai ? C'est une autre paire de manches.
01:04:27 Oui, car Jonathan Siksu, malheureusement, l'école où la France a laissé passer,
01:04:32 puisque il y a trois ans, il y a eu cet attentat et donc la mort de Samuel Paty,
01:04:36 et quasiment dans les mêmes circonstances, en tout cas un professeur,
01:04:39 par un terroriste tchétchène, au nom du djihad, ou de l'islamisme en tout cas,
01:04:45 tue un autre enseignant, professeur de français cette fois-ci.
01:04:48 Moi, ce qui m'ennuie énormément, c'est que ce discours,
01:04:51 tout comme celui d'Emmanuel Macron hier,
01:04:53 aurait pu être prononcé il y a trois ans.
01:04:55 N'a-t-il pas été prononcé par Emmanuel Macron d'ailleurs il y a trois ans,
01:04:59 et on aurait pu superposer les deux mêmes discours ?
01:05:02 Et c'est ça. Il y a quelque chose de quoi, je pense, nous mettre en colère en tant que citoyen,
01:05:08 et en tant que citoyen visé par des gens qui veulent vraiment notre peau au sens propre du terme.
01:05:16 On nous parle d'unité, c'est nécessaire.
01:05:19 On nous parle de solidarité, c'est fondamental, bien sûr.
01:05:23 Mais à la limite, j'ai envie de vous dire que ça, on le sait,
01:05:26 et les français l'ont naturellement, cette empathie, cet élan, dirais-je, d'humanité.
01:05:34 En revanche, ce que je n'entends nulle part, alors qu'on a quand même eu,
01:05:37 il y a trois ans, Samuel Paty, on a eu le Bataclan, on a eu l'hypercachère,
01:05:40 on a eu Charlie Hebdo, on a eu les policiers de Magnonville,
01:05:43 la liste est encore longue, je n'ai jamais entendu de la bouche du chef de l'État,
01:05:47 que ce soit l'actuel ou même le précédent, un discours martial.
01:05:50 On a affaire à des tueurs qui veulent nous tuer.
01:05:53 On a affaire à des gens qui n'ont aucune foi, aucune loi, si ce n'est la leur,
01:05:57 pour arriver à leur fin, et ils y arrivent.
01:06:00 Et on continue de nous raconter de très beaux discours, certes, très bien écrits,
01:06:05 mais j'en ai un peu assez de l'émotion, pardon de parler comme ça,
01:06:08 mais je pense que le temps est venu de passer aux choses sérieuses.
01:06:12 On a un ennemi armé sur notre sol, il faut faire en sorte d'avoir un discours...
01:06:16 J'aimerais vraiment, je redis le mot, un discours martial de la part du chef des armées,
01:06:20 qui est le chef de l'État.
01:06:21 Un discours, mais des actes aussi, peut-être un suivi d'actes.
01:06:24 Quels seraient ces actes pour vous, Jonathan Sixou ?
01:06:26 Que faudrait-il faire pour élever la situation ?
01:06:28 D'abord, les actes ne sont pas forcément militaires,
01:06:30 les actes peuvent être simplement juridiques et administratifs.
01:06:32 Par exemple, expulser systématiquement tous les fichés S de nationalité étrangère.
01:06:36 Ça, c'est un acte, par exemple, et c'est un acte concret.
01:06:39 C'est expulser toutes les personnes de nationalité étrangère
01:06:43 qui ont commis des méfaits sur notre sol, parce qu'on voit que, dans la plupart des cas,
01:06:47 ce sont des multirécidivistes.
01:06:48 Vous voyez, ce n'est pas non plus envoyer l'armée et des tanks dans les rues.
01:06:51 C'est simplement appliquer notre droit, puisque au nom de notre droit,
01:06:55 ce Tchétchène n'a pas pu être expulsé parce qu'il était arrivé
01:06:59 avant l'âge de 5 ans sur le territoire français.
01:07:01 C'est notre droit qui permet de laisser ouverte la porte à nos assassins.
01:07:06 Il y a quelque chose qui est vraiment anormal.
01:07:09 Oui, car Gabriel Cluzel, il était avec sa famille, d'ailleurs, et certains membres de sa famille,
01:07:13 sous au QTF. Il aurait dû quitter le territoire pour des raisons juridico-administratives.
01:07:18 Ça n'a pas pu être possible. Il était fiché S depuis 11 jours.
01:07:22 La veille de l'attentat, il a été entendu par la police, qui n'a rien pu faire,
01:07:26 puisqu'elle ne pouvait pas réprimer. Elle n'avait rien contre lui à cet instant-là.
01:07:31 Et il y a forcément une faille quelque part pour que ça se soit produit 24 heures après.
01:07:37 Moi, j'utiliserais un autre mot qui commence par la même lettre.
01:07:40 C'est une faute quelque part, voire des fautes quelque part.
01:07:43 Parce que quand on laisse ainsi une situation s'installer, le problème, c'est qu'il n'est sans doute pas le seul.
01:07:51 Dans ce cas-là, avec à chaque fois des signaux d'alerte très forts sur cette famille,
01:07:57 et les membres de cette famille, les garçons de cette famille, et que finalement, on laisse courir,
01:08:01 c'est absolument impossible, c'est insupportable.
01:08:03 Vous savez qu'il y a des associations qui se sont élevées contre l'expulsion de cette famille.
01:08:09 J'espère qu'aujourd'hui, ils se regardent dans la glace, le Marâthe notamment, la Simade, etc.
01:08:14 Et qu'ils sont rouges de honte.
01:08:17 Parce que, vous savez, ils nous prêchent la charité toute la journée,
01:08:20 nous disent qu'on n'est pas gentil si on veut expulser de notre territoire ceux qui n'ont rien à y faire.
01:08:27 Mais on se rend compte des conséquences délétères de leur irénisme.
01:08:31 Donc j'espère qu'ils vont être mis face à leur responsabilité.
01:08:34 Moi, je suis d'accord avec Jonathan, je trouve que les discours d'empathie sur les lumières
01:08:40 et les jolies phrases, ça a assez duré.
01:08:44 Voilà, donc je compare.
01:08:46 Alors c'est vrai que ce mutatis mutandis, ce n'est pas les mêmes circonstances,
01:08:50 ce n'est pas la même ampleur, mais le gouvernement israélien, face au drame qui les a frappés,
01:08:55 il fait comprendre à ses recertuissants, il y arrivera, il n'y arrivera pas,
01:08:58 mais en tout cas, il fait comprendre qu'il va mettre tous les moyens,
01:09:01 tous les moyens pour les défendre, pour les rassurer, pour qu'ils se sentent protégés.
01:09:05 Il y a quelqu'un qui a décidé de les traquer jusqu'au bout, ces terroristes.
01:09:10 Nous, nous sommes dans la poésie.
01:09:13 Ce n'est pas avec de la poésie qu'on va lutter contre le terrorisme.
01:09:16 Je voulais juste finir sur un petit point.
01:09:18 Je trouve que c'est extrêmement symbolique qu'un professeur d'humanité,
01:09:21 puisque c'est comme ça qu'on appelle le français les lettres classiques,
01:09:24 et les lettres de façon générale aujourd'hui d'ailleurs,
01:09:27 des humanités qui a été frappée par ce terrorisme.
01:09:30 C'est quand même extrêmement emblématique.
01:09:34 Et je crois que vraiment, plus jamais ça, deux fois ça suffit.
01:09:40 Ce serait absolument insupportable qu'on ne fasse rien de plus
01:09:44 que ce qu'on a fait après Samuel Park.
01:09:46 Il est vrai, Elodie Huchard, qu'avec le terrorisme islamiste,
01:09:48 les politiques, quels qu'ils soient d'ailleurs, sont un peu engoncées
01:09:51 quand il s'agit d'utiliser des termes.
01:09:53 Il y a toujours énormément de précautions.
01:09:56 Il y a des faits qu'il faut aujourd'hui reconnaître.
01:09:59 Pourquoi cette retenue, cette précaution de la part des politiques ?
01:10:02 Des précautions qui d'ailleurs en général agacent beaucoup l'opinion publique,
01:10:05 qui dans les discussions avec vos proches, vous entendez ces mots
01:10:08 beaucoup plus facilement parce qu'il y a une volonté de ne pas mettre le feu aux poudres,
01:10:12 de ne vexer personne, de faire que la situation ne s'embrasse pas,
01:10:15 hors d'utiliser ou pas ce terme.
01:10:17 Ce n'est pas ça qui malheureusement arrive à ces actes.
01:10:20 Et c'est vrai qu'on voit parfois un gouvernement qui,
01:10:23 là, Gabriel Attal l'a dit, mais qui hésite à utiliser les termes,
01:10:26 qui tourne un petit peu autour du propos, etc.
01:10:28 Et quand même à noter que Gabriel Attal l'a dit lui-même dans son discours,
01:10:30 que les mots c'était bien mais que maintenant il fallait passer aux actes.
01:10:33 Il propose un certain nombre de choses.
01:10:34 Il parle notamment de l'importance de la laïcité.
01:10:36 Lui-même dit qu'un prof sur deux s'est déjà censuré.
01:10:39 Et là c'est quand même un changement de ton par exemple par rapport à Papendiaï qu'on avait avant,
01:10:42 qui expliquait que les problèmes de laïcité, il y avait des chiffres,
01:10:44 mais il fallait toujours attendre le mois d'après pour voir quelle était la tendance.
01:10:47 On voit quand même que Gabriel Attal semble avoir conscience de ce qui bloque.
01:10:50 En revanche, a-t-il les moyens ou le plan pour faire en sorte que cette situation se débloque ?
01:10:54 C'est autre chose.
01:10:55 Oui, parce qu'il y a aussi une donne plutôt inattendue.
01:10:59 C'est que beaucoup d'associations ou de syndicats de profs ne veulent pas se réformer, si je puis dire.
01:11:05 On voit qu'alors qu'ils sont une cible évidente de terroristes,
01:11:09 ils refusent un renforcement de la sécurité devant les établissements scolaires, par exemple,
01:11:13 parce que la police n'aurait pas droit de citer dans une école au nom des grandes idées de la République, etc.
01:11:19 Il y a aussi cette donne-là, et le ministre de l'Éducation va être obligé de jouer avec.
01:11:24 Et puis il y a quand même l'éléphant au milieu du salon que personne ne veut voir,
01:11:29 c'est que il y a le problème de l'immigration.
01:11:33 Pardon de remettre toujours ce sujet qui paraît à certains d'extrêmement de mauvais goût,
01:11:38 mais à quoi sert d'aller dans tous les étages de la maison, devant les portes de la Maison France,
01:11:45 devant les portes des écoles pour essayer de mettre des policiers,
01:11:49 s'il n'y a personne qui garde la porte d'entrée, c'est-à-dire les frontières.
01:11:52 Aujourd'hui, nous avons des frontières ouvertes à tout vent.
01:11:54 Or, dans le cas de l'affaire Samuel Paty, comme dans le cas de Dominique Bernard,
01:11:58 il y a évidemment au cœur de tout cela le sujet de l'immigration.
01:12:03 Nous n'arrivons pas à juguler l'islamisme dans notre pays,
01:12:05 qui est un produit d'importation dont l'immigration est le cheval de Troyes.
01:12:09 La moindre des choses aujourd'hui serait de dire "écoutez, nous n'arrivons plus à gérer,
01:12:12 nous allons arrêter ce cheval de Troyes".
01:12:16 Nous allons partir en Israël dans quelques instants,
01:12:18 mais pour clore provisoirement le sujet d'Arras, on va retrouver Audrey Berto.
01:12:22 On y reviendra à partir de 16h avec nos invités,
01:12:24 et avec à la Sorbonne là aussi, la ministre de la Première, Elisabeth Borne.
01:12:28 Mais d'abord Audrey Berto, qui est l'une des envoyées spéciales de CNews,
01:12:32 et qui est à Arras, une ville sous le choc.
01:12:34 Les élèves, évidemment, les professeurs, dans la périphérie de ce lycée,
01:12:38 qui a été touché par l'attentat hier, mais l'ensemble de la population Audrey.
01:12:42 Depuis ce matin, on se trouve devant ce lycée Gambetta,
01:12:47 où l'émotion est forcément très vive.
01:12:49 C'est vraiment très compliqué, les gens viennent déposer des fleurs,
01:12:53 ils sont venus par centaines, même je peux dire par milliers,
01:12:57 déposer ces fleurs que vous voyez, qui sont de plus en plus nombreuses.
01:13:01 Une seconde table a été ajoutée, tellement les gens ressentent ce besoin
01:13:07 de venir se recueillir ici, devant ce lycée Gambetta.
01:13:13 Tout le monde nous explique que jamais ils n'auraient imaginé
01:13:16 qu'une telle chose puisse se passer dans cette petite ville si calme,
01:13:20 c'est ce qu'ils nous disent, cette petite ville d'Arras.
01:13:23 Donc oui, une émotion très forte, très vive,
01:13:26 et puis les gens nous disent évidemment qu'ils vivent maintenant dans l'angoisse,
01:13:30 dans la terreur, des mères de famille nous disent qu'elles n'ont aucune envie
01:13:34 que leurs enfants retournent à l'école, surtout dès lundi,
01:13:37 donc trois jours après ce drame.
01:13:39 Et on a rencontré deux jeunes filles qui connaissaient en fait le frère de la Saïan,
01:13:44 et vous allez entendre ce qu'elles nous disent sur le profil du frère,
01:13:48 c'est assez terrible, je vous laisse les écouter.
01:13:52 - Elle nous l'a raconté hier, mais il était très radicaliste.
01:13:56 - C'est ça, il venait en cours avec son Coran, il lisait le Coran,
01:13:59 et quand par exemple il y avait des pièces de théâtre,
01:14:01 ils disaient "c'était quoi une pièce de théâtre ?"
01:14:03 et ils étaient nus, et ils ne voulaient pas regarder.
01:14:05 - Même quand les filles lui ont dit "vous ne devez pas vous habiller comme ça"
01:14:08 - Ils étaient faites limite agressées par lui en disant qu'il fallait qu'elle se reprenne.
01:14:14 - Voilà, et ces jeunes filles qui nous ont demandé vraiment d'être à visage masqué,
01:14:18 par peur de représailles, parce que tout le monde se connaît ici,
01:14:22 dans cette ville d'Arras, donc voilà, beaucoup d'incompréhension,
01:14:26 beaucoup de peur, beaucoup de tristesse,
01:14:28 les gens sont vraiment en larmes depuis ce matin,
01:14:31 et ça va continuer tout au long de la journée.
01:14:33 Une cellule psychologique a d'ailleurs été ouverte,
01:14:35 donc des gens viennent également pour cela,
01:14:38 pour pouvoir être accompagnés dans cette douleur et ce terrible drame.
01:14:44 - Audrey Berthoud, on vous retrouvera un petit peu plus tard,
01:14:47 en effet, avec nos autres envoyés spéciaux,
01:14:49 toujours en direct d'Arras, bien sûr,
01:14:51 Elisabeth Borne dans quelques instants,
01:14:53 16h10, le discours à la surbonne d'Elisabeth Borne,
01:14:55 qu'on a aperçu tout à l'heure sur nos images,
01:14:57 accueilli d'ailleurs par Gabriel Attal à la surbonne,
01:14:59 vous le voyez sur les images en direct,
01:15:01 un petit peu dans la confusion, en effet,
01:15:03 puisque la Première Ministre et son aéropage
01:15:05 sont en train de rejoindre l'amphithéâtre de la surbonne,
01:15:08 pour pouvoir s'exprimer à partir de 16h10,
01:15:10 et vous l'entendrez sur le sujet de cet attentat terroriste à Arras,
01:15:14 et la mort de ce professeur, à partir de 16h10,
01:15:17 sur l'antenne de CNews.
01:15:19 Autre actualité forte, autre actualité dense, évidemment,
01:15:22 et il y a un lien que l'on a établi déjà sur cette antenne,
01:15:25 avec ce qui s'est passé à Arras,
01:15:27 peut-être un lien indirect, mais lien tout de même,
01:15:30 c'est la situation au Proche-Orient et en Israël,
01:15:32 avec, on le dit depuis plusieurs heures,
01:15:34 un assaut terrestre imminent d'Israël dans la bande de Gaza.
01:15:38 Pour l'instant, cet assaut n'est pas encore effectif,
01:15:41 même si l'armée israélienne est prête,
01:15:43 et on va retrouver l'une de nos envoyées spéciales
01:15:46 sur place en Israël avec Thibaut Marchotto,
01:15:48 Régine Delfour pour faire un point sur la situation.
01:15:52 Nous sommes dans le sud d'Israël,
01:15:54 et nous voulions vous montrer, regardez cette route,
01:15:56 les pneus qui sont sur la route, regardez,
01:15:59 c'est pour faciliter le passage des blindés,
01:16:02 alors il y a plus d'une dizaine de blindés qui viennent de passer,
01:16:06 cela signifie en fait qu'ils étaient dans un champ,
01:16:09 ils sont en train de rejoindre, de s'approcher
01:16:12 de la bande de Gaza, du pourtour de la bande de Gaza,
01:16:16 ce qui laisse supposer évidemment, toujours,
01:16:19 que cette contre-offensive de l'armée israélienne
01:16:23 est de plus en plus imminente.
01:16:26 Régine Delfour, en Israël, l'une des envoyées spéciales de CNews,
01:16:31 oui, cette imminence-là, on ne peut pas évidemment quantifier,
01:16:34 savoir à quelle heure très exactement,
01:16:36 ça ne peut pas être à 17h00 en GMT, Général Clermont,
01:16:40 mais là, effectivement, on n'a jamais été aussi proche
01:16:43 d'une intervention de l'armée israélienne sur le sol Gazaoui.
01:16:47 Une opération extrêmement complexe, sans doute la plus complexe
01:16:50 de toutes les opérations militaires jamais montées,
01:16:52 modernes en tout cas, avec trois objectifs,
01:16:54 une espèce de triangle impossible à satisfaire.
01:16:56 Premier coin du triangle, détruire le Hamas,
01:16:58 deuxième coin, libérer les otages,
01:17:00 et troisième coin, protéger au maximum les civils.
01:17:03 C'est ces trois éléments qui font que c'est compliqué
01:17:06 de lancer l'opération. Épargner les civils, on l'a vu,
01:17:09 c'est toute cette manœuvre qui pousse les civils
01:17:11 à quitter le nord de la bande de Gaza pour se réfugier dans le sud.
01:17:14 On a vu qu'Israël avait donné 24 heures
01:17:17 et est en train de donner 24 heures supplémentaires
01:17:19 pour être certain que tout le monde est parti avant de commencer à frapper.
01:17:22 L'affaire des otages, évidemment, elle est importante.
01:17:24 Les Israéliens indiquent au moins 120 otages.
01:17:26 Donc le chiffre est inconnu, mais 120, c'est un nombre énorme.
01:17:29 Ils sont disséminés, regroupés dans des souterrains.
01:17:32 Et c'est une des priorités. C'est important de comprendre
01:17:35 que c'est une priorité, mais ce n'est jamais évoqué
01:17:38 par les autorités politiques. Parce que si on évoque
01:17:40 l'affaire des otages, on les monétise,
01:17:42 c'est-à-dire qu'on les rend plus importants et on rend plus difficiles
01:17:44 leur extraction. Donc l'affaire des otages
01:17:46 est évoquée un peu par les militaires, jamais par les politiques,
01:17:48 mais c'est un objectif, évidemment, prioritaire de l'armée de Tsar.
01:17:52 Et puis détruire la masse. Détruire la masse, c'est quasiment impossible.
01:17:55 30 000 combattants, bien entraînés, bien formés, prêts à mourir
01:17:58 dans une zone urbaine, dans des souterrains.
01:18:02 On se rend compte que c'est une affaire qui ne va durer pas deux jours,
01:18:05 pas trois jours, pas une semaine, pas deux semaines,
01:18:07 mais sans doute très longtemps, avec trois risques.
01:18:09 Et ça va aller très vite. Premièrement, c'est l'essoufflement.
01:18:11 Essoufflement parce que le soutien international
01:18:13 peut diminuer en raison du nombre de morts civiles qu'il va y avoir,
01:18:16 parce qu'il y aura beaucoup de morts civiles,
01:18:18 quelles que soient les précautions prises par les Israéliens.
01:18:21 Deuxièmement, c'est le risque d'enlisement.
01:18:23 On l'a vu, bataille Fallujah, Mossoul,
01:18:25 le combat urbain, c'est épouvantable pour les forces qui attaquent.
01:18:29 Et dernier élément, et là ça rejoint ce qu'on disait,
01:18:31 c'est le risque d'embrasement.
01:18:33 Alors à la fois un embrasement régional, avec l'Ouest-Bola, avec l'Iran,
01:18:36 tous ceux qui ont intérêt à ce que le conflit devienne un conflit régional
01:18:40 et qui sorte d'un conflit entre le Hamas et Israël,
01:18:43 et puis l'embrasement également ailleurs, y compris en France.
01:18:46 On assiste à un début d'embrasement en France
01:18:49 qui a justifié le plan de l'urgence mise en place
01:18:54 sur le dispositif de sécurité de Vigipirate.
01:18:56 Vous parlez généralement des victimes civiles à Gaza également,
01:18:59 avec les bombardements.
01:19:00 Alors communication du Hamas, mais au moins 324 morts à Gaza
01:19:05 dans les frappes aériennes au cours des dernières 24 heures,
01:19:08 c'est ce qui est précisé.
01:19:09 Le Hamas qui dit également que neuf des otages ont péri
01:19:13 dans les bombardements israéliens.
01:19:15 Alors ça reste évidemment des informations à confirmer,
01:19:17 mais en tout cas c'est ce qui a été communiqué.
01:19:20 Et puis surtout, à Roldiman, l'objectif en effet d'essayer de récupérer les otages
01:19:25 est prédominant dans cette intervention militaire,
01:19:28 mais extrêmement compliqué, car si c'est une opération terrestre,
01:19:32 il y a les fameux tunnels, ce sont des kilomètres de tunnels
01:19:35 qui sont sous Gaza.
01:19:36 On va voir quelques photos et qui, on appelle ça le métro de Gaza,
01:19:40 en tout cas les Israéliens appellent cela comme étant le métro de Gaza,
01:19:43 car il y a des centaines d'hommes et d'armes qui sont cachés
01:19:47 à l'intérieur de ces tunnels qui sont très épais évidemment,
01:19:51 et donc inaccessibles lors des bombardements.
01:19:53 - On peut les bombarder, on peut les atteindre avec un certain genre de munitions,
01:19:59 mais si maintenant, il faut les localiser déjà,
01:20:03 et si les otages s'y trouvent, on va tuer les otages en même temps,
01:20:07 ce qui peut être une des idées du Hamas,
01:20:10 qui n'est jamais avare d'idées barbares, biscornues et diaboliques.
01:20:16 Donc oui, il va falloir entrer physiquement dans les tunnels,
01:20:20 plutôt qu'autre chose, et ça c'est vraiment quelque chose
01:20:23 qui répugne énormément l'armée israélienne,
01:20:25 mais qui s'est préparée à ce genre de choses.
01:20:28 Elle s'attendait plutôt à les utiliser dans le nord,
01:20:30 contre le Hezbollah, parce que le Hezbollah peut beaucoup mieux agir
01:20:34 que le Hamas, parce qu'il est dans un pays, certes souverain,
01:20:37 mais qu'il domine totalement, donc il peut aller jusqu'à Beyrouth,
01:20:40 chercher les matériaux, et ils font des tunnels à la verticale,
01:20:44 qui descendent très très bas, un peu comme le métro Jussieu ou Pyrénées,
01:20:49 et puis ensuite, c'est beaucoup plus bas qu'il y a la partie horizontale.
01:20:54 À Gaza, c'est moins le cas, mais oui, une opération terrestre
01:20:58 implique entrer dans ces tunnels.
01:21:01 Maintenant, il y aura aussi du bombardement,
01:21:04 parce que certainement les tunnels passent sous des immeubles,
01:21:07 ou sortent carrément dans des appartements,
01:21:09 donc il y aura du bombardement, et donc c'est pour ça que les civils
01:21:12 sont invités à partir, mais dans une configuration un peu impossible,
01:21:15 parce qu'un million de personnes qui va se jeter dans les bras
01:21:18 d'un autre million qui est au sud d'une petite rivière de rien du tout,
01:21:23 la rivière Ouadih Gaza, ce n'est pas vraiment une recette de succès,
01:21:27 et puis tous les malades dans les hôpitaux, ils vont les laisser derrière,
01:21:30 on ne peut pas les transporter, les humanitaires ne peuvent même pas
01:21:33 faire fonctionner leurs machines médicales, donc eux sont en train de partir aussi,
01:21:38 donc on aura nécessairement, même si on ne bouge pas aujourd'hui,
01:21:41 on aura des morts civiles.
01:21:42 Donc c'est une opération qui fera mal moralement aussi à Israël,
01:21:46 mais comme évidemment l'impératif, c'est de, je dirais,
01:21:51 riposter au massacre de masse qui a eu lieu sur la frontière,
01:21:57 et n'oublions pas que tous les gens qui habitent la frontière
01:21:59 ont été évacués côté israélien, mais ça ils le font quand même
01:22:03 dans des conditions beaucoup plus relaxes que ce qui se passe à Gaza,
01:22:08 ils ont tout Israël pour se réfugier, ils ne peuvent pas aller dans le nord,
01:22:11 en Galilée, ou beaucoup plus loin, dans le Negev, et bien avec tout ça,
01:22:15 le gouvernement devra agir, mais il marche sur une corde raide.
01:22:18 - Je vous cède la parole, je reviens vers vous, Général Clermont,
01:22:20 dans quelques instants, mais pour nos téléspectateurs,
01:22:23 il faut savoir que la capture de cette centaine de ressortissants israéliens,
01:22:27 notamment par l'organisation terroriste Hamas, pose ce dilemme redoutable
01:22:31 pour Israël.
01:22:32 Comment négocier la libération sans faire de concession
01:22:34 apparentée à une victoire politique d'Hamas ?
01:22:36 Comment arriver à sauver ces otages ?
01:22:38 Explication de Sandra Tchambou.
01:22:40 - Alors que l'armée israélienne prépare une opération de vaste envergure
01:22:45 pour entrer dans Gaza, le sort des otages pour la plupart étrangers
01:22:48 reste préoccupant.
01:22:50 - Nos équipes travaillent dans la région, notamment en communiquant
01:22:53 directement avec les gouvernements d'Israël, d'Egypte, de Jordanie
01:22:56 et d'autres pays arabes, ainsi qu'avec l'ONU, afin d'obtenir un soutien.
01:23:00 - Sur le terrain, les diplomates des pays concernés
01:23:03 multiplient les rencontres avec les partenaires du Hamas
01:23:05 pour obtenir la libération de leurs compatriotes.
01:23:08 - Il y a déjà des actions terrestres de force spéciale,
01:23:10 des petits commandos, des petits groupes, soit ils ont des renseignements
01:23:12 sur la position des otages, soit ils vont aller les renseigner.
01:23:15 Donc la libération des otages a déjà commencé dans la partie
01:23:18 qui a été évacuée par la population.
01:23:20 C'est important de le rappeler, avec éventuellement
01:23:22 la participation de pays étrangers.
01:23:24 On a entendu parler des Américains qui seraient présents,
01:23:26 des Britanniques qui sont prêts à aider.
01:23:28 On ne connaît pas la forme de l'aide, mais c'est important
01:23:30 parce que les otages sont internationaux.
01:23:32 - Le Hamas détient environ 150 otages depuis samedi dernier.
01:23:34 Selon le mouvement, une dizaine d'entre eux auraient péri
01:23:37 suite à de récentes frappes israéliennes lancées en riposte.
01:23:41 Comment organiser le soif des otages ?
01:23:43 On va en parler avec nos invités, mais notre envoyée spéciale,
01:23:45 Régine Delfour, est en direct d'Israël.
01:23:47 Adèle Roth, Régine Delfour, aux côtés de Thibault Marcheteau
01:23:50 pour les images et une description en direct de cette situation
01:23:53 au moment où l'on parle.
01:23:55 - Oui, bonjour Lionel. En fait, Zderot, c'est une ville
01:24:00 qui est très fréquemment bombardée, elle l'est actuellement.
01:24:03 Là, nous sommes chez des habitants et le maire de la ville
01:24:06 a demandé il y a quelques jours aux autorités israéliennes
01:24:09 d'évacuer la ville au plus vite. Alors théoriquement,
01:24:11 cette ville doit être évacuée demain.
01:24:13 Sauf que nous avons pu parler avec plusieurs habitants de Zderot
01:24:17 qui nous ont dit être inscrits sur des listes d'attente
01:24:20 et n'avoir toujours aucune nouvelle.
01:24:22 Le bureau, la cellule de crise qui était à la mairie,
01:24:25 en fait, ils ne sont plus là.
01:24:27 Nous sommes dans un appartement dans le centre-ville de Zderot
01:24:30 avec un couple qui attend pour des raisons de sécurité.
01:24:33 Ils ne veulent pas être à l'image, mais donc ils sont dans l'attente.
01:24:37 On entend les bruits et en fait, on voulait vous montrer
01:24:40 c'est que eux, en fait, ils sont de leur fenêtre, samedi dernier.
01:24:43 Il y a le commissariat qui est juste derrière l'arbre.
01:24:46 Je sais, c'est un petit peu loin, Lionel, mais il faut imaginer
01:24:49 que ce commissariat a été entièrement détruit puisqu'il a été
01:24:52 la cible des terroristes. Les terroristes s'étaient introduits ici.
01:24:56 Le mari, donc l'homme qui vit dans cet appartement,
01:24:59 est descendu dans un premier temps avec un couteau.
01:25:01 Il a essayé de voir avec les policiers, puisqu'il y avait un policier
01:25:04 qui était à terre, donc de prendre son arbre et de demander aux policiers
01:25:07 s'il pouvait les aider. Les policiers n'ont pas vu,
01:25:10 mais ils nous ont dit que pendant plus de 4 heures, donc de 6h30 du matin
01:25:14 jusqu'à peu près 10h30 du matin, il y avait à peu près une dizaine
01:25:17 de terroristes qui étaient ici à Zderot, que l'armée n'était pas encore là
01:25:22 et que c'était un moment terrible. Eux ont l'habitude, évidemment,
01:25:25 d'entendre des bombes, puisque cette région est très fréquemment,
01:25:29 évidemment, la cible de différentes requêtes.
01:25:33 Mais aujourd'hui, ils nous disent qu'ils ont beaucoup plus peur des terroristes.
01:25:36 – Merci, merci Régine Delfour en direct de Zderot,
01:25:40 avec Thibault Marcheton pour les images et à plus tard, évidemment,
01:25:43 sur notre antenne pour d'autres précisions, d'autres plateaux aussi,
01:25:46 avec cet assaut, cet assaut terrestre, en tout cas toujours imminent,
01:25:51 en tout cas prochain et qui devrait se dérouler dans les prochaines heures,
01:25:55 peut-être sur la stratégie, la tactique Harold Diman des Israéliens,
01:25:59 quelques mots.
01:26:00 – Il y a eu autant de morts aux mains du Hamas,
01:26:04 c'est en fait parce qu'ils ont tiré des missiles,
01:26:06 les gens se sont réfugiés dans les bunkers et là, le Hamas n'avait
01:26:10 qu'à identifier les bunkers, ils avaient déjà les plans
01:26:13 et ils ont jeté des grenades dans les bunkers.
01:26:16 Et là, ça, ça explique des centaines de morts, cette seule et unique, horrible technique.
01:26:21 – Les otages, peut-on négocier également, il y a ce qui va se passer,
01:26:25 généralement, dans quelques instants, l'opération terrestre
01:26:27 que vous avez très bien décrit, mais y a-t-il une forme de négociation ?
01:26:31 Peut-on négocier avec le Hamas ? On se souvient que le plus célèbre otage,
01:26:35 Jilat Chalit, avait été libéré après 5 ans de négociation,
01:26:39 là, on parle de plus d'une centaine d'otages,
01:26:42 est-ce que c'est une situation qui peut être parallèle,
01:26:45 qui peut être similaire ?
01:26:46 – Il y a des pays dont le rôle doit être de trouver l'issue politique
01:26:50 parce que quelle que soit la dureté de la guerre,
01:26:52 quelle que soit la longueur de la guerre, ça se terminera forcément
01:26:54 par une solution politique. Aucune guerre ne se termine pas
01:26:57 par une solution politique, sauf les guerres qui ne s'arrêtent jamais.
01:27:00 Toutes les guerres s'arrêtent.
01:27:01 – On voit le visage de Jilat Chalit sur les images d'archives
01:27:03 que nous avons proposées, c'était en octobre 2011, absolument.
01:27:07 – Oui, c'était un drame pour Israël, c'était un drame,
01:27:10 c'est une affaire qui a été vraiment terrible pour Israël,
01:27:13 alors on avait, il y a 120 ou 130 maintenant, donc 120-130 drames,
01:27:16 donc non seulement le drame est gigantesque pour Israël,
01:27:18 mais en plus la difficulté d'extraire 100, 120-130 otages,
01:27:23 vous imaginez, c'est exponentiel par rapport au nombre.
01:27:25 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les Israéliens,
01:27:27 il va falloir que les pays les aident à faire cette mission.
01:27:30 Et c'est pour ça que la question, beaucoup de pays,
01:27:33 il y a eu des discussions avec les États-Unis qui fournissent
01:27:35 des moyens de renseignement, des équipements spécialisés,
01:27:37 parce que c'est sur les équipes spécialisées qui libèrent les otages,
01:27:40 c'est pas les troupes régulières, il y a des savoir-faire,
01:27:42 il y a des techniques, il faut des équipes mobiles, autonomes, bien équipées.
01:27:45 Donc cette question, elle est importante, il a été annoncé d'ailleurs,
01:27:48 là, aujourd'hui ou hier, par les Israéliens qui avaient déjà eu
01:27:51 des intrusions à l'intérieur de la zone de Gaza,
01:27:54 pour commencer à chercher des otages.
01:27:56 Donc la traque des otages, elle a commencé dès le premier jour
01:27:59 de la guerre, de la réplique, avec le renseignement,
01:28:02 et pendant toute cette guerre, le Hamas va utiliser des otages
01:28:07 pour faire pression, pour instrumentaliser, pour manipuler,
01:28:10 pour faire croire à des négociations, pour dire qu'il y en a déjà qui sont morts.
01:28:13 Il ne faut absolument pas croire ce que dit le Hamas,
01:28:16 c'est la même manière qu'il ne faut pas croire ce que disaient les Russes
01:28:18 au début de la guerre, pendant la guerre en Ukraine,
01:28:20 c'est de la manipulation de l'information,
01:28:22 et la manipulation de l'information fait partie de la guerre.
01:28:24 Mais en effet, Jonathan Cixous, dès qu'il y a des otages,
01:28:26 et là, qui plus est, une centaine d'otages,
01:28:30 dès qu'il y a des vies en jeu, les paramètres changent complètement.
01:28:33 Le soldat Chalib dont vous montriez des images a été libéré
01:28:36 en échange de plus de 1000 prisonniers palestiniens.
01:28:39 Oui, c'est ça.
01:28:40 Je n'ai pas le nombre précis en tête.
01:28:41 Donc si on devait libérer 1000 Palestiniens...
01:28:43 Je ne pense pas qu'il y ait déjà, je ne pense pas qu'il y ait 100 000
01:28:45 et quelques prisonniers palestiniens dans les jaules israéliennes.
01:28:47 Exactement.
01:28:48 Mais une autre donne va peut-être aussi changer.
01:28:51 Après les atrocités commises par le Hamas,
01:28:54 est-ce qu'Israël a envie de négocier avec cette mouvance ?
01:28:57 Non.
01:28:58 Est-ce qu'elle ne va pas totalement laisser les négociations...
01:29:01 Pour essayer de les sauver, pour essayer de sauver les otages.
01:29:03 ...notamment les gilets jaunes ?
01:29:04 Sauver les sacrifiés.
01:29:05 Oui, oui, non, mais pour traiter de les sauver.
01:29:08 Mais on peut aussi concevoir qu'aucune équipe israélienne
01:29:11 de négociation ne prenne part à cette opération-là.
01:29:14 Gabriel Cluzel, votre sentiment ?
01:29:16 Avant de marquer une petite pause, et Marek Halter qui va nous rejoindre
01:29:19 aussi dans quelques instants pour son regard sur cette situation.
01:29:21 Ce qui me frappe, c'est le caractère asymétrique de cette guerre
01:29:24 aussi dans la gestion des otages.
01:29:26 Parce que l'État israélien n'accorde pas la même importance
01:29:32 à ces ressortissants, ou plutôt accorde plus d'importance
01:29:35 à ces ressortissants, semble-t-il, que ne peut le faire le Hamas,
01:29:40 qui n'hésite pas à se servir de bouclier avec ces populations,
01:29:43 il faut quand même le savoir.
01:29:45 Je pense que la gestion des otages va être très compliquée
01:29:47 parce que d'un côté et de l'autre, c'est le poids de la vie et de la mort
01:29:53 qui n'est pas considéré de la même façon.
01:29:56 Donc ça fait partie évidemment de la donnée cœur de cette guerre.
01:30:03 On marque une petite pause dans un instant, juste en quelques secondes.
01:30:06 On parle de bouclier, de bouclier humain pour les otages.
01:30:09 Sait-on, est-ce que l'armée israélienne, Sahal, sait où se trouvent ces otages-là ?
01:30:13 Est-ce qu'ils sont dans les souterrains ? Est-ce qu'ils sont situés, placés,
01:30:16 des cibles vivantes, identifiés, dans des immeubles, dans des bâtiments ?
01:30:20 Est-ce qu'on peut les localiser en tant que cibles vivantes ?
01:30:23 Est-ce que c'est possible ?
01:30:24 Alors aujourd'hui, c'est difficile de savoir quelle est la nature du renseignement
01:30:27 dont disposent les Israéliens.
01:30:28 Il y a 9 chances sur 10 qu'ils soient dans les souterrains.
01:30:30 Il y a des dizaines de kilomètres de souterrains, de tunnels.
01:30:33 Et effectivement, ils ont une valeur extrêmement importante, ces otages.
01:30:36 À un moment donné, si ça se passe mal, éventuellement,
01:30:39 ils pourront servir d'éléments de négociation.
01:30:41 Mais là, ils servent surtout d'éléments de bouclier humain pour limiter les frappes
01:30:44 et compliquer l'intervention terrestre, qui n'est pas que terrestre.
01:30:47 Il y aura un peu de tout, il y aura même des bateaux qui vont opérer depuis la Méditerranée,
01:30:53 puisqu'il y a toute une facette méditerranéenne dans la bande de Galah.
01:30:55 Il y aura des drones, il y aura des avions.
01:30:57 C'est une opération extrêmement compliquée à organiser.
01:30:59 C'est aussi pour ça que les Israéliens prennent le temps.
01:31:02 Ils n'auront pas deux ou trois chances.
01:31:04 Donc ça marche du premier coup.
01:31:06 - Oui, ils ne veulent pas se louper. On l'a bien compris.
01:31:07 On marque une pause en continuant à en parler.
01:31:08 Cette double actualité, la situation en Israël, dans la bande de Gaza, au Proche-Orient
01:31:13 et évidemment l'attentat terroriste qui a vu la mort d'un professeur hier à Arras.
01:31:19 On l'évoque avec nos invités.
01:31:20 A tout de suite.
01:31:21 Retour en direct sur le plateau de CNews, 180 minutes info, week-end,
01:31:29 avec cette double actualité triste, dense, dramatique, mais extrêmement riche.
01:31:34 Effectivement, la situation en Israël et au Proche-Orient avec cette attaque terrestre,
01:31:39 notamment imminente de la part de Tsahal.
01:31:42 Et puis, bien sûr, l'actualité qui a touché la France
01:31:44 et notamment le monde de l'enseignement avec la mort d'un professeur hier,
01:31:49 tué par un terroriste djihadiste tchétchène.
01:31:53 On va en parler avec nos invités.
01:31:55 Gabriel Cluzel, Jonathan Cixous, Harold Iman est resté avec nous
01:31:59 et invité exceptionnel sur le plateau, Marek Halter.
01:32:01 Bonjour Marek Halter.
01:32:02 - Bonjour.
01:32:03 - Merci infiniment d'avoir accepté notre invitation.
01:32:05 Écrivain bien connu, est-il besoin de vous présenter ?
01:32:09 Vous qui avez une histoire, un passé incroyable.
01:32:13 Vous avez, il y a quelques années maintenant, échappé à la Shoah.
01:32:17 Vous êtes auteur de la trilogie, la Bible aux féminins, les femmes de l'islam, Marie.
01:32:22 Et votre dernier livre, c'est La Juive de Shanghai.
01:32:24 Vous êtes, c'est vrai, un défenseur du dialogue interreligieux,
01:32:28 toujours inspiré par Jérusalem et par l'histoire d'Israël.
01:32:32 Mais par rapport à l'actualité, nous commentons depuis plusieurs jours maintenant, Marek Halter,
01:32:36 entre cet attentat d'Harras, entre le conflit au Proche-Orient.
01:32:39 Est-ce que vous pensez que le dialogue et la discussion, l'échange interreligieux
01:32:45 sont encore possibles aujourd'hui ?
01:32:47 - Oui, bien sûr, plus que jamais.
01:32:50 Vous savez, nous n'avons pas d'autres circuits de communication.
01:32:56 Il y a téléphone, mais il faut, il y a encore quelqu'un qui nous répond au téléphone.
01:33:00 Avant, il y avait des partis politiques, il y avait des camarades, des cellules.
01:33:04 On partageait les rêves en commun, peu importe la langue dans laquelle on rêvait.
01:33:10 Aujourd'hui, ça n'existe pas. Il n'y a que Dieu, Allah, Akbar.
01:33:14 On le dit dans toutes les langues. Et on tue dans toutes les langues.
01:33:18 Donc, il faut réconcilier vite ces religions.
01:33:24 Si j'étais l'abbé Pierre, mon ami l'abbé Pierre, j'aurais profité de l'occasion de dire,
01:33:31 "Au secours, réveillez-vous."
01:33:34 D'abord, mes amis musulmans en France, ils sont 10% de la population.
01:33:39 Ils ne partagent pas les idées du Hamas, du djihad islami, du Hezbollah,
01:33:46 de l'Iran qui est décapité, les jeunes filles, parce qu'elles veulent pouvoir choisir leur mari.
01:33:53 Descendez dans la rue, dites quelque chose.
01:33:56 On est en train de salir votre religion, une grande religion.
01:34:02 Vous ouvrez les Corans, il n'utilise pas les Corans.
01:34:05 Vous ouvrez les Corans, la première chose qu'il dit,
01:34:09 "Celui qui tue un individu, c'est comme s'il tuait le monde entier.
01:34:14 Celui qui sauve un homme, c'est comme s'il sauvait un monde entier."
01:34:19 On a vu, moi, je suis juif, je suis né dans les ghettos de Varsovie.
01:34:25 Et j'ai vu des Palestiniens que je défends, parce qu'ils ont droit à un patrie,
01:34:32 massacrer des enfants juifs, de jeunes, de jeunes qui chantent la paix.
01:34:39 "Shalom Arsha", la paix, la paix maintenant. C'est extraordinaire.
01:34:43 - Vous appelez les musulmans français à manifester, à prendre la parole,
01:34:48 mais dans le même temps, ce sont des manifestations pro-palestinienne,
01:34:52 voire pro-Hamas, qui se sont déroulées dans les rues de Paris,
01:34:56 notamment, ou dans plusieurs villes.
01:34:57 - Mais ce sont des minorités. La majorité, nous vivons un monde
01:35:02 où la majorité ne parle pas. C'est la première fois.
01:35:06 C'est un cas particulier dans l'histoire de l'humanité.
01:35:09 Vous connaissez cette histoire comme moi.
01:35:11 Ce sont des petites minorités maintenant qui terrorisent la majorité.
01:35:18 Les gens ont peur. Regardez Gaza. Vous avez vu les images.
01:35:24 On a promené un enfant de 7 ans dans une cage à travers Gaza.
01:35:31 Les Gazaouis, on ne les voyait pas. Ils auraient pu applaudir. Formidable.
01:35:37 Il y avait toujours les mêmes qui criaient Al-Akbar.
01:35:40 Personne n'a crié "Vive la Palestine".
01:35:43 Moi, si j'étais palestinien, j'aurais crié "Vive la Palestine".
01:35:48 Ils crient Al-Akbar et "Mort aux Juifs". Pas Israël.
01:35:51 Israël n'existe pas pour eux. C'est ça qui est quelque chose
01:35:56 qui est particulier et nous avons accepté ça.
01:36:01 - Qu'est-ce que vous crierez aujourd'hui, vous, Maréchal Tertre,
01:36:04 cette juive, si vous étiez au cœur de cette situation ?
01:36:08 On la commente en effet. Mais si vous étiez encore plus proche
01:36:11 de ce qui se passe en Israël, quel serait votre cri ?
01:36:14 Je vous ai lu et vous dites qu'il faut dialoguer avec tout le monde
01:36:17 et qu'il faut même dialoguer avec le Hamas.
01:36:19 Comme vous, vous auriez parlé avec Adolf Hitler.
01:36:23 - Oui, sauf qu'Adolf... Moi, je parle des principes
01:36:26 que nous avons à notre disposition, une arme absolue.
01:36:29 C'est la parole. La parole. Nous parlons.
01:36:33 On a demandé un jour à Freud quand a commencé la civilisation.
01:36:38 Il dit "Je ne sais pas exactement, je m'imagine deux primates,
01:36:42 chacun une pierre. Ils sont en train... Ils veulent s'entretuer.
01:36:46 Et un de deux jette la pierre et jette à la figure de l'autre une insulte.
01:36:52 Là commence la civilisation." Ça veut dire qu'ils utilisent les mots.
01:36:58 Les mots sont plus forts que tout. Moi, je suis allé voir les gens du Hamas
01:37:02 pour libérer Gilad Shalit, un jeune soldat israélien,
01:37:07 parce que son père est venu pleurer chez moi.
01:37:10 L'Israélien était prêt à échanger 1 100 prisonniers.
01:37:14 - C'est ce qui s'est produit en 2011 pour la libération,
01:37:17 5 ans après de Gilad Shalit, absolument.
01:37:19 - J'ai réussi. J'ai réussi. On ne réussit pas toujours.
01:37:22 C'est pour ça que j'ai dit "Sauvez une vie humaine".
01:37:25 Moi, je suis prêt d'aller voir les gens du Hamas.
01:37:29 Moi, j'ai dit que je suis prêt à prendre la place des otages.
01:37:34 - Qu'est-ce que vous diriez si vous aviez l'un des leaders du Hamas devant vous ?
01:37:39 Quels seraient les mots que vous utiliseriez ?
01:37:41 Pour établir déjà le dialogue.
01:37:43 - Je ne lui ferais pas des leçons de morale.
01:37:46 Il ne m'écoutera pas.
01:37:49 Vous savez, dans les frères Karamazov et Dostoevsky que vous avez lus,
01:37:55 il y a un qui demande à l'autre, à Lyosha demande à Ivan,
01:37:59 "Mais nos voisins m'emmerdent, est-ce que je peux aller leur dire ?"
01:38:04 L'autre, il dit "Oui, à condition que tu leur dises d'abord que tu les aimes."
01:38:08 Il faut dire "Voilà, vous êtes un homme comme moi, vous avez des enfants,
01:38:12 oui, non, oui, deux enfants, trois enfants, qu'est-ce que vous faites ?
01:38:17 Qu'est-ce que vous ferez si votre fils ou votre fille était prise en otage ?"
01:38:22 C'est comme ça que je parlais avec Halet Meshal,
01:38:26 le chef historique de Hamas qui vit à Qatar.
01:38:30 Donc je ne dis pas qu'on réussit toujours.
01:38:34 Quand j'ai dit Hitler, c'était une bravade,
01:38:38 parce que Hitler aurait préféré me voir sous forme d'une petite savonnette.
01:38:47 J'avais vu tous ces films extraordinaires de Roman Polanski,
01:38:52 les pianistes, il y avait un nazi qui aimait la musique,
01:38:56 et il protégeait son pianiste parce qu'il aimait la musique.
01:39:00 Donc on peut toucher l'autre, même un assassin.
01:39:06 Même quelqu'un qui égorge des enfants ?
01:39:10 Même quelqu'un qui sauvagement attaque et va tuer,
01:39:13 pas lui tout seul, mais 1300, 1400 personnes ?
01:39:17 Mon ami, je ne suis pas sûr, mais pourtant je pense que si.
01:39:22 Nous sommes tous des enfants des K-1.
01:39:25 Nous sommes tous capables, comme disait Solzhenitsyn,
01:39:29 des choses auxquelles on ne pense pas.
01:39:32 Vous savez, tout le monde, ceux qui nous écoutent,
01:39:35 connaissent l'histoire, Ève, Adam, ils ont eu deux fils,
01:39:39 K-1 et Abel, et K-1 a tué Abel.
01:39:43 Donc nous sommes tous des enfants de K-1,
01:39:45 puisque Abel n'avait pas d'enfants.
01:39:47 Donc nous sommes tous capables des pires.
01:39:50 Mais nous utilisons quoi ? Les mots.
01:39:54 Nous nous insultons, nous nous excusons.
01:39:58 Je pense qu'il y a, si on ne fait pas ce que je pense qu'il doit faire,
01:40:05 les Israéliens, j'ai demandé dans la presse israélienne,
01:40:11 d'écarter les fous des dieux, parce que les Juifs sont comme tout le monde,
01:40:15 ils ont la foudre des dieux aussi.
01:40:18 Écarter l'Union Nationale, c'est ce qu'ils ont fait.
01:40:22 Arrêter la colonisation, arrêter toutes les réformes,
01:40:26 c'est ce qu'ils ont fait.
01:40:28 Mais on ne peut pas leur demander de ne pas répondre
01:40:32 aux actes criminels qu'ils ont vécu.
01:40:35 C'est-à-dire, c'est humain, j'aime pas le mot vengeance.
01:40:41 On ne se venge jamais, on ne restitue pas un enfant à une mère qu'elle a perdue.
01:40:49 Même en tuant 20, 100, 1000 enfants.
01:40:53 Mais j'aurais fait, même à la place des Israéliens,
01:40:57 je l'ai dit quand j'ai eu au téléphone,
01:41:00 avant de bombarder, j'aurais lâché des millions de tracts en arabe.
01:41:05 En disant "vous êtes nos frères, c'est pas à vous qu'on veut,
01:41:09 il y a des minorités chez vous qui vous exploitent,
01:41:14 qui vous exploitent, qui vous volent".
01:41:17 Est-ce qu'on sait qu'en mars-juillet, il y avait une révolte à Gaza
01:41:21 contre les dirigeants de Hamas ?
01:41:24 Et ces dirigeants n'ont pas hésité de tirer dans la foule,
01:41:28 de tuer leurs frères, ils ont peur.
01:41:31 - Et vous comprenez, Marek Alter, alors qu'une certaine partie
01:41:34 de la communauté internationale ou de l'opinion publique
01:41:37 condamne la réplique de l'armée israélienne,
01:41:40 car il y a des victimes civiles à Gaza.
01:41:43 Les gens dont vous parlez, ceux qui devraient éventuellement se soulever,
01:41:47 ceux qui sans doute ont protesté au mois de juillet,
01:41:50 qui sont des victimes civiles et qui ne sont sans doute pas des proches du Hamas.
01:41:54 Faut-il condamner ces actes ?
01:41:57 - Je n'ai pas de réponse.
01:42:00 Je comprends que ceux qui ont réjoint le gouvernement,
01:42:04 l'opposition au gouvernement de Netanyahou,
01:42:08 ont demandé qu'ils quittent leur maison.
01:42:11 Mais ce n'est pas simple, quitter la maison.
01:42:14 Moi, j'ai vu mon grand-père vouloir quitter la maison
01:42:18 et être écrasé par un char allemand.
01:42:21 Ce n'est pas simple.
01:42:24 Même quelqu'un que je connais depuis 32 ans, Vladimir Poutine,
01:42:29 hier il disait à propos des terroristes,
01:42:33 "J'irai vous chercher dans les chiottes pour vous tuer."
01:42:37 Et aujourd'hui il dit, "Ce n'est pas bien de bombarder les civils."
01:42:41 Et en Ukraine, qu'est-ce qu'on fait ?
01:42:44 De toute manière, une guerre, c'est une chose terrible.
01:42:49 Parce qu'une bombe ne reconnaît pas la victime, la cible.
01:42:54 On ne sait pas si on tue un méchant, un bon, un noir, un blanc, un jaune,
01:43:00 peu importe, elle tue.
01:43:03 Et c'est pour ça que je suis tellement bouleversé.
01:43:07 Vous voyez, je suis en général un peu plus calme.
01:43:13 Mais ce qui se passe à Arras, ce n'est pas un complot général,
01:43:23 mais c'est un complot idéologique.
01:43:26 Celui qui a tué le professeur Bernard Arras,
01:43:31 il se réclame de la même idéologie que ceux qui ont tué les enfants
01:43:37 près de Kfar Hazar, en Israël.
01:43:43 C'est la même chose.
01:43:46 C'est-à-dire qu'à partir du moment où on pense qu'on peut tuer
01:43:50 au nom de Dieu, mais Dieu ne nous a pas demandé de tuer.
01:43:57 Jésus disait, "Aimez-vous les uns les autres."
01:44:01 Lui, il est allé même trop loin.
01:44:04 "Apprenez à aimer votre ennemi."
01:44:08 Et Freud répond, "J'ai essayé, je n'ai pas réussi."
01:44:11 C'est vrai que c'est difficile d'aimer son ennemi,
01:44:16 mais il faut faire un effort.
01:44:18 Si on ne veut pas être tué, il faut abandonner l'idée d'être tué.
01:44:25 Votre langage d'amour, Maréchal Terre, est-il vraiment...
01:44:29 Pardonnez-moi de vous poser la question,
01:44:31 parce que je pense que beaucoup s'interrogent
01:44:34 parmi celles et ceux qui nous regardent.
01:44:36 Est-il encore réaliste aujourd'hui, de nos jours,
01:44:39 car le monde s'est métamorphosé ces dernières années ?
01:44:42 Je pense que oui, parce qu'on n'a rien d'autre.
01:44:47 On n'a pas de conception du monde à proposer,
01:44:52 ce que Hegel appelait de "Beltanschaum".
01:44:55 Personne ne nous propose rien.
01:44:58 "J'ai essayé quelque chose de plus, j'ai travaillé un an de moins."
01:45:02 Mais ça ne changera pas les relations entre les hommes.
01:45:08 800 millions d'Africains qui parlent français,
01:45:12 qu'est-ce que ça changera pour eux ?
01:45:14 Qui parlent français, qui parlent notre langue,
01:45:17 qui lisent Victor Hugo ?
01:45:19 Qu'est-ce que ça changera ?
01:45:21 Donc il nous reste...
01:45:23 Quand on veut être optimiste, il faut être réaliste.
01:45:26 Nous avons...
01:45:28 Moi, je mets presque jamais le pied dans un synagogue.
01:45:33 Je ne sais pas pourquoi, parce que je trouve
01:45:36 que j'ai une relation directe avec Dieu.
01:45:39 Un peu comme Victor Hugo,
01:45:41 "Elle l'a été dans la tombe et regardait qu'un..."
01:45:44 J'ai l'impression qu'il y a quelqu'un qui me regarde,
01:45:47 ça suffit.
01:45:49 Je devrais être meilleur que je ne le suis.
01:45:52 Peut-être que j'ai tort.
01:45:54 Donc, à notre disposition,
01:45:56 nous avons aujourd'hui les religions, c'est tout.
01:45:59 Ce sont les seules qui peuvent mobiliser.
01:46:02 Regardez la Mecque, millions d'individus
01:46:04 qui tournent autour des cabas.
01:46:06 Regardez Rome, un million de pèlerins
01:46:10 dimanche pour la prière,
01:46:14 devant le mur de la mentation.
01:46:17 Il n'y a rien d'autre.
01:46:19 Réunissons-les, et au nom des mêmes dieux,
01:46:22 dire "assez".
01:46:24 On va continuer à échanger avec vous, Marie-Caltaire.
01:46:26 Merci infiniment d'être avec nous en direct sur CNews.
01:46:28 Mais d'abord, direction la Sorbonne, Elisabeth Borne,
01:46:30 la première ministre exprime, après notamment la morte
01:46:33 de ce professeur à Arras hier.
01:46:35 Mesdames et messieurs,
01:46:38 il y a trois ans, presque jour pour jour,
01:46:42 Samuel Paty était assassiné.
01:46:44 Victime du terrorisme,
01:46:47 victime du fanatisme,
01:46:50 victime de l'obscurantisme.
01:46:53 Samuel Paty est mort parce qu'il enseignait,
01:46:57 parce qu'il aimait son métier
01:46:59 et croyait dans sa mission.
01:47:01 Hier, à Arras,
01:47:04 la haine et la barbarie ont à nouveau frappé,
01:47:07 emportant la vie de Dominique Bernard,
01:47:10 professeur de lettres au lycée Gambetta.
01:47:13 Professeur, victime du terrorisme,
01:47:16 tombé en s'interposant face à l'assassin,
01:47:19 tombé en ayant permis de sauver de nombreuses vies.
01:47:23 Mes premiers mots sont aujourd'hui pour sa famille,
01:47:26 ses proches, ses élèves et ses collègues.
01:47:30 Comme le président de la République hier,
01:47:33 je veux leur dire notre solidarité et notre peine.
01:47:38 Je veux aussi avoir une pensée
01:47:41 pour les personnes blessées,
01:47:43 parfois très gravement lors de cette attaque,
01:47:46 enseignants ou agents de service,
01:47:49 ils sont autant de visages de la communauté éducative.
01:47:54 À eux, à toute l'équipe du lycée Gambetta,
01:47:58 aux élèves, aux familles,
01:48:00 unies dans la douleur et profondément choquées par ce drame,
01:48:04 je veux dire tout mon soutien et celui de mon gouvernement.
01:48:09 Mesdames et messieurs,
01:48:11 à Arras, une nouvelle fois,
01:48:14 c'est l'école que les terroristes ont voulu attaquer.
01:48:18 Ce choix n'est sans doute pas le fruit d'un hasard dramatique,
01:48:22 c'est un dessein que le fanatisme la vise.
01:48:27 L'école est un lieu sacré et singulier
01:48:30 où les savoirs se transmettent et l'esprit critique se forge,
01:48:35 où notre jeunesse apprend et conquiert sa liberté.
01:48:40 L'école est un lieu d'émancipation,
01:48:43 c'est là que sont déjoués les destins tracés d'avance
01:48:47 et que chacun peut trouver sa voie par son travail et par son talent.
01:48:52 L'école est le terreau de la République,
01:48:55 on y entre élève, on en sort citoyen,
01:48:59 et pour beaucoup, elle est le premier visage de la démocratie.
01:49:04 Cette école, nous la devons à nos enseignantes et nos enseignants.
01:49:09 Ils la font vivre avec passion et engagement,
01:49:13 avec patience et obstination,
01:49:16 guidées par une volonté,
01:49:18 donner à notre jeunesse les moyens de grandir.
01:49:22 Chacune et chacun, nous gardons pour toujours des souvenirs de nos enseignants,
01:49:27 une phrase, une leçon, un exemple.
01:49:31 Ils sont des sources d'inspiration, des passeurs de connaissances.
01:49:37 Ils éveillent les consciences et expliquent le monde,
01:49:41 chacune et chacun à l'aune de leur discipline.
01:49:45 Ils donnent chaque jour à des millions d'élèves le goût du savoir
01:49:50 et les clés de l'émancipation.
01:49:52 Et chaque jour, dans chaque salle de classe,
01:49:56 ils montrent le cap de la République.
01:49:59 C'est cela que l'obscurantisme combat férocement.
01:50:04 La haine se nourrit de l'ignorance.
01:50:07 Et quand un enseignant est attaqué,
01:50:09 ce n'est pas seulement la République qui est visée,
01:50:12 c'est son avenir qui est menacé.
01:50:15 Mesdames et Messieurs,
01:50:18 on n'enseigne pas dans l'angoisse,
01:50:21 on n'apprend pas la peur au ventre.
01:50:23 Alors nous ne céderons rien à la violence.
01:50:27 Nous lui ferons face et nous la combattrons.
01:50:30 Je veux le dire à tous les enseignants,
01:50:34 nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité.
01:50:38 Et d'ores et déjà, des mesures importantes ont été prises.
01:50:43 Je veux le dire aux élèves, aux parents,
01:50:47 mon gouvernement, les préfets,
01:50:50 toutes les forces de sécurité intérieure sont mobilisées.
01:50:54 Enseignants, élèves, équipes pédagogiques,
01:50:59 vous protégez, c'est protéger la République,
01:51:02 c'est protéger notre avenir.
01:51:05 L'école est un sanctuaire,
01:51:07 elle doit être préservée des intimidations,
01:51:09 de la brutalité, des violences et du fanatisme.
01:51:13 Nous ferons tout ce qui est nécessaire.
01:51:17 Mesdames et Messieurs,
01:51:20 cette cérémonie, en votre présence,
01:51:23 chers Jean, Bernadette et Gaëlle Pathy,
01:51:26 nous donne force et espoir.
01:51:29 Je veux remercier tous ceux qui ont imaginé
01:51:32 et créé le prix Samuel Pathy,
01:51:34 et en particulier l'Association des professeurs d'Histoire-Géographie
01:51:38 et sa présidente Joëlle Alazard.
01:51:42 Les professeurs d'Histoire-Géographie ont ce rôle singulier
01:51:46 d'aider à comprendre le présent en le mettant en perspective.
01:51:51 Cette mission, vous la relevez chaque jour en classe,
01:51:54 et par ce prix, vous la mettez en acte.
01:51:58 Je veux saluer le jury pour son travail,
01:52:01 et son président Christophe Capuano,
01:52:03 dont je connais l'amitié qui le liait à Samuel Pathy.
01:52:08 Je veux féliciter tous les lauréats, leurs enseignants,
01:52:12 mais aussi toutes celles et ceux qui, en participant à ce prix,
01:52:15 font vivre la mémoire de Samuel Pathy et portent son héritage.
01:52:21 Votre seule volonté, c'est de faire en sorte que ses messages,
01:52:25 ses valeurs, nos valeurs républicaines, restent toujours vivantes.
01:52:32 Face au drame que nous venons de vivre,
01:52:35 cette cérémonie a une résonance particulière.
01:52:39 C'est la réponse la plus forte qui puisse être faite
01:52:42 à ceux qui croient pouvoir nous faire taire,
01:52:45 étouffer les savoirs, bloquer la connaissance.
01:52:49 Chers élèves, pendant un an, encadrés par vos enseignants,
01:52:54 vous avez réfléchi, fait des recherches, travaillé,
01:52:58 et cette année, vous vous êtes saisi du thème des fausses informations.
01:53:02 L'année prochaine, il s'agira de la laïcité.
01:53:06 Grâce à ce prix, autour de nos valeurs démocratiques et républicaines,
01:53:11 les élèves de France se retrouvent,
01:53:14 et montrent que le savoir l'emporte toujours face à la violence,
01:53:18 que l'éducation ne cède jamais face à la terreur.
01:53:22 Ce prix, c'est aussi une promesse d'unité.
01:53:26 Notre République est forte parce qu'elle est unie.
01:53:30 Les terroristes veulent nous faire peur, ils veulent nous diviser.
01:53:35 Notre réponse doit être claire, la cohésion nationale et l'unité.
01:53:41 Rien ne peut résister à un peuple uni,
01:53:44 rassemblé autour de son école et de ses enseignants,
01:53:47 rassemblé autour de ses valeurs et de ses principes.
01:53:51 Trois ans après la mort tragique de Samuel Paty,
01:53:55 aujourd'hui à nouveau, la France pleure un de ses enseignants.
01:54:00 Face à la violence et au terrorisme islamiste,
01:54:04 nous ne renoncerons pas.
01:54:06 Nous continuerons à défendre la transmission et les savoirs,
01:54:10 à défendre la liberté d'enseigner, de penser, de débattre,
01:54:15 et ensemble, à défendre la République.
01:54:19 Vive la République, vive la France !
01:54:22 (Applaudissements)
01:54:29 Elisabeth Borne, la Première Ministre qui s'exprimait
01:54:32 à la tribune dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne
01:54:35 pour le prix Samuel Paty, mais l'hommage évidemment
01:54:38 au professeur tué hier à Arras, comme l'a fait un peu plus tôt
01:54:41 le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, vous l'avez vécu
01:54:44 sur l'antenne de ce discours.
01:54:46 Et notamment Marek Halter, qui a été très attentif
01:54:49 à ce qu'a dit la Première Ministre.
01:54:51 Qu'en pensez-vous Elodie Bouchard, que faut-il retenir
01:54:53 de cette intervention, et peut-on lire entre les lignes
01:54:56 dans le propos d'Elisabeth Borne ?
01:54:58 Oui, la volonté de la Première Ministre d'être présente,
01:55:00 c'est que comme elle le disait elle-même, à la fois c'est ce prix
01:55:03 en hommage à Samuel Paty, mort il y a trois ans,
01:55:05 et l'actualité fait que la Première Ministre a tenu
01:55:08 à prendre la parole de manière plus courte que Gabriel Attal,
01:55:10 c'est assez logique, c'est lui qui a pu faire finalement
01:55:12 les annonces sur comment se passera la journée de lundi,
01:55:15 qui a eu beaucoup de mots forts, notamment "nous ne cèderons rien".
01:55:18 Elisabeth Borne reprend un petit peu forcément le même vocabulaire,
01:55:21 elle parle du soutien de son gouvernement, ce qui est important,
01:55:24 "nous ne céderons rien à la violence, nous serons au rendez-vous
01:55:27 pour assurer la sécurité", c'est ce qu'elle assure en tout cas
01:55:29 aux professeurs, et c'est surtout un moyen entre guillemets
01:55:31 symbolique de montrer que l'État est aux côtés de la communauté éducative,
01:55:34 avec certes Gabriel Attal bien sûr, mais en plus avec la présence
01:55:37 de la Première Ministre.
01:55:39 Réaction de Maréchal Tertre d'abord pour commencer,
01:55:41 notre invité exceptionnel aujourd'hui.
01:55:43 Elisabeth Borne qui dit notamment que l'ignorance crée
01:55:47 évidemment des tensions et peut provoquer des situations
01:55:50 comme celles que nous vivons aujourd'hui, que c'est l'école qui est attaquée,
01:55:53 et je pense que pour vous, l'enseignement, la transmission,
01:55:55 ce sont deux choses qui sont extrêmement importantes.
01:55:57 C'est vrai ce qu'elle dit, mais est-ce que la réponse,
01:56:00 c'est mettre la police devant chaque école ?
01:56:03 On n'arrivera pas. Protéger chaque professeur,
01:56:07 combien il y a des millions de professeurs en France ?
01:56:11 On n'a pas assez de policiers, et puis les professeurs
01:56:14 ne marcheront pas. Et il ne faut pas avoir peur
01:56:20 de dire des choses. Est-ce que vous tous autour de cette table,
01:56:25 ceux qui nous regardent, savent qui a créé la première école ?
01:56:32 Aristote, à l'époque d'Alexandre le Grand,
01:56:36 et il l'a installé dans un quartier défavorisé,
01:56:40 parce qu'il pensait que c'était les enfants des défavorisés
01:56:43 qui devaient apprendre la connaissance,
01:56:45 et ce quartier s'appelait l'Issée.
01:56:49 C'est pour ça que nous avons des lycées.
01:56:52 Il ne faut pas avoir peur, on fait lire dans nos enfants
01:56:55 les petits princes de Saint-Exupéry.
01:56:58 C'est magnifique, et tout le monde connaît.
01:57:01 Dessine-moi un mouton, dessine-moi Moïse,
01:57:05 dessine-moi Mahomet, dessine-moi Jésus.
01:57:08 Il ne faut pas avoir peur.
01:57:10 Il faut apprendre aux enfants que ce monde-là existe,
01:57:15 en dehors de la mathématiques 1+1=2.
01:57:19 Il faut que les enfants aient envie de défendre leurs professeurs.
01:57:28 Ce ne sont pas les professeurs pour protéger leurs enfants.
01:57:31 Donc le salut passe par la littérature, par l'enseignement,
01:57:34 et peuvent-ils sauver aussi ?
01:57:37 - La littérature peut-elle sauver aussi ceux qui sont dans l'ignorance ?
01:57:43 - Tout à fait.
01:57:45 J'étais un petit voleur pendant la guerre en Ouzbékistan.
01:57:49 Mes camarades n'hésitaient pas à taper sur une vieille dame
01:57:55 pour lui arracher son sac.
01:57:58 Ils adoraient mes histoires.
01:58:00 J'ai raconté "Les trois musquetteurs" d'Alexandre Dumas.
01:58:03 Pourquoi ? Parce qu'il s'agissait d'un "un pour tous et tous pour un".
01:58:08 Solidarité.

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